Robert Ménard, le maire divers droite de Béziers était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 Bienvenue et bonjour à vous Robert Ménard.
00:02 Bonjour.
00:03 Merci de votre présence, vous êtes le maire d'Hiver Droite de la ville de Béziers,
00:06 c'est votre grande interview sur CNews et Europe 1.
00:08 Et tout d'abord, écoutons.
00:11 Entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
00:18 Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
00:26 Pauvres et partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.
00:34 Ce soir, elle est la nuit, connaîtra le bruit du sang et des larmes.
00:42 Montez de la mine, descendez des collines camarades.
00:49 Le chant des partisans entonné par le cœur de l'armée française sur le parvis du Panthéon
00:53 à l'arrivée des cercueils de Missaques et Méliné Manoukian,
00:56 ce fut une grande et émouvante cérémonie hier.
01:00 Est-ce qu'on peut dire aujourd'hui que c'est un moment fort pour la nation également
01:04 et y croire surtout Robert Ménard ?
01:06 On a envie d'y croire, ça te prend aux tripes quand même.
01:09 En plus, les légionnaires, c'est formidable.
01:13 Vous êtes ému ?
01:14 Oui, je suis ému aux cérémonies comme ça.
01:16 Je suis ému parce que ça me touche, parce que c'est mon pays,
01:20 parce que c'est des gens formidables.
01:23 Mais à 25 ans, tu risques ta peau.
01:25 Moi, quand j'entends des gens ici dire "on est courageux, on n'est pas courageux",
01:29 tu n'emploies plus pour toi-même ce mot, parce que le courage, c'est eux.
01:32 Ce n'est pas Manouchian, sa femme, les 23 autres, c'est ça le courage.
01:37 Et tu as envie de te prosterner devant ça.
01:40 Et tu n'as pas envie de parler de petites politiques de merde à côté de ça.
01:45 C'était tellement beau là.
01:47 Et quand le poème d'Aragon, mis en musique, par Léo Ferré, c'était aussi...
01:52 Et puis, il faut le dire, il a fait un beau discours.
01:56 Il a fait un... disons-le, ça n'appelle aucun bémol.
02:00 Ça appelle juste... il sait dire les mots dans ces circonstances-là,
02:04 le chef de l'État.
02:05 Et tu as envie d'applaudir et tu n'ajoutes rien.
02:08 Tu n'ajoutes pas un bémol, tu n'ajoutes pas un "mais", rien.
02:11 Tu dis que c'est bien et que si la France peut se retrouver à ces moments-là,
02:15 c'est formidable, c'est juste formidable.
02:17 Des mots et des noms, Robert Ménard, ce chapelet de noms est graigné avec la répétition.
02:22 "Mort pour la France", "Mort pour la France", "Mort pour la France".
02:25 C'est le sacrifice pour un pays, pour une idée qui nous dépasse tous.
02:29 Est-ce que ça existe encore aujourd'hui ?
02:31 C'est compliqué de poser la question avec nos lunettes contemporaines,
02:34 mais est-ce que ce patriotisme ultime aujourd'hui existe et peut être transmis ?
02:39 Il peut, il doit être transmis.
02:41 À Béziers, on a chaque année eu plus de 20 résistants
02:46 qui ont été exécutés sur une place au bas de la maison de Jean Moulin,
02:50 exactement, si vous voulez savoir.
02:52 Et donc, chaque fois, les noms sont aigraînés,
02:56 et chacun dit "Mort pour la France".
02:59 Les Français, ils oublient qu'il y a ça aussi.
03:01 Les cérémonies patriotiques, ce n'est pas ringard, minable, réservé à des anciens combattants.
03:06 Il ne faut pas faire ça. Il faut que ça serve.
03:09 Moi, j'y intervienne tout le temps et j'essaie de, comment vous dire,
03:12 avec mes mots, mes pauvres mots, mes maigres mots,
03:15 j'essaie de dire que ça nous concerne.
