Zoom - Gaël Brustier : Fin du monde : quelle réponse politique ?

  • il y a 6 mois
Il fallait le politologue Gaël Brustier pour dépeindre la réalité de notre monde déboussolé, pour établir le véritable bilan des confinements pandémiques, des périls écologiques, des trucages politiques, des oppressions économiques, des violences gratuites, des attentats terroristes, des conflits mortifères, des abîmes du vide spirituel, des enfers des paradis artificiels. L'auteur démasque un à un les faux prophètes de malheur pour nous montrer combien la seule urgence qui sauve est de renouer avec la sagesse des Anciens. Prenant à juste hauteur l’histoire, l'ouvrage de Gaël Brustier, "Les analphabètes au pouvoir", nous donne enfin de l’air.
Transcript
00:00 [Générique]
00:06 Bonjour à tous, bienvenue dans notre Zoom aujourd'hui en compagnie de Gaël Brustier.
00:10 Bonjour monsieur.
00:11 Bonjour.
00:12 Gaël Brustier, vous êtes politologue et vous publiez cet ouvrage "Les analphabètes au pouvoir"
00:18 aux éditions du CERF à retrouver sur la boutique de TV Liberté.
00:23 Comme d'habitude alors, Gaël Brustier avec le terrorisme, la crise Covid, la guerre en Ukraine,
00:30 la reprise du conflit israélo-palestinien.
00:33 Vous commencez votre ouvrage en vous demandant si nous vivons à la fin du monde.
00:38 Jamais ce thème n'a occupé autant de temps dans nos vies.
00:42 Dites-vous, comment vous expliquez ce sentiment d'apocalypse ?
00:47 La puissance du politique d'abord fait que le sens de l'histoire, le sens de la politique
00:58 disparaît chaque jour au profit d'imprécations de type apocalyptique
01:07 qui consistent à dire que la fin du monde vient.
01:10 Et ce qu'il y a de très curieux d'ailleurs aujourd'hui en France,
01:13 c'est que les journaux télévisés passent leur temps à expliquer que nous vivons à la fin du monde,
01:18 que le climat va...
01:19 - A la fin d'un monde peut-être ?
01:21 - Alors voilà, ça c'est les Dominicains de la Sainte-Baume qui allaient dire
01:24 "fin du monde" ou "fin d'un monde" l'été dernier, ce qui est une vraie question.
01:28 Ce qu'on voit tous les jours aux journaux télévisés, de manière très prosaïque,
01:32 c'est la juxtaposition d'annonces totalement catastrophistes sur,
01:39 dans dix ans ce sera le Sahara au milieu de la Creuse, on va tous mourir, etc.
01:47 avec une succession d'énonciations de dangers, par exemple,
01:55 les sucettes choupa-choupes sont dangereuses, etc.
01:59 Tous les produits de consommation deviennent dangereux.
02:02 Et des choses tout à fait futiles, c'est-à-dire qu'on n'a jamais vu autant de reportages,
02:08 par exemple sur les chefs étoilés, avec la crêpe suzette, comme je l'ai dit dans le bouquin,
02:12 réinventés, revisités.
02:16 Donc on a un pays qui est totalement perdu d'un point de vue de l'histoire,
02:22 qui ne sait pas se projeter dans l'avenir, et qui en plus,
02:25 par l'effondrement de son système éducatif et de son système culturel,
02:29 ne sait plus quel est son passé.
02:31 Et donc, sans passé, on n'a pas d'avenir, disait Trotsky d'ailleurs,
02:36 mais l'avenir se résume tout simplement à dire, dans 150 ans,
02:43 les glaciers auront fondu, la rochelle sera sous les eaux, etc.
02:47 Donc le catastrophisme est de mise, mais la politique,
02:51 c'est-à-dire l'art de rendre possible ce qui est souhaitable pour un peuple,
02:56 d'anticiper à long terme, mais long terme à échelle d'hommes,
03:00 comme disait... à long terme on est tous morts,
03:04 mais le long terme à échelle d'un homme, c'est 30 ans en vérité.
03:08 On est incapable d'avoir un homme politique qui propose,
03:12 qui avance un projet, une analyse, une critique de la France telle qu'elle est,
03:17 pour la projeter dans 30 ans.
