Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 - 19h, c'est l'heure. Ravie de vous retrouver ce soir.
00:04 Tout de suite, l'info avec Mathieu Devese.
00:06 Comment allez-vous, Mathieu, ce soir ?
00:07 - Très bien, et vous ?
00:08 - En pleine forme.
00:09 - Super, ravie.
00:10 - On ne vous dérange pas, non ?
00:11 - L'Ukraine se dit choquée par le retard de l'aide américaine.
00:15 Il s'agit de 60 milliards de dollars.
00:17 Toujours bloqué au Congrès, son adoption est suspendue depuis des mois
00:20 au bon vouloir des partisans de Donald Trump.
00:23 Une aide pourtant indispensable, car ces dernières semaines,
00:25 les troupes russes ont avancé dans l'est de l'Ukraine.
00:29 Deux Afghans ont été arrêtés en Allemagne pour un projet d'attentat en Suède.
00:33 Selon le parquet antiterroriste allemand, les deux hommes proches de l'Etat islamique
00:37 avaient planifié de tuer des policiers et d'autres personnes à Stockholm,
00:41 tout près du Parlement suédois.
00:44 Enfin, Hong Kong durcit son arsenal répressif avec une nouvelle loi sur la sécurité.
00:49 Elle prévoit la prison à perpétuité pour des infractions
00:52 telles que la trahison ou l'insurrection.
00:54 Les Etats-Unis et le Royaume-Uni dénoncent une loi qui porte atteinte aux libertés.
01:00 Merci beaucoup, mon cher Mathieu Dewez.
01:04 Et au sommaire ce soir, faut-il interdire tout changement de sexe avant 18 ans ?
01:11 Après l'Angleterre, la France, par la voix des LR,
01:15 veut interdire les changements de sexe chez les mineurs.
01:17 Les séjours hospitaliers pour changer de sexe ont triplé en 10 ans, selon le Sénat.
01:22 Qu'est-ce que cela dit de notre époque ?
01:24 Le mal-être à l'âge de la puberté peut-il trouver aujourd'hui une réponse
01:28 avec ce genre de transformation d'identité sexuelle ?
01:31 Sommes-nous témoins d'une prise de conscience à la grandeur du monde occidental ?
01:35 L'édito de Mathieu Bocoté.
01:38 Imaginez que la France ne puisse plus payer les retraites.
01:41 Imaginez que la France ne puisse plus payer le personnel hospitalier.
01:45 Imaginez que la France augmente encore un peu plus les impôts.
01:49 Imaginez que la France ne puisse plus payer les enseignants.
01:52 Voilà vers quoi courent notre pays.
01:55 Avec plus de 3 000 milliards d'euros de dettes,
01:58 c'est plus que ce que la France produit en richesse par an.
02:02 Le grand retour de la dette, on en parle avec l'analyse de Dimitri Pavlenko.
02:08 Sciences Po accuse l'État d'ingérence après la visite de Gabriel Attal sur place.
02:12 Les patrons des enseignants et chercheurs de Sciences Po Paris,
02:16 accusés de laisser prospérer l'antisémitisme sur fonds de mobilisation Progaza,
02:21 ont mis en garde l'État contre toute ingérence et récupération politique.
02:26 Que comprendre concrètement le regard de Marc Menand ?
02:30 À quoi servira concrètement la visite surprise d'Emmanuel Macron à Marseille aujourd'hui ?
02:36 Pendant plus de 2h30, le président a déambulé dans le quartier de la Castellane.
02:40 Dans le cadre de la lutte anti-drogue, il a évoqué une opération sans précédent.
02:45 Qu'en est-il de ce fléau qui submerge Marseille
02:49 et gagne petit à petit le reste de la France ?
02:51 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
02:53 Et puis alors que l'ancienne ministre de l'Éducation nationale,
02:57 Najat Vallaud-Belkacem, a déclaré vouloir rationner Internet à 3h par semaine,
03:02 nous en parlions hier mais nous allons plus loin ce soir.
03:05 Pourquoi la gauche veut-elle toujours contrôler, interdire, limiter, rationner ?
03:09 Quelle est la fonction politique de ce contrôle d'Internet ?
03:12 L'éditeur de Mathieu Bocoté.
03:14 Une heure avec nos mousquetaires.
03:17 On commente, on décrypte, on analyse et c'est maintenant.
03:19 Ravi de retrouver mon cher Marc Menand.
03:35 Attendez, c'est pas droit, j'essaie de mettre ça droit.
03:37 Oui, si.
03:38 Non, non, non, vous comment allez-vous ? Pourquoi vous n'étiez pas là hier déjà ?
03:40 C'est vrai ça, pourquoi vous n'étiez pas là hier ?
03:42 [Rires]
03:44 Vous êtes de gauche vous ou quoi ?
03:46 C'est l'interrogatoire, vous allez me dénoncer en plus.
03:50 Absolument pas.
03:51 Je suis curieuse parce que je vous aime Marc.
03:53 Vous êtes adorable.
03:55 Alors mon cher Marc, on attend votre réponse avant de commencer l'émission.
03:58 Eh bien écoutez, j'ai un énorme château qui fait 2,5 pièces
04:02 et j'avais un électricien qui venait chez moi.
04:04 Donc voilà, parce qu'on était restés à la lampe à pétrole.
04:07 On a installé l'électricité hier.
04:09 Bon, merci.
04:11 Ça sera imputé sur votre temps de parole dans un instant, dans votre chronique.
04:16 Bon, alors, ravie de vous retrouver en tout cas.
04:18 Moi aussi.
04:19 On a beaucoup de sujets.
04:20 Et j'aimerais commencer Mathieu Bocoté par un sonore à l'Assemblée nationale cet après-midi
04:26 du député LFI Nupes Sébastien Delogu,
04:31 qui a interrogé le gouvernement sur le refus d'obtempérer qui a eu lieu à Aubervilliers le 13 mars.
04:37 Je vous propose de l'écouter et de réagir.
04:40 Près d'un an après le meurtre de Nahel, tué à bout portant par les policiers,
04:44 que reste-t-il ?
04:46 Son nom a été sali, sa maman a été insultée, ses soutiens ont été bestialisés.
04:51 Et son bourreau, lui, a empoché plus d'un million d'euros et a été traité comme un héros
04:57 par toutes celles et ceux qui abîment la République au quotidien.
05:01 Nous réclamons la justice pour Nahel.
05:04 Nous réclamons la justice pour Ouinis et pour tous les autres.
05:07 Allez-vous appliquer les principes fondateurs de notre République à tous ces enfants
05:13 ou souhaitez-vous être le marchepied du fascisme qui grandit et qui menace l'unité du peuple dans notre pays ?
05:20 Votre regard ?
05:22 C'est l'expression bas de gamme de la rhétorique haineuse anti-police
05:28 et qui présente finalement tout le système de maintien de l'ordre en France
05:31 comme au service d'un fascisme déjà en place, où qu'il vient.
05:34 Et lorsque l'autorité s'applique, ce serait en fait une manifestation répressive à l'endroit des populations détracisées.
05:40 On connaît ça par cœur et là c'est exprimé sans talent oratoire, c'est embêtant.
05:44 Charlotte Dornelas, on a l'impression que c'est une sorte de haine anti-police au sein même de l'Assemblée nationale.
05:50 Est-ce que ce n'est pas un peu choquant ?
05:52 Il y a en tout cas un manque de discernement dans le discours parce que ce député réclame la justice.
05:58 Mais en réalité on comprend dans la manière dont il présente les choses et dans la manière dont il discours sur ce qui s'est passé,
06:04 que ce n'est pas la justice qu'il demande, c'est en effet la condamnation.
06:08 A priori et sans l'analyse de la situation, là en l'occurrence du policier, mais de manière générale par les policiers.
06:14 La justice a un temps long et compliqué, surtout dans ce genre d'affaires. Pourquoi ?
06:18 Parce que Nahel n'a pas été tué à bout portant.
06:20 Il y a des gamins qui sont tués à bout portant sur des points de deal.
06:23 Et les filles, on ne les entend jamais sur ce sujet.
06:25 Là en l'occurrence, c'est une question d'un refus d'obtempérer que la justice va précisément analyser.
06:29 Parce que le policier, contrairement à d'autres dans ses quartiers, a le droit de porter son arme.
06:34 Il a même le droit dans certaines situations de s'en servir.
06:37 Voilà quel sera le travail de la justice.
06:39 Il mérite du temps, il est compliqué à mettre en oeuvre.
06:42 Le policier n'a pas du tout été avantagé.
06:44 Souvenez-vous, il avait été placé en détention provisoire, notamment en raison des émeutes.
06:49 Et quand par ailleurs ce député parle des soutiens de Nahel qui ont été animalisés,
06:53 j'imagine qu'il pense aux personnes qui ont qualifié de sauvages les émeutes qui ont eu lieu après la mort de Nahel.
07:00 Je rappelle qu'en garde à vue, l'immense majorité de ces jeunes-là ne pensaient même pas à prononcer le prénom de Nahel
07:07 quand on leur demandait ce qu'ils faisaient là.
07:09 Donc il n'y a rien qui va dans cette déclaration, si ce n'est pour le coup une instrumentalisation
07:13 extrêmement médiocre d'une situation qui dégénère et qui continue à dégénérer régulièrement sur le terrain.
07:20 En tout cas, beaucoup critiquent justement cette prise de position de l'extrême gauche
07:25 en disant qu'ils veulent mettre de l'huile sur le feu alors que les choses se sont plutôt calmées sur le terrain.
07:30 Mathieu Bocote, Le Figaro consacre aujourd'hui un grand dossier à la question de la transition de genre chez les mineurs.
07:37 On va se poser toutes les questions ce soir.
07:39 Les républicains du Sénat veulent l'interdire et ne sont pas les seuls.
07:42 Partout dans le monde occidental, on découvre le danger de ces thérapies hormonales,
07:47 des bloqueurs de puberté, des opérations chirurgicales.
07:51 Question plutôt taboue jusqu'à présent.
07:53 Mais les partisans de ces thérapies résistent et c'est aux enjeux sociologiques
07:57 qui entourent justement ce changement de sexe chez les mineurs
08:00 que vous avez envie de consacrer votre tout premier édito.
08:02 Oui, c'est un rapport majeur.
08:04 Il faut le dire, quand les républicains du Sénat travaillent en profondeur sur un sujet,
08:08 ils sont capables de produire des textes qui permettent d'approfondir
08:11 sous le signe de l'objectivité, j'en sais rien, mais de l'honnêteté la plus grande d'une question très complexe.
08:16 De quoi est-il question ici?
08:18 D'une forme de révolution très étrange qui s'est abattue sur le monde occidental depuis quelques années.
