Quelle drôle d'époque qui désespère d'elle-même et des hommes, alors même qu'elle est censée célébrer la jouissance ! L'heure n'est plus à l'insouciance. La préservation de la planète, la volonté de ne pas dévaloriser la femme, la difficulté d'octroyer du temps et de l'argent pour élever des enfants, obligent l'homme moderne à se déconstruire et à se réinventer. Ces bonnes intentions ne font cependant pas son bonheur, bien au contraire, elles engendrent un antihumanisme nourri désormais du transhumanisme, des études de genre et de l'antispécisme en particulier.
Don son ouvrage "Contre la détestation de l'homme par l'homme", Véronique Bourgninaud, docteur en histoire moderne, démontre que ces nouvelles prétentions à l'amélioration physique et morale du genre humain sont des impasses. Plus grave, elles ne font qu'accentuer le désespoir des hommes et la détestation de l'homme par lui-même. L'auteur nous livre des clés pour surmonter le vertige du vide qui nous guette et retrouver le sens de la transcendance si intimement liée à l'homme.
Don son ouvrage "Contre la détestation de l'homme par l'homme", Véronique Bourgninaud, docteur en histoire moderne, démontre que ces nouvelles prétentions à l'amélioration physique et morale du genre humain sont des impasses. Plus grave, elles ne font qu'accentuer le désespoir des hommes et la détestation de l'homme par lui-même. L'auteur nous livre des clés pour surmonter le vertige du vide qui nous guette et retrouver le sens de la transcendance si intimement liée à l'homme.
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00:00 [Générique]
00:06 Bonjour à tous, bienvenue dans notre Zoom aujourd'hui en compagnie de Véronique Bournino.
00:11 Bonjour Madame.
00:12 Bonjour.
00:13 Véronique Bournino, vous êtes diplômée de l'ESCP, l'École supérieure de commerce de Paris.
00:18 Vous êtes également docteur en histoire moderne.
00:21 Vous avez enseigné la bioéthique pendant 4 ans avant de rejoindre une fondation qu'on connaît bien, TV Liberté.
00:27 C'est la fondation Jérôme Lejeune.
00:29 Vous publiez cet ouvrage chez Artej, à retrouver comme d'habitude sur la boutique de TVL,
00:34 "Contre la détestation de l'homme par l'homme, plaidoyer pour la personne humaine".
00:39 Je le disais donc à retrouver sur notre boutique TVL.
00:43 Vous commencez ce livre, Véronique Bournino, par ces mots "L'homme du XXe siècle est désespéré".
00:50 La raison, selon vous, c'est parce qu'il ignore la finalité de sa vie, ce mal-être.
00:56 Vous le liez au mensonge du libéralisme.
00:59 Alors, sur quoi repose ce mensonge ?
01:02 Le mensonge du libéralisme repose dans le fait d'avoir, comment dire, dénaturé la finalité de l'homme.
01:09 Aujourd'hui, la finalité qui est donnée à l'homme est la poursuite de sa liberté et non pas la recherche du bien.
01:15 Or, quand on donne à l'homme comme finalité la poursuite de sa liberté,
01:21 on lui donne comme finalité quelque chose qui n'est qu'un attribut de sa volonté,
01:27 mais qui ne peut pas être donnée comme finalité à l'homme.
01:31 C'est une fuite en avant permanente.
01:33 C'est une fuite en avant permanente.
01:35 Et en privant l'homme de la recherche du bien, de la connaissance du bien,
01:40 en le maintenant dans une désespérante méconnaissance de cette finalité,
01:44 il y a vraiment une méconnaissance qui rejoint une sorte de mensonge dans le libéralisme,
01:48 et bien en fait on ôte à l'homme la possibilité même de s'accomplir,
01:52 on ôte à l'homme la possibilité même de se personnaliser, de devenir pleinement humain,
01:56 de réaliser ce pour quoi il est fait.
01:59 Et ça c'est un cruel fardeau, parce qu'à partir du moment où on ne donne plus de source ni de finalité à la personne humaine,
02:05 alors il n'y a pas d'humanité, la voie est dégagée pour faire des hommes à peu près ce qu'on veut.
02:11 Et c'est dans ce sens-là que le libéralisme est très mensongeux,
02:15 et particulièrement le libéralisme sartrien, l'existentialisme sartrien,
02:20 qui vraiment donne la liberté comme but suprême de l'accomplissement des hommes.
02:28 Dans le libéralisme sartrien, ce qui est décisif pour l'homme,
02:34 ce n'est pas d'être objectivement dans le vrai, mais c'est d'être formellement saint-faire.
02:40 – Vous dites la liberté s'émancipe de la vérité.
02:44 – Exactement, dans le libéralisme, dans l'existentialisme sartrien,
02:48 en fait il n'y a plus de vérité, puisque c'est la liberté qui va devenir l'arbitre du bien et du mal.
