Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 19h01, c'est l'heure.
00:04 Simon Guélin est de retour, mais un peu bronzé.
00:08 Où étiez-vous ?
00:10 - J'étais au Cap-Vert, chère Christine.
00:12 - J'ai vu des images de vous sur Instagram.
00:14 - Vous pouvez, ça ne me dérange pas.
00:16 - Non, non, non.
00:18 L'info du soir.
00:20 - Bonsoir à tous.
00:22 Après l'attentat de Moscou qui a fait 137 morts,
00:24 les enquêteurs russes demandent le placement
00:26 en détention provisoire de trois nouveaux suspects.
00:28 Les trois suspects sont présumés ont eux déjà été placés en détention.
00:32 La justice a ouvert une enquête sur un enfant de 8 ans
00:34 venu à l'école avec deux couteaux.
00:36 Il est soupçonné d'avoir proféré des menaces de mort
00:38 contre sa maîtresse et des policiers,
00:40 a annoncé le parquet de Saint-Etienne.
00:42 L'enquête est ouverte pour menaces de mort,
00:44 port d'armes et introduction d'armes dans une enceinte scolaire.
00:48 Et puis, la mobilisation des agriculteurs va-t-elle reprendre en France ?
00:52 Gabriel Attal reçoit en ce moment les principaux syndicats
00:54 à Matignon à la veille du congrès de la FNSEA.
00:56 Cette rencontre fait suite au rendez-vous du 19 mars,
00:59 au cours duquel la FNSEA avait évoqué
01:01 cinq axes essentiels à la cause agricole, chère Christine.
01:04 Merci beaucoup Simon Aguilin.
01:07 Et au sommaire ce soir, Emmanuel Macron affirme
01:10 que la branche de l'État islamique impliquée dans l'attentat de Moscou
01:14 avait mené plusieurs tentatives en France.
01:17 On s'interrogera sur l'état de la menace en France dans un instant,
01:20 mais d'abord, comment expliquer ce déni récurrent du danger de l'islamisme ?
01:24 Comment expliquer que cette frappe à Moscou puisse en quelque sorte
01:28 nous surprendre et nous rappeler à la réalité de cette menace existentielle aujourd'hui ?
01:33 L'édito de Mathieu Bobcoté.
01:35 Emmanuel Macron est en Guyane.
01:37 Dès son arrivée sur le tarmac, le chef de l'État a déclaré que,
01:40 sept ans après son dernier voyage,
01:42 sur place des moyens supplémentaires ont été octroyés au territoire,
01:47 des investissements massifs ont été décidés.
01:50 Pourtant, les urgences ne manquent pas.
01:53 La Guyane, c'est un concentré de tous les problèmes qui se déroulent ici dans l'Hexagone.
01:58 En tout cas, c'est ce que va nous analyser Dimitri Pavlenko.
02:02 Quel est l'état de l'immigration de la drogue sur place ?
02:05 L'analyse avec notre mousquetaire.
02:08 C'est très rare que des journalistes soient condamnés.
02:11 Deux journalistes ayant travaillé notamment pour Mediapart et Radio France
02:14 ont été condamnés en première instance vendredi.
02:17 Ils leur reprochaient d'avoir envoyé de l'argent à des djihadistes.
02:20 Elles disent avoir agi "par humanité" pour sauver des vies.
02:25 Céline Martelet et Edith Bouvier comptent faire appel.
02:28 Lorsqu'on pense à la menace terroriste au niveau le plus élevé en France,
02:32 lorsqu'on pense aux 273 victimes des attentats perpétrés sur notre sol depuis 2012,
02:37 comment comprendre cette aide à des djihadistes de la part de journalistes français ?
02:43 Le regard de Marc Menon.
02:45 Le terrorisme se nourrit de notre naïveté.
02:48 Ce sont les propos lucides de Gabriel Attal aujourd'hui
02:51 lors d'une visite qui a pris à la gare Saint-Lazare à Paris.
02:54 130 collèges et lycées ont été visés depuis la semaine dernière par des menaces.
02:59 4000 militaires supplémentaires sont désormais en alerte et mobilisables,
03:03 a déclaré le Premier ministre.
03:05 La menace terroriste est bien réelle, a-t-il ajouté.
03:08 Le plan Vigipirate a été relevé hier à son niveau maximum en France
03:14 suite à l'attentat de Moscou.