08:23 Cette idée selon laquelle l'identité sexuée d'un individu serait optionnelle,
08:28 que les jeunes sont invités à choisir leur genre,
08:31 que les jeunes sont même invités ensuite, s'ils le souhaitent,
08:34 à connaître une série de modifications corporelles, hormonales ou chirurgicales
08:39 pour changer visiblement leur sexe, leur identité de genre,
08:43 et que tout cela allait de soi.
08:46 Et si vous n'étiez pas d'accord, vous étiez transphobes,
08:49 ce qui est une sous-catégorie de l'extrême droite aujourd'hui, ne l'oublions pas.
08:53 Or, qu'est-ce qu'on voit partout, on commence à se dire, mais dans quoi nous sommes-nous perdus?
08:58 Partout, en Grande-Bretagne, en Suède, ailleurs, on se dit, mais de quelle hallucination
09:04 a été capable de nous amener à traiter nos enfants comme les cobayes
09:09 d'une opération qui, à l'échelle de l'histoire, et j'y reviendrai à la fin de mon propos,
09:13 relève de la fabrique de l'homme nouveau, la transformation d'une génération en génération d'enfants cobayes.
09:19 C'est quand même ça dont on doit parler.
09:21 Or, les LR nous disent, dans ce rapport de grande qualité qui est porté par Mme Jacqueline Eustache-Brignaud,
09:25 elle nous dit, il faut être capable de comprendre le dispositif qui nous a poussé vers,
09:31 et je parle de ce rapport, mais je ne m'y limite pas, je le précise,
09:34 qui nous a poussé à normaliser cette espèce de révolution dont la jeunesse a été victime.
09:40 Autrement dit, l'évolution de l'identité de genre, cette espèce d'épidémie,
09:44 c'est une formule qui n'est pas la mienne, mais qui était utilisée souvent,
09:47 pour dire que, finalement, de plus en plus de jeunes se disaient,
09:49 je suis étranger à mon corps sexué, je suis tout autre.
09:51 Qu'est-ce qui a produit ça? Est-ce que c'est une évolution naturelle de la subjectivité dans nos sociétés?
09:56 Le rapport des LR nous dit pas du tout.
09:58 Premier élément qu'on doit mentionner, très important, l'idéologie transaffirmative,
10:03 ce que je viens de résumer, qui est très présente dans le milieu médical,
10:07 ou du moins dans un certain milieu médical, j'ajouterais, quant à moi,
10:11 dans une partie aussi du milieu pharmaceutique,
10:13 qui a peut-être vu là une forme d'eldorado, mais concentrons-nous sur le milieu médical.
10:18 Donc, il y a une partie du milieu médical s'est enthousiasmée à l'idée de prodiguer
10:23 ce qu'on appelait des soins d'affirmation de genre, des soins d'affirmation de genre.
10:27 - Derrière le mot « soin » en général. - Parce qu'il y a des soins de fin de vie aujourd'hui.
10:30 - Il faut se méfier de ce qui vient avec le mot « soin » aujourd'hui.
10:33 Des soins d'affirmation de genre. Donc, pas une opération de changement de sexe,
10:36 pas des modifications hormonales programmées pour retarder la puberté chez un enfant,
10:41 ou chez un adolescent, non, des soins d'affirmation de genre.
10:46 Ce vocabulaire en lui-même témoignait de l'idéologisation de la médecine.
10:50 Et on sait par ailleurs que, par exemple, la mouvance transradicale,
10:54 que je distingue évidemment des gens qui ont un vrai problème de dysphorie de genre,
10:57 la mouvance transradicale a cherché à s'imposer un peu partout,
11:00 notamment à la Haute Autorité de la Santé, le Figaro lui-même nous en parlait il y a un temps,
11:05 pour chercher à normaliser, sous le signe du savoir médical autorisé,
11:10 cette idéologie comme quoi, le plus tôt on peut, chez un adolescent en fait,
11:15 dépister une identité de genre trouble, le plus tôt on peut pousser la thérapie,
11:22 le mieux ce sera pour lui.
11:24 Donc, il y a un milieu médical qui a été complice de cela, qui l'est encore aujourd'hui, disons-le.
11:30 Et je précise que dans le rapport, on consulte beaucoup de vrais scientifiques,
11:34 pas des espèces de scientifiques version Lysenko qui soumettent la science à l'idéologie.
11:39 Il y a eu beaucoup d'auditions.
11:41 Et là, ces gens-là sont consternés, mais qu'a-t-on fait dire à la science
11:45 pour qu'elle serve ainsi de prétexte pour imposer une idéologie
11:49 qui entraînait à terme, disons-le, la mutilation physique et psychique,
11:52 la mutilation des corps.
11:54 Deuxième élément, le rôle des, donc je vais parler du milieu médical,
11:57 le rôle des influenceurs.
11:59 Ça, les influenceurs, c'est les fameux réseaux sociaux,
12:01 mais qui jouent un rôle de socialisation majeur là-dedans.
12:04 Vous avez 12 ans, vous avez 13 ans, vous avez 14 ans, vous avez des problèmes d'identité,
12:08 que ce soit des problèmes, vous êtes intimidé à l'école,
12:11 vous avez des problèmes d'obésité, vous avez des problèmes de dépression,
12:14 les problèmes peuvent être nombreux.
12:16 Vous avez une mouvance qui dit que derrière tous vos problèmes,
12:19 il y a en fait un doute sur votre identité de genre,
12:22 donc changez, en fait, engagez la grande transition,
12:25 et vous serez dès lors présenté comme un héros.
12:28 Ça sera la réponse aux questions qui vous traverse, une réponse facile d'accès.
12:32 Et on vous promet, c'est presque un vieux mythe religieux,
12:34 vous pourrez renaître dans un autre corps qui demeure pourtant le vôtre.
12:38 - Qui dit ça, par exemple?
12:39 - Alors là, on peut parler de cette espèce de mouvance trans qui est très radicale,
12:43 qui est très présente sur les réseaux sociaux TikTok,
12:46 et ainsi de suite, des influenceurs qui captent,
12:48 et c'est présent aussi, je me permets de le dire,
12:50 chez des associations qui cherchaient à pénétrer le milieu scolaire,
12:52 qui cherchaient à entrer à l'école, pour dire aux jeunes qui ont 12-13 ans,
12:55 tu sais, tu peux choisir ton genre.
12:58 - Et le Sénat le souligne.
13:01 - Voilà, voilà, et c'est pas tu peux coucher avec qui tu voudras
13:03 quand t'auras 18 ans, quelles que soient tes préférences.
13:05 Tu peux choisir ton genre, autrement dit, ton corps, je reviendrai,
13:09 n'est plus que carcasse réactionnaire sexuée.
13:12 Tu peux choisir finalement ce que tu seras, tu peux t'auto-engendrer,
13:16 sauf que c'est faux.
13:18 Mais quoi qu'il en soit, ce discours était présent, il était relayé à l'école.
13:20 C'est important, il a été capable d'entrer à l'école,
13:22 et si vous vous opposiez à la présence de ce discours à l'école,
13:25 vous pouviez être accusé de transphobie encore une fois.
13:28 Autre chose, et là j'y arrive, ça me semble essentiel,
13:31 on a présenté dans le discours public toutes ces thérapies hormonales,
13:34 les bloqueurs de puberté, comme étant sans conséquence.
13:38 De quelle... mais dans quelle folie sommes-nous entrés
13:41 à voir qu'on pouvait bloquer la puberté à travers des thérapies hormonales
13:45 chez les jeunes sans que ça ait des conséquences sur leur vie?
13:48 Vous croyez vraiment que les êtres humains, c'est des choses sur lesquelles
13:50 on peut jouer, des espèces de petits cobayes auxquelles on peut infliger
13:54 telle ou telle thérapie, et ça n'aura aucune conséquence
13:57 sur leur développement psychologique, psychique, physique?
13:59 C'est une folie, on le constate aujourd'hui.
14:02 Mais pour avoir une vision complète de ça, il ne faut pas oublier
14:05 que ce n'est que l'expression radicale d'un courant plus profond
14:09 qu'on voyait par exemple avec l'idée de la transition sociale de genre.
14:13 Moi, j'ai parlé de la transition hormonale, chirurgicale, mais aussi sociale.
14:17 La transition sociale, c'est tout simplement avec tout le vocabulaire
14:19 sur la non-binarité. La non-binarité, je ne m'identifie ni comme homme
14:23 ni comme femme. Et là, ce n'est pas toi qui décide, mon grand, j'ai envie de dire.
14:27 Vous ne décidez pas d'être homme ou femme. Vous pouvez décider d'être efféminé
14:31 ou très masculin, je n'en sais rien. Vous pouvez décider bien des choses,
14:35 mais vous ne décidez pas de cette part de vous-même.
14:37 Tout le discours sur la non-binarité...
14:39 - Je peux faire une petite parenthèse ? Parce que vous avez parlé des conséquences
14:42 et lorsqu'on voit... Je sais que vous n'avez pas beaucoup de temps,
14:44 donc... Enfin, j'ai quand même beaucoup de temps.
14:46 - Ah non !
14:47 - Mais parlez quand même de ces conséquences. 70% selon le rapport du Sénat
14:53 présenterait des troubles dépressifs. 30% souffrirait des traumatismes sexuels,
14:59 en particulier de violences sexuelles. Plus inattendu, 30% seraient autistes,
15:03 souvent non-dianoxiqués. - Oui, voilà.
15:05 - Mais plus de 80% des cas où les enfants souhaitent effectuer une transition de genre
15:08 sont des jeunes filles.
15:09 - Vous avez tout à fait raison de le dire, ça touche davantage les jeunes filles
15:12 que les jeunes garçons. Ce n'est pas un détail non plus dans tout ça.
15:15 Donc, il faut voir, en plus, qu'il y a le discours qui pousse à la transition sociale.
15:19 La transition sociale, c'est sans aller jusqu'à l'opération chirurgicale,
15:22 on vous invite socialement à vous définir comme étant étranger à votre corps sexué.
15:28 Donc, c'est le discours sur la non-binarité, je l'ai dit.
15:30 Mais tout ce discours, et c'est profond, dans la jeune génération,
15:33 c'est de plus en plus fréquent. Parlez aux enseignants, parlez aux professeurs
15:36 qui ont vu dans leur classe ces cas se multiplier avec les années.
15:39 Je ne parle pas des opérations physiques ou chimiques.
15:41 Je parle du changement déclaré d'identité de genre.
15:45 Mais tout ça, tout ça, ce n'est pas le fruit, j'allais dire, d'une simple évolution.
15:49 Il y avait un dispositif politico-médical, économique, pharmaceutique qui poussait vers là.
