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Mercredi 20 mars 2024, SMART BOURSE reçoit Anne-Laure Frischlander-Jacobson (Consultante)

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00:00 *Générique*
00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:14 Le thème ce soir, c'est celui des inégalités patrimoniales.
00:17 Nous sommes en plein dans la semaine consacrée à l'éducation financière
00:21 et nous allons évoquer donc ce sujet des inégalités patrimoniales entre hommes et femmes
00:25 avec Anne-Laure Frischlander-Jacobson qui est à mes côtés en plateau.
00:28 Aujourd'hui, consultante indépendante. Bonsoir Anne-Laure.
00:31 - Bonsoir Grégoire.
00:32 - Ravie de vous retrouver pour parler de ce sujet d'éducation financière avec vous.
00:36 On s'est parlé longuement autour de cette table ou sur d'autres plateaux.
00:40 On parlait des marchés généralement avec vous.
00:43 Vous avez une longue expérience, 25 ans d'expérience professionnelle dans l'industrie de l'asset management.
00:47 Vous avez été dirigeante Europe jusqu'à encore pas très longtemps d'un gros asset manager américain.
00:52 Et le sujet de l'éducation financière vous intéresse à travers ces questions d'inégalités entre hommes et femmes.
00:57 Le sujet des inégalités entre hommes et femmes est très vaste.
01:02 Si on parle des salaires, des revenus, etc. Il y a le parcours de vie professionnel.
01:06 Il y a plein d'histoires.
01:08 L'histoire là qui nous intéresse c'est de savoir pourquoi est-ce que l'épargne qui est détenue par les hommes est mieux gérée
01:15 ou plus performante que l'épargne qui est détenue par les femmes.
01:18 Parce qu'il y a un vrai écart aussi de ce point de vue là. C'est ça, Anne-Laure, le constat.
01:22 Oui, vous avez bien introduit le sujet.
01:26 C'est effectivement la semaine de l'éducation financière.
01:29 C'est un enjeu sociétal qui est très important.
01:32 Puisqu'aujourd'hui, les inégalités entre hommes et femmes n'ont pas cessé de se creuser ces 20 dernières années.
01:38 Contrairement à ce que l'on peut penser malgré les bonnes initiatives.
01:43 Aujourd'hui, le patrimoine médian des femmes est autour de 100 000 euros quand il est à 266 000 euros pour celui des hommes.
01:54 Ça c'est un chiffre français ?
01:56 Ça c'est en France.
01:58 D'accord.
01:59 Donc il y a déjà effectivement un écart de montant de patrimoine entre hommes et femmes.
02:04 C'est un enjeu qui est majeur puisque, on le sait, les femmes vivent plus longtemps.
02:10 Et il y a cette risque de précarité si on ne gère pas et si on ne prépare pas bien sa retraite.
02:20 Alors, pour comprendre un petit peu les raisons, vous l'avez cité aussi,
02:27 outre les raisons qui sont dues à l'emploi même des femmes, souvent sur des emplois précaires,
02:35 où la gestion d'actifs finalement a peu de rôle à jouer là-dessus,
02:41 il y a toute une partie de ces inégalités qui est directement due au fait que les femmes n'investissent pas ou peu leur épargne.
02:52 Alors, qu'est-ce que ça veut dire en fait entre investir et épargner ?
02:56 Puisque finalement, si on regarde sur un plan du marché français, le taux d'épargne il est bon en France.
03:03 Il est très élevé même.
03:06 Il est très élevé, exactement. Il a une énorme taux de disponible, mais il n'est pas investi.
03:12 Très peu investi et par rapport à nos voisins européens, on est par exemple sur deux fois et demi moins que les voisins européens en termes d'investissement en bourse.
03:21 On est quand même sur Smart Bourse.
03:23 Oui, oui, mais il n'y a pas que la bourse. On peut investir dans plein de classes d'actifs différentes.
03:27 C'est un placement financier.
03:29 Ce n'est pas un petit pas placé, qui est ou sur des comptes courants ou sur du livret lambda.
03:33 Ou sur du livret, sur des comptes à terme.
