Pourquoi notre agriculture nécessite une révolution - Biteau, Saporta

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Source
13/03/2018 Isabelle Saporta TV https://www.youtube.com/watch?v=4liskT_XaUk
20/01/2021 Benoit Biteau GLC https://www.youtube.com/watch?v=Gx-N-yiinAE
Musique https://www.youtube.com/watch?v=zbMt_VG9AsU

Réponses au quiz de fin :

/!\ Description à ne pas lire avant d'avoir vu la vidéo entièrement
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Quelle proportion des agriculteurs ne dégage aucun revenu de leur travail ?
1 agriculteur sur 5.

Où part 80% de l'enveloppe d'argent public destiné à l'agriculture ?
Chez les 20% d'agriculteurs qui consomment le plus de pesticides et d'engrais de synthèse.

Quel est l'organe de lobbyisme de la FNSEA dans les instances de l'UE ?
COPA-COGECA.

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00:00 (Générique)
00:08 Aujourd'hui, les agriculteurs sont très endettés ?
00:11 Beaucoup sont trop endettés, effectivement. Je vois pas comment ils peuvent envisager sereinement l'avenir.
00:18 Un tiers d'entre eux, à peu près, vivent avec moins de 350 € par mois. Et on peut pas dire que ce soit parce qu'ils passent pas du temps
00:25 sur leur structure. Ils travaillent énormément, mais pour gagner 350 € par mois, un cinquième d'entre eux ne dégage zéro revenu.
00:33 C'est-à-dire qu'ils couvrent juste les coûts de production et puis il n'y a pas de revenu.
00:40 Donc souvent, c'est la femme qui travaille à l'extérieur qui permet de faire bouillir la marmite.
00:44 Et puis, ça explique aussi cette statistique redoutable d'un suicide par jour. D'un suicide par jour.
00:51 C'est-à-dire qu'un agriculteur, chaque jour, se suicide parce que, pour la grande majorité des cas de suicide, est en difficulté économique.
01:00 Alors vous, il y a quelque chose qui est très intéressant dans votre histoire.
01:07 Vous avez repris la ferme familiale. Vous avez voulu la transformer en agroécologie, en agriculture biologique.
01:16 Dans votre livre, vous montrez à quel point ça a été difficile, à quel point le monde paysan vous a mis des bâtons dans les roues,
01:24 que ce soit la FNSEA, que ce soit la MSA, que ce soient même les banques. On a l'impression, à vous lire,
01:32 que la FNSEA notamment représente des pratiques ultra-corporatrices, voire mafieuses.
01:42 Conservatrices aussi, tout à fait. C'est un système tentaculaire qui verrouille absolument tous les espaces de décision.
01:50 Donc la MESA, la mutualité sociale agricole, en est un. Le crédit agricole, en est une autre.
01:54 La coopérative agricole, en est un autre. La SAFER, qui est l'outil de gestion du foncier agricole, en est un autre.
02:01 Les chambres d'agriculture, qui sont des dispositifs d'accompagnement technique, en sont un autre.
02:06 Donc à tous les niveaux, on a effectivement ce verrouillage par la FNSEA. Ce n'est pas des paysans, c'est des exploitants agricoles.
02:17 Moi j'ai beaucoup de mal avec ce mot-là, justement parce que je pratique l'agroécologie.
02:22 Je pense que le verbe "exploiter", quand on parle d'animaux, de la terre, des hommes, est complètement déplacé, décalé.
02:28 Et donc j'aime bien me revendiquer paysan. Et la FNSEA, ça veut pas dire syndicat des paysans agricoles, mais des exploitants agricoles.
02:36 Et effectivement, ils verrouillent tout. Ils verrouillent tout et ils mettent des bâtons dans les roues de ceux qui tentent de faire la démonstration qu'on peut faire autrement.
02:45 Ça remet trop en cause leurs convictions.
02:48 Est-ce que vous avez des exemples, justement, de ces fameux bâtons dans les roues qu'ils ont pu vous mettre quand vous avez essayé de reprendre votre ferme ?
02:55 Je pourrais parler de plein de choses. En 13 ans, j'ai eu 14 contrôles PAC.
03:00 14 contrôles pour vérifier que mes pratiques étaient éligibles à la politique agricole commune,
03:05 alors que le taux de contrôle d'un agriculteur, c'est de 1 tous les 10 ans,
03:08 et que je connais des agriculteurs qui sont partis à la retraite, qui n'ont jamais vu un contrôleur sur la PAC.
