• il y a 7 mois
Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire

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00:00 -Bonjour à tous. Bienvenue dans "Les belles figures de l'histoire".
00:03 Leur cornette a été immortalisée par le gendarme de Saint-Tropez.
00:07 Il s'agit des Filles de la Charité,
00:09 des religieuses un peu particulières
00:11 fondées par Sainte-Louise de Mariac,
00:14 avec l'aide de Saint-Vincent de Paul,
00:16 dont elle fut la principale collaboratrice.
00:18 Ces Filles de la Charité ont été sur tous les fronts
00:21 pour répondre aux besoins des plus pauvres de leur temps.
00:24 Leur nom est associé, pour l'histoire,
00:26 par exemple, à l'Hôtel Dieu à Paris
00:28 et à l'oeuvre des Enfants Trouvés, qui deviendra l'assistance publique.
00:32 Une présence d'Eglise auprès des plus faibles,
00:34 qui est aussi une marque de civilisation
00:36 et qui résonne particulièrement avec notre actualité
00:40 sur la fin de vie, notamment.
00:42 On parle de Louise de Mariac avec vous.
00:44 Clara Stolfi, bonjour. -Bonjour.
00:46 -Merci d'être avec nous. Vous êtes historienne de formation,
00:49 auteur pour la jeunesse et d'une biographie
00:52 de Louise de Mariac publiée aux éditions de l'Emmanuel.
00:55 Véronique Jacquier est avec nous.
00:57 -Bonjour, Emeric. -Cette émission,
00:59 vous le savez, est en partenariat avec l'hebdomadaire France Catholique.
01:04 Véronique, la vie de Louise de Mariac,
01:06 ça commence par une famille bourgeoise,
01:10 mais assez rapidement, elle s'est mise aux services des plus pauvres.
01:14 Comment cela s'est-il passé, ce passage de l'un à l'autre ?
01:18 -D'abord, la petite Louise, c'est une enfance difficile.
01:21 Elle n'a pas connu sa mère, c'est une enfant illégitime.
01:25 Louise de Mariac est issue d'une grande famille d'Auvergne.
01:28 A 4 ans, il la place dans un couvent dominicain à Poissy,
01:31 où sa tante est religieuse, parce qu'il était veuf et qu'il va se marier.
01:36 Une enfance rude, sans parents, qui va permettre à Louise
01:39 d'avoir une éducation poussée dans un environnement chrétien.
01:43 C'est important, car dès la petite enfance,
01:45 elle reçoit des bases solides qui l'accompagnent toute sa vie.
01:49 Son père meurt quand elle a 13 ans, finit la prise en charge des études,
01:53 elle est placée dans une modeste pension de famille,
01:56 où elle va apprendre les tâches domestiques, comme la couture.
01:59 C'est ainsi qu'elle va apprendre à être à l'aise dans tous les milieux.
02:03 Elle lit beaucoup, car elle est très intelligente.
02:06 La Bible, bien entendu, mais le best-seller de l'époque.
02:10 C'est l'introduction à la vie dévote de Saint-François de Sales.
02:13 Elle excelle dans son art préféré, c'est la peinture.
02:16 Elle souhaite devenir religieuse, à l'époque, donc très jeune,
02:20 mais sa santé est fragile, donc elle renonce à regret.
02:23 On voit une jeune fille pieuse qui se cherche, finalement.
02:28 Et puis, à l'époque, pour une jeune fille de son rang,
02:31 la bonne porte de sortie, c'est le mariage.
02:34 Sa famille lui annonce avoir trouvé le pour-elle
02:38 un mari de bonne famille avec une fortune honorable.
02:41 Antoine Legras, secrétaire de la Reine de France, mari de Médicis.
02:44 Alors là, Louise va connaître un vrai bonheur.
02:48 Le bonheur d'une femme mariée, le bonheur d'une vie confortable
02:52 dans un hôtel particulier du Marais.
02:54 Elle fréquente la cour et a la joie d'avoir un fils, Michel.
02:58 Les épreuves arrivent rapidement, car son mari va tomber gravement malade.
