Jean-Marc Morandini et ses chroniqueurs décryptent l'actualité des médias dans #MorandiniLive
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00:00:00 [Générique]
00:00:05 Vendredi 19 avril 2024, Morandini Live numéro 1423.
00:00:09 Bonjour et bienvenue en direct à la Une.
00:00:12 Un zapping rapide ce matin car l'actualité se déroule en direct
00:00:15 et nous allons la vivre ensemble.
00:00:16 Premier direct tout de suite, c'est la marche blanche qui se prépare à Grande-Synthe.
00:00:20 Nous sommes bien sûr sur place avec nos envoyés spéciaux.
00:00:24 Selon les premiers éléments de l'enquête, Philippe qui a été sauvagement battu à mort
00:00:29 aurait été victime d'un guet-à-pens.
00:00:31 Ces deux agresseurs présumés se seraient fait passer pour une jeune fille sur une application de rencontre.
00:00:37 Il aurait ensuite été violemment agressé.
00:00:40 Philippe a été retrouvé partiellement dévêtu,
00:00:43 gisant inconscient et atrocement mutilé sur un parking.
00:00:46 Vous voyez en direct les images de cette marche blanche qui se prépare en ce moment
00:00:51 et qui aura lieu à partir de 11h et nous allons la vivre ensemble bien évidemment sur CNews.
00:00:56 Alors que sait-on de ce qui s'est passé TF1 hier soir ?
00:01:01 Selon nos informations, Philippe aurait été inscrit sur un site de rencontre
00:01:05 et aurait un rendez-vous avec une jeune femme.
00:01:08 Mais sur place, ses agresseurs l'attendent et lui tendent un guet-à-pens.
00:01:12 Philippe a été passé à tabac et mort sous les coups.
00:01:15 Comble de l'horreur, pendant son agression, un ami de Philippe l'appelle sur son téléphone
00:01:21 et c'est un des agresseurs qui répond.
00:01:23 C'est ce que nous a confirmé un des frères de Philippe.
00:01:26 En disant "ouais, il ne peut pas se répondre, il est par terre".
00:01:31 C'est de l'humiliation.
00:01:33 Voilà, et les deux suspects des mineurs de 14 et 15 ans originaire de Grande-Synthe
00:01:37 ont été placés en garde à vue.
00:01:40 Vous voyez une nouvelle fois les images de la population
00:01:44 qui est en train de se réunir pour rendre un dernier hommage à Philippe.
00:01:47 Les suspects qui auraient déjà tenté de tendre un guet-à-pens
00:01:51 il y a quelques jours à un autre jeune homme.
00:01:53 Bien sûr, les appels au calme se multiplient sur place,
00:01:57 mais sur Twitter, Snapchat ou encore TikTok,
00:02:00 des photos des trois adolescents présentés comme les agresseurs de Philippe
00:02:04 sont diffusées, accompagnées de commentaires menaçants,
00:02:08 leurs photos, leurs noms et des appels à la vengeance circulent également.
00:02:13 On va y revenir dans quelques instants.
00:02:15 Vous voyez en direct cette marche qui est en train de se mettre en place.
00:02:20 Elle devrait débuter aux alentours de 11h
00:02:23 et nous allons la vivre ensemble en direct dans Morandini Live sur CNews.
00:02:28 Autre agression en Alsace cette fois avec ces deux fillettes,
00:02:31 vous le savez, qui ont été poignardées hier à proximité d'une école.
00:02:34 Une attaque qui a provoqué un malaise cardiaque
00:02:36 chez une des collégiennes de 14 ans alors qu'elle était confinée.
00:02:39 On a appris ce matin que cette jeune fille était décédée à l'hôpital.
00:02:43 L'école primaire et le collège ont réouvert leurs portes ce matin
00:02:46 et on commence à en savoir plus sur ce qui s'est passé France 2 hier soir.
00:02:51 Il est un peu plus de 14h, lorsqu'un homme couteau à la main
00:02:55 s'approche d'une petite fille de 6 ans qui joue dans ce square.
00:02:58 Il la blesse au niveau du dos avant de s'enfuir en direction de l'école.
00:03:01 Là, devant la grille, il agresse à nouveau une autre fillette de 11 ans.
00:03:06 Elles ont été blessées mais leurs jours ne sont pas en danger.
00:03:10 Ecoutez cette fillette et cette maman sous le choc et traumatisée après cette attaque.
00:03:15 J'ai vu qu'il y avait un homme qui avait un couteau en main
00:03:19 et qui voulait faire une action.
00:03:26 Il voulait blesser ?
00:03:26 Oui, il voulait blesser une fille mais je ne sais pas comment elle s'appelle.
00:03:30 J'étais vraiment très choquée.
00:03:31 Ça ne devrait pas se passer en 2024.
00:03:34 Il ne devrait pas se passer des trucs comme ça.
00:03:36 Et vraiment, il faut mettre plus de personnes autour des écoles pour surveiller.
00:03:42 Ils se replacent des médecins en particulier.
00:03:43 Des psys sont présents pour rassurer la population
00:03:47 et l'école est ouverte aujourd'hui.
00:03:49 La décision de l'Éducation nationale a été d'ouvrir l'école demain matin.
00:03:53 Dans le cadre de cette ouverture, ce qui est un peu légitime
00:03:56 puisque nous sommes à deux jours des vacances,
00:03:58 les enfants ne restent pas sur l'idée qu'à l'école,
00:04:00 il se passe quelque chose de dramatique.
00:04:02 Il s'agit de rassurer les enfants, de leur montrer que l'école est avant tout
00:04:05 un lieu de sécurité, d'enseignement,
00:04:07 où les parents peuvent confier les enfants en toute sécurité
00:04:10 puisque, comme vous l'avez vu, les choses se sont passées au plus sécure.
00:04:15 Je pense effectivement que ces enfants qui ont des questions
00:04:18 doivent avoir une occasion de pouvoir les poser, ces questions,
00:04:21 et de rencontrer leurs enseignants habituels
00:04:23 ou peut-être aussi des psychologues pour répondre à ça, évaluer.
00:04:26 Puis peut-être donner, au-delà des conseils,
00:04:29 parfois des rendez-vous, des rappels téléphoniques pendant les vacances
00:04:32 si des difficultés émergent parce que les vacances vont être assez longues
00:04:35 pendant 15 jours.
00:04:37 Voilà, et tous ces événements interviennent
00:04:38 alors que le Premier ministre Gabriel Attal a souhaité prononcer hier
00:04:41 un discours contre la violence.
00:04:42 On l'a vécu en direct sur CNews.
00:04:44 Mais hier soir, Gabriel Attal est allé plus loin en dénonçant sur BFM
00:04:48 l'antrisme islamiste et des gens qui prônent la charia en France.
00:04:53 Vous avez, dans beaucoup d'endroits en France,
00:04:57 des groupes plus ou moins organisés qui cherchent à faire
00:05:00 ce qu'on appelle un antrisme islamiste, et donc oui, les préceptes de la charia,
00:05:04 notamment dans nos écoles.
00:05:05 Vous avez en face de vous, Madame de Malherbe,
00:05:07 le ministre de l'Éducation nationale, l'ancien ministre de l'Éducation nationale,
00:05:10 qui a pris une décision importante, interdire le port de la baïa et du camis
00:05:15 dans nos établissements scolaires, qui était utilisé
00:05:17 pour détourner la laïcité avec des groupes organisés
00:05:20 qui appelaient des jeunes filles à porter une baïa à défaut de pouvoir porter un voile,
00:05:24 pour manifester ostensiblement leur religion
00:05:26 et couvrir leur corps dans l'école de la République.
00:05:28 J'ai pris la décision de l'interdire.
00:05:30 Sur ce sujet-là, je peux vous dire que ma détermination, elle est absolue.
00:05:34 Voilà, deuxième point d'attention ce matin, bien sûr,
00:05:36 c'est l'Iran et la riposte d'Israël.
00:05:39 Des explosions puissantes ont été entendues en Iran vers 5h du matin.
00:05:42 De source américaine, on confirme dans les médias
00:05:45 qu'il s'agit d'une attaque israélienne limitée
00:05:48 suite à l'attaque iranienne de samedi dernier.
00:05:51 Mais du côté iranien, on affirme qu'il n'existe aucune information
00:05:54 en faisant état d'une attaque de l'étranger.
00:05:57 Nous serons là encore, en direct, en Israël, dans cette émission.
00:06:00 Pour faire le point.
00:06:02 En fin d'heure actuelle, également, je voulais vous faire écouter Jean-Luc Mélenchon,
00:06:05 qui une fois de plus attise la haine contre CNews
00:06:07 et demande l'interdiction de notre chaîne.
00:06:09 Lui qui dit défendre la liberté d'expression de son parti,
00:06:13 veut avoir le droit de prôner un discours anti-israélien,
00:06:16 mais il demande l'interdiction de CNews.
00:06:19 Nos délateurs sont couverts d'infamies
00:06:22 et les aboyeurs qui les relaient pendant des heures et des heures
00:06:26 sur cette chaîne infâme qui s'appelle CNews.
00:06:31 [Cris de la foule]
00:06:34 Voilà, Jean-Luc Mélenchon toujours dans la finesse.
00:06:36 Les tops et les flops d'audience hier soir,
00:06:37 c'était avec Mister Audience.
00:06:38 S. Kevin, va-t'en.
00:06:42 Hier soir en access, peu de monde devant la télé.
00:06:44 La situation s'est un peu tendue pour Nagui,
00:06:47 qui même s'il reste leader, est en baisse à 2,7 millions.
00:06:49 Mais surtout, le feuilleton de TF1 Demain nous appartient
00:06:52 se rapproche encore avec seulement 170 000 personnes de moins.
00:06:56 Le 19-20 de France 3 se retrouve également en difficulté
00:06:59 en passant sous la barre des 2 millions.
00:07:00 Sur M6, la meilleure boulangerie de France stagne
00:07:03 avec une audience correcte à 1,4 million
00:07:04 et reste devant 7 à vous sur France 5.
00:07:06 Du côté des talk-show, touche,
00:07:09 Pamoposte sur C8 arrive en tête avec un score dans sa moyenne à 1,8 million,
00:07:13 avec son best-of quotidien sur TMC dans un mouchoir de poche,
00:07:16 avec cette aboula suite en inédit sur France 5,
00:07:19 sous le million, et reste devant Jeux Citoyens sur France 3.
00:07:22 En prime time, TF1 arrive en tête avec sa série Mademoiselle Holmes
00:07:28 qui rassemble 3,7 millions de téléspectateurs.
00:07:31 A noter que le score est en forte baisse
00:07:33 par rapport au lancement la semaine dernière,
00:07:34 qui était à 4,5 millions.
00:07:36 Le match de foot sur M6,
00:07:37 opposant Marseille au Bénéfique à Lisbonne,
00:07:40 réalise un bon score à 3 millions.
00:07:42 Avec sa série policière Meurtre en pays doléron,
00:07:44 France 3 fait une audience correcte,
00:07:45 battant ainsi très largement le magazine de France 2
00:07:48 envoyé spécial, qui est faible à moins d'un million et demi.
00:07:51 Mister Audience vous dit à lundi.
00:07:53 - Allez, je vous présente mes invités
00:07:55 qui vont m'accompagner en direct
00:07:57 avant d'aller dans un instant à la Marche Blanche de Philippe
00:08:00 pour à Grande Sainte.
00:08:01 Maître Robinson Barbier, bonjour.
00:08:03 Merci d'être avec nous.
00:08:04 Christine Kelly, bonjour.
00:08:06 La présentatrice de France à l'info,
00:08:07 s'il faut vous présenter, je ne suis même pas sûr.
00:08:09 - C'est moi, présent.
00:08:10 - La formidable Christine Kelly,
00:08:12 journaliste de talent, ex-membre du CSA.
00:08:15 - J'ai rougi.
00:08:16 - Elle est avec nous.
00:08:17 Bruno Pomard, bonjour.
00:08:18 Merci d'être la présidente du Think Tank Initiative
00:08:20 Sécurité Intérieure et ex-instructeur opérationnel du RED.
00:08:24 On voit votre dernier livre,
00:08:25 "Quartier non prioritaire de la politique de la ville".
00:08:28 Et puis Maître Philippe Henri Honegger, bonjour.
00:08:30 - Bonjour.
00:08:30 - Avocat pénaliste.
00:08:31 On part tout de suite en direct à Grande Sainte
00:08:33 où va se dérouler la Marche Blanche
00:08:35 pour Philippe.
00:08:36 La Marche Blanche qui est en train de se préparer,
00:08:39 vous le voyez, on rejoint Maxime Leguet,
00:08:41 l'envoyé spécial de CNews avec les images d'Olivier Gangloff.
00:08:44 Maxime, tout d'abord, où en est l'enquête ?
