Il remonte seul dès demain seul la scène du théâtre La Pépinière à Paris pour proposer des lectures, le meilleur de sa bibliothèque : Pierre Arditi est l'invité de RTL.
Regardez L'invité de RTL Soir du 12 février 2024 avec Marion Calais et Julien Sellier.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Celié, Isabelle Choquet, RTL bonsoir.
00:08 Allez RTL bonsoir, à la deuxième heure on s'occupe de vous jusqu'à 20h avec Isabelle, avec Valentin, avec Alex Vizorek bien entendu.
00:15 Nous accueillons maintenant
00:17 notre grand invité. Dès demain il remonte seul sur la scène du théâtre La Pépinière à Paris pour des lectures La Pépinière
00:23 de Pierre Arditi. Bonsoir Pierre Arditi. Bonsoir.
00:26 Merci d'être avec nous. Vous ne pouvez pas savoir à quel point on est content de vous voir remonter sur scène parce que vous nous
00:32 avez quand même un petit peu peur ces derniers mois avec vos petits malaises au théâtre en septembre, en novembre.
00:37 Vous avez dit depuis "je ne pensais pas qu'on m'aimait tant". Oui, oui je ne pensais pas
00:42 être à ce point-là populaire. C'est vrai que j'ai reçu énormément de témoignages
00:47 amicaux, tendres, ne partez pas tout de suite.
00:53 J'ai dit peut-être je vais foutre le camp parce que c'est fatigant. Non, non, non, non, je ne suis pas parti tout de suite.
00:58 Non mais c'est vrai, alors toute bêtise mise à part, ça m'a beaucoup touché et
01:01 au fond j'en ai rêvé toute ma vie d'être un acteur populaire. Bon ben je ne sais pas. Je me serais volontiers passé de cette expérience-là.
01:08 C'était le prix à payer visiblement alors je l'ai payé et je suis content. Et le gros malaise en septembre,
01:15 vous vous en souvenez pas du tout ? Non, je sais que j'en ai eu un mais j'ai perdu conscience donc si vous voulez
01:21 je n'ai pas de souvenir. Je n'ai que comme souvenir
01:24 le fait d'être tombé dans les bras de ma copine Muriel Robin avec laquelle je jouais
01:30 et qui n'en demandait pas tant parce que je ne suis pas son genre. Mais c'est pas grave, ça n'est pas très grave.
01:36 C'est la seule chose. Mais tout va très bien. J'en suis en pleine forme, vous savez.
01:41 Vous avez l'air.
01:42 Le public a ri au moment du malaise.
01:44 Evidemment, il pensait que c'était dans le spectacle.
01:46 C'était pas dans le spectacle, c'est sûr.
01:48 Oui, ça c'est sûr. Mais je vais voir, peut-être que je vais recommencer juste pour voir si je suis toujours populaire.
01:55 *Rires*
01:56 Mais vous avez une appréhension quand vous remontez sur scène maintenant ?
01:58 Non, pas du tout.
02:00 Pas du tout, pas du tout. En plus, j'y remonte seul sur scène
02:04 et pour une discipline tout à fait différente puisque ce sont des lectures incarnées, bien entendu.
02:12 Je ne dis pas ça bêtement comme à l'école, mais ce sont des lectures incarnées.
02:17 J'aime bien ça d'abord parce que c'est la base même de mon métier, raconter des histoires.
02:23 Alors là, on ne peut pas être plus proche du fait de raconter des histoires.
02:27 Et puis c'est comme une petite Madeleine de Proust pour moi.
02:31 Quand j'étais petit, ma tante Denise nous lisait des histoires à ma soeur et à moi pour nous endormir.
02:36 On va en parler de votre tante Denise.
02:38 On avait bien noté la présence de la tante Denise dans votre initiation à la lecture.
02:43 Mais j'aimerais revenir sur ces mots. Vous nous dites "je vais très bien", rassurez-nous.
02:47 Vous avez l'air très bien Pierre Ardetti, vous êtes en pleine forme.
02:49 Oui, j'ai pas l'air d'être en pleine forme.
02:51 Mais vous avez l'air d'être en pleine forme.
02:52 Oui, voilà, je n'ai pas seulement l'air, je le suis.