03:18 Ce n'est pas un autre monde, ce n'est pas autre chose.
03:22 Et en plus, il y a la guerre en Ukraine, vous vous dites "la guerre, elle est à nos portes, on l'avait oublié tout ça".
03:28 Oui, je trouve que c'est formidable de l'avoir fait, absolument formidable.
03:32 Et je trouve que ça a été juste tout parfait.
03:36 Tout parfait, y compris les mots du président de la République.
03:38 Et on se rend compte combien, Romer Ménard, à ce moment-là, les polémiques sont futiles.
03:43 Malgré tout, qu'avez-vous pensé de la polémique
03:45 qui a entouré la présence du Rassemblement national à cette cérémonie ?
03:48 Je rappelle qu'Emmanuel Macron, dans une interview à l'Humanité,
03:51 a affirmé que le RN serait inspiré de ne pas s'y rendre.
03:55 Écoutez, j'essaie de dire deux choses.
04:01 Qu'un certain nombre de résistants,
04:03 et par rapport à ce qu'a été l'histoire du Front National, du Rassemblement National,
04:09 des grétissances,
04:13 le Front National a été créé notamment parmi les femmes.
04:17 Il y avait des vafaines incestes,
04:19 il y avait des collabos,
04:21 il y avait des racistes,
04:23 il y avait des antisémites,
04:24 il y avait des négationnistes.
04:26 Ça, c'est la vérité.
04:28 C'est la première chose.
04:29 La deuxième chose qu'il faut dire, c'est que ces gens-là,
04:33 ils ne sont plus en cours au RN.
04:37 Et que Marine Le Pen, elle a rompu avec ça.
04:40 Vous pouvez ne pas l'aimer, encore une fois,
04:41 mais vous ne pouvez pas ne pas dire qu'elle n'a pas rompu.
04:43 Auprès de rompre, enfin on a des parents,
04:45 avec son propre père.
04:47 Ça doit être, je ne sais pas, je ne la connais pas assez pour en parler,
04:50 mais j'imagine que c'est une déchirure de rompre avec son propre père sur des choses comme ça.
04:56 Ça, c'est une première partie.
04:58 La deuxième, pas pour contrebalancer, pas pour faire du en même temps,
05:02 quand même, le chef de l'État, dont je viens de dire ce que je viens de dire,
05:06 vous pensez que c'est une bonne idée de le dire dans l'humanité ?
05:10 Dans l'humanité, ou puisqu'il veut absolument remonter à cette période-là,
05:15 l'humanité qui demande à réapparaître aux occupants nazis de la France
05:22 après avoir interdit, et dans les notes,
05:25 sur les notes pour demander la possibilité de réapparaître,
05:30 il parle de Mandel, l'ancien ministre de la Justice,
05:33 le juif Mandel, les 75 000 fusillés,
05:38 on sait que c'est 2500, c'est entre la légende et la réalité.
05:42 Et puis, pardon, chaque fois que j'entends le mot communisme,
05:47 excusez-moi, il y a eu l'idéal communisme,
05:49 j'entends aussi les 100 millions de morts.
05:52 Vous avez rappelé qu'il y a eu les fondateurs du Front National,
05:57 dans ce cas-là, est-ce qu'il faut qu'à chaque fois, on fasse une introspection,
06:00 on revienne sur l'histoire ?
06:02 Pour François Mitterrand, certains auraient pu dire "la France, c'est pour ça".
06:06 On l'a dit, il faut arrêter.
06:08 Vous avez raison, on ne va pas ressortir chaque fois
06:11 le curriculum vitae de tout le monde.
06:14 Parce que, attendez, les leçons, on pourrait prendre les socialistes
06:17 et ceux qui ont voté les pleins pouvoirs apétaires.
06:19 On ne va plus arrêter.
06:22 Et je trouve que par rapport à ce qu'on disait tout à l'heure,
06:26 c'est-à-dire l'émotion qui se dégageait de ça,
06:28 est-ce qu'on ne peut pas tenir à distance, pour une fois, ce passé-là ?