00:08:47 - Oui, écoutez, Jean-Marc, pour l'instant,
00:08:55 la piste qui est privilégiée par les enquêteurs,
00:08:58 c'est celle d'un guet-apens qui aurait été organisé
00:09:01 par les trois suspects selon les propres aveux
00:09:05 d'un des auditionnés mineurs en garde à vue hier.
00:09:08 Les suspects se seraient fait passer pour une jeune femme
00:09:11 sur un site de rencontre internet,
00:09:14 Coco, qui est une plateforme de discussion,
00:09:16 un chat de discussion ouvert de rencontres.
00:09:18 Ils auraient alors tendu un prétendu rendez-vous galant
00:09:22 avec un jeune homme afin de l'attirer dans un endroit particulier
00:09:27 pour le passer à tabac avec la violence inouïe que l'on connaît.
00:09:33 C'est un véritable massacre, un acte de barbarie.
00:09:35 Alors reste à savoir si la victime qui était ciblée spécifiquement
00:09:39 par ce guet-apens était Philippe,
00:09:41 ou si bien il s'est juste retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
00:09:45 On en saura sans doute davantage après la prise de parole
00:09:48 de la préfecture, de la procureure du parquet d'Unkerque,
00:09:54 pardonnez-moi, qui doit prendre la parole en fin d'après-midi.
00:09:58 Les deux mineurs de 14 et 15 ans qui ont été auditionnés
00:10:01 seront présentés devant un juge d'instruction cet après-midi.
00:10:05 Le troisième suspect, celui qui était toujours présent sur les faits
00:10:10 et qui est toujours recherché activement par les enquêteurs.
00:10:13 Alors vous le voyez ici, l'émotion est très vive, elle n'est pas retombée.
00:10:16 Il y a beaucoup de monde qui se sont rassemblés à Grande-Synthe
00:10:19 pour participer à cette grande marche.
00:10:21 De la sidération à la stupeur, on est passé aussi à la colère.
00:10:25 On souhaite des réponses et c'est tout ce mélange d'émotions
00:10:29 qui planera sur cette marche blanche ici à Grande-Synthe
00:10:32 qui s'apprête à démarrer d'un instant à l'autre, Jean-Marc.
00:10:35 – Voilà, et nous allons la suivre en direct, bien évidemment,
00:10:37 Maxime Leguay sur place avec les images d'Olivier Gangloff, Christine Kelly.
00:10:40 On est effaré par ce drame, on est effaré en imaginant
00:10:44 que des jeunes de 14 et 15 ans puissent ainsi aller tuer
00:10:48 à coup de barre de fer, à coup de batte de baseball,
00:10:51 un jeune garçon le laissant défigurer, mettant en scène en plus son cadavre,
00:10:55 en baissant son pantalon, en l'alignant sur le trottoir.
00:10:59 C'est effarant ce qui se passe.
00:11:01 – C'est effarant, c'est atroce, ça bouleverse.
00:11:04 On n'arrive pas à comprendre, on n'arrive pas à mettre des mots
00:11:07 sur ces mots M-A-U-X et on n'arrive pas à comprendre cette violence.
00:11:11 Imaginons un garçon de 14 ans et 15 ans qui frappe un garçon de 23 ans.
00:11:18 Je veux dire, lorsqu'un garçon de 23 ans se retrouve devant un jeune de 14 ans,
00:11:21 on ne peut pas imaginer qu'il va le frapper.
00:11:24 Imaginons ce guet-apens, cette organisation.
00:11:27 Bien sûr, on ne connaît pas tous les détails de ce guet-apens,
00:11:31 mais c'est vraiment une organisation machiavélique.
00:11:34 Donc, ce que je veux dire aussi par rapport à cette marche blanche,
00:11:38 et on en a un peu marre de ces marches blanches,
00:11:41 on l'a déjà dit à plusieurs reprises sur notre antenne,
00:11:43 on en a un peu marre de ces rassemblements,
00:11:45 et de ces petits nonos, ces petites fleurs qui sont là.
00:11:48 On en veut plus, on veut effectivement, en dehors du discours de Gabriel Attal,
00:11:53 on veut des actes et on veut de l'action concrète pour faire taire cette violence.
00:11:58 Mais juste un mot par rapport à cette marche blanche qui commence maintenant.
00:12:01 Une différence entre l'autre marche blanche, la dernière,
00:12:04 dont on avait parlé, où aucun média n'était invité,
00:12:07 et au CSI, les médias sont au cœur de la marche blanche.
00:12:09 Réfléchons juste à ce qu'il y a derrière.
00:12:11 - Voilà, et on nous dit qu'en plus, il commence hélas à tomber des cordes sur place.
00:12:15 On va retourner, c'est vraiment pas de chance,
00:12:16 parce que voilà, on sait que la population a vraiment envie de rendre hommage à ce garçon.
00:12:22 On va retourner sur place avec nos envoys spéciaux.
00:12:23 Dans un instant, maître Philippe Henri Honnager, on est effaré.
00:12:26 On est terrorisé par cette violence.
00:12:28 On dit souvent, alors vous, votre aspect, c'est vrai que c'est plus le juridique,
00:12:31 mais on dit souvent que les droits en France ne sont pas adaptés
00:12:34 pour une telle violence chez les jeunes.
00:12:35 On a le sentiment qu'on en a encore un exemple,
00:12:38 même s'ils sont présumés innocents, bien évidemment.
00:12:39 Mais ils ont 14, 15 ans et ils auraient tué,
00:12:43 je mets du conditionnel, bien évidemment,
00:12:45 mais ils auraient tué un jeune homme à coup de barre de fer et de batte de baseball,
00:12:48 vous vous rendez compte ? Et ce serait pas la première fois.
00:12:50 Ils auraient peut-être tendu des pièges à d'autres personnes avant.
00:12:53 On en est là en France.
00:12:54 – C'est absolument terrible et comme toutes ces tragédies
00:12:58 auxquelles moi, en tant qu'avocat pénaliste,
00:13:00 je suis confronté quotidiennement.
00:13:02 Et il faut aussi dire que ce n'est pas particulièrement nouveau, malheureusement.
00:13:07 C'est-à-dire qu'on a eu un processus un peu similaire dans l'affaire Hidde Annalimi.
00:13:11 Alors, il y avait des motifs antisémites.
00:13:13 On a eu, il y a quelques années, je ne sais pas si vous vous souvenez,
00:13:16 il y a eu une vague de choses un peu pareilles
00:13:18 où il donnait des rendez-vous fictifs sur des sites de rencontres homosexuels.
00:13:23 Et donc, il y avait un motif homophobe derrière ces agressions.
00:13:26 Et là, on a une nouvelle occurrence de ces pièges qui sont tendus en ligne
00:13:32 et qui ont pour but, alors je ne sais pas lequel il était,
00:13:35 est-ce qu'on est dans quelque chose qui est totalement sans aucun motif,
00:13:38 du type orange mécanique, ou alors derrière quelque chose de beaucoup plus crapuleux ?
00:13:43 J'imagine que l'enquête le révélera.
00:13:45 Après, sur l'inadaptation du système judiciaire,
00:13:49 je ne suis pas certain du constat qu'on peut entendre partier par là.
00:13:52 D'abord, il faut dire une première chose, c'est que regardez,
00:13:54 les suspects, à supposer que ce soit eux qui soient coupables,
00:13:56 ils ont été interpellés très vite, placés en garde à vue,
00:13:59 c'est-à-dire qu'il y a quand même une réactivité à la fois de la police et de la justice.
00:14:02 De la police, oui.
00:14:03 Après, ce qui est important, c'est de savoir ce qui va se passer derrière.
00:14:06 Vous savez, c'est souvent la justice qui est remise en cause, ce n'est pas la police.
00:14:09 La police, tout le monde dit sans arrêt qu'ils font un travail qui est efficace,
00:14:12 que ça marche bien la police, mais derrière, si c'est pour les remettre dehors,
00:14:15 ce ne sera pas le cas là, bien évidemment, s'ils sont coupables,
00:14:17 mais quelles seront les sanctions ? C'est ça que la question.
00:14:19 La police, déjà, elle agit sous l'autorité de la justice,
00:14:22 c'est-à-dire qu'un policier, ça travaille sous l'autorité d'un magistrat.
00:14:25 En l'occurrence, j'imagine un procureur et très probablement bientôt un juge d'instruction.
00:14:29 Donc, quand la police est efficace, c'est parce que derrière,
00:14:31 il y a une justice qui met les moyens pour que cette police soit efficace.
00:14:35 Après, il y a la question de la réponse pénale.
00:14:37 Et la question de la réponse pénale, elle se posera,
00:14:39 mais encore une fois, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.
00:14:41 C'est-à-dire que la réponse pénale, c'est une réponse qui doit être adaptée,
00:14:45 en termes de culpabilité, déjà, déterminer si c'est vraiment eux ou pas,
00:14:48 et ensuite, avec une peine qui soit adaptée aux personnes qu'on juge.
00:14:52 Et vous avez raison que la question va encore se poser,
00:14:54 comme elle s'est posée mille fois,
00:14:55 de quelle est la réponse qui doit être la plus adaptée
00:14:58 quand on a des mineurs, des garçons de 13, 14, 15 ans.
00:15:01 Et c'est une réflexion, tant mieux que la société l'est,
00:15:03 mais il ne faut pas non plus avoir une réaction qui soit à chaque fois
00:15:07 une sorte de réaction épidermique de vengeance,
00:15:09 et qui oublie que, certes, c'est peut-être, je ne sais pas si c'est eux,
00:15:12 des gens qui commettent des actes absolument terribles,
00:15:15 mais c'est aussi des enfants qui ont une vie devant eux.
00:15:19 Et cette vie-là, il ne faut pas l'oublier,
00:15:20 parce qu'il ne faut pas transformer ces gamins-là
00:15:22 en des monstres le jour où ils sortiront de prison.
00:15:24 - Ce ne sont pas des monstres. - Mais ils sont déjà des monstres.
00:15:26 - Mais justement !
00:15:27 - Mais on disait la même chose.
00:15:30 - J'adhère jamais à l'idée qu'on puisse dire qu'une personne humainse,
00:15:32 il y a des actes qui peuvent être monstrueux.
00:15:35 - Mais voilà, il y a des actes qui peuvent être monstrueux.
00:15:37 - Pardonnez-moi de vous interrompre,
00:15:39 mais je me mets à la place du frère de Philippe,
00:15:42 je me mets à la place de la mère de Philippe.
00:15:44 Je suis mère, je n'ai des frissons en vous en parlant.
00:15:47 On ne peut pas dire que ceux qui ont fait ça ne sont pas des monstres.
00:15:50 - Vous avez raison de le faire.
00:15:51 - Ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas des raisons.
00:15:53 - Non, il n'y a pas de raisons.
00:15:55 Il ne peut pas y avoir de raisons.
00:15:58 - Non, mais qui ne l'empoignent plus.
00:15:59 Par exemple, celui de 14 ans, d'après ce que l'on sait jusqu'à aujourd'hui,
00:16:02 son père était extrêmement violent, etc.
00:16:04 Il a vécu dans un bain de violence, mais non à la culture de l'excuse.
00:16:08 Ce n'est pas parce qu'on a fait de vous un enfant violent
00:16:10 que vous devez être un enfant violent.
00:16:12 Ce n'est pas parce que vous avez vécu dans la violence
00:16:14 que vous devez être violent et qu'on doit excuser votre violence.
00:16:17 Non à la culture de l'excuse.
00:16:18 - Ce n'est pas du tout ce que je dis.
00:16:19 Ce que je dis, vous voyez, moi j'entends que vous puissiez me dire
00:16:23 "je me mets à la place d'eux et j'en ai des frissons".
00:16:25 C'est ce que j'appelle une réaction épidermique, littéralement épidermique.
00:16:28 Mais la justice, elle ne doit pas se mettre à la place d'eux.
00:16:31 La justice, elle doit se mettre à la place de la société.
00:16:33 La société, ce qu'elle veut, c'est sanctionner des actes
00:16:38 effectivement qu'on peut considérer comme absolument ignobles,
00:16:41 mais traiter aussi des gens qui sont des humains
00:16:43 avec une perspective d'avenir et de futur.
00:16:46 C'est-à-dire que ce qu'ils ont fait aujourd'hui...
00:16:47 - Ce sont des humains qui ôtent la vie des autres.
00:16:49 - Oui, mais ce qu'ils ont fait aujourd'hui,
00:16:50 il faut tout faire pour que ces gens-là,
00:16:52 on les empêche de recommencer.
00:16:55 À supposer même qu'ils aient des troubles,
00:16:56 quels qu'ils soient, qui les ont conduits à commettre ça,
00:16:58 ou qu'ils aient une psychologie qui a conduit à commettre ça,
00:17:01 comment on fait pour que dans le futur,
00:17:04 le jour où ils sortiront de prison, ils ne recommencent pas ?