03:03 Elle est sans cesse à ses côtés pour l'accompagner et s'occuper de lui.
03:07 Son fils de 12 ans lui donne du fil à retordre.
03:10 Louise traverse une forme de dépression,
03:12 même si elle, à la fois, se rend dans une église,
03:17 l'église de sa paroisse, Saint-Nicolas-des-Champs.
03:19 Alors qu'elle prie pendant la messe, elle reçoit à la Pentecôte 1623.
03:24 Louise est née en 1681.
03:26 Elle reçoit une illumination spirituelle,
03:29 une effusion de l'Esprit-Saint qui va la libérer de tous ses doutes,
03:33 de toutes ses angoisses et de ses troubles dépressifs.
03:37 Dans le même temps, elle a une vision incroyable,
03:40 car elle se voit en train de s'occuper des pauvres
03:45 avec à ses côtés un prêtre, bien identifié dans la vision.
03:48 C'est important pour la suite.
03:50 Tout cela reste mystérieux pour Louise, mariée et mère de famille.
03:54 Elle va garder toujours sur elle un parchemin
03:57 où elle raconte cette fameuse illumination.
04:00 -Merci, Véronique. On reprend ces éléments avec vous, Clara Stolfi.
04:04 D'abord, le contexte de l'époque.
04:06 Nous sommes plutôt au début du XVIIe siècle,
04:09 qu'on appelle le siècle des âmes dans l'histoire.
04:13 C'est une des périodes les pires de l'histoire de France.
04:16 Il y a les guerres, la peste, les inondations, les famines.
04:20 C'est un temps extrêmement dur.
04:22 -Très difficile.
04:24 C'est une des pires périodes dans l'histoire de la France.
04:28 C'est intéressant de voir que dans cette période-là,
04:32 on observe aussi un renouveau spirituel tout à fait marquant et inspirant.
04:37 D'abord, les Jésuites reviennent à Paris au début du XVIIe siècle.
04:42 L'oncle de Louise, Michel de Mariac,
04:45 va faire venir les Carmélites à Paris.
04:48 Ce sont les Capucines.
04:50 C'est important pour Louise.
04:52 C'est en voyant les Capucines traverser Paris,
04:55 pieds nus, en robe rêche, avec une petite couronne sur la tête,
05:00 qu'elle va sentir en elle ce vœu de devenir religieuse.
05:04 C'est aussi, bien sûr, François de Sales...
05:07 -Il y a les deux.
05:09 La dureté des temps et le renouveau spirituel en parallèle.
05:13 -Comme si le Seigneur avait mis à cette époque-là
05:17 les ressources spirituelles pour faire face à ces maux terribles.
05:22 -On va voir comment Louise de Mariac va répondre avec Saint-Vincent de Paul.
05:27 Juste avant, un mot sur sa personnalité.
05:30 Véronique a dit qu'elle a traversé une période de dépression.
05:34 C'est une personnalité fragile.
05:36 Paradoxalement, Saint-Vincent de Paul, à la fin de sa vie,
05:40 il l'a accompagné pendant des années,
05:43 dira que c'était une femme forte.
05:45 Comment est-ce qu'elle est passée ?
05:47 -C'était une femme fragile, enfin, une enfant fragile,
05:51 une adolescente, je pense, assez écrasée par le mystère de sa naissance.
05:56 On a le sentiment qu'elle ne connaît même pas le prénom de sa maman.
06:00 Ce qui nous paraît un peu fou.
06:02 On suppose que c'était une servante
06:05 qui serait morte peu après sa naissance.
06:08 Son père l'aimait beaucoup.
06:10 Elle a pu bénéficier de cet amour.
06:12 Sinon, elle n'a pas vraiment connu de tendresse.
06:15 Son père s'est remarié avec ce qu'on appelle aujourd'hui une marâtre.
06:19 C'est assez mal terminé. Ils sont rentrés en procès.
06:22 Donc une jeune fille...
06:24 -Elle est assez moderne.