15:54 Et je me permets de le décrire rapidement.
15:57 D'abord, il y a un élément sociologique qui est important.
15:59 La sociologie a tout fait depuis 40 ans, qui est une science destructrice souvent.
16:03 La sociologie a tout fait pour congédier le sexe, le corps sexué,
16:06 pour le remplacer, cette notion, par le genre.
16:09 Le genre, c'est-à-dire la construction sociale de l'identité sexuée.
16:12 Moi, je n'ai pas de problème à ce qu'on dise que d'une société à l'autre,
16:14 la définition du masculin et du féminin change avec les époques et selon les sociétés.
16:19 Mais aucune société jusqu'à présent n'avait aboli la dimension biologique-anatomique de l'identité.
16:24 Le fait que vous soyez physiquement femme, biologiquement femme, anatomiquement femme,
16:28 et que je sois homme sur le même registre, ça, on a cru pouvoir l'abolir
16:31 et décréter que c'était simplement optionnel.
16:33 Première folie.
16:34 Deuxième folie, la normalisation administrative de ce discours,
16:38 où on nous dit que la non-binarité est une option parmi d'autres.
16:41 Vous êtes homme, femme, autre, et toute une administration venait normaliser ça.
16:46 Donc, pas traiter ça sur le mode de l'exception, mais le normal.
16:49 Donc, moi, l'exception, je n'ai aucun souci avec ça dans la vie.
16:51 Mais c'était désormais une option parmi d'autres.
16:53 C'est quand même original.
16:54 L'hôpital qui a changé son vocabulaire, même, pour parler de l'anatomie,
16:59 j'en ai déjà parlé ici, donc quand l'hôpital, même le nom des chirurgies de changement de sexe,
17:03 qui devenait des chirurgies d'affirmation de genre, c'est quand même fort.
17:07 Donc, l'affirmation du genre ressenti était plus important que la structure anatomique de l'individu.
17:12 La publicité qui a fait, en lien avec l'industrie de la mode,
17:15 qui a tout fait aussi pour détruire le masculin et le féminin,
17:17 pour brouiller les repères des uns des autres.
17:19 Et n'oublions pas, par ailleurs, là-dedans, la détresse infinie des parents
17:22 qui, souvent, on leur expliquait que quand leur enfant était dans un processus de transition,
17:25 ils devaient l'accompagner, leur autorité parentale était congédiée,
17:29 ils devaient l'accompagner là-dedans, sinon ils étaient traités comme des mauvais parents
17:32 et étaient condamnés pour maltraitance parentale, souvent.
17:35 Tout ce dispositif, aujourd'hui, est remis en question.
17:38 - Vous parlez souvent sur ce plateau de l'effondrement psychique de la jeune génération.
17:42 Est-ce que la valorisation du changement de sexe chez le mineur y participe ?
17:46 Et dans un instant, je vous poserai la question, qu'est-ce que cela dit de notre époque ?
17:49 - Je pense que c'est le révélateur du malaise existentiel de notre temps.
17:53 On nous dit, quelques fois, qu'on est dans une époque de la post-vérité,
17:56 qui ne croit plus en la science, qui ne croit plus en la raison.
17:58 Je suis d'accord, mais voilà le fait premier qui le confirme.
18:02 On a amené, il faut le redire, la jeune génération à douter de la seule chose
18:06 qui est certaine dans ce monde, le corps sexué.
18:09 L'être humain naît homme ou femme. C'est comme ça.
18:12 On a dit, ça, c'est un mensonge.
18:14 C'est un mensonge d'où même la première évidence, qui est celle de tes sens.
18:18 Il y a là-dedans quelque chose, je ne dis pas le mot criminel,
18:20 mais à tout le moins, de tout à fait condamnable.
18:22 Un malaise civilisationnel qui se joue là-dedans.
18:24 Donc, on ne croit plus à la vérité, on ne croit plus à la raison,
18:26 on ne croit plus en la science, sauf quand il est temps d'aller à l'hôpital.
18:28 Parce que là, il faut soudainement redevenir ce que notre corps était à l'origine.
18:31 Et je pense que la jeune génération paie le prix, ici, de 50 à 60 ans de déconstruction.
18:36 On a voulu tout déconstruire depuis 50 ou 60 ans.
18:40 De la civilisation, la culture, la nation, la religion, l'identité, globalement.
18:44 Le point d'aboutissement à déconstruire, c'était le sexe, tout simplement.
18:48 C'était la dernière chose à déconstruire.
18:50 Et qu'est-ce qu'on voit derrière ça?
18:52 C'est l'idée d'abolir tous les déterminismes,
18:54 jusqu'à créer un être purement flottant.
18:57 Mais le relativisme ne dure qu'un temps, c'est particulier.
18:59 Un temps, on disait, vous choisirez ce que vous voulez,
19:01 mais là, une nouvelle religion idéologique, politique s'est imposée.
19:04 Et maintenant, vous étiez obligés de souscrire à la théorie du genre,
19:06 ou alors vous étiez transphobe, donc d'extrême droite,
19:09 donc à condamner aux marges de la cité.
19:11 C'est du relativisme à un dogme nouveau, mais fondé sur la négation du réel.
19:15 - Et dernière question, et peut-être la question la plus importante,
19:18 je ne dis pas, mais qu'est-ce que ça dit de notre époque?
19:20 - Alors, on est une époque beaucoup plus religieuse qu'il ne le croit.
19:22 Tout ceux qui pensent que la religion a été congédiée se trompent.
19:25 On l'a simplement sorti de son nom, on pourrait dire de sa base historique,
19:29 et on l'a imposée partout dans la société,
19:31 donc on croit encore au mythe de l'homme nouveau.
19:33 Qu'est-ce que c'est l'homme nouveau?
19:34 Et aujourd'hui, je reviens toujours sur cette idée,
19:36 il ne s'agit pas de savoir si l'homme croit en Dieu ou non,
19:38 mais s'il se prend pour Dieu ou non.
19:40 Et le fait est qu'on est dans une époque où on a poussé l'homme
19:42 à croire qu'il s'auto-engendrait.
19:44 Tout ce qui le déterminait, la nature, la culture, la filiation,
19:48 la famille, la nation, la communauté politique, tout ça n'existait plus,
19:51 il s'auto-engendrait.
19:53 Et l'ultime auto-engendrement s'est décidé justement de son sexe
19:56 et congédie jusqu'à son corps pour n'être que pur esprit.
19:59 De ce point de vue, c'est une époque qui est sous le signe de la désincarnation.
20:02 J'utilise le terme à bon escient, je crois.
20:05 On est dans une époque qui a congédié l'idée d'une anthropologie incarnée.
20:08 L'être humain est pur esprit, il est pur désir, il est flottant,
20:11 il est insaisissable.
20:13 D'ailleurs, il fait tout pour le devenir.
20:15 Il se virtualise intégralement.
20:17 C'est un homme égaré et à travers tout ça,
20:19 la figure de l'homme nouveau qui s'impose à nous,
20:21 je le résume d'une manière,
20:23 il croit être absolument désincarné,
20:25 mais pour devenir ce qu'il veut devenir,
20:27 il a besoin de l'appareil politique, médical, pharmaceutique
20:30 qui cherche à le transformer en homme nouveau.
20:33 C'est l'homme mutilé, désincarné, blessé, abîmé.
20:37 - Très intéressant ce que vous dites.
20:39 On a l'impression que maintenant, on est dans une société
20:42 où il y a deux parties,
20:44 ceux qui se prennent pour Dieu et ceux qui croient en Dieu.
20:47 C'est un nouveau rapport de force.
20:50 Merci beaucoup, mon cher Mathieu.
20:53 Depuis quelques jours, il y a un sujet de sécurité nationale
20:56 qui est en train de revenir aux premières loges du débat public.
20:59 Il n'est pas question ni de force de police, ni des armées,
21:02 mais celui de la dette.
21:05 3000 milliards d'euros.
21:07 Je disais en titre, c'est plus que ce que la France produit en richesse en un an.
21:11 Pour résumer, c'est un sujet que tous balayaient d'une main,
21:14 jusqu'à peu de temps,
21:16 mais ça redevient maintenant une urgence politique.
21:19 - Quand le ministre des Finances du gouvernement,
21:22 le plus dépensier de la Ve République,
21:24 vous dit que l'Etat n'est pas une pompe à fric,
21:27 c'est les mots qu'il a employés il y a 10 jours,
21:29 c'est qu'il se passe quelque chose.
21:31 - On a un momentum, là, depuis quelques jours,
21:33 sur la question de la dette.
21:35 On le mesure à une chose, c'est qu'il y a trois semaines,
21:37 Edouard Philippe, l'ancien Premier ministre,
21:39 fait la une du journal "L'Opinion",
21:41 et il l'a fait une semaine avant dans "L'Express" pour dire
21:43 "La dette, c'est mon obsession politique".
21:45 Personne ne l'enlève.
21:47 Le bide total.
21:49 Il se trouvait qu'aujourd'hui, vous regardez Éric Zemmour,
21:52 dont on ne peut pas dire que l'économie soit son sujet principal,
21:55 signe une tribune dans le Figaro pour reprocher à Bruno Le Maire
21:58 d'enfermer la France dans le grand déclassement.
22:01 Et il sort tous les chiffres de la comptabilité nationale.
22:03 Marine Le Pen a signé il y a quelques jours une tribune dans le journal "Les Échos".
22:07 Et alors, on imagine, d'ailleurs, la société des journalistes des échos,
22:11 en PLS totale, vu la campagne anti-RN que le journal a proposée à ses lecteurs
22:16 dans l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle en 2022.
22:19 Je referme la parenthèse.
22:21 Mais c'est vous dire que la cause de la dette, aujourd'hui,
22:23 elle dépasse le cercle habituel, si vous voulez,
22:26 le cercle des anxieux habituel du déficit, qui sont les libéraux,
22:30 la Cour des comptes et le Modem aussi, qui est toujours en pointe sur ces questions-là.
22:34 Alors la question, c'est pourquoi il y a cet intérêt soudain pour la dette,
22:37 qui est quand même un sujet technique, un sujet qui est anxiogène,
22:40 qui passionne pas beaucoup les Français aussi, il faut bien dire,
22:43 pour plusieurs raisons. La première, c'est d'abord qu'on s'est planté.
22:46 C'est-à-dire que l'année dernière, Bercy avait tablé sur 1,4% de croissance en 2023.
22:50 Manque de pot, on a fait un petit pourcent.
22:53 Et donc, on s'est largement planté sur les anticipations de rentrée fiscale.
22:57 Et les économies qu'on va vous demander dans les jours, les semaines, les mois qui viennent,
23:01 les fameux 10 milliards, puis les 20 milliards, c'est ça.