02:54 Mais vos médecins vous ont dit de vous calmer un petit peu.
02:56 Mais là, vous remontez sur scène dans l'impression que vous avez fait une pause de trois semaines.
02:59 C'est ça se calmer ?
03:00 Oui, c'est ça se calmer.
03:01 À partir du moment où je joue deux fois, enfin je lis, mais donc j'incarne deux fois par semaine,
03:07 c'est quand même extrêmement peu.
03:09 Et en dehors de ça, je ne fais rien, je m'occupe de ma femme, des enfants que j'aime, de la famille, je rêve, voilà, tout va très bien.
03:19 Mais de manière générale, vous avez toujours eu du mal de ne rien faire.
03:22 Il paraît que vous dormez très très peu.
03:24 C'est une erreur, parce qu'en réalité je suis une énorme feignasse.
03:27 Tout le monde pense le contraire, et c'est d'ailleurs pour ça, parce que je suis une énorme feignasse,
03:32 que je me suis astreint à faire beaucoup de choses en même temps.
03:35 Mais là, si vous voulez, d'abord on m'a expliqué qu'effectivement il fallait que je ralentisse un peu le rythme,
03:40 et je suis absolument ravi de ralentir le rythme, parce que je peux aussi, il n'y a pas que ça dans la vie, finalement,
03:45 et je jouis, par exemple de ces séances de lecture, ça me replonge dans l'enfance, et en particulier dans la mienne.
03:54 Donc ça c'est tout à fait reposant, c'est pas fatigant du tout, pour le reste je vis ma vie,
03:58 mais par exemple cette année il n'y aura rien d'autre.
04:01 - Il y a quelques années quand même dans la presse, vous aviez dit "le théâtre c'est ma vie, c'est mes racines"
04:06 et c'est là que je mourrais.
04:08 - Je mourrais pas, je mourrais en en faisant, mais je n'ai pas dit que je mourrais.
04:13 D'abord si vous pensez à Molière, Molière n'est jamais mort en scène, il est mort en dehors de la scène,
04:19 et puis il n'est pas question de parler de la mort, il est question de parler de la vie.
04:23 Donc pour le moment je me contente de parler de la vie, et de la mienne en particulier,
04:27 parce que elle est très intéressante, ma vie si vous voulez.
04:30 Je peux vous en parler pendant des heures, si ça vous fait plaisir,
04:34 et moi ça me fait tellement plaisir de parler de moi, moi, moi, moi, moi.
04:37 - Mais est-ce qu'entre les lectures vous le faites un peu ou pas du tout ?
04:41 - De quoi ? - De parler de vous.
04:43 Les gens ils aiment ça, ils vont voir Luchini parler de lui, ils vont voir Brienne y parler.
04:46 - Oui mais je vais faire ça pendant les lectures.
04:48 Je vais aussi parler de moi, et je vais aussi parler d'eux.
04:51 - Très bien. - Voilà, ces vieux enfants qui sont venus m'écouter,
04:54 quelques poids moins vieux d'ailleurs.
04:56 - Oui je vais parler d'eux parce que c'est ça le théâtre,
04:59 c'est pour ça qu'on s'en passe pas, on en parle mais on s'en passe pas.
05:03 Parce que quand on fait du théâtre on embrasse le monde, c'est toute la différence.
05:07 Je veux pas être négatif avec le reste, le cinéma j'en fais, la télé j'en fais,
05:13 mais c'est autre chose, c'est ce que disait l'un de mes maîtres Jean-Louis Barraud,
05:17 qui en disait ce que vous préférez, le théâtre ou le cinéma,
05:21 il avait dit "je préfère faire l'amour dans mon lit que par correspondance".
05:25 Ben voilà, c'est une belle phrase.
05:27 Le théâtre, il fait l'amour dans son lit, au cinéma.
05:31 Quand vous avez fini de tourner, vous n'avez plus rien à voir,
05:34 c'est le metteur en scène et le monteur qui sont les maîtres de l'histoire.
05:37 - Ça vous échappe. - Ça vous échappe.
05:39 Et moi j'aime pas que les choses m'échappent, je veux bien être le maître de ce que je fais.
