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Lundi 18 mars 2024, SMART BOURSE reçoit Alice Albizzati (Associée et cofondatrice, Revaia)

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00:00 [Musique]
00:10 Notre dernier quart d'heure chaque soir dans Smart Bourse, c'est le quart d'heure thématique.
00:14 Le thème ce soir nous fait sortir un petit peu des marchés cotés pour nous intéresser au segment de la tech non cotée
00:20 et ses derniers développements sur le plan industriel notamment.
00:24 On en parle avec Alice Albizati qui est cofondatrice de Revaya. Bonsoir Alice.
00:27 Bonsoir les gars.
00:28 Merci beaucoup d'être avec nous. Quand je disais la dimension industrielle qui m'intéresse sur la tech non cotée,
00:33 c'est de faire un peu le point sur les levées de fonds notamment dans ce segment de marché.
00:37 C'est votre univers d'expertise et d'investissement bien sûr chez Revaya.
00:41 Alice, et de voir un peu comment la France et l'Europe se positionnent aujourd'hui.
00:44 Quand on prend encore une fois la dimension des levées de fonds,
00:47 est-ce qu'il y a l'idée quand même que la France et l'Europe rattrapent un peu de leur retard
00:52 par rapport à d'autres zones très dynamiques comme l'Asie et la zone anglo-saxonne ?
00:57 Oui en effet. Nous on observe des dynamiques intéressantes en termes d'investissement dans le secteur de la technologie
01:02 au niveau mondial et en particulier en France et en Europe.
01:07 On considère que 2023 ça a été une année de normalisation et c'est en train de se poursuivre en 2024.
01:13 Comme dans tous les secteurs, il y a eu une contraction des montants investis au niveau mondial
01:20 dans les sociétés technologiques en 2023 suite à des années records qui ont été les années post-Covid.
01:26 Donc les années 2021-2022. Néanmoins, dans cette contraction, si on prend un peu de recul,
01:32 on observe que 2023 ça a été la troisième année la plus importante en termes de capitaux investis
01:38 dans les entreprises technologiques au niveau mondial.
01:41 Donc c'est des tendances qui sont positives et quand on rentre à l'intérieur des différentes géographies,
01:47 ce qu'on observe c'est que l'Europe c'est la seule géographie qui est en croissance.
01:52 Donc ça a été 10% de croissance des capitaux investis dans ce secteur là,
01:56 différent de ce qui se passe aux Etats-Unis et en Chine.
01:59 Et donc si la tendance se poursuit, l'Europe est en train de rattraper son retard par rapport aux Etats-Unis et à la Chine
02:07 et est en passe de devenir la deuxième géographie la plus attractive en termes de capitaux investis.
02:12 Qu'est-ce que ça signifie pour nous ?
02:14 Ça signifie que les sociétés technologiques européennes qui sont bien gérées et bien positionnées sur des secteurs porteurs
02:24 sont capables de construire des positions de leadership mondiales parce que bien financées.
02:29 Et au sein de l'Europe, vous posez la question de la France.
02:34 La France c'est un des trois pays les plus attractifs, donc avec le Royaume-Uni, l'Allemagne, la zone d'Arc et la France.
02:43 Ces trois régions, ça cumule à peu près 70% des investissements dans les sociétés technologiques au niveau européen.
02:50 Et la France est en train de rattraper également son retard par rapport au Royaume-Uni.
02:54 Au sein de cette zone là, d'accord, j'entends.
02:56 Avec des ratios, par le passé on était sur du 1 pour 2 entre France et Royaume-Uni
03:01 et maintenant on est en train d'être sur du 1 pour 1,5. Donc un pays qui est attractif.
03:06 Le fait que l'Europe ait été en croissance positive en termes de levée de fonds pour la tech non cotée en 2023
03:11 par rapport à l'Asie et les Etats-Unis, pour dire simplement les choses,
03:14 est-ce que ça veut dire aussi que dans ces grandes zones, Asie et Etats-Unis,
03:17 les investisseurs sont déjà au max de ce qu'ils peuvent investir,
03:22 ou en tout cas de ce qu'ils pouvaient investir en 2023 dans ce segment de marché notamment ?
03:28 Oui, c'est une bonne question. Je pense que ça veut dire qu'on a eu des années record, 2021-2022,
03:36 et qu'il faut un peu de temps pour pouvoir absorber.
03:39 Dégérer.
03:41 Dégérer, voilà. La tendance de fonds, elle est toujours là,
03:44 parce que la tendance de fonds c'est accompagner la digitalisation de nos sociétés,
03:49 résoudre les grands enjeux qui sont des enjeux de création d'emplois, des enjeux de souveraineté.
03:55 Donc on va adresser des secteurs comme celui de la cybersécurité,
03:59 on va aider les sociétés à devenir plus efficaces, plus productives,
04:03 on va adresser les enjeux de climat, mais il y a un moment où il faut absorber,
04:08 il faut également continuer à avoir des sorties et des retours importants,
04:13 parce qu'on est toujours sur un bilan, une balance.