02:54 Et la liberté va se refuser à toute donnée objective qui pourrait le dépasser,
03:01 ce qui va être licite du point de vue de la personne humaine,
03:04 ça va être tout ce qui est librement voulu, tout ce qui est librement désiré.
03:08 – Donc tout est possible alors ?
03:10 – Donc tout est possible à condition quand même de ne pas léser la liberté de son prochain,
03:14 la liberté d'autrui, mais en fait de ne pas léser que la liberté de ceux qui ont la faculté de l'exprimer.
03:21 Donc par exemple la liberté des plus faibles, la liberté des personnes âgées, des personnes handicapées,
03:26 la liberté du fœtus, la liberté de l'embryon,
03:29 cette liberté-là qui n'est pas encore capable de s'exprimer,
03:32 et bien dans l'existentialisme sartrien on ne vient pas s'en préoccuper.
03:36 Et c'est là vraiment que le libéralisme est une éthique sans vérité.
03:40 Et c'est ça qui est condamnable dans le libéralisme du point de vue de la personne humaine.
03:45 – Là on parle ici du libéralisme politique, mais les tenants du libéralisme économique
03:50 vous répondront que leur théorie, le libéralisme, a tiré l'humanité de la misère.
03:55 – Oui mais justement en fait mon propos n'est pas de m'intéresser au libéralisme économique,
04:00 mon propos est de m'intéresser au libéralisme philosophique, au sens philosophique du terme,
04:05 donc vraiment je reviens sur cet existentialisme sartrien
04:09 qui en est sans doute la forme la plus aboutie.
04:12 Et dans ce libéralisme, dans cette forme de libéralisme philosophique,
04:17 il n'y a plus de place pour des valeurs objectives que la liberté
04:22 et donc la responsabilité de l'homme devraient venir ratifier.
04:26 C'est vraiment une éthique sans vérité, la liberté devient l'arbitre du bien et du mal,
04:33 et finalement en fait cette forme d'existentialisme est profondément subjective
04:38 puisque chacun a la liberté de définir sa propre façon de considérer la vie,
04:44 ce qui est bien, ce qui est mal, et donc il ne va plus y avoir de règles
04:47 qui vont pouvoir régir la vie en société.
04:50 – Donc ça conditionne qu'avant l'établissement de ces règles libérales, on ait tué Dieu.
04:55 – Alors oui d'une part, mais surtout il faut bien comprendre en fait
04:59 les conséquences de ce libéralisme pour l'organisation de la vie en société.
05:03 Du point de vue individuel d'abord parce que auparavant,
05:06 l'homme qui recherchait son accomplissement dans l'acte bon
05:10 recherche désormais son accomplissement dans la garantie de sa liberté.
05:14 Donc les conséquences n'en sont pas du tout les mêmes.
05:17 Et du point de vue de la cité, du point de vue politique,
05:22 la responsabilité du politique envers les hommes est profondément atténuée
05:26 par le libéralisme puisque désormais ce qui va guider l'acte politique
05:30 ne va plus être la recherche du bien commun, du bien de tous dans la cité,
05:34 mais va être la garantie de la liberté, et donc la garantie de la liberté
05:39 de ceux qui sont capables de la porter.
05:41 Et donc la garantie de cette liberté va nécessairement être biaisée,
05:45 subjective puisqu'elle va être portée par ceux qui ont les moyens de la porter.
05:49 Donc ça va être soit les intérêts d'un petit nombre puissant,
05:52 soit les intérêts des hommes politiques humains,
05:55 dans tous les cas, vraiment le libéralisme au sens philosophique
06:00 va déresponsabiliser l'acte politique.
06:03 Et là, ça rend la société dangereusement instable.
06:07 Alors vous dénoncez dans votre ouvrage la perversité de trois idéologies.
06:13 C'est celle-ci, toute héritière du libéralisme, c'est le transhumanisme,
06:18 les études de genre et l'antispécisme.
06:21 On en parle de plus en plus sur TV Liberté.
06:23 Pour commencer, vous dites du transhumanisme,
06:26 dont sa volonté est d'augmenter les capacités humaines par le technologique,
06:30 qu'il dénie à la nature humaine sa perfection, car il la considère comme inachevée.
06:36 D'où le transhumanisme tire-t-il selon vous son origine ?
06:40 Alors ce n'est pas selon moi...
06:44 Objectivement.
06:45 Objectivement, pour le coup, l'historiographie montre très clairement
06:48 qu'il y a une filiation directe, philosophique, entre le transhumanisme et l'eugénisme.
06:55 Le père spirituel du transhumanisme est Francis Galton,
06:59 qui était un cousin de Darwin, et qui considérait que l'eugénisme...
