En Europe, une femme est touchée par le fléau du sexisme toutes les cinq secondes. Après des chiffres aussi regrettables, la parole des femmes se libère en France et marque le début d'un soulèvement face à cette menace commune.
La fin d'un tabou ? Le chemin sera long...
La fin d'un tabou ? Le chemin sera long...
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00:29 *Tic tac*
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00:33 En Europe, toutes les 5 secondes, 10 femmes sont agressées sexuellement.
00:37 *Musique*
00:39 Un fléau mis en lumière en 2017, avec l'affaire Weinstein.
00:43 En France, c'est le balance-tombe-porc qui déclenche le scandale.
00:47 La parole des femmes se libère.
00:49 *Musique*
00:50 - Je pensais pas qu'au bout de 2 ans, je continuerais à gérer des appels au secours de victimes.
00:56 Des victimes qui osent et accusent.
00:59 La dernière affaire, révélée par Mediapart, incrimine le cinéma français.
01:04 L'actrice Sadel Hennel dénonce les attouchements d'un réalisateur.
01:07 - Il s'agit pas du mal en contre-scaresse, non.
01:10 Il s'agit d'un homme adulte qui a force à avoir des relations sexuelles.
01:15 Des violences qui ravagent la vie de centaines de femmes chaque année.
01:19 - Ce que je voulais, c'était que mon corps s'éteigne, que tout s'arrête.
01:23 Exceptionnellement, la BAC Métro a accepté la présence de nos caméras.
01:27 Vous allez découvrir le quotidien de cette brigade spécialisée dans les agressions sexuelles.
01:32 9 fois sur 10, les victimes sont des femmes.
01:45 Elles sont trop souvent la proie d'hommes aux comportements inacceptables.
01:52 Dès le matin, en prenant les transports en commun...
01:55 - Vous avez senti le même ou juste le sexisme ?
01:57 - Non, directement, aucunement.
01:59 Mais surtout dans la rue, où elles doivent faire face à des remarques sexistes beaucoup trop présentes.
02:08 Au départ isolées, les femmes font aujourd'hui cause commune.
02:17 - Solidarité avec les femmes du monde entier !
02:23 Dans leurs combats, elles peuvent compter sur un soutien de poids, Marlène Schiappa.
02:31 L'année dernière, elle a fait voter une loi qui permet de protéger les femmes du harcèlement de rue.
02:36 - Avec "Me too" et "Balance ton porc", plein de femmes se sont dit en fait, finalement, c'est pas moi le problème, en fait.
02:41 C'est la société.
02:44 Propos vulgaires, gestes déplacés, messages insistants, enquêtes sur un tabou en train de se briser.
02:52 A Paris, l'enfer des transports en commun est une réalité.
03:03 Chaque jour, plus de 4 millions de passagers empruntent le métro.
03:07 Les femmes deviennent les proies des agresseurs.
03:10 Elles seraient 9 sur 10 à être concernées par ce type de harcèlement.
03:14 C'est d'ailleurs le cas d'Adélaïde, 36 ans.
03:22 Alors qu'elle revient d'un voyage à Marseille...
03:25 Elle s'est fait agresser dans ce couloir de métro il y a tout juste un an.
03:31 - Je rentrais, j'arrivais comme ça, et je sens qu'on me touche la fesse, mais bien.
03:37 Et sur le moment, je me dis "Bon, je m'arrête".
03:40 Et le mec se retourne, en fait, me fait un petit rectus et un petit clin d'oeil.
03:45 Et là, je fais "OK, d'accord, c'est pas qu'il y avait du monde, c'est pas l'effet de masse".
03:50 En plus, il y avait personne dans le couloir à ce moment-là, on était que 2 à peu près.
03:54 Donc je comprends bien que j'ai affaire à un agresseur.
03:57 Une main aux fesses et un agresseur qui reste près d'elle.
04:01 Adélaïde décide de réagir.
04:04 - Donc je sors mon portable comme ça, je commence à le filmer.
04:07 En plus, comme le portable, il est noir sur le pull noir, c'était vraiment...
04:10 Il fallait que ce soit discret, c'est jamais sur qui on peut tomber.
04:13 En plus, il avait une bonne tête de psychopathe.
04:17 Il s'agit de cet homme vêtu d'un jean et d'une veste en cuir.
04:21 Son comportement va confirmer les soupçons de la jeune femme.
04:25 - Là, en fait, je vois qu'il se retourne.
04:27 Avant de passer le virage, il se retourne une nouvelle fois vers moi
04:31 pour jeter un coup d'oeil, pour voir où est-ce que je suis.
04:34 - Ne le fais pas, je te file, c*n.
04:36 - Donc là, je comprends que j'ai eu raison de sortir le portable,
04:39 qu'il faut que je fasse attention, et donc je suis hyper prudente.
04:43 Adélaïde reste en retrait.
04:45 Avec son portable à la main, elle filme son agresseur
04:48 pour se protéger si l'idée lui venait d'aller plus loin.
04:52 - Il attend que je passe.
04:54 Il attend de savoir de quel côté je vais aller pour pouvoir suivre la même route.
04:59 Et ça dure bien une bonne vingtaine de secondes, à ce niveau-là.
05:03 Il se remet les parties en place.
05:07 Le problème, c'est que je dois aller sur ce quai,
05:09 donc il faut que je reste à distance pour me protéger, m'assurer,
05:12 assurer ma sécurité.
05:14 La jeune femme prend son courage à 2 mains
05:16 et continue à avancer vers sa ligne de métro.
05:19 - Et là, il continue à se retourner vers moi pour voir où est-ce que je vais être.
05:23 Il continue à regarder si je le suis bien et si je suis bien sur cette ligne-là.
05:27 Et en fait, on se retrouve en haut des escaliers.
05:30 Il voit se retourner, continuer à me regarder de manière insistante et oppressante.
05:34 Et surtout, de manière... Ouais, c'est pervers, quoi.
05:37 C'est un regard vraiment pervers.
05:39 Hors de question de le perdre de vue.
05:42 Courageuse, Adélaïde le suit à la trace.
05:45 Elle se met dos au métro
05:47 et affronte le regard de son agresseur, plus déterminé que jamais.
05:51 - Jusqu'à présent, il m'avait jeté que des petits regards.
05:54 En fait, il me regarde fixement, il essaie de m'impressionner.
05:58 Et moi, je tape mon regard le plus vénère
06:00 pour pas qu'il remarque, en fait, que je le filme.
06:03 Il se concentre sur mes yeux.
06:05 Je le voyais rigoler, je le voyais faire des petits rictus.
06:08 On sentait bien le côté pervers, le côté agresseur, le côté chasseur, surtout.
06:13 Après presque 2 minutes de track,
06:17 l'homme remarque enfin le portable d'Adélaïde
06:20 et comprend qu'il est filmé.
06:22 Surpris, il fait demi-tour.
06:25 - Une fois qu'il a remarqué qu'il était filmé,
06:31 il a changé de stature.
06:34 Il s'est dirigé vers la sortie
06:36 et en même temps, il a quand même essayé de toucher une fille, en fait.
06:39 Sur ces images, on le voit clairement tenter de toucher une autre femme
06:43 qui, comme Adélaïde, ne se laisse pas faire.
06:46 L'agresseur prend la fuite.
06:49 La jeune femme, elle, s'engouffre dans la rame de métro, encore choquée.
06:53 La jeune femme poste la vidéo sur les réseaux sociaux.
07:16 Elle devient virale et atteint presque 100 000 vues.
07:19 2 jours plus tard, un usager pas comme les autres lui répond.
