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Anne Fulda reçoit Alexandre Arcady pour son livre «Le petit blond de la casbah» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 -Bienvenue à l'Heure des livres, Alexandre Arcadi.
00:03 Tout le monde connaît le cinéaste bien connu,
00:06 "Le coup de Sirocco", "L'Union sacrée",
00:08 "Le grand pardon",
00:10 "24 jours", inspiré de "L'histoire terrible" d'Ilana Limi,
00:13 et plus récemment, "Le petit blond de la caisse basse".
00:16 Ce qu'on sait moins, c'est que ce film est inspiré d'un livre
00:20 que vous avez écrit en 2003 à la demande d'Olivier Orban
00:23 et que Plon a décidé de publier à nouveau.
00:25 Alors, pourquoi, à l'époque, avez-vous préféré écrire
00:29 plutôt que filmer vos souvenirs d'enfance ?
00:32 -Je me voyais pas mettre en image mes parents, mes frères,
00:36 toute cette galerie de portraits absolument à la fois hilarantes,
00:41 qui vous donnent de l'émotion.
00:45 C'était compliqué.
00:46 J'étais pas en mesure de le faire.
00:49 Il a fallu du temps pour que je me dise,
00:51 bon, il est temps de mettre une petite pierre
00:54 dans cet édifice de la mémoire.
00:57 Et je suis revenu à...
00:58 Au fond, ça aurait dû être mon premier film,
01:00 "Le coup de Sirocco".
01:01 Et c'est "Le petit blond de la caisse basse".
01:04 Aujourd'hui, après avoir adapté beaucoup d'auteurs,
01:07 je me suis auto-adapté. Voilà.
01:09 -Alors, dans ce livre,
01:10 vous racontez votre enfance à Alger,
01:13 aux sept rues du Lézard,
01:15 cette vie, comme vous venez de dire,
01:17 joyeuse, vivante, vos copains, votre famille,
01:21 la mer, la lumière, la plage,
01:24 la cohabitation aussi avec différentes communautés
01:27 qui se faisait de façon naturelle,
01:29 même si vous avez compris que c'était plus compliqué.
01:33 Est-ce que c'est un monde
01:35 qui vous semble totalement disparu ?
01:38 -Se vivre ensemble,
01:39 il est loin.
01:41 J'ai eu la chance, en tant que cinéaste et en tant qu'auteur,
01:45 de pouvoir me replonger dans ce moment un peu béni des dieux,
01:49 comme disait Camus,
01:50 où cette cohabitation ne posait pas de problème.
01:53 Aujourd'hui, on est dans une société qui est très cloisonnée,
01:57 où cette façon de regarder l'autre avec bienveillance
02:01 est un peu derrière nous, et je le regrette,
02:04 mais je ne désespère pas que les choses changeront,
02:07 car je suis un optimiste de nature.
02:09 -Ce qui est très prenant dans votre livre,
02:12 c'est la galerie de portraits que vous faites,
02:15 parce qu'il y a des personnages en couleur,
02:18 comme vous l'avez dit, votre propre père.
02:20 Quel personnage, ce Hongrois,
02:22 ancien légionnaire, assez mystérieux, en fait, sur son passé,
02:26 qui a traversé l'Europe pour arriver à Marseille,
02:30 puis en Algérie, à pied ?
02:32 Quel personnage ?
02:33 -C'est un personnage qui ressemble à Yule Brunner.
02:36 Il avait la voix rocailleuse,
02:38 il parlait fort, comme les anciens militaires.
02:40 Il a rencontré ma mère au maire des Officiers, à Alger.
02:43 On est comme dans un film de Gabin, on est dans "Pépé le Moko".
02:47 Son coup de foudre donne naissance à "Saint Garçon",
02:50 et j'en suis l'aîné.
02:51 Et puis, nous voilà dans cette 7 rue du Lézard,
02:54 dans la Basse-Casbah d'Alger,
02:56 le centre historique de cette ville.
02:59 Et on vivait d'une façon tellement lumineuse,
03:02 dans l'insouciance.
03:04 Tout nous était donné, alors que nous étions d'une pauvreté absolue,
03:07 mais on ne savait pas ce que c'était,
03:09 puisqu'on ne connaissait pas les riches.
03:12 C'est ce qui nous a sauvés.
03:13 -Et il y a votre mère, aussi, Drifa,
03:16 que vous venez de décrire, votre grand-mère,
03:18 qui est un personnage aussi.
03:20 C'est un personnage cinématographique,
03:22 en tout cas romanesque.
03:23 -D'autant plus que j'ai...
03:25 Donc, c'est Marie Gilin qui joue maman dans le film,
03:28 et Françoise Fabian qui joue ma mère dans la réalité,
03:31 puisque c'est l'histoire d'un metteur en scène
03:34 qui vient à Alger présenter ce film, "Le petit blond de la Casbah".
03:37 Et puis, ma grand-mère, elle pesait 150 kg,
03:41 elle ne parlait pas le français, elle ne parlait que l'arabe,
03:44 elle était porteuse de toute l'histoire de cette famille,
03:47 de cette tribu, et j'ai donné ce rôle à quelqu'un d'un peu...
03:51 -Un homme. -On ne va pas le nommer,
03:53 parce que c'est une surprise dans le film,
03:56 mais c'était une femme absolument incroyable.
03:58 -Oui, le personnage apparaît dans le livre
04:01 avant d'être incarné au cinéma.
04:03 Vous racontez aussi, comme vous l'avez fait
04:05 dans votre premier film, le déchirement
04:08 qu'a été le départ, en 1960, sur un paquebot,
04:12 avec votre mère qui se rend compte
04:14 qu'elle a oublié quelque chose d'essentiel,
04:16 c'est les photos. -Oui, elle a oublié
04:18 ses photos dans le buffet de la cuisine.
04:21 Elle a laissé son passé, elle avait plus de 40 ans,
04:24 elle allait recommencer une vie dans un pays
04:26 qu'elle ne connaissait pas, alors qu'elle était française.
04:30 Mais je m'entends lui dire, "Du haut de mes 13 ans,
04:32 "je te les rapporterai, ces photos, maman."
04:35 C'est sûrement pour ça que j'ai fait du cinéma.
04:37 Mais quand j'ai fait "Le coup de Sirocco",
04:40 c'est de l'intégration en Algérie,
04:42 alors que là, le film et le livre
04:45 se passent essentiellement à Alger
04:49 et décrient cette période de cette Algérie
04:51 qui était alors française.
04:53 -Vous racontez comment, des années après,
04:55 vous retournez dans votre maison,
04:58 vous retrouvez le buffet, mais il n'y a plus de photos.
05:01 -J'ai ouvert le tiroir de ce buffet,
05:03 et les larmes aux yeux, j'ai vu qu'effectivement,
05:06 ces photos n'y étaient plus,
05:08 et c'était un moment assez fort sur le plan émotionnel,
05:12 et c'est la raison pour laquelle j'ai écrit le livre.
05:15 -Vous avez écrit le livre et vous avez fait du cinéma,
05:18 pour reconstituer les souvenirs de votre mère, d'une certaine façon.
05:22 -Oui, pour partager.
05:23 Pour partager une époque qui était une époque bénie,
05:27 où le vivre ensemble voulait dire quelque chose.
05:30 -En tout cas, c'est à lire,
05:32 donc c'est la version livre du film,
05:35 "Le petit blond de la casse-barre",
05:37 qui a précédé le film, il faut le répéter,
05:42 c'est paru chez Plon.
05:43 Merci beaucoup, Alexandre Arcadie. -Merci à vous.
05:46 [Musique]
05:52 [SILENCE]

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