00:17:07 Et c'est cette question-là qui est au centre
00:17:09 de la manière dont on traite les mineurs.
00:17:11 Et on ne peut pas traiter quelqu'un qui est dans la réitération constante
00:17:14 depuis 50 ans et qui est inscrit dans la délinquance
00:17:17 et dans des articles comme un enfant de 14-15 ans.
00:17:19 - Après, une des questions que vous posez, c'est est-ce que quelqu'un comme ça est récupérable ou pas ?
00:17:21 Ça, c'est une vraie question.
00:17:22 Est-ce que quelqu'un qui a 14 ans massacre un gamin
00:17:25 avec une batte de baseball, est-ce qu'il est récupérant ?
00:17:27 On va peut-être poser la question à Pierre Sidon,
00:17:29 qui est en direct avec nous, psychiatre et psychanalyste.
00:17:31 Bonjour Pierre Sidon, merci d'être en direct avec nous.
00:17:33 C'est vrai que c'est une question qu'on ne pose pas en général,
00:17:36 mais je suis désolé parce que je crois que beaucoup de gens se la posent.
00:17:38 Est-ce qu'un gamin de 14 ans qui massacre quasiment gratuitement
00:17:41 un autre jeune à coup de batte de baseball,
00:17:45 est-ce que ce gamin, il est récupérable un jour ?
00:17:48 - C'est la question que vous aimez bien me poser, Jean-Marc.
00:17:52 - Vraiment, elle m'interroge.
00:17:54 - Mais c'est la question qu'on pose souvent, juste ici.
00:17:57 - Allez-y Pierre. - À vous qui répondent,
00:18:00 il faut expliquer, et expliquer,
00:18:03 contrairement à ce que disait Manuel Valls jadis, n'est pas excuser.
00:18:08 Il faut comprendre les causes pour pouvoir traiter les effets,
00:18:11 et je suis bien d'accord avec ce qui vient d'être dit sur la question du monstre.
00:18:15 Aucun être humain n'est un monstre, ou alors l'être humain est un monstre.
00:18:19 Ce qui est tout à fait possible,
00:18:21 et ce qu'on constate d'une certaine manière tous les jours avec les faits divers.
00:18:25 Et donc si aucun être humain n'est un monstre, il y a des explications,
00:18:30 et ça la psychanalyse permet d'expliquer le passage à l'acte,
00:18:33 pas toujours de le prévenir,
00:18:35 mais d'en expliquer les coordonnées.
00:18:37 Il y a des coordonnées singulières, individuelles,
00:18:39 et des coordonnées civilisationnelles.
00:18:41 Alors on en parle beaucoup, et sur ces news souvent,
00:18:44 on parle plus tard hier soir chez Christine Kelly, je crois,
00:18:47 il a été question de ça, ou la veille, sur la question de la disparition du père.
00:18:52 On est dans une société de père-P-A-I-R-S plutôt que de père-P-E-R-E.
00:18:57 Alors évidemment on ne peut pas le réinstaurer facilement parce qu'on n'y croit plus,
00:19:02 mais enfin ça fait partie des grandes causes.
00:19:04 Et ça répond à votre question, est-ce qu'on peut faire quelque chose ?
00:19:07 Évidemment qu'on peut faire quelque chose, en tout cas il faut toujours essayer.
00:19:10 Ça ne veut pas dire que de comprendre ce passage à l'acte
00:19:14 va faire des sujets, des victimes de leur histoire.
00:19:18 En effet, ce n'est pas comme disait Christine Kelly fort justement,
00:19:21 ça n'est pas parce qu'on a eu un père violent,
00:19:23 qui donc n'effectuait pas son rôle de père de la bonne manière,
00:19:30 je crois que ça a été évoqué par Mathieu Boccoté pas plus tard hier soir,
00:19:34 on est en plein dans cette histoire-là, dans la civilisation de la dissipation du père.
00:19:39 Et ça n'est pas pour autant qu'il n'y a pas une responsabilité,
00:19:43 et dire que quelqu'un est un monstre c'est lui ôter sa responsabilité.
00:19:47 Dire qu'il a une responsabilité et que donc il peut même effectuer éventuellement une peine,
00:19:51 se réhabiliter, c'est l'humaniser au contraire,
00:19:56 c'est lui dire que par rapport à ce qu'il a vécu de circonstances de vie dramatiques,
00:20:02 on est bien d'accord, il a néanmoins un choix, il a eu un choix,
00:20:07 donc il doit assumer les conséquences de son acte en tant qu'être humain,
00:20:11 même s'il y a un avant et un après, qu'après avoir tué on n'est plus le même, c'est vrai.
00:20:14 Mais ça peut être aussi une manière de changer, on voit beaucoup ça,
00:20:18 et la prison n'est pas toujours l'école du crime, la prison peut être un très bon outil,
00:20:23 et d'ailleurs on le voit en général puisque le taux de récidive est assez faible,
00:20:25 la prison est un bon outil de réhabilitation, de changement, de récipissance,
00:20:31 et il manque des places de prison certainement, mais pas seulement de la prison,
00:20:35 et en prison il peut y avoir aussi des soins, il faudrait qu'il y en ait plus,
00:20:38 il peut y avoir de la rééducation, de l'éducation quand on n'en a pas eu,
00:20:41 et c'est ça qui est humanisant.
00:20:44 – Je vous interroge un instant parce que visiblement la marche est en train de démarrer,
00:20:48 je vous reprends dans un instant Pierre Sidon,
00:20:50 mais je voudrais qu'on regarde ces premières images de la marche en hommage à Philippe,
00:20:55 cette marche qui démarre avec, vous reconnaissez peut-être si vous avez suivi les infos hier,
00:21:01 vous reconnaissez les deux frères de Philippe qui se sont exprimés dans les médias
00:21:04 et qui sont à la tête de cette marche,
00:21:07 je voudrais qu'on écoute cet hommage qui se fait en silence justement,
00:21:12 j'avais envie de dire qu'on écoute ce silence et ce début de la marche.
00:21:15 [Bruits de marches]
00:21:36 – Oui, fort et je dois avouer que ça donne des frissons de ne pas entendre un bruit
00:21:41 d'entendre cette foule qui est présente et de ne pas entendre un bruit.
00:21:46 Pierre Sidon, justement on voit ces marches blanches qui se succèdent,
00:21:50 hélas depuis plusieurs mois, c'est utile ces marches blanches ?
00:21:57 – Encore sur ce point-là d'accord avec Christine Kelly,
00:22:01 sur le ras-le-bol,
00:22:05 je crois que beaucoup de Français assistent à ces manifestations
00:22:11 qui notamment succèdent aux actes terroristes
00:22:17 et que beaucoup de Français en ont certainement assez des nounours
00:22:22 et ont envie d'actes qui ne soient pas ce qui apparaît comme une célébration de la victime,
00:22:28 par exemple l'attribution de décorations,
00:22:32 la Légion d'honneur à des victimes du terroriste
00:22:35 est me semble-t-il un des symptômes de cette victimologie
00:22:41 qui a envahi notre civilisation,
00:22:44 au dépents d'actions,
00:22:47 alors je ne parlerai pas des actions héroïques qui sont à examiner au cas par cas,
00:22:52 on en a eu un exemple récent en Australie, il y en a eu d'autres auparavant,
00:22:57 mais au moins d'actions de l'État,
00:23:01 la disparition des institutions, la désinstitutionnalisation du monde
00:23:06 qui est le grand contexte général de la montée de la violence
00:23:10 appelle à des réponses de réinstitutionnalisation
00:23:14 qui ne sont pas des marches blanches.
00:23:17 – Merci beaucoup Pierre Sidon, psychiatre et psychanalyste,
00:23:19 merci d'avoir été en direct avec nous,
00:23:22 je vous le dis on ne va pas faire de CNews Info,
00:23:24 on va rester sur cette marche blanche parce que je pense que c'est important,
00:23:27 il y a une vraie communication et communion de la France
00:23:30 avec aujourd'hui ce qui se passe dans cette ville,
00:23:32 Maître Robinson Barbier, vous voyez ces images,
00:23:34 vous voyez ces gens qui marchent aujourd'hui avec cet hommage à Philippe,
00:23:39 ce panneau très sobre qui est devant cette marche,
00:23:43 et puis cette émotion et puis cette volonté peut-être aujourd'hui,
00:23:47 c'est terrible à dire mais il y a une volonté de vengeance
00:23:49 et de se dire que la justice n'est peut-être pas à la hauteur,
00:23:52 je le disais tout à l'heure depuis quelques heures sur les réseaux sociaux,
00:23:55 il y a les visages des trois suspects qui circulent,
00:23:57 il y a les noms des trois suspects,
00:23:59 et puis il y a des gens qui appellent à la vengeance malgré les appels au calme,
00:24:02 parce que peut-être les gens ont de moins en moins confiance en la justice,
00:24:05 vous êtes avocat, est-ce que vous pouvez le comprendre ?
00:24:08 - Je peux parfaitement le comprendre,
00:24:10 il y a plusieurs éléments à dissocier, déjà de façon générale,
00:24:13 on critique beaucoup le laxisme de la justice,
00:24:16 je dirais qu'elle est moins laxiste que dépendante de moyens qui sont largement insuffisants,
00:24:21 en revanche sur le traitement pénal des mineurs,
00:24:25 sur la justice pénale des mineurs, là il y a de véritables sujets qui se posent,
00:24:29 quand on part du principe qu'un mineur, quel que soit son âge,
00:24:33 doit avoir au maximum, sauf dérogation à partir d'un certain âge,
00:24:38 la moitié de la peine prévue pour l'infraction en temps normal,
00:24:42 c'est qu'il y a déjà une déresponsabilisation,
00:24:44 quand on voit le taux de poursuite qui est extrêmement faible
00:24:47 par rapport aux infractions commises par des adultes,
00:24:50 il y a un vrai sujet qui se pose,
00:24:52 quand on voit que l'accent en permanence est mis sur des mesures qui sont éducatives,
00:24:57 sur des mesures qui sont "assez molles" et déresponsabilisantes pour les auteurs,
00:25:02 il y a vraiment un sujet de justice qui se pose.
00:25:04 – Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut changer la loi ?
00:25:07 Ou le problème c'est l'application de la loi ?
00:25:08 Parce qu'on entend souvent également des gens qui connaissent bien les textes
00:25:12 et qui disent "mais les textes existent, il suffit de les appliquer",
00:25:15 or s'il suffit de les appliquer et qu'on ne les applique pas,
00:25:17 ça veut dire que le problème est du côté des juges.
00:25:19 – Les textes existent, le problème est de les appliquer,
00:25:23 mais les appliquer ça implique de tenir compte aussi des évolutions
00:25:26 de la délinquance des mineurs.
00:25:28 Aujourd'hui la délinquance des mineurs n'est plus celle
00:25:30 qui présidait à l'ordonnance de 45,
00:25:33 c'est une délinquance qui est beaucoup plus violente,
00:25:35 qui est souvent plus criminelle,
00:25:36 quand on regarde les évolutions des chiffres de la délinquance mineure,
00:25:40 les infractions de nature criminelle ont fortement augmenté,
00:25:43 donc il y a un changement aussi de la nature des faits commis par les mineurs
00:25:48 et de la délinquance qu'elle charrie.
00:25:51 – Bruno Pomar, vous les connaissez bien ces jeunes
00:25:53 parce que vous travaillez énormément avec eux,
00:25:55 je rappelle que vous êtes également
00:25:57 excellent instructeur opérationnel du RAID,
00:26:00 c'est vrai qu'on voit ces images en direct,
00:26:02 ces images de cet hommage à Philippe et ça fait mal au cœur en fait,
00:26:06 ça fait mal au cœur d'imaginer qu'il y a cette famille brisée aujourd'hui
00:26:09 avec cette victime et puis il y a les autres familles aussi
00:26:12 qui sont les familles des victimes, qui sont brisées elles aussi
00:26:14 parce qu'ils ont deux gamins, sans doute comme dans toutes les familles
00:26:18 on met beaucoup d'espoir dans ces enfants
00:26:19 et deux gamins qui aujourd'hui ont leur vie aussi,
00:26:22 qui est brisée, je ne veux pas en faire des victimes du tout,
00:26:25 mais simplement voilà, enfin on se retrouve dans une situation
00:26:28 qui est terrible pour plusieurs familles.