06:32 Tenir à distance le passé et tenir à distance certains partis politiques
06:36 avec maintenant le retour de l'arc républicain,
06:38 dont Emmanuel Macron a exclu, en tous les cas, le Rassemblement National.
06:43 D'abord, est-ce que vous comprenez les différentes positions d'Emmanuel Macron à ce sujet ?
06:47 Ah non, mais je pourrais vous retouder la question.
06:49 Est-ce que quelqu'un comprend les changements de pied ?
06:52 Vous êtes un politique averti, je vous pose la question.
06:54 Non, mais pas à six mois d'intervalle, ni à six ans, à une semaine d'intervalle.
06:58 Il dit à Bordeaux quelque chose, il dit le contraire après une semaine après.
07:01 Gabriel Attah, il est quand même juste Premier ministre,
07:03 il n'est pas secrétaire d'État, qui dit une chose et qui ne le dit pas.
07:07 Et en plus, attendez, qu'est-ce que ça veut dire ?
07:09 Alors, il y a des extrêmes, vous avez entendu sa porte-parole,
07:13 mais en gros, on ne les renvoie pas d'où à d'où.
07:15 Mais là encore, qui à l'Assemblée Nationale se comporte comme des sagouins ?
07:20 Qui traite le ministre du Travail d'assassin ?
07:24 Qui met le visage du ministre du Travail sur un ballon de football,
07:28 avec le pied sur le ballon de football ?
07:30 Qui ne dit pas du Hamas que c'est terroriste ?
07:32 Qui flirte avec l'antisémitisme ?
07:34 Qui ne va pas à la manifestation contre l'antisémitisme ?
07:37 Et je pourrais continuer, continuer, continuer.
07:39 C'est la France Insoumise qui fait ça.
07:41 – Alors vous la mettez hors de l'arc républicain, vous en avez aussi ?
07:43 – Non, je ne mets aucun, moi je suis contre les exclusions.
07:46 – Donc c'est le débat qui vaut, qui prévaut, qui doit être enchaîné ?
07:50 – Bien sûr, il faut débattre avec les gens.
07:52 Mais ce pays, on a un goût de la guerre civile absolument invraisemblable.
07:57 Notre histoire, elle est faite de guerres civiles successives.
08:00 Il faut rompre avec ça.
08:01 Mais moi, je ne suis pas pour le fait de traiter, je ne sais pas combien ils sont,
08:05 les députés de la France Insoumise comme des sous-députés.
08:08 Mais pas plus pour le Rassemblement National.
08:11 Il faut arrêter, mais je constate que juste à l'Assemblée Nationale,
08:14 quand même, qui se comporte le mieux entre les uns et les autres ?
08:17 Et encore une fois, je suis critique sur le Rassemblement National,
08:19 mais sur ce terrain-là, ils se comportent mieux, vous les avez vus,
08:22 les autres, ils arrivent n'importe comment.
08:24 Alors vous allez dire, ce n'est pas grand-chose, ce n'est pas vrai.
08:26 La tenue, on le voit que la tenue, l'apparence, c'est important.
08:29 Un député qui arrive habillé n'importe comment, pardon,
08:32 je trouve que c'est peu respectueux pour nos institutions.
08:35 Alors ça fait vieux con peut-être, mais c'est comme ça que je vis en tout cas.
08:39 Vous avez votre liberté de parole et on l'entend avec vos mots, Robert.
08:42 Maintenant, en parlant de liberté de parole et de débattre,
08:45 Gabrielle Attal a proposé un débat à Marine Le Pen.
08:48 La réponse ne s'est pas faite attendre.
08:51 Elle a refusé, en envoyant la proposition à Jordan Bardella,
08:53 qui estime que c'était lui, de débattre avec le Premier ministre
08:56 en tant que tête de liste aux Européennes.
08:58 Qu'est-ce que tout cela dit ?