07:04 Au XIXe siècle, on est à la fin du XIXe siècle,
07:06 l'eugénisme n'a pas encore été dénaturé par les eugénismes d'État.
07:11 Donc on pourrait dire, d'une certaine façon, qu'il n'a pas encore pris sa forme dure.
07:14 Donc il est enseigné à l'université.
07:17 Et il considère qu'il est naturel de s'inspirer de la sélection animale
07:22 pour perfectionner la nature humaine, et donc favoriser la reproduction
07:25 des êtres les plus forts, et limiter la reproduction des êtres les plus fragiles.
07:30 Mais l'eugénisme, au XIXe siècle, considère encore qu'il y a un devoir de compassion
07:36 dans la société, et donc il est normal que la société prenne en charge
07:40 les êtres les plus faibles et les plus fragiles.
07:43 Et puis, les personnes handicapées, on va parler des "fits" et "unfits",
07:48 les aptes et les inaptes, vous voyez, donc les personnes handicapées,
07:51 mais aussi les alcooliques, les vieillards, etc.
07:55 Et puis, va passer par là le drame de l'Allemagne nazie
08:01 et toutes les conséquences dont on connaît.
08:03 Et dans la seconde moitié du XXe siècle, un certain nombre de personnalités,
08:11 notamment de personnalités scientifiques, vont vouloir reprendre la doctrine eugénique,
08:16 mais pour la réhabilité, convaincues de la nécessité de perfectionner la nature humaine.
08:24 Et ces personnalités dont la plus connue est sans doute Julian Huxley,
08:28 le frère d'Aldous Huxley, qui a écrit "Le meilleur des mondes".
08:31 Julian Huxley, c'est le premier directeur de l'UNESCO,
08:34 le fondateur du World Wildlife Fund, donc vraiment une personnalité éminente.
08:38 Et Julian Huxley va lui forger le terme de transhumanisme
08:43 en disant que selon lui, ça pourrait être vraiment une nouvelle religion pour l'avenir.
08:48 Et selon lui, en fait, le transhumanisme devrait se saisir des progrès de la technologie biomédicale
08:55 pour perfectionner ce que la nature n'arrive pas à perfectionner par elle-même.
09:00 Et il serait légitime pour lui, puisqu'on est dans une perspective totalement évolutionniste
09:04 et que la nature serait inachevée, il serait légitime pour lui de se saisir des opportunités
09:10 que nous donnent la science et la technologie pour réaliser des possibles
09:14 que la nature ne contient pas encore, vous voyez ?
09:17 C'est le principe de la révolution qui ne se termine jamais.
09:20 Qui ne se termine jamais en vue vraiment d'atteindre un utopique,
09:24 par achèvement de l'humanité.
09:26 Et Julian Huxley parlait d'illumination.
09:28 Il parle d'illumination, exactement.
09:30 Il va très loin, je le cite dans mon ouvrage, il va très loin, il dit
09:36 "Nous sommes déjà justifiés dans la conviction que la vie humaine
09:40 pourrait être transcendée par un état d'existence basé sur l'illumination
09:44 donnée par la connaissance et la compréhension.
09:47 L'espèce humaine peut, si elle se veut, se transcender dans sa totalité comme humanité.
09:52 Nous avons besoin d'un nom pour cette nouvelle croyance."
09:55 Donc pour lui, c'est vraiment une forme de foi, de nouvelle croyance.
09:58 C'est la foi dans la science, la foi dans la connaissance.
10:01 La foi dans la science, dans la science, par la réalisation de nouvelles possibilités
10:06 de la nature humaine et pour elle, vous voyez ?
10:08 Donc il dit vraiment que cette nouvelle science permettra de créer des possibles
10:12 que la nature humaine n'a pas créées.
10:14 Vous serez comme des dieux.
10:16 On sera comme des dieux, exactement.
10:18 Parce qu'il y a mes premiers l'autre, aux deux premiers hommes.
10:21 Et lui, Huxley, il crée le mot transhumanisme pour cela.
10:26 Et il est convaincu, il est vraiment partisan de l'eugénisme
10:32 comme moyen d'amélioration de la population humaine.
10:34 Il faut bien comprendre que la racine du mot eugénisme, c'est le bien engendré.
10:38 Vous voyez ? Ça veut dire ça, l'origine eugénisme.
10:41 Étymologiquement, ça veut dire ça.
10:43 Et lui, il dit vraiment que l'eugénisme doit faire partie intégrante
10:47 de la religion de l'avenir.
10:48 Le contrôle sur le vivant.
10:49 Le contrôle sur le vivant.
10:50 Et c'est vraiment d'ailleurs ce que son frère va dénoncer
10:52 dans son roman d'anticipation, à l'époque, "Le meilleur des mondes".
