Luc Chatel face à la presse dans Les Vraies Voix qui font rouler la France

  • il y a 9 mois
Les Vraies Voix qui font rouler la France avec Luc Chatel, Président de la plateforme Automobile PFA, qui rassemble la filière automobile en France, Sylvain Reisser, rédacteur en chef automobile au Figaro et Jean-Eric Raoul, rédacteur en chef de l’auto journal et de sport auto
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##LES_VRAIES_VOIX_QUI_FONT_ROULER_LA_FRANCE-2024-01-25##

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Auto
Transcription
00:00 Sud Radio, les vraies voies qui font rouler la France. Face à la presse avec Mobility TV.
00:06 On vous souhaite la bienvenue dans ce Face à la presse pour nous accompagner avec Philippe David.
00:11 Sylvain Resser, rédacteur en chef automobile au Figaro, bonsoir, merci d'être avec nous.
00:16 Et Jean-Éric Raoult, rédacteur en chef de l'Auto Journal et de Sport Auto, bonsoir.
00:21 Bonsoir, après trois années dans le rouge, le marché de l'automobile encore convalescent par rapport à 2019 a-t-il renoué avec la croissance en tout cas en 2024 ?
00:31 Quels seront les enjeux de la voiture 100% électrique ? Serons-nous prêts en 2035 ? Quels impacts sur notre industrie, nos constructeurs et notre porte-monnaie ?
00:40 Et l'industrie automobile européenne est-elle à la peine ? Est-elle menacée par l'avance considérable qu'ont aujourd'hui les Chinois dans le domaine des voitures électriques et des batteries ?
00:48 Et quelles seront les perspectives en 2024 ? Que peut-on espérer du contrat de filière promis par Bruno Le Maire ? Faut-il s'attendre à de nouvelles réglementations européennes d'ici 2030 ?
00:57 On en parle avec notre invitée, Luc Châtel est avec nous, président de la plateforme automobile PFA qui rassemble la filière automobile en France.
01:06 Bonsoir, merci d'être avec nous et bienvenue dans "Ce face à la presse".
01:15 Luc Châtel, merci beaucoup d'être avec nous. La première question qu'on a envie de vous poser avec Philippe David, forcément cette votation le 4 février d'Anne Hidalgo sur les SUV à Paris, bonne ou mauvaise mesure ?
01:26 Ah là vous démarrez fort !
01:27 Je crois que vous vous énervez tout de suite.
01:30 D'abord, moi je vais vous dire une chose, je ne sais pas très bien ce que c'est qu'un SUV.
01:34 Et d'ailleurs je me brasse aux experts sur le plan de la technique, des statistiques, ça n'existe pas la catégorie SUV.
01:43 Il y a 45% des français l'année dernière qui ont acheté un véhicule dit SUV.
01:49 Donc quand vous achetez une Citroën C3 Aircross, elle est assimilée à un SUV, mais c'est une catégorie B.
01:57 Donc d'abord je ne sais pas très bien ce qu'on appelle, ce qu'on veut surtout c'est montrer du doigt une filière.
02:02 Moi j'ai compris qu'il y avait un certain nombre d'acteurs, que ce soit des think tanks, des associations, des élus qui voulaient s'en prendre à la filière automobile depuis un certain temps.
02:14 On a été trop polluants, on est trop lourds.
02:19 Maintenant j'ai vu qu'on était trop larges cette semaine, c'est quand même la meilleure qu'on ait jamais sortie, on pourrait y revenir.
02:25 Si vous voulez, il y a un adage, c'est que quand on veut tuer son chien, on l'accuse de la rage, on l'accuse de tous les mots.
02:31 Alors pour revenir à cette votation, moi je suis quand même un peu surpris.
02:35 Parce que qu'est-ce que c'est finalement, essayons de définir le SUV.
02:39 C'est une voiture qui est un peu surélevée.
02:41 Pour ceux qui ne savent pas, ça veut dire "sport utility vehicle".
02:45 Absolument. Et c'est vrai que c'est plébiscité aujourd'hui par les consommateurs.
02:49 Je disais tout à l'heure, 45% du marché concerne ce type de véhicule.
02:54 C'est plébiscité pourquoi ? Et d'abord beaucoup par les automobilistes femmes.
02:59 Parce que le confort de conduite est supérieur, l'accès au véhicule est supérieur et meilleur.
03:06 Il y a plus de sécurité, on se sent plus en sécurité.
03:09 Donc c'est les raisons qui font qu'aujourd'hui, les clients nous demandent.
03:13 C'est extraordinaire parce qu'on voudrait à Paris, dans des bureaux, dans des think tanks, ne pas entendre le client final.
03:20 Nous, nous produisons les voitures qu'achètent nos clients.
03:22 Je vous coupe monsieur le ministre, mais vous avez entièrement raison.
03:25 Et sur ce point-là, personne ne le dit, mais finalement, le SUV, ou ce véhicule assimilé au SUV,
03:32 finalement c'est la version moderne du monospace.
03:34 Absolument.
03:35 Que personne ne viendrait contester, qui est une voiture familiale, qui remplit une vocation familiale.
03:42 Et qui généralement, en plus le SUV aujourd'hui, c'est une voiture qui est souvent traction avant,
03:48 c'est même pas une voiture qui est 4 roues motrices.
03:50 On a très peu qui sont 4 roues motrices. Et vous avez entièrement raison, vous avez tout simplement raison,
03:55 que j'ai regardé de près, puisqu'on parle d'encombrement des véhicules et de largeur ces jours-ci,
04:01 figurez-vous qu'un SUV aujourd'hui moyen, est moins encombrant qu'un monospace, l'été, il y a 15 ou 20 ans.
04:09 En termes d'empreintes au sol, c'est assez similaire.
04:11 Mais complètement. J'ai regardé au centimètre carré, si vous voulez, il n'y a pas photo.
04:16 Donc on voit bien qu'il y a une offensive, et je vais plus loin dans les contradictions de cela.
04:22 On est en train, on nous force à passer aux véhicules électriques, nous allons en parler ce soir.
04:27 C'est quand même une réglementation européenne qui nous l'impose.
04:30 Donc on va passer aux véhicules électriques, parce qu'il y a une nouvelle règle,
04:33 donc on nous force de passer aux véhicules électriques.
04:35 Et de l'autre, si cette votation était approuvée, on va nous taxer les véhicules électriques.
04:40 Puisque j'ai compris que si les Parisiens répondent oui,
04:44 et bien à ce moment-là, les véhicules, même électriques, au-delà d'un certain poids, seront taxés.
04:51 C'est ubuesque, si vous voulez. On est quasiment au niveau des normes agricoles.