06:26 -Peut-être. En tout cas, comme tous les enfants,
06:29 quand vous n'êtes pas entouré d'amour, de tendresse, de reconnaissance,
06:33 c'est assez difficile de prendre confiance en soi.
06:36 -Malgré ça, elle va quand même réussir à retrouver un équilibre ?
06:41 -Elle a beaucoup aimé la période à Poissy,
06:45 où elle a côtoyé une tante assez humaniste
06:49 qui l'a initiée à la philosophie, à des oeuvres de théologie.
06:53 La Bible, elle la lira plus tard.
06:55 Ce qui était exceptionnel à l'époque, de pouvoir lire la Bible.
06:59 Il fallait une autorisation spéciale.
07:02 Elle découvre la peinture.
07:04 C'est une jeune fille assez intelligente
07:07 et sûrement aimant la philosophie, assez intellectuelle.
07:11 Elle s'est retrouvée dans ce pensionnat à 13 ans
07:14 pour apprendre la couture.
07:16 Pour un futur marié, c'était des enfants qu'on plaçait
07:19 dans cette pension. On ne savait pas quoi faire.
07:22 -Et puis, le tournant de sa vie,
07:25 ça va être sa rencontre avec Saint-Vincent de Paul.
07:28 Louise perd son mari Antoine en 1625.
07:33 Elle a 34 ans.
07:35 On va en reparler cette effusion de l'esprit saint
07:38 qu'elle a reçue quand elle avait 32 ans,
07:40 avec la vision de ce prêtre.
07:42 Elle éprouve un grand chagrin à la part de son époux.
07:45 Elle se retrouve seule pour élever son fils.
07:47 Malgré l'effusion de la Pentecôte, elle a des hauts et des bas.
07:50 Ce qui est normal, parce qu'elle va se retrouver presque ruinée,
07:53 obligée de quitter son hôtel du Marais
07:55 pour un tout petit appartement.
07:57 Elle se fait peut-être bien les choses.
07:59 C'est situé près de la paroi Saint-Nicolas-du-Chardonnay
08:02 où Saint-Vincent de Paul vient installer
08:04 sa nouvelle communauté de prêtres, les prêtres de la mission.
08:07 Louise a fait la rencontre de ce fameux Saint-Vincent de Paul
08:10 qu'on appelait à l'époque M. Vincent.
08:12 C'était déjà une star de la charité.
08:14 Quelques mois plus tôt, il a 10 ans de plus qu'elle.
08:17 Et quand elle le voit, elle reconnaît en lui le prêtre de la vision.
08:21 C'est quand même assez extraordinaire.
08:23 Mais elle ne sait pas, elle, comment être utile.
08:26 Dans la vie de Saint-Vincent de Paul, elle arrive au bon moment
08:29 puisque lui a perdu Mme de Gondy
08:31 sur qui il pouvait s'appuyer pour ses bonnes oeuvres.
08:34 Et il se dit...
08:36 Enfin, il ne lui propose pas explicitement,
08:39 mais il reconnaît en elle la femme qui pourrait être son bras droit.
08:42 Elle est soulagée parce que M. Vincent va prendre en charge,
08:46 d'une façon comme il le fait avec tous les enfants de Paris,
08:49 l'éducation de son fils.
08:51 Donc elle va être soulagée sur ce terrain-là de maman.
08:54 Et M. Vincent, à l'époque, c'est l'homme qui a à coeur
08:58 de prendre en charge toute la misère spirituelle de la ville de Paris,
09:02 mais aussi des campagnes.
09:04 C'est en allant prêcher dans les campagnes en tant que prêtre
09:07 qu'il se rend compte ô combien les gens sont dans une misère spirituelle,
09:10 morale, matérielle.
09:12 Dans la France du XVIIIe siècle, il y a tout à refaire.
09:15 Donc il a besoin de quelqu'un pour coordonner ce qu'il a créé en 1617,
09:19 à savoir les Confréries de la Charité.
09:21 Qu'est-ce que c'était ?