10:57 Dont aujourd'hui, on n'est pas très loin avec l'industrie procréatique, quand même.
11:00 On peut d'ailleurs se demander par ailleurs comment il a pu imaginer tout ce qui se passe.
11:04 Incroyable. C'est très étonnant.
11:05 À l'époque, tout ce qui se passe aujourd'hui.
11:06 Oui, c'est très étonnant.
11:07 Il y a quelques théories intéressantes.
11:09 Quelles pourraient être les conséquences de ce transhumanisme
11:12 s'il arrive à s'imposer ?
11:15 En tout cas, il est déjà dans notre société.
11:17 On sait que le président Macron a déjà l'intention de légiférer sur la fin de vie,
11:24 sur l'euthanasie.
11:27 Quelles seront les conséquences sur nos droits fondamentaux ?
11:31 Ce qui est très grave dans le transhumanisme,
11:34 c'est que les partisans de l'amélioration humaine,
11:37 le "enhancement", l'augmentation de l'homme,
11:40 ces partisans se réfèrent à la notion très subjective de normalité
11:46 pour justifier des pratiques d'augmentation de l'homme,
11:49 des pratiques qui garantiraient à l'humanité l'expérience d'un plus grand bien-être.
11:55 Mais on sait les dangers de mettre dans la société un seuil de normalité.
12:00 Pour les partisans de l'augmentation de l'homme,
12:03 il y aurait un seuil de normalité basé sur des facultés physiques, cognitives,
12:09 au-dessus duquel il y aurait une humanité à améliorer, à favoriser,
12:14 et en dessous duquel il y aurait une humanité dont il faudrait freiner la propagation.
12:18 C'est ce qui vraiment justifie les pratiques de l'industrie procréatique
12:21 de sélection embryonnaire, du dépistage prénatal, etc.
12:25 On connaît bien ça à la Fondation Jérôme Lejeune et on le dénonce depuis longtemps.
12:30 C'est ce qui est très dangereux du point de vue des droits de la personne humaine,
12:33 des droits fondamentaux, et notamment de la dignité inaliénable de la personne humaine,
12:38 de la dignité par participation à l'espace humain.
12:41 C'est qu'en fait, on s'arroge le droit d'estimer la valeur en humanité de nos concitoyens,
12:50 la valeur en humanité des individus, et de la qualifier en fonction de certains critères subjectifs.
12:56 C'est une valeur financière au vivant.
12:58 Exactement, c'est une valeur financière et une valeur aussi, pas que financière d'ailleurs,
13:02 une valeur de légitimité à vivre, de légitimité à avoir accès au bonheur.
13:07 Les études de genre, vous les étudiez aussi dans votre ouvrage,
13:12 comme étant un des héritiers du libéralisme,
13:16 vous dites qu'elles dénient à la nature humaine son équilibre conféré par le donné biologique.
13:22 Alors pourquoi vous dites que le féminisme et l'homosexualité militantes
13:27 sont à l'origine de ces études de genre ?
13:30 Alors je dis cela parce que, en effet, dans le livre,
13:34 quand j'étudie ces trois idéologies, à chaque fois j'essaye de comprendre d'où viennent ces idéologies,
13:39 comment elles se sont structurées, et de fait on peut voir dans l'histoire des idées,
13:43 dans l'histoire des mouvements militants, une continuité entre d'abord le féminisme,
13:48 alors première vague qui était un féminisme qui ne remettait pas du tout en cause
13:53 les données de l'existence, notamment le donné naturel,
13:57 même la première vague du féminisme voulait juste protéger les droits des femmes,
14:01 justement, mais elle reconnaissait vraiment certaines qualités proprement féminines
14:06 qu'il fallait protéger et dont il fallait défendre justement une certaine féminité,
14:10 une certaine douceur, une certaine fragilité, etc.
14:13 Mais c'est vraiment dans le féminisme radical, dans la troisième vague du féminisme,
14:17 qu'on peut voir vraiment une racine dans le genre.
14:24 Le féminisme de Simone de Beauvoir.
14:26 Le féminisme de Simone de Beauvoir exactement, qui lui nous dit qu'il faut s'émanciper de la nature.
14:33 Simone de Beauvoir ne dit pas encore qu'il faut déconstruire la nature,
14:36 mais elle dit qu'il faut s'émanciper de la nature,
14:39 puisqu'elle dit qu'il faut déconstruire le mythe de l'hétérosexualité naturelle.
14:44 Selon elle, l'homme et la femme seraient substituables, en fait, profondément,
14:48 et la nature ne dirait rien, biologiquement, ne dirait rien du féminin et du masculin,
14:54 qui ne seraient que des constructions civilisationnelles, culturelles, vous voyez.
14:58 Donc ça c'est pour la racine que le genre vraiment plonge ses racines,
15:04 d'abord dans ce féminisme radical, de la troisième vague du féminisme.
