• il y a 9 mois
Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire

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00:00 Bonjour à tous, bienvenue dans les Belles figures de l'Histoire.
00:02 Notre belle figure d'aujourd'hui, c'est l'abbé Franz Stock.
00:05 Il est entré dans l'histoire de France comme l'aumônier de l'enfer
00:09 ou encore l'archange des prisons, comme on l'appelait,
00:11 car il a été l'aumônier des prisons parisiennes pendant la Seconde Guerre mondiale
00:15 et il a aussi assisté les condamnés à mort du Mont Valérien
00:19 pendant l'occupation allemande.
00:21 Comment sa foi l'a-t-elle aidé dans cette épreuve ?
00:24 On en parle avec notre invité d'aujourd'hui, Stéphane Chmielewski.
00:27 Bonjour, Monsieur.
00:28 Vous êtes diplomate de formation et de carrière
00:31 et vous êtes aussi le président des Amis de Franz Stock.
00:34 Et puis Véronique Jacquier est avec nous.
00:36 Bonjour Véronique.
00:37 Bonjour à tous.
00:38 Voilà, cette émission est aussi en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
00:43 Alors Véronique, pour commencer à parler de Franz Stock
00:46 et évidemment à commencer par sa jeunesse,
00:49 eh bien c'est une jeunesse allemande au service de la paix
00:52 et c'est surtout un Allemand qui est amoureux de la France.
00:55 Oui, tout à fait.
00:56 D'abord, il faut imaginer que c'est un homme qui a connu les deux guerres mondiales.
00:59 Il est né en 1904 et il reçoit à 12 ans l'appel de Dieu pour devenir prêtre.
01:04 Il est dans une famille qui est très catholique, très pratiquante.
01:07 Un milieu ouvrier vivant à Neuheim au nord-ouest de l'Allemagne,
01:11 c'est la Bavière aujourd'hui.
01:12 Et donc ce qui le caractérise pendant sa jeunesse,
01:14 c'est effectivement, un, sa foi, deux, l'amour de la paix.
01:18 Il a 18 ans à la fin de la Première Guerre mondiale
01:21 et son amour de la France, ce qui est rare à l'époque.
01:24 Imaginez pour un Allemand, après la boucherie de la Première Guerre mondiale.
01:27 A 24 ans, il vient donc suivre des études à Paris, à l'Institut catholique de Paris.
01:31 Et c'est donc le premier étudiant Allemand admis dans cette université depuis le Moyen-Âge.
01:37 En parallèle, il devient compagnon de Saint-François d'Assise
01:40 pour épouser les valeurs qui sont portées par Saint-François.
01:43 La paix, l'amour de la nature, la simplicité.
01:45 Et puis ensuite, retour en Allemagne en 1932 pour être ordonné prêtre à Paderborn.
01:51 Il n'est pas dupe de l'arrivée de Hitler au pouvoir en 1933.
01:54 D'ailleurs, il met en garde ses oailles, d'autant que lui est proche donc des milieux pacifistes.
01:59 Pour sa première messe, il avait fait imprimer un texte tiré de la première lettre de Saint-Pierre,
02:04 d'un cœur pur, "Aimez-vous les uns les autres sans défaillance".
02:08 Alors ensuite, retour à Paris.
02:10 Il est rappelé en fait, en quelque sorte, parce qu'il est déjà quand même identifié
02:13 dans le clergé français comme une belle personne, si j'ose dire.
02:16 Et il va prendre en charge, il va devenir le recteur de la paroisse allemande de Paris.
02:20 Et puis ensuite, comme il est proche des milieux pacifiques,
02:23 il va quand même jouer un grand rôle pendant cinq ans,
02:26 juste avant la Seconde Guerre mondiale, en fait, avec la montée du nazisme en Allemagne.
02:30 Il va vraiment aider les réfugiés de son pays et les exilés.
02:34 Mais en 1939, la guerre gronde et donc on le rappelle outre-Rhin.
02:39 - Merci Véronique. Alors Stéphane Chmielewski, quelle est sa personnalité ?
02:43 J'ai notamment cette citation, s'agissant donc de Franz Stock,
02:47 de ce général de Caussée-Brissac qu'il a connu et qui dira,
02:50 de lui émanait une extraordinaire distinction, reflet d'une âme surnaturelle.