04:54 D'un côté, on vous demande d'appliquer une nouvelle mesure, et on vous l'impose par des normes européennes,
05:00 et de l'autre, on vous impose, on vous taxe, sur le fait que vous soyez passé à cette norme.
05:07 Donc c'est totalement ubuesque.
05:11 - On y est le premier. - On y est le premier là-dessus.
05:13 - La soirée dans l'actualité... - Bien dans le micro.
05:15 - Ce soir dans l'actualité, on a des sujets sur les ruptures d'égalité et le Conseil constitutionnel.
05:20 Moi ce qui me fascine dans cette histoire-là, c'est que ça ne concernera que les non-parisiens.
05:24 Donc on va appeler les Parisiens à se déterminer sur les autres.
05:29 Sur ce que les autres ont le droit de faire, mais qui ne les concerne pas directement.
05:33 Je me demande même dans quelle mesure ça peut être légal, en dehors du fait que la légitimité de la chose me semble assez particulière.
05:41 - Je prolonge votre remarque, j'habite la grande banlieue, je me rends régulièrement à Paris, pour travailler par exemple.
05:47 Le fait d'avoir une ZF qui va se durcir progressivement, fait que je me dis que je vais passer à l'électrique.
05:55 Et je vais commencer peut-être par passer à l'hybride rechargeable,
05:59 qui a été considéré comme un bon outil pour la période transitoire.
06:03 Parce que ça permet à la fois dans les villes d'utiliser l'électrique,
06:06 et puis ça permet de faire des longues distances en attendant qu'il y ait un réseau de borne de recharge suffisant.
06:11 Donc c'était l'hybride parfait.
06:14 Si je suis un habitant de grande banlieue par exemple, et que j'ai acheté un hybride rechargeable,
06:19 je vais être taxé d'or et n'avant pour rentrer dans Paris, ou pour stationner dans Paris.
06:25 On a vraiment le sentiment qu'il y a une volonté de s'en prendre non pas à l'aspect environnemental,
06:32 nous sommes en train de faire la plus grande révolution de l'industrie en matière environnementale, l'industrie automobile.
06:38 Mais de s'en prendre tout simplement à l'automobile elle-même.
06:40 Qui n'en avait pas besoin, c'était le moment de revenir sur le marché,
06:44 et de se dire est-ce que ce marché qui souffre depuis quelques années,
06:48 pour là en 2023, retrouve un peu de couleur ou pas ?
06:52 Alors, vous avez raison de le souligner, mais si on prend un peu de recul,
06:57 finalement nous abordons cette grande révolution du passage à l'électrique,
07:01 qui est vraiment une révolution au sens de l'histoire de l'automobile.
07:04 Puisqu'on a un peu de temps, faisons un tout petit peu d'histoire.
07:08 À la fin du 19ème siècle, au moment de l'invention des pionniers de l'automobile,
07:12 il y avait trois solutions technologiques.
07:14 Vous aviez l'électrique, vous aviez le moteur à explosion, et vous aviez le moteur à vapeur.
07:19 Et ces trois solutions ont combiné pendant quelques années,
07:23 puis la solution du moteur à explosion s'est imposée.
07:27 - Ça a failli pencher du côté de l'électrique.
07:30 - Ça a failli pencher du côté de l'électrique, vous avez entièrement raison.
07:32 D'ailleurs le premier record de vitesse sur route a été battu par une voiture électrique.
07:36 - Jamais contente, qui était française. - Jamais contente, bravo.
07:39 Pourquoi je vous dis ça ?
07:41 Parce qu'il y a une solution qui s'est imposée ensuite, pendant une centaine d'années,
07:46 qui est le moteur thermique.
07:51 Nous abordons ce virage historique, qui va nécessiter, j'y reviendrai,
07:56 des investissements considérables, 200 milliards d'euros environ en Europe,
07:59 dans les trois prochaines années.
08:01 C'est inimaginable.
08:02 Il faut imaginer que le budget R&D d'un grand groupe automobile,
08:06 c'est entre 15 et 20 milliards.
08:07 Un des plus grands, les leaders.
08:09 Là on va exiger, cette virage vers l'électrique,
08:13 va nécessiter de l'ordre de 200 milliards d'investissements,
08:17 dans les trois prochaines années.
08:18 Et ce virage, nous le faisons au moment où nous rencontrons une dépression.
08:24 Alors on en a connu des dépressions, il y a eu la crise de 73,
08:27 il y a eu les crises que j'ai connues quand j'étais au gouvernement en 2008-2009,
08:30 mais ces crises-là ont duré un an, un an et demi.
08:33 Là la vérité c'est que nous sommes en 2024,
08:36 et que nous avons les chiffres de 2023,
08:39 et que certes le marché a été en progression par rapport à 2022,
08:43 de 16% en France et de même ordre en Europe,
08:46 mais on n'a toujours pas retrouvé le niveau d'avant la crise.
08:49 C'est-à-dire qu'on est à -19% par rapport à 2019,
08:53 alors c'était certes une bonne année,
08:55 mais si je lis sur une dizaine d'années,
08:57 et je regarde la moyenne des ventes des 10 dernières années,
08:59 on reste aujourd'hui environ 10% en dessous de cette moyenne.
09:03 Donc on fait ce virage historique à un moment où l'activité,
09:08 le marché n'est pas optimal.
09:10 - Justement on est dans la période des vœux et des résultats des constructeurs,
09:13 et il y a un certain nombre de constructeurs déjà qui font remarquer
09:17 que le niveau du marché de 2023 n'est pas suffisant.
09:21 On a terminé à un peu moins d'un million 800 000 unités.
09:24 Si la situation, beaucoup de constructeurs considèrent
09:27 qu'on ne retrouvera jamais les niveaux et les volumes d'avant Covid,
09:32 de 2,1 millions, 2,2 millions d'unités,
09:35 si la situation devait devenir structurelle,
09:38 quel type d'adaptation devrait prendre la filière ?
09:43 - Alors vous savez, les industriels de l'automobile sont des compliciteurs,
09:47 ils sont performants, ils sont efficients,
09:49 et ils s'adaptent en permanence.
09:50 Ils l'ont démontré à travers les âges,
09:54 et l'histoire récente de notre filière.
09:58 Nous avons en 2024,
10:01 je vous donne deux ou trois informations sur l'état,
10:04 la tendance pour 2024.
10:06 D'abord, le niveau de prise de commande n'est pas très bon.
10:08 C'est-à-dire qu'il est plutôt faible, en dessous de ce qu'il était auparavant.
10:12 En fait, ce qu'on craint, c'est que 2023 ait été un correctif
10:15 par rapport à 2022, où vous vous souvenez,
10:18 on a eu une règle d'approvisionnement des véhicules,
10:21 notamment à cause des semi-conducteurs.