07:22 - Je reçois un message d'un policier
07:26 qui me demande de prendre contact avec eux.
07:29 Je compose le numéro, j'appelle, je dis "voilà, j'ai été agressée lundi soir
07:33 en revenant de Marseille à Gare de Lyon".
07:37 Et là, j'ai pas le temps de finir ma phrase
07:40 que l'officier qui est au téléphone me dit "Adélaïde".
07:43 - Ouais, effectivement, donc c'est là que j'ai vraiment compris
07:46 que j'étais prise au sérieux.
07:48 Adélaïde décide de porter plainte.
07:51 - Donc ils l'ont arrêtée en moins d'une semaine.
07:54 Il a été condamné à 3 mois avec sursis.
07:57 Il a eu une obligation de quitter le territoire.
08:00 Il était... C'était un ancien policier moldave.
08:03 Il a été donc reconduit en Moldavie suite à son agression sexuelle sur moi.
08:08 L'homme a fait appel de sa condamnation.
08:11 Si son agresseur a été vite retrouvé,
08:13 c'est grâce aux différentes brigades
08:15 qui veillent chaque jour sur les usagers du métro.
08:18 Gare de Lyon, 6 h 30 du matin.
08:24 Veste en jean, souhait à capuche et bonnet sur la tête,
08:29 ce sont les policiers de la BLAST,
08:31 la brigade de lutte contre les atteintes à la sécurité des transports.
08:35 - C'est bon, comme ça ? - C'est bon.
08:38 - Allez. - T'as fait l'appel, hein, tout le temps, là ?
08:40 - Ouais.
08:41 Vous ne verrez jamais leur visage,
08:43 car pour leur mission, ils doivent passer incognito.
08:46 - Là, il est exactement 7 h moins 10,
08:51 et on part à cette heure-là,
08:53 parce qu'en fait, ce qu'on va chercher, c'est des agresseurs sexuels
08:56 et qu'ils profitent que les gens aillent au travail,
08:58 donc de l'affluence, en fait, pour faire ce qu'ils ont à faire, quoi,
09:01 c'est-à-dire soit juste légèrement ennuyer les filles,
09:04 soit faire des actes un peu plus graves.
09:06 Leur terrain de chasse, la ligne 13,
09:09 reliant Montrouge à Saint-Denis.
09:11 C'est la ligne la plus longue du réseau parisien
09:14 et la plus bondée.
09:16 Comme tous les matins, c'est la foire d'Empoigne.
09:19 Nous filmons en caméra cachée
09:24 pour ne pas gêner le travail de cette brigade.
09:26 - Là, le but, c'était de se fonder dans la masse,
09:31 rester au milieu des gens,
09:33 et par contre, essayer de scanner absolument tout le monde,
09:36 même s'il y a énormément de monde,
09:38 pour voir s'il y a un détail, en fait,
09:40 qui va attirer mon attention.
09:42 Donc là, tous les gens, généralement, dans le métro,
09:44 en ce qu'ils font, soit ils sont sur leur smartphone,
09:47 ou ils regardent d'une façon fixe,
09:49 ils bougent pas la tête en permanence et tout ça.
09:52 Et dès qu'on voit quelqu'un, par contre,
09:54 qui commence à regarder vers le bas,
09:56 qui se déplace un peu vite,
09:58 ou qui cherche quelque chose comme ça,
10:00 c'est que soit ça va être un pickpocket
10:02 ou un agresseur sexuel ou autre chose,
10:04 mais c'est pas un comportement qui est normal
10:06 parce que dans le transport en commun,
10:08 tout le monde est... Enfin, à moitié endormi, entre guillemets.
10:10 - En plus du comportement suspect,
10:12 il y a aussi un autre signe qui ne trompe pas,
10:14 les vêtements.
10:16 - Généralement, ils mettent des pantalons de jogging
10:18 sur tout le vêtement,
10:20 et soit qu'il la pousse, en fait, comme ça, légèrement,
10:22 toujours avec son sel sur l'avant,
10:24 ou qu'il vient simplement se frotter
10:26 en faisant des mouvements de va-et-vient, voilà.
10:28 - Ce matin, pas de frotteur sur la ligne 13.
10:31 Les policiers décident de rejoindre la ligne 5.
10:33 Elle est aussi bondée
10:35 et est connue pour être l'une des plus prisées
10:37 par les pervers sexuels.
10:39 Sur le quai, ils repèrent cet homme en noir
10:41 aux comportements étranges.
10:43 - Il était là, il se décale.
10:47 Je sais pas s'il y a de mal.
10:49 Il a fait une boulange.
10:55 Il s'est décalé.
10:57 On va voir la prochaine, si il se colle à quelqu'un.
11:03 - Il regarde.
11:05 L'homme coche toutes les cases du suspect parfait.
11:09 En retrait sur le quai,
11:11 il a déjà laissé passer 3 métros
11:13 et observe les femmes avec insistance.
11:15 Pour l'équipe, la question se pose,
11:17 serait-ce un frotteur ?
11:19 - Il est là, il bouge pas.
11:23 Il est là, il est à la mort.
11:25 Finalement, au bout du 5e métro,
11:29 l'homme se décide à monter dans une rame,
11:31 suivie de très près par la brigade.
11:33 - Ouais, il monte.
11:37 Derrière, une meuf en gris.
11:39 Là, il est monté derrière une meuf avec une jupe, là.
11:41 - Pendant 20 minutes,
11:43 ils vont observer sans relâche
11:45 les moindres faits et gestes de l'homme.
11:47 Mais finalement, fausse alerte.
11:53 - Je vais le checker quand même.
11:55 Donc il fasse, tu vois,
11:57 est-ce qu'il a un dos de l'amant sur la petite bombe,
11:59 ou quoi, mais il fait rien du tout.
12:01 - On sait pas pourquoi il a attendu aussi longtemps,
12:03 pourquoi il monte tout doucement comme ça,
12:05 mais en rame, il fait rien du tout.
12:07 Je suis même remonté à côté de lui pour voir en cas où,
12:09 parce que quelquefois, il y a des individus
12:11 qui se mettent à côté des filles et qui, en fait,
12:13 se contentent de les "caresser", entre guillemets,
12:15 avec le dos de leur main.
12:17 Donc là, je me suis replacé pour bien voir
12:19 s'il avait pas la main baladeuse,
12:21 et en fait, rien du tout, donc voilà, on le laisse tomber.
12:23 Prendre un frotteur en flagrant délit
12:25 n'est pas simple, car il n'y a pas de profil type.
12:27 - C'est une personne, enfin, un individu,
12:29 l'on date, quoi.
12:31 Ça nous arrive de faire des mineurs
12:33 ou des personnes âgées, vraiment âgées, quoi.
12:35 - Et pourtant, ce jour-là, sur la ligne 5,
12:37 ils en repèrent un dans la rame.
12:39 - Je crois qu'on en a un.
12:41 - C'est le petit, tu vois, le jeune,
12:43 qui est collé sur la petite rameur, derrière.
12:45 Il est tout chelou, il est collé dessus,
12:47 tout à l'heure, il fait des têtes bizarres.
12:49 Il a les yeux éclatés.
12:51 Je sais pas ce qu'il a créé.
12:53 - C'est l'expérience qui parle.
12:56 - Oh, ça va compliquer.
12:58 - Ça va se serrer.
13:02 Mais les policiers vont être pris de court.
13:06 - Ah, merde.
13:08 Finalement, il descend.
13:10 Le suspect est sorti de la rame et attend sur le quai.
13:13 Facilement repérable, il porte un jogging noir
13:16 aux bandes oranges.
