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Jean-Marc Morandini et ses chroniqueurs décryptent l'actualité des médias dans #MorandiniLive

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00:00:00 -Mardi 12 mars 2024, Morandini Live numéro 1396.
00:00:07 Bonjour et bienvenue en direct.
00:00:09 A la une, la colère de Jean-Luc Rechman à propos du meurtre de Bastien,
00:00:13 ce jeune homme qui avait participé à son émission sur TF1.
00:00:16 Un meurtre dont on vous parlait hier justement dans Morandini Live,
00:00:20 puisque ses agresseurs, 5 ans après, ne sont toujours pas jugés
00:00:23 et ont même été remis en liberté.
00:00:25 C'est un scandale, acclamait Jean-Luc Rechman sur les réseaux sociaux,
00:00:29 avec une capture photo de notre émission.
00:00:31 Il est rare que l'animateur de TF1 évoque l'actualité,
00:00:34 mais il est bouleversé.
00:00:36 Qui pense à sa maman ? Qui pense à sa famille ?
00:00:39 La maman de Bastien sera en direct avec nous dans un instant.
00:00:43 Quant à Jean-Luc Rechman, il nous a envoyé un extrait de l'émission
00:00:45 qu'il avait faite avec Bastien,
00:00:47 et on comprend pourquoi ce garçon l'avait autant touché.
00:00:51 -Il paraît que vous slamez ? -Oui, oui.
00:00:53 -Mais quel type de slame ?
00:00:55 -Eh bien écoutez, des slames sur tout.
00:00:57 J'écris beaucoup sur plein de choses.
00:00:59 Le slame, c'est une sorte de poésie urbaine
00:01:00 qui a été créée dans les années 80.
00:01:02 Je m'y suis mis dedans il y a 6 ans, et maintenant j'écris,
00:01:04 je fais des scènes, je participe à des concours, tout ça.
00:01:07 -Mais ça me ferait plaisir de vous écouter.
00:01:10 -Avec grand plaisir.
00:01:11 -Vous avez quel âge ? -23 ans.
00:01:13 -Eh bien la scène des 12 coups de midi vous est ouverte.
00:01:15 -Merci, c'est gentil.
00:01:16 -Bastien, est-ce que vous voulez ?
00:01:18 -De partir. -OK, très bien.
00:01:19 -C'était en juin 2018, et Bastien a fait un slame très émouvant
00:01:22 sur son papa.
00:01:23 On l'écoutera tout à l'heure avec sa maman,
00:01:25 qui sera en direct avec nous.
00:01:26 En Dordogne, 58 tombes ont été tagguées par des slogans
00:01:29 demandant de se soumettre à Allah.
00:01:31 Le monument aux morts a également été souillé,
00:01:34 et sur place, c'est le choc.
00:01:36 -58 tombes de ce cimetière de Dordogne,
00:01:39 profanées par des tags islamistes.
00:01:41 Des inscriptions appelant à se soumettre à Allah
00:01:44 ou encore le mot "gouhir" inscrit sur cette tombe,
00:01:47 qui désigne une personne blanche, occidentale et non musulmane.
00:01:51 Dans ce village de 240 habitants, c'est le choc.
00:01:54 -Et on y reviendra dans un instant.
00:01:56 "Des scènes de guerre", c'est l'expression employée avec raison
00:01:58 par les habitants d'une cité de Rennes.
00:02:00 Après ce qui s'est passé ce week-end,
00:02:02 une heure quasiment de fusillades non-stop dans les rues,
00:02:05 alors que la police était incapable d'intervenir
00:02:07 faute de moyens suffisants,
00:02:08 c'est une situation totalement surréaliste.
00:02:11 Avec des habitants excédés, plusieurs d'entre eux
00:02:13 craquent totalement.
00:02:15 Ils n'en peuvent plus de cette violence au quotidien.
00:02:18 -Parce que j'ai eu du mal à parler.
00:02:22 D'entendre tous ces coups, tous ces...
00:02:25 On n'est pas habitués à ça, quoi.
00:02:26 J'en ai marre, quoi.
00:02:28 J'en ai marre d'avoir peur.
00:02:29 -Ça a tiré, ça a tiré pendant au moins 30 minutes.
00:02:32 Ça a tiré comme si c'était une guerre, en fait.
00:02:35 -Il y avait vraiment des garçons avec des armes.
00:02:39 Oui.
00:02:39 Ils disaient "fermez vos volets, fermez vos volets".
00:02:41 Je sais pas comment on appelle ça, c'était...
00:02:44 C'était un peu des armes lents.
00:02:47 -Autre dossier, la mort de Thomas Acrépole,
00:02:49 avec la police qui poursuit son enquête
00:02:51 pour tenter de trouver ceux qui ont attaqué
00:02:53 et tué le jeune homme ce soir-là,
00:02:55 mais aussi ceux qui ont participé à cette terrible soirée.
00:02:57 Hier, 11 personnes ont été interpellées,
00:03:00 toutes dans le quartier de La Monnaie à Romand-sur-Isère.
00:03:03 TF1 hier soir.
00:03:05 -Plusieurs opérations simultanées
00:03:07 dans le quartier de La Monnaie à Romand-sur-Isère.
00:03:11 Bilan, 10 majeurs et un mineur interpellés.
00:03:14 Tous sont Français, connus des services de police
00:03:17 pour des petits délits.
00:03:19 Lors des perquisitions, les forces de l'ordre
00:03:21 ont découvert des vêtements qu'auraient porté les suspects
00:03:24 lors du bal de Crépole.
00:03:26 -Samedi, à Paris, à l'initiative du collectif des jeunes
00:03:28 du parc de Belleville, formé par des mineurs non accompagnés
00:03:31 et sans papiers, une centaine d'entre eux ont occupé le 104.
00:03:35 C'est un lieu culturel, propriété de la ville de Paris.
00:03:38 Ils campaient jusque-là sur les quais de Seine
00:03:40 et après deux nuits d'occupation hier,
00:03:43 130 de ces mineurs présents sur les lions
00:03:45 ont été transférés dans des gymnases
00:03:47 car les centres d'hébergement de la ville de Paris sont saturés.
00:03:50 Il y a aujourd'hui des centaines de mineurs isolés dans ces centres,
00:03:53 plus de 600 et il n'y a plus assez de place.
00:03:56 Alors que faire de ces mineurs ? Nous allons en reparler.
00:03:59 Depuis 48 heures, l'affaire du pont de Ligonnès
00:04:01 se refait la lune de l'actualité avec sa sœur
00:04:03 qui affirme dans un livre, vous le savez,
00:04:04 qu'il serait toujours vivant
00:04:05 et même sa famille serait toujours vivante.
00:04:07 Selon elle, les corps retrouvés dans la maison
00:04:09 seraient en fait d'autres personnes.
00:04:12 Et Xavier pourrait avoir été un agent des services secrets,
00:04:15 une hypothèse à laquelle ne croit pas du tout
00:04:17 un de ses meilleurs amis qui était invité hier soir dans TPMP.
00:04:22 Le premier gros mensonge de Xavier, c'est la lettre.
00:04:24 Dans cette lettre, il dit qu'il est un espion de la DEA,
00:04:27 l'agence des destups.
00:04:29 Il faut savoir que le gouvernement français,
00:04:32 le Quai d'Orsay, la DGSE, les services de renseignement
00:04:35 ont des accords avec les Américains
00:04:36 et sont tout à fait capables de vérifier
00:04:38 surtout quand une famille est mêlée à une affaire criminelle.
00:04:42 Donc on sait très bien que Xavier n'est pas un espion,
00:04:44 ça c'est vraiment du bullshit.
00:04:45 Mais il y a une chose qui est importante dans la lettre,
00:04:47 parce qu'il donne des consignes dans cette lettre où il dit
00:04:50 "toi tu vas t'occuper de l'électroménager,
00:04:52 toi tu vas régler les factures" et tout.
00:04:54 Mais il y a une chose dont il ne parle jamais,
00:04:56 parce que c'est un homme de dossier Xavier.
00:04:58 Il y a une chose dont il ne parle pas
00:04:59 et que tout le monde a vu depuis 7 mois,
00:05:01 c'est la carabine Vindelon-Riffes.
00:05:03 Et pourquoi il n'en parle pas ?
00:05:04 C'est parce que c'est l'arme du crime.
00:05:06 Et ensuite, il fait en postscriptum de la lettre
00:05:10 "et pour les gravats qui sont cachés sous la terrasse,
00:05:12 ce n'est pas la peine de chercher,
00:05:13 ils étaient là quand on est arrivé".
00:05:15 Donc Xavier il pêche un peu par excès d'orgueil, de vanité.
00:05:20 Et puis surtout il y a quelque chose qu'on ne sait pas,
00:05:22 c'est que Xavier depuis des années,
00:05:23 comme Emmanuel Turner et comme Michel Rétif,
00:05:27 ils sont addicts à l'alcool et aux médicaments.
00:05:29 Xavier a une capacité, il tient très bien l'alcool,
00:05:33 mais ses journées c'est du pastis, c'est du whisky,
00:05:35 c'est du vin rouge, et tout ça mélangé à des médicaments,
00:05:38 des anxiolytiques, des antidépresseurs,
00:05:41 que lui fournit Emmanuel Turner.
00:05:43 Donc c'est quelqu'un qui n'a pas tout le temps sa lucidité
00:05:45 et à certains moments il dérape.
00:05:46 Et c'est là où on voit son point faible.
00:05:48 Le mystère Xavier de Ligonnès qui reste donc très présent.
00:05:52 Après les explications, la polémique sur l'euthanasie
00:05:54 ou la fin de vie, désormais plusieurs avis s'opposent
00:05:57 et plusieurs témoignages sont troublants.
00:05:59 Un exemple, en 2022, le docteur Meunier
00:06:02 apprend qu'il a la maladie de Charcot.
00:06:03 Alors le docteur Meunier, c'est le mari de Marina Carrère d'Ancaus
00:06:07 qui présente le journal de la santé sur France 5.
00:06:10 Il raconte qu'il a tout de suite pensé à l'euthanasie
00:06:12 en apprenant sa maladie.
00:06:14 Mais aujourd'hui, il a changé d'avis et il veut vivre.
00:06:17 Il était hier dans Télématin sur France 2.
00:06:20 Mon évolution sur la maladie et sur la mort a beaucoup évolué.
00:06:24 C'est-à-dire qu'à partir du moment où, au début de la maladie,
00:06:26 j'ai envie de mourir et j'ai envie d'être euthanasié,
00:06:29 c'est mon rêve.
00:06:30 Je veux dire qu'il faut être très modéré.
00:06:32 Il faut dire aujourd'hui, moi à l'instant où je vous parle,
00:06:36 c'est très émouvant.
00:06:39 Je viens d'être rempli à la sang.
00:06:40 - Ah ça y est, vous avez reçu le texto qu'on vous attendait.
00:06:44 Une petite fille, une petite fille qui vient d'être.
00:06:46 Et ça c'est un espoir pour vous ?
00:06:48 - Eh bien, on a envie de vivre dans ces cas-là.
00:06:50 Tant que je bouge mes bras, que j'ai envie d'apprendre dans mes bras,
00:06:52 le jour où je ne pourrai pas, je ne le ferai pas.
00:06:54 - Voilà, séquence troublante.
00:06:55 Il voulait être euthanasié quand il a appris qu'il avait la maladie.
00:06:58 Aujourd'hui, il veut vivre, c'est ce qu'il dit.
00:07:00 Et puis, cette autre séquence qui fait beaucoup parler,
00:07:01 alors cette fois, c'est sans les réseaux sociaux.
00:07:03 C'est Emmanuel Macron qui s'exprime pour la première fois
00:07:06 sur les rumeurs délirantes qui affirment que Brigitte Macron
00:07:09 est en réalité un homme.
00:07:10 C'est la première fois que le président se fait l'écho de ces rumeurs
00:07:14 pour exprimer sa colère.
00:07:16 - Les fausses informations et les scénarios montés
00:07:19 avec des gens qui finissent par y croire
00:07:21 et qui en fait vous bousculent, y compris dans votre intimité.
00:07:25 Parce que...
00:07:29 Oui, j'en dirai pas plus.
00:07:31 - Pensez au fait que personne ne dise que votre femme est un homme.
00:07:34 - Oui, c'est ça.
00:07:35 On a quand même des fadards.
00:07:36 - Ça vous blesse, vous, en tant qu'homme ?
00:07:38 - Bien sûr.
00:07:39 - Comment vous faites ?
00:07:40 - D'abord, je réagis et je dénonce et je ne laisse pas passer.
00:07:44 Et je m'indigne.
00:07:46 - Voilà, il y a quand même des fadards, dit le président.
00:07:47 Les top éléphantes d'audience d'hier soir
00:07:49 avec Mister Audience et la Skyville.
00:07:51 Va-t'en !
00:07:52 - En access, hier soir, Nagui est resté en tête,
00:07:56 même s'il n'oubliait pas les paroles
00:07:57 et repassait sous la barre des 3 millions.
00:07:59 Le feuilleton de TF1, "Demain nous appartiens",
00:08:01 n'est pas très loin derrière.
00:08:02 Le 19-20 de France 3 est à la 3e place.
00:08:04 Et sur M6, la meilleure boulangerie de France
00:08:06 garde son rythme de croisière à 1,5 million.
00:08:09 Battons ainsi encore, c'est à vous, sur France 5.
00:08:11 Du côté des talk-shows quotidiens, sur TMC,
00:08:17 très haut avec une audience record à 2,7 millions.
00:08:19 Yann Barthez recevait notamment Fabrice Ebboué et Raphaël Glucksmann.
00:08:23 TPMP sur C8 est également très en forme à plus de 2,1 millions.
00:08:27 Sur France 3, haut jeu citoyen et c'est à vous la suite sur France 5
00:08:30 sont au coude à coude et faibles sous les 900 000.
00:08:32 En primetime, TF1 et France 2 sont très proches.
00:08:38 Les séries "Lycée Toulouse-Lautrec" et "La Peste"
00:08:40 réalisent un score moyen à 2,6 millions.
00:08:43 Sur M6, "Cauchemar en cuisine" résiste bien à 2,2 millions.
00:08:46 Et bas le western "Pal Rider", diffusé sur France 3,
00:08:49 qui est sous la barre des 2 millions.
00:08:50 Mister Audience vous dit à demain !
00:08:52 - Allez, je vous présente mes invités qui vont m'accompagner en direct
00:08:55 jusqu'à midi. Eric Tagnard, bonjour.
00:08:56 - Bonjour Jean-Luc.
00:08:57 - Merci d'être avec nous, directeur de la rédaction du Livre Noir.
00:08:59 Pierre Gentil, bonjour.
00:09:00 - Bonjour.
00:09:00 - Avocat, merci également d'être là.
00:09:02 Jean-Marc Sylvès, journaliste économique, bonjour.
00:09:04 Et puis François Calfon, bonjour.
