• il y a 9 mois
« La Minute parents », des capsules vidéo courtes et pratico-pratiques sur les questions qui touchent le quotidien d’une famille. Notre expert, Bruno Humbeeck (UMons), pédopsychologue, chercheur et auteur d’une quarantaine de livres sur l’éducation et la famille, donnera quelques clés simples et efficaces sur une problématique précise : comment gérer les devoirs, le harcèlement à l’école, les rivalités dans la fratrie, la charge mentale des parents, les transformations de l’adolescent, les colères d’un enfant ou les problèmes de sommeil chez son enfant…

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Transcription
00:00 Le rôle d'un parent, c'est aussi, et peut-être avant tout même, d'être heureux lui-même.
00:04 C'est le mot "cracie" qui définit qu'à un moment donné, le pouvoir appartient de manière totale, complète ou partielle,
00:16 mais en tout cas de manière intense, à quelqu'un.
00:18 La baby-cracie, c'est le pouvoir aux enfants.
00:20 Et lorsqu'on donne le pouvoir, et qu'on donne une puissance démesurée à ce pouvoir,
00:23 qu'on donne toute l'autorité à l'enfant,
00:25 on obtient ces formes nouvelles de fonctionnement de la société que constituent les baby-cracies.
00:31 Les baby-cracies, c'est l'idée que l'enfant est au centre de tout.
00:33 Il faut sacrifier tout pour lui.
00:35 Ça veut dire par exemple, sur le plan des émotions,
00:37 les émotions de l'enfant sont toutes puissantes.
00:40 Or, un enfant va devoir très vite apprendre que ceux qui l'entourent ont aussi des émotions.
00:44 Une des façons de contrôler les effets négatifs d'une baby-cracie,
00:47 c'est de démontrer à l'enfant, très rapidement dans son développement,
00:50 qu'il n'est pas le maître absolu de tout.
00:53 La pédagogie positive, par exemple, a fait le creuset de ces baby-cracies.
00:57 Alors, ce n'est pas du tout quelque chose qui, a priori, doit être critiqué.
01:00 Le fait de mettre l'enfant au centre des apprentissages,
01:02 de le mettre au centre du principe éducatif,
01:04 tout ça, c'est évidemment très positif.
01:06 Le problème, c'est que le centre ne doit pas oublier que chacun est à ce centre,
01:11 et que ceux dont les enfants ont besoin, ce sont des parents qui ne sont pas oublieux d'eux-mêmes,
01:15 qui sont capables eux-mêmes, aussi, de définir leurs priorités,
01:18 ce qui leur est important pour vivre.
01:20 [Musique]
01:23 Surtout quand on se définit comme définition du bonheur,
01:26 quelque chose qui serait de l'ordre de la joie continue,
01:29 de la satisfaction permanente ou du contentement constant.
01:31 Ce qui est important de voir avec l'enfant, c'est que l'idée du bonheur,
01:34 eh bien, ça suppose quelque chose d'un peu plus élaboré,
01:36 qui est une forme de sérénité.
01:38 Ça va, oui, ça va bien, tout va bien.
01:40 Le fameux 7/10 sur le curseur du bonheur est plus productif
01:44 que le 9/10 ou le 10/10 continu.
01:46 Il faut un bonheur atténué, c'est-à-dire celui qui correspond à ce bonheur serein.
01:50 Dans la baby-cracy, on a eu tendance à considérer
01:53 qu'il fallait toujours que l'enfant soit intensément heureux.
01:56 Et donc, ça supposait une forme de sacrifice permanent d'un parent
01:59 qui en arrivait à étouffer pour son enfant,
02:00 le fameux "j'ai tout fait pour toi, j'ai tout fait pour toi, j'ai tout fait,
02:03 et donc je ne respirais plus".
02:04 Ça, c'est terriblement dangereux en éducation.
02:06 [Musique]
02:09 En ne s'oubliant pas, dans l'éducation,
02:11 c'est-à-dire que le rôle d'un parent, c'est aussi,
02:13 et peut-être avant tout même, d'être heureux lui-même.
02:15 Il faut savoir que quand le parent montre à son enfant
02:18 l'image d'un bonheur assumé, il donne à son enfant l'envie de grandir.
02:21 Et pour sortir de la baby-cracy,
02:23 il faut faire comme on le fait dans toutes les démocraties,
02:25 c'est-à-dire répartir le pouvoir, la puissance et l'autorité
02:28 à l'intérieur de la famille, de façon par exemple
02:30 à ce que chacun se vive comme égal par rapport aux émotions qu'il ressent.
02:34 [Musique]
02:37 [SILENCE]

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