23:04 C'est ce manque à gagner fiscal, de rentrée fiscale, que nous n'avons pas eu en fin d'année dernière,
23:08 et qu'il est urgent de retrouver. L'autre raison, c'est qu'on a un calendrier
23:12 qui arrive dans les jours, les semaines qui viennent, et on va le détailler dans un instant.
23:15 Oui, c'est intéressant, parce que comme vous le disiez, on a l'impression que c'est très loin de nous,
23:19 alors que c'est l'effondrement de l'éducation, l'effondrement de l'hôpital, etc.
23:22 C'est ce qui nous pend au nez, si on peut se permettre.
23:25 On marque une pause, on en parle dans un instant, à tout de suite.
23:27 Retour sur le plateau de Face à l'Info. Dans un instant, on parlera de Sciences Po,
23:34 qui accuse l'État d'ingérence, avec Marc Menand.
23:38 On parlera de la drogue à Marseille. Pour changer ? Oui, pour changer.
23:43 Il y a un fait nouveau. Le chef de l'État était sur place.
23:46 On va voir effectivement ce que ça peut changer.
23:48 Ce n'est quand même pas important. On en parlera avec vous, ma chère Charlotte, et avec vous, Mathieu.
23:54 On reviendra sur un sujet qu'on a abordé hier, parce que vraiment, tout le monde en a parlé.
23:58 Est-ce que la gauche, elle veut toujours contrôler, limiter, interdire, rationner ?
24:04 Vous ne voyez là aucun rapport avec ces news.
24:07 On parle uniquement de la volonté de rationner Internet à 3 gigas, la volonté de Najat Vallaud-Belkacem.
24:14 Dimitri, on était en train de parler de la dette, et on se disait que...
24:17 - À propos de rationnement. - À propos de rationnement.
24:19 Voilà, là, personne ne propose de rationner.
24:21 - Non, ça ne rassure pas, là, non. - Personne ne propose de rationner.
24:23 Et vous étiez en train de nous expliquer à quel point les conséquences de la dette,
24:26 donc c'est vraiment nos hôpitaux, nos écoles, nos bios quotidiens, etc.
24:29 - Attendez, je ne vous ai pas encore tout raconté, là.
24:30 - Non, mais c'est pour expliquer aux téléspectateurs ce que vous n'avez pas encore dit.
24:33 - Mais dites-le à ma panse, j'ai fait si bien.
24:36 - Et puis vous nous disiez que ça revient sur le devant de la scène, parce qu'il y a un certain calendrier, des échéances.
24:42 - Oui, il y a une série de claques qui va nous tomber sur les joues.
24:45 Le calendrier, je vous le montre, regardez, le 22 mars, vendredi,
24:49 on va avoir la mise à jour de la notation de la dette publique française.
24:52 Vous savez que nous sommes notés, il y a un bulletin de notes qui vient comme ça,
24:55 de différentes agences internationales.
24:56 L'agence DBRS, alors bon, ce n'est pas la plus connue, ce n'est pas la plus importante,
25:00 mais c'est la première de la saison, parce que comme vous le voyez,
25:02 vous avez Fitch, Moody's, qui vont nous noter le 26 avril,
25:06 et le 31 mai, ce sera Standard & Poor's.
25:08 Alors 31 mai, si vous avez un peu de mémoire, vous vous rappelez qu'on sera à 10 jours des élections européennes d'abord,
25:14 et on aura 4 jours avant le début du débat sur l'aide à mourir.
25:18 - Exact.
25:19 - Ce n'est pas du tout un hasard, si le débat sur l'aide à mourir, il est programmé à ce moment-là,
25:22 ça permettra de parler d'un peu d'autre chose.
25:24 Ça nous fera deux sujets pour faire ça à l'info, cette semaine-là.
25:28 Et, alors, je ne l'ai pas mentionné, mais vous le voyez, 26 mars,
25:31 donc c'est dans une semaine pile, mardi prochain, le chiffre INSEE du déficit 2023.
25:36 Alors, c'est important ce chiffre, parce que ça va nous permettre de savoir exactement le chiffre définitif
25:41 de la dette des administrations publiques de l'année dernière.
25:44 Combien exactement, en fait, il manque dans les caisses, par rapport au budget de l'État,
25:49 le manque à gagner par rapport à nos recettes fiscales.
25:54 C'est drôle, parce que quand vous allez sur le calendrier de l'INSEE,
25:56 c'est l'un des rares chiffres, des rares lignes qui est marqué en gras,
25:59 pour vous dire combien c'est important.
26:01 Alors, ce chiffre du déficit, la dette en acte, c'est quoi ?
26:05 Le budget général de l'année 2023.
26:08 Le budget de l'État, c'était 454 milliards d'euros.
26:12 454 milliards d'euros.
26:14 L'État a collecté en impôts 280 milliards d'euros.
26:19 Ça fait combien ? 454 moins 280.
26:21 Bon, en gros, il manque 172 milliards d'euros pour finir l'année.
26:25 Imaginez que c'est votre budget personnel, votre budget à vous.
26:28 Où est-ce que vous allez chercher ?
26:29 Oui, alors, imagine, ça fait un gros budget.
26:31 On ne s'est pas compté jusque là.
26:32 Il y a quand même un trou de 172 milliards.
26:35 Où est-ce qu'on va aller chercher cet argent ?
26:37 On va aller le chercher sur les marchés financiers.
26:39 Mais alors, évidemment, sur les marchés financiers,
26:41 cet argent, il a un loyer, il faut payer des intérêts.
26:44 Ça donne que l'année dernière, l'agence France Trésor,
26:47 donc c'est l'agence qui est chargée d'émettre la dette publique française,
26:51 elle a levé pour le compte de l'État français 310 milliards d'euros.
26:55 310 milliards.
26:56 Et oui, pourquoi 310 milliards et pas 170 ?
26:58 Parce que vous avez le déficit à financer, les 170,
27:02 mais vous avez aussi tout l'amortissement de la dette passée,
27:05 les fameux 3 000 milliards.
27:07 Il faut rembourser, il y a des échéances à rembourser.
27:09 Et on ne rembourse pas avec les impôts qu'on lève, non.
27:11 On rembourse la dette par une autre dette,
27:13 et de cette dette-là, vous avez évidemment des intérêts à rémunérer.
27:16 Les intérêts 2023, ça a été 55 milliards d'euros.
27:20 Donc vous voyez, déjà, les masses financières dans lesquelles on évolue.
27:23 Et vous voyez, imaginez que vous avez votre budget familial
27:26 qui vous coûte 4 500 euros par mois,
27:28 et que vous ne gagnez que 2 800 euros par mois.
27:30 Il y a quand même un problème, comment vous faites ?
27:32 Bon, évidemment, vous êtes un particulier, vous n'avez pas cette capacité
27:34 à aller voir votre banquier, à lui dire "prêtez-moi de l'argent,
27:37 comme ça je vais pouvoir vous rembourser le prêt précédent que vous m'avez fait".
27:40 Bon, la dette publique française, ça fonctionne comme ça.
27:42 Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que ces 172 milliards
27:46 qu'on est allé chercher sur les marchés,
27:48 vont s'ajouter aux 3 000 milliards de stocks de dette que nous avons déjà.
27:53 Et ce stock de dette a tendance à augmenter de plus en plus vite.
27:56 C'est-à-dire que si vous prenez les 7 ans de pouvoir d'Emmanuel Macron,
28:00 la dette a augmenté de 900 milliards en l'espace de 7 ans.
28:04 C'est pour ça que je vous disais que ce gouvernement
28:06 est le plus dépensier de l'histoire de la Ve République,
28:08 ce n'était pas une accusation en l'air.
28:10 Alors en quoi on dépense trop ? A quel niveau ?
28:12 Alors, il se trouve qu'on a le site internet Fipeco,
28:15 qui est spécialisé sur les questions de finances publiques.
28:17 Excellent, vous avez des tas de notes.
28:19 Bon, c'est un peu compliqué, mais c'est très précis.
28:21 On a publié une note comparative de notre dépense publique
28:24 par rapport à celle des voisins européens.
28:26 Alors, je n'ai retenu, j'ai fait qu'une comparaison extrême avec les Pays-Bas,
28:30 qui sont le pays qui a la dépense publique la plus faible de l'Union européenne.
28:34 Regardez, dans tous les compartiments, nous dépensons plus.
28:38 Vous prenez les retraites, c'est 14,4 % de notre richesse nationale,
28:42 les Pays-Bas 6,1 %.
28:44 Bon, eux, ils ont un système par capitalisation,
28:46 les néerlandais se débrouillent individuellement.
28:48 La santé, 12,2 %.
28:50 Bon, vous avez les chiffres, et vous voyez que dans tous les compartiments,
28:52 nous dépensons plus, sauf, je vous ai mis exprès deux lignes,
28:55 recherche et justice, sécurité, comme par hasard, là, nous dépensons moins.
28:59 Les postes, nous dépensons plus que les hollandais et la moyenne européenne,
29:02 c'est santé, famille, chômage, aide au logement, aide à la pierre,
29:06 loisirs, culture et les aides aux entreprises.
29:08 Là où nous dépensons moins, c'est l'enseignement, la recherche,
29:11 la sécurité intérieure, bref, la tranquillité d'aujourd'hui
29:15 et les investissements de demain.
29:17 C'est assez révélateur, quand même, d'une philosophie publique nationale, si je puis dire.
29:21 J'adore votre petit tableau, mon cher Dimitri.
29:24 Donc, j'entends, ne me réagis pas comme ça.
29:27 Est-ce que c'est vraiment grave, finalement ?
29:30 Vous-même, voilà, docteur, j'ai 41 de fièvre,
29:34 vous nous disiez, il y a quelques semaines,
29:36 que la France n'avait aucun problème pour emprunter sur les marchés.
29:39 En quoi c'est grave ?
29:40 Alors, vous avez tout à fait raison, mais vous avez raison que la France
29:43 emprunte à pas cher, on est à 2,7, 2,8 de taux d'intérêt actuellement.
29:48 C'est pas beaucoup, hein.
29:50 Je vous parlais hier de l'Egypte, qui emprunte à 30% de taux d'intérêt,
29:53 en comparaison.
29:55 Mais vous savez, il y a une part d'irrationnelle sur les marchés de la dette.
29:59 Ce ne sont pas que des tableaux Excel, il y a une affaire de confiance.
30:01 Et vous savez que la confiance, on peut vous la retirer extrêmement vite.
30:04 Là, vous pensez par exemple à la Grèce.
30:05 Alors, la France n'est pas la Grèce, évidemment.
30:07 Il y a une robustesse.