03:19 – Alors vous proposez le modèle d'un homme,
03:22 on en parlera d'ailleurs à la fin de cet entretien,
03:24 et vous dites que des fragilités et des vulnérabilités
03:27 ont été mises au deuxième, voire au troisième plan du débat médiatique,
03:33 médiatique c'est quoi ces crises qui sont pour vous occultées par cette fin du monde ?
03:38 – Oh il y en a beaucoup !
03:41 On voit nos pays, je discutais avec une amie qui est médecin à Philadelphie,
03:45 et une autre qui est à Québec, et on discutait, tous les trois hier,
03:51 sur le système de santé.
03:53 Nous avons des systèmes de santé dans le monde occidental,
03:55 et dramatiquement en France, parce que c'était un exemple,
03:59 et que nous étions en avance sur beaucoup de pays,
04:02 qui est en train de s'effondrer.
04:03 Donc ça c'est une question, le pouvoir politique n'y répond que de manière comptable,
04:11 par des mesures administratives, alors que c'est d'abord un combat culturel.
04:20 Qu'est-ce que c'est qu'un médecin ? Est-ce que les médecins ont la vocation ?
04:24 Et tout le système de sélection, aujourd'hui, se fait contre la vocation médicale,
04:31 et passe beaucoup de temps à sélectionner des gens très pointus sur les mathématiques,
04:37 mais absolument pas pointus sur l'empathie et la considération sur l'humain.
04:42 Donc ça c'est un des aspects.
04:43 L'autre aspect que je cite dans le livre, parce qu'il me semble très important,
04:47 et je pense que dans le quartier ici, comme absolument dans tous les quartiers de Paris,
04:50 mais aussi à Lyon, mais partout en fait, même dans les territoires ruraux, la Haute-Marne, etc.
04:54 c'est le problème des stupéfiants.
04:57 C'est-à-dire que nous avons un problème, qui est que nous vivons le match retour,
05:01 aujourd'hui, des guerres de l'opium.
05:04 Vous savez, les Chinois, ils n'ont pas oublié ce qu'on leur a fait.
05:08 Et aujourd'hui, on voit très bien aux États-Unis,
05:12 chaque année, c'est deux guerres du Vietnam, sur la tranche 16-45 ans, qui décèdent d'overdose.
05:19 – Alors vous dénoncez la crise des opioïdes qui s'est suivie aux États-Unis.
05:24 – Oui, le fontanil de rue, mais on peut, si vous voulez,
05:28 vous avez 2000 molécules inventées par an.
05:31 Sur ces 2000 molécules, il y en a une qui sera reine, et qui fera des dégâts.
05:35 C'est une sélection quasiment naturelle, en fait, entre les molécules.
05:42 Il y en a une qui va matcher, et puis vous allez avoir des dégâts.
05:46 En France, vous avez une consommation de stupéfiants qui défie l'entendement.
05:53 – C'est la baisse des prix de la cocaïne.
05:56 – La baisse des prix est assez modérée, d'ailleurs.
06:01 – La cocaïne, c'est du double au simple.
06:05 – Pas totalement, si j'en crois Alain Bauer, non, pas totalement.
06:09 – Il y a le substitutif à l'héroïne qui se donne.
06:13 – L'héroïne ne se substitue pas vraiment à la cocaïne.
06:17 L'héroïne justement se substitue à l'héroïne,
06:23 mais la cocaïne n'a pas de substitut.
06:27 Par contre, ce qu'on voit très bien, c'est l'avalanche de drogues de synthèse.
06:33 Le modèle vers lequel on va, c'est "breaking bad".
06:38 C'est des micros laboratoires qui vont inonder le marché.
06:42 En fait, nous sommes une civilisation faible.
06:45 C'est-à-dire que nous avons des gens qui ont besoin de se shooter
06:48 parce que, par déception, par angoisse…
06:52 – Et puis on organise les salles de shoot.
06:54 Les pouvoirs publics organisent…
06:55 – Les salles de shoot, c'est autre chose.
06:57 Ce qu'on appelle les salles de shoot, c'est…
06:59 – Vous pensez que les hommes politiques, ils éludent le problème de ces drogues
07:02 ou alors justement qu'ils essayent de l'accompagner, mais dans le mauvais sens ?
07:06 – Je pense que les hommes politiques n'ont pas envie d'aborder le problème.