03:16 Quel est l'état concret de la menace en France ?
03:19 Le défectage de Charlotte Dornelas.
03:21 Et puis Malika Sorel est nommée deuxième sur la liste RN
03:25 pour les élections européennes du 9 juin.
03:28 Cet ancien membre du Haut conseil à l'intégration, son écolat Sarkozy,
03:32 connu pour ses nombreux ouvrages en faveur de l'assimilation,
03:36 a déclaré "mon choix relève de l'évidence, j'ai fait le constat de la décomposition française".
03:42 Plusieurs y voient un important moment de bascule politique,
03:45 comment analyser ce ralliement ?
03:47 L'édito de Mathieu Boquecote.
03:50 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires.
03:54 On commente, on décrit, on analyse et c'est parti pour la semaine.
03:57 Ravie de vous retrouver. Comment va ma belle et douce Charlotte ?
04:12 Très bien.
04:13 Bon week-end.
04:14 Le carême se passe bien.
04:15 Toujours.
04:16 La semaine sainte a bien commencé pour Marc Menand.
04:18 Ah bah oui ! J'étais fier de vous.
04:21 Ah oui, vous êtes fier de moi.
04:23 J'ai joué les petites souris, alors je me suis infiltré au CNN.
04:26 Non faites pas trop.
04:28 Et puis toc, on vous a remis le prix Richelieu de la langue française.
04:32 Votre discours, court, bref, mais d'une amplitude, c'était formidable.
04:37 On se gentiment partage la photo parce qu'on partage aussi ce prix avec vous,
04:41 tous les téléspectateurs, ce prix Richelieu pour la défense de la langue française
04:45 qu'on partage évidemment avec vous, tous les mousquetaires et tous les téléspectateurs.
04:49 Vous étiez avec moi et c'était très sympa.
04:51 Vous avez passé un bon week-end aussi ?
04:52 Oui, bien sûr.
04:53 Bon dimitri.
04:54 Avec vous, c'est toujours positif.
04:57 Ah oui, je veux aussi, pendant qu'on est dans les bonnes nouvelles,
05:01 souhaiter un joyeux anniversaire à Philippe de Villiers.
05:04 Et à mon petit frère, j'en profite.
05:06 Votre petit frère aussi ?
05:07 Il est du même jour.
05:08 Ah, vous l'habitez quand vous voulez.
05:10 Et puis, rappelons que le Puy du Fou, la création de Philippe de Villiers,
05:15 ils ont célébré ce week-end justement le prix du meilleur spectacle du monde
05:20 qu'ils ont reçu.
05:21 Donc on tient, on rappelle encore, félicitations quand même,
05:24 Cocorico, meilleur spectacle du monde, ça se dit et ça se redit.
05:30 On va commencer par cet entretien qui a eu lieu ce matin chez vous,
05:38 Dimitri, on fera Mathieu réagir aussi dans la foulée.
05:43 Ce sont des ex-journalistes de Radio France et Mediapart
05:47 qui ont été condamnés.
05:49 C'est très rare, je disais en titre, que des journalistes soient condamnés
05:53 en première instance, vendredi,
05:55 et pour avoir envoyé de l'argent à des journalistes.
05:59 On écoute l'extrait de Philippe Vallée qui en parlait ce matin sur Europe.
06:02 - L'émission de France Inter, Interception, le magazine de reportage de la rédaction.
06:09 L'histoire se passe en 2022.
06:12 Il est question d'embaucher une journaliste de Mediapart, Céline Martelet,
06:17 pour faire un reportage à Idlib, en Syrie.
06:20 Plusieurs confrères, spécialistes du Moyen-Orient, alertent le syndicat des journalistes,
06:26 la société des journalistes, le secrétariat général de la rédaction
06:29 et la direction de la rédaction de France Inter.
06:32 La journaliste en question aurait des liens avec Daech
06:36 et serait mêlée à un transfert d'argent en vue d'exfiltrer de Syrie
06:41 des femmes djihadistes et le terroriste français Maximilien Thibault.
06:45 Une dépêche d'AFP nous apprend que Céline Martelet, vendredi dernier,
06:50 a été condamnée par le tribunal de Paris pour les délits mentionnés
06:55 à 12 mois de prison avec sursis
06:57 et une demande de 10 000 euros à payer solidairement avec ses complices.