02:55 Il était avant tout prêtre, Jésus-Christ vivait en lui. C'est un bel hommage.
03:00 - Naturellement, surtout que le général Caussée-Brissac l'a reçu en prison.
03:05 Voilà une des personnes qu'il a visité.
03:08 Et donc Franz Stock, en fait, était entièrement dévoué au service des autres.
03:17 Il l'a très rapidement montré en participant de toutes ses forces au mouvement de jeunesse catholique,
03:26 qui était relativement nombreux entre les deux guerres en Allemagne.
03:31 Et ces mouvements de jeunesse ont été le creuset dans lequel il s'est formé.
03:40 - C'est là où il a appris à se donner aux autres, justement, comme vous dites.
03:43 - Absolument. Selon une formule presque franciscaine, c'est-à-dire ces mouvements de jeunesse marchaient,
03:53 faisaient des pèlerinages et apprenaient, c'est très joli comme image,
03:59 apprenaient à faire la paix entre eux-mêmes avant de vouloir exporter cette paix plus généralement.
04:08 - Alors ce qu'il faut comprendre aussi, c'est que ces mouvements de jeunesse,
04:11 donc catholiques en Allemagne, ont été interdits peu ou prou avec la montée du nazisme.
04:18 Et donc il y avait un antagonisme total entre d'un côté les Hitlerjungen,
04:23 c'est-à-dire les jeunesses hitlériennes, et de l'autre les jeunesses catholiques.
04:26 Ça, il faut bien le comprendre et l'entendre.
04:29 - Tous ces mouvements ont été interdits progressivement et les derniers l'ont été interdit en 1939.
04:34 Il y a eu même des frictions parce que Franz Stock a été très rapidement,
04:45 est devenu compagnon de Saint-François, mouvement d'origine française,
04:49 et il a fait venir les compagnons de Saint-François en Allemagne
04:54 où ils ont pratiqué les feux de camps, etc.
05:01 Et dans certaines circonstances, ils ont été dénoncés et traqués par les chemises brunes,
05:09 ou leurs équivalents, qui portaient la contestation même pendant leurs réunions.
05:16 - Alors évidemment que Savy prend une tournure et une dimension tout autre
05:22 lorsqu'il demande à devenir aumônier des prisonniers.
05:25 Donc là, Véronique, on est vraiment pendant la Seconde Guerre mondiale.
05:28 - Oui, on est en novembre 1940, il revient à Paris dans les bagages de l'armée d'occupation,
05:33 il est rattaché à l'ambassade et comme il parle très bien français,
05:37 on lui confie la charge d'être aumônier de la prison de Fresnes, la prison des résistants,
05:41 et puis il s'occupera aussi des prisonniers de la santé et du Cherchemédy.
05:45 Alors, est-ce qu'il sait à quel point cette fonction va être éprouvante ?
05:48 Ça va vraiment être l'enfer au sens propre.
05:50 Pourquoi ? Parce que la répression s'intensifie à la fin de l'année 1941
05:54 et durant trois ans, il va vraiment descendre aux enfers en visitant les détenus,
05:59 en les réconfortant, en priant avec eux, mais le tout en sachant qu'il les accompagne jusqu'à la mort,
06:04 il les accompagne jusqu'au poteau des fusillés.
06:07 Et avant de mourir, certains prisonniers lui remettent des objets pour leur famille
06:12 ou une lettre, bien entendu, et lui prendra des risques d'ailleurs
06:17 de contacter les familles pour leur remettre ce qu'il y a de plus précieux de la part du disparu.
06:21 Alors que la personne soit juive, athée ou chrétienne, il ne fait absolument aucune différence.
06:27 Bien entendu, il confesse et donne la communion aux catholiques qui le lui demandent.
06:31 Et puis, il est très vite reconnu comme un être exceptionnel.
06:35 Sa présence console et réconforte jusqu'au bout de l'enfer.
06:39 De là, effectivement, vient l'appellation "aumônier de l'enfer".
06:42 Comment a-t-il aidé, et notamment, un certain nombre de résistants ?
06:45 Oui, alors il a connu Gabriel Péry, qu'il a accompagné, le grand honoré Estienne Dorv aussi,
06:52 bien sûr, dont il gardera un souvenir ébloui.
06:54 Chaque fois, c'est le même rituel terrifiant.