00:09:05 Membre du Bureau National du Parti Socialiste.
00:09:08 Pour débuter cette émission, je voulais qu'on revienne
00:09:11 sur le meurtre de Bastien.
00:09:12 C'est ce jeune homme dont on vous a parlé hier.
00:09:15 Et si on en reparle aujourd'hui, c'est en raison de la colère
00:09:17 de Jean-Luc Rechmann, l'animateur de TF1.
00:09:20 Colère en ayant appris hier, en regardant notre émission,
00:09:23 que les agresseurs de Bastien étaient toujours en liberté.
00:09:28 Et cinq ans après, il n'y a toujours pas eu de jugement.
00:09:31 On va dans un instant être en direct avec la maman de Bastien,
00:09:35 qui nous a émus hier dans un reportage.
00:09:36 Et j'ai voulu la voir en direct aujourd'hui parce que vous avez
00:09:39 compris que son témoignage fait beaucoup parler.
00:09:41 Tout d'abord, on vous rappelle les faits en quelques secondes.
00:09:43 Un sentiment d'abandon vécu par la famille de Bastien Paillet.
00:09:49 L'étudiant et chanteur de 23 ans est mort à Reims il y a cinq ans,
00:09:53 tabassé en pleine rue.
00:09:55 Malgré une instruction achevée depuis plus d'un an,
00:09:57 le procès n'a toujours pas eu lieu et aucune date n'a été annoncée.
00:10:02 Les trois suspects, eux, ont retrouvé la liberté.
00:10:05 Une attente insoutenable pour la mère de Bastien.
00:10:08 Elle confie perdre peu à peu confiance en la justice.
00:10:11 Après les faits, deux des trois suspects étaient restés
00:10:13 en détention provisoire pendant un an et cinq mois.
00:10:16 Le troisième, quelques mois de plus.
00:10:19 Alors on est en direct avec Frédérique, qui est la maman de Bastien.
00:10:22 Bonjour Madame, merci beaucoup d'être en direct avec nous.
00:10:25 C'est vrai que votre témoignage hier a énormément fait bouger
00:10:28 les choses, en tout cas dans l'opinion publique.
00:10:31 Il y a eu une vague d'émotion parce que personne ne comprend
00:10:34 ce qui se passe autour du procès qui devra avoir lieu,
00:10:37 des gens qui sont susceptibles d'avoir tué votre fils.
00:10:41 Vous avez ressenti cette vague d'émotion ?
00:10:43 Est-ce que ça vous touche ?
00:10:45 Oui, bonjour Jean-Luc.
00:10:47 Oui, ça me touche effectivement.
00:10:50 Ça me fait plaisir qu'on parle de nous, qu'on parle de Bastien,
00:10:56 qu'on lui accorde de l'importance parce que depuis cinq ans,
00:11:02 j'ai l'impression qu'il est passé aux oubliettes.
00:11:05 Vous allez comment, vous ?
00:11:08 Ça va, là c'est une période difficile.
00:11:12 Le 10 mars, c'est jamais facile, surtout que cette année
00:11:17 et l'année bisextile, on est tombé exactement sur les mêmes jours
00:11:21 qu'il y a cinq ans, le vendredi où je l'ai vu pour la dernière fois
00:11:27 debout et puis la nuit d'horreur du vendredi au samedi
00:11:32 où il a été agressé et puis la nuit du samedi au dimanche
00:11:37 où il est mort dans mes bras.
00:11:39 Donc, ce n'est pas facile.
00:11:42 Aujourd'hui, vous en voulez à qui ?
00:11:44 Vous en voulez au système judiciaire ?
00:11:48 J'en veux à personne, c'est un grand mot.
00:11:53 Je ne suis pas en colère.
00:12:00 J'aimerais que le procès ait lieu,
00:12:04 j'aimerais qu'on se fasse entendre
00:12:09 puis j'aimerais passer à autre chose, si vous voulez.
00:12:13 C'est un mot fort parce que je ne l'oublierai jamais,
00:12:18 je ne pourrai jamais passer à autre chose vraiment,
00:12:21 mais pouvoir avancer dans ma vie en ayant ce procès,
00:12:26 en étant reconnue en tant que victime
00:12:29 et pouvoir avancer dans mon travail de deuil.
00:12:32 Ce qui est terrible, c'est qu'aujourd'hui, les agresseurs,
00:12:35 qui sont agresseurs potentiels puisqu'ils n'ont pas été jugés encore,
00:12:38 mais en tout cas, ces gens qui ont été arrêtés pour le meurtre même
00:12:41 de votre fils, sont en liberté.
00:12:44 Oui, c'est ça qui est incompréhensible,
00:12:47 mais la loi est faite comme ça, la loi est faite de droit
00:12:51 pour les agresseurs, et puis mon fils, lui,
00:12:55 il n'avait pas le droit de mourir, et puis il a le droit d'être jugé surtout.
00:13:00 C'est comme ça, c'est tout, on n'y peut rien,
00:13:03 mais on peut quand même dire qu'on n'est pas d'accord avec ça
00:13:07 parce que ça fait quand même cinq ans qu'on attend le jugement
00:13:11 et puis que eux, ils ont leur petite vie tranquille certainement,
00:13:15 je ne sais pas comment est leur vie, je ne veux pas le savoir,
00:13:20 mais bon, ils sont dehors, quoi.
00:13:22 Moi, mon fils, il est enfermé au cimetière.
00:13:26 – Est-ce que vous croyez encore à la justice ?
00:13:31 – J'y crois, oui, mais j'ai de moins en moins confiance quand même.
00:13:37 Au début, on était très très confiant, on a laissé faire la justice,
00:13:41 il n'y avait rien d'autre à faire de toute façon,
00:13:44 et puis là, maintenant, la confiance quand même s'améluise, oui.
00:13:50 – Je le disais, votre témoignage et ce que vous avez dit hier
00:13:54 et cet appel que vous avez lancé pour expliquer
00:13:57 quelle était la situation a fait bouger les choses.
00:13:59 Vous avez vu le message de Jean-Luc Rechmann hier
00:14:01 qui parlait d'un scandale avec plusieurs tweets
00:14:05 qu'il a fait comme celui-là.
00:14:06 Quel scandale a-t-il dit ce qui se passe autour de vous ?
00:14:10 Ça vous touche d'avoir des messages de soutien comme celui-là ?
00:14:13 – Oui, ça me touche beaucoup d'avoir du soutien comme ça,
00:14:17 que ma voix soit entendue,
00:14:19 que Bastien ait enfin la justice qu'il mérite.
00:14:25 Oui, ça me touche énormément.
00:14:27 – Quand il était passé dans l'émission de Jean-Luc Rechmann,
00:14:30 Bastien avait fait un slam et Jean-Luc l'a reposté,
00:14:34 on va en voir un bout dans un instant,
00:14:36 c'était un slam qui parlait de son papa ?
00:14:38 – Oui, c'est ça, c'est un slam qui parlait de son papa, oui.
00:14:41 – De son histoire personnelle ?
00:14:43 – Oui, oui, c'était son histoire personnelle, oui.
00:14:46 – Et c'est vrai que tout le monde avait été bouleversé avec ce slam,
00:14:49 parce qu'il est très personnel, il est très sensible, il est très touchant.
00:14:53 Jean-Luc Rechmann l'a reposté hier,
00:14:55 je vous propose d'en regarder un extrait,
00:14:58 et c'est vrai que le regarder avec le recul et sachant tout ce qui s'est passé,
00:15:01 c'est vraiment quelque chose qui fait froid dans le dos.
00:15:05 On regarde.
00:15:06 – J'étais heureux, tu sais, moi je nageais en plein bonheur,
00:15:09 je croquais dans la vie et de rien je n'avais peur.
00:15:12 Mais un jour tout a changé, c'est à ce moment que tu as décidé de t'en aller.
00:15:16 Mon petit coeur d'enfant n'en demandait pas tant,
00:15:18 mon petit coeur fragile réclamait plus de temps.
00:15:20 C'est à ce moment précis que j'ai commencé à te détester
00:15:22 et au fait de confiance à personne est devenu ma devise préférée.
00:15:25 Quand je pense à toi, je vois l'enfer, le désespoir,
00:15:28 ce vrai calvaire et un trou noir.
00:15:30 Je me vois surtout rentrer dans l'adolescence,
00:15:31 ce monde borné et plein d'intolérance.
00:15:33 Pour mes portables et mes premières copines,
00:15:35 pour mes textos et mes situations coquines.
00:15:37 Et je le gardais pour moi, ne sachant pas à qui parler,
00:15:39 car oui j'étais sans toi, toi qui m'avais un peu laissé.
00:15:42 Un appel pour mon anniversaire, un petit texto au nouvel an,
00:15:45 devant mes potes, je faisais le fier, mes papas, je suis ton enfant.
00:15:50 Quand je pense à toi, je te vois débarquer chez moi pour mes 17 ans,
00:15:53 6 ans que je t'avais pas vu, ça faisait un petit peu longtemps.
00:15:56 Toi t'as pris quelques rides, mais t'as pas beaucoup changé,
00:15:58 tes cheveux grisonnants montrent à quel point tu m'as manqué.
00:16:00 Un mélange de colère et de rancœur laisse vite place à la nostalgie
00:16:03 qui me faisait si peur.
00:16:04 Tu m'enroules complètement de tes bras musclés
00:16:06 et je sens discrètement ton parfum épicé.
00:16:08 Et on ne partage plus quelques gorgées,
00:16:10 mais quelques grandes bouteilles de bière.
00:16:12 Avec toi, je ris, je pleure.
00:16:14 Tu m'as manqué mon père. Merci.
00:16:16 - Bravo !
00:16:17 - Bastien, 23 ans, j'ai les frissons qui sont montées,
00:16:27 mais alors là, là, là, on peut vraiment faire une ovation à Bastien.
00:16:32 Ouah !
00:16:38 Super, mais alors super émouvant.
00:16:41 - Ouais, très émouvant ce slam.
00:16:44 - Ouais, ouais.
00:16:46 C'était une partie de sa vie, le slam.
00:16:49 Il a découvert ça, il avait une quinzaine d'années
00:16:53 et il était en conflit avec son père à ce moment-là.
00:16:56 Donc ça lui avait permis, je pense, d'extérioriser pas mal de choses.
00:17:01 Et il était bon.
00:17:03 - Un vrai talent.
00:17:05 Quel gâchis, hélas. Quel gâchis.
00:17:09 - Ouais, ouais.
00:17:11 Ils l'ont tué, lui, ils ont tué évidemment son avenir
00:17:16 et puis ils ont tué aussi une famille.
00:17:19 Ils m'ont tué, moi, à moitié. Je suis à moitié mort, moi.
00:17:22 Ils ont... Je vois Marie, ils ont aussi pas mal détruit la vie de Marie.
00:17:27 C'était sa fiancée.
00:17:29 Voilà, donc c'est pour ça qu'au bout de cinq ans,
00:17:33 on estime quand même que ça fait très, très, très, très long
00:17:37 et on aimerait bien que justice lui soit rendue.
00:17:40 - Vous avez dit "je suis à moitié morte", moi aussi ?
00:17:43 - Pardon ?
00:17:45 - Vous avez dit "je suis à moitié morte", moi aussi ?
00:17:48 - Bah oui, oui. Ils m'ont tuée également.
00:17:51 J'ai perdu mon travail parce que je suis en invalidité.
00:17:55 Je n'étais plus capable d'exercer ma profession.
00:17:58 J'étais sage-femme.
00:18:00 Je suis en invalidité, je suis handicapée.
00:18:04 Ils ont pris ma santé, ils ont pris toute ma vie.
00:18:09 Mon unique enfant, c'est... Voilà.
00:18:12 Je suis à moitié morte, effectivement.
00:18:15 - Merci Frédéric, merci pour votre témoignage.
00:18:18 Très émouvant, très touchant.
00:18:20 Et on est de tout cœur avec vous.
00:18:22 On espère que tout ça va permettre peut-être à la justice
00:18:25 de comprendre qu'il faut aller vite.
00:18:27 Maintenant que si les coupables ont été identifiés,
00:18:30 si l'instruction est terminée depuis plus d'un an,
00:18:33 maintenant il faut un procès.
00:18:35 J'espère que ce "bruit" qu'on essaye de faire autour de tout ça,
00:18:38 ça va vous aider.
00:18:40 On est de tout cœur avec vous.
00:18:42 Et on pense à vous et à lui.
00:18:44 Merci beaucoup Frédéric.
00:18:46 Maître Pierre Gentilet, je me tourne vers vous.
00:18:49 Cette histoire est terrible.
00:18:51 Ça met les larmes aux yeux de voir la détresse de cette maman.
00:18:54 De voir ce crime terrible qui a été commis gratuitement.
00:18:57 C'est parce que Bastien a voulu défendre les deux filles
00:19:00 qui étaient avec lui ce soir-là,
00:19:02 qui ont été insultées par des gens qu'il croisait dans la rue.
00:19:05 L'instruction terminée, les personnes identifiées,
00:19:08 et il n'y a pas de procès. Même pas de date.
00:19:10 C'est dramatique.
00:19:12 Ce qu'il faut bien comprendre aussi,
00:19:14 c'est que cette affaire, à mon avis, n'est pas unique.
00:19:17 Elle est emblématique d'une lenteur de notre justice
00:19:20 et donc aussi d'un manque de moyens,
00:19:22 dont on n'arrête pas de parler,
00:19:24 et qu'on continue, et on va continuer à en parler,
00:19:26 sur les plateaux de télévision.
00:19:28 Malheureusement, rendez-vous compte,
00:19:30 cinq ans, les suspects ont été identifiés.
00:19:32 Et à ce stade, effectivement, on a l'impression,
00:19:35 en tout cas de ce que nous découvrons,
00:19:37 que rien n'avance.
00:19:38 Et moi, ce qui me frappe dans ce témoignage,
00:19:40 c'est que malgré la lenteur,
00:19:42 l'extraordinaire dignité,
00:19:45 je ne sais pas si elle nous entend encore,
00:19:47 de cette mère.
00:19:48 - Elle est incroyable.
00:19:49 - L'extraordinaire dignité,
00:19:50 cinq ans d'attente,
00:19:52 mais comment est-ce qu'on peut supporter ça ?
00:19:54 C'est une torture.
00:19:55 Je ne comprends pas comment est-ce qu'on ne peut pas se dire
00:19:58 que dans ce pays, il y a une urgence absolue
00:20:01 à investir dans notre justice,
00:20:03 à donner les moyens pour que rapidement
00:20:06 et implacablement, la justice passe.
00:20:08 Parce que là, voyez, cette dame,
00:20:10 elle est condamnée à une peine en attendant.
00:20:12 - Elle a dit "je suis à moitié morte".
00:20:14 Elle nous l'a dit.
00:20:15 Mais ce qu'il y a, c'est que cinq ans d'attente,
00:20:17 moi, je peux le comprendre,
00:20:18 si on n'identifie pas les suspects.
