• il y a 10 mois

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00:00 Je vous souhaite la bienvenue et je souhaite également la bienvenue aux participants qui sont à distance et qui nous voient, j'espère, et surtout qui nous entendent.
00:18 Ce café de la statistique est le 147ème du genre, c'est en fait la raison de cette barre. Je ne me rappelle plus en quelle année nous avons commencé, en 2005, je crois.
00:30 Oui, c'est 2005, oui. Donc, évidemment, la participation s'effloche un petit peu, mais j'espère que la qualité va remplacer la quantité.
00:43 Je vous rappelle que ces cafés sont organisés par le groupe Statistique et Enjeux Publics de la Société Brasile de la Statistique,
00:52 qui, je vous invite évidemment à devenir membre de cette société. Notre groupe organise ces cafés et publie également tous les deux mois une lettre d'information,
01:05 et nous avons condamné, et jusqu'à présent, on a réussi à tenir les lois, donc ça ne vaut pas doute. Pour les participants à distance, je vous rappelle que je vous demande de fermer vos micros et vos caméras.
01:19 Et, bien entendu, quand vous voudrez intervenir, vous rallumez votre micro. Nous avons ce soir avec nous le professeur Christian Schmitt, qui est professeur émérite à l'Université de Marie-Dauphine
01:31 et qui est l'ancien président de l'Eternschold Defense Economic Association. D'ailleurs, parce que même le professeur Schmitt ne se rappelle pas, il a participé à la préhistoire de nos cafés, je ne dis même pas.
01:44 En fait, la Société Statistique de Paris avait invité le professeur Schmitt en 1995, je crois.
01:52 - Ça ne m'aurait jamais dit de parler. - Moi non plus. J'étais président, en tout cas, de la Société Statistique de Paris à l'époque, donc ça ne m'aura jamais dit parler non plus.
02:00 Et pour un temps, il y a des manques qui avaient trait à l'économie de la défense. Bon, ce n'étaient pas des cafés à l'époque, mais c'était, disons, la préhistoire de nos cafés.
02:09 Depuis, comme vous le savez, la Société Statistique de Paris a régionné avec l'ASSU et est devenue la Société Française de Statistique.
02:17 Bien, écoutez, l'histoire de ce café remonte, en fait, à pas mal de temps. Nous avions eu l'idée de ce café au moment, je ne sais pas si vous vous en rappelez,
02:27 c'était à l'automne 2021. L'Australie avait rompu brutalement le contrat de vente de sous-marins nucléaires que la France était venue fournir.
02:39 - Du pas nucléaire, non. - Pas du nucléaire. - Pas du nucléaire. - Vendons pas de nucléaire.
02:44 - L'Australie avait rompu brutalement le contrat et du coup, ça nous avait donné l'idée de parler des ventes d'herbes.
02:52 Et depuis, bon, l'organisation de nos cafés a eu quelques difficultés pratiques pour l'organiser l'année dernière,
02:59 mais nous avons été rattrapés par l'histoire, certainement rattrapés. Bon, je ne comprends pas que la Russie a laissé l'Ukraine
03:08 et mène une guerre depuis maintenant un peu plus d'un an, mais que ça a quand même renversé l'économie de la défense.
03:14 Donc je vais donner la parole au professeur Schmitz, qui va nous parler pendant 20 à 30 minutes,
03:21 et après quoi, bien sûr, nous aurons un débat non seulement avec vous qui êtes présents, mais également avec tous ceux qui sont à distance.
03:29 Monsieur Schmitz, vous avez la parole. - Merci. Bonjour à tous. Alors comme vous voyez, on a un petit peu changé le titre qui était initialement prévu.
03:41 On l'a surtout élargi. Mon propos, puisque vous êtes scepticiste, je sais que je ne suis pas, je le dis tout de suite pour éviter les questions de pure scepticité.
03:54 Bon, alors qu'est-ce que je vais faire là ? Je ne vois plus le mot. Oui, alors comme je le disais, j'ai élargi mon sujet.
04:23 Pour à l'ensemble, disons, de ce qu'est l'économie de la défense, ou plus précisément d'ailleurs, des dépenses militaires.