15:10 Et puis ensuite, je parle de l'homosexualité militante,
15:16 parce qu'en fait les féminismes du genre,
15:20 eux nous disent que le genre, en fait, a changé de cible par rapport au féminisme,
15:26 et même par rapport au féminisme radical,
15:28 puisque dans le genre, ce n'est pas le sexisme qu'il faut combattre,
15:32 c'est-à-dire que ce n'est pas la domination de l'homme sur la femme qu'il faut combattre,
15:36 mais c'est vraiment l'hétéronormalité,
15:40 c'est-à-dire c'est la domination d'une sexualité sur une autre forme de sexualité.
15:45 Et là, l'homosexualité militante va être pour le coup le premier mouvement
15:50 qui va combattre justement la domination d'une forme de sexualité, l'hétérosexualité.
15:55 Alors aujourd'hui, en fait, l'homosexualité est presque un peu dépassée dans le genre,
15:58 puisqu'il y a plein de courants racines dans le livre.
16:00 Oui, vous les citez, bisexuelle cisgenre, genderfluide, gay, intersexuée,
16:04 lesbienne, non-binaire, pangenre, pansexuelle, trans,
16:07 je ne savais pas qu'il y en avait autant déjà.
16:09 Qu'est-ce que vous pensez de la validité scientifique de ces études de genre ?
16:14 Alors, la validité scientifique de ces études de genre,
16:17 parce que les études de genre s'appellent études de genre
16:19 justement pour se donner une validité scientifique.
16:22 Moi, je pense que cette validité scientifique...
16:25 C'est de la sociologie, en fait.
16:26 Alors que c'est de la sociologie, mais les études de genre
16:29 veulent vraiment faire croire qu'elles sont une science exacte.
16:33 Mais elles ne sont pas biologiques, c'est ça leur problème.
16:36 C'est là le problème, c'est que la science exacte s'arrête
16:38 précisément là où on ne peut pas faire d'expérimentation.
16:41 Or, il y a bien une chose que la biologie nous dit
16:44 depuis la fécondation, c'est-à-dire depuis la conception,
16:47 depuis la première cellule, et bien c'est la différenciation sexuelle.
16:50 Parce que l'embryon humain, quand il naît,
16:53 quand il est créé, l'embryon unicellulaire,
16:57 il est déjà sexué, il est XX ou il est XY.
17:00 Et cette différenciation chromosomique, elle va conditionner...
17:04 Indépassable.
17:05 Elle est indépassable et elle va conditionner pour toute l'existence
17:08 l'intégralité des cellules du corps humain.
17:10 Donc en fait, il y a une réalité biologique sur laquelle butent
17:13 les études de genre et c'est là que les études de genre,
17:15 scientifiquement, sont proprement remises en cause.
17:19 C'est quelque chose qui a été étudié,
17:22 mais il faut vraiment...
17:24 Tous les progrès de la génétique,
17:26 tous les progrès de la connaissance chromosomique
17:30 montrent que notre patrimoine génétique
17:33 et notre patrimoine chromosomique,
17:35 dès l'instant de la première cellule,
17:37 est à l'origine du donné féminin ou du donné masculin.
17:40 C'est ce qu'expliquaient d'ailleurs des archéologues en disant
17:42 que quand on découvre une momie, on va étudier son gène
17:46 et on va s'apercevoir rapidement que c'est un homme
17:48 ou que c'est une femme. Point final.
17:50 Exactement.
17:51 On ne peut pas dépasser ce stade-là.
17:53 Troisième thème abordé dans votre ouvrage,
17:57 c'est l'antispécisme.
17:59 Je rappelle, c'est l'idée selon laquelle
18:01 il n'y a pas de supériorité morale de l'homme
18:04 sur les autres espèces animales.
18:06 Pourquoi vous parlez ici carrément d'erreur anthropologique
18:10 comme pour le marxisme ?
18:12 Et d'ailleurs, de son côté, le philosophe Alain de Benoît
18:15 parle pour le libéralisme aussi d'erreur anthropologique.
18:18 Alors, moi je pense que l'antispécisme est très grave.
18:21 Il est moins connu, l'antispécisme.
18:23 On pourrait dire qu'il est au balbutiement,
18:26 il est en train d'entrer dans une phase militante.
18:29 Il commence à imprégner les couches de la société,
18:32 mais il est quand même moins répandu que le genre
18:35 et même que le transhumanisme,
18:37 même si le transhumanisme, les gens ne connaissent pas le vocable.
18:40 Pour moi, la procréation artificielle,
18:43 c'est vraiment l'accomplissement du transhumanisme,
18:45 mais les gens n'en ont pas véritablement conscience
18:47 que c'est une forme de transhumanisme.