06:56 Il faut quand même s'imaginer ce qu'il a lui-même vécu en accompagnant les personnes jusqu'au supplice.
07:02 Il assiste au supplice, il accompagne les hommes au-delà de la mort,
07:07 puisqu'une fois qu'ils ont été fusillés, il les amène jusqu'au tombeau.
07:12 C'est lui qui procède à leur inhumation.
07:14 Il est hanté par ces visages la nuit, il n'arrive pas à dormir, évidemment.
07:19 Et parfois, très rarement quand même, c'est une victoire, il obtient la grâce d'un condamné.
07:23 Mais c'est excessivement rare.
07:25 Donc pendant toute la guerre, que va-t-il faire ?
07:27 Il va consigner de brèves notes sur les prisonniers, la date et l'heure de leur exécution,
07:31 l'adresse de la famille aussi, à qui il faudra rendre des comptes des derniers instants.
07:36 Et c'est en partie grâce à ces carnets, d'ailleurs,
07:38 que la liste des fusillés du Mont-Valérien va pouvoir être reconstituée,
07:41 puisque cette descente aux enfers et ce poteau d'exécution
07:45 se trouvent bien entendu dans la clairière du Mont-Valérien.
07:48 Et c'est pour ça que Fransz Tock, on l'appelle le "Passeur d'âme" du Mont-Valérien.
07:52 Il aurait pu fuir en 1944, attention c'est un véritable héros,
07:56 parce qu'il aurait pu rentrer en Allemagne en 1944 avec tous les membres de l'ambassade,
08:00 mais il va rester en France pour réconforter les blessés dans les hôpitaux.
08:04 Il va même assister aux deux dernières exécutions au Mont-Valérien
08:07 qui auront lieu le 19 août 1944, voilà, fidèle au poste.
08:10 Pour le service de Dieu et des hommes.
08:13 - Aumônier de l'enfer, archange des prisons,
08:16 telles sont les appellations de Fransz Tock dans cette période, évidemment, crucifiante pour lui.
08:21 On l'imagine, comment a-t-il tenu ?
08:24 Est-ce qu'on sait, d'après les documents, les notes qu'il a laissées,
08:27 comment est-ce qu'il a traversé cet enfer ?
08:30 - Difficilement, et il s'est cramponné à sa foi.
08:37 On l'a relevé plusieurs fois rentrant d'une exécution en pleurs,
08:42 s'exclamant "comme les hommes sont méchants"
08:48 et ce qu'il disait aussi, c'est peut-être un bon résumé,
08:53 il disait aussi "mais comme les Français savent mourir".
08:56 - Bel hommage.
08:58 - C'était un bel hommage qui s'adressait non seulement à ceux qui avaient une belle mort
09:02 au sens catholique du terme, mais à tous les autres également.
09:06 - Effectivement, parce que d'un côté, Gabriel Péry, de gauche,
09:10 de l'autre côté, Destien D'Or, plutôt de droite, on va dire,
09:15 et l'un a croyé au ciel, l'autre pas.
09:17 - Voilà, voilà.
09:19 - Et il assurait son assistance, même spirituelle.
09:23 Est-ce qu'on a des traces, par exemple, on peut parler de Missak Manouchian,
09:27 qui est entré au Panthéon récemment, qui était communiste,
09:30 mais qui a bénéficié des derniers sacrements administrés par Franz Stock.
09:34 - Oui, comme à chaque fois, Franz Stock passait dans les cellules
09:38 pour demander quels étaient les voeux des condamnés,
09:47 il n'était pas toujours très bien accueilli,
09:50 mais on considère, en général, il y a des statistiques qui ont été faites à ce sujet,
09:56 qui ont été tirées, on considère que plus de la moitié des personnes
10:01 auxquelles il a eu affaire ont recherché ses secours spirituels.
10:06 Alors, de façon différente, ça pouvait être simplement une prière commune,
10:11 mais puisque vous parlez d'Issac Manouchian, ce qu'il y a de tout à fait remarquable,
10:17 c'est qu'il note dans son journal qu'il s'est confessé et qu'il a communié,
10:22 ce qui était presque le degré suprême, ou le signe suprême,
10:28 de l'adhésion totale de Manouchian.
10:31 - Ça veut dire, très concrètement, une conversion de la part de celui
10:35 qui était donc communiste athée, a priori ?