04:34 Et par conséquent, on retrouvera les transferts d'armement et d'autres sujets. Mais je l'ai un petit peu élargi du fait de l'augmentation très rapide
04:46 dans la deuxième partie de la Législation à partir du début de la guerre en Ukraine. Pas seulement sur le conflit ukrainien, mais lié à toute une série d'autres tensions internationales.
04:59 On n'entend pas, et là... Excusez-moi. La technologie... Bon, est-ce que là on monte le temps ? Bon, alors l'actualité du sujet, je ne la rappelle pas.
05:19 Mais avec la guerre en Ukraine, on a changé de tensions internationales, on est revenu à ce qu'on appellerait des guerres classiques.
05:30 Avec des guerres de position, avec une durée, avec des dimensions économiques et un engagement soit direct pour certains, soit indirect pour d'autres,
05:43 sur, entre les grandes puissances. Ce qui correspond à un changement assez radical de ce que nous avions des conflits depuis tranquillement 10 à 20 ans.
05:55 Donc là, il y a d'où la réapparition d'un terme qui a été du reste cité par notre président. Dès 2022, c'est l'économie de guerre.
06:10 On est dans, entré dans une économie de guerre avec, disons, toute une série de conséquences, de transformations qui s'opèrent dans la relation entre le civil et le militaire.
06:28 Et notamment, la loi de programmation militaire, programmée sur la période initiale, se trouve transformée, on va voir ce qu'elle deviendra, sur une période plus longue, et remise de 2024 à 2030.
06:47 Et il y a en outre, ce qui en fait partie, mais est une partie en elle-même assez différente, qui est un grand chantier d'industrie d'armement.
06:59 Où, je le rappelle, la France est bien placée, car elle est, par l'idée, en Europe, avec l'Angleterre, le plus important exportateur d'armes, d'où le sujet précédent.
07:13 Enfin, et ça c'est tout récent, ça date d'il y a quelques jours, ça ne nous a pas échappé par la presse, nous avons lancé une grande manœuvre, Orion, appelée Orion,
07:27 correspondant à comment nous nous organiserions dans le cas où il y aurait une attaque militaire, presque traditionnelle, de la France, sur nos frontières.
07:39 Ce qui était quelque chose qui était, on fait tranquillement, tantôt, mais à cette échelle-là, non.
07:45 Voilà toute une série d'indicateurs de la nouveauté de la situation, qui, à mes yeux, a justifié ma réponse positive à votre organisateur,
07:58 malgré le fait que le sujet initial était tout à fait dépassé.
08:02 Alors, je voudrais commencer par l'environnement international qui est à l'origine de cette transformation.
08:12 Alors, il y a, bien sûr, d'abord la Russie, qui dépasse le problème de l'Ukraine, et dont le danger est perçu par l'ensemble des pays européens,
08:27 avec des degrés différents selon la localisation.
08:32 Alors, notamment, comme critère que j'ai pris, fait la multiplication des demandes d'adhésion à l'OTAN,
08:42 qui s'est multipliée très rapidement, alors, dont certains pays étaient à l'origine pas du tout favorables.
08:52 Alors, je les cite, Finlande, Suède, Bosnie, Georgie, Ukraine.
09:01 L'Ukraine, c'est encore, bon, incertain, mais ça fait un moment qu'un certain nombre de pays, dont la Bosnie, la Géorgie, Pologne, frappent à la porte.
09:17 Ce qui est assez nouveau, parce que traditionnellement, notamment, alors, je pense à la Suède,
09:24 c'était un pays traditionnellement neutre, alors, elle a un peu changé politiquement, et maintenant, elle est la première à vouloir rentrer.
09:32 Avec, du reste, comme vous le savez, une hostilité ou une position franchement négative de pays qui sont déjà à l'OTAN.
09:43 Je pense à la Turquie, et ça sera un des enjeux assez importants, bien qu'indirects, de l'élection présidentielle de dimanche prochain.
09:54 Donc, on est en pleine actualité, la Turquie se refusant, et la Suède est bloquée uniquement aujourd'hui par la Turquie.
10:02 Alors, ça, c'est un premier indice. Deuxième indice, alors, ça fait l'indice autour du risque russe, révélé par la guerre en Ukraine, et qui va au-delà.