00:20:20 S'il y a une enquête, je peux le comprendre.
00:20:22 Là, non seulement la justice a eu le temps
00:20:24 de boucler l'instruction,
00:20:25 elle est bouclée depuis un an.
00:20:27 Pourquoi est-ce qu'on ne lui donne pas une...
00:20:29 - Elle est presque dans six mois, mais au moins,
00:20:31 elle a un objectif, vous vous rendez compte,
00:20:32 elle est dans le vide, cette dame.
00:20:34 - Je ne peux pas vous dire, c'est incompréhensible.
00:20:36 Moi, c'est incompréhensible.
00:20:37 - François Calfon.
00:20:38 - Écoutez, à chaque fois, on voit des pans entiers de l'État,
00:20:41 parfois on parle de santé avec des gens
00:20:43 qui meurent dans les couloirs,
00:20:44 là, on parle de justice.
00:20:45 Des pans entiers de l'État qui tombent en lambeaux.
00:20:49 Et c'est ça qui est incompréhensible à mes yeux.
00:20:53 Moi, je ne peux pas parler de cette affaire
00:20:55 sans parler de cette femme que nous avons entendue.
00:20:58 - C'est pour ça que j'ai voulu lui donner la parole aujourd'hui.
00:21:00 - C'est incompréhensible, pas simplement parce que ça nous met en colère
00:21:02 parce qu'il n'y aurait pas de justice,
00:21:03 c'est incompréhensible parce que, effectivement,
00:21:05 elle est emmurée dans sa peine.
00:21:07 Et que la justice, elle n'a pas qu'une fonction,
00:21:09 finalement, de sécurité publique.
00:21:11 Encore qu'il y a des gens qui courent dans la rue,
00:21:14 et qui étaient en détention provisoire,
00:21:16 et qui n'ont pas eu à être confrontés à leur peine,
00:21:20 suite à une cour d'assises.
00:21:22 Mais c'est simplement que le travail...
00:21:24 La société ne permet pas à cette femme
00:21:26 de faire son travail de deuil.
00:21:28 Quand elle dit "je veux passer à autre chose",
00:21:30 elle a dit "elle est à moitié morte".
00:21:32 Mais la justice, elle a cette fonction,
00:21:34 pas simplement d'enfermer,
00:21:36 il faut enfermer ces assassinats,
00:21:38 mais également de permettre à la personne
00:21:40 de faire son deuil.
00:21:42 Et ce deuil n'est pas possible.
00:21:44 Et c'est un peu la même chose, c'est pour ça que je faisais ce parallèle,
00:21:47 avec tous ces gens qui vont aux urgences
00:21:49 tout simplement parce qu'ils ont
00:21:51 une petite infection et qu'ils, le lendemain, sont morts.
00:21:54 Il y en a eu une quinzaine.
00:21:55 - Et moi, en écoutant ça ce matin,
00:21:57 et sur cette affaire, parce que je travaille sur cette affaire depuis hier,
00:21:59 je suis pris à la fois entre la colère et la tristesse.
00:22:02 Parce que la colère, c'est de voir que les choses n'avancent pas,
00:22:05 et puis la tristesse, c'est de se dire que
00:22:07 voilà, notre système judiciaire, on est là,
00:22:09 cette dame, on est là,
00:22:11 et on ne sait pas quoi répondre. Qu'est-ce que vous voulez lui répondre à cette dame ?
00:22:13 - Moi, si vous voulez, c'est pour ça que je disais cela,
00:22:15 c'est qu'on aurait pu rajouter l'école dans la misère.
00:22:18 - Oui, bien sûr.
00:22:19 - On se dit, il va falloir, à un moment donné,
00:22:22 et ça renvoie à des sujets économiques,
00:22:23 même si on est dans la passion,
00:22:25 comment dire,
00:22:27 re-regarder les priorités de l'État.
00:22:29 - Juste avant, Eric Taillard...
00:22:31 - Les fonctions de base d'un État,
00:22:33 même intimes d'un État, puisqu'on en est là,
00:22:35 ne sont plus... - On en parlera tout à l'heure sur la sécurité,
00:22:37 parce qu'on va voir ce qui s'est passé à Rennes, et c'est aussi un sujet.
00:22:39 Juste, Eric Taillard, un mot sur cette affaire, sur cette dame.
00:22:41 - Moi, je suis évidemment bouleversé par ce qu'elle dit.
00:22:44 J'aimerais lui dire de s'accrocher,
00:22:46 parce que c'est important qu'elle continue ça.
00:22:48 - Aussi.
00:22:49 - Effectivement, ça peut durer encore très longtemps,
00:22:51 ça peut durer des années,
00:22:53 mais il faut absolument que les coupables,
00:22:55 justement, ils finissent en prison,
00:22:57 et je pense que c'est important.
00:22:59 Je pense aussi, ça révèle une chose, c'est qu'on dit souvent
00:23:01 "ne faites pas justice sur les réseaux sociaux ou dans les médias",
00:23:03 mais pour ne pas le faire, c'est en quoi je crois aussi,
00:23:05 il faut pouvoir avoir une justice derrière qui fonctionne.
00:23:07 On médiatise ce cas, enfin, là, ces derniers jours,
00:23:11 mais il y a énormément de cas. - Bien sûr.
00:23:13 - Et en fait, ce qui est intéressant, même, dans le fait d'humaniser,
00:23:15 dans le fait de voir Bastien, c'est que toutes ces victimes,
00:23:17 aujourd'hui, il y en a énormément,
00:23:19 il y a près de 2000 homicides, tentatives de homicide par an,
00:23:21 ce ne sont pas des statistiques,
00:23:23 ce sont des personnes.
00:23:25 Moi, je pense au père aussi de Lola, au Nouvel An,
00:23:27 qui est mort, tout simplement,
00:23:29 de tristesse, de malheur,
00:23:31 il était retombé dans l'alcoolisme, son témoignage a bouleversé,
00:23:33 je pense, une majorité de Français,
00:23:35 et c'est ce que vivent malheureusement énormément de gens.
00:23:37 - Et ce que j'essaie de faire dans cette émission,
00:23:39 alors c'est terrible de dire ça, mais c'est une expression qu'on a,
00:23:41 c'est donner de la chair aux chiffres.
00:23:43 C'est-à-dire qu'on a des chiffres qui sont froids,
00:23:45 mais les chiffres, c'est des gens, c'est des gens,
00:23:47 c'est des tristesses, c'est des vibrisés,
00:23:49 c'est ce qu'on essaie de faire. Un mot rapide Jean-Marc Sylvestre, on fait la pause.
00:23:51 - Oh très rapide, parce que je partage effectivement
00:23:53 tout ce que vous avez dit, c'est affligeant.
00:23:55 Ce que je ne voudrais pas, c'est que ça se termine,
00:23:57 ça se termine par un constat de manque de moyens.
00:24:02 Je suis sûr qu'on va encore dire
00:24:04 - C'est le cas, c'est le cas,
00:24:06 excusez-moi, quand on n'arrive pas à donner une date,
00:24:08 alors que l'instruction est terminée depuis un an et demi,
00:24:10 on n'a pas une date de procès, c'est un manque de moyens.
00:24:12 - On a des services publics qui sont dans un état lamentable,
00:24:14 et pourtant on a des services publics
00:24:16 qui coûtent extrêmement cher.
00:24:18 - Je suis d'accord, je suis d'accord.
00:24:20 - Il coûte le plus cher.
00:24:22 - Parce que c'est un manque de priorité d'abord.
00:24:24 - Nous avons des services publics qui coûtent le plus cher du monde.
00:24:26 Donc il y a quand même un problème d'organisation,
00:24:28 il y a un problème de volonté.
00:24:30 - Où va l'argent ? C'est une des questions qu'on pose.
00:24:32 On va faire le Sinozinfo, on en reparle dans un instant.
00:24:34 On va en parler dans un instant,
00:24:36 parce qu'on va parler de ce qui s'est passé à Rennes.
00:24:38 À Rennes, où il y a eu une fusillade pendant quasiment une heure.
00:24:40 La police ne peut pas intervenir parce qu'elle n'a pas les moyens.
00:24:42 Il y a une seule voiture qui est présente de police.
00:24:44 Ils ne vont pas y aller pour se faire tirer dessus.
00:24:46 On en parle dans un instant.
00:24:48 Le Sinozinfo, désolé pour le retard. 11h04, sommeil à l'abidi.
00:24:50 ...
00:24:52 - Drame à Argenteuil.
00:24:54 Cette nuit, excédé par le bruit,
00:24:56 un riverain tire en direction d'une voiture
00:24:58 vers 1h du matin.
00:25:00 Selon nos informations, le conducteur est mort,
00:25:02 le suspect en fuite, et lui, activement recherché.
00:25:04 Nouvelle grève à la SNCF.
00:25:06 Après les contrôleurs,
00:25:08 cette fois, les agents commerciaux
00:25:10 lancent un mouvement social.
00:25:12 Guichet et Biétry seront donc fermés,
00:25:14 alors que s'ouvrent aujourd'hui les réservations d'été.
00:25:16 Et puis, l'espoir d'un couloir maritime
00:25:18 pourra cheminer de l'aide.
00:25:20 Un bateau vient de quitter Chypre,
00:25:22 en direction au Gaza.
00:25:24 Au Gaza, où seuls les largages permettent encore aux habitants
00:25:26 de survivre, alors que nombre d'entre eux
00:25:28 sont en proie à la famine.
00:25:30 ...
00:25:32 - 11h05 sur CNews.
00:25:34 Merci d'être en direct avec nous.
00:25:36 On va donc continuer peut-être à parler du manque de moyens.
00:25:38 Parce que c'est aussi ça qui est concerné par Rennes.
00:25:40 Avec cette fusillade qui a éclaté
00:25:42 dans la nuit de samedi à dimanche.
00:25:44 Les habitants à Rennes sont terrorisés.
00:25:46 On est allés à leur rencontre, et vous allez les entendre.
00:25:48 Ils sont en larmes, les habitants.
00:25:50 Pendant plusieurs longues dizaines de minutes,
00:25:52 il y a eu une fusillade.
00:25:54 Les forces de l'ordre ne sont pas intervenues.
00:25:56 Pourquoi ? Eh bien, parce qu'elles n'avaient pas les moyens
00:25:58 suffisants pour intervenir.
00:26:00 D'abord le reportage, et on en parle juste après.
00:26:02 - Les impacts de balles
00:26:04 sont visibles partout,
00:26:06 et on en parle à l'ombre sur les entrées des immeubles
00:26:08 de la place Dubana.
00:26:10 Les habitants parlent, mais ne veulent pas être filmés.
00:26:12 Tous sont sous le choc.
00:26:14 - Je me suis dit de mal parler.
00:26:16 D'entendre tous ces coups,
00:26:18 tous ces...
00:26:20 On n'est pas habitués à ça.
00:26:22 J'en ai marre.
00:26:24 J'en ai marre d'avoir peur.
00:26:26 - Ça a tiré, ça a tiré, pendant au moins 30 minutes.
00:26:28 Ça a tiré comme si c'était une guerre, en fait.
00:26:30 - Il y avait vraiment des garçons
00:26:32 avec des armes.
00:26:34 - Oui.
00:26:36 Il disait "fermez vos volets, fermez vos volets".
00:26:38 Je ne sais pas comment on appelle ça,
00:26:40 c'était un peu des armes lents.
00:26:42 - Le procureur de Rennes confirme
00:26:44 l'emploi d'armes de type Kalachnikov
00:26:46 calibre 7,62.
00:26:48 Deux hommes ont été blessés dans cette fusillade
00:26:50 pour le contrôle d'un point de deal.
00:26:52 Une heure de tir d'une grande intensité
00:26:54 du jamais vu à Rennes.
00:26:56 - C'est la grande délinquance, quand on utilise
00:26:58 des armes longues, des tirs en rafale.
00:27:00 Quand on voit les individus
00:27:02 qui sont cagoulés,
00:27:04 porteurs de gilets pare-balles,
00:27:06 comment voulez-vous appeler ça autrement ?
00:27:08 - Cet homme de 81 ans a retrouvé
00:27:10 deux douilles dans sa cuisine dimanche matin.
00:27:12 - La balle est rentrée
00:27:14 par le montant de la fenêtre.
00:27:16 Elle a sectionné
00:27:18 le tourniquet pour monter le volet.
00:27:20 Elle a suivi son chemin
00:27:22 dans mon micro-ondes.
00:27:24 Et si j'étais venu dans la cuisine,
00:27:26 je serais mort actuellement.
00:27:28 - Le couple de retraités ne souhaite qu'une chose maintenant,
00:27:30 déménager
00:27:32 comme la plupart des habitants rencontrés.
00:27:34 - Eric Tagnère, c'était des scènes de guerre,
00:27:36 c'est ce qu'ils nous disent, vous l'avez entendu,
00:27:38 les habitants n'en peuvent plus.
00:27:40 - Oui, et moi ça m'amuse beaucoup, parce que cet après-midi,
00:27:42 dans le sens par rapport au contexte,
00:27:44 c'est que cet après-midi, vous savez, il y a un grand débat
00:27:46 à l'Assemblée nationale sur la question de l'armement
00:27:48 pour l'Ukraine, qu'on commence déjà
00:27:50 à armer nos policiers pour défendre
00:27:52 justement les citoyens sur l'ensemble du territoire.
00:27:54 Je pense que ça c'est important. Moi je vois énormément de policiers
00:27:56 qui me disent qu'en permanence aujourd'hui,
00:27:58 ils ont des armes, ils ont moins de munitions qu'avant,
00:28:00 ils ont des armes beaucoup moins solides,
00:28:02 ils ont des voitures qui ne suent absolument pas,
00:28:04 ils sont obligés de faire leur propre bélier,
00:28:06 j'ai rencontré également des armuriers sur Marseille
00:28:08 qui me disaient qu'ils se sentaient obligés de prêter du matériel
00:28:10 aux policiers, voilà exactement ce qui se passe.
00:28:12 Et si même on pouvait armer les policiers,
00:28:14 de toute façon on n'est pas à payer le prix d'une guerre
00:28:16 aussi en fait. Donc aujourd'hui il y a quand même
00:28:18 le passe-vague, il y a le pas de vague
00:28:20 qui circule complètement dans les différentes préfectures,
00:28:22 parce qu'on va dire demain que par exemple,
00:28:24 je le sais, au niveau des quartiers nord de Marseille,
00:28:26 les courses-poursuites sont interdites,
00:28:28 si le giron phare est allumé et que la voiture en face
00:28:30 refuse de s'arrêter, consigne est donnée
00:28:32 de ne pas poursuivre. Voilà exactement ce qui se passe.
00:28:34 Donc on va de temps en temps faire de la comédie,
00:28:36 on va sûrement envoyer la CRS 8 pendant deux jours.
00:28:38 - C'est fait, la CRS 8, ah ben voilà.