13:18 La brigade ne le quitte pas d'une semelle.
13:20 - Oh, mais tu vois, il se craint, il se craint.
13:24 Il se colle, il se frotte, en fait.
13:26 Il a une mi-molle dans le jogging.
13:28 Une mi-molle, c'est-à-dire une moitié d'érection,
13:33 visible à travers son pantalon de jogging.
13:36 Sa victime aussi l'avait repérée.
13:39 - Ouais, ça lui a rendu content.
13:42 - Il s'est frotté un moment, hein.
13:44 - C'est lui, c'est le petit.
13:46 - Ah, c'est lui, de votre division ?
13:48 - Ouais.
13:50 Plus de doute, la victime l'a reconnue.
13:52 Ils peuvent interpeller son agresseur.
13:55 Le jeune homme n'a rien vu venir.
13:57 C'est un adolescent d'origine étrangère
14:03 qui affirme être venu dans le métro
14:05 pour glaner quelques euros.
14:07 - Non, tu fais pas la manche ?
14:11 Tu vas sur les filles, comme ça ?
14:13 - Non, j'ai fait la manche.
14:15 - Arrête, s'il te plaît.
14:17 Je te regarde depuis tout à l'heure.
14:19 - Non.
14:20 De l'autre côté du quai,
14:22 prise en charge par le reste de l'équipe,
14:24 la victime est une jeune femme de 20 ans.
14:27 Sous le choc et en pleurs,
14:30 elle est réconfortée par une passante.
14:32 Pour la victime, il n'y a aucun doute,
14:49 elle a été agressée.
15:17 C'est la 1re fois que Léa est agressée dans le métro.
15:20 Elle a encore du mal à réaliser.
15:45 Léa fait partie des 10% des victimes
15:48 qui acceptent de déposer plainte.
15:50 La policière de la brigade est soulagée,
15:52 car autrement, l'agresseur aurait été libéré sur le champ.
15:56 La procédure contre l'agresseur présumé peut continuer.
16:13 Mais problème, le mineur prétend avoir seulement 11 ans.
16:17 Si cet âge est confirmé, il échappera à toute condamnation.
16:21 Une fois arrivé au poste de police,
16:27 le jeune homme va être entendu.
16:29 Il sera accompagné d'une interprète.
16:31 Il est roumain
16:36 et déjà connu des services de police pour d'autres faits.
16:39 - On est au courant qu'il s'appelle pas...
16:42 - ...D'accord ?
16:44 - Oui, qu'il s'appelle...
16:46 - ...et qu'il est né le...
16:48 - Je ne sais pas parce que je n'ai pas été à l'école.
16:53 - D'accord.
16:54 - Je ne connais pas...
16:58 - C'est comment il s'appelle, au moins ?
17:00 - Mes collègues m'appellent, me surnomment...
17:03 C'est comme ça que tout le monde m'appelle.
17:05 - Pendant l'audition, il vanille les faits qui lui sont reprochés.
17:09 Mais comme il a 15 ans et non pas 11, comme il le prétendait,
17:13 le jeune homme risque une sanction pénale.
17:16 - Légalement, il risque 5 ans de prison.
17:18 Il est mineur, donc c'est divisé par 2.
17:21 Et en pratique, ça va beaucoup dépendre du détail des faits
17:26 et de la décision des magistrats.
17:28 Il sera de toute façon pas jugé tout de suite.
17:30 Il y a forcément au moins une mise en examen
17:32 avec une étude approfondie de sa personnalité,
17:34 de ses circonstances familiales, etc.
17:37 Il sera entendu par la justice dans les semaines à venir.
17:41 Si les agresseurs ne sont pas pris en flagrant délit,
17:44 parfois, les policiers peuvent compter sur les victimes,
17:46 de plus en plus nombreuses, à filmer leurs agresseurs
17:49 et à poster les vidéos sur Internet.
17:52 Celle qui a fait le plus réagir, c'est celle de cet homme
17:56 qui se touche devant une jeune fille de 20 ans.
17:58 - Tu comptes ? - Merci.
18:01 En plus des gestes obscènes, il est insistant.
18:06 - Tu veux boire quelque chose ? - Non, merci, c'est bon.
18:08 - Tu veux boire ? - Je veux pas boire.
18:10 - Tu veux une boisson ? - Non, c'est bon, merci.
18:12 Je veux pas.
18:13 Grâce à cette vidéo, l'homme a été arrêté
18:17 et condamné à 8 mois de prison avec sursis
18:20 pour outrage sexiste et exhibition sexuelle.
18:23 Mais cette méthode a ses limites.
18:25 Car filmer une personne sans son consentement,
18:28 puis diffuser les images est un délit puni d'un an d'emprisonnement
18:32 et de 45 000 euros d'amende.
18:35 Alors, pour obtenir justice, la meilleure solution,
18:38 porter plainte auprès de la brigade des réseaux ferrés,
18:41 qui a fait de la lutte contre les agressions sexuelles
18:44 une de ses priorités.
18:46 Dans le nord de Paris, les locaux du GICS,
18:54 le groupe d'intervention à caractère sexuel
18:56 dans les transports en commun.
18:58 Créé en 2015, il est composé de 5 hommes et 3 femmes.
19:02 C'est ici que sont traitées toutes les plaintes
19:05 déposées en Ile-de-France.
19:07 - Les pochettes roses, ce sont tous les dossiers
19:11 qui sont en cours, sur le bureau d'un collègue.
19:14 C'est tous les agressions sexuelles,
19:17 les exhibitions sexuelles et viols pour lesquels on est saisi.
19:21 Actuellement, on en a 277 en cours.
19:24 - A chaque fois qu'une nouvelle plainte arrive,
19:28 leur priorité, mettre un visage sur la tête de l'agresseur.
19:31 Et pour cela, ils peuvent compter sur les milliers
19:34 de caméras de vidéosurveillance installées un peu partout
19:37 dans la capitale et dans les villes alentours.
19:40 - Les postes qu'on a ici, c'est toutes les caméras
19:43 de la ville de Paris.
19:45 Ici, derrière, on a 2 autres postes.
19:47 Ca, c'est vraiment la spécificité du service.
19:49 On a les logiciels de relecture de toutes les caméras SNCF
19:52 pour ces 2 postes ici.
19:54 Et après, on a ces 2 postes qui sont dits OGE,
19:57 c'est des logiciels de relecture qui appartiennent à la RATP.
20:01 - Quand ils retrouvent les agresseurs sur la vidéo,
20:04 ils font systématiquement une capture d'écran de l'individu.
20:07 Ensuite, pour garder bien en tête son visage,
20:10 ils l'affichent dans leur bureau.
20:12 - Sur tout ce mur ici, c'est les dossiers les plus récents.
20:16 On s'attarde à mettre en évidence, voilà,
20:19 les effets vestimentaires, la tenue,
20:21 le morphotype de la personne.
20:23 Vous voyez, pour nous, quand on va rechercher quelqu'un,
20:26 faire apparaître une calvitie, une forme d'oreille,
20:29 un nez de profil, voilà, ça, pour nous, c'est important.
20:32 - Des centaines de visages affichés, à vous en donner le tournis.
20:36 Et sur cette porte, des agresseurs
20:39 qui sévissent sur une ligne bien connue de tous les policiers.
20:42 - Elle répertorie tous les individus que nous recherchons sur la ligne 13,
20:47 qui est certainement une des lignes les plus criminogènes
20:50 en termes d'agression sexuelle ou d'affaires sexuelles
20:53 sur le métro parisien.
20:55 - A chaque mur, sa petite spécialité.