03:12 14 contrôles en 13 ans, en ce qui me concerne.
03:15 L'année où je m'installe, la MSA, qui prélève 18 000 euros sur mon compte,
03:19 l'année où je m'installe, en interprétant des logiques de date d'installation,
03:26 qui a été décalée justement parce qu'ils m'ont empêché de s'installer plus tôt,
03:30 et qui fait qu'ils me prélèvent 18 000 euros la première année.
03:33 Pour mettre en difficulté un jeune installé, lui enlever 18 000 euros prélevés d'office sur le compte,
03:39 c'est juste redoutable. Il m'a fallu une procédure de 3 ans pour récupérer mes 18 000 euros,
03:44 majoré de 7 000 euros, parce qu'ils ont été condamnés à des indemnités compensatoires,
03:54 donc j'ai touché 25 000 euros, mais il a fallu quand même que je fasse l'avance de ces 18 000 euros pendant 3 ans.
03:59 Et donc il a fallu que je sois suffisamment robuste.
04:02 Mais c'est la démonstration quand on dit aussi qu'on ne peut pas généraliser des pratiques comme les miennes,
04:08 parce que c'est économiquement trop fagile, trop risqué, tout ça.
04:12 Malgré toutes ces logiques, y compris financièrement, ils ont cherché à me mettre au tapis, j'ai réussi à tenir.
04:18 Et donc ça démontre aussi la robustesse du modèle économique que j'ai choisi.
04:23 Quant au motif que j'arrête d'irriguer, on me supprime les aides à la bio,
04:28 si ça c'est pas une tentative de me faire tomber, j'y comprends rien.
04:32 Qu'est-ce qui s'est passé ? Vous pouvez expliquer.
04:34 Ce qui s'est passé, c'est que... Donc j'ai demandé... Je pratique l'agroécologie,
04:39 pour moi, la conséquence de logique agroécologique aboutie, c'est l'agriculture biologique.
04:44 Mais c'est une conséquence, c'est-à-dire que faire l'agriculture biologique sans faire d'agroécologie,
04:48 c'est ce qui nourrit les statistiques des échecs en bio, qui nourrit le discours dominant qui consiste à dire
04:55 qu'on produit beaucoup moins quand on pratique l'agriculture biologique,
04:58 alors que quand on fait de l'agroécologie, on préserve le niveau de productivité,
05:01 et donc on est extrêmement pertinent.
05:06 Et donc la conséquence de ces logiques agroécologiques,
05:09 qui n'utilisent plus de produits de synthèse, c'est une certification de l'agriculture biologique.
05:13 Donc je sollicite la certification de l'agriculture biologique, que j'obtiens,
05:17 et dans le même temps, il y avait un dispositif d'accompagnement pour les agriculteurs
05:22 qui renonçaient à un certain volume d'irrigation, et comme moi je n'utilisais plus ces volumes d'irrigation,
05:26 j'ai demandé à être accompagné dans ces logiques de non-utilisation de l'irrigation.
05:32 Et ce qui s'est passé, c'est que sur une décision parfaitement arbitraire,
05:36 puisque les textes européens disaient exactement l'inverse,
05:40 ils ont décidé que ces deux aides n'étaient pas compatibles.
05:43 Et donc ils ont supprimé une des deux, et ils ont supprimé les aides à la bio,
05:47 et donc ils m'ont privé de 50 000 euros, comme ça, de façon arbitraire, sur 5 ans.
05:55 Et "ils", c'est qui ?
05:56 C'est les services officiels de l'État.
06:00 Et c'est toujours sous la pression de la FNSEA,
06:03 puisque ce qu'il faut comprendre, c'est que les logiques...
06:06 C'est pour ça que j'ai parlé des 14 contrôles en 13 ans.
06:09 Le contrôleur qui est parti à la retraite maintenant,
06:11 mais qui, quand il est venu juste avant qu'il parte à la retraite,
06:14 c'était un de ses derniers contrôles, me dit "il faut que je vous le dise, monsieur Biteau,
06:18 ce que je fais chez vous sont des contrôles orientés.
06:21 Dans notre jargon, ça veut dire que des gens vous dénoncent et exigent que vous soyez contrôlés.
06:27 C'est clair, ça.