10:18 Alors, il y a, par ailleurs, et en même temps, il ne faut pas les oublier, une série de conflits dans une toute autre partie du monde, c'est l'Asie pacifique.
10:28 Alors, il y a la tension qui ne fait qu'être réalluée par l'autre, entre la Chine et les États-Unis, sur Taïwan.
10:37 Il y a un rapprochement très net, Chine-Russie, qui a été, en quelque sorte, révélé à tous par la visite en Chine de Poutine.
10:53 Et puis, il y a, enfin, le rôle ambigu de l'Inde, dont vous verrez qu'il a un rôle complexe, car il joue un peu sur les deux tableaux.
11:04 Et n'oublions pas que c'est aujourd'hui un des premiers dans les dépenses militaires, et un des premiers dans les, à la fois, achats et ventes de matériaux militaires.
11:17 Dans le commerce des armes, l'Inde a une position très importante. Et nous avons des relations étroites avec l'Inde, car ils sont à la fois des acheteurs de matériel russe, depuis toujours, depuis très longtemps,
11:31 mais ils sont également, maintenant, des importateurs de matériel français aéronautique.
11:38 Nous, la complexité, nous savons enfin, et on le signale beaucoup moins, il y a un rapport assez politiquement, plus précisément historiquement, un petit peu surprenant,
11:55 entre le Japon, qui est en train de se réarmer, pour la première fois depuis longtemps, et la Corée du Sud.
12:02 Or, n'oubliez pas que, originellement, la Corée, les deux Corées, mais même la Corée du Sud, n'est pas la mine des Japonais.
12:11 Donc, il y a une restructuration des conflits dans cette zone Asie-Pacifique qui est importante, et qui n'est pas sans lien avec les problèmes initiaux, l'Europe du Sud pour le sud.
12:25 Et donc, c'est dans ce contexte-là qu'il faut examiner, rechercher l'évolution des dépenses militaires.
12:35 Je suis prêt à répondre à vos questions, sous cet angle d'abord géopolitique.
12:51 Alors, l'importance, pour mon sujet, des dépenses militaires, pourquoi je les ai mises au cœur de notre conférence, c'est qu'elle est au centre de ce qui, pour moi, est le plus central,
13:06 qui est l'articulation entre les activités de défense d'origine géopolitique et le fonctionnement économique.
13:15 Alors, bien sûr, les échanges d'armes, mais les dépenses militaires, etc. Donc, on voit comment, avec les dépenses militaires, il y a une sorte de système général qui s'installe,
13:30 et dont la clé, ou en tout cas la partie visible, ce sont les dépenses d'armement mondiaux.
13:39 Alors, première question, il faut, et ce n'est pas simple, ce sont les problèmes, il faut anticiper et permettre de conduire des opérations militaires.
13:54 J'insiste sur les deux, car, bon, d'abord, c'est fournir du matériel, des armées formées, mais ensuite, il faut anticiper les conflits futurs.
14:08 Parfois, à relativement long terme, d'où un problème sur lequel je conclurai, un problème très difficile de gestion du temps.
14:17 Alors, ensuite, bon, il faut peser sur l'économie des pays, à travers les budgets, mais aussi à travers contribuer aux PIB pour les pays exportateurs d'armes.
14:34 Production, secteur d'armement, exportation. Enfin, là, je ne le cite pas, mais il y a une dimension économique qui est apparue très vite dans les conflits.
14:47 Dans le conflit de l'Ukraine, la réaction d'un certain nombre de pays menacés a été de gêner, de bloquer certains secteurs de l'économie mondiale.
15:00 Et comment on l'a fait ? On l'a fait, effectivement, en mettant en relation un problème militaire, qui dépense, et un problème économique.
15:11 Alors, les conséquences de ces difficultés, c'est que se sont aggravées des inégalités d'un pays à l'autre.
15:24 Les inégalités économiques et politiques des différents pays s'est trouvées largement aggravées par la guerre en Ukraine,
15:35 et se trouveront encore plus aggravées si d'autres conflits surgissent, comme je le crois.
15:41 Deuxièmement, les systèmes d'alliances deviennent de plus en plus complexes, et sont en train de s'organiser, parfois avec des difficultés.