00:26:30 – Oui et pourtant il y a beaucoup de choses qui existent,
00:26:32 c'est ce qui est surprenant,
00:26:34 vous le disiez tout à l'heure, le psychiatre également le disait,
00:26:36 effectivement les dispositifs existent, la loi existe, les peines existent,
00:26:40 les juges sont parfois peut-être un peu trop indulgents, sûrement d'ailleurs,
00:26:44 et ensuite la peine derrière peut être totalement adaptée
00:26:48 je dirais à toute cette jeunesse,
00:26:49 on a environ en France 800 jeunes qui sont incarcérés actuellement,
00:26:53 il faut savoir qu'on a des quartiers pour mineurs,
00:26:55 on a des prisons pour mineurs, on a des centres éducatifs fermés,
00:26:59 plus de 50 centres éducatifs fermés, on va en ouvrir 20,
00:27:01 c'est une bonne chose, à condition que ces centres éducatifs fermés
00:27:04 soient vraiment fermés, parce que moi j'en ai un sur mon site,
00:27:07 malheureusement il y a des jeunes qui arrivent à partir de ces sites-là,
00:27:10 il faut des structures et on répond à ce niveau de violence
00:27:13 avec une fermeté parallèle aussi importante,
00:27:16 c'est-à-dire que ce soit des sites qui soient fermés,
00:27:18 où on fait de l'éducation à proprement parler,
00:27:20 mais le problème de l'éducation c'est très compliqué,
00:27:23 moi je peux vous assurer pour travailler avec les éducateurs d'APJJ,
00:27:25 ils sont près de 7000 en France,
00:27:27 je peux vous assurer que c'est une difficulté incommensurable pour eux,
00:27:29 et pourtant ce sont des gens,
00:27:31 on sort de l'éducation spécialisée des années 68,
00:27:33 là on a des éducateurs spécialisés qui souffrent,
00:27:36 nous avec notre association on le fait avec nos policiers,
00:27:38 on vient en soutien d'eux pour travailler sur l'éducatif de ces gamins-là,
00:27:42 mais je peux vous assurer que c'est d'une complexité et d'une violence
00:27:46 qu'on n'imagine même pas,
00:27:47 et malgré ça vous avez encore des gens qui trouvent moyen de dire
00:27:49 "ouais c'est quand même des victimes de la société ces jeunes",
00:27:52 alors je parle devant deux avocats pénalistes
00:27:54 qui sont là pour les défendre,
00:27:56 et c'est normal c'est la loi, c'est la règle,
00:27:58 mais c'est vrai qu'à un moment donné,
00:27:59 je crois qu'à ces jeunes-là il faut leur donner des règles
00:28:01 très strictes, très carrées en termes d'éducation,
00:28:03 et ne rien lâcher, sinon on ne s'en sortira jamais,
00:28:06 et on voit un petit peu cette augmentation de cette violence
00:28:08 qui est complètement libérée,
00:28:11 les réseaux sociaux qui aident à ça,
00:28:13 enfin bref, on banalise cette violence,
00:28:15 et en face il faut une réponse très très forte.
00:28:17 - Christine Kelly, vous qui êtes maman,
00:28:18 je dois avouer aussi que moi je suis toujours très impressionné
00:28:21 dans des cas comme ceux-là,
00:28:23 je suis très impressionné par la dignité des familles des victimes,
00:28:26 parce que les frères, on les a entendus hier,
00:28:28 ils se sont exprimés sur CNews,
00:28:30 ils se sont exprimés dans les médias,
00:28:31 ils sont d'une dignité incroyable,
00:28:33 ils n'appellent pas à la vengeance,
00:28:34 ils n'ont pas de haine exprimée,
00:28:37 en tout cas ils sont très respectueux, j'ai envie de dire,
00:28:40 et moi je suis toujours très épaté parce que souvent je me dis
00:28:43 voilà, je ne sais pas si on toucherait à quelqu'un de ma famille
00:28:45 si j'aurais cette dignité, et ce calme.
00:28:48 - C'est vrai que je pense que dans l'inconscient collectif
00:28:53 il y a quand même une sorte de confiance en la justice.
00:28:57 - Au final.
00:28:58 - Au final, qui fait que justement ils ne sont pas dans la haine,
00:29:03 pourvu que la justice réponde.
00:29:05 Moi je cultive ma capacité de révolte,
00:29:09 je cultive ma capacité d'être sensible,
00:29:12 je cultive ma capacité d'être ému,
00:29:15 je cultive ma capacité d'avoir des émotions,
00:29:18 je cultive ma capacité d'être touché par ce que je vois,
00:29:22 d'être touché par la violence,
00:29:24 parce qu'on est dans une société où en tant que journaliste,
00:29:27 jour après jour, mois après mois,
00:29:29 ça fait 30 ans que je suis dans le métier,
00:29:31 ça fait 30 ans que je vois la montée de la violence,
00:29:34 ça fait 30 ans que je vois qu'on passe un cap,
00:29:37 mois après mois, année après année,
00:29:39 dans la violence acharnée de l'un envers l'autre,
00:29:44 les uns envers les autres.
00:29:45 Donc je cultive ma capacité de rester encore branchée
00:29:49 avec cette émotion pour pouvoir témoigner
00:29:51 de ce changement au cœur de la société.
00:29:54 Parce qu'à force de voir des images violentes,
00:29:57 à force de voir des images de plus en plus violentes,
00:30:00 avant on ne voyait pas le visage de ce petit Philippe
00:30:03 qui a été massacré,
00:30:05 tout le monde l'a vu sur les réseaux sociaux,
00:30:07 on finit par être anesthésié,
00:30:09 par ce niveau de violence.
00:30:11 Et ensuite on passe à un autre cap,
00:30:13 et ensuite on passe à un autre cap,
00:30:14 et ensuite on s'habitue encore,
00:30:16 non à l'habitude à la violence,
00:30:19 non à l'anesthésie justement face à cette violence.
00:30:22 Restons en prise avec le terrain
00:30:24 pour pouvoir cultiver sa capacité de révolte.
00:30:27 Et moi je suis émue, je suis révoltée,
00:30:29 lorsque je vois ces images,
00:30:31 tout en faisant confiance à l'État.
00:30:33 Et j'espère que cette image et ce silence qu'on entend,
00:30:37 c'est un appel silencieux à ce que l'État fasse justice.
00:30:41 Et je dois vous dire que c'est vrai que moi ce silence,
00:30:44 honnêtement j'ai des frissons en regardant ces images,
00:30:46 et voilà j'ai voulu qu'on monte un peu le son d'ambiance
00:30:49 pendant que vous parliez,
00:30:50 parce que je trouve que ce silence c'est aussi un signe,
00:30:53 il n'y a pas de message de haine,
00:30:54 il n'y a pas de message et d'appel à la vengeance,
00:30:57 il y a juste comme vous le disiez,
00:30:58 de part et d'autre de ce texte hommage à Philippe,
00:31:00 il y a la photo de Philippe.
00:31:01 Et aujourd'hui le fait d'avoir ce prénom,
00:31:03 le fait d'avoir cette image,
00:31:04 tout à coup j'ai envie de dire que ça humanise ce drame,
00:31:07 et on se sent plus proche sans doute de cette famille.
00:31:09 - Et pardonnez-moi, je critiquais les marches blanches,
00:31:13 mais on a l'impression que ce silence est une sorte de cri,
00:31:16 et de dernier appel, le dernier moyen, la dernière solution.
00:31:20 - On dit ça à chaque fois, Christine.
00:31:21 - Non, oui, non mais...
00:31:22 - Mais parce qu'on espère toujours, je crois qu'on espère toujours.
00:31:24 - Mais parce que Bruno, on n'a pas d'autre solution
00:31:27 pour rendre hommage à la victime.
00:31:30 Quelle autre solution ?
00:31:31 Quel autre moyen de dire "on attend une réponse".
00:31:34 - Que la société sanctionne une bonne fois pour toute,
00:31:36 et je pense que la sanction a valeur d'exemple.
00:31:38 Je le dis toujours à mes jeunes,
00:31:39 à un moment donné tu fais une connerie,
00:31:41 tu l'assumes et tu payes.
00:31:42 S'il n'y a pas ça au bout, effectivement tout le monde se dit...
00:31:44 - C'est ce que disait le Premier ministre hier,
00:31:46 c'est "tu fais une connerie, derrière tu l'assumes et tu payes".
00:31:48 - C'est basique.
00:31:49 - Oui mais si on en est encore à le dire,
00:31:50 ça veut dire que ce n'est pas le cas.
00:31:51 Excusez-moi, si on en est à devoir l'expliquer,
00:31:53 si on a un Premier ministre qui hier fait un discours en disant
00:31:56 "moi je suis pour la sanction, tu fais une bêtise, tu répares, tu nettoies, tu payes",
00:31:59 ça veut dire que ce n'est pas le cas.
00:32:00 Et ça veut dire qu'aujourd'hui il faut le dire,
00:32:02 et s'il faut le dire, ça veut dire que ce n'est pas en place.
00:32:04 Maître Barbier.
00:32:06 - Je voulais dire simplement,
00:32:07 moi ma réaction instinctive quand j'ai vu l'occurrence de ce fait divers,
00:32:11 l'organisation de la marche blanche,
00:32:12 c'est comme Christine Kelly, me dire "une fois de plus".
00:32:18 Et quand est-ce que les choses vont bouger ?
00:32:20 Et même si on peut se dire que faire des marches blanches,
00:32:23 se réunir place de la République, chanter "imagine" après un acte terroriste,
00:32:27 ça ne sert à rien,
00:32:28 en réalité il y a une dimension extrêmement canardique de la chose.
00:32:31 Et c'est extrêmement important,
00:32:32 parce que quand on voit que les sujets qui se posent après l'occurrence d'un tel drame
00:32:38 sont des sujets liés plus à l'agresseur qu'à la victime,
00:32:42 on oublie complètement la victime.
00:32:45 On oublie toute cette dimension humaine,
00:32:47 et cette dimension de vengeance qui est nécessaire, mais institutionnalisée.
00:32:51 - Je donne la parole à Maître Honegger,
00:32:52 je voudrais juste qu'on écoute une fois de plus ce silence très fort
00:32:55 et cette famille qui est en train de se recueillir sur le lieu où Philippe a été tué.
00:33:00 ...
00:33:26 - On entend des larmes, c'est ce qu'on entend.
00:33:28 On entend des gens qui pleurent devant cette image,
00:33:32 devant cet hommage qui est rendu à Philippe sur le lieu où il a été tué.
00:33:39 Vous voyez les deux frères de Philippe qui sont là et qui vont déposer un bouquet.
00:33:45 ...
00:34:12 - Le seul, le plus humain, le seul.
00:34:16 - Qui sont avec le maire de Grande-Synthe,
00:34:21 avec tous ces bouquets qui ont déjà été déposés spontanément par les habitants de la ville.
00:34:28 Et vous voyez la dignité de ces deux frères qui sont là avec ce T-shirt,
00:34:34 hommage à Philippe.
00:34:39 Et ces larmes que l'on entend.
00:34:42 Et je vous parlais du visage de Philippe et vous voyez cette photo,
00:34:47 ces photos qui sont en train d'être déposées,
00:34:52 photos de Philippe qui a été massacré, il n'y a pas d'autre mot, hélas,
00:34:58 sans doute par ces deux jeunes qui sont aujourd'hui toujours en garde à vue,
00:35:01 qui n'ont que 14 et 15 ans et qui auraient massacré Philippe
00:35:07 après y avoir tendu un piège sur les réseaux sociaux, sur une application de rencontre.
00:35:16 Vous voyez ce frère qui est en train d'arranger quelques fleurs autour de ces photos.
00:35:29 Maître Noguer, qu'est-ce qu'on peut dire à cette famille aujourd'hui qui est dans une souffrance absolue ?
00:35:33 Leur dire que justice sera rendue et qu'il faut qu'ils y croient.
00:35:39 C'est extrêmement émouvant de voir ces images et je trouve aussi ce qui est très fort
00:35:42 quand on regarde toutes les personnes qui sont réunies,
00:35:45 c'est à la fois de se dire cette mobilisation et aussi la diversité des gens
00:35:50 et des visages qu'on voit dans cette réunion de personnes
00:35:53 et qui montre que finalement, même si parfois la société peut connaître certaines fractures,
00:35:58 dans des moments aussi forts que ceux-là, tout le monde se réunit et fait corps,
00:36:02 face à ce genre de faits.
00:36:05 Et si on peut dire quelque chose à la fois à cette famille et à la fois à ceux qui nous écoutent
00:36:10 et ceux qui parfois critiquent le laxisme de la justice,
00:36:14 c'est que ce qu'il faut savoir c'est qu'en matière notamment de meurtre,
00:36:17 à la fin, ceux qui jugent c'est des jurys.
00:36:21 C'est-à-dire un ensemble de 6 ou de 9 personnes composées en grande majorité, en majorité,
00:36:27 par des gens qui sont issus du peuple comme vous et moi et qui sont tirés au sort.