06:28 Et donc, la complicité de l'État, qui me supprime des aides à la bio
06:32 parce que j'arrête d'irriguer et que je bénéficie d'aides à la désirrigation.
06:37 Des logiques, sans plus parler uniquement de moi, mais parler des agriculteurs bio,
06:44 qui font que 28 000 agriculteurs bio,
06:48 donc c'est pas des défauts d'instruction de dossier, c'est pas des dossiers incomplets.
06:52 On pourrait me dire "mais Biteau, il fait pas bien comme il faut ses dossiers,
06:55 c'est pour ça qu'on l'emmerde".
06:57 28 000 agriculteurs bio ont été privés d'aides pendant 4 ans,
07:01 avant que les aides soient débloquées.
07:03 Il a fallu que je médiatise la situation
07:06 pour qu'on débloque les aides sur ces 28 000 agriculteurs.
07:10 Et bizarrement, au mois d'août,
07:14 on peut pas dire que l'administration française soit la plus active entre le 1er et le 15 août.
07:18 Et bizarrement, parce que je médiatise sur tout le mois de juillet,
07:21 avec un billet quotidien,
07:23 où j'explique les conséquences du non-paiement des aides à la bio à 28 000 agriculteurs,
07:28 bizarrement, parce que la médiatisation fonctionne,
07:31 entre le 1er et le 15 août, on débloque un tiers de cette enveloppe
07:34 qui était bloquée pour 28 000 agriculteurs en France.
07:38 Franchement, entre le 1er et le 15 août,
07:41 alors qu'on nous disait que ces aides étaient bloquées
07:44 parce qu'il y avait un logiciel informatique qui ne fonctionnait pas.
07:47 Et bizarrement, entre le 1er et le 15 août,
07:49 on a trouvé un informaticien qui a permis de débloquer le logiciel.
07:52 Aujourd'hui, il y a quand même un paradoxe entre le fait que,
07:56 d'une part, on a l'impression que la demande en bio et d'agroécologie explose,
08:02 et de l'autre côté, on voit ces logiques-là qui sont cadenassées sur le terrain
08:08 pour empêcher l'installation de nouveaux agriculteurs bio.
08:12 Est-ce que vous voyez les choses changer ? Comment ça se passe sur le terrain ?
08:15 Elles vont changer parce que l'attente citoyenne est forte,
08:18 parce qu'aujourd'hui, 30% du vœu des produits bio qu'on consomme en France,
08:23 si on reste sur le territoire français, sont des produits bio importés,
08:26 tout simplement parce que la production, ce n'est pas parce qu'on a envie d'importer du bio,
08:30 c'est parce que la demande est supérieure à la production,
08:33 et que 30% de ce qui est consommé en bio en France est la production importée,
08:36 parce qu'on ne produit pas assez.
08:38 Et donc, ce qui est intéressant, c'est le mouvement citoyen.
08:42 C'est-à-dire que les citoyens, qui sont des mangeurs,
08:45 s'intéressent à la nourriture qu'ils mettent dans leur assiette,
08:48 et donc ils s'intéressent à ce qu'ils y regardent.
08:50 D'autant plus qu'il y a un paramètre qu'on oublie trop souvent quand on parle d'agriculture,
08:53 c'est la dimension argent public.
08:55 C'est-à-dire que moi, ce que je dis à tous les gens qui me consultent pour parler d'agriculture,
09:00 je leur conseille, à chaque fois qu'on aborde le sujet d'agriculture,
09:03 de garder une petite musique à côté de l'oreille qui leur dit "argent public, argent public, argent public".
09:07 Parce que l'agriculture est une activité économique qui mobilise beaucoup d'argent public.
09:11 Rien que la PAC, rien que l'enveloppe de l'Europe distribuée sur la France,
09:14 c'est 9 milliards d'euros chaque année,
09:16 complétée par des enveloppes d'États, des enveloppes des régions, des enveloppes des départements,
09:20 qui fait qu'en vérité, on met 15 milliards d'euros sur la table chaque année en France
09:23 pour accompagner les activités agricoles.