00:28:40 - C'est exactement ça. Donc pendant deux jours,
00:28:42 le point de deal, il va se mettre sur le côté
00:28:44 et finalement, au bout de trois jours, on va passer à autre chose.
00:28:46 - Juste François Calfon, malgré tout,
00:28:48 est-ce qu'il n'y a pas un problème aussi,
00:28:50 c'est la banalisation de ces choses-là ?
00:28:52 Vous entendez, c'est des scènes de guerre.
00:28:54 Est-ce que vous avez vu que ça fait la une des journaux partout ?
00:28:56 Ces scènes de guerre pendant une heure,
00:28:58 des fusions... Non !
00:29:00 C'est une banalisation aujourd'hui
00:29:02 de ce qu'ils devraient faire, la une partout.
00:29:04 - Moi, je ne suis pas avocat du gouvernement,
00:29:06 mais je trouve que vos propos sont plus qu'excessifs.
00:29:08 Mais par contre, sur le plan d'analyse...
00:29:10 - Je vous parle à Éric Teckner.
00:29:12 - Sur le plan d'analyse, c'est vrai, je ne parlerai même pas
00:29:14 de banalisation, c'est vrai qu'on voit au niveau français
00:29:16 et au niveau européen,
00:29:18 je pense à Bruxelles, je pense aux Pays-Bas,
00:29:20 à non pas simplement
00:29:22 des jeunes de quartier qui tiennent
00:29:24 des points de billes d'île, mais à du
00:29:26 narcotrafic qui ressemble au
00:29:28 narcotrafic sud-américain.
00:29:30 Et que face à cela, alors,
00:29:32 manque de moyens, là, je suis
00:29:34 ce que vous dites, ce n'est pas le sujet du manque de moyens,
00:29:36 le niveau de la réponse en termes
00:29:38 sécuritaires de l'État régalien français
00:29:40 n'est pas au niveau d'une
00:29:42 espèce de démultiplication
00:29:44 de cette délinquance
00:29:46 avec l'usage d'armes de guerre,
00:29:48 maintenant dans des quartiers, la Bretagne,
00:29:50 on m'aurait dit ça il y a 5 ans, je me serais pincé.
00:29:52 Et donc, ce n'est pas simplement
00:29:54 la question de savoir s'il y avait une voiture de police ou pas.
00:29:56 C'est-à-dire que malheureusement,
00:29:58 la police doit pouvoir avoir des niveaux de réponse
00:30:00 face à ce narcotrafic.
00:30:02 - Mais il faut qu'ils y aillent avec des véhicules blindés, là.
00:30:04 - Oui. - Excusez-moi, il faut y aller avec des...
00:30:06 - Vous allez en jouer un imprégné. - Non, mais je n'exagère pas.
00:30:08 Je vous promets, il faut y aller avec des véhicules blindés
00:30:10 parce qu'ils ont
00:30:12 des pare-balles,
00:30:14 ils ont des gilets pare-balles, ils ont des
00:30:16 chenicots, excusez-moi. - En tout cas, les fonctionnaires...
00:30:18 - Il faut les protéger aussi. - En tout cas, les fonctionnaires de police n'ont pas
00:30:20 vocation à se faire trouver la peau dans les règlements...
00:30:22 - Mais dès que vous sortez une âme, ils ont une enquête de stupéfiants.
00:30:24 - La deuxième chose, je serais beaucoup moins populaire, mais c'est mon opinion,
00:30:26 je pense que tout ça signe
00:30:28 finalement l'échec total
00:30:30 de la lutte contre le
00:30:32 trafic de stupéfiants en France
00:30:34 et que je pense, c'est ce qui vient
00:30:36 d'être fait en Allemagne, je pense qu'il faut
00:30:38 rouvrir, je sais que vous ne serez pas d'accord,
00:30:40 mais ce n'est pas grave, le débat sur...
00:30:42 le débat sur la légalisation
00:30:44 notamment du hachiche.
00:30:46 - Non mais d'accord, mais...
00:30:48 - Mais ce n'est pas du trafic du hachiche qu'ils font, excusez-moi,
00:30:50 c'est du trafic de coquilles, c'est du trafic d'héroïne.
00:30:52 - C'est du trafic lourd, je savais que vous ne seriez pas
00:30:54 d'accord, mais en tout cas, ce qui est clair, c'est que
00:30:56 quand vous installez une économie criminelle
00:30:58 sur du hachiche, après, et là où je vous suis,
00:31:00 tous les autres produits viennent
00:31:02 à la queue de l'eau, si j'ose dire, et...
00:31:04 - Si vous légalisez le hachiche,
00:31:06 vous allez légaliser le reste aussi, alors...
00:31:08 - Le point, peut-être que le débat,
00:31:10 peut-être pas ça votre réponse, mais par contre,
00:31:12 qualifier le fait que les politiques antidrogues
00:31:14 ont échoué en France,
00:31:16 ça, qui peut dire le contraire ? - Juste, revenons
00:31:18 au niveau des habitants, parce que c'est eux
00:31:20 qui vivent l'enfer, je vais vous donner la parole,
00:31:22 Pierre Gentil, on va écouter un témoignage,
00:31:24 le témoignage d'une habitante, justement, qui explique
00:31:26 que c'était la guerre pendant au moins 30 minutes.
00:31:28 - Non, stop, écoutez.
00:31:30 - Je me suis dit, mais qu'est-ce qui
00:31:32 ne va pas ?
00:31:34 Ça tirait, c'est comme si c'était
00:31:36 une guerre, en fait.
00:31:38 C'est vraiment carrément une guerre.
00:31:40 Ça tirait en bas de ma fenêtre,
00:31:42 ça tirait, ça tirait,
00:31:44 ça tirait pendant au moins 30 minutes.
00:31:46 Après, j'ai vu
00:31:48 devant ma fenêtre, trois gars
00:31:50 qui couraient, ils étaient
00:31:52 tous habillés en noir.
00:31:54 Et après, je me suis...
00:31:56 J'ai fermé, j'ai pas ouvert la fenêtre.
00:31:58 Et après, je me suis réculée,
00:32:00 j'ai dit non.
00:32:02 Du coup, je suis partie dans la chambre région des enfants.
00:32:04 - Vous voulez déménager ? - Oui, je veux vraiment déménager.
00:32:06 Franchement, je veux voir ça avec les assistants
00:32:08 sociaux, avec les enfants,
00:32:10 c'est pas évident. Ils sont encore petits,
00:32:12 mes enfants, donc voilà.
00:32:14 Les enfants sont vraiment traumatisés.
00:32:16 - Mgr Pierre Chantier, vous avez vu, en plus, elle parle,
00:32:18 une petite fille, un petit garçon, parce qu'on voit pas le visage, bien sûr,
00:32:20 mais dans les bras, comment vous voulez
00:32:22 que ces gens grandissent dans une ambiance
00:32:24 comme ça ? Comment vous voulez que cette dame
00:32:26 arrive à éduquer ses enfants dans une ambiance comme ça ?
00:32:28 - Vous savez, il se passe à Rennes, ce qui s'est...
00:32:30 Enfin là, avec ses habitants, ce qui s'est passé
00:32:32 dans d'innombrables quartiers de villes d'Ile-de-France,
00:32:34 c'est-à-dire que les gens partent, les gens sont bons.
00:32:36 - Quand ils peuvent ! Le problème, c'est qu'elles peuvent pas, vous avez vu.
00:32:38 Elle a dit "je vais voir avec l'assistance sociale
00:32:40 si je peux partir". - Vous avez raison, parce qu'encore une fois,
00:32:42 il faut les moyens, il faut pouvoir partir, parce que
00:32:44 effectivement, à la fin, ce qui va se passer, c'est qu'il y aura
00:32:46 des gens, toujours, et je pense notamment
00:32:48 aux retraités, qui ont pas les moyens
00:32:50 d'aller ailleurs et qui restent dans cet enfer.
00:32:52 Et je voudrais rebondir sur ce qu'on disait
00:32:54 tout à l'heure. Les policiers,
00:32:56 leur mission, c'est d'interpeller
00:32:58 les délinquants et les criminels. Là,
00:33:00 ce ne sont pas des délinquants et des criminels, ce sont des
00:33:02 soldats, d'accord ? Je dis des soldats
00:33:04 parce qu'ici, on parle de guerre.
00:33:06 On parle de guerres qui sont livrées
00:33:08 au surfond de
00:33:10 narcotrafic, de trafic de drogue, etc.
00:33:12 Mais avec des tenues,
00:33:14 vous avez entendu, ils étaient habillés en noir,
00:33:16 cagoulés, j'imagine, avec des armes
00:33:18 de guerre. - Des armes de guerre.
00:33:20 - Des armes qui ne sont pas des armes
00:33:22 qu'on pouvait rencontrer il y a 20,
00:33:24 30, 40 ans. - Des gilets pare-balles, également.
00:33:26 - Dans la criminalité de droit commun,
00:33:28 absolument, des gilets pare-balles. Donc, il faut bien
00:33:30 comprendre que nous avons une guerre sur notre
00:33:32 territoire. Nous en parlions beaucoup,
00:33:34 je me souviens, il y a quelques semaines, quand on
00:33:36 évoquait Marseille, mais il y a un phénomène
00:33:38 en France, je crois que c'était la semaine dernière avec vous,
00:33:40 il faut ouvrir les yeux.
00:33:42 La France est en train de ressembler de plus en plus
00:33:44 à un Etat
00:33:46 d'Amérique centrale.
00:33:48 Ce qui se passe à Marseille est en train de se généraliser
00:33:50 dans le territoire. Et je redis,
00:33:52 je martèle, là, on parle de
00:33:54 Rennes, on aurait pu parler, Eric en parlait
00:33:56 vite fait tout à l'heure, de Brest, de Ville,
00:33:58 qui n'étaient pas concernés par ces phénomènes-là.
00:34:00 Parce qu'il y a eu un changement, parce que
00:34:02 en plusieurs dizaines d'années, en plusieurs
00:34:04 décennies, on a amené une immigration
00:34:06 ici qui a généré ces problèmes.
00:34:08 Et on ne veut pas le voir.
00:34:10 C'est toujours la même chose, c'est toujours pareil,
00:34:12 on refuse d'ouvrir les yeux sur
00:34:14 l'état de notre pays. Et ça va continuer.
00:34:16 - Le sujet du trafic de drogue, vous oubliez
00:34:18 toujours une composante.
00:34:20 C'est les consommateurs. Et les consommateurs,
00:34:22 on est le pays en Europe,
00:34:24 la France, où il y a
00:34:26 le plus de consommateurs. - Je suis d'accord.
00:34:28 - S'il y a la guerre sur les
00:34:30 points de deal, c'est que ces points de deal
00:34:32 génèrent des niveaux de cash incroyables.
00:34:34 Entre 15 et 50 000 euros
00:34:36 le point de deal. Et que, oui,
00:34:38 vous avez raison, il y a un phénomène de mafia,
00:34:40 il n'y a pas d'autre mot,
00:34:42 où l'économie, entre guillemets,
00:34:44 criminelle, locale, s'est
00:34:46 nationalisée, mondialisée, avec
00:34:48 sans doute aussi des trafiquants
00:34:50 qui viennent de Marseille, qui viennent prendre des villes,
00:34:52 comme celle-là. Donc le niveau de réponse
00:34:54 de l'État sur la consommation,
00:34:56 et moi je ne suis pas là pour défendre
00:34:58 M. Darmanin, mais il fallait
00:35:00 sans doute arriver à cette contravention,
00:35:02 etc., mais réfléchir
00:35:04 à la diminution en aval
00:35:06 de la consommation, c'est un
00:35:08 échec total en France. Et
00:35:10 donner les moyens à la police, et donner
00:35:12 les moyens à la police et à la justice,
00:35:14 d'avoir le niveau de réponse nécessaire. - Jean-Marc Sébaste vous dit non.
00:35:16 Alors on écoute la réponse de Jean-Marc Sébaste.
00:35:18 - En clair, je pense que, parce que ça on ne se l'est pas dit,
00:35:20 si la police nationale de Rennes
00:35:22 n'est pas venue, il faudrait qu'on regarde.
00:35:24 Je ne pense pas que dans le commissariat,
00:35:26 les bons fonctionnaires de police
00:35:28 qui étaient là, sont à même
00:35:30 de répondre. - Ah mais ils ne sont pas équipés ! Non, non, mais ils attendaient
00:35:32 des renforts ! Non, mais ils l'ont expliqué !
00:35:34 Ils attendaient des renforts, ils ne sont pas équipés.
00:35:36 - C'est bien de ça qu'on parle. - Comment ?
00:35:38 - C'est la consommation, si dans le même temps, il y a 5 minutes,
00:35:40 vous proposez de légaliser différentes drogues.
00:35:42 J'ai juste du mal sur l'argumentation. - Vous savez,
00:35:44 on peut avoir une pensée complexe
00:35:46 en plus de 140 signes. C'est vrai que dans votre génération,
00:35:48 vous avez du mal.
00:35:50 - Ça, c'est fait. Jean-Marc Silvestre,
00:35:52 lui, est de la génération où on parle
00:35:54 à plus de 140. - Oui, parce que
00:35:56 si on regarde ce qui s'est passé au cours des 25
00:35:58 ou 30 dernières années, on a
00:36:00 décrété comme priorité nationale
00:36:02 la lutte contre l'alcoolisme et la lutte contre
00:36:04 le tabagisme. Et ça a été des priorités
00:36:06 nationales, et elles ont porté leurs fruits.
00:36:08 Parce qu'on a fait reculer l'alcoolisme
00:36:10 dans ce pays, on a fait reculer le tabagisme
00:36:12 dans ce pays. - Il n'y a pas de trafic d'alcool. - Qu'est-ce qui nous empêche
00:36:14 aujourd'hui de décréter
00:36:16 comme priorité nationale la lutte
00:36:18 contre la drogue ? - Je considère qu'on n'y est pas arrivés.
00:36:20 - Je crois qu'il faut prendre cette décision-là.
00:36:22 - Et rétablir la sécurité
00:36:24 dans les cités. - Pour répondre
00:36:26 à la vraie question qui est de la sécurité,
00:36:28 je crois qu'on a un État français
00:36:30 qui est devenu obèse, qui s'occupe
00:36:32 de tout et de n'importe quoi.
00:36:34 J'ai calculé qu'il y avait 500
00:36:36 aides différentes, subventions, interventions,
00:36:38 etc. On s'occupe même
00:36:40 du contenu des programmes de télévision,
00:36:42 on en sait quelque chose, sur
00:36:44 cette chaîne, et on oublie
00:36:46 les fonctions régaliennes de l'État.
00:36:48 Il va falloir qu'il y ait des hommes politiques, courageux,
00:36:50 qui ramènent l'essentiel
00:36:52 du budget sur les fonctions régaliennes
00:36:54 de l'État. C'est quoi les fonctions régaliennes de l'État ?
00:36:56 Ce sont des fonctions qui n'appartiennent qu'à l'État.