08:59 Est-ce que toute cette agitation autour d'un débat aujourd'hui,
09:02 qu'est-ce que cela dit de notre débat politique ?
09:04 De sa nullité.
09:05 À ce point ?
09:06 Attendez.
09:07 Nullité, dites-vous ?
09:08 Attendez, on a besoin, sur les questions agricoles,
09:11 moi je suis dans une région viticole,
09:14 vous croyez qu'ils en ont à faire quelque chose ?
09:16 De savoir si le débat, ça va être Marine Le Pen, Attal ou Bardella, Attal ?
09:20 Enfin, ils ont des problèmes.
09:22 Les gens que je vois, un tiers des gens dans mon département
09:27 vendent leur vin moins cher qu'il ne coûte à produire.
09:31 Un tiers.
09:32 Essayez de leur expliquer ça.
09:34 Aujourd'hui, vous continuez à avoir dans les supermarchés de ma ville
09:39 des produits, des bouteilles, où il est impossible de faire la différence
09:44 entre des vins français et espagnols.
09:47 Mais alors, qu'est-ce qui se joue ?
09:48 On a eu les annonces du Premier ministre sur un nouveau projet de loi,
09:52 sur la fameuse loi EGalim, etc.
09:54 Qu'est-ce qui se joue ?
09:55 De quelle France parle-t-on en réalité quand on parle des paysans ?
09:58 Honnêtement, il fait des choses, et dire qu'il n'a rien fait,
10:02 qu'il n'a pas pris des mesures, ce serait lui faire un mauvais procès.
10:05 Il y a première partie.
10:07 Deuxième partie, ce que je vous dis, il y a deux questions
10:10 que vous n'arriverez pas à évacuer et qui sont immédiates,
10:12 c'est que les gens veulent gagner suffisamment d'argent pour vivre,
10:16 et ils en ont ras le bol, ras le bol, d'une concurrence étrangère,
10:21 du fait qu'au fond, c'est le contraire de ce qui se dit,
10:24 que l'Europe n'est pas suffisamment forte pour imposer à tout le monde
10:27 les mêmes règles.
10:28 Vous voyez, moi je ne suis pas du tout anti-européen.
10:29 Puis troisième point, Madame, ça renvoie à des choses plus importantes
10:32 que ça.
10:33 Ça renvoie à un sentiment par rapport à cette France-là,
10:37 cette France des petites villes, des villes moyennes,
10:39 cette France des villages, des bourgs, de la montagne,
10:44 loin des villes et tout ça, a une forme de mépris.
10:48 C'est vécu comme mépris.
10:49 Moi, je passe plein de temps avec les...
10:51 Alors moi, c'est plutôt des viticulteurs.
10:53 Chez moi, ils vivent ça comme du mépris.
10:56 On les prend pour des poupées.
10:57 - Alors au Salon de l'agriculture, où on va venir fouler les allées
11:00 du Salon, on va venir...
11:02 - Je te garantis que ça va être rock'n'roll.
11:03 - Dégustation, pardon, concours de levée de coude,
11:05 avec modération, ça va être rock'n'roll, dites-vous,
11:08 mais les renseignements craignent un accueil chahuté, rude, brut.
11:12 - Quand je dis rock'n'roll, c'est une phénomphémie.
11:14 Attendez, ils en ont ras-le-bol.
11:16 Et tu ne peux pas répondre.
11:17 C'est ça, à un moment donné, l'exaspération est telle,
11:21 le sentiment, encore une fois, d'avoir été les oubliés
11:24 de ce pays-là.
11:25 - Vous pensez qu'on touche à la fin d'un système,
11:26 on dirait que vous dites que finalement, ça va être très difficile
11:29 de répondre véritablement à cette désespérance.
11:31 - Oui, parce qu'ils sont quoi ?
11:33 Entre 300 et 400 000.
11:35 Ce n'est pas grand-chose.