20:59 - C'était des gens qui étaient recherchés par nos services
21:03 sur les années précédentes.
21:06 On les a pas retrouvés.
21:08 Et comme on ne veut pas les oublier,
21:10 on les bascule de l'autre côté du mur.
21:12 - On a... Je sais pas, on a des gens assez âgés.
21:16 On a des très jeunes, des personnes SDF,
21:19 des migrants, des collégiens, des retraités, des fonctionnaires.
21:23 En tout cas, ils ont tous le même point commun,
21:26 c'est qu'ils vivent dans une misère sexuelle qui...
21:29 Quoique même pas forcément tous.
21:32 - C'est rare, mais certains agresseurs n'ont pas le physique de l'emploi.
21:36 Jérôme garde un souvenir précis d'un homme à la vie pourtant bien rangé.
21:40 - Pareil, à mémoire d'un jeune cadre dynamique qui avait 25 ans,
21:45 qui allait travailler tous les jours à la Défense,
21:47 je parle de ça parce que... - Informaticien.
21:49 - Informaticien, beau garçon, des filles, voilà.
21:53 Il vivait très bien sa vie, il y a un appartement dans la marée.
21:56 Tous les jours, il prenait les transports, il se frottait,
21:59 il s'éjaculait sur son pantalon, il prévoyait toujours un petit change,
22:02 il arrivait au boulot, il prenait sa douche, il changeait.
22:04 Et ça, il nous le disait, il nous le dit en audition.
22:06 On est quand même hyper curieux.
22:08 Très bonne situation, bel appartement, des connaissances.
22:11 Tu préfères pas avoir un rapport consenti avec une de tes amies ?
22:14 Non. Moi, ce que je veux, je préfère,
22:17 je préfère largement me frotter dans le métro ligne 1.
22:20 Depuis la création du GICS il y a 5 ans,
22:23 les dépôts de plaintes n'ont cessé d'augmenter,
22:26 avec un pic fin 2017.
22:28 - On a connu une recrudescence de plaintes
22:31 par rapport au mouvement "Ni tout" et "Balance ton porc".
22:34 Non pas qu'on a constaté qu'il y avait plus d'agressions sexuelles,
22:38 c'est surtout qu'il y avait plus de plaintes, en fait.
22:41 Parce que la parole des victimes s'est libérée par rapport à ça.
22:45 Et les victimes se rendent compte de plus en plus
22:49 que c'est pas normal de se faire frotter dans le métro,
22:53 que on peut déposer plainte pour ces faits.
22:56 Et que la police fait quand même son travail
23:00 pour identifier et présenter à la justice les agresseurs sexuels.
23:04 - Et cette recrudescence, ils la doivent à une femme,
23:07 celle qui, grâce à un tweet, a permis aux Françaises de s'exprimer.
23:17 De l'autre côté de l'Atlantique,
23:19 New York, l'eldorado des Français en quête de liberté.
23:23 Ville de la démesure, du rêve américain.
23:26 C'est ce qui a poussé cette journaliste
23:29 à venir s'installer dans la grande pomme.
23:32 Sa vie aux USA, elle la savoure au quotidien.
23:35 - Je suis comme ça tout le temps.
23:37 Souvent, je me mets en dehors, comme ça, de chez moi.
23:40 Je m'assoie et je regarde dehors comme une vieille lady,
23:44 ce qui se passe, et j'adore ça, je trouve ça génial.
23:47 Ici, elle retrouve une tranquillité qu'elle n'a plus en France.
23:51 Car Sandra Muller est la femme qui a lancé la version française de "Me too".
23:55 Le scandale balance ton port.
23:58 - Je suis complètement incognito ici, on me reconnaît absolument pas.
24:02 Et je me sens protégée, je me sens bien, je me sens tranquille.
24:08 Depuis 2 ans, elle est prise dans un tourbillon médiatique.
24:12 Depuis que le 13 octobre 2017, elle tweet ce message.
24:16 Ces propos auraient été tenus par Eric Brion,
24:26 l'ex-patron de la chaîne Equidia.
24:28 Nous l'avons par ailleurs contacté.
24:30 Il n'a pas donné suite à notre demande.
24:33 - Je pensais pas que le tweet serait repris comme ça.
24:36 C'était une vraie surprise, hein. J'étais la 1re surprise.
24:39 Je me suis dit qu'il y avait 2, 3 personnes qui allaient me dire
24:42 "moi aussi, moi aussi, moi aussi",
24:44 mais je pensais pas que tout le monde allait se reconnaître.
24:46 - Le hashtag devient viral.
24:48 En l'espace de 3 jours, on recense plus de 16 000 témoignages.
24:52 Elle obtient également le soutien de politiques,
24:55 mais aussi de médias étrangers.
24:58 - J'ai été donc effectivement faite "person of the year" en Time Magazine,
25:03 aux côtés d'une trentaine d'autres personnes, femmes et hommes.
25:06 J'ai été faite aussi, après, très rapidement,
25:09 "héroïne de la France" parmi 63 personnes,
25:12 par le président Macron,
25:15 puisque Brigitte Macron a pris très vite, finalement, ma défense.
25:20 Et puis on a eu un jour...
25:23 Le Parisien aussi, qui m'avait mis dans l'élite parisienne
25:26 les plus influente.
25:28 - Mais ce qu'elle n'avait pas prévu,
25:30 ce sont les conséquences de son tweet.
25:32 - Là, en écrivant le tweet,
25:34 je crois que je vais pas penser à grand-chose.
25:36 Surtout pas aux conséquences.
25:38 Ce que je regrette, c'est de ne pas avoir eu
25:40 un dictionnaire juridique à côté de moi,
25:42 parce que je pensais être dans mon bon droit, en fait.
25:44 - Eric Brion, celui qu'elle accuse,
25:46 décide de porter plainte contre elle en diffamation.
25:49 Il conteste les accusations de harcèlement sexuel.
25:53 - J'ai essayé de la séduire.
25:56 Oui, mes mots ont été très déplacés.
25:59 Je le sais, je l'admets.
26:02 Et quand je suis rentré chez moi, après avoir dormi,
26:05 je lui ai envoyé un message pour m'excuser.
26:08 Mais je ne l'ai jamais harcelé.
26:11 - Le 25 septembre dernier,
26:14 le tribunal de grande instance de Paris
26:16 condamne Sandra Muller en diffamation.
26:18 Elle doit verser 15 000 euros à Eric Brion
26:21 pour préjudice moral.
26:23 - On a considéré que "harcèlement",
26:25 c'était pas le mot que j'aurais dû employer.
26:27 J'aurais dû employer "outrage sexiste"
26:29 ou "comportement sexiste".
26:31 - Si au début du mouvement, elle est encensée,
26:34 avec cette condamnation,
26:36 elle se fait lyncher sur les réseaux sociaux.
26:39 - Franchement, j'ai trop envie de t'insulter,
26:41 mais tu mérites pas, menteuse.
26:43 J'espère que la justice te punira, vieille pute.
26:45 "Mytho, vous êtes une honte."
26:47 "Mytho." Ca, j'aime bien. "Mytho, menteuse." J'adore.
26:50 "Sandra Muller condamnée pour se balance ton porc."
26:52 "Une catastrophe, une insulte à toutes les femmes."
26:54 "C'est pas vrai, il a jamais dit ça, t'es imbaisable."
26:57 Ca, je l'ai eu plusieurs fois.
26:59 "Trop moche."
27:01 En fait, je suis devenue, ce que j'expliquais,
27:03 je suis devenue la bitch et la witch.
27:06 Je suis devenue la méchante et la sorcière.