00:36:58 La justice, la sécurité intérieure
00:37:00 et la défense nationale. Pour le reste,
00:37:02 qu'on laisse les individus s'organiser
00:37:04 pour toute liberté. - Peut-être la santé, quand même ?
00:37:06 - La santé, ça peut être réglé par le problème.
00:37:08 - Par le privé ? - Oui. - Vous diriez ça aux gens
00:37:10 qui n'ont pas les moyens. Moi, je préfère la carte
00:37:12 vitale à carte bleue, monsieur.
00:37:14 - Écoutez, c'est un autre débat.
00:37:16 - Oui, quand même. - Le problème,
00:37:18 c'est un problème d'arbitrage.
00:37:20 Les fonds ne sont pas illimités.
00:37:22 60% de la richesse nationale
00:37:24 dans ce pays passe
00:37:26 dans la dépense publique. - On va
00:37:28 continuer à parler d'insécurité, parce que
00:37:30 ce qui est intéressant, c'est ce qui se passe dans certaines villes.
00:37:32 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'insécurité est partout, y compris
00:37:34 dans des tout petites villes, dans des
00:37:36 tout petits villages. Et alors, comme il y a
00:37:38 quand même aussi un manque de moyens,
00:37:40 un système qui se développe, c'est des citoyens vigilants.
00:37:42 On dit aux citoyens, "Regardez
00:37:44 ce qui se passe autour de vous, et puis vous appelez."
00:37:46 Donc, est-ce que c'est bien, est-ce que
00:37:48 c'est pas bien, je ne sais pas. Regardez, c'était
00:37:50 hier soir sur France 2, on a vu, dans un petit
00:37:52 village de Mayenne, qui s'appelle la Basauge-
00:37:54 Montpinson, il y a
00:37:56 12 volontaires qui sont là,
00:37:58 qui sont nommés.
00:38:00 C'est pas seulement des milices.
00:38:02 - On a pas ça, les milices. - On va en parler dans un autre...
00:38:04 Regardez cet extrait sur France 2, hier soir.
00:38:06 - 12 volontaires au
00:38:08 Quasier Judiciaire Vierge ont suivi
00:38:10 une formation d'une demi-journée
00:38:12 pour devenir les yeux et les oreilles des gendarmes
00:38:14 dans le village. Leur rôle,
00:38:16 signaler les situations qu'ils jugent
00:38:18 suspectes. Le maire de cette
00:38:20 petite commune en est convaincu, c'est la
00:38:22 meilleure solution. - C'est sans doute
00:38:24 la plus simple et la moins coûteuse.
00:38:26 - Voilà, c'est des citoyens référents, donc
00:38:28 ils sont choisis sur la base du volontariat.
00:38:30 Ils reçoivent une formation spécifique,
00:38:32 dispensée par les gendarmes ou les policiers de leur secteur,
00:38:34 pour les sensibiliser aux actes élémentaires
00:38:36 de prévention, aux comportements adoptés
00:38:38 en cas d'événements suspects et
00:38:40 aux réflexes également.
00:38:42 On est en direct avec Axel Ronde,
00:38:44 qui est porte-parole du syndicat CFTC
00:38:46 Police. Bonjour, merci beaucoup d'être en direct
00:38:48 avec nous. - Bonjour. - D'abord, c'est une
00:38:50 bonne idée pour vous, policier,
00:38:52 d'avoir ce système de citoyens
00:38:54 vigilants où il y a un risque ?
00:38:56 - Oui, c'est une très bonne chose,
00:38:58 parce que finalement, c'est tout à chacun qui est
00:39:00 garant de la sécurité
00:39:02 et de la tranquillité publique, donc
00:39:04 qu'il y ait des personnes qui parlent ensemble,
00:39:06 parce qu'on voit bien qu'on est dans une société où plus
00:39:08 personne ne communique. Là, si ça permet
00:39:10 effectivement de ramener,
00:39:12 on va dire, de la communication entre
00:39:14 les personnes, entre les gens, et qui nous
00:39:16 amène du renseignement,
00:39:18 parce que nous, on a besoin, sur le terrain,
00:39:20 de renseignement. C'est juste ça.
00:39:22 Si une personne voit quelque chose de suspect,
00:39:24 qu'elle n'hésite pas à faire appel
00:39:26 aux 17 de police,
00:39:28 et on enviera un équipage
00:39:30 voir ce qu'il se passe,
00:39:32 faire des contrôles, et effectivement,
00:39:34 si on voit quelqu'un qui rôde
00:39:36 à côté des pavillons,
00:39:38 il faut tout de suite appeler les forces de l'ordre.
00:39:40 Mais au travers de cette initiative,
00:39:42 qui quand même date depuis à peu près
00:39:44 2011, il me semble, le ministre de
00:39:46 l'Intérieur, Guéant, à l'époque, qui avait fait
00:39:48 une convention avec ce système, puisqu'il faut
00:39:50 suivre une formation
00:39:52 après une demi-journée
00:39:54 pour pouvoir avoir ce label
00:39:56 et avoir des référents
00:39:58 comme voisins,
00:40:00 qui permettent de pouvoir
00:40:02 alerter au plus vite les forces de l'ordre.
00:40:04 Mais il ne faut pas oublier que c'est
00:40:06 un manque cruel d'effectifs de police
00:40:08 et de gendarmerie dans toutes ces zones.
00:40:10 Il faut peut-être aussi réfléchir...
00:40:12 - Axel Ronde, juste quand j'ai commencé
00:40:14 à parler du sujet, Pierre Gentillet, qui est avec
00:40:16 nous, disait "oui, en fait, c'est des milices".
00:40:18 Parce que c'est vrai qu'on se dit "où
00:40:20 s'arrête la limite ?". Ça veut dire, ces gens-là,
00:40:22 qu'est-ce qu'ils font ? Ils organisent des rondes,
00:40:24 ils surveillent... Voilà, enfin,
00:40:26 quelle est la limite ?
00:40:28 - Alors, ce n'est pas
00:40:30 des milices, hein. Ce sont juste
00:40:32 des personnes qui vont
00:40:34 nous renseigner. En fait, c'est tout à chacun,
00:40:36 chaque citoyen devrait faire cette chose,
00:40:38 en final. Appeler les policiers quand
00:40:40 il y a un comportement suspect, quand vous imaginez
00:40:42 qu'il y a des cambriolages qui arrivent
00:40:44 en pleine journée dans des immeubles d'habitation.
00:40:46 J'imagine que les gens entendent
00:40:48 le bruit, pourtant ils n'appellent pas forcément
00:40:50 les forces de l'ordre. Donc, si ça peut les
00:40:52 sensibiliser... Vous savez, souvent,
00:40:54 les gens, ils n'osent pas, quand on leur demande
00:40:56 de faire le 17 poli-secours,
00:40:58 on ne veut pas déranger. C'est ça,
00:41:00 la première chose que nous disent
00:41:02 les gens. Alors que non, on est là pour ça,
00:41:04 il faut qu'ils nous dérangent, il ne faut pas hésiter
00:41:06 quand il y a un comportement suspect à faire
00:41:08 le 17. Donc, là, ça permet aussi
00:41:10 de les aider
00:41:12 à comprendre
00:41:14 qu'il faut faire appel. Donc,
00:41:16 non, il n'y aura pas de milices. Les gens,
00:41:18 de toute façon, s'ils veulent
00:41:20 se promener avec leur chien
00:41:22 dans le quartier et regarder
00:41:24 s'il y a des choses qui ne vont pas, s'il y a un pavillon
00:41:26 qui est en train d'être forcé,
00:41:28 il faut, bien évidemment,
00:41:30 appeler la police. Mais, à travers cela,
00:41:32 c'est un manque effectif de police
00:41:34 cruelle qu'il y a dans notre pays. Il faudra peut-être
00:41:36 aussi imaginer une police municipale
00:41:38 pour les petites communes, obligées.
00:41:40 Ils ont réussi, les communes,
00:41:42 à faire des recommandations de communautés de communes
00:41:44 pour le ramassage des ordures.
00:41:46 Pourquoi pas faire une police municipale
00:41:48 dans un chef-lieu
00:41:50 qui pourrait patrouiller
00:41:52 dans ces communautés de communes ?
00:41:54 - Juste accélérons.
00:41:56 Tout ça, c'est quand même le résultat
00:41:58 d'un manque d'effectifs. C'est parce que vous n'êtes pas
00:42:00 assez nombreux policiers et gendarmes,
00:42:02 vous n'êtes pas assez nombreux, donc vous dites aux citoyens
00:42:04 "Aidez-nous, essayez de nous donner un coup de main
00:42:06 parce qu'on n'y arrive pas".
00:42:08 - Oui, il faut qu'on nous aide parce que, de toute façon,
00:42:10 la sécurité, comme je vous ai dit, c'est tout à chacun.
00:42:12 Chaque personne est responsable de la sécurité
00:42:14 d'autrui. Et il faut, effectivement,
00:42:16 nous aider parce qu'on ne peut pas être
00:42:18 partout. Et oui, c'est un manque d'effectifs,
00:42:20 mais aussi, il faut qu'on se recentre
00:42:22 sur nos missions prioritaires de sécurité publique.
00:42:24 La police nationale est
00:42:26 un peu utilisée pour tout
00:42:28 et n'importe quoi dans ce pays,
00:42:30 et ça, ça pose des graves difficultés.
00:42:32 Est-ce que c'est normal que les centres de rétention soient gardés
00:42:34 par des fonctionnaires de police ? Pour moi, c'est non.
00:42:36 Il faudrait créer autre chose
00:42:38 parce que... Et au niveau
00:42:40 des paliers de justice, est-ce que c'est normal aussi
00:42:42 que ce soit la police qui garde les paliers de justice ?
00:42:44 Donc, on a
00:42:46 les effectifs présents, mais ils sont mal
00:42:48 déployés, le problème, si on se trouve,
00:42:50 au territoire national. Et on voit bien qu'il y a une explosion
00:42:52 de l'indélinquance un petit peu partout,
00:42:54 et je vous dis, dans les petites et moyennes villes
00:42:56 aussi. On le voit depuis quelques années,
00:42:58 cette criminalité qui explose.
00:43:00 Donc, il va falloir avoir une réponse
00:43:02 claire, nette et précise
00:43:04 pour endiguer ce
00:43:06 phénomène. Et il va falloir
00:43:08 mettre les moyens, et pourquoi pas,
00:43:10 si ça peut passer par des gens
00:43:12 qui nous alertent, parce que de toute façon, c'est le but.
00:43:14 Les gens nous appellent, le 17
00:43:16 secours, pour nous dire "attention, il y a quelqu'un
00:43:18 de suspect dans le quartier qu'on ne connaît pas".
00:43:20 - Ça, normalement, c'est un réflexe, en fait. Il n'y a pas besoin d'être
00:43:22 citoyen vigilant pour faire ça. Si vous voyez quelqu'un
00:43:24 qui rôde de façon bizarre, là, on crée
00:43:26 une espèce de groupe un peu à part, quoi.
00:43:28 Merci à Axel Ronde, en tout cas, porte-parole du syndicat
00:43:30 CFTC Police, d'avoir été avec nous. Juste un mot, Eric
00:43:32 Tegner, vous, vous avez dit, quand je parlais du sujet,
00:43:34 vous avez dit autre chose que Pierre Gentier, vous avez dit "oui, Eric
00:43:36 Zemmour avait proposé ça". - Robert Ménard.
00:43:38 - Robert Ménard, et tout le monde lui était tombé dessus.
00:43:40 - Ah bah oui, c'est ce qu'il disait, donc c'est toujours marrant
00:43:42 de voir la différence d'approche. Moi, ce que je
00:43:44 dirais juste là-dessus, c'est évidemment que ça incarne
00:43:46 quand même l'échec de l'État, mais derrière, en attendant
00:43:48 que l'État se réveille, parce que ça va prendre très longtemps,
00:43:50 je pense que tous les moyens légaux que les citoyens peuvent
00:43:52 mettre à disposition pour assurer leur
00:43:54 sécurité, ils doivent le faire. Ils doivent pouvoir
00:43:56 installer des caméras chez eux, ils doivent pouvoir
00:43:58 éduquer leurs enfants à faire des arts martiaux pour se défendre,
00:44:00 ils doivent pouvoir, il faut le rappeler, il y a
00:44:02 la possibilité, c'est légal aujourd'hui, d'avoir un port
00:44:04 d'armes chez soi, d'avoir une arme chez soi dans une cage,
00:44:06 c'est complètement encadré. Tout cela,
00:44:08 ce sont des moyens légaux, il faut le faire. Il faut arrêter
00:44:10 de dire aux Français que, justement, l'État aujourd'hui
00:44:12 assure la sécurité, ce n'est pas le cas.
00:44:14 Ça, c'est la première chose qui peut être faite dès
00:44:16 demain, parce que, évidemment, aujourd'hui, je suis
00:44:18 désolé, ça fait des années qu'on a ce débat, ça ne
00:44:20 change pas. J'espère que ça le changera un jour,
00:44:22 mais en attendant, pour moi, c'est pas demain.
00:44:24 - Bon, enfin, clairement, M. Tegner rêve de vivre aux États-Unis
00:44:26 où il y a des tueries de masse... - Non, parce que
00:44:28 le port d'armes français qui est légal, c'est
00:44:30 - Vous encouragez les gens à avoir une arme... - ...c'est pas se balader dans la rue avec une arme.
00:44:32 - Franchement, c'est pas notre philosophie. - Avec les moyens légaux,
00:44:34 actuels, je suis désolé. - Aux États-Unis, il y a des tueries
00:44:36 de masse tous les jours, et votre modèle, c'est
00:44:38 le modèle de tous contre tous. - Donc, vous êtes contre cette loi ?
00:44:40 - S'il vous plaît. - Dans la loi, hein ? - On va peut-être
00:44:42 essayer de répondre à la question que M. Morandini
00:44:44 a posée. Je ne suis pas pour
00:44:46 l'amendement
00:44:48 de la Constitution américaine qui fait
00:44:50 des tueries de masse. - Mais ce n'est pas ça que je propose. - Il y a des tueries de masse tous les jours
00:44:52 dans les écoles. - Vous êtes ancien député, vous savez très bien
00:44:54 la loi. - Le point qui a été posé,
00:44:56 qui est, à mon avis, beaucoup plus intéressant,
00:44:58 c'est, est-ce que c'est bien
00:45:00 que les citoyens signalent ? Moi, si je vois
00:45:02 un fait délectueux, c'est souvent dans
00:45:04 la ruralité qu'il y a ce phénomène
00:45:06 voisin vigilant. Évidemment,
00:45:08 je vais appeler la gendarmerie. - Oui, oui, c'est normal, il n'y a pas besoin de créer...
00:45:10 Si on crée un statut de citoyen vigilant
00:45:12 avec une formation d'une demi-journée, c'est
00:45:14 quand même... - Parce que, quoi, ça fait des salles supérieures.
00:45:16 - Ensuite, ensuite, ensuite...