10:25 Et d'ailleurs, ça se trouve aussi dans le marché de l'occasion,
10:28 qui avait été, j'allais dire, anormalement élevé en 2022,
10:32 et qui a été à zéro en 2023.
10:35 C'est-à-dire qu'en 2022, comme on n'avait pas trouvé de véhicule neuf,
10:38 on avait acheté de l'occasion, et en 2023, du coup,
10:41 on est repassé plutôt à du neuf.
10:43 Donc les prises de commandes ne sont pas très bonnes.
10:47 De l'autre côté, l'optimisme, c'est qu'on a beaucoup d'actualités produites.
10:53 C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de nouveautés cette année.
10:56 Je prends l'exemple du groupe Stellantis,
10:59 qui est en train de renouveler sa gamme de SUV,
11:01 qui sont aujourd'hui les modèles qui se vendent très bien,
11:05 les 3008, les 5008.
11:07 Donc on a les nouveaux qui arrivent et qui sont déjà en commande,
11:10 qui ont l'air de bien fonctionner.
11:12 Chez Renault, on a l'actualité de la R5, qui va être un grand événement.
11:15 Et puis, qui est également le lancement effectif,
11:18 la livraison des nouveaux Scénic,
11:21 mais aussi, il y aura le lancement du Rafale.
11:25 Donc vous avez quand même une actualité produite assez dense,
11:28 avec cette mutation vers l'électrique.
11:30 Donc, moi je ne suis pas Madame Soleil, je ne peux pas vous dire ce qui va se passer,
11:33 mais c'est le rôle des constructeurs et de toute la filière,
11:35 de s'adapter en permanence à ces évolutions du marché.
11:38 - Allez, vous restez avec nous, dans un instant on reviendra,
11:41 bien entendu avec notre invité, qui est avec nous,
11:44 Luc Châtel, bien entendu avec cette question,
11:47 quels seront les enjeux du 100% électrique ?
11:49 Est-ce que nous serons prêts, nous, Européens, en 2035 ?
11:53 On en parle dans un instant, tout de suite.
11:55 Et face à la presse, effectivement,
11:58 Sylvain Resserret avec nos rédacteurs en chef automobile,
12:00 au Figaro, Jean-Éric Raoul, rédacteur en chef à l'Auto Journal et à Sport Auto,
12:04 et notre invité, Luc Châtel, président de la plateforme automobile PFA,
12:08 avec effectivement, ce qu'on disait il y a quelques instants avant la pub,
12:13 c'est où va-t-on finalement avec ces voitures électriques et la Chine ?
12:18 - Alors, avant d'attaquer la Chine, on va attaquer aujourd'hui, tout de suite, maintenant,
12:22 une des grandes demandes récurrentes de vos adhérents, M. Châtel, à la PFA,
12:26 c'est de la visibilité, surtout dans une période de transformation considérable.
12:31 On est le 25 janvier, on ne sait toujours pas quel sera le niveau du bonus sur les véhicules électriques.
12:38 Comment est-ce qu'on peut expliquer un naufrage industriel pareil ?
12:42 C'est incompréhensible.
12:44 - En fait, vous auriez dû faire l'émission à ma place, vous n'avez pas fait, dans vos propos.
12:49 Vous savez, nous, ça fait depuis le précédent contrat stratégique de filière, 2018-2022,
12:55 nous avons demandé deux choses.
12:57 Premièrement, le maintien d'un niveau de bonus incitatif pour le passage à l'électrique.
13:05 Pourquoi ? Parce que nous avons dit dès le début au gouvernement, au pouvoir public,
13:09 la voiture électrique, c'est en gros 50% plus chère à cause de la batterie qu'un véhicule thermique.
13:14 Donc, la courbe d'expérience va faire qu'à un moment, les courbes se rapprocheront,
13:21 mais tant que ça ne se rapproche pas, si on ne veut pas que la voiture devienne un produit de luxe,
13:26 il faudra compenser par des aides d'Etat.
13:28 Nous avons été entendus sur ce point-là.
13:31 Donc, le principe même du maintien d'un bonus, et encore cette année, il y a un niveau de bonus
13:36 qui permet de compenser, en partie en tout cas, cet écart.
13:40 Par contre, nous avions mis en avant un deuxième point, qui était la stabilité dans les mesures,
13:46 et la pérennisation, et la stabilité, la clarté dans les dispositifs.
13:50 Je dois dire que sur ce deuxième point, nous n'avons pas vraiment été entendus,
13:54 puisque tous les ans, il y a un débat sur le niveau de la prime,
13:58 sur les critères qui sont pris en compte, etc.
14:01 C'est effectivement très mauvais, parce que quand vous allez aujourd'hui dans une concession,
14:05 j'imagine que le consommateur serait compliqué,
14:07 parce qu'on va vous demander même l'affaire de la voiture à 100 euros,
14:13 c'est-à-dire qu'on va vous demander votre feuille d'impôt,
14:16 on va dire "ah non, vous n'êtes pas dans le cinquième décile, donc vous n'y avez pas droit",
14:20 ensuite, vous n'habitez pas suffisamment loin de votre travail.
14:28 Bref, là aussi, on a quand même des critères un peu ubuesques.
14:31 Donc, sur le premier point, maintien d'un bonus à niveau élevé, c'est indispensable.
14:36 Nous l'avons.
14:37 - Mais vous pensez qu'il va y avoir un bonus encore en 2024 ?
14:41 - Ah bah écoutez...
14:42 - Parce que par exemple, si on prend l'Allemagne et d'autres pays européens,
14:45 ils ont supprimé les bonus.
14:46 - Non, mais le bonus a été approuvé avant Noël,
14:49 et dans les prochains jours, je ne vais pas donner de scoop,
14:51 mais dans les prochains jours, nous devrions voir l'apparition du décret
14:54 auquel vous faisiez référence.
14:56 Qui prévoit donc une légère modification de ce bonus,
15:00 qui prévoit de le maintenir à 7000 euros pour les ménages les plus modestes,
15:05 et qui prévoit pour les autres de le passer de 5000 à 4000.
15:09 - Et pour les entreprises, à 2000 euros.
15:12 - Absolument.
15:13 Mais simplement, vous avez aussi maintenant une éco-conditionnalité,
15:17 c'est-à-dire ce que nous avons réclamé.
15:19 Parce que, si vous voulez, dans cette affaire de passage à l'électrique,
15:23 ce que nous avons regretté, déploré à plusieurs reprises,
15:26 c'est qu'on ne prenait pas en compte l'ensemble du cycle de vie d'émission des véhicules.
15:32 C'est-à-dire que c'est très bien de raisonner l'usage,
15:35 80% aujourd'hui d'émission de CO2 d'un véhicule, c'est l'usage.