05:42 - Vous revenez donc sur scène demain Pierre Arditi pour des lectures d'auteurs
05:46 que vous avez choisis de Yasmina Reza à Jean-Claude Ribe.
05:48 On en parle dans... - Jean-Michel Ribe, parce que là si vous dites Jean-Claude Ribe...
05:52 - Oui vous avez dit Jean-Claude Ribe. - Jean-Claude Duss mais Jean-Michel Ribe.
05:55 - Ce garçon n'articule pas.
05:58 - C'est très bien. - C'est générationnel.
06:01 - En même temps pour mon métier c'est pas très important d'articuler.
06:04 - Si, si, parce qu'il y en a pour vendre le truc.
06:07 Alors Jean-Claude Ribe, René Arditi et Philippe Weyne, non c'est...
06:12 - Excellent René Arditi, on vous retrouve juste après ça,
06:14 vous êtes le grand invité de la deuxième heure.
06:16 RTL Bonsoir.
06:19 Julien Célier, Isabelle Choquet.
06:22 RTL Bonsoir.
06:24 - Allez la deuxième heure de RTL Bonsoir avec notre grand invité ce soir, Pierre Arditi,
06:28 qui donc remonte sur scène demain, on en est ravis, au théâtre de la Pépinière à Paris
06:32 pour des lectures, le spectacle s'appelle "La Pépinière" de Pierre Arditi.
06:36 Vous allez lire des extraits qui vous tiennent à coeur,
06:38 de Yasmina Reza, de Grimbert, de Onfray, de Jean-Michel Ribe, entre autres.
06:43 Cet amour de la lecture, donc il remonte à votre enfance, vous nous disiez, à votre tante Denise, c'est ça ?
06:49 - Oui, la tante Denise qui était la soeur de mon père,
06:53 et qui de temps en temps, quand elle nous avait chez elle,
06:56 et pour nous endormir, ma soeur Catherine et moi, on était très petits,
07:00 on avait je sais pas 7 ans, 7 ou 8 ans, donc ça fait une paille,
07:03 alors elle nous prenait chacun d'un côté de son corps, qui à gauche et qui à droite,
07:07 et alors elle nous lisait, elle nous lisait les aventures de cigales,
07:12 ça vous dit rien parce que vous êtes beaucoup trop jeunes ?
07:14 - Steven, cigale ?
07:16 - C'est horrible, c'est terrible, c'est pathétique, c'est absolument lamentable, je suis pas certain que je vais rester.
07:22 Steven, cigale, bien sûr, mais cigale comme une cigale,
07:25 et cigale à l'époque, mais c'était effectivement la fin du 19e au début du 20e siècle,
07:29 c'était le héros d'un écrivain populaire très célèbre qui s'appelait Paul Divois,
07:35 vous ne l'avez pas connu bien sûr, et alors, elle nous racontait, notre tante Denise,
07:39 elle incarnait les aventures de cigales, alors, cigales qui luttaient contre le méchant brahmane Boudou,
07:48 et qui se battaient contre l'océan, déchaînés en furie,
07:52 sur une petite barque qui menaçait de couler à chaque instant,
07:56 et alors, nous on était là, on écoutait ça, ça nous effrayait, mais ça nous séduisait aussi,
08:01 on était fascinés, alors à la fin on disait, mais enfin tante, tante, va-t-il s'en sortir ?
08:06 Et alors, notre tante Denise nous regardait et nous disait, je vous le dirai demain.
08:11 - Vous faisiez des teasings ? - Mais c'est parce qu'il fallait qu'on dorme.
08:14 Alors, j'expliquerai maintenant, ce que je vais expliquer au public d'ailleurs,
08:17 je vais leur dire ça, que c'est une petite madeleine pour moi, ça me rappelle ma petite enfance,
08:21 et donc je vais raconter ça aux enfants qui le sont encore.
08:25 - Et votre première émotion de lecture Pierre Arditi, j'ai cru comprendre que c'était quand vous étiez ado,
08:31 votre père vous avait plus qu'encouragé à lire "Le Rouge et le Noir" de Stendhal ?