03:35 Il y a eu plusieurs études qui ont été faites. L'AMF notamment avait sorti une étude où seulement 30% des femmes investissaient leur argent contre 46% pour les hommes.
03:47 Et l'AFG a même cité également le fait que seulement 16% des femmes investissaient en bourse.
03:54 Donc aujourd'hui, un taux d'investissement qui est très faible et qui crée finalement cette inégalité qui est due tout simplement au fait que le manque a gagné par la non création de richesse.
04:10 Oui, bien sûr, mais c'est très clair.
04:14 Il y a une déperdition de création de richesse parce que l'épargne n'est pas suffisamment investie autrement que sur des comptes courants ou sur des livrets sans risque.
04:25 Alors maintenant, on peut essayer de comprendre pourquoi ces femmes n'investissent pas.
04:32 Qu'est-ce qui les retient ?
04:34 Là encore, on a beaucoup regardé les causes avec plusieurs études qui ont été faites et beaucoup de sondages qui ont été faits auprès de ces femmes.
04:43 Finalement, elles ne s'intéressent pas ou très peu aujourd'hui à la planification financière.
04:49 Alors là encore, il y a toute une raison qui est d'analyse sociologique du fait que finalement, on a une charge mentale propre à la femme avec les charges familiales qui font que finalement, elles ne se préoccupent pas de gérer cette planification financière.
05:09 On peut dire que la gestion du quotidien l'emporte sur la projection et la capacité à se projeter sur des objectifs patrimoniaux futurs.
05:20 Il y a un vrai enjeu de société là-dessus qu'on peut développer mais ce n'est pas tellement encore le sujet aujourd'hui. Mais la raison principale aujourd'hui qui nous intéresse, c'est le fait qu'il y a un vrai fossé de confiance sur les investissements.
05:40 Notamment par méconnaissance financière. Les femmes se sont finalement désengagées ou ne se sont pas du tout engagées sur l'aspect financier parce qu'elles ont ce manque de confiance.
05:54 Je ne comprends pas donc je n'y vais pas.
05:57 Je ne comprends pas donc je n'y vais pas. Et j'ai aussi des mythes là-dessus qui ont créé des freins d'investissement.
06:05 On va en citer quand même quelques-uns parce qu'ils sont vraiment intéressants.
06:09 Tout d'abord la perception qu'il faut avoir un certain niveau de revenu ou de richesse disponible pour commencer à investir.
06:19 Alors que les hommes finalement vont commencer à investir plus tôt avec un petit peu d'argent, boursier coté.
06:26 La deuxième c'est la perception du risque qui est très intéressante puisque il y a une perception qu'investir est risqué. Ce qui est vrai.
06:36 Tout rendement supérieur au rendement sans risque, oui, implique un risque pour l'investisseur.
06:43 Mais il est amplifié par une méconnaissance financière. Et c'est là où je pense qu'il faut vraiment pointer, décortiquer un petit peu.
06:51 Il est amplifié par méconnaissance des mécanismes eux-mêmes qui sont, il y en a deux principalement.
07:00 D'une part celui des intérêts composés, savoir que finalement quand on investit, on va générer des intérêts.
07:05 Ces intérêts vont être réinvestis, qui vont eux-mêmes générer des intérêts et qui va y avoir un effet boule de neige.
07:11 Et à l'inverse, s'il y a une baisse de marché, les intérêts composés permettent de lisser, d'amortir le choc.
07:20 D'où l'intérêt de s'intéresser aux actions individuales notamment.
07:24 Et l'autre, donc les intérêts composés et l'inflation d'une part.
07:29 L'inflation, les femmes, je ne vais pas généraliser non plus, parce que ce n'est pas que des femmes d'ailleurs,
07:36 mais ce manque d'investissement alors qu'une inflation augmente crée une baisse de pouvoir d'achat.
07:45 Si aujourd'hui l'inflation est à 3 et que j'investis sur quelque chose qui est garanti à 2, je ne gagne pas d'oeuf, je perds 1.
07:54 Donc c'est deux concepts simples qu'il faut remettre en place.
07:59 Est-ce que sur la question spécifique de cet écart patrimonial entre hommes et femmes, au-delà des caractéristiques sociologiques,
08:10 est-ce que l'industrie de la gestion d'actifs a aussi des questions à se poser par rapport à ça ?