15:38 Donc c'est normal de s'y attaquer.
15:40 Mais 20% c'est la fabrication, la production, la déconstruction, le recyclage, etc.
15:46 Et tout ça n'était pas pris en compte.
15:48 Et ce qui n'était pas pris en compte non plus, c'est l'origine de l'électricité.
15:52 - Mais c'est tout le débat avec l'Europe finalement,
15:54 où c'est cette décision qui a été prise, en prenant les émissions à l'échappement,
15:58 ce que vous dites, sans prendre en compte l'ensemble...
16:01 - Donc le fait que dorénavant on prenne en compte pas uniquement le niveau de CO2 à la sortie du véhicule,
16:09 mais qu'on prenne en compte aussi les CO2 émis pour la production, pour le transport,
16:15 pour toute cette partie-là, nous nous trouvons ça logique.
16:18 Et on veut qu'il y ait une concurrence qui soit transparente et qui soit saine.
16:25 - Jean-Éric Raoul.
16:26 Dans ces problématiques de visibilité, il y a cette année 2024, deux échéances électorales majeures.
16:32 Les élections européennes, qui nous concernent très directement,
16:36 et les élections présidentielles américaines, qui nous concernent fortement et indirectement.
16:41 Est-ce que, selon vous, ces deux échéances peuvent avoir de l'influence
16:46 sur les échéances de l'électrification de la filière automobile en 2035 ?
16:50 Est-ce que c'est susceptible de remettre en question cette grande marche vers l'électrique ?
16:55 Et si jamais c'était le cas, est-ce que la filière a les moyens de faire demi-tour ?
17:01 - Alors, ce n'est pas un ancien élu qui va vous dire que les élections n'ont pas d'impact sur les décisions publiques.
17:08 Maintenant, je voudrais dire que, au niveau européen, les députés européens ont un pouvoir important,
17:16 nous le constatons tous les jours, mais en même temps, le fonctionnement de Bruxelles
17:21 fait qu'il y a un trilogue entre le Parlement, la Commission et le Conseil.
17:26 Ce qui fait que, même si le Parlement change, évolue, dans sa majorité, dans sa sensibilité politique,
17:32 il y a encore un Conseil et une Commission.
17:34 Ce qui fait qu'il n'y a pas un virage à 180°, enfin, rarement, en la matière.
17:39 Par contre, il peut y avoir des évolutions, oui. C'est-à-dire qu'il peut y avoir des inflexions, ici ou là.
17:44 En ce qui nous concerne sur les échéances de 2035, nous avons une clause de revoyure
17:48 qui est prévue dans le texte, qui est en 2026.
17:51 Donc il y aura une fenêtre de tir qui donnera lieu à un débat, à nouveau, au Parlement européen,
17:57 et là, on verra s'il y a une inflexion ou pas.
18:00 Les industriels, ils sont partis. Je vous ai dit tout à l'heure, les investissements sont massifs,
18:05 et nous sommes dans une industrie qui est tellement capitalistique
18:09 que vous ne pouvez pas vous permettre d'investir dans 72 technologies en même temps.
18:13 Ce n'est pas possible. Pas possible.
18:15 Développer des moteurs thermiques, ça coûte horriblement cher, c'est plus de 5 milliards d'euros pour un moteur.
18:19 D'ailleurs, c'était une vraie barrière à l'entrée dans notre industrie.
18:22 Mais si vous voulez, en même temps, développer de l'hydrogène,
18:24 développer du carburant synthétique et des batteries, ça devient compliqué.
18:30 Donc là, comme la solution batterie est celle qui, de facto, a été choisie,
18:34 elle n'est pas inscrite sur le règlement européen,
18:38 mais c'est la seule disponible à un coût à peu près acceptable pour permettre le 0,02 en 2035.
18:44 Donc tous les constructeurs sont engagés, avec la filière, dans cette transformation.
18:49 Et je vais même aller plus loin...
18:52 Mais est-ce qu'ils seront prêts ? Est-ce qu'on sera prêt en 2035 ?
18:56 Alors, je vais vous dire, je pense que le sujet est moins de savoir s'ils nous seront prêts,
19:03 parce que cette industrie est tellement efficiente, tellement compétitive,
19:08 qu'elle est capable de prendre des virages à une vitesse hallucinante.
19:12 Moi je l'ai vu aussi, nous avions fait des prévisions en 2018
19:16 sur le nombre de véhicules électriques 5 ans plus tard.
19:19 On va multiplier par 5. On a été bien au-delà.
19:22 Et on voit que la courbe, qui est celle qu'on a dans les prévisions que nous faisons,
19:27 on est plutôt au-dessus de nos prévisions.
19:30 Donc le sujet est peut-être moins la capacité de la filière à le faire,
19:34 on va le faire, il y a tellement de moyens, on va le faire.
19:37 Mais le sujet c'est les conséquences. À quel prix ?
19:40 À quel prix économique ? C'est-à-dire qu'est-ce qui restera de notre tissu industriel,
19:45 de notre filière industrielle en France et en Europe, alors que c'était un fleuron ?
19:50 À quel prix social ? C'est-à-dire les salariés qui vont devoir changer d'emploi,
19:57 qui vont perdre leur activité ?
20:00 On estime que l'impact en France sur 350 000 emplois aujourd'hui,
20:04 dans la filière industrielle automobile, on va perdre encore 60 à 70 000 emplois
20:08 avec cette mutation sociale, avec le consommateur.
20:11 Je disais tout à l'heure, si on n'arrive pas à produire et à vendre des voitures électriques
20:16 à moins de 20 000 euros, on n'y aura plus d'automobiles.
20:19 Ce qui a fait le succès de l'automobile, c'est son accessibilité,
20:22 c'est un produit populaire, c'est la 2 chevaux, c'est la R5, c'est la 4L, c'est ça.
20:27 Et enfin, dernier point, c'est à quel prix environnemental ?
20:31 Je disais tout à l'heure, si on ne prend pas l'ensemble du cycle de vie,
20:35 on s'aperçoit qu'il y a des ratés sur la transformation.
20:39 Je comprends bien l'objectif à la fin, si en 2035, il n'y a que des voitures électriques qui sont vendues.
20:45 Ça veut dire qu'on aura les un tiers du parc qui sera vert, un tiers du parc en 2035.
20:50 Et qu'en 2050, l'objectif c'est d'être carbone neutral, zéro carbone.
20:54 Mais dans toute la période de transition, vous avez des impacts en matière environnementale
20:59 qui ne sont pas forcément ceux qui étaient prévus.
21:01 - On revient dans quelques instants et on ira, je l'avais dit tout à l'heure,
21:05 voir du côté de nos concurrents, les Chinois.