07:09 Quand ils l'abordent, ils l'abordent mal.
07:11 Exemple, ils se bornent au cannabis.
07:14 Si vous habitez Montreuil, que vous allez à une fête,
07:17 tout le monde fume du cannabis, il faut être très honnête.
07:20 Maintenant, les salles de shoot, ce qu'on appelle les salles de shoot,
07:23 c'est essayer de récupérer des gens qui sont en dérive totale avec un point de shoot.
07:28 On appelle ça salle de shoot.
07:30 Moi, je ne l'appellerai pas salle de shoot, je l'appellerai ça point relais ou essayer de fixer.
07:34 En fait, vous avez des grands addicts, des grands malades
07:38 qui ont besoin d'avoir la parole de quelqu'un qui les aide à sortir de ce système.
07:45 Or, on n'a plus de psychiatres.
07:47 La vérité, c'est qu'on a très peu de travailleurs sociaux formés à ça,
07:50 on a très peu de psychiatres, on a très peu d'infirmiers psychiatriques.
07:54 Bref, on est en train de mentir à tout le monde.
07:58 Nous n'avons, comme pour l'Ukraine, pas les moyens aujourd'hui de mener cette guerre.
08:03 Parce que l'État, parce que les gouvernements successifs ont cassé la psychiatrie publique
08:10 et n'ont pas voulu voir les problèmes.
08:13 On avait quelques temps, il y avait ce monsieur Gérard Fauret qui disait officiellement
08:19 qu'il dilait de la drogue au président Chirac.
08:22 Il n'y a pas longtemps, il y a une députée RN qui dit
08:25 "on a l'impression que le président français consomme des substances psychotropiques,
08:30 c'est très bien qu'il arrête parce qu'il va nous emmener dans la 3ème guerre mondiale".
08:33 Ça, je ne sais pas. Fauret dit des choses qui sont amusantes,
08:39 mais quand on travaille sur le sujet...
08:41 Personne ne l'a attaqué en diffamation.
08:43 Personne ne l'a attaqué en diffamation, ça ne vaut pas la peine.
08:45 Mais il dit des choses, bon, c'est assez amusant quand on a une insomnie d'écouter Fauret.
08:51 Mais ce n'est pas sérieux.
08:53 Il y a probablement un peu de vrai, mais il y a 90% de faux.
08:58 L'automobile club où Fauret se rendait pour aller rencontrer Chirac et lui livrer...
09:04 Ça, je ne sais pas. Moi, je n'ai pas été ami de Chirac,
09:08 donc je n'ai jamais vu prendre de la cocaïne.
09:10 On va continuer.
09:11 Vous dites, on a un sentiment de perte de maîtrise de l'avenir.
09:16 Est-ce que vous pensez que les médias ont un rôle là-dedans ?
09:20 Évidemment.
09:22 Le problème du système médiatique,
09:25 je suis abonné à un grand journal du soir qui me parle de la NBA,
09:32 des transferts de médias à médias, de M. Bruce Toussaint, etc.
09:39 et qui font des papiers tout à fait light sur ce qui se passe en Allemagne,
09:43 ce qui se passe en Italie, etc.
09:45 Donc, on est propulsé dans un système où une info en chasse une autre,
09:49 une info en vaut une autre.
09:51 Donc, il n'y a plus de hiérarchie de l'information.
09:54 Vous prenez le journal de France 2 à Mizi,
09:57 que je regarde de temps en temps quand même,
10:00 le chef étoilé de Perigueux est à égalité
10:06 avec la dernière déclaration du ministre de la Défense russe,
10:10 et encore quand ils en parlent, le ministre de la Défense russe.
10:13 Donc, il y a un vrai problème de hiérarchisation des sujets
10:19 qui fait qu'on a complètement perdu ce qu'était la perspective historique,
10:26 c'est-à-dire d'où on vient et où on va.
10:29 Et ça ne sert à rien de prospecter sur ce qui va se passer dans 150 ans,
10:35 si les glaciers du Mont Blanc auront fondu ou quoi.
10:39 Ce qui compte, c'est dans 30 ans, et de donner les moyens à ceux
10:42 qui seront là dans 30 ans de poursuivre l'aventure qu'est la nation française.
10:46 Le reste, c'est des spéculations qui seront…
10:53 C'est de la science-fiction, en fait.