15:55 Prenez par exemple le problème, est-ce que pour se protéger, il faut faire une alliance européenne, qui en quelque sorte concurrence à l'OTAN ?
16:07 Est-ce qu'il faut se réfugier sous le parapluie américain, ou est-ce qu'il faut faire un système complexe entre les deux ?
16:17 Il y a des positions différentes, prises par les différents pays, par une interprétation différente de la situation, par des contraintes différentes.
16:26 D'où, là aussi, de nouveaux problèmes qui apparaissent liés à ces nouvelles situations.
16:32 Alors, les conséquences, comme j'ai dit, c'est la forte inégalité d'un pays sur l'autre, et la complexification du système.
16:41 Alors, côté élaboration d'alliances stratégico-militaires, vous ai dit quelques difficultés posées par la renaissance de l'OTAN,
16:53 mais également sa mise en discussion. Mais il y a également la même chose sur d'autres alliances, si on ne peut pas obséder par les d'autres.
17:02 L'OTAS, le pendant asiatique, sur l'alliance Asie-Pacifique, à plus petite échelle, mais même difficulté, discussion.
17:15 Et enfin, la vieille alliance Pâques-de-Varsovie, là aussi, elle est repensée.
17:25 Certains pensent qu'effectivement, ils restent très protégés par le parapluie russe, d'autres pensent que c'est pas du tout le cas.
17:33 Et là, il y a également de nouvelles problématiques. Alors, là aussi, qu'est-ce qui sera construit comme alliance ?
17:42 J'avais prévu dans mon plan initial de conférence de faire tout un travail sur l'organisation des alliances et les difficultés, les coûts, etc.
17:56 Bon, je crois que je n'en aurai pas le temps de se poser des questions. On posera des questions.
18:04 Alors, quelques données, puisque vous êtes statisticien, et je m'excuse d'avoir été plutôt analytique que proprement statistique, que je tire du CIPRI.
18:16 Alors, le CIPRI, pour ceux qui ne me connaissent pas très bien, c'est le Stockholm International Peace Research Institute,
18:23 qui est l'organisme mondial des données sur la paix, et par conséquent sur les dépenses militaires, sur la guerre et sur les conflits,
18:36 qui existe depuis assez longtemps et qui publie chaque année un annuaire et qui vraiment fait très attention de se tenir au fait,
18:49 car c'est un détail qui ne m'a pas échappé, moi j'achète l'annuaire, je recevais parce que j'avais des amis, maintenant je m'achète,
18:59 le recueil annuel du CIPRI, et cette année, pour une des premières fois, vous avez vu ça dans le journal puisque M. Baudin me l'a signalé,
19:10 ils ont fait une réunion récemment en avril et ils ont transformé, parce que le chiffre du CIPRI 2022, il ne parle que 2021, le recueil annuel.
19:31 Et là, ils ont donné des premiers chiffres sur 2022, beaucoup plus tard, avec évidemment des changements importants.
19:39 Alors, c'est intéressant d'avoir un ordre de grandeur, à la fois de ce que représentent globalement en termes économiques les dépenses militaires dans le monde aujourd'hui, en 2022.
19:53 3,7% s'approche de 4% du PIB, du PIB mondial, avec des questions de discussion sur l'évolution du PIB mondial.
20:06 Je laisse, là aussi, en tant que statisticien, j'attends vos remarques.
20:11 Alors, la chose importante, c'est que ces dépenses militaires sont extrêmement concentrées, puisque 56% du total est représenté par les États-Unis, bien sûr, la Chine et la Russie.
20:29 Encore aujourd'hui, ils sont tous les trois en tête, mais il y en a qui montent, on reviendra là-dessus.
20:36 Enfin, les États-Unis représentent sur l'année 2022 39%, du total des 56%.
20:49 Ça fait tout de même, ça garde une position. On comprend qu'il y a encore des gens qui jouent l'OTAN avec ces dépenses.
20:58 C'est simplement en termes économiques, et pas en termes de technologie, où l'avance est encore plus forte.
21:07 Et puis, les pays de l'UE n'ont pas une position, bon, ce n'est pas de la même échelle, c'est pour ça qu'on comprend qu'il y en a qui peuvent faire l'OTAN,
21:16 mais ça représente, selon le CIPRI, je cache derrière eux, 13%. Voilà les données actuelles.