00:36:31 Et que donc les décisions qui sont rendues à la fin, c'est la décision du peuple.
00:36:35 Et que donc quand on vient dire que la justice elle serait trop laxiste
00:36:39 ou que les juges auraient une sorte de gentillesse inappropriée face à ce genre de faits,
00:36:46 c'est pas le cas.
00:36:46 C'est des décisions qui sont rendues par le peuple.
00:36:48 Et pour vous dire, parce que c'est mon métier et mon quotidien,
00:36:51 et que des jurys d'assises j'en rencontre très régulièrement,
00:36:53 ce qui se passe c'est que quand les gens arrivent face à ce genre de faits,
00:36:58 ils sont comme vous autour de cette table, ils se disent "c'est abominable,
00:37:01 on va mettre la peine maximale, on va aller au plus loin du plus loin".
00:37:05 Et puis face à la réalité des choses, face à la réalité des gens qu'on a à juger,
00:37:10 face à la réalité des faits qui sont parfois et qui sont toujours
00:37:13 beaucoup plus subtiles que la caricature qu'on en fait,
00:37:15 et bien ils viennent prendre des décisions dont on doit avoir confiance
00:37:19 parce que c'est le peuple qui rend cette justice-là,
00:37:21 des décisions qui sont adaptées à la gravité, à la personnalité des gens qui sont jugés.
00:37:26 Et pour tout vous dire, très souvent, et c'est pas exceptionnel,
00:37:29 très souvent, ces moments de cour d'assises, ces audiences de cour d'assises,
00:37:34 c'est aussi des moments dans lesquels les victimes, les familles des victimes
00:37:38 rencontrent les auteurs, les familles des auteurs,
00:37:41 et très souvent il y a, je dirais pas une réconciliation,
00:37:44 mais en tous les cas un moment d'entente entre ces gens-là,
00:37:47 de compréhension, de tentative de compréhension,
00:37:50 et je sais, pour défendre aussi moi très souvent des victimes et des familles de victimes,
00:37:54 que c'est aussi un moment très important pour faire le deuil, pour avancer, pour tourner la page.
00:37:58 – Et vous avez raison quand vous parliez de l'union,
00:38:00 et c'est vrai que vous voyez sur les images de nos envoyés spéciaux sur place,
00:38:04 vous voyez la diversité des gens qui sont sur place,
00:38:06 on a vu des femmes voilées qui étaient là,
00:38:08 on a vu des jeunes filles également qui étaient en larmes,
00:38:12 il n'y a plus de religion, il n'y a plus rien,
00:38:13 il y a juste la douleur aujourd'hui qui unit ces gens,
00:38:16 et c'est important de le dire parce que c'est terrible en fait
00:38:18 qu'il faille des drames comme ça aussi pour qu'on ait cette unité,
00:38:21 pour qu'on ait tous ces gens qui soient unis,
00:38:23 quelle que soit la religion, quelles que soient les habitudes,
00:38:25 quels que soient les revenus sociaux, quel que soit le caractère,
00:38:29 il y a cette unité qui est là et qu'on voit sur ces images, Maître Barbier.
00:38:33 – Je serais simplement un peu moins optimiste que mon confrère
00:38:36 sur le côté absolument certain des cours d'assises
00:38:45 et de l'intérêt des jurys populaires,
00:38:48 parce qu'il faut voir que quand un jury se réunit,
00:38:51 il est toujours orienté, guidé par un magistrat qui va lui dire aussi
00:38:55 "ne tenez pas compte de ça, tenez compte de ça, il faut sous-peser ça", etc.
00:38:59 Donc il y a quand même une altération du caractère populaire de la justice
00:39:03 qui est rendue, et d'autre part, tout est fait aujourd'hui
00:39:07 dans une volonté d'accélérer les délais, etc.,
00:39:09 qui est certes louable, pour supprimer les jurys.
00:39:13 Aujourd'hui on généralise les cours criminels départementales,
00:39:17 donc tout un pan du criminel aujourd'hui échappe à la voix du peuple via les jurés.
00:39:24 – Bruno Pommard, quand on voit encore une fois ces images
00:39:27 et cette marche qui continue, parce qu'on a vu cet arrêt
00:39:29 qui a été fait à l'endroit où a été tué ce jeune garçon,
00:39:32 ce jeune Philippe, avec cette hommage, avec ces fleurs qui ont été déposées,
00:39:36 quand on voit cet hommage, forcément on se dit
00:39:38 qu'il va falloir que la justice soit à la hauteur.
00:39:40 Il va falloir qu'une fois de plus il y ait une réponse ferme,
00:39:43 une réponse claire, si jamais encore une fois, et c'est important
00:39:47 parce qu'il y a cette présomption d'innocence qui existe en France,
00:39:50 et c'est important de la rappeler, si ce sont eux les coupables,
00:39:54 il va falloir qu'on ne vienne pas nous dire
00:39:56 "mais il n'avait que 14 ans" ou "il n'avait que 13 ans".
00:39:58 – Excusez-moi, je vais dire.
00:39:59 – J'ai envie de dire, à un moment donné ça suffit, ça suffit,
00:40:01 c'est aussi ce qui est dit dans cette marche et dans ce silence,
00:40:05 et j'aimais bien, Christine, que vous parliez du cri,
00:40:07 ce silence c'est un cri, et vous avez totalement raison.
00:40:09 – Et si vous permettez, avant que Bruno ne puisse s'exprimer,
00:40:11 pardonnez-moi Bruno, mais juste pour dire que moi,
00:40:14 quand je regarde encore ces images, j'ai l'impression que sur chaque visage,
00:40:18 sur chaque front, est marqué "justice", on veut la justice.
00:40:23 Sur chaque seconde de silence, c'est marqué "donnez-nous,
00:40:27 rendez-nous la justice", et je reviens à ce que disait
00:40:30 l'avocat pénaliste il y a quelques instants en disant que
00:40:34 "oui, il y a la justice, mais qui fait la justice ?
00:40:36 Qui fait les lois ? Qui fait les textes ?
00:40:38 Qui permet au magistrat de libérer ?
00:40:40 – Les textes sont là.
00:40:42 – Oui, mais le législateur aussi, le législateur, là,
00:40:45 ce que j'entends aussi dans ce silence, c'est aussi un appel
00:40:48 à ce législateur qui est l'État, qui fait les lois,
00:40:51 qui sont les députés qui font les lois, et qui disent "écoutez-nous,
00:40:55 allez plus loin", dans les textes avec cette excuse de minorité
00:40:58 qui existe dans les textes, et qui permet de diviser la peine
00:41:02 par deux lorsqu'on est mineur.
00:41:05 Je veux dire, là aussi j'entends ce cri dans ce silence,
00:41:08 "oui, il y a la justice, mais il y a derrière la justice
00:41:12 le législateur, le législateur, celui qui fait les textes",
00:41:15 et là je pense que même s'il y a des textes qui ne sont pas appliqués,
00:41:18 il y a des textes qui doivent être changés.
00:41:20 – Oui, mais Christine, le seul problème c'est qu'au bout de l'affaire,
00:41:25 il y a le juge et les jurés, c'est eux qui décident,
00:41:27 l'intime conviction du juge qui dit "je vais vous mettre deux ans,
00:41:30 trois ans, cinq ans, dix ans", à la limite on peut faire des lois
00:41:32 avec 50 ans de prison pour des jeunes comme ça, pourquoi pas ?
00:41:35 Mais encore une fois, on ne pourra jamais l'appuyer.
00:41:37 – On ne peut pas faire plus.
00:41:38 – Mais pour autant, est-ce que le juge…
00:41:39 – Non, mais pas à perpétuité quand on a 14 ans.
00:41:41 – Voilà, vous pouvez permettre ça.
00:41:43 – Non, mais ça sera 30 ans si je m'abuse,
00:41:45 si mes notions de preuve légale sont toujours bonnes, ce sera 30 ans.
00:41:48 – Non, mais ce que je veux dire c'est qu'on ne parle pas
00:41:51 une peine de quelques mois, on parle des peines maximum.
00:41:54 Vous imaginez un garçon de 15 ans, voire même de 20 ans, peu importe,
00:41:57 si on lui mettait la peine maximale encourue,
00:42:00 même avec l'excuse de minorité, c'est 30 ans,
00:42:03 c'est des peines qui sont gigantesques.
00:42:05 – Mais oui, c'est des peines qui sont gigantesques,
00:42:06 mais la peine de la famille, elle est gigantesque.
00:42:08 – Elle est à vie.
00:42:09 – C'est à vie pour ces gens qui ont perdu leur enfant.
00:42:12 – C'est tout le travail.
00:42:12 – Moi, vous savez, le seul problème, c'est qu'à l'heure qu'il est,
00:42:14 on est 48 heures après ce drame,
00:42:16 je n'ai pas envie de penser à l'agresseur…
00:42:17 Je suis désolé, je n'ai pas envie de penser à l'agresseur…
00:42:19 – Il a la vengeance, on peut…
00:42:20 – Et aux 30 ans de pyrisme…
00:42:22 – Mais t'as raison.
00:42:23 – Non, mais je n'ai peut-être pas raison, parce que c'est…
00:42:24 – C'est ce qui ne fera jamais ses trompeurs.
00:42:27 – Il ne fera jamais de trompeurs.
00:42:28 – J'ai envie de penser à la famille des victimes,
00:42:29 j'ai envie de penser à ces deux frères qui sont en train de marcher
00:42:32 derrière cette banderole en disant "hommage à Philippe",
00:42:34 c'est à eux que j'ai envie de penser.
00:42:35 Et s'il a 30 ans, il aura 30 ans, excusez-moi,
00:42:38 parce que c'est terrible ce qui s'est passé.
00:42:39 Bruno Pommard.
00:42:40 – Oui, et en même temps, pensez quand même à rééduquer ces gamins-là,
00:42:43 parce qu'au-delà de ce fait dramatique,
00:42:46 oui, Jean-Marc, je vais vous faire l'amour, mais c'est vrai…
00:42:48 – Je fais l'amour parce que j'ai du mal à y croire, honnêtement.
00:42:50 J'ai du mal à croire qu'un…
00:42:51 C'est pour ça que je posais la question tout à l'heure.
00:42:53 J'ai du mal à penser qu'un gamin qui a 15 ans,
00:42:55 qui bat à coups de fer et qui…
00:42:57 – C'est un méchant tapis.
00:42:58 – Et qui tue un gamin, j'ai du mal à penser qu'un jour on va le libérer
00:43:01 et que tout à coup ça va être un bon citoyen français.
00:43:03 – Et bien la société d'essayer de le remettre d'un plan,
00:43:06 d'essayer de le sauver parce que sinon…
00:43:08 – J'ai du mal, mais j'ai peut-être tort, je ne dis pas que j'ai raison.
00:43:10 – J'en assiste, à la fois des mineurs qui ont commis des actes absolument terribles
00:43:15 et à la fois même des majeurs qui commettent des actes absolument terribles
00:43:17 et qui sont condamnés à des peines de prison,
00:43:19 et qui sont condamnés à des peines de prison lourdes.
00:43:21 Eh bien, ça vous a été dit tout à l'heure, le taux de récidive,
00:43:24 d'abord il faut le savoir, il est extrêmement, extrêmement faible sur ce genre d'actes
00:43:27 et c'est des gens, quand on les accompagne,
00:43:29 parce qu'à un moment donné ils sortent de prison,
00:43:31 eh bien qui très souvent, dans l'immense majorité des cas, ont changé.
00:43:35 – Oui, mais vous vous rendez compte de la démarche qu'il y a eu là ?
00:43:37 On va avoir un sujet justement qui va expliquer où on en est dans cette enquête.
00:43:41 C'est intéressant parce que la démarche est quand même de tendre un guet-apens,
00:43:45 de tendre un guet-apens pour tuer quelqu'un.
00:43:47 Et il y a d'autres personnes qui auraient été agressées avant de la même façon.
00:43:51 On va regarder le point sur l'enquête justement,
00:43:53 puis on revient juste après en direct à cette marche blanche.
00:43:56 – Piégé, puis violemment tué.
00:43:58 Philippe, âgé de seulement 22 ans, a été retrouvé gisant sur le parking
00:44:03 d'un supermarché de Grande-Synthe dans la nuit de lundi à mardi,
00:44:06 avant de succomber à ses blessures mardi soir.
00:44:09 Pour l'instant, deux suspects âgés de 14 et 15 ans ont été placés en garde à vue
00:44:14 et la piste du guet-apens est privilégiée.
00:44:16 Ils ont expliqué avoir créé le profil d'une jeune fille sur un site de rencontre
00:44:20 et donné rendez-vous à un jeune homme pour, disent-ils, le punir.
00:44:24 Ce qui pourrait expliquer pourquoi il a été retrouvé à terre
00:44:27 avec le pantalon baissé sur les chevilles.