10:55 Nous vivons dans une atmosphère de science-fiction médiatique
10:59 combinée, je vous dis, à des recettes de cuisine, etc.
11:05 Le système médiatique est quand même assez fourni en stupidité à diffuser.
11:15 Alors, vous dénoncez aussi l'impact durable que la crise du Covid a eu sur notre société.
11:22 Quels sont les stigmates que cela a laissés ?
11:25 Il y en a beaucoup.
11:27 D'abord, je crois que fondamentalement, ce qui a été quasiment un crime,
11:32 c'est les restrictions sur les obsèques.
11:35 Que nos anciens meurent d'une maladie, ce n'est pas la première fois dans l'histoire.
11:42 Toute famille y est préparée.
11:45 Qu'on restreigne à ce point les obsèques était quelque chose d'épouvantable
11:55 et qui a été épouvantablement vécu par une grande partie des familles.
12:02 Heureusement que beaucoup de prêtres, d'ailleurs, ont un peu enfreint les choses
12:06 de manière à ce que les proches et les moins proches puissent assister à ces obsèques.
12:11 La seconde chose, c'est le césarisme sanitaire.
12:14 C'est-à-dire que cette espèce de feuille qu'on remplissait quand on allait promener son chien,
12:20 en plus des dénonciations de voisins,
12:22 parce qu'il faut quand même savoir que beaucoup de Français ont quand même dénoncé leurs voisins
12:26 qui allaient trop souvent promener son chien au commissariat en demandant rétribution.
12:33 Il faut quand même le savoir, les commissaires de police peuvent en porter...
12:39 Donc ça c'est quand même très très douloureux.
12:42 Il y a une chose qui est très claire, c'est que nous sommes une société qui n'accepte pas la mort
12:49 et que le fait que cette société n'accepte pas la mort a conduit les gouvernements
12:55 d'un certain nombre de pays occidentaux à congeler leur pays par peur d'avoir un mort supplémentaire.
13:02 Mais il est probable que si on avait eu un discours acceptant la mort,
13:08 c'était très douloureux pour beaucoup de familles, pas dû à sa forme d'amis du Covid,
13:15 mais si le deuil institutionnel par les églises, le synagogue, avait été autorisé,
13:26 il est probable que ça serait passé de manière plus douce.
13:31 Et vous dites aussi, dans un domaine plus politique, qu'on ne peut résumer un régime
13:37 à son aspect constitutionnel ni au fonctionnement de ses institutions.
13:42 Alors qu'est-ce que vous pensez de la République à la sauce Macron ?
13:46 Emmanuel Macron a été investi par tous les groupes participant au régime depuis les années 70.
13:58 Vous trouvez des barristes, des rocardiens, des chiraciens, des sarcosistes, vous trouvez absolument tout.
14:06 C'est le bazar de l'hôtel de ville, version politique.
14:10 Mais il était là pour relancer le régime.
14:16 Ma thèse c'est qu'il en est le syndic de faillite.
14:20 Et que donc il gère, et on le voit très bien sur l'agriculture,
14:24 on ne peut pas non plus accuser Macron d'être responsable de la situation du monde agricole.
14:29 Le vrai grand responsable dans la 5ème République de la situation du monde agricole s'appelle Jacques Chirac.
14:35 Il ne répondra plus de ses actes.
14:38 Mais Macron est un syndic de faillite.
14:41 Cette fuite en avant, cette possibilité qu'il envoie des hommes en Ukraine, c'est...
14:49 Ce n'est pas le syndic de faillite, c'est la psychologie.
14:51 Après moi, il est juge.
14:53 Alors ça, je dois dire que cette information m'a sidéré.
14:57 Et je n'arrive pas à l'analyser encore.
15:01 J'ai l'impression qu'il est à la fois syndic de faillite...
15:03 On dirait un psychiatre là, mais...
15:05 Il y a un double problème en fait, entre Emmanuel Macron et le peuple français.
15:11 C'est qu'il a un problème psychologique avec le peuple français,
15:15 qu'on connaît, qu'on voit et qu'on constate.
15:17 Et le peuple français a un autre problème psychologique,
15:20 qui consiste à refuser et réfuter systématiquement,
15:24 "inodium auctoris", comme dirait l'Église,
15:27 en horreur de l'auteur, toutes les propositions de Macron.