00:45:18 - Par contre, vous aimez le sujet ? - Il disait !
00:45:20 - Une pensée complexe. - Ensuite,
00:45:22 oui, une pensée au moins...
00:45:24 La police nationale et la gendarmerie nationale
00:45:26 ont des réserves. Ça, je pense que
00:45:28 c'est utile. C'est-à-dire que c'est pas
00:45:30 forcément des fonctionnaires payés.
00:45:32 Ça va faire plaisir à mon voisin
00:45:34 de droite, à Jean-Marc Sylvêtre.
00:45:36 Il y a un continuum
00:45:38 de sécurité qui peut être assuré dans le cadre
00:45:40 du droit par les habitants,
00:45:42 ça me paraît normal. Maintenant, il y a un petit
00:45:44 problème. Alors ça, je le dis parce que
00:45:46 personne d'autre que moi ne le dira sur ce plateau.
00:45:48 Il y a aussi le voisin vigilant mal encadré
00:45:50 qui considère que 4 jeunes qui viennent
00:45:52 fumer une clope avec leur scooter,
00:45:54 c'est un comportement suspect. Attention,
00:45:56 liberté publique. Donc, une demi-journée
00:45:58 pour former des voisins vigilants,
00:46:00 autant la réserve de la police nationale... - C'est pas la question qui inquiète le plus aujourd'hui.
00:46:02 - Autant la réserve de la police nationale, ça me va bien,
00:46:04 ou la gendarmerie, ça me va bien,
00:46:06 autant le voisin qui dépense... - J'ai bien entendu,
00:46:08 j'ai bien entendu la réponse. - Juste vraiment, juste une chose, quand même,
00:46:10 c'est, ce qui est intéressant de comprendre, c'est pourquoi
00:46:12 on est là. Effectivement, on n'est pas encore au niveau des
00:46:14 milices, j'ai utilisé ce terme
00:46:16 avant de voir effectivement le contenu de
00:46:18 ce reportage, mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que
00:46:20 tout ça part d'un dysfonctionnement
00:46:22 grave de l'État. Et c'est un mouvement, au fond,
00:46:24 assez naturel, et je pense qu'il
00:46:26 peut aller plus loin.
00:46:28 C'est-à-dire que, quand l'État est défaillant, sur la première
00:46:30 de ses missions, qui est la mission réelle et
00:46:32 qui est la mission historique, au tout début, la création
00:46:34 de l'État, c'est une question de
00:46:36 protection de l'Histoire, une question réellienne. - C'est plus que justice.
00:46:38 - Vous allez avoir, moi, ce que je
00:46:40 crains, c'est que je pense très naturellement,
00:46:42 c'est que s'il y a une défaillance progressivement des services
00:46:44 de police, vous allez avoir progressivement un
00:46:46 élargissement de ce type
00:46:48 de comportement, de ces missions-là,
00:46:50 et qui pourront, à un moment, peut-être demain, je le dis,
00:46:52 vraiment devenir des milices privées. Quand la police
00:46:54 est défaillante, il y a un moment, les gens, effectivement,
00:46:56 quand la police ne vient plus, ils se font
00:46:58 malheureusement police eux-mêmes, et j'irai plus loin.
00:47:00 Et c'est ce qui se passe parfois. Quand la justice
00:47:02 est défaillante, eh bien parfois
00:47:04 aussi les gens se font justice eux-mêmes.
00:47:06 Et on a parlé au début de ce reportage, je ne souhaite pas
00:47:08 que ça soit... - C'est un mot rapide, là.
00:47:10 - Mais c'est le risque aussi. - Je suis le plus ancien
00:47:12 d'entre vous. - Ça se voit pas.
00:47:14 - Je me souviens avoir
00:47:16 participé et avoir
00:47:18 entendu des débatteurs
00:47:20 un peu comme celui,
00:47:22 comme mon débatteur de gauche.
00:47:24 - De gauche ? - Je confirme de gauche.
00:47:26 - Je confirme de gauche. - S'opposer, par exemple,
00:47:28 à la mise en place
00:47:30 des caméras de surveillance dans les villes.
00:47:32 - Ah ça, mais c'est vrai que c'est vrai. - Et on a vu des municipalités
00:47:34 en disant, bah, les caméras
00:47:36 de surveillance, c'est plutôt intéressant.
00:47:38 - Mais vous avez raison, Jean-Marc. - Mais ça peut être utile.
00:47:40 Vous y êtes opposés. - Non.
00:47:42 - Vous avez freiné des caméras. - Révisez
00:47:44 vos cours de politique. - Parce que la gauche est contre
00:47:46 la violence régime. - Non, mais vous ne disiez pas politique à l'époque.
00:47:48 - Non, mais révisez quand même les choses. Au sein de la gauche,
00:47:50 ce débat, il a lieu tous les jours, parce qu'on gère des collectivités.
00:47:52 Il se trouve que moi...
00:47:54 - Ils sont bons en débat à gauche. - Voilà, il y a beaucoup...
00:47:56 - Alors, je voudrais qu'on avance
00:47:58 un petit peu. Je crois qu'on a fait le tour là-dessus.
00:48:00 Je veux qu'on avance. - Je veux juste vous dire...
00:48:02 - Si vous voulez, tout se rajoute d'un coup. On s'en sort pas.
00:48:04 - Sur les moyens. - On passe au 120 ans.
00:48:06 - Non, mais ça me gêne profondément de voir un citoyen
00:48:08 jouer au service de sécurité.
00:48:10 Effectivement, là, vous avez raison.
00:48:12 Ça ne me gêne pas trop
00:48:14 d'être soigné par un médecin privé.
00:48:16 - On voit bien. - Donc,
00:48:18 j'ai une question d'arbitrage. C'est parce que vous avez pris
00:48:20 l'exemple de la santé tout seul.
00:48:22 - Oui, parce que pour moi, ça fait partie des choses fondamentales
00:48:24 de l'État. - Non, excusez-moi. L'émission fondamentale
00:48:26 de l'État, c'est la sécurité,
00:48:28 la justice et la défense. - La santé aussi.
00:48:30 - Je veux pas être aux États-Unis
00:48:32 où on fait 10 000 euros, où on est posé au bord de la rue.
00:48:34 - Avant qu'on fasse la pause, je voudrais qu'on parle d'un autre sujet.
00:48:36 C'est les mineurs isolés à Paris. Parce qu'il s'est passé une chose
00:48:38 pendant ce week-end à Paris, dont aussi
00:48:40 on a assez peu parlé. C'est qu'il y a plus d'une centaine
00:48:42 de mineurs isolés
00:48:44 qui ont envahi ce qu'on appelle
00:48:46 le 104 à Paris. C'est un lieu culturel
00:48:48 qui est propriété de la ville de Paris.
00:48:50 C'est des mineurs qui crampaient sur les quais de Seine. Ils ont pris de force
00:48:52 ce lieu. Ils ont été évacués
00:48:54 hier. Et simplement, quand on les a évacués,
00:48:56 on savait pas où les mettre. Et pourquoi on savait pas
00:48:58 où les mettre ? C'est parce que tous les lieux sont pris
00:49:00 aujourd'hui. Tous les centres
00:49:02 d'hébergement sont saturés. Du coup,
00:49:04 on est allé les mettre dans des gymnases. Donc la situation,
00:49:06 elle est totalement surréaliste. Il y a de plus en plus
00:49:08 de mineurs isolés. On sait de moins en moins
00:49:10 où les mettre. Regardez, c'est un extrait d'un reportage
00:49:12 diffusé hier soir sur France 3.
00:49:14 - Une mise à l'abri temporaire
00:49:16 pour permettre à ces jeunes migrants
00:49:18 de clarifier leur statut administratif.
00:49:20 La plupart ont déposé
00:49:22 des recours de reconnaissance de minorité.
00:49:24 En tout,
00:49:26 plus de 630 personnes sont
00:49:28 hébergées dans des gymnases,
00:49:30 faute de places d'accueil d'urgence suffisantes.
00:49:32 - Alors, juste avant d'en débattre,
00:49:34 on va voir la situation aujourd'hui. Vous allez voir
00:49:36 ce tableau. Les centres d'accueil sont
00:49:38 saturés. Il y a aujourd'hui
00:49:40 630 personnes
00:49:42 qui sont hébergées.
00:49:44 160 mineurs ont été amenés dans les gymnases
00:49:46 donc hier. Et tous ont déposé
00:49:48 un recours. Un recours
00:49:50 en reconnaissance de minorité. C'est-à-dire que dans un premier temps,
00:49:52 si c'est un recours, ça veut dire qu'on leur a dit qu'ils n'étaient pas
00:49:54 des mineurs isolés. Donc ce sont des personnes
00:49:56 qui ont déposé un recours. Donc ils peuvent rester
00:49:58 en France en attendant. Qui ne savent pas où loger,
00:50:00 qui ne savent pas dormir. On ne sait pas quoi en faire. Eric Kegner.
00:50:02 - Oui, il faut rétablir la vérité. Ce sont pas
00:50:04 des mineurs isolés. C'est un terme
00:50:06 qui n'a aucune valeur juridique aujourd'hui.
00:50:08 Ils ont été déboutés donc ils ne sont pas mineurs isolés.
00:50:10 Aujourd'hui, un mineur isolé... - Bah, ils n'ont pas recours.
00:50:12 - Les prend en charge directement par les droits de l'enfance.
00:50:14 Ce sont des gens qui étaient justement
00:50:16 dans une école notamment du 15ème arrondissement de Paris
00:50:18 gérée par Utopia 56.
00:50:20 Ils ont fait une demande auprès de l'AMNA. Ils ont été
00:50:22 déboutés. On sait très bien qu'Utopia 56
00:50:24 attend devant l'AMNA pour aller à chaque fois chercher
00:50:26 ces 10 mineurs. Et que ces 10 mineurs,
00:50:28 il y a énormément d'enquêtes qui l'ont montré,
00:50:30 ils achètent des faux actes d'état-civil
00:50:32 à Barbès. Ça, c'est totalement connu.
00:50:34 Et donc les associations comme Utopia 56
00:50:36 ou comme le collectif de Belleville qui aujourd'hui
00:50:38 gère justement ces personnes,
00:50:40 les poussent et les incitent à occuper des lieux publics
00:50:42 comme ça pour justement mener un débat.
00:50:44 Dans les faits, aujourd'hui, l'hébergement d'urgence
00:50:46 il est passé de 2017 à 90 000 places
00:50:48 jusqu'à 200 000 places.
00:50:50 Et on n'a pas mis une majorité de SDF dedans.
00:50:52 On a d'abord mis justement
00:50:54 des étrangers, des clandestins.
00:50:56 Donc il faut pouvoir le dire et il faut garder les termes
00:50:58 juridiques, monsieur.
00:51:00 - Bah écoutez, moi je trouve que
00:51:02 déjà il y a un problème sur les mineurs isolés depuis
00:51:04 toujours avec un certain nombre de pays
00:51:06 qui les laissent partir. C'est ça qu'il y a
00:51:08 un problème avec le Maroc. Une majorité
00:51:10 d'entre eux sont des mineurs.
00:51:12 On n'a pas les moyens de le vérifier mais
00:51:14 isolés, certains sont des jeunes enfants
00:51:16 qui se shootent à la colle, etc.
00:51:18 - Oui, à part que les jeunes enfants les reconnaissent et ils ne font pas
00:51:20 partie des gens qui étaient là-dedans. - Deuxième chose.
00:51:22 - Là-dedans, ce sont que des gens qu'on a
00:51:24 refusé. On leur a refusé d'être mineurs isolés
00:51:26 et c'est pour ça qu'ils font un recours. Donc ça veut dire qu'il n'y a pas
00:51:28 dix ans. Dix ans, ça se voit. - Il y a un moyen
00:51:30 de l'évaluer puisqu'il y a une argumentation à charge.
00:51:32 On va faire un peu de justice sur ce plateau.
00:51:34 Une argumentation à décharge.
00:51:36 Il y a quelques années de ça, je me souviens que les mineurs isolés
00:51:38 n'étaient pas du tout organisés
00:51:40 et ils étaient malheureusement pris dans des réseaux de prostitution
00:51:42 ou du trafic
00:51:44 de drogue, y compris de la violence
00:51:46 dans les quartiers comme le 18ème arrondissement,
00:51:48 etc. Qu'on puisse,
00:51:50 après la nature des associations, moi je ne les connais pas,
00:51:52 faire rentrer tout ça dans une
00:51:54 forme de justice. - Il y a vos amis qui
00:51:56 subventionnent. - Attendez, mais d'accord, je sais, vous avez
00:51:58 de la haine pour les associations. - Vous devez regarder.
00:52:00 - J'ai de l'amitié pour les associations. - On parle des moyens
00:52:02 tout à l'heure et je veux bien savoir. - À un moment donné, s'ils font leur recours,
00:52:04 prenons les choses aussi positivement,
00:52:06 c'est qu'ils ne se,
00:52:08 comment dire, ils ne s'écartent pas
00:52:10 de la justice. Ils jouent le cadre du droit.
00:52:12 Eh bien, ils soient... - Oui, oui.
00:52:14 - Oui, oui, c'est les associations qui les encadrent.
00:52:16 - Non mais qu'est-ce qu'on en fait ?
00:52:18 - Non mais je... - Non, là, il est jeu médiatique.
00:52:20 - Tout de suite, on est dans le "qu'est-ce qu'on en fait ?"
00:52:22 Moi, j'ai toujours été pour que quand les
00:52:24 voies de recours sont épuisées, les gens soient reconduits
00:52:26 chez eux. Et pourquoi j'ai commencé
00:52:28 par parler du Maroc, c'est pas pour parler de tout et de n'importe quoi.
00:52:30 C'est qu'il y a des États qui ont
00:52:32 une certaine forme de culpabilité dans la
00:52:34 non-reprise de ces personnes-là.
00:52:36 Et notamment parce qu'il y a aussi des vrais mineurs.
00:52:38 Et notamment la responsabilité de
00:52:40 laisser partir... - Le seul problème, François Calfon,
00:52:42 c'est qu'ils sont de plus en plus nombreux à venir.
00:52:44 On le voit, les centres d'hébergement sont... - C'est bien.
00:52:46 - On sait plus quoi en faire. Ils dorment sur les quais.
00:52:48 L'autre jour, on était en direct, on est allé sur les quais, on les a vus.
00:52:50 Il y a des tentes sur les quais. Il y a les quais
00:52:52 qui étaient en train de déborder.
00:52:54 Ils sont partis... Enfin, c'est une horreur
00:52:56 pour eux. Et puis... - D'accord, mais qu'est-ce que vous voulez dire ?
00:52:58 - Si je devais résumer mon
00:53:00 propos, ceux qui sont effectivement
00:53:02 des mineurs isolés et qui ont le droit
00:53:04 à l'intégration par le droit et un titre de séjour
00:53:06 légal restent, ils doivent être accompagnés.
00:53:08 On ne doit pas les laisser en train de la rue.