08:35 - Il m'avait encouragé à lire Stendhal. Et donc le premier que j'ai lu d'ailleurs,
08:40 je crois que ça a été, si c'était "Le Rouge et le Noir", vous avez raison,
08:43 j'hésitais entre "La chartreuse de Parm" et "Le Rouge et le Noir", après je les ai lus tous,
08:46 c'est un auteur admirable avec une langue absolument magnifique,
08:50 qu'il faudrait filer à lire à tous les jeunes gens qui se passent des SMS
08:54 et qui ont complètement perdu de vue la langue française, mais enfin bon, c'est pas grave,
08:57 après tout, si ça les amuse, moi je veux bien, ou les mangas qu'il faut lire à l'envers,
09:01 c'est dantesque, c'est pathétique, ça crée des générations...
09:05 - Vous allez encore passer pour un boomer !
09:07 - Je suis un boomer aussi !
09:09 - Mais oui, mais c'est pas grave !
09:10 - Ça crée des générations de gosses qui finiront par prendre un jour
09:13 un spot publicitaire pour une tragédie de Racine.
09:16 Est-ce que c'est bien raisonnable ? On se le demande !
09:19 - Votre papa qui vous a conseillé Stendhal, j'imagine que vous allez y penser sur scène,
09:23 vous allez lire un texte notamment de Michel Onfray, extrait de "Cosmos",
09:26 c'est un texte qui est bouleversant sur la disparition de son papa.
09:30 - Oui, c'est un texte absolument magnifique, qui est absolument magnifique.
09:33 D'ailleurs, il faut que je fasse gaffe, parce que chaque fois que j'ai lu ce texte,
09:36 et je l'ai lu déjà plusieurs fois, l'émotion est tellement forte,
09:40 qu'il faut que j'évite que les larmes...
09:42 - Vous avez peur d'être rattrapé par l'émotion sur scène ?
09:44 - Je n'ai pas peur, je sais qu'elle va arriver,
09:46 alors petit à petit, je maîtrise en gros mon émotion,
09:50 mais après tout, si je l'ai, je la laisse venir,
09:52 parce que ça émeut aussi ceux qui écoutent ce texte absolument admirable, magnifique.
09:59 D'ailleurs, à un moment donné, on avait fait un truc sur la grande librairie avec Onfray,
10:05 et on m'avait demandé de lire les quelques premières lignes,
10:07 et immédiatement, mes yeux se sont embués tellement ça me touche.
10:13 - Mon père a été un phare pour moi, je lui parle trois fois par jour,
10:16 ça c'est vous qui le dites, il était peintre, décorateur de théâtre,
10:20 notamment à la Comédie Française.
10:21 - Non, pas à la Comédie Française, il a été décorateur de théâtre
10:24 pour un certain nombre de théâtres, à la Michaudière, à la Huchette,
10:28 dans un des premiers spectacles, on a vu Jean-Paul Belmondo, une gamin.
10:33 - Et c'est lui qui vous donne l'amour des planches ?
10:35 - C'est lui qui voulait absolument qu'on soit des artistes, ma sœur et moi.
10:38 Alors, il n'aurait pas admis, enfin il n'aurait pas admis, il aurait admis évidemment,
10:42 mais s'il était devenu banquier ou assureur,
10:44 ce que j'ai fait pendant un moment, pour gagner un peu ma vie, étudiant,
10:49 ça ne lui aurait pas plu.
10:51 Et moi, je ne me faisais pas confiance à cette époque,
10:53 parce que ma sœur était déjà actrice, elle était actrice avant moi,
10:57 et moi, je ne croyais pas en moi.
11:01 Et puis, il n'y avait pas de fric chez moi, alors je me suis dit,
11:03 je serai celui par lequel le pognon entrera dans la maison.
11:07 Mais en faux, mon père a très bien fait de continuer à peindre,
11:11 c'est un grand peintre d'ailleurs, et donc, bien sûr, il me faisait des lectures
11:18 du Misanthrope, il disait très bien, et il aurait pu être un bon acteur mon père.
11:24 Et puis, je suis allé chez Tania Balachova, et petit à petit,
11:27 je me suis fait suffisamment de crédit pour accepter de commencer à être élève acteur,
11:31 pour finir par devenir un acteur passable.
11:34 - Qu'est-ce qu'on évoque votre famille, Pierre Arditi ?