09:25 Avant même de regarder leur contenu,
09:27 c'est-à-dire que juste pour soutenir le revenu des agriculteurs,
09:30 sans tenir compte de "est-ce que celui-là fait bien, est-ce qu'il utilise beaucoup de pesticides",
09:34 en vérité, il s'avère que ceux qui touchent le plus l'enveloppe publique,
09:37 et c'est probablement ça la difficulté qui fait que le développement de la bio est trop en berne,
09:42 c'est que 80% de l'enveloppe publique est consommée par les 20% d'agriculteurs
09:46 qui sont les plus gros consommateurs de pesticides et d'engrais de synthèse,
09:49 et qui n'ont pas envie de changer.
09:51 Parce que, pourquoi changer ?
09:53 Puisqu'on continue de leur donner de l'argent public sans rien changer.
09:57 Donc il faut installer de la conditionnalité,
09:59 il faut installer de la conditionnalité dans la distribution de l'argent public
10:04 qui accompagne cette activité économique qui s'appelle l'agriculture.
10:07 Ça fait 15 ans que je dis "putain, on a entre 9 et 10 milliards chaque année sur l'agriculture".
10:12 Au lieu de le mettre sur ce qu'on fait de mieux, si tu veux, on le met sur ce qu'on fait de pire.
10:17 Et après, je ne te parle même pas des dommages collatéraux que nous payons tous avec nos impôts,
10:21 la dépollution de l'eau...
10:23 C'est dingue ! Si tu veux, c'est un système vraiment de Shadock, tu sais ?
10:27 On a vraiment l'impression qu'on ne va pas s'arrêter de pomper.
10:30 Moi c'est un truc que je n'arrive pas à comprendre, et c'est tellement facile.
10:33 Je suis devenue éditrice aussi chez Fayard, et j'ai édité un mec qui est génial,
10:37 qui s'appelle Benoît Biteau, qui a écrit un livre qui s'appelle "Paysans résistants".
10:40 Et là, le mec, il t'explique comment, dans ce qui était une exploitation,
10:44 parce que je n'aime pas le terme, mais ce qui était une exploitation
10:46 qui fonctionnait avec du maïs irrigué, ce qui fonctionnait avec des bâtiments surdimensionnés,
10:50 qui fonctionnait avec plein de pesticides, plein de subventions pour faire de la merde,
10:53 pour dire les choses comme elles sont, si tu veux,
10:55 on pouvait en quelques années, 3, 4, 5 ans maximum, en faire un petit bijou d'agroécologie
11:01 où tu remets des races locales, où tu laisses tomber le maïs irrigué,
11:05 où tu fais tes semences, et ils gagnent de l'argent, et ça fonctionne,
11:09 et il n'y a plus une prise pareille sur la flotte, et tu te dis "mais c'est si facile,
11:16 pourquoi on ne le fait pas ?"
11:18 Alors ça c'était quand j'étais encore un peu gourde.
11:20 Je me disais "ah mais c'est si facile, pourquoi on ne le fait pas ?"
11:22 Et entre temps je me disais "ah oui c'est très facile, mais le vrai problème,
11:25 c'est que le système actuel, si tu veux, pour le vendeur de phyto, il marche très très bien,
11:29 on est le premier ou le second consommateur en Europe de produits phytosanitaires
11:33 suivant les années, quoi qu'il en soit on est toujours sur le podium,
11:36 et pour tous ceux qui vendent effectivement les antibios, les médicaments pour les animaux,
11:42 ça va très bien, et pour l'industrie agroalimentaire ça va très bien
11:45 parce que ça leur permet de sous-payer nos agriculteurs.
11:48 Donc si tu veux, le système, il a beau être abject, en fait il fonctionne pour les puissants.
11:53 Donc si tu veux, au fond, qu'est-ce qu'on fait ? On fait semblant.
11:57 C'est-à-dire qu'à chaque fois on a fait les états généraux de l'alimentation.
12:00 Alors ça, écoutez, les états généraux, on en a fait des trucs qui avaient vraiment l'air de rien,
12:05 mais alors celui-là, tu vois, je pense que c'est vraiment mon truc,
12:10 vraiment ma médaille d'or du truc qui ne sert à rien, vraiment le bullshit d'or,
12:14 tu vois ce que je veux dire ? De l'anesth, tu vois.
12:16 Et c'est dingue, quoi, tu vois, et on fait semblant de réunir les gens,
12:20 on dit "ah, plus jamais ça", tu vois, on va repousser, on arrête les pesticides,
12:25 et si tu veux, tu vois, au moment du Grenelle de l'environnement, c'était quoi ?