09:23 C'était une espèce de la bourgeoisie qui, disons-le,
09:26 ne savait pas trop comment s'occuper, donc on les occupait,
09:29 puisqu'il y avait beaucoup de misère,
09:31 en distribuant des repas, en apportant des vêtements
09:34 ou du réconfort aux plus pauvres.
09:36 Et en 1629, Louise rejoint Saint-Vincent de Paul
09:39 dans cette mission, et la voilà qui sillonne les routes
09:42 de Champagne et de Bourgogne pour former des femmes à enseigner.
09:45 Pour Louise, c'est très important.
09:47 La première façon de lutter contre la misère,
09:49 c'est vraiment l'instruction.
09:51 Il faut former ces femmes à faire le catéchisme,
09:53 à apprendre à lire et à écrire, bien entendu, aux petites filles.
09:56 Mais M. Vincent se rend compte quand même que visiter les taudis
09:59 pour les grandes bourgeoises en belles robes, ça a ses limites.
10:03 Donc il réfléchit à un modèle, et finalement c'est Louise de Mariac
10:07 qui va lui donner l'idée des religieuses qui seraient
10:10 au service des pauvres, mais qui iraient au domicile des indigents.
10:13 C'est-à-dire qu'il n'y aurait pas de cloître,
10:15 elles seraient dans la rue, l'église où elles iraient prier,
10:18 ce serait l'église de la paroisse,
10:20 et tout naturellement, à 40 ans, puisque Louise est veuve,
10:24 elle se retrouve disponible pour ce genre de mission.
10:27 Elle va former avec 4 filles une petite communauté spirituelle en 1633.
10:33 M. Vincent va présider à la création de ce petit groupe,
10:39 et c'est ainsi que va naître la première cellule
10:42 des compagnies des filles de la charité.
10:44 Ce sont des filles qui vont être envoyées sur tous les fronts,
10:46 vous allez nous expliquer dans le détail de quoi il s'agit, bien entendu,
10:49 mais elles vont œuvrer auprès des vieillards,
10:51 dans les hôpitaux, auprès des galériens,
10:53 et elles vont même soigner les blessés sur les champs de bataille.
10:56 Il y a une telle misère à l'époque que Louise de Mariac
10:59 et Saint Vincent de Paul, mais maintenant c'est aussi
11:02 Sainte Louise de Mariac, ne vont pas chômer.
11:04 Il y a un trafic d'enfants, donc ils vont lutter concrètement
11:09 contre le fléau de l'abandon des enfants qui générait ce trafic.
11:13 Ils vont créer l'œuvre des enfants trouvés,
11:15 qui va plus tard s'appeler l'assistance publique.
11:18 Louise aime enseigner, elle va s'occuper tout particulièrement
11:21 de l'éducation des filles, qui n'était pas une priorité
11:24 au XVIIe siècle, évidemment on pensait aux garçons, pas aux filles,
11:27 et elle va créer des écoles gratuites dont vont aussi s'occuper
11:29 les filles de la charité.
11:30 Donc voilà, vaste travail en perspective.
11:32 - Claire Astolfi, j'aimerais qu'on revienne notamment
11:36 sur cette relation entre Louise de Mariac
11:39 et Saint Vincent de Paul, qui est très particulière.
11:42 C'est une très belle amitié, une amitié spirituelle,
11:45 mais concrètement, est-ce qu'on en a vu beaucoup
11:48 dans l'histoire de l'Eglise, et comment a-t-elle fonctionné
11:51 cette relation ?
11:53 - Alors cette relation prêtre-directeur spirituel et veuve,
11:57 on la retrouve dans l'histoire de l'Eglise.
11:59 La plus récente par rapport à Louise de Mariac
12:02 et Vincent de Paul, c'est bien sûr François Dossal et...
12:05 - Saint-Jean de Chantal.
12:07 - Voilà.
12:09 Mais je reviens sur ce que disait Véronique quand elle disait
12:11 "comment se rendre utile", c'était la question pour Louise,
12:14 et effectivement, je crois que c'était la question de sa vie,
12:18 c'est celle de sa vocation, c'est-à-dire, elle,
12:21 je crois qu'elle n'avait pas envie de se marier,
12:24 à 15 ans, elle avait fait ce vœu de devenir religieuse,
12:27 on lui avait dit "ce n'est pas possible",
12:29 et elle l'a vécue dans l'obéissance,
12:31 mais avec une sorte de révolte en elle.