11:36 Vous avez un œil aujourd'hui très tendre sur la famille, sur votre famille,
11:40 sur vos petits-enfants, vous dites, je trouve ça très joli,
11:43 "Je vois des petits-enfants qui tiennent la main de leur père ou de leur mère
11:46 comme un objet précieux, si précieux, au fond,
11:49 ils ne savent même pas pourquoi c'est si précieux."
11:51 - Oui, c'est très beau. - "Ils vont le découvrir,
11:53 ils ne seront plus là."
11:54 Mais parce que, oui, ça me bouleverse, d'abord, parce qu'évidemment,
11:58 on ne pleure jamais que sur soi-même.
12:00 Alors, quand je vois des petits-enfants qui tiennent la main de leur père ou de leur mère
12:04 comme un objet précieux, parce qu'au fond, c'est quoi ?
12:07 Ça leur permet de marcher, ça leur permet de ne pas être abandonné,
12:10 ça leur permet de ne pas être seul, quelquefois, ça leur permet de rire ou de sourire,
12:13 quand le père ou la mère leur balance des choses comme ça, oui.
12:17 C'est absolument précieux.
12:18 Alors, je croise mon fantôme, parce qu'évidemment, j'ai plus l'âge,
12:22 je n'ai plus ni le père ni la mère, et puis je n'ai plus l'âge.
12:25 Je prends la main de ma femme que j'aime, mais enfin,
12:28 elle ne me prend pas, malheureusement, plus, en tout cas,
12:30 pour un enfant qui la regarde avec ce que je la regarde,
12:32 mais comme un homme qui aime.
12:34 Non, mais c'est... Oui, c'est merveilleux, l'enfance.
12:38 Malheureusement, c'est éphémère.
12:40 La vie, contrairement à ce qu'on pourrait penser, c'est un prêt.
12:44 Il arrive un moment, il faut le rendre.
12:47 Donc, il faut considérer que la vie, ça n'est pas la caisse d'épargne,
12:50 et quand on n'en profite pas à plein, à la fin,
12:52 et quand ça arrive la fin, on ne vous sert pas d'intérêt à la sortie.
12:55 Donc, il faut tout cramer avant, et c'est ce que je m'efforce de faire,
12:58 de cramer le plus possible, et quand je serai parti, on verra bien.
13:02 Moi, ce qui m'embête, ce n'est pas la mort.
13:04 La mort, ça ne me fait pas peur, ça m'emmerde.
13:06 Parce que, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi moi,
13:08 je devrais cesser alors que vous allez continuer.
13:10 C'est ça, ça m'échappe.
13:11 C'est une injustice totale, effectivement, Pierre Arditi.
13:13 Revenons à votre spectacle. Vous allez donc lire "Onfray", "Yasmina Reza", "Jean-Michel Ribe",
13:18 on en parlait. Tout ça, ce sont des auteurs, on a compris, que vous aimez,
13:21 qui vous sont chers, et vous parlez de lecture incarnée.
13:23 Qu'est-ce que c'est, une lecture incarnée ?
13:24 Une lecture incarnée, c'est tout, sauf une lecture qu'on déchiffre,
13:28 comme à l'école, si vous voulez.
13:30 On a un bout de truc, comme ça, catapulte, ça, la catapulte.
13:34 La cérémonie des préliminaires, raffinée et précise,
13:38 qui augmente peu à peu la puissance de l'engin jusqu'au tir libérateur,
13:42 et devait donner un plaisir infini aux soldats qui servaient cette arme.
13:47 "Faites l'amour, pas la guerre", les catapulteurs faisaient les deux.
13:51 (rires)
13:52 Bah, incarnée, c'est ça, c'est de jouer.
13:54 Sinon, c'est... sinon, c'est...
13:55 Alors, la catapulte... (rires)
13:58 Vous voyez la différence ?
13:59 C'est moins vendeur, le spectacle sera moins réussi.
14:01 Une fois de plus, enfin, si les gens reviennent,
14:04 ça montre que rien n'est figé, rien n'est définitif,
14:07 tout dépend de l'humeur, de son humeur.
14:08 On l'a fait rentrer dans les textes, et...
14:10 Voilà. La lecture ne veut pas dire qu'on ne joue pas.