21:09 Est-ce qu'ils ont effectivement une avance ?
21:11 Est-ce qu'on rattrape cette avance ? Est-ce qu'on en est capable ?
21:14 On en parle dans un instant, à tout de suite.
21:16 - Retour du Face à la Presse avec nos intervenants,
21:20 nos experts Sylvain Resset, rédacteur en chef automobile au Figaro,
21:23 et Jean-Éric Raoult, rédacteur en chef de l'Autojournal de Sport Auto.
21:25 Notre invité Luc Châtel, président de la plateforme automobile PFA
21:29 qui rassemble toute la filière automobile française.
21:32 Question Sylvain Resset.
21:33 - Je voulais revenir un instant sur la voiture électrique.
21:36 On n'a jamais vendu autant de voitures électriques,
21:39 presque 300 000 voitures.
21:41 - 300 000 l'année dernière.
21:42 - 300 000 l'année dernière.
21:43 - Entre 200 000 en 2022.
21:44 - Et le paradoxe finalement, c'est que le parc vieillit.
21:47 Le parc a plus de 12 ans d'âge.
21:49 Alors qu'est-ce qu'on fait pour réduire cet âge du parc ?
21:54 D'un côté on a des voitures qui sont à zéro de CO2 à l'usage,
21:59 et en face on a un parc qui vieillit,
22:01 donc qui émet plus de CO2 et de particules.
22:04 - On revient au premier sujet que vous avez évoqué,
22:07 c'est-à-dire le niveau du marché.
22:08 C'est-à-dire que si vous êtes à un marché 1,7 ou 1,8 millions,
22:11 vous n'êtes pas à un niveau de renouvellement suffisant
22:14 pour permettre de réduire la durée de détention des véhicules.
22:18 Deuxième élément, ce que vous dites démontre
22:21 que en parallèle de l'action sur le flux,
22:24 il faut agir sur le stock, c'est-à-dire le parc.
22:27 Je rappelle qu'en France, on estime que c'est 40 millions,
22:32 mais sur 40 millions, il y en a entre 5 et 10 millions qui ne roulent jamais.
22:36 Donc, mettons 40 millions,
22:39 ce que je veux dire c'est que c'est essentiel d'agir sur le stock.
22:43 C'est là que des mesures type la prime à la conversion
22:47 vont bien sûr dans la bonne direction.
22:50 Mais il n'y a pas de recette miracle.
22:52 C'est-à-dire que vous avez une inertie du parc
22:54 qui fait que, en interdisant en 2035,
22:57 vous aurez 100% de véhicules propres en 2050.
23:00 Cette inertie est aussi favorisée par un attentisme
23:05 qui peut être lié à des problèmes de budget,
23:08 puisque les nouvelles voitures sont affreusement chères,
23:11 peut-être que ça va se calmer, on en reparlera éventuellement,
23:13 mais un attentisme aussi par manque de visibilité du consommateur
23:17 finalement, où on va, quelle énergie est pertinente pour moi,
23:22 à quel niveau de prix, il y a ce sujet-là aussi,
23:25 dont le fait que le parc vieillisse, c'est que les gens attendent
23:28 pour prendre la bonne décision.
23:29 - Totalement, totalement.
23:30 Aujourd'hui, aller chez un concessionnaire,
23:33 en fonction de la situation qu'est la vôtre,
23:35 j'habite à la campagne, j'habite en ville,
23:37 je pars en vacances avec mes enfants,
23:40 je reste dans une agglomération,
23:43 en fonction de votre cas de figure, vous avez des tas de solutions
23:46 et vous ne savez pas vraiment laquelle choisir.
23:49 La vérité, je vous disais tout à l'heure que ça va extrêmement vite,
23:52 les progrès qui sont réalisés par l'industrie sont phénoménaux.
23:55 Les derniers modèles dont je vous parlais tout à l'heure
23:57 ont des autonomies, avec des batteries
24:02 qui sont de l'ordre de 90 à 100 kWh,
24:05 qui sont de l'autonomie autour de 700 km.
24:07 Donc, on a en 2-3 ans fait des progrès absolument considérables.
24:12 - Mais l'usage fait peur aussi, ça on ne peut pas...
24:15 - L'usage fait peur parce que nous, on l'a dit à plusieurs reprises,
24:18 on avait un manque de bornes de recharge,
24:21 indiscutablement, qu'il y a toujours, on est encore en retard.
24:24 - Après c'est une organisation quand même.
24:25 - C'est une organisation considérable,
24:27 même si 90% des recharges se font soit à domicile, soit dans un bureau.
24:32 Et d'ailleurs c'est mieux parce que ça coûte moins cher que les bornes publiques.
24:35 Il faut avoir en tête que...
24:37 - Quand vous êtes dans un bureau, il y a quand même plein d'immeubles
24:39 ne fusent que dans les grandes villes, qui n'ont pas de bornes à l'intérieur.
24:42 - Ça c'est un combat que nous, nous portons depuis le contrat de filière précédent,
24:46 qui n'est pas complètement abouti,
24:48 parce qu'il y a encore des réglementations compliquées,
24:50 notamment en matière de sécurité,
24:52 qui font qu'on ne peut pas équiper tous les parkings,
24:54 et là, il faut faire sauter ces verrous.
24:56 Mais si vous regardez aujourd'hui,
24:59 puisque vous parlez du prix de la recharge,
25:01 en gros, recharger en heure creuse chez soi,
25:05 ça coûte environ 3€ pour 100km, voyez ?
25:10 Donc ça veut dire qu'une recharge totale,
25:12 ça fait 3 fois 5, 15,
25:15 pour 500km, ça va vous coûter 15€.
25:17 Si vous faites un plein d'essence...
25:19 - Pour l'instant !
25:21 - Attendez ! J'y viens !
25:23 C'est-à-dire, en heure creuse, pour l'instant.
25:25 - Oui, mais ça c'est quand on fait du cabotage !
25:28 Si on fait de l'itinérant sur l'autoroute, c'est plus du tout le même prix.
25:32 - Absolument ! Si vous allez sur une recharge publique,
25:34 on n'est plus à 3€, mais plutôt à 8€,
25:37 plutôt à 8-9€.
25:39 Donc vous vous approchez du prix de l'essence.
25:41 Tout cela, avant hausse des tarifs de l'énergie,
25:45 d'électricité, et avant redistribution fiscale,
25:48 puisqu'il y a bien un moment où il faudra trouver une solution
25:50 sur la fameuse XTIPP,
25:52 la taxe sur les carburants,
25:54 qui est 60% du prix du carburant, 70%.
25:56 - Il faudra compenser !
25:57 - Mais ça, c'est pas mon sujet, c'est le sujet de la garde bleue.