11:36 Mais pourquoi il y a 91 %, vous avez vu, c'est quand même incroyable,
11:40 de soutien à ça.
11:41 Parce qu'ils représentent plus que ça, madame.
11:43 Ils représentent, au fond, cette France qui n'est pas celle
11:47 qu'on voit d'habitude.
11:48 Paris, ce n'est pas la France.
11:50 Les capitales régionales, ce n'est pas la France.
11:52 Et ça suinte le mépris.
11:55 Ça suinte le mépris.
11:56 Moi, j'ai vu des préfets me dire, des préfets,
11:59 le mec, il est préfet d'un département, me dire en face de moi,
12:02 "Ouais, je vais en ville."
12:03 J'ai dit "Quoi, en ville ? C'est quoi, la ville ?"
12:05 C'était Montpellier, en l'occurrence.
12:07 J'ai dit "Et nous, on est quoi, là-dedans ? On est la campagne,
12:10 la Cambrouse, vous venez de temps en temps, voiture protégée,
12:15 mais qu'est-ce que c'est, ces histoires-là ?"
12:16 Et les gens, ils le ressentent.
12:17 Moi, je le ressens.
12:18 Ça a changé maintenant, depuis deux ou trois ans.
12:21 Mais attendez, il n'y avait pas un ministre qui venait chez moi.
12:24 Le préfet, il venait en se mettant des...
12:27 Moi, j'ai vu un préfet arriver en se grattant dans mon bureau,
12:31 tant il avait l'impression d'être au fin fond du monde,
12:33 en plus, un plouc d'extrême droite.
12:36 Dans sa tête, ça devait être à peu près ça.
12:38 Tu dis "Ce type, il n'a rien fait pour la liberté dans sa vie,
12:41 moi, j'ai juste quisqué ma peau pendant 20 ans pour défendre
12:43 des gens qui ne pensaient pas comme moi,
12:45 et lui, il vient me donner une leçon de morale."
12:47 C'est insupportable.
12:49 Moi, j'ai vu Mme Borne passer deux heures avec moi
12:52 au lendemain d'inondations dans ma ville.
12:55 Écoutez-moi ça.
12:56 - Pourquoi vous êtes en colère ?
12:57 - Je suis en colère parce qu'elle a passé deux heures.
12:59 Parce que c'est ça, comment vous vivez la politique.
13:01 Deux heures à côté de moi, sans me regarder.
13:04 Essayez.
13:05 - Vous n'étiez pas responsable d'une ville ?
13:07 - Elle était dans ma ville.
13:10 - Cet arc républicain autour de vous, dont on vous a exclu.
13:13 - Il y a tout un tas de Français, de mes concitoyens
13:16 qui n'en peuvent plus de ça.
13:17 Mais il y a plein de gens qui votent pour moi,
13:19 pour ces raisons-là.
13:20 Pas parce qu'ils sont d'accord avec ce que je vous dis
13:22 ou je ne vous dis pas.
13:23 Parce qu'ils ont le sentiment qu'on est quand même
13:25 le porte-parole de cette partie de la France.
13:27 Et cette partie de la France, vous ne la trouvez pas
13:29 dans la politique, vous ne la trouvez pas dans les médias,
13:31 dans les médias, les médias.
13:33 Regardez les candidats aux élections présidentielles.
13:36 Si tu n'es pas Parisien, comment tu es candidat ?
13:38 Sérieux, commentier ?
13:40 Commentier, c'est dix fois plus compliqué.
13:42 Et je pense que la crise aujourd'hui, elle est ça aussi.
13:45 Elle est ce déni-là.
13:46 C'est insupportable, Madame.
13:48 C'est insupportable.
13:49 Chaque fois que les préfets m'appelaient,
13:52 c'était pour m'annoncer qu'il y avait des services de l'État
13:54 qui fermaient, la Banque de France, que sais-je encore,
13:57 toujours au profit des grandes villes.
14:00 Mais il n'y a pas que les grandes villes, Madame.