00:53:10 Ceux qui ont vocation à repartir doivent...
00:53:12 - On ne sait pas qu'on n'arrive pas à renvoyer
00:53:14 personne en France. Enfin, vous le savez bien.
00:53:16 Après, on peut faire de la théorie. Mais on n'arrive pas à renvoyer
00:53:18 personne. - Nous ne sommes pas en responsabilité. - Il y a moins de 10%
00:53:20 des gens qui ont des OQTF qui sont renvoyés.
00:53:22 Qu'est-ce que vous voulez renvoyer les gens ? Les gens qui viennent
00:53:24 en France. - Si on les renvoie pas, on fait quoi, monsieur ? - Moi, je n'ai pas
00:53:26 de solution. Je ne suis pas un politique. C'est vous qui avez choisi d'être politique.
00:53:28 Moi, j'ai choisi d'aller en France. - Non, mais il n'y a pas de problème.
00:53:30 - On est bien gentil. - Déjà, effectivement, il faut absolument
00:53:32 rappeler et marteler à ça, c'est que
00:53:34 bien souvent, ces gens-là ne sont
00:53:36 ni mineurs ni isolés.
00:53:38 Ils font partie de réseaux et
00:53:40 effectivement, ils sont assez malins parce qu'ils
00:53:42 connaissent... - Ils sont victimes de réseaux. - Attendez, je vous ai pas...
00:53:44 - Ils ne font pas partie de... - Ils connaissent
00:53:46 bien les mécanismes juridiques
00:53:48 pour effectivement faire suspendre
00:53:50 le temps, et bien effectivement, des expulsions,
00:53:52 se maintenir sur le sol français. Et comme on l'a vu tout à l'heure,
00:53:54 la justice est suffisamment lente pour leur permettre
00:53:56 soit effectivement de
00:53:58 s'éclipser dans la nature, soit de faire une demande
00:54:00 de titre de séjour,
00:54:02 et comme on voit qu'on en accorde des centaines
00:54:04 de milliers, ces gens-là tirent sur
00:54:06 les ficelles du système. Donc, il faut arrêter
00:54:08 de donner des instruments à des gens qui,
00:54:10 encore une fois, violent nos
00:54:12 lois, viennent sur notre territoire
00:54:14 sans respecter les fondamentaux
00:54:16 les plus élémentaires. Et puis, enfin, pardon,
00:54:18 là, on parle des sorties. On s'interroge de savoir comment est-ce qu'on va les renvoyer.
00:54:20 Mais arrêtons de les faire entrer.
00:54:22 C'est quand même ça la base de l'élection.
00:54:24 - Il n'y a pas de frontières. - Et bien voilà.
00:54:26 Revenons-en. Nous sommes en contexte...
00:54:28 Nous sommes dans un contexte d'élection européenne.
00:54:30 La question de Schengen peut peut-être à un moment se reposer.
00:54:32 Et de savoir si l'on ne peut pas maintenant
00:54:34 reprendre le contrôle
00:54:36 de nos frontières. Schengen, c'est une passoire.
00:54:38 - D'accord, mais quand vous parlez
00:54:40 de Schengen, vous dites n'importe quoi.
00:54:42 En l'occurrence, ce n'est pas des migrants
00:54:44 intra-européens. C'est des frontières
00:54:46 externes. Donc, posez la question.
00:54:48 - Non, non, non, non, non.
00:54:50 - Ils viennent passer au tas. Ils viennent passer au tas.
00:54:52 - Ils n'empêchent qu'ils rentrent.
00:54:54 - Dans l'Espagne, l'Union Européenne, on peut dire n'importe quoi.
00:54:56 - On doit faire une pause de pub.
00:54:58 On doit faire une pause de pub.
00:55:00 Et ensuite, on va changer de sujet. On va parler du droit à mourir
00:55:02 ou de l'euthanasie. Enfin, il paraît qu'on n'a plus le droit de
00:55:04 parler d'euthanasie, si j'ai bien compris Emmanuel Macron.
00:55:06 Donc, désormais, on dit droit à mourir.
00:55:08 Et je vais vous faire écouter trois éléments qui,
00:55:10 à mon avis, vont vous faire réfléchir. Le premier, c'est un journaliste
00:55:12 de TF1 qui dit "moi, j'ai décidé d'être
00:55:14 euthanasie à 75 ans". Voilà. Je vais bien, mais j'ai décidé
00:55:16 d'être euthanasie à 75 ans. C'est comme ça.
00:55:18 On écoutera en direct avec nous le père Michel Viau
00:55:20 qui sera là et puis on écoutera
00:55:22 également le docteur Chiche, Arnaud Chiche
00:55:24 qui a écrit une tribune
00:55:26 dans le Figaro. C'est le fondateur du
00:55:28 collectif Santé. Il se dit concerné par le projet.
00:55:30 Il dit déjà "Aidons les gens à vivre
00:55:32 avant de les aider à mourir". Tout ça, c'est dans un instant.
00:55:34 C'est sur CNews. A tout de suite. - Survivant.
00:55:36 [Générique]
00:55:40 - Premier bilan
00:55:42 de l'opération Place Net.
00:55:44 900 interpellations et près de 200
00:55:46 incarcérations depuis fin septembre,
00:55:48 annonce du directeur général de la
00:55:50 Gendarmerie nationale, Christian Rodríguez,
00:55:52 qui précise toutefois qu'aujourd'hui,
00:55:54 il y a de la drogue partout. C'est un
00:55:56 vrai sujet. Un pas de plus
00:55:58 vers l'autonomie. Le gouvernement et les élus
00:56:00 Corse annoncent un accord en ce sens
00:56:02 avec des lois qui pourront être adaptées à
00:56:04 l'île de beauté. Mais ce n'est qu'une première
00:56:06 étape. Reste encore un long processus
00:56:08 de vote avant éventuellement une réunion
00:56:10 du Congrès à Versailles.
00:56:12 Et puis, débat houleux en
00:56:14 perspective à l'Assemblée avec cette question
00:56:16 "Quel soutien à l'Ukraine ? Un vote
00:56:18 sans valeur contraignante attendu aux
00:56:20 environs de 20 heures. Scrutin
00:56:22 auquel seuls les LR devraient voter
00:56:24 favorablement."
00:56:26 [Générique]
00:56:28 - Bonsoir 37 sur CNews. Merci d'être avec nous. On va parler
00:56:30 de ce fameux droit à mourir qu'Emmanuel Macron
00:56:32 a remis dans l'actualité. Il a
00:56:34 mis l'IVG il y a quelques semaines.
00:56:36 Cette fois, c'est le droit à mourir. Donc on est vraiment sur
00:56:38 le sujet de société. Et au fond,
00:56:40 cette fin de vie dont il parle, c'est en train de
00:56:42 devenir une polémique parce que tous les
00:56:44 avis s'expriment là-dessus. On est en direct avec
00:56:46 le Dr Arnaud Chiche qui est médecin anesthésiste,
00:56:48 réanimateur et fondateur du collectif Santé
00:56:50 à Endanger. Bonjour. Merci beaucoup d'être en direct
00:56:52 avec nous. Vous avez écrit une tribune dans le Figaro
00:56:54 qui fait énormément réagir et c'est pour ça que je voulais
00:56:56 vous avoir en direct.
00:56:58 Vous dites "On parle de l'aide à mourir
00:57:00 et l'aide à vivre. Est-ce qu'on en parle ?"
00:57:02 Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
00:57:04 - C'est qu'en fait, des textes de loi
00:57:06 pour améliorer l'accès aux soins
00:57:08 des Français, pour améliorer
00:57:10 le fonctionnement des hôpitaux, pour améliorer
00:57:12 le recours à un médecin
00:57:14 généraliste pour faire en sorte qu'il y ait plus de médecins
00:57:16 en France, pour améliorer la situation
00:57:18 des services d'urgence en France,
00:57:20 et bien des textes de loi, il y en a plein.
00:57:22 Mais ceux-là, on ne les discute pas.
00:57:24 On n'en parle pas. On dirait que ça n'intéresse pas
00:57:26 le président Macron. Donc en fait,
00:57:28 si vous voulez, c'est la charrue
00:57:30 avant les bœufs. Et ce qui est hyper
00:57:32 gênant dans ce système-là,
00:57:34 c'est qu'aujourd'hui, le recours
00:57:36 aux soins, l'accès aux soins,
00:57:38 mais y compris la prise
00:57:40 en charge d'une maladie chronique ou d'un cancer,
00:57:42 c'est parfois difficile
00:57:44 sur notre territoire. Et finalement,
00:57:46 on ne résout pas ces problèmes-là,
00:57:48 mais on dit aux Français, "Vous inquiétez pas.
00:57:50 On va vous aider à mourir."
00:57:52 Donc ça, c'est vraiment gênant,
00:57:54 intellectuellement. Ce qui est très gênant aussi,
00:57:56 si vous voulez, c'est le manque d'expertise,
00:57:58 puisqu'on voit bien que le président Macron n'a aucune
00:58:00 idée de ce qui se passe déjà
00:58:02 sur place, dans les hôpitaux.
00:58:04 Alors moi, je profite de votre antenne pour l'inviter
00:58:06 en stage, Emmanuel Macron, parce qu'il ne sait pas
00:58:08 ce que c'est déjà une imitation thérapeutique.
00:58:10 Il ne connaît pas la loi Leonetti.
00:58:12 Et donc c'est très gênant pour des soignants.
00:58:14 De nos très nombreux soignants
00:58:16 se sentent vraiment méprisés
00:58:18 par un président qui a pris là une décision
00:58:20 qui a beaucoup de sens sur le plan
00:58:22 sociétal, civilisationnel,
00:58:25 humaniste, philosophique,
00:58:27 qui aura des conséquences importantes,
00:58:29 alors qu'on lui demande déjà de faire
00:58:31 fonctionner les hôpitaux, de permettre à tous
00:58:33 les Français d'avoir les meilleurs traitements anti-cancéreux,
00:58:35 de permettre aux étudiants français de devenir docteur
00:58:37 en France sans être obligé d'aller en Roumanie,
00:58:39 au Portugal ou en Belgique. Il y a beaucoup de choses.
00:58:41 Il y a un projet de loi de Bernard Jomier
00:58:43 pour augmenter les effectifs en France, pourquoi on ne le discute
00:58:45 pas, celui-là. Il y a le projet de loi Yannick Noder,
00:58:47 républicain, sur
00:58:49 les modalités d'accession à la deuxième ligne de médecine.
00:58:51 En fait, voilà quoi. On crée
00:58:53 une ambiance un peu macabre,
00:58:55 qui ne me plaît pas du tout.
00:58:57 - Et vous avez des mots très forts, parce que vous dites
00:58:59 que nous, les soignants, aujourd'hui,
00:59:01 on est pris entre la concernation, la colère
00:59:03 et la tristesse.
00:59:05 - Écoutez, Jean-Marc,
00:59:07 on se connaît depuis un petit moment, ça fait 4 ans qu'on se connaît,
00:59:09 parce que je viens râler chez vous, parce que depuis
00:59:11 4 ans, ils ne font rien
00:59:13 pour améliorer l'accès aux soins.
00:59:15 Ils ne font rien pour écouter les infirmiers
00:59:17 libéraux, pour les médecins généralistes,
00:59:19 aujourd'hui, en France, en 2024,
00:59:21 la première manière de mourir dans certains services
00:59:23 c'est d'aller aux urgences, parce qu'il n'y a plus assez de soignants
00:59:25 pour s'occuper des gens. Ça fait 4 ans
00:59:27 qu'on le dit ça. Les syndicats le disent,
00:59:29 le collectif 100 ans en danger le dit. Et là,
00:59:31 tombé du ciel, on a un projet de loi
00:59:33 dont on se demande si ce n'est pas les mutuels,
00:59:35 qu'on fait du lobbying, parce que vous savez,
00:59:37 Jean-Marc, il faut comprendre une chose,
00:59:39 le coût moyen des dépenses de santé pour un Français
00:59:41 plutôt en bonne santé,
00:59:43 c'est 3 500 euros par an.
00:59:45 Mais le coût moyen des dépenses de santé pour un Français
00:59:47 en fin de vie, c'est 28 000 euros
00:59:49 par an. Et on se demande
00:59:51 quand même si là,
00:59:53 ce n'est pas une manière détournée de faire
00:59:55 la santé publique. Il y a autre chose de fondamentale
00:59:57 que vous devez comprendre, Jean-Marc,
00:59:59 c'est que le rôle des médecins,
01:00:01 c'est d'être obsédé par le fait de soigner les gens
01:00:03 et de limiter la douleur quand il y a des douleurs.
01:00:05 Vous comprenez ? Bon, parfois,
01:00:07 il faut un peu se creuser la tête. Parfois,
01:00:09 il faut rassurer des patients ou une famille
01:00:11 qui, eux, n'ont pas forcément
01:00:13 idée de toutes les ressources médicales
01:00:15 ou chirurgicales que peuvent avoir
01:00:17 les médecins. Et là, en fait,
01:00:19 on leur demande un bouton auquel ils auront
01:00:21 accès pour éventuellement dire stop.
01:00:23 Mais il faut comprendre, Jean-Marc, que dans les endroits
01:00:25 de France où on aura déjà du mal à se soigner,
01:00:27 à ceux qui n'ont pas un accès
01:00:29 aux soins faciles, peut-être même
01:00:31 à ceux qui n'ont pas un niveau socio-économique
01:00:33 très élevé leur permettant de ne pas
01:00:35 avoir accès aux meilleurs soins
01:00:37 dans les meilleurs établissements, parfois privés.
01:00:39 Est-ce que ces gens-là ne vont pas être tentés de dire
01:00:41 plus vite que d'autres, ben stop,
01:00:43 quoi, finalement. Et enfin, Jean-Marc,
01:00:45 vous me laissez la parole, je continue,
01:00:47 ne pas parler aujourd'hui de ce qui se passe dans les EHPAD.
01:00:49 C'est un vrai scandale. Emmanuel Macron,
01:00:51 ça fait 4 ans que je lui demande
01:00:53 de mettre des infirmières dans les EHPAD la nuit
01:00:55 et des médecins de garde
01:00:57 pour les EHPAD, parce que quand aujourd'hui
01:00:59 vous avez 96 ans et que vous avez un problème
01:01:01 dans une EHPAD et que vous êtes clairement en fin de vie,
01:01:03 vous savez ce qu'on fait ? On vous transporte aux urgences,
01:01:05 sur un brancard, parce qu'on ne peut pas
01:01:07 vous prendre en charge autrement. Donc en fait, si vous voulez,
01:01:09 ça arrive comme un cheveu
01:01:11 sur la soupe, c'est pas
01:01:13 bien du tout ce que fait Macron, là.
01:01:15 - Et vous dites deux choses, alors.