25:59 Ça pourrait le devenir en fonction de la décision.
26:01 - Il y a un sujet qui est le vôtre, c'est la Chine
26:03 et les constructeurs chinois. Sylvain Besser.
26:05 - Oui, alors on voit, tout le monde agite les grandes peurs,
26:08 les constructeurs chinois sont à nos portes,
26:11 ils sont déjà acteurs aujourd'hui.
26:14 AMG a fait des scores assez incroyables l'année dernière,
26:19 BYD arrive, le gouvernement a créé le score environnemental
26:24 un peu pour freiner cette entrée.
26:27 A votre avis, est-ce qu'il faut aller plus loin ?
26:30 Qu'est-ce qu'il faudrait faire ?
26:32 - D'abord, moi je résonne industriel.
26:34 Moi je représente l'ensemble des industries
26:36 et je suis assez fasciné par ce qu'ont fait les chinois.
26:39 Parce qu'ils ont réussi en moins de 30 ans
26:42 à construire une industrie automobile compétitive, performante.
26:46 Il y a 25 ans, ils ne savaient pas fabriquer de voiture.
26:49 C'est aujourd'hui le premier marché mondial
26:52 et ils sont en train d'arroser le monde entier,
26:57 en commençant par l'Europe avec leurs voitures.
26:59 Donc il ne faut pas, nous encore, je vous l'ai dit tout à l'heure,
27:02 l'industrie automobile française, européenne, c'est des compétiteurs.
27:05 On a vu l'arrivée des japonais dans les années 70,
27:08 on a vu l'arrivée des coréens dans les années 90,
27:11 qui étaient à chaque fois des compétiteurs de grande qualité.
27:14 Donc ça fait partie de la vie de la compétition industrielle.
27:19 Ensuite, ça marche à condition que vous ayez une concurrence loyale.
27:23 Et nous ce que nous disons, c'est qu'il faut que les règles
27:26 soient des règles de concurrence loyale.
27:28 La vérité, c'est que la Chine a bénéficié,
27:33 à l'échelle de son continent, qui est un marché domestique
27:36 très important, qui permet d'amortir les coûts.
27:38 Bon ça, ils n'y sont pour rien, mais c'est un atout considérable,
27:40 de pouvoir amortir les coûts de développement sur un marché
27:43 qui est aujourd'hui de plus de 20 millions de véhicules.
27:45 C'est très important, et a pu bénéficier d'un système
27:49 d'accompagnement public qui n'est pas ceux de l'Union européenne.
27:54 Donc ce que nous demandons, c'est comme les agriculteurs, si vous voulez.
27:57 On demande la même chose, c'est-à-dire que ce soit transparent
28:00 et que ce soit de la concurrence loyale.
28:02 Qu'on n'impose pas la fin des pesticides en Europe
28:07 et qu'on importe des fruits pesticides.
28:10 C'est pareil. On n'est pas du tout contre la compétition,
28:13 la concurrence, je veux dire, que le meilleur gagne à la fin.
28:16 Il y a des très belles voitures à acheter.
28:18 Mais que les règles soient les mêmes pour tout le monde.
28:20 Oui, mais de toute façon, on ne peut pas faire sans eux, en fait.
28:22 Avec les brevets, avec les batteries, c'est pas une question de concurrence.
28:26 Ce qui s'est passé, c'est que l'industrie chinoise,
28:28 très intelligemment, a développé en quinzaines d'années
28:33 une expertise dans le domaine de l'électrique unique.
28:36 Et donc, aujourd'hui, vous savez, 75% de la chaîne de valeur de l'électrique est en Chine.
28:41 Donc, c'est ça la difficulté de cette décision du passage à l'électrique.
28:46 C'est que si on y revient, non seulement on se saborde,
28:49 c'est-à-dire que je décide d'arrêter la technologie sur laquelle je suis leader mondial,
28:55 mais en plus, je choisis la technologie qui est celle sur laquelle mon concurrent a 15 ans d'avance.
29:01 Et dernier élément, au moment où on parle beaucoup de souveraineté industrielle,
29:05 je choisis une technologie sur laquelle je ne suis pas souverain.
29:08 C'est-à-dire que j'ai beaucoup de petits briques de la chaîne de valeur que je ne maîtrise pas.
29:13 Donc, qu'est-ce qui est en train de se passer en ce moment ?
29:15 C'est que l'industrie automobile européenne, progressivement,
29:18 est en train de reconstituer ces briques de chaîne de valeur.
29:21 Regardez ce qui se passe dans les batteries.
29:23 On ne pouvait pas faire de batteries, on ne les produisait pas.
29:25 Qui aurait imaginé il y a 5 ans, quand on a signé l'ancien contrat de filière,
29:28 qu'on aurait 4 gigafactories ?
29:30 Les Peugeot qui sortent là, les nouvelles,
29:34 elles ont des batteries qui ont été produites dans l'usine ACC dans les Hauts-de-France,
29:38 qui est née il n'y a même pas un an.
29:41 - Pas encore. - Les premières vont sortir.
29:44 Donc, je veux dire, ça va à une vitesse considérable.
29:47 Les prochaines étapes, on a un sujet sur les minerais.
29:50 On ne va pas... On n'a pas des minerais, mais on regarde, par exemple,
29:54 sur le lithium, on est en train de...
29:56 dans le Massif Central, on est en train de regarder
29:58 s'il n'y a pas de possibilité d'extraire du lithium.
30:01 Il y a ensuite le raffinage, il y a ensuite la déconstruction.
30:05 Bref, ce sont des nouvelles filières au sein de la filière automobile
30:08 que nous sommes en train, progressivement, de développer.
30:11 - Jean-Yves Krawoul. - Pour revenir à une souveraineté européenne.
30:14 - Jean-Yves Krawoul. - Je vais me faire un tout petit peu l'avocat du diable.
30:17 Les constructeurs chinois, ils ont un grand intérêt, du point de vue du consommateur,
30:20 c'est qu'ils participent, là en tout cas, en ce début d'année,
30:23 à une guerre des prix qui a l'air un peu violente.
30:26 C'est Tesla qui l'a initiée, mais évidemment,
30:29 les constructeurs chinois s'y sont engouffrés.
30:32 La question, c'est est-ce que ça va finir dans un bain de sang ?
30:35 Est-ce que c'est soutenable pour les membres de la filière ?
30:38 Est-ce que, finalement, à la fin, enfin, les clients, les utilisateurs,
30:42 ne seront pas gagnants de cette guerre des prix un tout petit peu rude ?
30:46 - Allez, Luc, chaptelle rapidement, parce qu'on va être en retard.
30:48 - Nous sommes dans une période, en fait, de transition qui est toujours un peu compliquée.