14:02 C'est le pays qui existe.
14:04 Robert Ménard, votre témoignage, si je puis dire,
14:06 en tant qu'élu maire, va avoir beaucoup d'écouts
14:08 avec celui d'autres élus.
14:10 Vous parlez de liberté de manière générale.
14:12 Je posais une question sous forme de conclusion.
14:14 Et là, j'interroge surtout le fondateur de RSF.
14:16 Vous avez été l'un des pères fondateurs,
14:18 ou le père fondateur.
14:19 Vous avez eu un échange, Robert Ménard, très remarqué,
14:22 avec l'actuel responsable, Christophe Deloy.
14:25 Si on essaye d'aller au-delà de tout cela, de ces news,
14:28 qu'est-ce qui se joue, au fond, avec un peu plus de recul,
14:31 ce matin, au-delà des personnes, au-delà des médias,
14:34 qu'est-ce qui se joue dans notre pays ?
14:37 Il se joue un truc finalement assez simple.
14:40 Les médias, enfin, moi j'étais donc le patron
14:43 de Bande Rassautéra pendant presque 25 ans,
14:45 les médias, au fond, et les journalistes,
14:47 pardon de vous le dire, et 80% des journalistes,
14:50 ils étaient acquis, en gros, à une gauche,
14:53 à une social-démocratie bien pensante.
14:56 Et vous arrivez, je dis vous parce que Europe 1 ou ces news,
15:00 vous arrivez là, un éléphant dans un magasin de porcelaine,
15:03 où tout allait bien, où on était entre soi,
15:06 et le "entre soi" vient d'exploser.
15:09 Il a explosé depuis un moment.
15:11 Mais là, au fond, Christophe Deloy, il dit pas une absurdité,
15:15 il est pas tout seul, il dit ce que pense
15:18 une immense partie de la classe politique,
15:21 qui, elle, fait attention parce qu'ils veulent quand même
15:23 être invités en face de vous, donc ils vont pas vous prendre
15:26 comme ça de revers, mais comme une immense majorité
15:30 des journalistes qui vous, voilà, vous avez pas votre place.
15:33 Enfin, attendez, je vais pas vous faire de peine, quoi,
15:36 c'est 3% de l'auditoire de la télévision,
15:40 cette chaîne de télé. 3%, ça leur est insupportable.
15:45 Et je pense que si vous pensez que M. Deloy est tout seul,
15:49 esselé, vous vous trompez.
15:52 Et j'attends de voir, attendez, je vais voir,
15:54 on l'a pas vu, vous avez vu, vous, les journalistes,
15:56 hurlez, signez une pétition, ils sont très bons pour un certain nombre,
15:59 les sociétés de rédacteurs qui viennent vous faire
16:01 une leçon de morale tous les matins, vous les avez vus,
16:04 se lever comme un seul homme et dire,
16:06 on n'est pas d'accord avec ces news, t'as le droit
16:08 de pas être d'accord, on aime pas Sonia Mabrouk,
16:10 t'as le droit de détester Sonia Mabrouk, mais on les défend.
16:14 Ils sont, attendez, ils sont voltériens, ces pingouins,
16:17 pardon sur le mot pingouin, ils sont voltériens,
16:21 ils sont voltériens le jour où ils sont en classe de philosophie
16:25 pour le bac. Ah oui, on est pour la liberté,
16:27 même pour ceux qui pensent pas comme nous.
16:29 Tu parles, tu parles.
16:30 - Merci Anto Leca pour votre liberté de parole,
16:32 parce qu'on a le droit de ne pas vous aimer,
16:34 ne pas vous regarder, ne pas vous écouter,
16:36 mais merci de nous faire l'amitié d'être là, Robert Menard,
16:38 de dire les choses, qu'on soit d'accord ou pas,
16:40 c'est ça le principe d'un débat.
16:41 C'était votre grande interview et à bientôt.
16:43 - Merci.
16:44 [Musique]
16:47 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]