21:24 Alors, autre élément intéressant, l'augmentation des dépenses militaires depuis le début de la guerre mondiale.
21:32 Ça, également, c'est un facteur important. Qu'est-ce que ça a fait ? La Russie, bien sûr, a augmenté de 10%,
21:41 ce qui représente uniquement des dépenses militaires. Et ça augmente de plus en plus.
21:47 Sur les derniers chiffres du CIPRI, elle avait déjà augmenté, disons, en fin de guerre, de 10%.
21:56 Alors, ça représentait, là aussi c'est de plus en plus fort, plus de 4% du PIB russe.
22:05 La Chine s'approche beaucoup avec plus de 4% des dépenses militaires.
22:18 Et l'Inde, A, représente, sur le pourcentage de son PIB, 6%. C'est un énorme effort indien.
22:28 Donc, attention, l'Inde devient une puissance mondiale, que l'on ne perçoit pas, et non seulement économique,
22:36 mais également stratégique, dans la région. Et du coup, ça a poussé le Japon, qui était traditionnellement très faible
22:45 depuis la guerre, pour des raisons historiques, là, il est monté cette année, presque au niveau de l'Inde, 5,9%, tout près, de son PIB.
22:57 Mais partant d'un pourcentage beaucoup plus bas. Donc l'augmentation...
23:05 Alors, les pays directement menacés, évidemment, ils ont bondi. Mais à partir de données plus faibles.
23:13 Alors, je vous donne quelques chiffres. Parmi les candidats, justement, à l'OTAN,
23:20 il y a une augmentation de... la plus forte qui a été enregistrée, selon le CIPRI, c'est 36%.
23:29 Pour la Finlande. C'est la Finlande qui a dépensé le plus. On comprend d'ailleurs, parce que la Finlande,
23:36 elle a une frontière commune, hein, et importante, sur des mille kilomètres. Donc, on comprend la Finlande.
23:43 On comprend la Lituanie. On voit bien que c'est vraiment le conflit russo-européen. 27% pour la Lituanie.
23:52 Et la Suède, qui est un peu plus forte, 12%. Et curieusement, la Pologne n'arrive pas tout à fait.
24:00 Alors, la différence, c'est que la Pologne, elle est maintenant bien intégrée à l'Europe.
24:05 Je pense qu'elle dépense moins parce qu'elle pense qu'elle sera immédiatement protégée par l'Europe,
24:12 beaucoup plus que, bien sûr, la Lituanie, voire la Suède. Mais, vous voyez, ces chiffres sont intéressants,
24:22 non seulement globalement, mais par leur compensation. Ça explique ce que j'ai dit tout à l'heure,
24:29 c'est-à-dire la demande d'un grand nombre d'aller, de rejoindre l'OTAN, quand ils ne sont pas déjà membres de l'OTAN.
24:37 Alors maintenant, j'avais quelques tableaux, mais le temps passe. Et en plus, ils sont peut-être pas bien donnés,
24:43 que j'ai tirés directement des informations du CIPRI. Alors, vous les regardez.
24:49 - Non, évidemment, là, on... - Il est dans la distance, là.
24:52 - Bon, oui. Alors, en plus, moi, je l'imagine, c'est la part, dans le monde des dépenses militaires, des 15 pays les plus élevés.
25:04 Bon, on peut peut-être les envoyer, là. Ou alors, on peut les... Non, on peut pas les envoyer, on peut rien faire.
25:12 Là, je ne peux pas les commenter. En partie, c'est ce que j'ai déjà... En partie, c'est ce que j'ai déjà donné.
25:21 Là aussi, on a un tableau. Alors, en dehors des pays que j'ai cités, il y en a tout de même un qui est important,
25:32 c'est l'Arabie saoudite, qui a beaucoup augmenté également. Et je regardais dans les autres, non, l'Israël,
25:42 mais enfin, ça ne nous étonnera pas, et ça passe en lien avec ça.
25:46 - Et vous ne nous avez pas dit pour la France, il me semble, aussi ?
25:51 - La France ? - La fondation de la France.
25:55 - La France, oui. Je vais vous le donner. Non, là, j'ai juste... Le chiffre, il est moins intéressant.