15:30 Maintenant, Emmanuel Macron, c'est quelqu'un qui est en train d'expliquer...
15:34 On ne sait pas par quelle bizarrerie intellectuelle, géopolitique, psychologique ou quoi...
15:42 D'expliquer qu'on va envoyer des troupes dans les plaines d'Ukraine,
15:46 où se sont perdus quand même un certain nombre d'armées avant nous.
15:50 Avec des contingents français qui sont quand même assez réduits,
15:53 puisqu'on a réduit l'armée française à très peu de choses.
15:56 Donc il y a un vrai questionnement sur sa ligne politique,
16:01 et surtout sur sa ligne politique étrangère,
16:03 qui est tout à fait erratique,
16:05 et qui est dangereuse tellement...
16:11 Elle est imprédictible, on ne peut pas dire demain qu'elle sera la déclaration d'Emmanuel Macron.
16:20 C'est ça qui est le danger, en fait.
16:22 Pas simplement électoral, mais aussi d'un point de vue diplomatique.
16:28 – Ce vide existentiel et spirituel de nos dirigeants, comment vous l'expliquez ?
16:34 – Il y a la formation, en fait.
16:37 Il y a la formation universitaire, etc.
16:40 qui compte.
16:42 Ensuite, les partis politiques ont muté.
16:44 Moi, j'ai vu arriver en 2012, un certain nombre de jeunes conseillers
16:50 dans les cabinets du quinquennat Hollande,
16:53 dont je n'avais pas remarqué qu'ils aient beaucoup de livres chez eux,
16:59 ni qu'ils aient fait beaucoup de textes,
17:02 ni qu'ils aient beaucoup réfléchi à l'idéologie,
17:05 aux rapports de force mondiaux, à la vision du monde, etc.
17:09 Donc, on a une espèce de décrépitude, un déclin, en fait,
17:15 de l'intelligence en politique qui n'est pas du fait de Macron,
17:18 mais qui est bien antérieure.
17:20 Les gens de droite me disent "sous Sarkozy, c'était pareil".
17:23 Je ne sais pas, je n'ai pas beaucoup fréquenté les cabinets Sarkozy,
17:26 mais je pense qu'effectivement, il y a quelque chose comme ça.
17:29 – Et vous dites que malgré les attaques dont elle est victime,
17:33 l'Église a une histoire, une mémoire et une perspective à proposer.
17:38 C'est quoi la perspective de l'Église aujourd'hui ?
17:40 – La doctrine sociale de l'Église, c'est la dernière internationale.
17:44 Donc, si vous lisez les évangiles,
17:47 si vous voyez la répartition des catholiques dans le monde,
17:51 il y a plus de 16 millions de plus de croyants par rapport à il y a 3 ans.
17:56 Donc, c'est la dernière internationale en dynamique.
17:59 Elle n'est peut-être pas en dynamique en France,
18:01 mais quand on est catholique, on ne se préoccupe pas que de la France,
18:04 on s'en occupe beaucoup, mais il n'y a pas que ça.
18:07 Et que donc, c'est une institution qui, sur le plan mondial,
18:12 a beaucoup de choses à dire.
18:14 Tout le monde, beaucoup de catholiques français disent du mal du pape François.
18:21 D'abord, de quel droit ? Parce qu'en fait, quand on est catholique,
18:24 moi, j'ai jamais dit du mal de Jean-Paul II ni de Benoît XVI.
18:28 Je suis assez étonné que d'autres s'autorisent à dire du mal du pape François.
18:33 Le pape est un pape et on le respecte.
18:35 Mais il a fait le...
18:37 – Il peut le critiquer.
18:39 Quand il dit que le vaccin est un acte d'amour,
18:43 quand il dit qu'il faut accueillir toute la misère du monde,
18:46 il a de la place quand même dans le Vatican.
18:48 Le pape François, il peut accueillir du monde, il peut commencer par lui-même.
18:51 – Sur l'immigration, je crois qu'il a raison.
18:55 Et en même temps, c'est le pape, il est à la tête de l'Église catholique.
19:01 Quelqu'un qui est à la tête d'un pouvoir temporel.
19:04 – J'ai l'impression qu'il est à la tête d'un pouvoir temporel.
19:07 Il se prend un peu pour un homme politique.