08:17 Vous en sortez tout juste, donc j'ai très envie d'avoir votre avis là-dessus.
08:22 Je n'en sors pas complètement.
08:24 Oui, non, non, bien sûr.
08:25 Mais l'industrie de la gestion d'actifs a un rôle à jouer.
08:30 On voit des initiatives, on ne peut que s'en réjouir.
08:33 Mais c'est vrai que les femmes ne se sentent pas visées par cette industrie-là.
08:39 Et pour cause, le segment marketing cible par défaut de la plupart des sociétés de gestion et des gestionnaires de patrimoine, c'est un homme CSP+.
08:52 Donc là, on voit quand même certaines initiatives.
08:56 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, c'était je crois JP Morgan ou Finility qui avaient fait cette étude sur le fait que finalement 26% des femmes sont confiantes dans leur connaissance financière.
09:11 C'est rien du tout.
09:14 Et malheureusement, il faut vraiment faire ce travail en amont d'accompagner, d'aller vers la connaissance.
09:24 Plus de connaissances financières pour justement aider ces femmes à prendre confiance et à gérer leur épargne.
09:33 Mais il n'y a pas de raison, même encore une fois avec toutes les caractéristiques.
09:36 J'ai toujours en tête la grande phrase de Christine Lagarde.
09:39 Si les Man Brothers avaient été les Man Sisters, il n'y aurait pas eu ce qui s'est passé en 2000.
09:43 L'idée étant de dire qu'il y a aussi une approche d'investissement qui est différente en fonction du genre.
09:49 Vous disiez les hommes boursicotent avec 30 euros, etc. On aime bien le côté gambling, spéculation.
09:55 C'est une manière d'entrer. Ce n'est pas sans doute la porte d'entrée que recherchent les femmes pour investir leur épargne.
10:01 Non, elle a une perception du risque qui est complètement différente.
10:04 Elle a une vision de l'outcome aussi qui est différente.
10:08 Mais ça ne justifie pas le fait que leur épargne soit moins bien placée ou moins bien rémunérée que celle des hommes ?
10:14 Ça ne justifie pas complètement. Il y a une part de cela. Il faut mettre en place plusieurs initiatives.
10:21 C'est quelque chose qui me tient particulièrement à cœur.
10:24 Je travaille actuellement sur un projet pour permettre d'apporter des solutions concrètes qui vont être d'une part la sensibilisation.
10:34 Il faut sensibiliser l'importance d'investir tôt, même un petit peu.
10:41 Et arriver à prendre un peu de risque, de faire comprendre cette prise de risque et donner des outils vraiment clairs
10:50 en décortiquant chaque mythe, chaque frein et d'apporter vraiment ces réponses pour aider et accompagner ces personnes
10:58 à construire ce patrimoine parce que c'est important. Ce n'est pas de l'artifice.
11:04 C'est de l'autonomie.
11:06 C'est de l'autonomie.
11:08 Et le risque diminue avec le temps. D'où la question des horizons de temps sur les marchés d'action.
11:12 À un jour, c'est très risqué. Vous pouvez toujours perdre 20 ou 50 %.
11:17 À 15 ou 20 ans, l'investissement en action est un des plus rentables.
11:23 Et à 20 ans, le risque est éteint.
11:25 Il y a beaucoup d'interrogations actuellement sur les valorisations des marchés.
11:28 Est-ce que c'est intéressant d'investir maintenant ?
11:30 Ce n'est pas la question. La question, c'est est-ce qu'on prépare ou pas son investissement de long terme.
11:34 Il faut le préparer maintenant.
11:36 Vous reviendrez nous parler des solutions quand elles seront là sur le marché devant nous, Anne-Laure.
11:43 Merci beaucoup Anne-Laure Frischlander-Jacobson, consultante indépendante
11:46 qui s'empare du sujet de l'éducation financière et de l'autonomie,
11:50 notamment des femmes épargnantes et investisseurs.
11:53 Merci d'avoir été avec nous l'invité du quart d'heure thématique de Smart Bourse ce soir sur Bsmart.
11:58 [Musique]

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