30:51 Parce que, je vous le disais tout à l'heure, le prix de production
30:55 des véhicules électriques aujourd'hui ne permet pas de les vendre
30:58 à prix suffisamment compétitif sans aide d'État.
31:02 Donc, il y en a qui sont forcément tentés
31:05 par jouer sur les prix et lancer une guerre
31:08 pour capter, acheter, en quelque sorte, de la part de marché.
31:12 C'est ça, le risque. Évidemment, nous ne souhaitons pas
31:15 qu'il y ait un bain de sang et qu'il y ait une guerre des prix.
31:17 A la fois, on est sensible au prix de vente, et vous avez vu qu'il y a eu
31:20 des corrections de certains constructeurs, y compris français, très récemment.
31:24 Mais, en même temps, il ne faut pas faire n'importe quoi.
31:26 Parce qu'au moment où on a besoin de capex, de capacité d'investissement massive
31:29 pour l'électrique, il ne faut pas... On ne va pas vendre à marge zéro.
31:33 - Il faut des ressources. - Voilà, il faut des ressources.
31:35 - Allez, vous restez avec nous. On reviendra dans un instant
31:37 sur ce contrat de filière promis par Bruno Lemaire.
31:39 On reste avec nos invités, bien sûr, et Luc Chattel avec nous jusqu'à 20h.
31:44 On vous retrouve tout de suite.
31:45 Sud Radio, les vraies voix qui font rouler la France.
31:48 Face à la presse, avec Mobility TV.
31:51 Et c'est la dernière séquence, comme on dit, avec Luc Chattel,
31:55 qui est avec nous jusqu'à 20h.
31:57 Sylvain Resser, aussi rédacteur en chef Automobiles au Figaro,
32:00 et Jean-Éric Raoul, rédacteur en chef à l'Auto Journal et au Sport Auto.
32:04 Et forcément, l'un de vous deux en a envie de parler des perspectives d'avenir.
32:09 - Oui, monsieur le ministre, monsieur le président,
32:12 il y a eu un premier contrat stratégique de filière.
32:16 Vous en avez défini un nouveau.
32:19 On ne le connaît pas encore, mais est-ce que vous pouvez nous en définir
32:22 les grandes lignes, la philosophie générale,
32:25 et éventuellement sa date d'application ?
32:27 - Bien sûr. Il faut bien expliquer à nos auditeurs,
32:30 à nos téléspectateurs, ce que c'est qu'un contrat stratégique de filière.
32:33 C'est en fait un pacte entre les industriels, l'État, les salariés,
32:38 puisque les syndicats sont co-signataires de cet accord,
32:42 et les régions, les collectivités territoriales,
32:45 qui donnent une vision à 5 ans sur les perspectives de la filière.
32:50 Donc nous avons fait un travail collaboratif pendant plusieurs mois
32:54 pour réfléchir aux priorités du prochain contrat de filière,
32:57 qui sera 2024, il aurait dû déjà démarrer l'année dernière,
33:02 mais 2024 pour 5 ans.
33:04 Enfin, en fait, ce sera 2023-2028, mais bon, peu importe.
33:07 Nous attendons la signature, c'est-à-dire que la décision,
33:11 il y a eu un petit changement de gouvernement qui a un peu retardé les choses,
33:14 mais nous sommes prêts, nous sommes prêts depuis début décembre.
33:17 Et en gros, l'idée c'est quoi ?
33:19 C'est comment on arrive à cette échéance de 2035,
33:23 on a une période qui est clé, je vous disais tout à l'heure,
33:26 on a vendu 300 000 véhicules électriques l'année prochaine,
33:30 à la fin du contrat de filière, on projette d'être autour de 800 000,
33:33 donc comment on arrive à la moitié du marché français
33:37 qui est du véhicule 100% électrique,
33:39 donc quels moyens on se donne,
33:41 quels types d'investissements on permet de réaliser.
33:44 Ensuite, il y a un énorme sujet sur la formation, l'emploi, les compétences,
33:47 je vous disais tout à l'heure qu'il y a des mutations historiques
33:50 qui font qu'il faut investir énormément.
33:52 Je prends un exemple, dans les Hauts-de-France,
33:55 j'ai inauguré avec Xavier Bertrand une école de la batterie,
33:59 c'est-à-dire qu'on forme des opérateurs qui étaient avant
34:01 dans une usine PSA ou une usine Renault,
34:04 et on va les former au métier d'une gigafactory.
34:07 On va former 13 000 personnes,
34:09 on a besoin dans le Nord de la France de 13 000 personnes,
34:11 voilà un autre exemple de ce qu'on met dans le contrat de filière.
34:13 Troisième exemple, on met l'accent beaucoup plus cette année
34:16 sur l'économie circulaire.
34:18 On a travaillé avec Mobilian,
34:20 le syndicat de la distribution des services de l'automobile,
34:23 avec qui on a réalisé ce contrat de filière,
34:25 pour qu'on fasse émerger enfin, véritablement, une filière d'économie.
34:30 Là, il y a des emplois à créer.
34:32 Renault a commencé à flingue avec une initiative très intéressante en la matière,
34:36 et là, il y a beaucoup d'autres projets en la matière.
34:39 Il n'y a rien de ce passé en France, c'est un truc incroyable,
34:41 parce qu'on a été critique, bien sûr,
34:43 mais il n'y a jamais eu autant de projets industriels dans l'automobile depuis 50 ans.
34:47 C'est-à-dire que là, aujourd'hui, entre les projets de piles à combustible,
34:51 vous parlez des batteries, les projets ST Microelectronics avec Valeo,
34:56 Plasticomium sur ses réservoirs à hydrogène,
35:01 le moteur électrique de Stellantis dans le Grand Est,
35:06 Renault qui va lancer tous ses véhicules électriques avec des usines dans le Nord.
35:10 Justement, vous parlez de la pile à combustible, c'est très bien,
35:13 on va rebondir un petit peu sur l'hydrogène.
35:15 Dans ce contrat de filière, comment vous voyez l'hydrogène s'intégrer ?
35:20 Est-ce que c'est amené à se développer sur le véhicule particulier,
35:24 ou est-ce que c'est plus destiné aux véhicules utilitaires, par exemple ?
35:27 Vous savez que nous, nous défendions, depuis le début,
35:30 ce qu'on appelle la neutralité technologique.
35:33 Pour faire simple, les pouvoirs publics fixent les règles,
35:36 les industriels choisissent la technologie pour les appliquer.
35:39 Nous n'avons pas été entendus, puisqu'au niveau européen,
35:42 malgré le soutien du Président de la République pendant sa campagne,
35:45 au niveau européen, nous n'avons pas été entendus,
35:49 et on nous a imposé une technologie qui est l'électrique-batterie.