10:38 - Je ne sais pas si je peux parler d'une conversion,
10:41 parce que Manouchian venait quand même d'une famille catholique,
10:45 et avait eu affaire à des institutions religieuses au cours de son exil.
10:50 - En tout cas, il a probablement...
10:52 - C'est un retour, mais à côté de lui,
10:55 il y a des gens qui sont morts en criant "Vive Staline", etc.
11:00 - C'est dire aussi l'importance d'un aumônier, d'un prêtre,
11:03 effectivement, lors de ces derniers moments de la vie.
11:06 Sait-on aussi s'il a eu des actes de résistance en tant qu'aumônier,
11:11 et dans ses activités dans les prisons ?
11:14 - Je pense que la façon dont il exerçait ce ministère particulier,
11:20 dont je voudrais signaler d'ailleurs qu'il ne l'a pas demandé,
11:24 mais nous pensons véritablement que c'est l'Église de France
11:30 qui lui a demandé, très discrètement évidemment,
11:33 d'assurer l'aumônerie de ses prisonniers.
11:36 Parce que n'oublions pas que les résistants et otages
11:40 étaient dans les prisons françaises,
11:43 ils n'étaient pas aux mains de l'administration pénitentiaire française,
11:47 ils étaient tout simplement dans ce qu'on appelait des quartiers allemands,
11:51 qui étaient gardés par des Allemands.
11:53 Donc il n'y avait aucun moyen de parvenir jusqu'à eux,
11:56 sauf à passer par un aumônier allemand,
11:58 et c'est probablement ce qu'il a décidé.
12:01 Et donc il a résisté de toutes les façons possibles.
12:07 Si l'on prend par exemple le cas d'Edmond Michelet,
12:10 Edmond Michelet qui était battu pendant la journée,
12:14 interrogé et à qui on disait que sa femme et ses enfants étaient arrêtés, etc.
12:22 Il priait avec lui, je vous salue Marie,
12:29 dans un angle éloigné de la cellule,
12:32 votre femme et vos enfants vont bien, etc.
12:35 - Il passait des messages comme ça.
12:37 - Il passait des messages, il en a passé dans les deux sens,
12:40 il a vraiment fait tout ce qu'il était possible de faire,
12:44 et ça allait quelquefois très loin.
12:47 Il y a le cas d'un certain nombre de prisonniers
12:52 qui sont conduits au Mont-Valérien pour être exécutés.
12:56 Du côté du pont de Saint-Cloud,
12:58 il y en a un menotté qui soulève la bâche du camion et qui glisse à terre.
13:05 Franz Stock est en face de lui, il ne dit rien.
13:08 - Il n'est pas inquiété pour cela ?
13:10 - À l'arrivée au Mont-Valérien,
13:12 l'officier commandant l'escorte se met à hurler,
13:15 "c'est un intérêt de mien, mais enfin !"
13:17 - Il était aux maniers, ça le protégeait peut-être ?
13:19 - Il répond, mais je suis désolé, c'est votre rôle de les garder,
13:25 ce n'est pas le mien.
13:27 - Je voudrais à présent qu'on s'intéresse à la dernière partie de sa vie,
13:30 sa dernière mission, c'est-à-dire l'aventure du séminaire des Barbelés.
13:34 Regardez ce reportage, le séminaire des Barbelés,
13:37 c'est près de Chartres et c'est une aventure hors norme.
13:42 - Le séminaire derrière les Barbelés d'un camp de prisonniers près de Chartres.
13:45 Entre 1945 et 1947, 900 soldats allemands se sont formés dans le bloc numéro 1.
13:51 - À la fin de la guerre, le clergé allemand était HS.
13:54 Hitler avait fait enfermer tous les prêtres dans le camp de Dachau,
13:59 qui étaient contre ce régime.
14:01 Les autorités ecclésiastiques et militaires françaises
14:05 envisagèrent de créer dans un camp de prisonniers allemands
14:09 un séminaire pour aider l'Allemagne à se reconstruire, à se dénazifier.
14:16 - Les conditions de vie sont difficiles.
14:18 Les séminaristes prisonniers dorment entassés dans ces lits.
14:21 Ici, le réfectoire qui sert aussi de salle de cours.
14:24 Il y a quelques moments de détente.
