Sur le plateau de Face à Philippe de Villiers, ce vendredi 26 janvier, l'ancien ministre est revenu sur une séquence prononcée en 1995, dans laquelle il avait déjà alerté sur les problématiques rencontrés par les acteurs de l'agriculture.
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00:00 Je vais vous proposer une séquence exceptionnelle.
00:03 Vous avez donné quelques dates, mais vous en avez oublié une.
00:06 On est en 1995.
00:08 Campagne présidentielle.
00:10 Vous êtes candidat.
00:11 Aujourd'hui, la politique est derrière vous, bien évidemment.
00:14 Et ce que l'on va entendre dans un instant
00:19 est le symbole que les politiques de gauche comme de droite
00:23 ont dévoyé l'agriculture française.
00:26 Vous avez dit quoi ?
00:27 On, Philippe de Villiers, on marche sur la tête.
00:31 Oui, il y a 27 ans, Philippe de Villiers.
00:36 Françaises, Français, si je suis élu président de la République,
00:41 j'oserais faire ce que personne n'a osé faire.
00:45 Je mettrai au pas les technocrates de Bruxelles.
00:49 Je leur expliquerai que la France entend faire respecter
00:52 la liberté du peuple français pour protéger nos emplois
00:56 et pour garantir notre liberté de décision dans notre vie quotidienne.
01:00 Je suis agriculteur depuis 31 ans.
01:02 Il y a trois ans, la communauté européenne nous donnait
01:05 des subventions pour planter des pommiers.
01:06 Aujourd'hui, on nous donne des subventions pour les arracher.
01:09 Tout cela n'est que le résultat des accords du GATT.
01:12 Ainsi, quand 20 000 hectares sont arrachés,
01:16 c'est 20 000 emplois supprimés.
01:17 En contrepartie, nous recevons 600 000 tonnes de pommes
01:20 en provenance du Chili, d'Argentine et d'Afrique du Sud.
01:22 Il y a quelques jours, dans le Tarn-et-Garonne,
01:25 un spectacle de désolation.
01:28 Regardez cette pomme.
01:30 Elle provient d'un pommier du Tarn-et-Garonne
01:33 qui a été arraché sur orde des technocrates de Bruxelles,
01:37 comme 25 000 hectares en Europe,
01:40 alors que le même pommier avait été planté
01:43 avec des subventions sur ordre de Bruxelles.
01:46 Alors, je suis allé à la grande surface,
01:48 à 4 kilomètres de l'endroit où ce pommier avait été arraché.
01:53 Je m'attendais à trouver des pommes du Tarn-et-Garonne.
01:56 Et qu'est-ce que j'ai trouvé ?
01:58 Sept pommes sur les étagères,
01:59 c'est-à-dire une pomme en provenance du Chili.
02:02 En d'autres termes, nous arrachons en Europe nos pommiers
02:07 et nous importons nos pommes depuis le Chili,
02:10 l'Afrique du Sud ou l'Argentine.
02:11 C'est-à-dire que nous marchons sur la tête.
02:14 – Nous marchons sur la tête, Philippe de Villiers.
02:17 Alors c'était il y a un peu plus, plus de 95, si on fait le calcul.
02:20 – Franchement, je n'avais pas le souvenir d'avoir croqué la pomme.
02:26 – Quand on entend cela, et je le répète,
02:29 la question de la politique est derrière vous
02:31 et on n'a bien vu qu'entre 95 et aujourd'hui.
02:34 – En fait, ce qui me frappe, c'est que la politique, c'est terrible.
02:40 C'est un jeu de poker menteur.
02:43 Quand vous dites la vérité,
02:47 vous avez beau vous dire qu'il faut la patience,
02:53 il faut la persévérance,
02:56 parce que c'est comme l'hystérésis en agriculture.
02:59 Vous savez ce que c'est que l'hystérésis ?
03:00 C'est la goutte d'eau qui tombe sur la terre battue
03:05 et puis qui pénètre petit à petit pour qu'il y ait la germination.
03:10 L'hystérésis, ça prend du temps.
03:12 En politique, je pensais que l'hystérésis,
03:14 ça prendrait du temps mais que ça viendrait.
03:16 Et en fait, pas du tout.
03:19 Vous êtes récompensé de vos formules du moment.
03:23 Vous êtes jugé dans l'instant par le peuple français
03:27 qui trop souvent est amnésique.
03:28 [Musique]
03:32 [SILENCE]