19:09 Il cherche le salut des âmes à dire qu'il faut accueillir...
19:11 – C'est un Argentin. – Oui, c'est un homme de gauche.
19:14 – Les Argentins, il y a plein de mecs de droite.
19:16 Même les mecs de gauche sont à droite en Argentine.
19:19 Mais non, il a raison sur un point bien traité de l'immigrant.
19:26 Moi, j'ai toujours, ce que j'essaye d'expliquer à mes amis catholiques,
19:30 la ligne qu'on devrait avoir, c'est ces gens, vous les récupérez d'un bateau,
19:35 ils ont traversé les océans, ils deviennent cinglés dans la rue
19:38 quand ils sont ici, vous les collez dans un abri, vous traitez le sujet,
19:43 vous leur prenez un billet d'avion s'ils ne doivent pas rester,
19:45 puis voilà, mais il faut traiter les gens humainement.
19:48 Renvoyer les gens dans leur pays n'exclut pas que pendant le temps
19:52 que vous vous instruisez leur dossier, vous les traitez mal.
19:56 – Non, mais il n'est pas question de traiter qui que ce soit mal.
19:59 – Non, mais…
20:00 – Mais avant tout, je pense que c'est les Français qu'on traite mal, vous voyez.
20:03 – Non, mais…
20:04 – La charité bien ordonnée commence par soi-même.
20:06 – La position de la gauche est très simple, c'est de dire "laissez-les rentrer".
20:09 Moi, je vais dans le 19ème arrondissement.
20:12 Dans le 19ème arrondissement, vous avez quantité de gens
20:16 qui sont sûrement des braves gens à l'origine dans leur pays,
20:19 six mois plus tôt, qui ont traversé des océans, qui ont fait exploiter…
20:21 – Mais qui finissent par se défoncer au krach.
20:23 – Oui, parce qu'en fait, les sectes sénégalaises qui sont à la tête
20:29 des cuisines de krach, les nourrissent au krach.
20:32 Mais dans le 19ème arrondissement, qui sont les députés ?
20:36 Ce sont des députés et les filles.
20:38 Pourquoi Mme Obono, pourquoi M. Coquerel, pourquoi M. Amis des animaux,
20:43 l'ancien journaliste, ne parle jamais de ces sujets-là ?
20:49 D'abord, ce sont des gens qui s'autodétruisent,
20:52 et moi je défie quelqu'un de les croiser dans la rue à 23h
20:56 quand ils se sont défoncés au krach.
20:58 – L'écologie, elle est d'abord humaine ?
21:01 – C'est d'abord l'homme au centre de la nature.
21:04 Moi, je fais référence à un français…
21:08 – Il y en a qui rêvent d'une nature sans homme,
21:10 parce que l'homme serait le responsable de tous les morts.
21:13 – Oui, il y a une thèse selon laquelle il faudrait que la moitié…
21:18 – De l'humanité disparaisse.
21:19 – Un ami artiste d'extrême-gauche qui m'a expliqué
21:21 qu'il faut que la moitié de l'humanité disparaisse…
21:24 – Au moins, il y en a d'autres et plus.
21:26 – Je lui ai dit "tu t'es pris une cuite avec Himmler".
21:28 Non, il n'était pas content.
21:30 Mais il y a l'homme au centre de la nature, c'est l'admiration de la nature.
21:36 Vous avez des gens qui vous parlent de la nature sans vivre dans la nature.
21:42 – Oui, les écologistes en général, ils ne vivent pas près d'une ferme,
21:47 ils vivent à Paris et ils n'ont jamais mis une paire de bottes.
21:50 – Oui, moi de temps en temps j'ai un chevreuil dans mon jardin,
21:53 des hérissons, je vis au milieu des petites bêtes, dans les bois.
22:00 Mais ces gens-là ne vivent pas dans la nature,
22:03 ils ne savent pas ce que c'est que la nature.
22:05 Un jour, je suis tombé sur une énarque qui était amie de M. Ganser,
22:09 qui s'occupait de biodiversité.
22:11 Je lui ai dit "mais vous avez déjà nourri un hérisson, elle m'a rayonné".
22:14 J'ai dit "non, ça commence par là".
22:16 – Il ne faut pas connaître la nature pour avoir l'idée d'installer des éoliennes dans les champs.