30:08 Quel est le seul site Internet de la fonction publique qui marche,
30:11 mais alors toujours très bien ?
30:12 Impôts.gouv.fr.
30:14 Et ça, vous voyez, le monde entier est au courant que la France sait lever les impôts.
30:18 On a un taux de recouvrement de l'impôt qui est supérieur à 96%.
30:21 Il n'y a aucun pays dans le monde qui fait aussi bien que la France.
30:25 Mais la confiance, vous savez, sur un événement,
30:27 un enchaînement de mauvaise notation, etc., ça peut s'envoler.
30:31 Et il faudra des années derrière pour rebâtir cette confiance.
30:34 Il y a aussi un autre signe que la dette publique préoccupe, les Français.
30:39 Ce signe, c'est notre taux d'épargne, l'argent que nous mettons de côté.
30:43 La moyenne des moyennages en France, c'est 17,5% de nos revenus que nous mettons de côté.
30:47 On est un des pays qui épargne le plus, qui met de côté au cas où.
30:51 Prenez les États-Unis, le taux d'épargne aux États-Unis, il est inférieur à 2%.
30:55 Et vous savez, alors, on peut dire, oui, les Américains sont imprévoyants,
30:58 ils dépensent tout et ils ne gardent rien.
31:00 Oui, alors très bien, les Français sont sans doute un peu plus fourmiqueux,
31:03 mais c'est un signe traditionnel de défiance vis-à-vis des pouvoirs publics.
31:07 Vous avez un sondage Ipsos qui paraissait dimanche qui posait la question suivante.
31:10 Quelles sont les principales causes de l'endettement public en France ?
31:13 Et alors là, on pouvait répondre plusieurs choses, le vieillissement, la molesse de notre croissance, etc.
31:18 Vous avez 72% des gens qui répondent "les choix politiques de nos gouvernements".
31:22 Alors le coupable est tout trouvé, mais manque de bol, c'est lui, le gouvernement,
31:26 qui doit piloter le désendettement que tout le monde lui reproche.
31:29 Incroyable. Alors justement, à quoi faut-il s'attendre, Dimitri ?
31:32 Quelles seront les conséquences concrètes de la dette dans nos vies ?
31:36 Alors, je ne vais pas vous faire le scénario apocalyptique d'une France
31:39 qui ne serait incapable de rembourser sa dette, qui ferait défaut,
31:41 parce que ça, ce serait l'autre libanisation.
31:44 Vous savez, on emploie ce terme de libanisation pour parler d'une implosion sociale du pays,
31:47 d'une fragmentation ethnique.
31:49 L'autre libanisation, c'est quand le pays ne peut plus rien payer,
31:52 et qu'à ce moment-là, tout s'effondre, tous les services publics s'effondrent,
31:55 l'école s'effondre, etc. On n'en est pas là, mais on va vers une période,
31:59 qu'on va dire, de sérieux budgétaire, donc c'est l'expression consacrée,
32:02 on ne vous dira pas rigueur, on ne vous dira pas austérité.
32:04 Vous savez, c'est comme l'aide à mourir, il faut euphémiser,
32:06 il ne faut pas dire les choses, il ne faut pas dire suicide assisté,
32:08 il ne faut pas dire euthanasie, il faut dire aide à mourir.
32:10 Eh bien, pour la dette, c'est pareil.
32:11 - Dites-nous les choses, moi je veux savoir.
32:12 - Oui, oui, moi je veux vous dire, ça va être de la rigueur, on va parler de rigueur.
32:15 C'est d'autant plus certain que ni le Premier ministre, Gabriel Attal,
32:19 ni Emmanuel Macron, ne se saisissent du dossier, alors qu'ils sont sur toutes les balles,
32:23 à commencer par celui de la drogue, dont on va parler avec Charlotte dans un instant.
32:26 On va laisser Bercy opérer, et j'emploie ce mot d'opérer à dessein,
32:30 parce que vous savez, le désendettement pour les Français,
32:32 c'est un peu comme aller se faire arracher une dent chez le dentiste,
32:34 on sait qu'il faut le faire, on sait que ça va faire mal, et on a peur.
32:37 On a peur.
32:38 Le sondage Ipsos dont vous parlez montrait la chose suivante,
32:41 93% des Français estiment prioritaire de réduire les déficits, ok,
32:45 en revanche, refus catégorique d'augmenter les impôts.
32:48 Bon, alors qu'est-ce qu'on fait ? On baisse la dépense publique.
32:50 Ah mais oui, mais si on baisse la dépense publique, ça veut dire toucher à la santé,
32:54 toucher à l'éducation, éventuellement aux prestations sociales, aux retraites, à la sécurité, etc.
32:59 Ah bah non, on va pas faire ça.
33:01 Bon, alors à quoi se résignent les Français ?
33:03 Aux de la TVA, de la CSG ou de l'impôt sur le revenu.
33:07 Autrement dit, les hausses d'impôts.
33:09 Et là, c'est drôle, parce qu'Emmanuel Macron nous dit non, non, non,
33:11 les hausses d'impôts, c'est quand même le marqueur d'Emmanuel Macron, pas de hausses d'impôts.
33:15 Bon, mais en fait, malheureusement, en fait si, ça a déjà commencé.
33:18 Je vous fais une petite liste, pas exhaustive mais presque.
33:21 Oui, les impôts qui passent par la fenêtre.
33:23 Voilà, oui, non, mais surtout, les hausses d'impôts non assumées.
33:26 La taxe sur le gaz naturel, elle a doublé le 1er janvier.
33:29 Le paquet de cigarettes, on a eu deux hausses en janvier et en mars, il a pris entre 60 centimes et 2 euros.
33:33 La carte grise, elle a pris jusqu'à 31% en Normandie.
33:37 Vous avez des taxes sur les entreprises, par exemple sur les autoroutes et les aéroports.
33:41 La taxe streaming sur votre abonnement pour écouter de la musique dans votre téléphone.
33:45 La baisse du bonus vert sur les achats d'une voiture électrique, ce sont des aides en moins.
33:50 Donc c'est une dépense fiscale en moins pour l'État, mais en fait c'est vous qui allez payer.
33:54 La baisse sur l'avantage fiscal sur le GNR, ça va pas être que les agriculteurs ont obtenu que ce soit annulé, etc.
34:00 Et vous avez aussi supprimé le bandeau famille.
34:02 Alors c'est quoi le bandeau famille ?
34:04 C'est une exonération de cotisation patronale sur tous les salaires entre 2,5 et 3,5% du SMIC.
34:10 Bref, c'est une hausse d'impôts qui est passée, mais alors ni vue ni connue dans le budget 2024
34:15 et d'ailleurs sans être assumée politiquement.
34:17 Alors je vous fais le programme des prochaines semaines, on va reparler des hausses d'impôts sur les grandes fortunes,
34:21 les méchants riches qui veulent pas payer leurs impôts, les super dividendes, taxes sur les rachats d'actions
34:27 et puis, ça c'est Gabriel Attal, on prend rendez-vous mardi prochain, il va nous parler du chômage
34:32 et des allocations familiales qu'il va falloir réduire.
34:35 Ça les Français sont plutôt favorables à cela et ce sera la porte d'entrée du gouvernement
34:39 sur ce sujet des hausses d'impôts qui n'auront pas lieu mais qui auront quand même lieu.
34:43 - Vous m'aviez promis du lourd, c'était du lourd. Très intéressant, merci mon cher Dimitri.
34:50 Passons maintenant à Sciences Po avec vous mon cher Marc.
34:53 Sciences Po qui accuse l'État d'ingérence après la visite de Gabriel Attal sur place.
34:58 Les patrons des enseignants et chercheurs de Sciences Po à Paris ont été eux accusés
35:03 de laisser prospérer l'antisémitisme sur fond de pro-mobilisation, pro-Gaza.
35:07 Ils ont mis en garde l'État. Là on aimerait comprendre qu'est-ce que ça veut dire concrètement.
35:12 - Alors est-ce que, je vous fais un petit historique, c'est vous qui me dites,
35:16 rappelez que c'est l'une des plus vieilles écoles instaurées en notre pays.
35:21 Et c'était en 1871 après la défaite devant les Prussiens, vous vous souvenez Napoléon III
35:28 qui est chassé du pouvoir en étant fait prisonnier. Il y avait un personnage étonnant.
35:33 Émile Boutmy, alors Émile Boutmy il est issu d'une famille qui s'était enrichie
35:38 sous la monarchie de Juillet. Ça marchait plutôt bien et puis avec Napoléon III aux affaires,
35:44 malheureusement ça a mal tourné et le petit bonhomme qui avait 14 ans ne peut plus suivre ses études
35:49 et c'est grâce à des relations qu'il entre en journalisme. Relation du père bien évidemment.
35:54 Monsieur de Gérardin qui était le patron de la presse l'accueille et c'est un garçon extrêmement intelligent.
36:00 Et quand il y a ce drame de 1871, on voit bien que la patrie est en danger, la France s'effondre.
36:08 Quelle élite ! Quels sont ceux qui demain vont pouvoir relancer notre pays ?
36:14 Et c'est là qu'il a l'idée de créer cette école et en 1878, il fait en sorte qu'il y ait donc un dynamisme
36:24 qui permette d'accueillir les élèves avec un enseignement extrêmement original.
36:30 Et jusqu'à la fin de la guerre de 1945, on peut dire que cette école est exemplaire avec des étudiants
36:39 qui bénéficient d'une autonomie de toute taille qui reste aujourd'hui d'ailleurs la logique même de Sciences Po.
36:46 L'autonomie pourquoi ? Parce qu'au départ c'est un établissement privé mais en 1945, vous le savez,
36:52 les nationalisations, le pauvre Dimitri pleurait en ce temps-là, je me souviens, petit gamin, il n'en pouvait plus.
36:58 Mais oui, il faut se souvenir, les nationalisations, les nationalisations, et là l'État prend 35% de part dans Sciences Po.
37:07 Et après le budget s'élargit avec Descennes.
37:11 - Et c'est intéressant parce que jusqu'à aujourd'hui, nous sommes à 35% de...
37:14 - Voilà, mais avec une autonomie totale. - De subvention publique.
37:17 - Mais pour autant, les choses vont changer dans la mentalité de Sciences Po à partir de 1999.
37:24 Déjà, il y a les étudiants étrangers qui ont pris de plus en plus de part.
37:29 Ils sont apparus dans la période 1920-1930, ils ont accueilli des étudiants étrangers.
37:35 On a commencé à avoir des liens avec les facs de l'autre côté.
37:38 C'est extraordinaire, c'était d'une grande dynamique.