04:16 Rotation du capital, c'est quand même le mécanisme majeur du non-coté, il faut que le capital tourne.
04:22 Exactement. Et en fait, ce qui se passe dans le non-coté, c'est également le reflet de ce qui se passe sur les marchés cotés,
04:29 avec quelques mois de décalage, et donc on a vu que là, la croissance,
04:33 elle est repartie fortement sur les marchés cotés pour les sociétés technologiques,
04:37 notamment les très grosses sociétés technologiques, et ça, ça se reflète également dans le non-coté, mais avec un petit décalage.
04:43 Sur l'idée du rattrapage de la France et de l'Europe, sur quelle tendance forte est-ce que ce rattrapage se construit, Alice ?
04:52 Alors, il y a peut-être deux secteurs qui vont être les secteurs un peu prioritaires,
04:59 ou qui vont marquer le plus l'appétit, l'intérêt des investisseurs.
05:03 C'est bien évidemment l'intelligence artificielle générative,
05:07 et le deuxième secteur, ça va être celui du secteur du climat, ou les sociétés qui permettent d'adresser les enjeux climatiques.
05:15 Et donc, au sein de ces secteurs, si on commence par celui de l'intelligence artificielle générative,
05:19 c'est un secteur qui a quadruplé de taille en termes de montant investi en 2023.
05:24 Donc ça, c'est une disruption technologique qui permet d'afficher beaucoup de promesses en termes d'applications,
05:32 de nouveaux cas d'usage dans beaucoup, beaucoup d'industries,
05:35 qui attirent des capitaux massifs sur soit la partie business, les fondements, les fondations, les modèles,
05:43 soit sur des cas applicatifs, c'est très simple.
05:46 Et là, en France, on a une quarantaine de sociétés qui ont levé pour un montant cumulé de plus de 1 milliard d'euros.
05:54 On pense bien évidemment à Mistral.ai qui a beaucoup parlé d'elle,
05:58 mais il y a également d'autres sociétés comme Huginface, comme Photoroom, qui ont su attirer cet appétit.
06:04 Mais c'est un rythme dont on n'a pas à rougir.
06:06 Exactement, avec des talents qui sont extrêmement pointus, des experts au niveau mondial,
06:11 qui viennent de nos universités, qui viennent de notre écosystème français.
06:16 Donc ça, c'est très intéressant.
06:18 Le deuxième secteur, c'est celui du climat, qui est notamment très aidé par des politiques gouvernementales,
06:26 par des subventions gouvernementales.
06:28 Et là, on a des sociétés qui ont levé des centaines de millions, voire des milliards d'euros.
06:32 Par exemple, Vercor, dans le domaine des gigafactories de batteries à bas carbone,
06:39 l'an dernier a réussi à lever 2 milliards d'euros.
06:43 C'est une partie en equity, c'était une série C de 850 millions d'euros.
06:47 Donc c'est vraiment des choses significatives.
06:49 Mais également beaucoup de subventions publiques, d'accompagnement de la Banque européenne d'investissement,
06:55 d'accompagnement au niveau français également sur des plans France 2030.
06:59 Donc ça, c'est un écosystème qui est en train de se construire autour de thématiques du batterie
07:04 et des thématiques du transport et qui permettent à la France, à l'Europe,
07:09 d'acquérir une souveraineté et de la compétitivité au niveau international.
07:13 Si les investisseurs ont continué de mettre des fonds dans la tech non cotée en Europe et en France en 2023,
07:20 est-ce que ça veut dire aussi à l'ISF qu'ils ont confiance dans la capacité de sortie de ces entreprises de portefeuille ?
07:27 Oui, bien sûr. Forcément, on en parlait plus tôt.
07:30 On avait bloqué la sortie, la liquidité, c'est une question clé.
07:34 Et là, je pense que sur les sorties, ce qui est intéressant de voir, c'est que les sorties sont en train de se transformer également.
07:42 Donc par le passé, dans les années 2000, la majeure partie des sorties dans le secteur technologique,
07:48 c'était principalement des rachats par des acquéreurs stratégiques.
07:52 Donc ça, c'était les trois quarts des sorties.
07:55 Et il y avait aussi une vingtaine de pourcents qui étaient des introductions en bourse.
08:00 Vingtaine de pourcents en termes de nombre de sorties, en termes de montants, c'était bien sûr des sorties très significatives.
08:05 Une nouvelle tendance qui est en train d'arriver, donc ces sorties, elles existent toujours, il y a toujours des monnaies.
08:10 On pense par exemple à Linaix, une société d'infrastructure IT allemande qui s'est fait racheter par SAP l'an dernier pour plus d'un milliard d'euros.
08:19 Donc c'est intéressant.