27:11 Faut pas se laisser intimider.
27:13 Et c'est dur. Franchement, c'est dur.
27:15 Faut rester forte. C'est dur.
27:18 - Son engagement, Sandra Muller le paie cher.
27:21 Cette mère de famille a sacrifié 2 ans de sa vie
27:24 dans ce combat, qu'elle vient de perdre.
27:27 - Est-ce que je regrette au niveau de ma vie privée ?
27:30 Oui, parce que j'ai perdu des plumes dans l'affaire.
27:35 J'ai perdu du temps.
27:38 J'ai perdu de l'investissement sur mon travail.
27:41 J'ai perdu des rapports avec mes enfants.
27:45 J'ai perdu de la santé aussi.
27:47 Je suis quand même pas très en forme, mais je l'assume.
27:52 Oui, au niveau de ma vie personnelle, oui, je le regrette.
27:55 - Pourtant, pas question de baisser les bras.
27:58 Elle a fait appel de sa condamnation en diffamation.
28:01 Elle est bien décidée à continuer à se battre pour toutes les victimes.
28:06 Le plus souvent, ce sont des femmes.
28:10 Elles sont même en surreprésentation,
28:12 puisqu'elles constituent à elles seules 93% des personnes agressées.
28:17 Si déjà, pour elles, porter plainte est une étape douloureuse,
28:21 pour les hommes, c'est encore plus délicat.
28:24 Quelque part en France, nous avons rendez-vous avec Rémi, 38 ans.
28:30 Il y a un an encore, il était infirmier dans un hôpital
28:34 où, selon lui, il aurait été agressé et harcelé sexuellement par un médecin.
28:39 S'il a eu le courage de parler,
28:41 c'est notamment grâce au soutien de la journaliste Sandra Muller.
28:45 - Sandra Muller, en fait, ça a été la 1re reconnaissance
28:48 de ce qui m'était arrivé et de la gravité de ce qui m'était arrivé.
28:51 Quand vous avez une personne comme ça qui vous répond,
28:54 déjà, vous êtes moins seul et en même temps, vous vous sentez compris.
28:59 Et alors ça, déjà, ça change,
29:01 parce que pendant quelques mois avant, tu ne l'es pas trop.
29:03 Tout le monde dit "je comprends", mais c'est très facile à dire ça.
29:06 "Je comprends", mais par contre, à vraiment comprendre,
29:08 je pense que c'est beaucoup plus dur.
29:10 Et Sandra, en fait, elle m'a un peu poussé.
29:12 Elle m'a dit "il faut que tu en parles,
29:15 il faut que tu lèves l'anonymat, etc."
29:18 C'est une personne qui m'a poussé à ça, en fait.
29:20 - Parler, mais surtout porter plainte contre son agresseur.
29:24 Pour cela, il a fait appel à une avocate
29:26 spécialisée dans le droit du travail, Maître Fèvre.
29:30 - Bonjour, Maître. - Bonjour, Monsieur.
29:33 - Vous allez bien ? - Entrez, je vous en prie, oui.
29:35 - Allez-y. - Merci.
29:36 - Je vous laisse entrer.
29:37 - Son objectif, être reconnu comme victime aux yeux de la loi.
29:41 - Depuis la dernière fois qu'on s'est vus,
29:44 vous êtes toujours en arrêt de travail ?
29:45 - Oui, toujours, jusqu'au 7 novembre.
29:47 Les arrêts maladie s'enchaînent depuis son agression,
29:51 le 1er septembre 2018.
29:53 Ce jour-là, Rémy et ses collègues perdent un patient.
29:57 Ils sont tous sous le choc.
29:59 C'est à ce moment que, selon lui,
30:01 le chef d'équipe aurait franchi la ligne rouge.
30:04 - Je ressens une main qui me plote très fort,
30:09 qui m'agrippe, en fait, le cul, quoi.
30:12 Je vous le dis comme ça parce que, pour moi, c'est vraiment...
30:15 Je sens que ça peut pas être fait autrement.
30:17 J'entends agregnement, alors, du style "Hum",
30:22 comme si vous aviez...
30:23 - Un grand manque de plaisir ?
30:24 - Ouais, ouais, ouais, c'est exactement ça.
30:26 Quand je me retourne, je vois ce médecin remplaçant
30:28 avec qui je bosse pour la 1re fois,
30:30 et je vois ses yeux,
30:32 et je vois qu'il l'a fait de manière délibérée
30:34 et qu'il est sous l'état de la pulsion, quoi, en fait.
30:37 - Désolé. - Ouais, ouais, ouais.
30:39 Et là, j'ai été extrêmement grossier
30:41 parce que je lui ai dit qu'il fallait qu'il recule.
30:44 L'infirmier met tout de suite le "hola"
30:46 et fait comprendre au médecin que rien n'est envisageable entre eux.
30:50 - Et moi, mon réflexe, en fait, c'est d'expliquer que, bah, déjà...
30:53 Alors, c'est bête, hein, mais...
30:54 Que je suis marié, que j'ai 2 enfants,
30:56 et je fais exprès de dire que j'ai une femme, que j'ai des enfants,
30:59 que... Parce que je me dis au moins... C'est clair.
31:02 Rémy pense avoir été compris,
31:04 mais l'homme ne se serait pas arrêté là.
31:07 - Je compte regagner les urgences,
31:08 mais là, je me fais bloquer,
31:10 et il parle au médecin,
31:12 qui m'empêche de passer et qui me dit...
31:15 "Moi, j'adorerais aller prendre des bains en Allemagne à poil avec toi."
31:19 Et là, je me sens... C'est pas comme une blague.
31:22 Donc, ce que je fais, bah, c'est que je réagis même pas,
31:25 je pars aux urgences,
31:27 et là, je préviens toutes mes collègues dans son dos.
31:29 Je fais exprès, je leur dis, voilà, "Soyez attentive."
31:31 Alors que Rémy souhaite alerter ses collègues
31:34 du comportement déplacé du médecin,
31:36 il va être confronté à des réactions inattendues.
31:39 - Je ne peux pas en vouloir à mes collègues,
31:41 parce que le premier réflexe, c'est que les gens rigolent.
31:45 Parce que je fais 2 m de haut, parce que je suis un mec, parce que...
31:48 - Parce que vous avez pas le profil de la victime habituelle.
31:50 - Non.
31:51 - Difficilement pris au sérieux,
31:53 une infirmière va pourtant être témoin
31:55 d'une nouvelle scène d'agression sexuelle.
31:57 - Une quinzaine de jours...
31:59 Et là, il rentre, il parle, il dit quelque chose,
32:02 et je reste bloqué dans les yeux de ma collègue secrétaire.
32:05 Et il me met la main de manière sensuelle,
32:07 et là, je supporte pas, donc je...
32:10 Je le subis, donc je sais que sa main découle comme ça,
32:13 et il passe devant moi, et...
32:16 Il s'en va, et en même temps,
32:18 je vois les yeux de ma collègue qui s'écarquille, qui...
32:21 - Qui réalise ce que vous avez dit et texte.
32:23 - Ouais, en fait, c'est ça, ouais.
32:25 Elle, elle dit, voilà, si t'as besoin d'un témoignage, je suis là.
32:28 - Les actes se seraient répétés tout au long de la journée,
32:32 jusqu'au geste de trop qui va faire craquer Rémy.
32:35 - ...une forte application des gaffes...
32:37 - J'entends une porte qui s'ouvre.
32:39 Euh... Là, par contre, je sens que c'est lui.
32:42 Je... Je sens quelque chose de pas normal.