37:41 Et puis là, bien, soudain, à force de s'ouvrir sur l'extérieur, on finit par se laisser infiltrer par la mentalité de l'extérieur.
37:50 - Si on n'est pas assez fort. - Voilà, alors il nous faut revenir aux propos qui courent et qui condamnent Sciences Po depuis quelque temps.
37:58 On a Laurence Bertrand d'Orléans, c'est la présidente de la Fondation des Sciences Politiques,
38:04 qui est donc l'organe qui préside, si je puis dire, Sciences Po. Elle est historienne de l'art.
38:11 Elle dit "Sciences Po fait l'objet d'un intérêt déraisonnable, pâti de vivre en permanence sous le feu des projecteurs".
38:22 Elle reconnaît simplement, ça la soucie, qu'il y a un raidissement du climat à Sciences Po.
38:28 C'est avec ce que l'on a vu la semaine dernière.
38:30 Soudain, c'est quoi Sciences Po ? Théoriquement, c'était la philosophie d'Émile Boutmy, c'était le débat.
38:38 On est là, rien ne s'apprend par cœur. On doit à chaque fois être dans la prospérité d'esprit.
38:43 C'est extraordinaire, c'est-à-dire que c'est même l'essence de la philosophie.
38:48 Il ne suffit pas d'asséner, non, on peut débattre.
38:52 Et puis, de plus en plus, eh bien, à Sciences Po, on ne débat pas.
38:56 C'est d'ailleurs ce que va reprocher Jean-Ralarcher.
39:00 Il dit que l'université, ça doit être un lieu de débat, un lieu d'expression de libre opinion.
39:07 Il dit mais, il y a le wauquisme, c'est une idéologie.
39:11 Elle est en train de prendre la main de Mitterrand, en quelque sorte, l'esprit Sciences Po.
39:17 Alors là, j'ai trouvé une dépêche de l'AFP, parce que, comme dirait Mathieu,
39:21 il faut quand même avoir nos grands papes, ceux qui nous disent comment penser.
39:25 Alors certains estiment que c'est en regardant BFM.
39:28 On ne regarde pas ce nez, ici, on nous l'a dit.
39:30 Et puis, il y a ceux qui ont l'AFP.
39:33 L'AFP, c'est comment savoir penser.
39:35 Alors l'AFP, elle dit le wauquisme.
39:37 Le wauquisme, c'est un terme péjoratif, une récupération de l'extrême droite
39:44 pour dénoncer des excès de multiculturalisme
39:50 à l'égard des revendications, des injustices sociales et climatiques.
39:55 C'est-à-dire que le wauquisme, ce n'est pas quelque chose de condamnable,
40:01 comme le fait Mathieu, qui sera puni pour cela.
40:04 Non, non, non, non, non.
40:05 Le wauquisme, c'est parce qu'il y a des individus qui récupèrent une lutte légitime,
40:11 une lutte essentielle.
40:13 Mais alors, on oublie une chose dans tout ça.
40:16 C'est que ce centre de débat est devenu le centre du baïonnage.
40:21 C'est-à-dire que quand vous vous présentez et que vous obtenez de tenir conférence,
40:26 car c'est le principe même de Sciences Po, théoriquement,
40:30 c'est ce qu'avait voulu Émile Boutmy,
40:32 on fait des conférences, des courtes conférences,
40:34 et on débat avec les invités.
40:37 C'est comme ça que l'on sera capable ensuite d'être parmi l'élite,
40:41 ceux qui gouvernent le pays.
40:44 J'ai noté quand même quelques suppressions.
40:48 Il y a par exemple un sit-in en 2016 qui est tenu contre Florian Philippot.
40:53 Il est à l'époque vice-président du FN.
40:56 Il vient tenir une conférence sur l'Europe face à la mondialisation.
41:00 On se dit "bon ben, pourquoi pas débattre de ça ?"
41:02 Eh bien non, on lui interdit l'entrée, il y a le sit-in,
41:06 au nom de la lutte contre le racisme,
41:11 contre l'antisémitisme et contre la xénophobie.
41:15 On a également Sylviane Agazinsky,
41:18 qui voulait tenir une conférence à Bordeaux,
41:22 pour parler de la GPA.
41:25 Elle est exclue.
41:26 Et puis, je vais prendre un thème cher à Mathieu,
41:29 puisque c'était tout à l'heure l'objet même de son édito,
41:34 sur le genre.
41:35 Alors, le genre, ça donne quoi ?
41:37 Eh bien, ça donne, en 2022, un chercheur, Leonardo Orlando,
41:43 qui convoque, qui invite Peggy Sastre,
41:49 qui avait écrit un livre chez Anne Carrière,
41:51 qui s'appelait "La domination masculine n'existe pas".
41:54 Quel scandale, c'est incroyable !
41:56 Et l'objet, c'est biologie, évolution, genre.
42:00 Biologie, évolution, genre.
42:02 - Moralité ?
42:03 - Ben, moralité, on vous dit à Science Po,
42:05 on ne débatte pas de ces choses-là.
42:07 Parce qu'en réalité, le genre,
42:10 eh bien, c'est simplement une affaire sociale.
42:13 Chacun doit déterminer ce qu'est son existence en sexualité.
42:18 Et on n'a pas à débattre selon un principe,
42:21 je dirais, pour schématiser, un débat Darwin.
42:24 Voilà où on en est, dans ce temple du débat.
42:28 C'est devenu simplement le temple de l'idéologie,
42:32 où seuls certains ont le droit à la parole.
42:34 - Merci beaucoup, Marc Menand,
42:37 pour votre regard sur Science Po,
42:39 qui dénonce une ingérence de l'État.
42:41 Et on rappelle, effectivement, 35% de subventions publiques.
42:45 Charlotte, le sujet du jour, c'est quand même Emmanuel Macron
42:48 qui s'est invité à Marseille,
42:50 lors d'une visite de plusieurs ministres,
42:52 dans cette ville, pour lancer une opération XXL
42:55 sur le trafic de drogue.
42:56 En quoi cela permet-il d'avancer concrètement ?
43:00 C'est la question que tout le monde se pose ce soir.
43:02 - Déjà, en 8 ans, Emmanuel Macron a été 13 fois à Marseille.
43:06 Il y va beaucoup plus qu'une fois par an.
43:08 Il y va assez régulièrement.
43:09 Et vous vous souvenez qu'il avait annoncé,
43:11 il y a quelques années déjà, son plan Marseille en grand.
43:13 Et là, cette visite, il y a Emmanuel Macron,
43:16 mais initialement, on savait qu'il y avait Gérald Darmanin
43:18 et Éric Dupond-Moretti, plus Sabrina Agresti-Roubach,
43:21 qui non seulement est marseillaise, mais ministre à la Ville.
43:23 Donc tous les ministres, en gros,
43:25 concernés par ce plan Marseille en grand.
43:29 Et donc Emmanuel Macron est venu apporter sa pierre à l'édifice.
43:34 Et dans un moment où Marseille a fait parler d'elle,
43:39 par des biais relativement inquiétants.
43:42 La première chose, c'est évidemment le taux d'homicide
43:45 qui a été énorme l'année dernière.
43:47 On avait 49 homicides dans la région,
43:49 vous vous souvenez, sur le trafic de stups essentiellement.
43:52 Et 123 tentatives, parce qu'on dit toujours 49,
43:55 mais 123 personnes qui ont réchappé de cette tentative d'homicide.
43:58 Donc il y a quand même tentative d'homicide.
44:00 Et donc ça, c'était la première chose,
44:02 c'était vraiment l'année noire l'année dernière.
44:04 Plus récemment encore, on a un rapport provisoire
44:07 de la Cour des comptes qui a fuité précisément sur Marseille en grand.
44:11 C'était il y a quelques jours.
44:12 Le gouvernement a refusé de le commenter
44:15 en disant qu'il ne commenterait que le document définitif
44:18 qui lui paraîtra en juin prochain.
44:20 Ce qui l'a évité d'avoir à discourir sur ce rapport,
44:23 qui est quand même intégralement, il fait 150 pages,
44:25 ce n'est pas simplement trois lignes posées sur un papier,
44:29 et qui pointe, je cite, "un défaut majeur de formalisation
44:32 dans cette entreprise de Marseille en grand".
44:34 Je rappelle que c'est quand même 5 milliards d'euros investis,
44:37 donc c'est quand même mieux si c'est prévu.
44:39 Et qui s'étonne qu'une telle opération, je cite encore,
44:41 "ne s'appuie sur aucun autre document
44:43 que la transcription du discours
44:45 par lequel le président de la République l'annonce".
44:48 Donc en clair, ils font plusieurs critiques.
44:51 D'abord, un, le manque de vision,
44:53 et surtout, ils s'attardent sur la guerre de terrain.
44:55 Vous savez Emmanuel Macron, vous avez parlé des chicayas locales
44:58 entre le maire, la métropole et l'État,
45:00 qui empêchent la mise en place,
45:02 parce que la différence de vision, tout simplement, sur le terrain.
45:05 La deuxième chose, c'est début mars,
45:07 le coup de tonnerre de l'audition de ces magistrats marseillais
45:10 devant le Sénat, après la police.
45:12 Ils ont aussi auditionné la police, mais là on est moins étonnés,
45:14 parce que ça fait des années et des années qu'on l'entend.
45:17 Là, les magistrats marseillais décrivent, en l'occurrence,
45:19 une guerre que nous sommes en passe de perdre,
45:22 dans la bouche de plusieurs magistrats,
45:24 qui sont tous d'accord sur le constat.
45:26 C'est sûr que c'est un peu difficile à digérer,
45:28 et le garde des Sceaux n'a pas fait de commentaire sur cette audition.
45:31 Et vous vous souvenez que quelques mois plus tôt,
45:34 la colère de la police judiciaire,
45:36 celle qui fait les enquêtes au long cours,
45:38 qui travaille notamment sur le trafic de stups,
45:40 avait démarré à Marseille.
45:42 Elle était particulièrement hostile à Marseille,
45:45 en raison notamment d'une réforme
45:47 mise en place par le ministère de l'Intérieur.
45:49 Et là, on a une grosse opération de terrain.
45:52 Ce qu'il faut bien comprendre,
45:54 c'est que c'est important, une opération de terrain.
45:56 Je ne minimise pas les effets,
45:58 notamment pour la population d'une présence massive de bleus sur le terrain,
46:02 comme on dit, qui interpellent, par ailleurs,
46:04 à tout va, et tous les gens qu'elles croisent,
46:06 et qui sont interpellables, évidemment,
46:08 pas tous les gens qu'elles croisent, mais tout court.
46:10 Donc, il y a une grosse opération de terrain.