12:28 C'était 2008-2009, on avait dit "ah, puis en 2018, on divise 50% de pesticides en moins,
12:34 puis tu vois, en 2018, ça arrive, et tu dis "ah, bah, 2020", puis 2020, ça arrive,
12:39 2025, et là, toute la presse, unanime, saluait le plan de la FNSEA,
12:45 donc le syndicat majoritaire, qui nous expliquait qu'on allait encore repousser, tu vois.
12:49 La principale illustration, là, récente, c'est la réautorisation des néonicotinoïdes,
12:55 c'est des logiques d'un autre temps, et tout ça parce qu'il y a un blocage qui est probablement psychologique,
13:02 et je l'ai vécu peut-être dans la relation avec mon père, c'est-à-dire que c'est extrêmement douloureux
13:08 de faire la démonstration, et pourtant, on est un paquet d'agriculteurs maintenant
13:13 qui pratiquent l'agroécologie, qui font la démonstration que c'est possible de faire autrement,
13:17 mais ça renvoie, même si c'est pas notre ambition de montrer du doigt,
13:22 de chercher des coupables ou des responsables, mais notre réussite,
13:26 c'est quand même faire la démonstration qu'on peut faire autrement,
13:29 et ça, c'est extrêmement violent pour eux.
13:31 Vous dites que la FNSEA et les firmes agrochimiques sont très liées, ça veut dire quoi ?
13:36 Comment ça se manifeste ?
13:38 Ça se manifeste par des financements, tout simplement, des financements de propagande,
13:44 des financements d'événements techniques, des financements de chaires
13:50 dans les grandes écoles d'ingénieurs agronomiques, voilà,
13:54 on a des chaires qui sont 100% financées par des grandes firmes agrochimiques
14:00 qui sont les viviers des futurs cadres de ces grandes entreprises.
14:07 C'est l'argent qui porte tout ça.
14:10 Qui décide de la politique agricole, la France ou Bruxelles ?
14:14 Alors, si tu veux, ce qui est bien avec les politiques françaises,
14:18 c'est que généralement, quand ils font vraiment une saloperie,
14:20 ils disent "Tout ça, c'est de la faute de Bruxelles".
14:22 Ce qui se passe, si tu veux, par exemple, pour vous dire la dernière réforme de la PAC,
14:26 on avait un très bon commissaire qui s'appelait Dacian Sciolos,
14:29 et s'il n'a pas pu mettre en place la réforme de la PAC qu'il voulait mettre,
14:33 qui était beaucoup mieux, qui était beaucoup plus vertueuse,
14:35 beaucoup plus tournée vers l'agroécologie,
14:37 c'est parce que le syndicat majoritaire français, la FNSEA,
14:40 qui est représenté au niveau européen par la COPAC-OGK,
14:43 a fait du lobbying pour que ce soit de la merde qui en sorte.
14:47 Donc moi, je veux bien qu'on dise "C'est le diktat de Bruxelles".
14:51 Mais si tu veux, ça n'est jamais que ce qu'on en fait, Bruxelles.
14:54 Si on avait un peu de courage politique,
14:57 si du côté des lobbyistes, il n'y avait pas que les enfoirés, pour parler vulgairement,
15:01 et qu'il y avait un petit peu les gentils aussi,
15:03 et bien ça se passerait mieux, si tu veux.
15:05 - C'est qui les gentils ?
15:07 - Si tu veux, moi j'aimerais bien que sur les questions de la politique agricole commune,
15:11 on entend plus la Confédération Paysanne, par exemple.
15:14 Et c'est vrai que pour le moment, elle est écrasée par le syndicat majoritaire.
15:19 Et qui, comme il tient en France, toutes les chambres d'agriculture,
15:23 toutes les SAFER, c'est-à-dire les sociétés d'aménagement du territoire,
15:28 comme il tient les crédits agricoles, etc.,
15:30 fait le même au niveau de Bruxelles, tu vois ce que je veux dire.
15:33 Et c'est vrai que si tu veux, on a un peu de temps en temps,
15:36 une impression d'être dans un truc qui est lourd, quoi.
15:39 Qui est lourd à faire évoluer, parce que si tu veux,
15:42 le système tel qu'il est fait manger les gens qui mangent pas si mal, tu vois.
15:46 Alors c'est sûr que c'est pas les agriculteurs,
15:48 et c'est pas le consommateur qui s'en sort.
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