32:45 Et j'ai une main d'un coup, là,
32:47 qui vient dans le... Du haut de la fesse, de la hanche,
32:50 et qui vient me caresser jusqu'au pect...
32:53 Enfin, presque jusqu'au sternum.
32:55 Et là, je crie, je lui demande de dégager,
32:59 et du coup, je fuis.
33:01 Donc j'ai tout de suite décidé d'en parler au cadre d'Astrein,
33:04 qui est venu me voir, qui a eu la gentillesse
33:06 de me prendre une bonne demi-heure pour que j'explique tout.
33:09 - Pour son avocate, dans cette affaire, aucun doute,
33:14 il y a bien harcèlement sexuel.
33:16 - Le harcèlement sexuel, on l'est défini, évidemment, par le code pénal,
33:21 il se traduit par des... Une notion de répétition.
33:24 C'est le fait d'imposer de manière répétée
33:27 des agissements, des propos qui vont être de nature dégradante
33:31 ou qui vont avoir pour visée de porter atteinte à l'autre.
33:35 Et dans la situation de Rémy, on est précisément
33:38 dans une situation de... D'atteinte à la dignité,
33:41 puisqu'on est vraiment en phase d'humiliation,
33:44 de situation de surprise, et on porte offense à l'autre
33:47 qui n'est pas en capacité, un, de penser être l'objet
33:50 de telles attaques, et deux, de se défendre.
33:52 - Dans sa quête de justice, c'est rare,
33:55 mais Rémy a été soutenu par l'hôpital, son employeur.
33:58 - Le point très positif dans votre situation,
34:01 c'est ce qu'on a déjà dit, c'est que votre déclaration
34:04 d'accident de travail, d'accident de service a été reconnue
34:07 par l'établissement, donc ça veut dire quand même,
34:10 c'est un bon indicateur que votre parole, elle a été attendue.
34:13 - Parfait, merci. - Ne l'est pas seule.
34:15 - Le plus difficile pour Rémy, maintenant,
34:18 c'est d'attendre la date de son procès,
34:21 qui n'est toujours pas fixée, car l'enquête
34:24 contre son agresseur est toujours en cours.
34:27 - Je sais que c'est un peu difficile, quand même,
34:30 mais le palais de justice, ça va être un autre combat.
34:33 Mais tu sais que ton combat, il est pas fait pour rien,
34:36 et que même s'il y a pas beaucoup d'hommes qui le font,
34:39 et que les personnes qui subissent ce genre de choses,
34:42 que ce soit des femmes ou des hommes, c'est difficile,
34:45 tu te dis, bah, peut-être t'ouvres la voie, quoi.
34:48 Et puis voilà, c'est ton combat, bah, écoute, bah, fonce,
34:51 et puis essaye de faire de ton mieux.
34:54 - Rémy a un Facebook dédié aux victimes de harcèlement sexuel
34:57 dans le milieu hospitalier, où chacun, homme ou femme,
35:00 peut venir se confier.
35:02 - J'y vais à peu près tous les 2 jours.
35:05 J'essaye d'y aller assez souvent, quand même,
35:08 parce que ça me fait quand même pas mal de bien,
35:11 et puis ça me donne un sens, en fait, pour avancer.
35:14 Ca fait un an que je suis plus infirmier, pour moi, dans ma tête.
35:17 Et là, en fait, je me retrouve dans ma profession.
35:20 C'est-à-dire qu'à la base, on l'a fait pour aider les autres.
35:23 Voire pire que moi, en fait, je me retrouve dans ce rôle
35:26 de soignant, d'empathie, et ça me fait un bien fou, quoi.
35:29 Je sais que je pourrais aider et que je pourrais en faire quelque chose.
35:32 On verra. Souhaite-moi un bon destin.
35:35 - Au travail, dans les transports en commun et surtout dans la rue.
35:42 Selon un sondage IFOP, 86 % des Françaises
35:46 auraient été victimes d'au moins une agression sexuelle
35:49 en se baladant.
35:51 Pour mesurer l'ampleur du phénomène,
35:53 l'association Ni putes, Ni soumises
35:55 a fait une expérience en octobre dernier.
35:58 Elle a grimé Antoine, un Parisien de 23 ans.
36:02 Pendant une journée entière, il s'est mis dans la peau d'une femme.
36:06 Équipé de caméras cachées et de micros,
36:10 il a arpenté les rues de Paris, et le moins que l'on puisse dire,
36:13 c'est qu'il révèle une triste réalité
36:16 sur la façon dont certains hommes traitent encore les femmes.
36:19 - Ça va ? - OK.
36:22 - Je vais vous demander...
36:24 - Ça va bien ? - Je vais bien.
36:26 - Vas-y, harcèle-lui !
36:28 - Là, c'est ange, là. Tu sais rien de ton porno.
36:31 - Ah, je suis mort de rire.
36:33 - Bah, dis-moi quelque chose, tu me donnes ton numéro.
36:36 - Des comportements déplacés, aux agressions les plus violentes,
36:40 certaines femmes les subissent au quotidien.
36:43 C'était notamment le cas dans le nord de Paris, en 2017.
36:48 Un quartier populaire devenu un terrain miné pour la jante féminine.
36:52 À tel point que Marlène Schiappa,
36:54 la toute nouvelle secrétaire d'Etat chargée de l'égalité
36:57 entre les hommes et les femmes, décide de s'y rendre un soir.
37:00 - J'ai voulu aller constater par moi-même ce qui se passait,
37:04 puisque tout le monde parlait de la Chapelle Pajol comme si c'était le bout du monde.
37:07 C'est à 5 stations de métro de là où j'étais.
37:10 Donc j'ai voulu m'y rendre par moi-même,
37:12 et j'ai pu voir qu'effectivement, il y a des phénomènes de harcèlement de rue réels,
37:15 puisqu'il y a des attroupements et des groupements d'hommes jeunes,
37:18 pour la plupart, dans la rue,
37:20 et qui font effectivement des remarques, des commentaires, etc.
37:23 Après, on m'a beaucoup dit "Vous étiez en jupe, vous étiez les cheveux détachés, ça".
37:27 En fait, je ne me suis pas mise en jupe, j'étais habillée comme ça tout au long de la journée,
37:31 et je suis simplement allée avec la tenue que je portais pour ma journée de travail dans ce quartier.
37:36 Et l'idée, c'était aussi de montrer qu'il n'y a aucun endroit dans lequel on ne puisse pas se rendre
37:42 quand on est une femme, y compris la nuit.
37:45 Consciente que les femmes ont besoin d'être protégées,
37:48 en mai 2018, elle fait voter une loi.
37:51 L'outrage sexiste.
37:52 Le scrutin est ouvert.
37:54 Une nouvelle infraction qui punit le fait d'imposer à une personne
37:57 tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste.
38:00 Le texte est adopté à l'unanimité.
38:03 Selon la ministre, les résultats sont encourageants.
38:06 Près d'un an après, on a vu qu'au contraire, à plus de 1000 reprises, c'est énorme.
38:11 C'est-à-dire que 1000 fois, il y a un policier qui s'est dit
38:14 "Tiens, cette situation m'a l'air de ressembler à du harcèlement de rue.
38:17 Je vais y aller, sortir mon matériel, intervenir et verbaliser la personne
38:21 qui est en train de proférer un outrage sexiste vis-à-vis d'une femme."
38:25 Mais pour les femmes, cette loi n'est pas suffisante.
38:28 Il faut aller encore plus loin.
38:30 Alors cette fois, elle compte le crier haut et fort.
38:33 Le kakémonon, on va l'accrocher là, contre les grilles.