26:06 Mais j'en reparlerai largement de la France, ne vous inquiétez pas.
26:11 Et là, alors, là, c'est un autre problème qui est intéressant, que je vais reprendre plus en détail, c'est...
26:18 Il faut regarder, j'ai insisté volontairement sur le court terme, parce qu'il y a eu cet événement de la guerre en Ukraine
26:27 qu'on n'attendait pas et qui se prolonge. Il y a une guerre...
26:30 En revanche, les satysticiens et les économistes se sont intéressés à l'évolution en longue période.
26:41 C'est-à-dire, est-ce qu'il y a, en quelque sorte, des vagues à la fois de démence militaire et des vagues également de conflits ?
26:50 Alors, là, le tableau est très révélateur, pour ceux qui pourront voir, mais vous, vous ne pouvez pas.
26:57 Il y avait une tendance lourde qui avait été amorcée dès les années 80, avec la fin de la guerre froide,
27:08 et qui s'est dégringolée des dépenses militaires et qui s'est arrêtée en deux.
27:16 Il y a eu au moins 20 ans, si c'est plus, des roussets. La France qui atteignait 3% de son budget militaire, à peu près, aux arrosaux de 3%,
27:28 elle était des soignants en dessous de 2%. Donc... Et la France n'est pas une exception.
27:33 J'ai répondu à votre question, vous m'aurez bien France. N'est pas une exception. La plupart des pays ont dégringolé.
27:40 On a, jusqu'en 2000, assisté à un mouvement long de décroissance des dépenses militaires et de protection de ce côté-là.
27:50 Alors, en revanche, c'est reparti à partir, plutôt qu'on le croit, après 2000. Progressivement, avec...
27:58 Alors, c'est très intéressant à regarder en détail, tout en détail. Ça montait assez vite, jusqu'en 2010, 2008.
28:10 Et puis, c'est redescendu un petit peu, puis ça remonte maintenant. Pourquoi, à votre avis, est-ce descendu entre 2008 et 2015 ?
28:22 Eh bien, c'est la crise économique. Alors, c'est très intéressant, parce qu'on voit les deux facteurs des dépenses militaires.
28:28 Ce que je vous ai dit, c'est l'interface stratégie-militaire et économie. Alors, l'évolution, donc, période de la première phase,
28:39 essentiellement, un problème d'entrée dans la paix, la menace, en tout cas pour les grands pays. En revanche, après le deuxième déclin,
28:49 c'est un problème économique. Alors, je vais accélérer un peu. Je sais que... Voilà.
28:57 Alors, l'évolution des dépenses militaires dans le long terme. Il y a l'existence, donc, de cycles de dépenses militaires que je viens de décrire,
29:08 avec le type de guerre, c'était des tensions aux pays émergents, etc. Là, on montre la petite inflexion que j'ai indiquée.
29:20 Mais il y a des choses très intéressantes qui ont été écrites. Je n'ai pas le temps de développer. C'est certains de mes collègues,
29:28 dont Wolstein, avaient tenté d'expliquer les relations entre les cycles longs de dépenses militaires, auxquels je vous ai initiés, si j'ose dire,
29:41 et les cycles de guerre. Il y a une relation complète, d'ailleurs, mais il avait statistiquement, je demande, mis en évidence dans des articles
29:50 publiés dans les années 91-92, de relations statistiques possibles entre les relevés du PIB et l'évolution militaire, et les dépenses militaires,
30:04 et les guerres. Bon. Ceux qui sont intéressés, j'enverrai une bibliographie, mais ce n'est pas mon rôle ici.
30:16 Alors, dernière question. Je regarde ce qui est. Voilà. Deux dernières questions. C'est quelles sont les difficultés,
30:34 je m'excuse, c'est un peu long, mais j'essaie d'analyser, rencontrées pour mesurer, vous êtes statisticien, les dépenses militaires et pour les comparer.
30:44 Alors, la première difficulté, c'est que l'origine des dépenses militaires sont les budgets nationaux. Or, bon, j'allais dire, on n'a pas la main dessus.
30:57 Il y a une partie politique, les données et leur classement, le cadre des classements. On sait, par exemple, que dans le cas français, puisque vous m'interrogez,
31:08 il y a les titres 1, 2, 3, 4, 5. Les uns désignent le personnel militaire, les autres le matériel, avec l'armement, etc.