46:12 Mais est-ce que, sur le long terme,
46:14 ça règle le trafic de drogue, la délinquance,
46:16 ou, évidemment, tous les autres sujets de Marseille en grand ?
46:19 Là, il est bien trop tôt pour le dire,
46:22 mais il y a déjà quelques indices qui nous laissent imaginer
46:24 que ça va être un peu plus compliqué que ça.
46:26 - Alors, Beauvau espère quand même,
46:29 il parle d'un signal,
46:31 un signal envoyé aux Français et aux trafiquants
46:33 pour leur signifier que l'État va reprendre,
46:36 effectivement, la main.
46:39 Il parle d'interpellation, de saisie.
46:41 Est-ce que ce n'est pas encourageant ?
46:43 Parce que, c'est vrai que, toute la journée,
46:44 on a un peu entendu des critiques,
46:45 parce que ce n'est pas le premier pas, quand même,
46:47 pour essayer de résoudre ce problème.
46:49 - Mais, justement, c'est exactement cette question-là.
46:51 Est-ce que c'est le premier pas,
46:52 mais surtout pour que ce soit un premier pas,
46:54 parce que ça ne peut être qu'un premier pas,
46:55 une interpellation sur le terrain ou une présence sur le terrain.
46:58 Est-ce que nous sommes armés
47:00 pour que ce soit un premier pas efficace ?
47:02 C'est ça, la véritable question qui se pose aujourd'hui.
47:05 Parce que, pour endiguer un trafic durablement,
47:07 pour reprendre définitivement la main,
47:09 il faut un suivi de ce qu'il se passe sur le terrain.
47:13 Parce que, qu'est-ce que veut dire une interpellation ?
47:15 Emmanuel Macron nous a dit, il y a eu 82 interpellations
47:17 et une soixantaine de garde à vue.
47:19 Et une interpellation tout court, ça ne veut rien dire.
47:21 Ça ne veut rien dire de ce que ça devient, en tout cas.
47:23 Évidemment, une interpellation, on comprend tous.
47:25 Un policier interpelle quelqu'un.
47:27 Certains sont placés en garde à vue.
47:29 Je précise que des policiers marseillais
47:31 m'ont expliqué que ces 82 interpellations,
47:33 il y en a beaucoup qui n'avaient aucun rapport avec le trafic de stup'.
47:36 Je referme la parenthèse,
47:37 puisque je n'ai pas les raisons pour lesquelles ils étaient interpellés.
47:39 Vous pouvez être interpellé pour avoir brûlé un feu rouge,
47:42 pour beaucoup de choses, évidemment.
47:44 Donc, certains ne participent pas directement du trafic de stup'.
47:48 Parce que, quand vous avez du bleu sur le terrain,
47:50 ils peuvent aussi vous interpeller pour d'autres choses.
47:52 Donc, derrière, il faut, notamment, pour que ce soit judiciarisé,
47:56 pour que le travail, d'abord, que la sanction existe,
47:58 que la réponse pénale puisse se faire,
48:00 il faut des éléments matériels.
48:02 Des éléments matériels tout court.
48:04 Donc, si vous interpellez quelqu'un, par exemple,
48:07 sur un point de deal connu,
48:09 le seul fait qu'il soit à proximité du point de deal
48:11 n'est pas un élément matériel.
48:13 Vous comprenez bien, il faut qu'il ait du stup' sur lui,
48:15 il faut qu'on puisse prouver qu'il en a,
48:17 parce qu'il était en train de dealer.
48:18 Tout ça est complexe.
48:20 Et tout ça se fait à travers une procédure.
48:22 On en parle souvent ici, mais certains l'ont découvert, apparemment,
48:25 quand les magistrats leur en ont parlé au Sénat.
48:27 Une procédure qui est de plus en plus compliquée.
48:30 Mais pour que, vous savez, en France,
48:31 le parquet ait l'opportunité des poursuites,
48:34 il poursuit ou pas,
48:35 mais il faut d'abord qu'il puisse poursuivre.
48:37 Et pour ça, il faut non seulement des éléments probants
48:40 mais aussi une procédure qui tienne la route.
48:42 Et ensuite, si par hasard ça arrive devant une juridiction,
48:44 comme c'est le cas pour les gros trafiquants de stup',
48:47 pour les gros trafics, quand vous avez ces aimants-là,
48:49 il faut que la procédure tienne avec une infinité de recours.
48:53 On en avait beaucoup parlé sur le terrain de l'immigration illégale,
48:56 sur le terrain criminel, alors là, on se noirait tellement il y a de recours.
49:01 Donc vous comprenez qu'à partir d'une interpellation,
49:03 il y a encore beaucoup de travail pour qu'on puisse avoir une réponse.
49:06 Or, à Marseille, les policiers encore disent depuis quelques mois,
49:10 on nous a demandé de multiplier les gardes à vue,
49:12 donc d'être extrêmement présents, de le faire.
49:15 Seulement certains services ont arrêté de faire des gardes à vue
49:17 parce que même eux, policiers, n'avaient plus de place en garde à vue.
49:21 Parce que vous le savez aussi, on en a parlé ici,
49:23 en 40 ans, qu'est-ce qui s'est passé ?
49:25 Quand on parle toujours de l'état de droit, qu'est-ce que c'est l'état de droit ?
49:28 Très concrètement, dans le travail de policier,
49:30 mais qui devient un travail judiciaire,
49:32 vous savez, les magistrats et les policiers travaillent ensemble
49:34 pendant tout le temps de l'enquête,
49:35 un chiffre simple qu'il faut retenir,
49:37 en quelques années seulement, en garde à vue,
49:39 vous aviez 65% du temps qu'un policier passait
49:43 à travailler sur le fond de l'enquête,
49:45 et le reste de son temps était pour remplir les papiers,
49:48 pour rendre compte de ce qu'il trouvait dans son enquête.
49:51 Aujourd'hui, le chiffre est exactement contraire.
49:54 Donc le policier passe 65% de son temps à remplir des papiers,
49:59 et le reste est consacré au fond de l'enquête.
50:02 Mais qu'est-ce qui tient devant la justice ?
50:04 Non seulement des papiers bien remplis,
50:06 mais il faut quand même qu'il y ait du fond sur l'enquête.
50:08 Si vous n'avez pas les éléments et les preuves,
50:10 ça ne tient pas.
50:11 Et j'insiste là-dessus, parce qu'il faut comprendre tout ça
50:14 pour comprendre pourquoi la simple présence sur le terrain,
50:17 et je le répète, qui soulage les habitants,
50:19 et c'est déjà ça de pris pour ces pauvres habitants
50:22 de certains quartiers à Marseille,
50:23 mais pour que ça endigue le trafic,
50:25 il en faudra un peu plus,
50:27 et le tout avec une réponse incertaine.
50:29 Et si j'insiste là-dessus, c'est parce que,
50:30 souvenez-vous des policiers, notamment d'Allianz,
50:33 qui avaient dit sur scène,
50:34 "Le problème de la police, c'est la justice."
50:36 À l'époque, il y avait une lecture, notamment politique,
50:38 extrêmement simpliste de cette phrase,
50:40 qui avait dit "Les policiers déclarent la guerre aux magistrats",
50:43 en gros.
50:44 Mais que nous ont dit les magistrats
50:45 lors de leur audition devant le Sénat ?
50:47 Ils nous ont dit la même chose.
50:49 Donc, ce n'était pas la question des magistrats.
50:52 Il fallait comprendre derrière cette phrase,
50:53 le problème de la police,
50:55 c'est-à-dire du travail qui est fait sur le terrain,
50:57 c'est la manière dont est rendue la justice aujourd'hui en France.
51:00 Et la manière dont les magistrats eux-mêmes
51:03 se plaignent de devoir la rendre.
51:05 Donc là, on a finalement des policiers et des magistrats
51:08 qui nous font exactement le même constat
51:10 d'une scène pénale complètement empêchée aujourd'hui.
51:13 Donc c'est évidemment cette question-là qui se pose,
51:16 aussi, par rapport à l'opération Place Nette.
51:19 - Et c'est intéressant lorsqu'on voit que les policiers
51:21 prennent beaucoup de risques au péril de leur vie,
51:24 pour commencer justement toute cette étape
51:26 et interpeller déjà les trafiquants.
51:29 Mais que retenir Charlotte Dornelas de cette partie-là du problème ?
51:32 Qu'est-ce qui pourrait être changé ?
51:34 - Il y a une phrase, moi, qui m'a beaucoup marquée,
51:36 vous imaginez, sur ce sujet, dans l'audition.
51:38 Il y a le président du tribunal, en l'occurrence,
51:40 dans cette audition, magistrat marseillais depuis des années,
51:44 qui parlait des avantages des trafiquants,
51:46 évidemment avantages financiers, avantages de souplesse, évidemment.
51:50 Et parmi la litanie des avantages qu'avait cette criminel
51:53 que donnait ce magistrat,
51:55 il disait notamment sur le terrain législatif.
51:58 Alors moi, dans ma tête, il y a une petite lumière qui s'allume,
52:00 et je dis bon, là-dessus, évidemment, on peut changer les choses.
52:03 Précisément sur le terrain législatif, voilà une source d'espoir.
52:06 On peut changer les choses, puisque précisément,
52:08 ce terrain-là, il nous appartient de le changer.
52:11 Pas à moi ni à vous, mais aux législateurs, évidemment.
52:15 Or, il pointait plusieurs choses, ces magistrats,
52:18 qui me semblent intéressants à intégrer dans notre réflexion
52:21 sur le changement.
52:22 Un, l'augmentation, disait-il, considérable
52:25 des informations judiciaires lourdes, complexes et chronophages.
52:29 Là, il faut des moyens pour suivre.
52:31 Alors, évidemment, pareil, on dit,
52:32 "Ah oui, il y a des magistrats, ils demandent des moyens."
52:34 Mais ils demandent simplement des moyens, même humains,
52:36 pour suivre tout le travail dont on vient de parler,
52:39 sachant que le procureur, désormais, à chaque fois qu'un policier
52:41 bouge le petit doigt dans une enquête,
52:42 il doit appeler le procureur.
52:44 Le procureur n'est pas extensible.
52:45 Donc, il vous faut des magistrats à tous les stades de ces enquêtes.
52:49 Il vous faut des magistrats, donc le procureur,
52:52 et le parquet, évidemment, et le siège, également.
52:56 Et il donnait un chiffre, plus de...
52:59 Le stup, c'est plus de 20% de l'activité juridictionnelle à Marseille.
53:04 Sur le reste du territoire, c'est 9%.
53:06 9% de toute l'activité juridictionnelle à l'échelle d'un pays
53:09 et 20% à l'échelle d'une ville, c'est énorme.