08:21 Néanmoins, ce qu'on observe aussi, c'est qu'il y a de plus en plus de fonds de private equity, des fonds de buy-out,
08:26 qui s'intéressent aux sociétés technologiques parce qu'ils vont chercher la croissance, la résilience,
08:34 la capacité à être rentable avec beaucoup de visibilité et la pérennité des modèles.
08:40 Et là, les fonds de private equity, dans les années 2000, c'était moins de 10% des sorties.
08:47 Et dans les années 2020, c'est plus de 25% des sorties qui se font via des fonds de private equity.
08:53 Nous, on pense que c'est une tendance qui est amenée à durer parce que les fonds de private equity ont levé des fonds de taxis.
09:00 Bien sûr, ils ont la surface pour permettre à ces boîtes de sortir des fonds de VC.
09:05 Et c'est aussi bien des fonds de private equity généralistes que des fonds de private equity qui vont avoir des thématiques spécifiques autour de la technologie.
09:13 Et donc, pour 50% de ces sorties, ça va être des sociétés de logiciels, principalement du logiciel SAS, Bitomi.
09:21 Récurrence, etc.
09:22 Voilà.
09:23 Et ça, c'est une brique de sortie qui est amenée à être pérenne, vous dites, dans la taille qu'elle représente aujourd'hui ?
09:28 Exactement, qui est amenée à durer, à grossir. Il faut trouver le bon équilibre.
09:33 Et donc, nous, en tant que fonds d'investissement « gross » de nos côtés, un de nos rôles, c'est d'accompagner les sociétés
09:41 et accompagner nos entrepreneurs à préparer ces trajectoires de sortie.
09:45 Qu'est-ce que ça veut dire en termes de connexion à l'écosystème, en termes de préparation des sociétés par rapport aux attentes des investisseurs des fonds de private equity ?
09:56 Tout ça, c'est parce que la bourse ne suffit plus ou fonctionne moins bien ?
10:00 C'est le débat.
10:03 C'est un gros débat, c'est un débat important.
10:05 Est-ce qu'il y a eu beaucoup d'introductions aux bourses de sociétés technologiques sur les 12 derniers mois ?
10:09 Non.
10:10 On connaît tous la réponse.
10:12 Et donc, à partir de ce moment-là, il faut trouver des solutions, des substituts et des pistes intéressantes.
10:18 Un mot du M&A. On en avait déjà parlé la dernière fois.
10:21 Vous disiez que le M&A était très dynamique.
10:23 C'était quand même un des signes, justement, que ces marchés étaient plus que jamais vivants.
10:27 C'est aussi même intégré complètement dans vos stratégies chez Revaillat.
10:31 Oui, exactement.
10:32 Nous, dans ce contexte de 2023, on a eu des multiples contractions de valorisation.
10:38 On pense que renforcer les positions de leadership de nos sociétés en portefeuille, c'est quelque chose qui est clé.
10:45 C'est bénéficier d'entreprises qui ont une position de leadership déjà établie, avec un bilan solide.
10:54 Et donc, nous, on va aller accompagner, encourager nos sociétés à accomplir ces trajectoires de croissance externe qui viennent s'ajouter à la croissance organique.
11:04 C'est quoi une opération ?
11:05 On n'a plus beaucoup de temps, mais une opération dont vous êtes fière, justement, chez Revaillat.
11:09 On a, par exemple, une de nos sociétés néerlandaises qui s'appelle Muse, qui est devenue une licorne récemment,
11:15 qui a annoncé une levée de 110 millions de dollars, qui est une société qui propose un logiciel d'automatisation dans le secteur de l'hôtellerie, de gestion.
11:25 Et cette société a déjà accompli huit opérations de M&A, notamment pour accélérer son expansion internationale.
11:33 Cette année, Muse a annoncé avoir racheté une société américaine qui s'appelle Front Desk Anywhere.
11:38 Elle avait déjà racheté d'autres sociétés en Amérique du Nord, aux États-Unis.
11:41 Et ça, c'est très intéressant de pouvoir s'assurer que la société va racheter d'autres concurrents, accélérer son développement produit, son développement international par ce biais-là.
11:54 C'est un vrai savoir-faire aussi stratégique pour ces entreprises que vous accompagnez.
11:58 Exactement. Et donc les sociétés plus établies, elles ont bien évidemment une équipe de corporate development qui est dédiée à ce rachat.
12:04 Donc selon la maturité de la société, la trajectoire de sortie M&A, elle est différente.
12:09 Mais c'est bien évidemment un sujet que nous, on pousse au bord avec un playbook de M&A.
12:15 Merci beaucoup Alice. Merci de venir nous éclairer sur ces enjeux autour de cet univers de la tech.
12:20 Mais au côté, c'est votre domaine d'expertise, votre univers d'investissement, bien sûr, chez Revaya.
12:25 Vous en êtes la cofondatrice. Alice Albizati était l'invité du quart d'heure thématique de Smartbourg ce soir sur Bismarck.
12:31 Merci.
12:32 [Musique entraînante diminuant jusqu'au silence]

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