38:39 - Et chaque phrase, tu reçois. - Ouais, ouais, comme ça.
38:43 L'objectif de ce groupe de militants, sensibiliser les passants sur le harcèlement sexuel.
38:49 Je vais tracer au sol une zone sans harcèlement.
38:53 C'est une zone dans laquelle on va proposer aux gens
38:55 de réfléchir à ce que c'est le harcèlement de rue.
38:57 Chaque personne va inscrire au sol une phrase choc
39:00 qu'elle a déjà entendue en se promenant dans la rue.
39:04 Moi, je prends "Eh, t'es bonne !"
39:06 et je vais l'écrire sous forme de bulles
39:09 pour montrer aux gens que cette phrase, c'est du harcèlement
39:14 et qu'on dit pas ça avec une fille dans la rue.
39:17 Il faut dire que certains harceleurs ne manquent pas d'imagination
39:23 quand il s'agit d'aborder une femme.
39:25 Un, deux, trois, prends ma main et viens avec moi
39:29 parce que tu es charmante, j'aimerais vraiment que tu sois bien.
39:32 Elle était bonne, elle a de belles jambes.
39:35 Elle s'ouvre à quelle heure ?
39:37 Ouais, super.
39:38 Point d'interrogation.
39:40 Phrase entendue plusieurs fois dans la rue, dans le métro.
39:44 Fait partie des grandes situations.
39:46 La sensibilisation commence dès le plus jeune âge.
39:51 Qu'est-ce que tu fais ?
39:52 Pour cette mère de famille, la lutte contre le harcèlement sexuel
40:01 doit débuter le plus tôt possible.
40:03 Former les futures générations
40:27 pour ne pas qu'elles subissent les mêmes agressions que leurs aînés.
40:31 On va voir comment on peut faire évoluer les mentalités petit à petit
40:34 pour que peut-être que dans 30 ans ou dans 50 ans,
40:37 les femmes pourront se balader librement,
40:41 sans avoir peur de recevoir des insultes
40:44 ou des propos à caractère sexuel.
40:46 Si aujourd'hui, il n'y avait pas foule pour défendre la cause des femmes,
40:50 ces militantes ne baissent pas les bras.
40:53 Avec d'autres associations féministes,
40:56 elles vont rallier leur voix pour organiser un événement national.
40:59 Dans les rues de Paris, le 23 novembre dernier,
41:08 c'est une déferlante violette.
41:10 Plus de 45 000 personnes défilent
41:13 pour dénoncer les violences faites aux femmes.
41:15 C'est fini, les femmes ne se laisseront plus faire.
41:27 On va devoir la pécher, on va devoir la pécher.
41:30 Vous nous cassez le clito !
41:32 Une manifestation mêlant hommes, femmes et enfants.
41:36 Un événement qui n'a pas lieu qu'à Paris.
41:39 Les femmes sont dans la rue !
41:44 Les femmes sont dans la rue !
41:47 Mais aussi dans de nombreuses villes de province.
41:50 Au total, c'est plus de 150 000 personnes qui ont battu le pavé.
41:55 C'est historique, de quoi faire pression sur le gouvernement.
41:58 Sur les questions des violences sexuelles,
42:05 il se savait attendu.
42:07 Deux jours plus tard, c'est la fin du Grenelle
42:09 contre les violences conjugales lancé en septembre dernier.
42:12 Nous pouvons faire changer les comportements.
42:14 30 nouvelles mesures sont annoncées.
42:17 Parmi elles, l'éducation à la non-violence
42:20 entre garçons et filles dès le plus jeune âge.
42:23 On met en oeuvre les séances d'éducation à la vie affective et sexuelle
42:26 avec le ministre de l'Éducation nationale
42:28 pour faire en sorte que dès le plus jeune âge,
42:30 chacun soit éduqué à respecter autrui,
42:32 à la notion de consentement,
42:34 pour faire la différence entre la séduction et le harcèlement.
42:36 Je suis très frappée de voir qu'on dit souvent aux petites filles
42:39 quand un garçon te tire les cheveux à l'école ou t'embête,
42:41 c'est parce qu'en fait il est amoureux de toi secrètement.
42:44 Non, en fait, s'il t'embête, c'est juste qu'il est mal élevé
42:46 et qu'il n'a pas à t'embêter.
42:48 Il faut lui dire "tu arrêtes de m'embêter maintenant".
42:50 Il ne faut pas lui dire "j'ai compris, en fait, tu m'aimes en secret
42:52 et c'est pour ça que tu me tires les cheveux".
42:54 Je trouve que ça, c'est vraiment la base du malentendu
42:56 entre les femmes et les hommes qui fait que plus un homme,
42:58 ensuite, traite mal une femme,
43:00 plus elle a le sentiment qu'il est attaché à elle.
43:02 Non, quelqu'un qui est attaché à vous, en général, il vous traite bien.
43:04 Quelqu'un qui vous tire les cheveux, c'est pas très bon signe.
43:06 Éduquer, mais aussi protéger les femmes victimes d'agressions.
43:11 On a ouvert 10 centres expérimentaux de soins psychotraumas
43:15 parce qu'on se rend compte maintenant que les violences sexistes et sexuelles,
43:18 ça peut créer des traumatismes.
43:20 Ça peut être celle qui évite certains endroits,
43:22 qui évite certains vêtements,
43:24 qui du coup se sentent mal à l'aise dans le contact vis-à-vis des autres.
43:26 La liste des traumas causés par les violences sexuelles,
43:29 même du "simple" harcèlement de rue,
43:32 elle est très grande parce que parfois on dit
43:34 "oui, mais il ne fait que lui parler, etc."
43:36 En fait, le fait d'être intimidé, de se sentir en insécurité,
43:39 ça peut avoir comme conséquence, par exemple,
43:41 de laisser certaines personnes en hyper-vigilance permanente.
43:44 C'est quelque chose qui est épuisant physiquement et psychologiquement.
43:47 Des traumatismes bien réels.
43:50 Dans l'Est de la France, Delphine, 40 ans,
43:53 tente de se reconstruire suite au harcèlement sexuel subi il y a 8 ans.
43:58 Elle se rend 2 soirs par semaine dans cette salle de sport.
44:03 Là, je prépare ma tenue de guerrière.
44:08 Du coup, ça me permet vraiment de me vider la tête,
44:11 d'évacuer toutes les tensions que je peux avoir, le stress.
44:16 Ici, Delphine ne vient pas pour un cours de gym.
44:19 C'est le moment que je préfère. - Pourquoi ?
44:22 Parce qu'on va taper, ça me fait trop du bien.
44:25 Pendant plus d'une heure,
44:28 Laurent leur apprend des techniques de défense radicales.
44:31 Assaisir la tête.
44:33 1, 2, 3, 4, on pique le pic !
44:44 Ça me fait trop du bien.
44:46 C'est ce qu'il faut, parce que dans la rue, c'est toujours fort.
44:49 Faut y aller.
44:51 S'entraîner avec des hommes est la volonté de Delphine.
44:55 Elle veut être prête pour affronter ce qui peut lui arriver
44:59 en dehors de ses murs.
45:01 Le fait de combattre avec un homme,
45:04 ça permet de taper dedans.
45:06 Si on est confronté à la réalité,
45:09 on ne sera pas surpris par la carure d'un homme
45:12 ou de quoi qu'il peut faire.
45:15 Si aujourd'hui, elle renvoie l'image d'une femme forte...
45:18 C'est libérateur.
45:20 C'est vraiment super du bien, quoi.
45:22 - Merci ! - Merci.