00:44:30 Désormais, les policiers doivent déterminer si les suspects
00:44:33 ont bien donné rendez-vous à Philippe ou à une autre personne.
00:44:36 Car au moment de l'agression, Philippe était au téléphone
00:44:39 avec un ami qui a entendu les instants avant le passage à tabac.
00:44:43 Les agresseurs lui auraient demandé s'il était sur un site de rencontre,
00:44:47 ce à quoi Philippe aurait répondu non, je suis avec un ami au téléphone.
00:44:51 Le mineur de 14 ans est suspecté d'avoir été le plus violent.
00:44:54 Selon nos informations, ces deux jeunes sont décrits
00:44:57 comme issus de milieux familiaux très compliqués.
00:45:00 Des investigations sont actuellement en cours pour savoir
00:45:03 si les suspects sont liés à d'autres agressions,
00:45:05 notamment celle d'un homme de 39 ans qui a subi des violences
00:45:08 deux jours avant l'agression de Philippe.
00:45:10 - Vous voyez, on revient en direct, bien évidemment,
00:45:13 avec ces images de la marche blanche, et on dit que l'un des frères
00:45:16 devrait prendre la parole dans les minutes qui viennent,
00:45:18 et on l'écoutera parce que ça va être intéressant également
00:45:20 d'écouter son discours, le maire de la ville
00:45:22 également devrait s'exprimer, on les entendra sur ces news,
00:45:25 mais voilà, c'est vrai qu'il y a la question de cette violence,
00:45:28 il y a la question de ce qui se passe aujourd'hui dans la société.
00:45:30 On va revenir à cette marche blanche dans un instant,
00:45:32 mais je voudrais qu'on revienne également sur ce qui s'est passé en Alsace hier,
00:45:35 parce que c'est aussi terrible ce qui s'est passé,
00:45:36 ces deux fillettes qui ont été agressées au couteau,
00:45:40 et on apprend dans le même temps qu'il y a une des fillettes
00:45:42 qui était dans l'école, qui a fait un malaise cardiaque,
00:45:45 et ça s'est transformé en arrêt cardiaque,
00:45:47 et on a appris que cette fillette est décédée
00:45:49 pendant qu'elle était confinée, sans doute la peur,
00:45:51 c'est ce qu'on peut imaginer, on verra d'ailleurs dans un instant
00:45:54 avec un médecin, parce que ça m'intéresse de savoir
00:45:55 si on peut mourir de peur, c'est intéressant,
00:45:58 mais tout d'abord, donc, on va revenir sur ce qui s'est passé hier
00:46:01 en Alsace avec ces deux fillettes agressées au couteau,
00:46:04 écoutez les témoignages d'une petite fille en particulier.
00:46:08 J'ai vu qu'il y avait un homme qui avait un couteau en main
00:46:12 et qui voulait faire une action.
00:46:18 Il voulait blesser ?
00:46:19 Oui, blesser une fille, mais je ne sais pas comment elle s'appelle.
00:46:22 J'étais vraiment très choquée, ça ne devrait pas se passer en 2024,
00:46:27 il ne devrait pas se passer des trucs comme ça,
00:46:29 et vraiment, à mettre plus de personnes autour des écoles pour surveiller.
00:46:35 Je l'ai dit, il y a une petite fille qui est décédée,
00:46:37 on est avec le Dr Simecha qui est avec nous.
00:46:39 Bonjour docteur, merci d'être en direct avec nous.
00:46:41 C'est vrai que moi, j'ai été totalement stupéfait
00:46:43 en apprenant cette affaire ce matin,
00:46:45 que cette petite fille était décédée parce qu'elle a fait un arrêt cardiaque
00:46:50 quand ces faits se sont passés, quand elle a été confinée.
00:46:53 J'ai envie de vous le demander,
00:46:54 comme je suis posé la question ce matin,
00:46:56 est-ce qu'on peut mourir de peur ?
00:46:58 Oui, on peut mourir de peur, c'est une mort en quelque sorte indirecte.
00:47:04 En général, lorsqu'on a une forte peur, une forte émotion,
00:47:07 il y a une augmentation du stress,
00:47:10 et ça se traduit par une augmentation de certaines hormones,
00:47:13 en particulier on connaît l'adrénaline, la noradrénaline,
00:47:16 qui accélère le rythme cardiaque.
00:47:19 Ça peut provoquer aussi des malaises vagos
00:47:21 qui peuvent décompenser un état de maladie préexistant.
00:47:28 Ça vient augmenter la fragilité.
00:47:31 Chez les jeunes, je précise que je n'ai aucune information sur ce cas précis,
00:47:36 si j'en avais je serais tenu au secret,
00:47:38 mais ce que je dis c'est d'une façon générale,
00:47:41 chez les jeunes, souvent ça décompense des troubles
00:47:45 de la conduction de l'influx nerveux à l'intérieur du cœur
00:47:49 qui ne se voient pas et qui peuvent, à l'occasion d'un très gros effort sportif,
00:47:54 mais aussi d'une grande frayeur, d'une grande peur,
00:47:58 malheureusement se décompenser par un arrêt du cœur
00:48:02 qui peut être récupéré ou hélas, en l'espèce, non récupéré.
00:48:07 Est-ce que ça veut dire qu'on a des faiblesses cardiaques à l'origine
00:48:10 ou ça peut arriver en fait à n'importe qui quand on est victime d'une énorme frayeur ?
00:48:15 Non, on n'est pas égaux par rapport à cela.
00:48:18 Il y a des gens qui vont simplement avoir des conséquences
00:48:22 genre un insomnie, une dépression, etc.
00:48:24 Et puis des gens qui ont une faiblesse physique.
00:48:28 Alors chez les gens plus âgés,
00:48:29 quand on a des artères du cœur qui commencent un petit peu à s'encrasser,
00:48:33 ça peut être l'occasion de faire un infarctus par exemple ou de faire un AVC
00:48:37 parce que tout est prêt en quelque sorte.
00:48:40 Il y a une espèce d'effet domino du stress intense
00:48:43 qui donne des conséquences fâcheuses.
00:48:47 Chez les jeunes, bien évidemment, ce n'est pas de cela dont il s'agit,
00:48:52 même si malheureusement des fois ils fument ou autre,
00:48:54 mais ça n'a pas encore eu le temps de faire des lésions.
00:48:57 Mais par contre, c'est sur des faiblesses préexistantes.
00:49:00 Ce sont soit des malformations qu'on n'aurait pas vues,
00:49:04 qui ne seraient pas symptomatiques,
00:49:06 ou des troubles de l'influx nerveux à l'intérieur du cœur.
00:49:09 En tout cas, un trouble préexistant.
00:49:11 Parce que le stress, il est physiologique.
00:49:14 C'est normal que quand on a peur,
00:49:16 quand on a une grande frayeur, le cœur s'accélère
00:49:18 parce que normalement, ça permet de prendre les jambes à son coup,
00:49:21 ses jambes à son coup et de fuir le danger.
00:49:23 Donc la nature a prévu qu'on puisse s'adapter au stress.
00:49:27 Et puis parfois, c'est cette adaptation elle-même
00:49:30 qui en traine des conséquences dramatiques.
00:49:33 Merci beaucoup, docteur.
00:49:34 Merci d'avoir été en direct avec nous pour ces explications.
00:49:37 Et c'est vrai que cette affaire, elle est totalement dramatique
00:49:40 parce qu'il y a d'une part ces deux fillettes qui sont blessées.
00:49:41 Vous entendiez les familles tout à l'heure
00:49:44 de ces fillettes qui ont été agressées dans la rue.
00:49:46 Et puis il y a cette autre fillette qui est décédée de peur,
00:49:50 a priori, d'après les informations que l'on sait,
00:49:52 puisqu'elle a fait ce malaise pendant qu'elle était confinée.
00:49:54 Et lorsqu'elle a dû être confinée, histoire terrible en Alsace.
00:49:58 Et c'est vrai, Christine Kelly, qu'on a du mal à s'habituer à ça.
00:50:01 Et je pense qu'il ne faut pas s'habituer.
00:50:03 Il faut continuer à être révolté face à ces événements qui se déroulent.
00:50:06 Mais c'est vrai que nous qui sommes journalistes,
00:50:08 quand on voit ces dépêches tomber avec attaques en Alsace
00:50:10 contre deux fillettes, même pour nous aujourd'hui,
00:50:12 ça devient terrorisant, c'est angoissant.
00:50:14 On se dit, ce n'est pas possible.
00:50:16 On n'y croit pas.
00:50:17 Et en tant que journaliste, on est tout le temps en première ligne,
00:50:19 effectivement, de cette actualité.
00:50:22 Et tous les jours, on se dit, mais ce n'est pas possible.
00:50:24 Tous les jours, on se dit, mais on n'y croit pas.
00:50:26 Et tous les jours, moi, comme je disais,
00:50:28 je cultive ma capacité d'émotion, d'être sensible à ce qui se passe.
00:50:31 Imaginez cette fille, c'est une collégienne qui est confinée
00:50:36 lorsqu'il y a cette attaque au couteau.
00:50:38 Elle ne sait pas ce qui se passe.
00:50:40 Imaginez ces enfants de maternelle qui sont confinés
00:50:44 parce qu'il y a une attaque au couteau.
00:50:45 Comment on peut imaginer ce matin, maintenant, à l'heure qu'il est,
00:50:49 ces enfants, leurs familles,
00:50:52 qu'est-ce qu'ils vont pour aller à l'école demain ?
00:50:55 Non, demain, c'est le week-end.
00:50:56 Mais lundi prochain.
00:50:57 - Mais aujourd'hui, même.
00:50:58 Mais aujourd'hui, ils sont à l'école, aujourd'hui.
00:51:00 - Même à Paris, même dans d'autres villes.
00:51:02 La terreur des parents, la terreur des enfants,
00:51:06 l'angoisse d'une petite fille qui a peut-être 8 ans,
00:51:08 celle qui a parlé tout à l'heure.
00:51:10 Ces enfants qui sont en pleurs, qui ont vu un homme avec un couteau.
00:51:13 Ça me rappelle, en juillet 2023, je crois que c'était le 8 juillet,
00:51:17 cette attaque au couteau à Annecy.
00:51:19 Comment on peut vivre ça aujourd'hui ?
00:51:21 Voilà la terreur dans la société aujourd'hui.
00:51:25 Cette angoisse que tout le monde vit
00:51:27 et qui rejoint ce cri du silence qu'on a vu tout à l'heure dans la marche blanche.
00:51:31 C'est au secours, aidez-nous, aidez-nous à faire face.
00:51:34 Les enfants n'ont pas à voir ça.
00:51:36 Les enfants n'ont pas à vivre ça.
00:51:37 Nos enfants, quand ils vont à l'école, n'ont pas à vivre un confinement
00:51:41 parce qu'il y a quelqu'un qui a un couteau qui est en train d'agresser un autre.
00:51:45 – Et cette petite fille, pour moi, est une des victimes de l'attaque.
00:51:47 Je suis désolé parce que c'est vrai qu'aujourd'hui,
00:51:49 sa mort, je n'ai pas envie de dire qu'elle passe inaperçue,
00:51:52 mais ça passe un peu, hélas, sous les radars.
00:51:55 Mais pour moi, c'est une des victimes, Bruno Pomard, de l'attaque,
00:51:58 cette fillette, parce que même si elle n'a pas été directement frappée
00:52:01 par cet homme, mais c'est une des conséquences.
00:52:03 Et si cet homme n'était pas venu devant cette école,
00:52:05 n'avait pas attaqué les jeunes filles,
00:52:07 si l'école n'avait pas été confinée,
00:52:09 elle ne serait sans doute pas morte.
00:52:10 – Mais même juridiquement, c'est étonnant.
00:52:13 C'est-à-dire que vous posiez la question,
00:52:14 est-ce qu'on peut mourir de peur ?
00:52:15 Ça arrive et c'est déjà arrivé.
00:52:18 Voilà, il n'y a pas besoin, pour faire mourir quelqu'un,
00:52:20 il n'y a pas besoin d'avoir une action, une atteinte physique directe.
00:52:25 Et dans ces cas-là, c'est ce qu'on appelle des victimes indirectes.
00:52:28 Et les victimes indirectes, elles peuvent être considérées
00:52:31 comme victimes d'un acte qui a été commis par un auteur principal.
00:52:34 – Bruno Pomard.
00:52:35 – Mais pour autant, je voudrais quand même rassurer ce qu'il regarde,
00:52:37 parce que c'est important, vous savez, mon attachement au sujet de sécurité.