01:01:17 Une où je crois on est tous d'accord,
01:01:19 vous dites qu'il n'y a plus assez de médecins généralistes,
01:01:21 on est tous d'accord, vous dites "on meurt sur les brancards
01:01:23 aux urgences", on a souvent parlé ensemble,
01:01:25 effectivement, et on sait que c'est vrai,
01:01:27 mais vous dites quelque chose qui est peut-être plus,
01:01:29 j'ai envie de dire, une réflexion
01:01:31 psychologique, vous dites "donner la mort
01:01:33 n'est pas un soin", et je trouve ça
01:01:35 intéressant. - Jean-Marc,
01:01:37 merci de mettre ça sur la table.
01:01:39 Je voudrais
01:01:41 essayer de faire comprendre ça à vos auditeurs.
01:01:43 Même si l'issue
01:01:45 est la même.
01:01:47 Augmenter des doses de médicaments pour améliorer
01:01:49 le confort d'un patient,
01:01:51 jusqu'à provoquer malheureusement
01:01:53 son décès, c'est
01:01:55 fondamentalement différent
01:01:57 sur le plan philosophique
01:01:59 et éthique que de faire une injection
01:02:01 létale,
01:02:03 programmée, qui va provoquer la mort
01:02:05 immédiatement.
01:02:07 Oui, l'issue est la même,
01:02:09 mais vous imaginez bien que
01:02:11 la démarche éthique, intellectuelle
01:02:13 est complètement différente.
01:02:15 Et ce que doivent comprendre aujourd'hui les Français,
01:02:17 ceux qui ont l'impression qu'on les laisserait souffrir
01:02:19 dans un hôpital alors qu'ils ont une maladie
01:02:21 grave et incurable, ceux qui aujourd'hui
01:02:23 se disent "cette loi elle est formidable,
01:02:25 grâce à cette loi je ne vais pas souffrir",
01:02:27 mais ces gens-là doivent se mobiliser
01:02:29 et rejoindre le collectif Santé en danger
01:02:31 parce que nous on dit, et tout le monde
01:02:33 le dit Jean-Marc, c'est pas que Arnaud Chiche,
01:02:35 qu'avant de faire une loi comme ça,
01:02:37 il faudrait déjà s'assurer qu'il y ait assez de moyens
01:02:39 pour les soins palliatifs partout
01:02:41 en France. Il y a la moitié du territoire
01:02:43 qui n'est pas couverte. Je travaille dans un établissement
01:02:45 où on ne fait que du cancer,
01:02:47 que de la maladie grave.
01:02:49 Les services de soins palliatifs, ils sont
01:02:51 en permanence avec nous. Mais si on ne les avait pas,
01:02:53 évidemment que l'accès aux thérapeutiques
01:02:55 de confort serait moins bon,
01:02:57 d'une part. D'autre part, les soins palliatifs
01:02:59 c'est pas que la mort. Les soins palliatifs, c'est
01:03:01 une psychologue, c'est expliquer à une infirmière
01:03:03 comment on va faire un pansement d'escar.
01:03:05 Il y a quelques mois, une patiente
01:03:07 qui avait un cancer dépassé avec des métastases
01:03:09 a fait une occlusion intestinale. On s'est posé
01:03:11 la question de savoir s'il ne fallait pas tout arrêter.
01:03:13 Et petite parenthèse,
01:03:15 Emmanuel Macron parle d'aide
01:03:17 à mourir, mais vous savez, aujourd'hui, on fait
01:03:19 de la limitation des thérapeutiques actives. Rien que ça,
01:03:21 c'est déjà difficile
01:03:23 à poser comme indication
01:03:25 de manière collégiale. Cette dame qui avait une occlusion
01:03:27 intestinale avec des métastases partout,
01:03:29 qui était condamnée. Finalement,
01:03:31 on a décidé avec son accord
01:03:33 et celui de son mari de l'opérer.
01:03:35 Et en fait, on a libéré l'occlusion intestinale.
01:03:37 Elle a eu ce qu'on appelle une poche.
01:03:39 Mais vous savez quoi ? Elle est rentrée chez elle.
01:03:41 Et puis elle a pu passer encore
01:03:43 quelques semaines avec ses enfants et son mari.
01:03:45 Donc en fait, quand on veut simplifier...
01:03:47 - Non, mais on a compris, docteur.
01:03:49 Merci, je suis désolé, je vous coupe,
01:03:51 parce que c'était un peu long, mais c'était intéressant. C'est pour ça que je vous ai laissé du temps.
01:03:53 Et ce qui est assez étonnant, c'est qu'en plateau,
01:03:55 tout le monde disait "il a raison".
01:03:57 - Je sais que j'ai raison, Jean-Marc.
01:03:59 - Non, mais ce que je veux dire, c'est qu'on a
01:04:01 les gens qui sont quand même très opposés
01:04:03 sur tous les sujets. Et là, quand même,
01:04:05 c'est une des premières fois où tout le monde dit
01:04:07 "il a raison" et on est tous d'accord avec lui.
01:04:09 Et je ne sais pas si vous avez entendu...
01:04:11 Attendez, juste pour aller dans votre sens
01:04:13 tout à l'heure, dans le sommaire, on a passé un extrait
01:04:15 du mari
01:04:17 de la présentatrice de France 5,
01:04:19 le magazine de la santé
01:04:21 Marie-Nakar, qui a
01:04:23 la maladie de Charcot.
01:04:25 Et il disait "quand j'ai appris que j'avais la maladie de Charcot,
01:04:27 j'ai voulu être tanasié.
01:04:29 Et aujourd'hui, je suis grand-père.
01:04:31 Et je suis grand-père et j'ai envie de vivre.
01:04:33 Et j'ai envie de serrer cette petite fille dans mes bras".
01:04:35 Voilà. Juste, moi, j'ai pas
01:04:37 de vrai avis sur tout ça, mais juste
01:04:39 c'est des éléments que j'ai envie de donner
01:04:41 à réflexion. - Vous devez avoir un avis, Jean-Marc,
01:04:43 c'est que le président de la République,
01:04:45 qu'on a tous contribué à élire,
01:04:47 avant qu'il fasse une loi comme ça, il vienne en stage avec Arnaud Chiche.
01:04:49 - Eh bien, écoutez, on va lui proposer.
01:04:51 Merci, Docteur Arnaud Chiche, d'avoir été avec nous.
01:04:53 Ça fait énormément rire, j'ai repéré un petit peu.
01:04:55 - Ah oui, non, mais une fois n'est pas coutume, parce qu'on s'est déjà
01:04:57 affronté sur d'autres sujets avec Arnaud Chiche.
01:04:59 - Tout à fait d'accord avec ce qu'il dit, je pense qu'il faut...
01:05:01 En fait, le plus important, c'est, avant même
01:05:03 de débattre, c'est de bien poser le problème et de voir de quoi
01:05:05 on parle. C'est-à-dire que, de bien comprendre
01:05:07 que déjà, sur la question de la souffrance, il existe des soins palliatifs
01:05:09 et qu'on devrait renforcer les soins palliatifs. Je vais pas répéter
01:05:11 tout ce qui a été dit. Mais le point,
01:05:13 même en droit, le
01:05:15 grand basculement, c'est que
01:05:17 le suicide, c'est plus
01:05:19 un délit en France, d'ailleurs c'est stupide d'instituer
01:05:21 un délit pour le suicide,
01:05:23 c'est que maintenant, on va vous... C'est ça la différence.
01:05:25 C'est plus un geste individuel.
01:05:27 Le suicide, si j'ose dire,
01:05:29 si j'ose, c'est pas un droit individuel,
01:05:31 mais ça ne regarde que vous, si vous voulez.
01:05:33 Là, c'est différent. C'est-à-dire qu'on va demander
01:05:35 à quelqu'un, un tiers,
01:05:37 par le biais d'un contrat,
01:05:39 ici c'est du droit, de vous injecter,
01:05:41 de vous injecter un produit, de vous donner
01:05:43 la mort. Et c'est ça le
01:05:45 grand changement. Et moi, ma position...
01:05:47 - Et si on le fait soi-même ? Et si on se dit, bah c'est vous
01:05:49 qui appuyez. Je crois que c'est en Suisse, en Belgique, je crois,
01:05:51 où on doit appuyer soi-même sur le mouton.
01:05:53 - Oui, mais on vous met à disposition.
01:05:55 - Ah oui, bien sûr. - Vous passez un contrat,
01:05:57 on vous met de l'option. Et c'est pour ça que c'est quelque chose
01:05:59 qui ne vous regarde pas seulement vous,
01:06:01 dans le cas de l'euthanasie. Il y a une action
01:06:03 extérieure. La question est de savoir si la société
01:06:05 ici, veut faire en sorte
01:06:07 de permettre cet accès extérieur
01:06:09 pour qu'il y ait une action ici, positive,
01:06:11 une action pour mourir.
01:06:13 C'est d'un basculement philosophique.
01:06:15 Moi, en l'État, mais on n'a pas d'avis
01:06:17 très tranché, ça peut évoluer, moi en l'État,
01:06:19 effectivement, je suis opposé. - François Caleçon.
01:06:21 - Oui, bon, je voulais dire d'abord,
01:06:23 une chose, c'est le débat sur la fin de vie, c'est un débat
01:06:25 socialement légitime. Moi, j'ai aucun problème
01:06:27 si on le pose. Maintenant, moi, je vais vous raconter
01:06:29 une histoire personnelle. J'ai accompagné une personne
01:06:31 très proche, très récemment, dans un
01:06:33 service d'oncologie gériatrique.
01:06:35 Qu'est-ce qui se passe dans un service d'oncologie
01:06:37 gériatrique, entre Noël et le jour de l'An ?
01:06:39 Il y a des tas de personnes âgées
01:06:41 qui sont là, toutes seules, dans leur chambre.
01:06:43 Il n'y a pas d'infirmière.
01:06:45 Il n'y a pas d'aide soignante. Il n'y a pas de famille.
01:06:47 Donc, à un moment donné,
01:06:49 la dimension psychologique des personnes, c'est quoi ?
01:06:51 Des gens qui pourraient vivre.
01:06:53 Des gens qui pourraient être accompagnés.
01:06:55 Quand la société dit "je n'ai pas les moyens de vous
01:06:57 accompagner dans votre fin de vie, de vous
01:06:59 soigner", ça a été dit par le docteur Chiche dans "Votre
01:07:01 fin de vie", mais "je vous donne un bouton
01:07:03 pour mourir", eh bien, moi, je suis désolé,
01:07:05 le cumul des
01:07:07 urgences où on meurt, des services
01:07:09 notamment de gériatrie,
01:07:11 des EHPAD où il n'y a pas de personnel,
01:07:13 où les familles ne viennent pas, et
01:07:15 ce qu'on appelle le droit à mourir,
01:07:17 on peut basculer dans une société eugéniste.
01:07:19 Donc, moi, je veux bien qu'on pose ce sujet
01:07:21 de la fin de vie,
01:07:23 mais on le pose dans le cadre d'un
01:07:25 accompagnement de qualité pour les personnes en fin de vie.
01:07:27 - J'ai bien compris. - Parce qu'autrement,
01:07:29 l'alternative, c'est quoi ? C'est de crever
01:07:31 parce qu'il n'y a plus les moyens,
01:07:33 et d'être déprimé presque à peu de temps.
01:07:35 - Juste, attendez, parce qu'il devrait se capter.
01:07:37 Je voudrais qu'on écoute Thomas Missraki, qui est grand reporter
01:07:39 ATF1. Et lui, alors, il a un discours
01:07:41 qui, moi, me sidère un peu, parce qu'il dit
01:07:43 "moi, j'ai décidé de mourir à 75 ans".
01:07:45 "Moi, je n'ai pas envie de dépérir, je veux qu'on m'euthanasie
01:07:47 à 74 ans". Et je trouve ça d'une violence...
01:07:49 - Risque de la dérive. - Terrible. C'est pour moi une dérive.
01:07:51 - C'est ça. - Pour moi, il dessert totalement
01:07:53 ceux qui défendent l'euthanasie. On l'écoute.
01:07:55 - Je veux partir en pleine conscience.
01:07:57 Je veux préparer
01:07:59 ce que j'aime à ça.
01:08:01 - Et comment d'ailleurs le prennent ?
01:08:03 Comment votre entourage prend cette décision ?
01:08:05 - Vous savez, il y a ceux qui considèrent que vous allez changer la vie,
01:08:07 que vous êtes un peu foufou,
01:08:09 que c'est votre nature, etc.
01:08:11 Il y a ceux qui respectent ce choix.
01:08:13 J'ai des amis proches,
01:08:15 ceux qui savent, pour moi, depuis des années,
01:08:17 moi, ça fait des décennies que j'ai cette croyance.
01:08:19 Les gens se sont habitués à l'idée,
01:08:23 mais on ne se projette pas. Moi, j'en parle jamais,
01:08:25 d'amour. Enfin, on en parle parce qu'il y a ce livre-là,
01:08:27 mais ce n'est pas quelque chose dont on parle au quotidien,
01:08:29 évidemment pas. Moi, mon seul
01:08:31 souci, évidemment, c'est ma fille.
01:08:33 - Et comment vous allez lui dire ?
01:08:35 - Elle a 6 ans, donc elle est un peu jeune,
01:08:37 mais le jour où elle sera en mesure de comprendre,
01:08:39 on en parlera. Et elle aura une trentaine
01:08:41 d'années le jour où, moi, je disparaîtrai.
01:08:43 Voilà, j'espère qu'elle sera
01:08:45 assez forte, qu'elle sera prête, qu'elle
01:08:47 l'aura compris. C'est
01:08:49 un débat. Elle ne sera peut-être pas d'accord avec moi,
01:08:51 elle aura peut-être d'autres croyances,
01:08:53 mais je suis son père, je suis aussi un homme.
01:08:55 Et mes croyances sont les miennes,
01:08:57 les siennes seront les siennes.
01:08:59 J'espère qu'elle aura
01:09:01 l'intelligence de me comprendre, ou en tout cas
01:09:03 l'amour suffisant pour l'accepter.
01:09:05 - Moi, je dois avouer que j'ai beaucoup de mal à comprendre.
01:09:07 Un mot, rapide, Jean-Marc Silvestre, comment vous agissez ?
01:09:09 - Je suis à 75 ans, voilà, j'ai décidé pour pas vieillir.
01:09:11 - Ecoutez, c'est son point de vue,
01:09:13 c'est son avis. - Oui, bah, ça, merci.
01:09:15 Merci de l'analyse.
01:09:17 On a l'intérêt de voir un avis.
01:09:19 - C'est une question tellement personnelle.
01:09:21 - Oui, mais on ne peut pas dire "je veux mourir à 75 ans",
01:09:23 excusez-moi, enfin. - Je ne suis pas sûr que l'idée du Président de la République
01:09:25 d'avoir ouvert ce débat aujourd'hui
01:09:27 était très opportune. - Merci. Sonia Mabroux,
01:09:29 c'est dans un instant, on se retrouve demain en direct à partir de 2h35
01:09:31 sur CNews. A demain et d'ici là, soyez prudents.
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