35:53 Maintenant, l'hydrogène, c'est de la batterie à la fin, c'est de l'électricité.
35:56 Donc c'est une des dérivées et une solution technologique
36:00 dans laquelle investissent plusieurs de mes adhérents,
36:03 aussi bien constructeurs qu'équipementiers.
36:06 Vous avez Plastique Omnium, je l'évoquais à l'instant,
36:08 Forvia, Michelin, avec Symbio, qui est une entreprise commune
36:12 entre les deux entreprises.
36:14 Donc vous avez un certain nombre d'entreprises de la filière
36:16 qui croient et qui investissent beaucoup dans cette filière.
36:19 Alors, est-ce que ce sera pour des véhicules particuliers,
36:22 ou est-ce que ce sera plutôt pour les véhicules utilitaires légers,
36:25 les poids lourds, ou demain les trains, les brins ?
36:29 Il semble que ce soit plutôt en priorité pour les véhicules utilitaires légers,
36:33 là on a Bustelanti, ça fait des commandes en la matière,
36:36 et demain pour les poids lourds et autres.
36:39 Mais, vous savez, on est revenu à l'ère des pionniers,
36:41 c'est-à-dire que chacun investit dans une technologie,
36:44 puis prend un ticket de loto, et on verra qui va gagner à la fin.
36:47 - Jean-Éric Raoul, alors à propos de pionniers,
36:49 ça tombe très bien, puisque la France a été pionnière en termes de salons automobiles.
36:53 L'année prochaine, il y aura... - Cette année !
36:57 - Cette année, il y aura de nouveau le Mondial parisien.
37:00 On a eu hier la conférence de presse officielle du Salon de Genève,
37:04 qui a été un grand salon européen, très important, neutre, forcément neutre,
37:09 qui rassemblait tous les constructeurs, qui était merveilleux.
37:12 Et là, très franchement, on l'annonce d'hier, malheureusement pour eux,
37:16 il y a 5 constructeurs, 5 constructeurs.
37:19 Qu'est-ce qui va se passer sur les grands salons automobiles ?
37:22 Est-ce que c'est vraiment mort ?
37:24 Et pour le coup, vous avez une position un peu schizophrène,
37:26 puisque vous êtes à la fois la tête de la PFA responsable du Mondial,
37:30 et aussi, vos adhérents sont ceux qui ne veulent pas y venir.
37:33 - Alors en l'occurrence, mes adhérents viennent.
37:36 - Pas tous. - Bon, donc ça c'est une bonne nouvelle.
37:38 Ah si, les deux groupes automobiles adhérents de la PFA...
37:42 Oui, ils ne viendront peut-être pas avec toutes leurs marques,
37:44 mais ça c'est autre chose.
37:45 Alors, je vais vous répondre, parce que c'est un très bon sujet.
37:47 Il faut bien expliquer aux auditeurs, et vous êtes un observateur et professionnel avisé en la matière,
37:53 qu'il y a la même mutation sur les salons qu'il y a la mutation dans l'industrie.
37:57 C'est-à-dire qu'on a tous connu le salon Paris avec un million de personnes,
38:01 on est tous allés avec son papa à l'âge de 10 ans pour voir les belles voitures.
38:07 Malheureusement, ça c'est un peu fini.
38:10 Alors, excusez-moi de vous couper, c'est un peu fini par manque d'exposants.
38:15 Oui, j'y viens.
38:17 C'est-à-dire que la demande et l'envie de la part du public, elle est là.
38:21 Quand je dis c'est fini, c'est-à-dire qu'il faut un moment,
38:24 je disais tout à l'heure qu'il faut écouter le client, on écoute le client.
38:26 Et en gros, qu'est-ce qui se passe, c'est qu'aujourd'hui,
38:29 les constructeurs automobiles mondiaux, c'est pas français, c'est pas le salon de Paris,
38:32 d'ailleurs on voit Genève, mais vous auriez pu parler de Détroit,
38:35 vous auriez pu parler de Francfort qui a disparu,
38:38 et qui s'est transformé en Amérique, qui est un truc un peu à hybride.
38:41 Bon bref, donc, c'est un sujet mondial.
38:43 Les constructeurs sont moins attachés qu'avant
38:47 aux grands salons, grands shows automobiles, grands publics.
38:51 Je pense, moi, qu'ils ont tort.
38:53 Et je pense que ceux qui viennent ont raison.
38:56 Donc ils sont moins attachés parce qu'ils trouvent qu'ils dépensent trop d'argent,
38:59 ils ont dépensé trop d'argent par le passé,
39:02 et ils pensent aussi qu'ils ont des moyens aujourd'hui
39:05 pour commercialiser leurs véhicules, pour passer des messages sur leurs marques
39:08 différents, qui peuvent toucher leur clientèle en direct.
39:11 Je dis pas qu'ils ont raison ou pas. Moi je pense qu'il y a encore une place,
39:14 et je vous soutiens à fond, sur les grands événements,
39:17 grands publics pour l'automobile. Pourquoi ?
39:19 Parce que l'automobile doit rester une passion.
39:21 Et vous verrez, le prochain Mondial de Paris va être sous cet angle-là.
39:24 La fête de l'automobile, la passion.
39:26 Les français aiment l'automobile, c'est le génie humain qui a inventé l'automobile,
39:31 et qui a apporté la plus grande liberté de l'histoire de l'humanité,
39:34 et on a vu pendant le Covid qu'on a eu cette restriction.
39:37 Donc, au prochain Mondial, non seulement nous aurons des constructeurs,
39:41 plus que cinq, mais en plus nous aurons cet angle.
39:45 A la fois, on va montrer l'innovation à travers les âges,
39:48 on montrera qu'au Salon de Paris il y a eu des grandes innovations,
39:51 et il y en a aujourd'hui de nouvelles qui vont façonner l'industrie de demain,
39:55 mais en plus, l'automobile reste une passion française qu'on a envie de transmettre.
39:59 Et ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup.
40:02 On appelle ça sur le fil. Bravo, merci beaucoup.
40:05 En tout cas, merci à Sylvain Resser, rédacteur en chef automobile au Figaro.
40:09 Merci à Jean-Éric Raoult, rédacteur en chef de l'Autojournal et de Sport Auto.
40:13 Et merci à vous, Luc Châtel, d'avoir été avec nous présents de la plateforme automobile PFA.
40:18 Allez, on se retrouve demain à 17h avec Philippe David.
40:20 Merci à notre équipe formidable, et merci à Mobility TV d'avoir monté cette émission.
40:26 Merci à vous, et merci à eux.
40:28 Philippe Sud Radio à votre service, et juste après le flash de 20h, les essentiels de Sud Radio.
40:32 Et on se retrouve demain. Salut, bonne soirée.

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