00:52:41 Il y a beaucoup de choses qui sont faites, Christine,
00:52:43 il y a beaucoup de choses qui sont faites pour rassurer,
00:52:45 évidemment les parents dans ces écoles et autres,
00:52:47 les équipes mobiles de sécurité qui ont été mises en place,
00:52:50 par exemple, à l'île de France, mais partout.
00:52:52 C'est-à-dire des équipes de jeunes agents capables d'intervenir,
00:52:56 les équipes de police-secours, tout simplement,
00:52:58 qui patrouillent à outrance, qui plus est,
00:53:00 avec le problème israélo-palestinien actuellement.
00:53:02 Il y a beaucoup de choses qui sont faites dans les environnements des lycées
00:53:05 pour essayer d'interpeller, d'empêcher ce type de personnages.
00:53:09 – Mais les gens aujourd'hui ont peur,
00:53:10 le problème c'est que les gens quand ils envoient leurs enfants à l'école,
00:53:12 aujourd'hui ils ont peur, et c'est quelque chose qui n'existait pas avant.
00:53:14 Avant à l'école, on était en sécurité,
00:53:16 aujourd'hui, moi je parle avec des parents, ils disent,
00:53:18 "mais moi quand je porte mon enfant, surtout quand ils sont jeunes,
00:53:21 quand je les emmène à l'école, j'ai peur aujourd'hui".
00:53:23 On ne peut pas vivre en permanence avec cette peur,
00:53:25 à un moment donné il va falloir réussir qu'on réagisse, excusez-moi.
00:53:29 – Est-ce que vous avez une tendance à avoir, évidemment,
00:53:34 un nombre de, je pense que c'est des mineurs isolés,
00:53:36 mais ils ne sont pas que responsables de ça, évidemment,
00:53:38 pour autant, mais de gens qui sont psychiatriquement,
00:53:42 posent des problématiques à notre société,
00:53:44 et pour les prendre en charge, c'est quelque chose de considérable.
00:53:46 – On nous parle de fous sans arrêt, excusez-moi,
00:53:48 j'ai jamais vu autant de fous dans la rue,
00:53:52 dès qu'il se passe un truc, on me dit c'est un déséquilibré,
00:53:55 à un moment donné il y a un problème, excusez-moi.
00:53:57 – Des fois la fortune est pour les radicalisés.
00:53:59 – Des fois les radicalisés, on nous explique qu'ils sont juste déséquilibrés,
00:54:02 parce que c'est plus facile à faire passer dans la population.
00:54:04 – Vous avez raison, mais où est-ce qu'on est dans une société
00:54:05 où il y a de plus en plus d'éléments comme ça, qu'on n'arrive plus à maîtriser ?
00:54:08 – Il y a une explication à ce sentiment que vous avez,
00:54:09 qu'on voit de plus en plus, d'abord c'est, un, qu'on en parle de plus en plus,
00:54:12 avant on en parlait moins, et puis deux, c'est qu'en réalité,
00:54:15 la psychiatrie en France, elle est de moins en moins fournie en moyens,
00:54:18 et que donc vous avez effectivement, mais c'est le cas,
00:54:20 vous avez beaucoup plus qu'avant, des gens qui, avant,
00:54:23 auraient été pris en charge par la psychiatrie, qui ne le sont pas.
00:54:26 Et donc si on laisse dans les rues des gens qui auraient pu être pris en charge,
00:54:29 et bien effectivement, il ne faut pas s'étonner
00:54:31 qu'il y a des passages à l'acte qui soient terribles.
00:54:32 – Très court, Christine Kelly, parce qu'on va faire le signe des infos,
00:54:34 et ensuite on retournera à Grande-Synthe.
00:54:35 – Très court, Gérald Darmanin est en Guadeloupe, il est à Guadeloupe 1ère,
00:54:40 un homme l'interpelle à l'intérieur de la maison, il s'est fait attaquer,
00:54:46 l'homme est placé en garde à vue et hospitalisé d'office.
00:54:49 – Effectivement, bon, on va retourner tout de suite en direct à Grande-Synthe,
00:54:54 avec cette image, regardez cette image de Grande-Synthe justement,
00:54:58 en direct avec, dans quelques instants, la famille qui va prendre la parole.
00:55:03 Juste avant qu'ils prennent la parole, on ne fait pas de pub,
00:55:05 on va faire le signe des infos rapidement,
00:55:07 et puis on retournera en direct à Grande-Synthe.
00:55:09 Donc le signe des infos, c'est Sommeil à l'habit.
00:55:12 [Musique]
00:55:14 – Ripostes israéliennes contre Téhéran,
00:55:17 de fortes explosions ont été entendues dans le centre du pays
00:55:20 et plusieurs drones auraient été abattus par la défense aérienne iranienne.
00:55:25 Les sites nucléaires n'ont subi aucun dégât, précise l'AIEA,
00:55:28 Agence internationale de l'énergie atomique.
00:55:30 De son côté, Israël refuse de commenter ces informations pour le moment.
00:55:36 Conséquence directe de cette riposte,
00:55:38 les cours du pétrole sont déjà repartis à la hausse.
00:55:40 Le baril de Brent a pris plus de 3% dans les échanges matinaux
00:55:44 sur les marchés asiatiques.
00:55:46 Des cours qui risquent très vite de se repercuter sur les prix à la pompe.
00:55:50 Et puis Washington a mis son veto à l'adhésion pleine et entière
00:55:55 des Palestiniens aux Nations Unies.
00:55:57 Décision aussitôt fustigée par l'autorité palestinienne y voyant,
00:56:00 je cite, "une agression flagrante qui pousse le Moyen-Orient au bord du gouffre".
00:56:05 [Musique]
00:56:09 – 11h33, on est en direct sur CNews et on est en direct de Grande-Synthe
00:56:13 avec la marche qui est en train d'arriver au lieu où vont se dérouler
00:56:18 les prises de parole et on va les écouter parce que ce matin,
00:56:20 moi j'ai envie d'entendre la famille, j'ai envie d'entendre les frères
00:56:24 des victimes parce que ce qui m'intéresse ce matin, c'est vrai,
00:56:26 c'est la victime et c'est cette famille de la victime.
00:56:28 L'enquête, on en a parlé, on vous a expliqué où on en était,
00:56:32 mais il y a aujourd'hui cette marche blanche, cette population
00:56:34 qui est unie dans le deuil, qui est unie dans la souffrance
00:56:37 et puis qui est unie également dans l'incompréhension.
00:56:40 Ils ont envie de comprendre ce qui s'est passé.
00:56:43 On va une fois de plus écouter ce silence, cet hommage qui se fait
00:56:46 devant la maison communale de Grande-Synthe où vous voyez les deux frères de Philippe
00:56:52 et l'un d'entre eux est en train de se déplacer, il va sans doute aller
00:56:56 à la tribune pour prendre la parole dans un instant,
00:56:59 pour rendre hommage à son frère, pour expliquer également
00:57:03 quels sont ses sentiments.
00:57:05 [Bruits de pas]
00:57:15 On voit cette population qui est réunie et qui tente de comprendre
00:57:20 ce qui s'est passé dans cette ville.
00:57:22 Beaucoup disaient qu'hier, on les entendait, si vous étiez avec nous,
00:57:26 on entendait des gens qui habitent Grande-Synthe et qui expliquaient
00:57:30 qu'ils n'en reviennent pas, qu'ils pensaient être un peu à l'abri,
00:57:32 mais c'est hélas le cas de beaucoup de gens, Maître Barbier,
00:57:36 c'est-à-dire qu'on pense souvent qu'on est à l'abri dans sa ville,
00:57:39 on ne se rend pas forcément compte de cette violence qui peut surgir.
00:57:42 Aujourd'hui, il faut le dire, dans toutes les villes, dans tous les villages,
00:57:45 également, de tels drames peuvent se produire.
00:57:47 On est face à une violence, certains parlent même d'ensauvagement,
00:57:51 on est face à un ensauvagement de la population, d'une certaine population.
00:57:55 - Bonjour à tous, merci d'être venus aussi nombreux à cet hommage.
00:57:58 - Je ne vois pas qui parle, je pense que c'est le frère.
00:58:00 - Je voudrais rejoindre M. le maire, Mme la députée, Edith Varey,
00:58:07 la conseille régionale et les maires qui sont présents,
00:58:09 s'ils veulent bien nous rejoindre, s'il vous plaît.
00:58:11 - Pendant qu'ils rejoignent Maître Barbier, c'est vrai qu'on est face à un ensauvagement ?
00:58:15 - Un ensauvagement des civilisations, on a toute une panoplie de termes
00:58:18 pour désigner ce qui se passe.
00:58:20 La réalité des chiffres, c'est que, de façon générale,
00:58:23 la délinquance augmente, en tout cas la délinquance violente,
00:58:27 et des infractions qui sont de plus en plus criminelles.
00:58:30 Il y a de façon générale un déchaînement qui est beaucoup plus simple,
00:58:35 qui est favorisé parfois par les réseaux sociaux,
00:58:37 par des effets de comportement moutonniers,
00:58:40 mais à l'heure où on a un accès à l'information qui est inégalé dans l'histoire de l'humanité,
00:58:46 refuser de voir ça, cette cécité volontaire-là, elle est proprement criminelle.
00:58:50 - Bruno Promaras, on va écouter la famille de Philippe qui prend la parole.
00:58:56 - Merci à tous d'être venus.
00:58:58 Que justice soit faite, ce discours pourrait s'arrêter là, car tout est dit.
00:59:10 La seule chose qui importe aujourd'hui, c'est la justice.
00:59:14 La justice et la mémoire de Philippe.
00:59:17 Toute autre parole serait vaine.
00:59:20 Dans la soirée de lundi 15 au mardi 16 avril,
00:59:24 un jeune homme de 22 ans a été lâchement assassiné.
00:59:27 Un jeune homme qui n'avait rien demandé à personne.
00:59:30 Un jeune homme serviable, aimant et aimé de tous,
00:59:34 comme en témoigne votre présence aujourd'hui, ainsi que vos nombreux messages de soutien.
00:59:40 Dans la soirée du lundi 15 au mardi 16,
00:59:44 des criminels s'en sont pris à un innocent et l'ont laissé pour mort sur le bitume.
00:59:48 Pourquoi ? Pour rien.
00:59:51 Philippe a laissé derrière lui une famille, des amis, des proches, des collègues.
00:59:57 Sa disparition a suscité l'émoi dans notre petite ville de Grande-Synthe et un peu partout en France.
01:00:04 Dans ce moment terrible qu'est le deuil,
01:00:06 nous tenons à saluer toutes celles et ceux qui nous aident à rester debout.
01:00:11 La douleur d'autrui est un lien intime.
01:00:14 On ne devrait jamais y entrer sans frapper.
01:00:17 Et ça fait mal.
01:00:18 Ça fait mal d'entendre toutes sortes d'hypothèses et de rumeurs,
01:00:21 au coin de la rue, à la télé, à la radio, sur les réseaux.
01:00:24 Ça fait mal quand certains ne voient dans le drame qui nous touche qu'une opportunité pour parler d'eux.
01:00:31 Ça fait mal de se rendre compte que pour certains, Philippe n'est qu'un fait divers.
01:00:36 Philippe n'est pas un fait divers.
01:00:38 Philippe était un homme, un collègue, un ami, un proche.
01:00:43 Il n'appartient à personne.
01:00:45 Alors si vous aimez la justice et ceux qui luttent pour elle,
01:00:48 si la douleur des autres vous fait mal,
01:00:50 si vous voyez en notre bien-aimer un proche, un ami, un homme,
01:00:55 n'écoutez pas le tumulte et marchez avec nous, en silence, comme vous l'avez fait.
01:01:00 Marchez d'un pas calme mais ferme.
01:01:02 Marchez pour faire entendre la vérité et pour que Philippe ne soit jamais oublié.
01:01:07 Marchez comme on prie, sans un bruit, avec recueillement et sincérité.
01:01:12 Marchez, marchez longtemps, aussi longtemps que dure la mémoire.
01:01:16 Marchez pour maintenir vivants les souvenirs de notre bien-aimer.
01:01:20 Marchez pour que le long silence du deuil trouve un écho en ce monde
01:01:23 et que notre voix soit entendue.
01:01:26 Et si sur le chemin, un mot vous vient,
01:01:28 si vous devez formuler un hommage, si vous devez vous indigner,
01:01:32 si vous devez dire un mot de soutien ou d'amour,
01:01:34 si nous devons porter haut une parole pour que la vie jamais ne s'arrête,
01:01:39 nous dirons haut et fort que justice soit faite.
01:01:43 Pour Philippe.
01:01:45 (Applaudissements)
01:01:53 C'est l'un des amis de Philippe qui s'est exprimé.
01:01:57 Merci. Mélanie et Kelly vont nous rejoindre.
01:02:01 Vous avez entendu ce mot qui a été répété à plusieurs reprises,
01:02:03 le mot de justice, il a prononcé dans ce court discours au moins une dizaine de fois.