14:26 Sur cette photo, les séminaristes vont en pèlerinage à la cathédrale de Chartres.
14:31 - Il est passé ici 939 étudiants et professeurs.
14:35 Il en est issu 630 prêtres, dont 4 évêques et 2 pères abbés.
14:41 - Au fond, une chapelle a été aménagée pour les offices.
14:44 La fresque derrière l'hôtel a été peinte par Franz Stock, recteur du séminaire.
14:48 Aux 2 extrémités, les personnages n'ont pas été choisis au hasard.
14:52 - Saint-Michel-Archange symbolise les 2 nations.
14:56 Saint-Michel, c'est aussi le Saint-Patron de la France,
14:59 mais également de l'Allemagne.
15:01 Il a terminé cette peinture en y ajoutant Saint-Boniface,
15:05 qui est le Saint-Patron des Allemands.
15:07 - Le séminaire ferme ses portes fin juin 1947.
15:10 Aujourd'hui, c'est un lieu de mémoire qui témoigne de la vie de Franz Stock,
15:14 infatigable apôtre de l'amitié entre les peuples.
15:17 - Stéphane Chmielewski, c'était émouvant, cette peinture,
15:22 cette fresque réalisée par Franz Stock, qui était le directeur de ce séminaire.
15:27 On a parlé de la foi, bien sûr, qu'il a aidé à tenir dans ses moments terribles,
15:31 mais il y a aussi l'art qui lui a permis peut-être de traverser l'épreuve.
15:37 - Toute sa vie, il s'est adonné à la peinture.
15:41 Il a...
15:47 Essentiellement avec des sujets religieux, mais pas...
15:52 - C'était un artiste, en fait. Il avait une âme d'artiste.
15:55 - Il avait une âme d'artiste, absolument.
15:57 Et c'est probablement ce qui lui permettait de sortir un peu de cet enfer.
16:04 - On peut noter aussi que Mgr Roncali, qui est devenu ensuite le pape Jean XXIII,
16:11 est venu célébrer dans ce séminaire, en 1947, le samedi saint, juste avant Pâques,
16:17 avec les séminaristes et futurs prêtres ordonnés en Allemagne, par la suite,
16:24 enfin, qui officieront en tout cas en Allemagne.
16:26 Et donc, voilà, c'est la petite histoire qui rencontre la grande.
16:30 - Oui, Mgr Roncali est venu quatre fois au séminaire
16:33 et a pris le séminaire des Barbelés dans ce qu'on appelle sa paroisse personnelle.
16:38 Et Mgr Roncali a procédé... - C'est le représentant du pape en France.
16:42 - Le représentant du pape en France a procédé, est venu apporter des chaussettes,
16:46 des pull-overs aux prisonniers qui mouraient de froid dans cet immense hangar.
16:52 - Alors, Véronique, par la suite, après la mort de Fransz Tock,
16:57 eh bien, il a été évoqué comme une figure de réconciliation franco-allemande,
17:01 et ça, c'est intéressant.
17:02 - À la Libération, déjà, pour commencer, il ne demande pas de traitement de faveur.
17:05 Donc, il va vouloir partager le sort des prisonniers de guerre,
17:08 il va être incarcéré à Cherbourg, ensuite, il sera nommé comme directeur
17:12 du séminaire des Barbelés, le reportage que nous venons de voir évoquer ce séminaire.
17:16 Et en fait, il a vu tellement d'horreur, Fransz Tock,
17:19 que son cœur a fini par lâcher à seulement 43 ans,
17:22 alors qu'il était hospitalisé pour un œdème pulmonaire à l'hôpital Cochin, à Paris.
17:28 Il avait seulement 43 ans, lui qui a accompagné tellement de personnes
17:32 jusqu'à la mort et mort seule, c'était en 1948, en février.
17:36 Et en 1988, le chancelier allemand Helmut Kohl écrira ses mots
17:41 dans une tribune du journal Le Monde, consacrée à l'abbé.
17:45 À mes yeux, Fransz Tock compte, parmi ceux qui ont joué un rôle essentiel
17:48 d'unier l'Union entre Allemands et Français, car il a été un exemple vivant,
17:51 montrant comment la générosité de cœur peut aider à surmonter la haine et l'inimitié.
17:56 Allemands et Français ont tout lieu d'honorer sa mémoire et d'être reconnaissants.