14:13 On joue. D'ailleurs, je suis là pour ça.
14:15 Je suis... je suis... je suis un acteur, et...
14:18 la qualité première d'un acteur, c'est d'abord d'être resté un enfant.
14:22 D'ailleurs, je fais mienne cette phrase de Michel Bouquet,
14:25 "N'oubliez jamais que le public ne vient pas pour vous voir jouer,
14:29 il vient pour jouer avec vous."
14:30 Alors voilà.
14:31 Donc je leur donne rendez-vous, le soir, au thème de le Pépinière,
14:34 pour qu'ils viennent jouer avec moi.
14:36 - Vous avez un livre de chevet ?
14:37 Un livre que vous relisez souvent ?
14:39 - J'ai un livre de chevet, oui, qui est un journal.
14:42 Un journal d'un auteur que vous ne connaissez pas,
14:44 qui s'appelle Jean-René Huguenin,
14:46 qui avait écrit un... qui est un jeune homme en colère, en fait,
14:48 qui est mort, maintenant, jeune, d'ailleurs.
14:50 Il avait écrit un premier roman, qui s'appelait "La Côte Sauvage",
14:53 qui était tout à fait remarquable, il s'est fait remarquer comme ça,
14:56 et une amie à moi m'a fait... avant que je lise "La Côte Sauvage",
15:00 m'a fait découvrir ce texte, enfin, ce livre,
15:03 le journal de Jean-René Huguenin,
15:05 qui râle... enfin, qui râle pas, qui est en colère
15:08 contre ce que le monde a l'air de promettre,
15:11 et ne tient pas sa promesse.
15:13 Il est... enfin, il a cette phrase, il dit
15:15 "La virilité, c'est la pureté".
15:17 Bon, et la première des puretés, c'est de ne pas être dupe de soi-même.
15:20 Comme ça, je relis des chapitres, parce que...
15:23 parce que ça me plaît, parce que ça me remet les pendules à l'heure,
15:26 parce que quand... soit quand j'attrape une pastèque, comme ça,
15:29 soit quand je suis trop...
15:31 quand je suis trop... tiens, un petit jeune !
15:33 Un autre petit jeune qui vient de rentrer dans le studio,
15:35 c'est horrible, il y a que des jeunes, c'est affreux.
15:37 Ben, ça me...
15:39 Oui, ça me régénère, alors je...
15:41 Je... voilà, je vous le conseille vivement.
15:43 Je vous conseille vivement de redire Jean-René Huguenin,
15:45 de le lire, pour ce qui vous concerne.
15:47 Moi, je le lis souvent,
15:49 et quand ça va pas trop, ben je le...
15:51 je me le remets en tête, je me le remets en mémoire,
15:53 ça me nourrit. C'est un livre de chevet, quoi, oui.
15:56 Formidable, il donne des papiers à tout le monde, moi je me promets.
15:58 - Exactement, exactement.
16:00 - Ça n'intéresse personne.
16:02 - C'est la suite de l'émission.
16:04 - Il faut qu'ils soient là, ils mangent des Kinder Boys.
16:06 - Si seulement.
16:08 - Qu'est-ce que je fous là ? Je ne sais pas.
16:10 - Mais vous êtes bien avec nous, Artiel, bonsoir, continuez la deuxième heure aussi.
16:13 Votre retour sur la scène du théâtre, c'est de la Pépinière à Paris,
16:17 ce sera dès demain et jusqu'en avril, qui est rare d'y être.
16:19 Si vous restez avec nous, la suite, c'est de la musique,
16:21 avec la playlist de Steven Bellery, c'était lui, le petit jeune.
16:24 Bonsoir, Steven. - Bonsoir à tous.
16:26 - On écoute qui, on écoute quoi ce soir ?
16:28 - Alain, Pierre et Ours Souchon partent en tournée, tous les trois,
16:31 qui se confient en exclusivité pour RTL.
16:33 - Et la cuisine, la gaguette d'Angèle Ferreux-Max.
16:35 - Salut Angèle, qu'est-ce qu'on mange ce soir ?
16:37 - Ce soir, on mange des falafels.
16:39 - A tout de suite après.
16:41 ♪ ♪ ♪
16:42 [SILENCE]