01:02:07 Que justice soit faite, c'est ce qui est revenu à plusieurs reprises.
01:02:11 Ce sont les cousines de Philippe qui prennent la parole,
01:02:14 maintenant en direct, de Grande-Synthe pour cet hommage.
01:02:17 (Silence)
01:02:21 Philippe, je ne reste pas à pleurer sur cette place,
01:02:25 je n'y t'y trouve pas.
01:02:29 Tu n'as pas choisi l'ombre, eux ils errent.
01:02:33 Peut-être souffrent, mais pas autant que toi.
01:02:37 Je ne prends pas d'air solennel ou triste, je prie.
01:02:42 (Silence)
01:02:49 Je souris, je pense à chaque instant passé avec toi.
01:02:53 Tu ne seras plus là, on pleure en pensant à toi.
01:02:57 Il restera de toi ce que tu nous as laissé, ton sourire, ta joie,
01:03:02 ainsi ce que tu as semé du haut de tes 22 ans,
01:03:08 le bonheur dans le cœur de tous ceux qui sont là.
01:03:12 On ne veut plus jamais ça.
01:03:15 Aujourd'hui, on fait confiance à la justice, on ne veut plus avoir peur.
01:03:18 On ne veut pas avoir peur.
01:03:20 On veut garder notre liberté, on veut retrouver notre ville.
01:03:23 Monsieur le maire, on vous fait confiance.
01:03:26 Cependant, les derniers jours, certains médias ou tout simplement des simples citoyens
01:03:32 se permettent de faire circuler des rumeurs ainsi que de fausses infos
01:03:38 qui portent atteinte à la dignité de Philippe.
01:03:41 Évidemment, aucune source n'est vérifiée.
01:03:45 Et ces fausses infos sont jetées comme des bouteilles à la mer,
01:03:50 sement troubles et discorde.
01:03:54 J'aimerais préciser en ma personne que durant les derniers 48 heures,
01:04:01 des preuves ont été recueillies et ont été confiées aux forces de l'ordre,
01:04:07 ainsi que des personnes qui ont témoigné et d'autres qui comptent le faire dans les prochaines heures.
01:04:15 Un peu de respect et dignité s'imposent,
01:04:19 autant plus qu'une enquête est en cours
01:04:22 et que les tribunals publics, faits sur les réseaux sociaux,
01:04:26 ne vous permettent pas de créer à votre bon vouloir votre propre histoire ou encore votre propre version.
01:04:36 Philippe est malheureusement mort il y a trois jours après cette agression sauvage.
01:04:40 Donc, afin de respecter sa mémoire, je vous demande et je souhaite tout votre respect,
01:04:46 soutien et surtout vos précautions avant de traiter ce sujet.
01:04:50 Merci.
01:04:52 (Applaudissements)
01:04:55 Voilà deux des cousines de Philippe.
01:04:59 Ils se sont exprimés et qui appellent au respect de Philippe.
01:05:02 C'est vrai que c'est hélas le revers des réseaux sociaux.
01:05:04 Il y a énormément de rumeurs qui circulent.
01:05:09 Et dans un instant, c'est le maire qui va prendre la parole.
01:05:12 Le maire auquel on fait appel les cousines d'ailleurs.
01:05:14 Elles ont dit "on compte sur vous, monsieur le maire,
01:05:16 parce qu'on a envie de retrouver la sécurité et la sérénité dans notre ville".
01:05:20 Et au nom de l'ensemble des grands saintois et des grands saintoises,
01:05:24 je vous présente à vous, Nathalie, à vous, Kelvin et Dylan,
01:05:27 ainsi qu'à tous les membres de la famille, à tous les amis, les proches de Philippe,
01:05:33 mes plus sincères, nos plus sincères condoléances.
01:05:36 Merci d'être si nombreux ce matin pour rendre hommage à Philippe,
01:05:40 d'être si nombreux pour témoigner de votre bienveillance
01:05:44 et de votre soutien aux membres de la famille, aux amis et aux proches.
01:05:49 Nous avons vécu un acte horrible, inqualifiable, innommable,
01:05:54 un meurtre d'une lâcheté sans nom, une agression barbare.
01:06:00 Agression barbare nous laissant dans l'effroi, la peine et l'incompréhension.
01:06:05 La justice doit passer.
01:06:07 Les auteurs doivent être lourdement condamnés.
01:06:11 L'enquête avance vite.
01:06:13 Je félicite les enquêteurs pour la rapidité des investigations
01:06:18 qui ont permis les premières arrestations.
01:06:20 La justice doit passer, pas celle des réseaux sociaux
01:06:25 sur lesquels les extrêmes se délectent, stigmatisent, déforment
01:06:29 et inventent à des fins nauséabondes.
01:06:33 La justice doit passer, celle de la République,
01:06:37 celle de la République indivisible,
01:06:41 celle de la République et de ses valeurs que nous défendons chaque jour,
01:06:45 liberté, égalité, fraternité.
01:06:49 Grande Sainte a perdu un de ses enfants, Philippe,
01:06:54 cet enfant, cet ado de Grande Sainte, unanimement apprécié,
01:06:58 pleinement investi, d'une gentillesse débordante.
01:07:04 Philippe avait la vie devant lui.
01:07:06 Des criminels en ont décidé autrement.
01:07:10 Philippe, c'est votre fils, Nathalie, c'est votre frère, Kelvin Dylan,
01:07:14 c'est votre ami, notre ami,
01:07:18 c'est pour nous tous, habitants de la ville, notre enfant.
01:07:22 Nous ne t'oublierons pas, Philippe.
01:07:24 Notre peine est immense, notre chagrin incommensurable.
01:07:29 Il y aura un avant et un après ce drame,
01:07:34 tant notre ville a été touchée dans sa chair.
01:07:37 Nous ne t'oublierons pas, Philippe.
01:07:39 Puisse ton décès faire réfléchir cette partie de la jeunesse à la dérive.
01:07:45 Puisse ton histoire aspirer notre avenir.
01:07:48 Nous ne t'oublierons pas, Philippe.
01:07:50 [Applaudissements]
01:07:52 Le maire de Grande Sainte qui s'exprimait,
01:07:55 vous avez entendu qu'à chaque fois il y a un appel à la justice,
01:07:57 chacun des discours commence avec ces choses-là.
01:08:01 On veut croire, et c'est une minute de silence,
01:08:03 et je voudrais qu'on la respecte également en direction CNews.
01:08:06 [Silence]
01:08:16 [Silence]
01:08:37 Merci à tous.
01:08:39 [Applaudissements]
01:08:42 Une minute de silence très émouvante
01:08:44 et ces applaudissements de la population de Grande Sainte
01:08:47 pour rendre hommage à Philippe.
01:08:49 Et je le disais, chaque discours a commencé avec ces mots-là.
01:08:52 On veut que justice soit faite.
01:08:54 On croit beaucoup en la justice.
01:08:56 Et tout à l'heure, l'un des amis de Philippe,
01:08:59 qui était le premier à parler, disait
01:09:00 "Philippe n'est pas un fait divers".
01:09:02 Philippe, ce n'est pas une ligne de plus dans le journal.
01:09:04 Philippe, c'est un homme.
01:09:05 C'est un homme qui a été tué, sauvagement tué.
01:09:08 Christine Kelly, je vous sens très émue depuis tout à l'heure
01:09:10 en regardant ces images.
01:09:12 Et vous aussi, je vous sens très émue.
01:09:14 - Oui, oui, oui.
01:09:14 - Au début de cette émission, j'entends votre voix qui tremble
01:09:17 et je vous vois boire des larmes aussi.
01:09:20 Pourtant, vous êtes un journaliste comme moi
01:09:22 et vous en voyez tous les jours.
01:09:23 Et je suis très émue de voir votre émotion.
01:09:26 - Parce qu'on sent la douleur.
01:09:27 On sent la douleur de cette famille.
01:09:29 On sent à quel point, aujourd'hui,
01:09:31 il y a aussi une forme d'incompréhension face à tout ça.
01:09:35 - Une incompréhension et ce que je disais tout à l'heure,
01:09:37 justice sur tous les fronts, justice sur toutes les bouches,
01:09:40 justice dans toutes les têtes.
01:09:42 Et chaque personne présente sur cette image,
01:09:45 chaque personne présente à cette marche blanche,
01:09:48 marche blanche à soif de justice.
01:09:51 Et c'est comme si c'est le dernier recours,
01:09:54 le dernier appel.
01:09:55 Aidez-nous, sauvez-nous, on n'en veut plus.
01:09:58 C'est le dernier appel.
01:09:59 C'est peut-être une des dernières marches blanches.
01:10:01 J'en n'en sais rien.
01:10:02 On est en train de...
01:10:03 Je suis la première à critiquer ces marches blanches
01:10:06 dans le sens où on veut plus que ces marches blanches.
01:10:09 On veut que la justice soit faite.
01:10:12 Mais le jour où il n'y aura plus de marche blanche,
01:10:15 ça va être le jour où plus personne ne croira en la justice,
01:10:19 donc en l'État.
01:10:20 Aujourd'hui, chaque personne sur cette image
01:10:23 attend encore un pas de l'État.
01:10:27 - Maître Barbier ?
01:10:28 - Je note d'abord l'extrême dignité des discours
01:10:32 qui ont été faits notamment par les cousines et l'ami de Philippe.
01:10:37 Simplement, je suis fatigué de ces élus
01:10:40 qui prennent la parole pour uniquement dire
01:10:43 "attention à l'instrumentalisation par les extrêmes".
01:10:46 Si aujourd'hui, pointer du doigt
01:10:48 que certaines villes sont des territoires perdus,
01:10:51 si pointer du doigt que la violence est de plus en plus gratuite
01:10:54 et de plus en plus puissante,
01:10:56 c'est être extrémiste.
01:10:58 Alors soyons tous des extrémistes.
01:10:59 Mais je suis fatigué de ces gens qui,
01:11:02 face à leur propre incurie,
01:11:05 n'ont que le réflexe de défense face à des extrêmes hypothétiques.
01:11:09 Il faut en finir avec ça pour vraiment prendre les problèmes à bras le corps.
01:11:12 - C'est vrai que je suis assez d'accord avec maître Robinson Barbier.
01:11:18 Il y en a marre de ces élus qui viennent vous dire
01:11:20 "attention à la récupération".
01:11:22 Le problème, ce n'est pas l'attention à la récupération,
01:11:24 le problème, c'est la violence.
01:11:25 Le problème, c'est ce qui se passe.
01:11:26 Ça ne veut rien dire "attention à la récupération" aujourd'hui.
01:11:29 Il y en a marre d'avoir ces espèces de propos
01:11:32 qui ne veulent pas dire grand-chose.
01:11:33 - Ecoutez, moi je prends du recul par rapport à ce qu'on voit là.
01:11:36 C'est en fait l'échec de notre société de façon générale
01:11:39 quand on voit ce qui se passe.
01:11:40 Parce que, et ça n'excuse pas évidemment ces deux jeunes barbares
01:11:44 de 14 et 15 ans qui ont commis cet assassinat.
01:11:47 Mais quand on sait que derrière,
01:11:49 les parents sont connus pour être totalement déstabilisés, etc.
01:11:52 Ça veut dire que quelque part,
01:11:54 et moi je suis beaucoup dans la prévention,
01:11:55 ça n'excuse rien, attention à ce que je dis là.
01:11:57 Mais quand on voit les familles et dans quel état elles sont,
01:12:00 on s'étonne à un moment donné qu'arrive ce type de choses.
01:12:03 Je trouve que c'est une responsabilité de notre société entière.
01:12:06 On n'a pas su peut-être ouvrir des yeux,
01:12:08 peut-être même le maire, je ne veux pas l'accuser évidemment,
01:12:10 mais de dire qu'il y a des situations familiales qui sont très très dures,
01:12:14 avec des gosses ultra violents, et j'en connais plein,
01:12:15 et j'en connais plein, je peux vous assurer.
01:12:17 Nous on fait le tampon avec mon association,
01:12:18 comme d'autres le font avec les éducateurs spécialisés, etc.
01:12:21 Mais je peux vous assurer que c'est un vrai problème de société
01:12:24 qu'il va falloir régler tous ensemble.
01:12:26 - Merci beaucoup. Merci aux équipes de CNews qui étaient sur place,
01:12:28 qui nous ont fait vivre en direct cet hommage,
01:12:30 cette marche blanche à Philippe auquel on pense.
01:12:32 On pense à lui, on pense à sa famille aujourd'hui.
01:12:34 Merci à tous. Bon week-end dans un instant.
01:12:36 Thierry Cabane sur CNews à lundi.
01:12:38 D'ici là, soyez prudents.
01:12:39 [Musique]