12:33 Donc quand son mari tombe malade, elle se dit
12:36 "c'est de ma faute, c'est parce que je n'ai pas respecté
12:39 mon vœu de devenir religieuse".
12:41 Donc, et elle a même une tentation assez terrible,
12:44 qui est celle de fuir, d'abandonner son mari malade
12:47 et son enfant. Elle trouve en plus que son fils
12:49 ne se développe pas très bien, est un peu lent, un peu engourdi,
12:52 et donc elle est vraiment dans cette...
12:56 dans cette dépression qui est "je ne trouve pas ma vocation,
13:01 à quoi je peux servir", alors qu'en elle,
13:03 il y a énormément de ressources.
13:05 - Et c'est Saint-Vincent de Paul qui va la mettre sur le bon chemin ?
13:07 - Exactement, qui va lui révéler sa vocation.
13:09 Alors en fait, elle le connaissait un petit peu avant,
13:11 et c'est pour ça que dans le petit papier qu'elle va écrire
13:14 tout de suite après cette illumination,
13:16 "Les Filles de la Charité" parle de la lumière.
13:19 Quand elle dit "j'ai la certitude qu'il faut changer
13:21 de directeur spirituel", et même "j'ai vu l'image
13:24 et j'ai eu de la répugnance à l'accepter",
13:26 c'est ses propres mots. Parce qu'en fait,
13:28 elle le reconnaît déjà à ce moment-là.
13:31 - Donc elle sait que c'est lui qui va guider sa vie ?
13:34 - Elle sait que c'est lui, et en fait, elle n'a pas très envie
13:36 parce qu'elle est accompagnée par un évêque,
13:38 un esprit brillant, Jean-Pierre Camus,
13:42 qui peut-être la caressait un peu trop dans le sens du poil,
13:45 ou en tout cas, c'est pas bien la sortir de cette déprime.
13:48 Donc ce prêtre qui sort des Landes un peu paysan,
13:52 un peu frustre, au début, elle n'était pas très...
13:55 - Le regard de haut. Mais alors, un mot aussi sur...
13:58 Alors on dit que ce sont des religieuses par facilité de langage,
14:01 en réalité, justement, ce ne sont pas des religieuses,
14:03 les Filles de la Charité. Elles auront la particularité,
14:06 et ça, c'est extrêmement novateur à l'époque,
14:08 de ne pas être cloîtrées derrière, justement,
14:11 les grilles dans un couvent.
14:13 - C'est fait. - Pour quelle raison ?
14:15 - Alors, c'est...
14:17 Jacqueline... Véronique, pardon, l'a bien rappelée.
14:20 Ça s'est fait progressivement, en fait.
14:22 Souvent, les œuvres commencent comme ça, en partant du terrain.
14:25 Il faut répondre à certains besoins.
14:27 Donc là, au bout d'un moment, Vincent De Paul
14:29 s'est rendu compte que les Dames de la Charité,
14:31 on ne pouvait pas toujours compter sur elles.
14:33 Et en 1630, s'est présentée une Vacher,
14:38 une fille de la campagne qui gardait les vaches,
14:40 et qui a dit qu'elle sentait un appel à servir les pauvres à Paris.
14:43 Et là, vraiment, ils ont eu une inspiration.
14:47 Ils se sont dit que les Filles de la campagne,
14:49 c'est ça qu'il faut... C'est sur elles qu'il faut compter,
14:51 parce qu'elles ne sont pas compliquées,
14:53 rien ne les rebute, elles sont disponibles.
14:55 Voilà. Et du coup, toute petite communauté, très vite...
15:00 - Et puis on imagine aussi que pour aller au contact
15:02 des plus pauvres, il ne fallait pas être derrière les grilles d'un couvent.