18:00 Alors en fait, la reconnaissance est venue en 1963, lorsque la France et l'Allemagne
18:05 ont signé un traité de paix, qui s'appelle le traité de l'Elysée,
18:08 enfin un traité d'amitié plutôt, et le père Stock était enterré à Thiers,
18:12 dans le carré des soldats allemands, car il était mort comme un prisonnier de guerre,
18:16 et son corps a donc été exhumé pour être transféré à Chartres,
18:20 dans l'église Saint-Jean-Baptiste de Rochevre, qui a été construite en 1961
18:24 dans le cadre de cette fameuse réconciliation franco-allemande.
18:28 Vous voyez cette église évidemment à l'écran.
18:30 Et depuis, le livre d'or, à côté de sa tombe dans cette église,
18:33 témoigne encore vraiment de son grand rayonnement.
18:36 Peut-être un dernier mot, Stéphane Chmielewski,
18:39 je rappelle que vous êtes le président des amis de Fransz Tock.
18:42 Finalement, son histoire à Fransz Tock, c'est le symbole du pardon,
18:47 du pardon chrétien entre la France et l'Allemagne,
18:50 qui a permis une réconciliation. C'est ça le message ?
18:53 C'est absolument ça le message.
18:55 Quand il est mort, alors qu'il aurait très bien pu retourner depuis longtemps en Allemagne,
19:01 il était en train d'insister auprès des autorités françaises
19:05 pour prendre en charge les quelques 25 000 Allemands prisonniers
19:09 qui avaient fait souche en France et qui ne voulaient pas retourner en Allemagne
19:12 et qui avaient besoin d'un nominier.
19:15 D'une façon plus générale, Fransz Tock, c'est la réconciliation, certes,
19:20 mais c'est la réconciliation en année zéro, alors que les haines sont à leur paroxysme
19:25 et que cette idée même de réconciliation est totalement impensable.
19:30 Et c'est la foi aussi, la foi chrétienne, catholique,
19:33 comme ciment aussi de cette réconciliation en Europe.
19:37 Véronique, pour terminer, quelques livres, s'il vous plaît.
19:40 Évidemment, je vous recommande "Journal de guerre" tenu par Fransz Tock aux éditions du Cerf.
19:45 C'est un livre capital pour comprendre une partie de la Deuxième Guerre mondiale.
19:50 Plus étonnant, Fransz Tock a connu la Bretagne dans sa jeunesse.
19:55 Il avait quelques voyages en Bretagne.
19:56 Non seulement il a été peintre, mais il a aussi écrit sur la Bretagne.
20:00 "La Bretagne, moment vécu" chez Minnie Levenez comme éditeur.
20:03 Et puis "L'abbé Fransz Tock, sentinelle de la paix", c'est une biographie par le père Ludovic Lécuru
20:08 chez Pierre Tecky, éditeur.
20:10 Enfin, il y a une bande dessinée, "Fransz Tock, passeur d'âme" publiée chez Artej.
20:14 Sans oublier, bien entendu, France Catholique qui, chaque semaine, vous parle de la vie des saints.
20:18 Francecatholique.fr ou sur abonnement.
20:21 Voilà, et puis une citation pour terminer, elle est de Fransz Tock.
20:25 "Un nombre de saints voulus par la Providence suffira à sauver notre époque."
20:30 Époque, évidemment, de très grandes épreuves, mais c'est peut-être aussi valable pour notre temps.
20:36 C'était le 26 avril 1947 qu'il a prononcé cette phrase à des séminaristes allemands,
20:41 donc prisonniers à Chartres, au sein de ce fameux séminaire débarbelé.
20:44 Merci beaucoup Stéphane Chmielewski de nous avoir accompagnés à la découverte de cette belle figure.
20:49 Merci Véronique Jacquet.
20:51 Et puis merci également à Benjamin Cuneo, aux équipes techniques de CNews.
20:55 À suivre demain dans "Enquête d'Esprit", à 13h, nous parlerons de la semaine sainte.
20:59 De la semaine sainte qui approche, qui nous conduira à Pâques.
21:03 Que veut dire cette grande semaine pour les catholiques et les chrétiens de manière générale ?
21:09 Nous en parlerons bien sûr, mais pour l'heure vous restez à notre écoute.

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