18:49 L'antispécisme, ce qui est vraiment condamnable
18:51 et ce qui est une erreur anthropologique considérable
18:54 dans l'antispécisme, c'est que, pour l'antispécisme,
18:57 la différence entre l'homme et l'animal
18:59 serait une pure construction intellectuelle
19:02 qui serait établie arbitrairement par l'espèce humaine
19:05 pour asseoir sa domination sur les autres espèces.
19:07 Donc, dans l'antispécisme, ce qui est nié,
19:10 c'est la transcendance de l'espèce humaine
19:12 sur le reste du vivant.
19:13 Dans l'antispécisme, ce qui est nié,
19:15 c'est vraiment la transcendance de l'espèce humaine,
19:18 de l'être humain, notamment dans sa vie intellective,
19:21 c'est-à-dire dans sa faculté, dans son intelligence
19:23 et dans sa volonté, dans sa faculté de comprendre le monde,
19:27 de le concevoir, de lui donner un sens,
19:30 de lui donner un sens par son langage conscient,
19:33 d'y adhérer pleinement, d'accéder aussi à la vie surnaturelle,
19:37 d'accéder à une forme de métaphysique,
19:39 et bien tout cela, en fait, dans le genre est nié,
19:41 dans l'antispécisme est nié,
19:43 puisqu'on va dire qu'il n'y a pas de différence substantielle
19:46 entre l'espèce humaine et entre l'espèce animale,
19:50 dont finalement la vie intellective ne serait qu'une forme d'évolution
19:55 mais ne serait pas une différence fondamentale.
19:57 Donc vraiment, dans l'antispécisme,
19:59 la valeur intrinsèque de la vie humaine,
20:02 la valeur intrinsèque de la vie humaine est liée.
20:05 L'antispécisme nous dit que...
20:07 - Est-ce que ce n'est pas aussi un antichristianisme,
20:09 l'antispécisme, dans le fait qu'il nie...
20:11 En fait, Jésus disait "Ne valez-vous pas mieux qu'eux"
20:14 en parlant des animaux.
20:16 Il met l'être humain au-dessus du règne animal.
20:19 - Exactement, l'être humain a été mis au-dessus du règne animal
20:22 et moi je crois qu'il y a dans l'antispécisme
20:24 quelque chose de l'ordre du combat,
20:26 eschatologique, de négation de tout ce qui, en l'homme,
20:30 fait qu'il ait été créé à l'image de Dieu,
20:32 fait pour le comprendre, pour le connaître,
20:34 pour le comprendre et pour l'aimer.
20:36 Dans l'antispécisme, il est vraiment coupable
20:38 d'une forme de matérialisme biologique.
20:41 Il va dire dans l'antispécisme que la vie humaine
20:45 est réduite à sa dimension biologique,
20:47 donc à sa vie sensitive et à sa vie végétative
20:50 qui est commune aux animaux.
20:52 - C'est un tube digestif sur pattes.
20:54 - Exactement, mais on va rajouter quand même
20:56 qu'on est doué de sensibilité, mais comme les animaux,
20:58 les animaux aussi sont doués de sensibilité.
21:00 - Le chien remue la queue.
21:01 - On ne va quand même pas nier la vie sensitive
21:03 qu'on a commune aux animaux,
21:05 mais l'antispécisme va abandonner
21:07 toute possibilité d'entreprise métaphysique.
21:09 C'est-à-dire qu'en nous niant vraiment
21:11 ce qui fait la sacralité de la vie humaine,
21:14 la vie intellective, qui est le sanctuaire du Saint-Esprit,
21:17 l'intelligence et la volonté,
21:19 on va dépouiller l'homme de ce qu'il possède en propre
21:21 et de ce qui le différencie du reste des espèces.
21:23 - Oui, mais le dépouiller, pas forcément pour les gens
21:25 qui ne croient pas en Dieu et ils ne dépouillent rien,
21:27 ils ne voient pas la sacralité dans l'homme.
21:29 - Eh bien si, parce qu'en fait, même sans parler de Dieu,
21:31 on va dépouiller l'homme de ce qu'il possède en propre,
21:34 c'est-à-dire de sa faculté de penser le monde,
21:37 de sa faculté de définir les choses,
21:39 de sa faculté d'avoir une vie intérieure.
21:41 On va faire l'impasse sur le mystère profond de l'homme
21:44 qui est la vie intérieure, la vie de l'esprit,
21:46 la vie spirituelle.
21:48 On va déprimer en l'homme tout ce qui le rend
21:50 plus qu'un simple être vivant,
21:53 c'est-à-dire sa nature spirituelle
21:55 qui, évidemment, dépasse sa nature sensitive
21:58 et sa nature végétative.
22:00 Vous voyez ?