15:06 - Tout à fait. Et donc, assez vite, Louise de Mariacq a dit à Vincent De Paul
15:10 si on faisait une petite communauté avec un petit noviciat,
15:14 parce qu'elle avait le souci de former ces filles
15:17 qui, la plupart, ne savaient pas lire,
15:19 avaient un catéchisme plus que rudimentaire.
15:21 Donc la formation intellectuelle, très importante.
15:23 Et Vincent De Paul a dit non.
15:25 Non, non, ce n'est juste pas possible.
15:27 On ne peut pas l'imaginer. Des filles consacrées...
15:30 D'ailleurs, les Filles de la Charité ne sont pas consacrées,
15:32 elles sont données à Dieu, qui ne sont pas derrière un cloître.
15:35 - Alors Véronique, la spiritualité de Louise de Mariacq,
15:38 c'est bien sûr, avant toute chose, la charité,
15:41 mais la charité qui trouve sa source dans l'amour de Dieu, dans la prière.
15:44 - Oui, avec Saint Vincent de Paul, Louise partage l'amour des pauvres
15:48 qui, effectivement, ne peut trouver sa source
15:50 que dans l'amour de Dieu et dans la prière,
15:52 parce que c'est quand même un sacré travail
15:54 que de s'occuper de la pauvreté et de la misère,
15:56 7 jours sur 7 et presque 24 heures sur 24.
15:58 Alors, pour discerner cette volonté intense, vite, prière,
16:01 et comme c'est une femme d'une grande culture,
16:03 elle donne des conférences qui ont beaucoup de succès
16:05 auprès des dames de la charité.
16:07 Et c'est sa vie de prière qui repose sur trois dévotions.
16:10 Donc la dévotion à l'Esprit-Saint, puisqu'elle a eu cette effusion
16:12 quand elle avait 32 ans, elle n'a jamais oublié cette illumination,
16:15 on l'a dit, elle porte ce parchemin sur son cœur.
16:18 Elle a une grande dévotion pour l'Eucharistie,
16:20 un grand amour de la Vierge Marie,
16:22 et elle lui consacre d'ailleurs les Filles de la Charité
16:25 lors d'un pèlerinage à Chartres en 1644.
16:28 En février 1660, Louise a 69 ans,
16:31 sa santé décline plutôt rapidement,
16:34 et s'est entourée de son fils, de sa belle-fille et de sa petite-fille,
16:37 parce que ce qui est incroyable, c'est que Louise de Mariac
16:39 est aussi grand-mère, qu'elle rend l'âme,
16:43 celle qui a tout donné aux pauvres, un 15 mars.
16:46 Donc 69 ans, je vous l'ai dit,
16:48 et aujourd'hui les Filles de la Charité,
16:50 ce sont quand même 12 000 sœurs dans le monde,
16:52 réparties dans 96 pays.
16:54 Donc voilà, il faut lui rendre un coup de chapeau
16:56 parce que c'est vraiment elle qui est à l'origine de cette impulsion
16:58 et on l'a dit, presque de cette illumination avec Saint Vincent de Paul.
17:01 - Alors justement, revenons à cette illumination de la Pentecôte.
17:04 Vous avez enquêté, et notamment sur ce fameux parchemin
17:08 qu'elle a gardé, que Louise de Mariac a gardé toute sa vie sur elle.
17:11 - Oui, parce que c'est vraiment un document spirituel tout à fait exceptionnel.
17:15 C'est très rare qu'une personne ayant vécu
17:18 ce qu'on appelle aujourd'hui peut-être une effusion de l'Esprit Saint,
17:21 mette par écrit tout de suite ce qu'elle a vécu.
17:24 C'est un papier qui date quand même du XVIIe siècle.
17:27 - Voilà, on le voit à l'écran là, tenu par...
17:29 - Voilà. En fait, ce qu'on voit peut-être pas bien sur la photo,
17:32 c'est qu'on voit très bien les marques de pliure.
17:35 C'est un tout petit papier qui a été plié, plié, plié
17:37 pour pouvoir être gardé contre soi.
17:39 - Ça fait penser à Pascal. - À Pascal, exactement.