31:21 D'où ce cadre-là, qui est politiquement nécessaire, mais, disons, comptabilité publique, économiquement, statistiquement, on peut la débattre.
31:34 Or, elle est différente selon les pays. Donc, les comparaisons internationales sont délicates à partir de la base. Ça, c'est intéressant pour des statisticiens que vous êtes.
31:47 Alors, en plus, le cadrage en pourcentage du PIB, là aussi, bon, il y a des lois de programmation, les lois de programmation, les gens, bon.
32:02 Est-ce que c'est pertinent de calculer en PIB annuel, ce que fait traditionnellement le CIPRI ?
32:13 Or, le PIB annuel, par définition, il est calculé souvent un peu différemment d'un pays à l'autre. Et est-ce que c'est un cadre général complètement acceptable ?
32:27 Bon, alors, par exemple, selon le cadrage économique, dans le cas français, on a un budget total, le produit, la défense représente un peu plus de 14%, 15% du budget global.
32:50 Et en termes de PIB, le cas français représente un peu en dessous de 2% aujourd'hui. N'oublions pas qu'il était, il y a assez longtemps, de 3% largement.
33:04 Donc, il y a eu ce déclin immesurable. Maintenant, on peut débattre et j'étais prêt à en débattre un peu, mais j'ai déjà dépassé mon temps, je le crains.
33:13 Alors, dernière chose, et j'arrêterai là-dessus. Globalement, la prévalence de la temporalité, dans la perspective d'une prospective de long terme, a un certain nombre d'aléas.
33:33 Et je vais en vous donner quelques-uns, mais par exemple, la loi de programmation militaire, qui ne peut être, dans le cas français, qui ne peut être conçue que dans un moyen de terme, voire plus loin.
33:49 Bon, 2019-2024 a été transformée en 2020-2025, en dehors des changements voulus, avec un certain nombre d'ajustements statistiques nécessaires.
34:02 Donc, la prospective qui est absolument nécessaire pour l'exercice est particulièrement délicate dans ce domaine.
34:12 Alors, dernier point, et je terminerai là-dessus. Je dis ça, puis je n'arrive pas à le retrouver.
34:22 Qu'est-ce qui se passe ? Je ne sais pas pourquoi je n'arrive pas à le comprendre. Ok, il résistait.
34:35 Alors, dernier point, puisque je termine sur le long terme, il y a un problème fondamental pour comprendre les dépenses militaires et leur impact.
34:48 Il y a deux exigences, et on le voit très très bien avec les guerres en Ukraine, il y a deux exigences absolument contradictoires.
34:56 D'un côté, il faut travailler dans le temps long. Pourquoi ? Parce qu'on prépare une guerre, et la préparation est de plus en plus longue. Pourquoi ?
35:06 Parce que le matériel a des technologies de plus en plus élaborées, donc ils prennent plus de temps avec des changements.
35:13 Et en plus, la formation des militaires, de ceux qui vont utiliser ces nouveaux armements, prend de plus en plus de temps.
35:23 Donc, on a un fort allongement de la préparation à la guerre. Mais en même temps, quand on voit la vitesse avec laquelle elle peut se dérouler,
35:34 même avec du matériel, disons, assez classique au début, dans le cadre de la guerre en Ukraine, le temps d'utilisation est de plus en plus court.
35:44 C'est-à-dire que le déroulement du conflit impose des livraisons accélérées de matériel, et plus particulièrement, je terminerai là-dessus,
35:53 puisque là, on est en pleine actualité, le grand problème actuel, c'est les munitions. On n'a pas assez de stock de munitions,
36:00 mais comment pouvait-on anticiper qu'il ait fallu autant de munitions ? Puisque, on le prépare.
36:07 Donc, vous voyez que travailler sur la statistique des dépenses militaires et des situations stratégiques est de plus en plus délicate,
36:19 compte tenu de cette évolution, de cette demande absolument contradictoire du temps long et du temps court de dimension de tous les conflits.
36:31 Bon, je crois que j'ai dépassé assez sévèrement mon temps, et je vous prie de m'en excuser.
36:38 [Applaudissements]

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