22:01 Donc en fait, l'antispécisme, d'une certaine façon,
22:03 on pourrait dire qu'il abaisse l'homme à l'animal
22:07 au lieu d'élever l'animal à l'homme.
22:09 Son objet n'est pas d'élever l'animal.
22:11 Vraiment, son objet, c'est d'abaisser...
22:13 D'abaisser, ce n'est pas son intention,
22:15 mais c'est son objet, c'est qu'il abaisse l'homme à l'animal.
22:19 Mais est-ce qu'il y a une raison à cette...
22:21 Vous dites qu'il n'y a pas d'intention.
22:23 Est-ce que ce n'est pas dans le cadre de l'écologisme
22:28 de vouloir responsabiliser l'homme
22:31 et vouloir l'extraire de la beauté de la création ?
22:35 Alors moi, je pense qu'il y a en effet un combat eschatologique,
22:38 mais ça, c'est vraiment une dimension très privée.
22:40 Je pense que dans ce courant particulièrement
22:43 et dans les autres courants,
22:44 en fait, on condamne l'homme
22:46 en laissant supposer que l'homme en lui-même
22:49 et par lui-même serait un mal
22:53 et sans doute le mal originel,
22:55 alors qu'il n'y a pas de mal originel,
22:56 il faut rappeler avec force que seul le bien est originel
22:59 et que le mal n'est qu'une absence de bien.
23:01 Et donc l'homme serait sans doute un mal,
23:03 en tout cas, il serait à l'origine de tous les maux du monde,
23:05 de toutes les peines du monde,
23:06 et d'autre part, sinon, il serait au pire danger,
23:09 c'est le cas de l'antisexisme.
23:10 Surtout l'homme blanc...
23:11 Surtout l'homme blanc, il était homosexuel, etc.
23:14 Et donc il serait au pire une erreur,
23:17 donc c'est l'objet du transhumanisme,
23:19 au mieux un danger et surtout un mal.
23:21 Et l'antispécisme vraiment nous dit que l'homme est un mal,
23:24 puisque l'homme abîme le reste du cosmos,
23:26 l'homme est un danger pour la prolifération de la nature
23:28 et c'est là que vraiment l'antispécisme est condamnable,
23:31 proprement condamnable.
23:32 Vous avez peur de voir l'antispécisme
23:34 devenir une forme de révolution copernicienne du XXIe siècle.
23:39 Pourquoi ça vous fait peur à ce point ?
23:41 Je pense qu'il y a un vrai danger dans l'antispécisme
23:43 parce que vraiment l'antispécisme contient en lui-même
23:46 et est profondément nihiliste,
23:49 c'est-à-dire que pour l'antispécisme,
23:51 la légitimité à vivre des hommes n'est pas une donnée,
23:58 n'est pas une donnée,
24:00 puisque pour l'antispécisme, la légitimité à vivre s'évalue
24:04 à l'aune de l'accès au bonheur, de l'accès au bien-être,
24:08 mais finalement, en fait, quel est l'accès au bonheur
24:11 d'une personne malade ou l'accès au bonheur d'un enfant handicapé ?
24:16 Et donc l'antispécisme va s'arroger le droit de juger
24:19 de la valeur des êtres humains au nom de cette légitimité à vivre
24:24 et les penseurs de l'antispécisme vont dire que parfois
24:27 un bœuf en bonne santé ou une grenouille verte en bonne santé
24:32 a beaucoup plus de légitimité à vivre qu'un enfant malade,
24:35 qu'une personne en fin de vie,
24:36 et l'antispécisme va vraiment valider certaines dérives bioéthiques
24:43 extrêmement graves comme l'euthanasie, comme le génisme,
24:46 comme la sélection, comme l'avortement, évidemment, vous voyez,
24:50 et donc c'est une menace directe pour la dignité de la personne humaine
24:54 et pour la stabilité de la société.
24:57 – Vous dites enfin, ce sera ma dernière question Véronique Bournino,
25:01 que seul l'héroïsme chrétien deviendra un jour l'ultime solution
25:05 des problèmes de la vie, qu'est-ce que vous entendez par l'héroïsme chrétien ?
25:10 – En fait, ce que je veux dire par là, c'est que ces idéologies de la déconstruction,
25:14 notamment ces trois idéologies que j'étudie dans le livre,
25:17 elles ont en commun de s'attaquer à la nature humaine en tant que telle,
25:21 de la nature humaine telle que nous l'avons reçue,
25:24 comme un donné de l'existence, et elles disent qu'il faut que l'homme
25:28 se réalise contre les données de cette nature
25:30 puisque cette nature ne serait pas bonne, finalement.
25:32 – Le droit naturel.
25:33 – Et le droit naturel, exactement.
25:35 Et ces idéologies, ce faisant, nous privent de l'argument raisonnable.