53:12 La deuxième chose, c'est, disait-il,
53:14 la complexification permanente de la procédure pénale.
53:17 Emmanuel Macron, lui-même, en avait parlé.
53:19 Et que nous dit ce magistrat ?
53:21 La dernière complexification en date,
53:24 date d'une loi du 20 novembre 2023.
53:27 Et il précise qu'elle est...
53:29 - Complexité, je ne vais pas vous la définir ici.
53:31 C'est un peu complexe.
53:32 - Et il nous dit, les requêtes en nullité se multiplient,
53:36 et en moyenne, une requête en nullité dans un dossier,
53:39 donc c'est infime, c'est un an en moyenne pour être traité.
53:42 - Non !
53:43 - Vous voyez comme ça, pourquoi les magistrats vous disent
53:45 qu'ils ne peuvent plus rendre la justice correctement ?
53:48 Ensuite, il part de la question de la prison,
53:50 en disant qu'il faut un régime carcéral spécial,
53:52 puisque désormais, même les têtes de réseau,
53:54 quand ils partent en prison,
53:55 et eux prennent des peines lourdes aujourd'hui en France,
53:58 se pose la question de l'aménagement des peines,
54:00 évidemment, des remises de peines, évidemment,
54:02 mais surtout en prison,
54:03 ils ont drogue, et ils ont surtout portable,
54:05 et ils continuent à gérer non seulement le trafic,
54:07 mais même à expliquer qui doit être tué dans le quartier.
54:11 Ils le disent, ils nous ont les écoutes pour le dire.
54:13 La dernière question qu'ils abordent,
54:15 c'est la question de la corruption.
54:17 Là, c'est un avantage énorme.
54:18 Il dit que c'est une corruption à bas bruit,
54:20 mais qui se répand partout,
54:21 et qui influe dans les dossiers.
54:22 Il dit qu'il y a certaines nulités qui sont dues à l'incompétence,
54:25 d'autres probablement à la corruption.
54:26 Je ne sais pas si on se rend compte.
54:28 Là, on a une magistrate qui nous dit, je la cite,
54:30 "la corruption met terriblement à mal notre travail d'enquête".
54:34 Là, c'est pareil, ce n'est pas du bleu sur le terrain
54:36 qui réglera cette question.
54:37 Évidemment, la question,
54:39 et ça, on l'a beaucoup travaillé face à l'info,
54:41 c'est la question du changement permanent
54:43 des petites mains qui sont utilisées dans le trafic,
54:46 avec les étrangers, avec les mineurs,
54:48 avec ceux qui viennent de partout en France,
54:50 et la scission des réseaux.
54:51 Tout ça pour vous dire qu'à la fin,
54:53 c'est quand même aussi le garde des sceaux
54:54 qu'on aimerait bien entendre sur cette question,
54:56 et on l'entend assez peu.
54:58 Et d'ailleurs, je note que la question dépasse très largement Marseille.
55:00 Ça pourrait se régler à Paris.
55:02 Ça concerne la France entière.
55:04 Merci beaucoup.
55:05 Stupéfiant, sans jeu de mots.
55:07 Merci beaucoup.
55:08 Non, mais c'est stupéfiant,
55:09 tout ce que vous nous racontez.
55:10 On revient régulièrement sur ces sujets-là.
55:12 Merci infiniment.
55:13 Mathieu Bocouté, on en parlait hier.
55:15 Vous êtes l'ancienne ministre de l'Éducation nationale,
55:17 à déclarer vouloir rationner Internet
55:20 à 3 gigas par semaine.
55:24 D'accord.
55:25 Mais la question qu'on veut se poser ce soir,
55:28 en allant un peu plus loin,
55:29 c'est pourquoi la gauche, en tout cas,
55:31 on a cette impression,
55:32 veut toujours tout contrôler,
55:33 interdire, limiter, rationner.
55:35 Quelle est la fonction politique de ce contrôle d'Internet ?
55:37 Votre regard.
55:38 Je dirais que 30 ans après la chute du mur de Berlin,
55:40 on constate que dans les démocraties
55:41 qui se prétendent libérales,
55:43 il y a une augmentation du contrôle social et de retour.
55:46 Et elle s'applique à un nombre croissant, justement,
55:48 de relations sociales, d'interactions,
55:50 de domaines d'activité.
55:52 Je vais citer, soit dit en passant,
55:54 Mme Valobel-Kachem,
55:55 lorsqu'elle nous dit pourquoi elle veut rationner Internet.
55:58 Parce que le premier réflexe qu'on se dit,
56:00 c'est pour les jeunes qui ont une dépendance à l'écran.
56:02 On est tous d'accord.
56:03 Je pense que ça touche tout le monde.
56:05 Mais là, elle va plus loin.
56:06 Parce que vous savez, la gauche est toujours ambitieuse.
56:08 Donc, elle nous dit,
56:09 si on décidait d'appliquer sa mesure,
56:11 ça serait excellent en termes de développement cognitif,
56:13 pour la santé,
56:14 mais aussi pour lutter contre les discriminations,
56:16 le harcèlement, le réchauffement climatique
56:19 et bien d'autres enjeux absolument.
56:21 Le réchauffement climatique,
56:22 toujours, finit par se glisser quelque part,
56:23 quel que soit le sujet aujourd'hui.
56:25 Premier élément.
56:26 Mais elle va plus loin.
56:27 Et là, on tombe soudainement
56:28 sur la passion particulière des socialistes
56:30 pour l'interdiction.
56:31 Elle nous dit,
56:32 si nous savons que nous n'avons que 3 gigas
56:34 à utiliser sur une semaine,
56:36 nous n'allons sans doute pas les passer
56:37 à mettre des commentaires haineux
56:39 ou à fabriquer des fakes.
56:41 Fin de la citation.
56:42 Ça, c'est fondamental.
56:44 Qu'est-ce qu'on voit de plus en plus?
56:45 On l'a vu à Davos,
56:46 mais on le voit dans le discours de la plupart,
56:48 en fait, les politiques de la plupart des États occidentaux.
56:50 Il y a l'idée aujourd'hui de contrôler Internet
56:52 parce qu'on considère que prolifère sur Internet
56:54 non seulement des fake news,
56:56 mais en fait, une lecture du monde,
56:58 une vision du monde des récits
56:59 qui ne sont pas ceux du pouvoir en place.
57:02 Donc, de quelle manière être capable de cadrer,
57:04 limiter, empêcher la remise en question du pouvoir en place
57:07 et Internet créer les conditions structurelles
57:09 de cette remise en question,
57:11 eh bien, en remettant,
57:13 enfin, je veux dire, en faisant une forme de rappel à l'ordre,
57:15 en s'emparant d'Internet, en disant
57:17 « Vous n'allez pas abuser de tout cela, mes chéris,
57:19 parce que c'est assez dangereux pour vous. »
57:21 Donc, pour limiter les commentaires haineux,
57:23 il faut prendre au sérieux une telle affirmation.
57:25 Si les gens peuvent s'exprimer dans les espaces
57:27 balisés par le pouvoir et les médias,
57:29 sinon aux ordres à tout le moins autorisés,
57:31 à tout le moins domestiqués,
57:33 la société pourra s'apaiser,
57:35 je devine que l'ancienne ministre de l'Éducation
57:37 pourra être elle-même apaisée.
57:39 Mais qu'est-ce qu'il y a derrière ça ? Il y a cette idée.
57:41 Derrière tout ça, je pense, c'est une volonté très nette
57:43 de restreindre l'espace de la liberté d'expression
57:45 parce qu'Internet est le lieu, aujourd'hui,
57:47 où il est possible de dire autre chose que ce que dit le pouvoir.
57:49 - C'est 1 % de ce que nous apporte Internet.
57:52 Je veux dire, bon,
57:54 tout le positif que ça nous apporte.
57:56 Bon, revenons-y, Mathieu Bocote.
57:58 L'enjeu principal n'est-il pas
58:00 qu'on plaide ici ouvertement pour un contrôle
58:02 autoritaire de la vie des Français ?
58:04 - Oui, et pas seulement des Français,
58:06 des Occidentaux en général. Juste faire une petite liste.
58:08 Au nom de l'écologisme, aujourd'hui, rationnement des vols,
58:10 limitation des déplacements, contrôle de la taille
58:12 des appartements demain, contrôle de la consommation d'énergie.
58:15 Au nom de l'écologisme, toujours, ce que nous mangeons
58:17 et ce que nous mangerons demain.
58:19 Au nom d'un débat public délivré de la haine,
58:23 extension du domaine de l'interdit,
58:25 pénalisation des propos tenus dans le domaine non public et privé.
58:28 Au nom d'une circulation idéale
58:30 dans des circonstances exceptionnelles,
58:32 normalisation de la société du QR code.
58:34 C'est pas un détail non plus.
58:36 Au nom de la pacification des rapports entre les sexes,
58:38 je me permets de référer un mot à ce que disait Charlotte tout récemment,
58:41 la logique du consentement appliqué aux droits,
58:43 mais c'est le droit, pour la donnée aux autorités,
58:45 d'idéologiser chaque moment des rapports
58:47 entre les sexes dans l'intimité.
58:49 Je me permets de donner un dernier exemple
58:51 qui m'est venu d'une conversation récente.
58:53 Un ami me disait récemment, il reçoit l'appel de sa banque,
58:55 et on lui dit « Monsieur, vous avez retiré
58:57 beaucoup trop d'argent de votre compte bancaire
58:59 en espèces ces derniers temps. Pourquoi ? »
59:01 Et là, il n'est pas le seul à avoir dit ça.
59:03 « Qu'est-ce que ça veut dire ? »
59:05 Et là, on lui dit « Justifiez-vous ! Justifiez-vous pour vos... »
59:07 Le prétexte de ça, c'est la lutte contre la fraude et la drogue.
59:09 Dans les faits, c'est encore une fois
59:11 la prétention à la surveillance qui est exercée aussi
59:13 par des instances privées.
59:15 Donc nous sommes dans une société de moins en moins libérale,
59:17 de plus en plus socialiste,
59:19 mais parce qu'on croit avoir réglé cette question-là il y a 30 ans,
59:21 on ne voit pas réapparaître aujourd'hui
59:23 le contrôle social, l'ingénierie sociale,
59:25 la pénalisation des comportements des uns et des autres,
59:27 et finalement les pseudo-experts qui veulent s'emparer de nos vies.
59:29 Alors on veut rationner Internet,
59:31 la France est victime
59:33 de la plus grande cyberattaque inédite.
59:35 Rappelons-le quand même.
59:37 Excellente suite de programme, l'heure des pros 2, Pascal Praud.
59:39 Pascal Prokhor.
59:40 Merci à tous !
59:42 [SILENCE]