22:21 Pour avoir l'idée de foutre ces semelles en béton armé
22:24 qui mesurent 15 mètres de diamètre.
22:26 – Je pense qu'il faut discerner, il y a des endroits où il y a des personnes.
22:30 – Non mais ça ne sert à rien les éoliennes.
22:32 On a le nucléaire, mais ça ne sert à quoi de bousiller ?
22:36 – Moi je suis un peu… – C'est complètement idéologique, c'est du délire.
22:39 – Oui, je ne suis ni fan des éoliennes,
22:41 qui ont été fabriquées au Creusot, ni aussi…
22:46 – Elles sont plutôt souvent construites en Chine, les éoliennes.
22:49 – Il y avait une très bonne usine au Creusot, mais je crois qu'il a fermé.
22:53 Mais oui, il faut discerner.
22:57 Vous avez des espaces en France où il n'y a pas de paysage.
23:02 Moi je traverse la Lyon, je ne veux pas faire de mal aux gens de Lyon,
23:09 où il y a plein d'éoliennes, il n'y a personne, ça ne gâche pas le paysage.
23:13 – Oui, mais c'est toujours chez les autres, les éoliennes, ou comme les prisons.
23:16 – Non, mais si vous en mettez à côté de chez Donceau, évidemment, c'est quand même craignos.
23:20 – J'aimerais qu'on termine notre entretien, Gaël Brusty,
23:23 avec le modèle de cet homme que vous érigez,
23:27 c'est François Leclerc du Tremblay, il était appelé le père Joseph,
23:32 c'était le premier conseiller du cardinal de Richelieu.
23:36 Quel enseignement est-ce qu'on peut tirer de cet homme ?
23:40 – C'est l'anticarrière.
23:43 Du Tremblay à l'éhasse du père Joseph, c'est un capucin.
23:46 Les capucins sont des gens, sont des religieux,
23:51 dont le charisme, comme on dit dans l'Église, c'est le service.
23:56 Et le père Joseph, c'était le service.
23:58 C'était le service de la France auprès du cardinal de Richelieu,
24:02 c'était la vie auprès des pauvres, puisqu'il marchait pieds nus,
24:05 et il dormait sur une paillasse.
24:08 Mais il allait négocier avec les princes Reynants,
24:11 c'était un homme d'abord extrêmement politique, pétriculture,
24:18 après il y a une histoire, la légende noire du père Joseph,
24:22 à laquelle il ne faut pas croire,
24:24 et il faut se pencher davantage sur son rôle d'éminence grise,
24:30 sa passion pour la France, son mysticisme,
24:33 puisque c'est un grand mystique,
24:35 on pourrait être bien heureux d'ailleurs,
24:37 Marco Daviano, qui était une espèce d'alter ego,
24:41 à deux décennies d'écart en Autriche, est bien heureux,
24:45 et il a soulevé les Viennois contre l'avancée des Turcs,
24:50 il y a d'ailleurs sa statue dans la crypte des Capucins,
24:54 et d'ailleurs Hubert Védrine m'a confié que François Mitterrand
24:57 l'avait entraîné un jour dans la crypte des Capucins à Vienne,
25:01 et qu'il connaissait tous les tombeaux.
25:04 Je crois que c'est vraiment ce type de figure
25:07 qui fait croire qu'au plus profond de notre histoire,
25:11 il y a eu des gens qui ont fait une œuvre d'abnégation
25:17 pour la nation et la foi,
25:20 et l'art de discerner les enjeux.
25:25 – Oui, oui, les Capucins aujourd'hui sont des gens qui sont très discrets,
25:29 mais comme ils sont sur cinq continents, ils sont dix mille dans le monde,
25:33 vous en apprenez autant, beaucoup plus,
25:36 en discutant avec quelques-uns d'entre eux
25:38 sur ce qui se passe dans le sud de l'Inde,
25:40 qu'en lisant tous les exemplaires du monde diplomatique ou du monde.
25:44 Donc ce sont des gens très intéressants,
25:47 dont la discrétion et l'abnégation sont les marques de fabrique,
25:52 des gens formidables, que je conseille à chacun d'aller rencontrer.
25:56 – Les Analphabètes au pouvoir aux éditions du Serre sur la boutique de TVL.
26:00 Merci à vous, Monsieur. – Merci.
26:02 [Générique]

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