25:40 À partir du moment où elles nous disent que la nature est une construction arbitraire
25:44 qui a été établie par les hommes pour dominer les autres espèces,
25:47 ou dominer les femmes, ou dominer la fluidité des passions
25:51 de certaines catégories de personnes, etc.,
25:53 et bien en fait, elles nous dénient l'argument raisonnable
25:56 et elles ferment le débat, en fait, elles ferment la discussion,
25:59 elles ferment toute possibilité de réflexion.
26:02 Et moi je dis que ce faisant, en fait, elle nous offre comme seule alternative
26:07 une alternative complètement nihiliste et très désespérante,
26:10 ce qu'elle promeut, je m'y refuse totalement,
26:13 et je dis, c'est la dernière partie de mon livre,
26:16 je dis, j'essaye de proposer l'acte de foi comme la troisième voie,
26:21 qui n'est pas la seule réponse, parce qu'évidemment que la raison
26:24 permet de contrer ces idéologies, le raisonnement,
26:29 notre intelligence nous permet de voir comment est-ce qu'elles sont déformées,
26:32 mais si on nous refuse l'argument de la raison, je dis qu'il reste une dernière voie,
26:35 qui est la réponse spirituelle, qui trouve son plein accomplissement
26:38 dans la foi catholique, dans la révélation, dans la révélation chrétienne,
26:41 et qui permet d'ancrer la loi naturelle, aujourd'hui fortement contestée,
26:46 dans la loi d'Einzernel.
26:48 C'est une démarche qui est à sa façon très contemplative, extrêmement humble,
26:52 mais à partir du moment où on en est loin dans notre époque ambiante,
26:56 je pense que notre époque se meurt d'espoir, se meurt d'espérance,
27:00 se meurt finalement de contempler, de recevoir la vie comme elle aime,
27:03 comme elle est, et de la recevoir humblement,
27:06 et je propose dans ce livre quelque chose qui n'a rien de...
27:10 que je n'ai absolument pas inventé, c'est vraiment le message de la révélation,
27:13 je propose de contempler l'homme tel qu'il fut créé à l'origine,
27:17 par un dieu bon, un dieu infiniment parfait, en qui il n'y a pas l'ombre du mal,
27:21 et de redécouvrir en fait ce mystère de la personne humaine,
27:25 et de comprendre comment est-ce que la révélation peut nous permettre
27:27 de comprendre le mystère de l'homme,
27:29 mais aussi de comprendre le mystère de l'âme, du mal.
27:32 À partir du moment où on contemple l'homme avec les yeux de la foi,
27:38 il faudra bien passer, et c'est inconfortable,
27:41 par la reconnaissance du péché originel,
27:44 par la compréhension de ses conséquences,
27:45 par le déséquilibre que ça a créé dans la nature,
27:47 donc on comprendra en fait le projet initial de Dieu,
27:50 qui est quand même un projet qui va beaucoup plus loin que le transhumanisme,
27:53 puisque le projet de Dieu, c'est quand même de nous faire participer à sa divinité,
27:56 donc c'est un projet qu'aucune de ses idéologies ne pourra jamais atteindre,
28:00 c'est un projet de plénitude pour la personne humaine,
28:02 et ensuite il faudra bien passer par la phase inconfortable de la foi,
28:06 qui est la compréhension du péché originel,
28:08 et ses conséquences, et puis de nos péchés personnels aussi,
28:11 mais ça nous permettra aussi de comprendre toute la beauté de la grâce,
28:14 qui ne limite pas la nature, qui ne va pas contre elle,
28:17 mais au contraire qui la perfectionne,
28:19 et donc en fait en regardant un petit peu ce que nous dit la foi,
28:21 ce que nous dit la foi catholique, ce que nous dit la révélation,
28:23 et bien on s'aperçoit en fait, on peut comprendre le mystère de la personne humaine,
28:27 et je crois que c'est une contemplation qui réjouit profondément,
28:31 en tout cas que moi j'expériente au jour le jour,
28:33 et voilà j'avais très envie de le, je désirais très fortement le proposer en réponse,
28:38 puisqu'aujourd'hui dès lors qu'on parle de la foi,
28:40 on nous dit "mais non, mais non, c'est une démarche individuelle",
28:42 moi je dis "non, la réponse est individuelle,
28:45 mais la proposition de la foi, elle est universelle,
28:47 elle vaut pour tous les hommes, pour tous les temps, de toutes les époques,
28:50 et c'est là son immense richesse.
28:53 Une invitation à l'humilité donc, avec cet ouvrage,
28:56 "Contre la détestation de l'homme par l'homme" de Véronique Bournignon,
29:00 à retrouver sur notre boutique, merci à vous madame.
29:03 Merci beaucoup, merci de m'avoir accueillie.
29:05 Merci de m'avoir accueillie.
29:06 [Musique]