45:24 A l'intérieur, Delphine est brisée.
45:27 Victime de harcèlement sexuel au travail,
45:30 elle tente de se reconstruire, tant bien que mal.
45:34 - Salut ! - Salut, Delph.
45:36 - Ça me fait plaisir de te voir. - Ouais, j'ai froid.
45:39 - Salut. - Avec Inès,
45:41 une spécialiste de la sophrologie,
45:44 Delphine apprend des méthodes de respiration
45:47 et d'imagerie mentale.
45:49 - J'ai vraiment besoin, toi, de me sentir protégée, en fait.
45:53 - OK.
45:55 Tu contractes les bras jusqu'au bout des doigts et tu ponds.
45:59 Allez, encore les épaules, les épaules, ouais.
46:02 Quand t'as envie, tu largues.
46:04 Oui, super.
46:06 Pendant 1 heure, et ce régulièrement depuis 7 ans,
46:10 les 2 femmes enchaînent les exercices.
46:13 - Pfff...
46:15 - Ça chante, vous, là.
46:18 - Une aide devenue indispensable pour reprendre le cours de sa vie.
46:23 Car il y a 8 ans, le supérieur hiérarchique de Delphine
46:27 a profité de sa position pour la harceler sexuellement.
46:31 - C'était toujours des propos, oui, à caractère sexuel,
46:35 et ce regard, ce regard porté sur le corps,
46:39 porté sur ma poitrine, porté...
46:43 Je partais, par exemple, j'étais devant,
46:46 lui était derrière moi, je sentais bien, il me dévisageait.
46:50 J'étais assez à côté de lui dans la voiture.
46:53 Voilà, c'était... C'était ça.
46:55 Mais c'était très malsain.
46:57 C'était une main posée là, c'était...
47:01 Je me sentais nue, en fait, quand il me regardait.
47:06 Des paroles et des actes aux lourdes conséquences.
47:09 En arrêt maladie pendant 5 ans,
47:12 Delphine, fonctionnaire dans les forces de l'ordre,
47:15 sombre et devient méconnaissable.
47:18 - Donc là, du coup, tu vois, c'était...
47:20 Avant, en fait, j'étais blonde.
47:22 J'étais vraiment quelqu'un, tu vois, qui était pleine de vie,
47:25 qui était... Qui aimait voir du monde,
47:28 être entourée de mes amis, de...
47:31 Et j'avais cette féminité-là...
47:34 Que, bah, j'ai perdue, quoi.
47:37 Et puis, ben, voilà, ça, c'est quand c'est arrivé.
47:40 J'ai essayé de surmonter ça, en fait,
47:43 par le fait de me couper les cheveux tout courts,
47:46 de mettre teinte en brune.
47:48 Pour moi, ça avait un côté à me dire,
47:51 eh ben, c'est sûr, j'attirerais plus l'œil d'un homme.
47:55 Enfin, voilà, j'ai les cheveux tout courts,
47:58 je ressemble plus à un garçon.
48:00 Et je voulais vraiment, en fait, cacher ma féminité.
48:03 Et puis, pour moi, elle était plus là, donc...
48:06 Donc, voilà.
48:07 - 8 ans après les faits,
48:09 ces images sont toujours aussi difficiles à regarder.
48:13 - Celle-ci, elle est...
48:16 Elle était heureuse, elle était bien,
48:20 elle était...
48:22 Elle était pleine de vie.
48:25 Et... Et celle-ci, ben, c'est...
48:29 Ouais, c'est la mort, quoi.
48:31 C'est la souffrance, c'est la...
48:34 - Il aura fallu plus de 5 ans
48:43 pour que Delphine soit reconnue victime d'harcèlement sexuel
48:46 par le tribunal administratif.
48:48 Un combat long et douloureux, mais qui porte ses fruits aujourd'hui.
48:52 - Je me dis, voilà, tout ce que je fais, c'est pas pour rien.
48:55 Et j'ai une première reconnaissance, même si elle est administrative,
48:59 c'est une première reconnaissance.
49:01 On m'a entendue, quoi.
49:03 On serre tellement les dents, il y a tellement de papier à faire.
49:07 Et quand on a cette décision-là et qu'elle est rendue,
49:11 ça a été...
49:13 Pour moi, c'est une bouffée d'oxygène.
49:17 - Ne te replie pas.
49:19 - Le combat ne s'arrête pas là pour Delphine.
49:22 Elle souhaite avancer et retrouver la femme qu'elle était avant cette agression.
49:26 Prochaine étape pour elle, retrouver sa féminité.
49:30 Et c'est accompagnée de Marie, rencontrée au self-defense,
49:37 que Delphine se lance le défi de reporter une robe
49:40 pour la 1re fois depuis son agression.
49:43 - Du coup, je sais pas du tout ce que je vais essayer.
49:46 - Moi, je sais pas du tout. - C'est vrai ?
49:48 - Bonjour. - Bonjour.
49:50 - Alors, je viens vous voir parce que je souhaiterais me rhabiller, en fait.
49:55 Et j'aimerais voir ce que vous avez en boutique.
49:58 Au milieu de tous ces vêtements, Delphine ne sait plus trop où donner de la tête.
50:04 - Elle a l'air sympa.
50:06 - Du coup, au lieu de la longueur, on est juste... - Ouais.
50:09 - A décoller ? - Je sais pas.
50:12 - C'est l'étape d'après ? - Ouais, bah ouais, je me lance.
50:16 Motivée à l'idée de changer,
50:18 elle se laisse porter et accepte les différentes tenues, sans grand succès.
50:24 - Vous vous sentez comment, dedans ? - Déguisée.
50:27 Je trouve qu'on voit mon ventre, et j'ai l'impression que ça me tâche,
50:30 en fait, de par la longueur.
50:32 - Ça fait trop sévère. - Ça fait working girl.
50:37 - Ça, non.
50:39 - Je n'y arrive pas du tout.
50:43 Après plus d'une heure d'essayage, Delphine va-t-elle trouver chaussures à son pied ?
50:48 - J'aime beaucoup celle-ci. - Elle te tente bien.
50:51 - Tu te trouves jolie, dedans ? - Ouais.
50:54 Je me trouve... Ça me fait drôle, mais en même temps, ça me fait plaisir de...
50:58 - Comme ça, quoi. - C'est beau. J'aime vraiment bien.
51:02 Lancée, Delphine prend goût à l'exercice,
51:05 jusqu'à la tenue coup de coeur, qui va tout changer.
51:08 - Alors, vous vous trouvez comment, dedans ? - Très belle.
51:11 - Ah oui ? - Je suis trop bien.
51:14 - Ça fait bizarre, ça fait du bien.
51:16 Pour la 1re fois depuis 8 ans, Delphine se trouve attirante.
51:21 - Elle est trop...
51:23 - Telle que je me vois là, pour moi, je suis plus la victime, quoi.
51:27 Je suis autre chose, je suis moi.
51:30 - Ça te donne envie de changer. - Ça me donne envie de changer.
51:33 - T'es habituée ? - Ouais.
51:35 Une 1re étape de franchie qui redonne espoir à Delphine.
51:42 Comme elle, chaque année,
51:44 des milliers de femmes à travers la France tentent de se reconstruire.
51:48 En 2018, chaque jour,
51:50 ce sont plus de 11 plaintes déposées pour violences sexuelles,
51:54 soit plus de 30 % que l'année précédente.
51:57 La parole se libère grâce au mouvement #MeToo et #BalanceTonPort,
52:01 mais le combat est loin d'être terminé.
52:05 Sous-titrage MFP.
52:09 Générique
52:12 ...