17:42 Voilà. Et donc ce papier restait chez les frères Lazaristes
17:46 jusqu'à l'année dernière, ce qui n'était pas tout à fait juste,
17:49 reconnaissons-le. Et donc l'année dernière,
17:51 pour les 400 ans de la lumière de Pentecôte,
17:53 il y a eu une remise solennelle de ce document exceptionnel
17:57 aux filles de la Charité rue Dubac, où il est maintenant.
17:59 Donc là, effectivement, on voit Soeur Magdalena,
18:01 qui est l'archiviste des filles de la Charité,
18:03 qui m'a gentiment proposé d'accéder à ce document.
18:08 Donc il est dans un coffret, il faut mettre des gants
18:10 pour le manipuler, il est derrière une petite vitre.
18:13 Et c'est vraiment extrêmement touchant quand même
18:16 de voir ce document... - Parce que ça a été fondateur,
18:19 vraiment, dans la vie de Louise de Mariac.
18:22 Véronique, malheureusement, on arrive au terme de cette émission.
18:26 Quelques livres pour mieux découvrir la vie de Louise de Mariac.
18:28 - Alors, Louise de Mariac parle elle-même
18:30 de Mgr Jean Calvé aux éditions Tecky.
18:32 Il y a aussi "Louise de Mariac, une pensée par jour",
18:36 des pensées, des écrits et des prières de la sainte
18:38 qui sont éditées chez Mediaspol.
18:40 Et puis un livre pour enfants de Delphine Pastiau,
18:43 édité chez MAM, "Louise de Mariac au service de la Charité sous Louis XIII".
18:46 On n'oublie pas, bien entendu, "France Catholique",
18:49 qui, chaque semaine, évoque des vies de saints.
18:51 "France Catholique" sur abonnement et sur france-catholique.fr.
18:55 - Et puis bien sûr, votre livre, "Clara Stolfi",
18:57 pour les un peu plus grands que les enfants,
18:59 mais les jeunes quand même, c'est aux éditions de l'Emmanuel,
19:02 cette biographie que vous lui avez consacrée.
19:05 Un dernier mot pour vous dire que Louise de Mariac
19:07 est fêtée le 9 mai, qui a été invoquée, bien sûr,
19:10 pour les malades et les vieillards délaissés.
19:13 Et puis une anecdote, cette cornette légendaire
19:16 qu'on a vue dans "Le gendarme de Saint-Tropez",
19:18 on en parlait au début de l'émission,
19:20 qui a complètement disparu de la tenue des filles de la Charité.
19:24 Elle était tellement grande, monumentale,
19:25 qu'elle faisait penser à une paire d'ailes,
19:28 tant et si bien qu'on les surnommait,
19:30 les filles de la Charité, les nonnes volantes.
19:32 Et lors de l'apparition des premiers bus et métros,
19:34 elles étaient obligées de l'accrocher avec une pince à linge
19:37 pour ne pas éborgner les autres passagers.
19:40 Voilà, et puis une citation pour terminer de Sainte-Louise de Mariac.
19:43 "Les âmes qui cherchent Dieu le trouvent partout,
19:45 "mais particulièrement dans les pauvres."
19:47 Ça résume bien, finalement, sa mission et sa spiritualité,
19:49 Clara Stolfi.
19:50 Merci encore d'avoir été avec nous.
19:53 Merci à Véronique Jacquier, à Jade Roger
19:55 et aux équipes techniques de CNews
19:56 pour la réalisation de cette émission.
19:58 Et puis à suivre demain dans "Enquête d'esprit",
20:00 nous parlerons du pèlerinage de Chartres des jeunes.
20:04 Quelle soif spirituelle chez les jeunes catholiques.
20:07 Ce sera passionnant.
20:08 Rendez-vous donc à midi
20:10 pour la messe de Pentecôte avec tous ces jeunes
20:13 et puis à 21h pour l'émission "Enquête d'esprit",
20:16 je dirais, habituelle.
20:18 Et puis en attendant, bien sûr, l'info continue sur CNews.

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