07:00 Son avocate annonce qu'elle compte faire appel,
07:03 ce qui lui permet à nouveau et à bon droit de bénéficier de la présomption d'innocence,
07:07 bien qu'elle ait fini par reconnaître au cours de l'audience
07:10 être sortie du cadre de son métier.
07:13 En un mot, je devine que ça c'est beaucoup moins grave
07:17 que d'accepter un déjeuner ou un dîner avec Jordane Bardella sans l'insulter.
07:21 Pour celui qui aura déjeuné ou dîné avec Bardella,
07:24 on le vire, on le suspend, pour ça on peut comprendre et on peut les embaucher.
07:28 Ouh là là, on commence sur les chapeaux de roue, ça sera la chronique de Marc Menon.
07:31 Et on fera un tour de table, parce que je sens que Dimitri a envie d'en parler,
07:33 Charlotte aussi, on fera un tour de table sur ce sujet dans un instant.
07:37 On apprend à l'instant que Vladimir Poutine déclare que l'attaque près de Moscou
07:41 a été commise par des islamistes radicaux.
07:45 Mathieu Bocoté, on va commencer par ce sujet,
07:47 puisque cette frappe sauvage de l'État islamique à Moscou
07:50 a rappelé à ceux qui ont douté encore que l'islamisme meurtrier
07:54 demeure une menace existentielle pour notre monde.
07:58 Les islamistes ne s'en cachaient pas,
08:00 ils voulaient massacrer un grand nombre de chrétiens,
08:03 pourtant plusieurs se disent surpris.
08:06 Comment expliquer cet étonnement ?
08:08 Je crois qu'il y a un moment de malaise par le fait que cette frappe a eu lieu en Russie.
08:12 Or, pour le dire de l'euphémisme, nous avons des rapports complexes avec la Russie depuis 2022.
08:17 Ou depuis toujours, mais particulièrement depuis 2022.
08:19 Parce que la Russie, c'est l'agresseur de l'Ukraine,
08:21 la Russie, c'est l'adversaire du moment qui n'est pas pour autant un ennemi,
08:26 la Russie, ce n'est pas nous.
08:28 Très bien.
08:29 Mais ce que nous disent les islamistes aux membres frappés,
08:31 c'est que la Russie, néanmoins, c'est nous un peu.
08:34 C'est-à-dire que lorsque les islamistes de l'État islamique décident de frapper à Moscou,
08:39 ils le font dans le même esprit qu'ils ont frappé un jour New York,
08:42 qu'ils ont frappé Paris, qu'ils ont frappé Madrid,
08:45 qu'ils ont frappé Londres, qu'ils ont frappé Nice
08:48 et qu'ils frapperont demain d'autres villes ou ces mêmes villes en Occident.
08:52 Donc, la Russie, ce n'est pas l'Occident, mais c'est quand même l'Europe.
08:57 C'est le monde chrétien, mais c'est le monde chrétien oriental.
09:00 C'est une part de...
09:02 D'ailleurs, une partie de la Russie se dit nous appartenons au monde occidental.
09:06 C'est le courant occidentaliste.
09:07 Puis une partie qui dit nous sommes d'une civilisation à part entière.
09:10 Nous sommes slavophiles.
09:11 Mais derrière ça, il y a les islamistes qui disent,
09:13 « Désolé les enfants, vous êtes tous dans le même bateau.
09:16 Nous vous flingons comme nous nous flinguions hier à Paris
09:20 et demain on tirera ailleurs. »
09:21 Donc, gardons à l'esprit, c'est la formule de Julien Freund qu'on a souvent citée,
09:25 « L'ennemi nous désigne. »
09:27 Les islamistes ont décidé de frapper, d'autant qu'ils le disaient,
09:29 qu'ils voulaient tuer des chrétiens.
09:31 Ils voulaient faire un massacre de chrétiens.
09:33 Et à partir de là, la nuance entre l'orthodoxie, les protestants, les catholiques
09:36 est une nuance relative.
09:37 Quand ce que vous voulez, c'est massacrer des chrétiens.
09:40 Alors, nous découvrons une forme de, je dirais,
09:43 de fraternité civilisationnelle implicite avec la Russie
09:47 qui, au-delà de tous nos désaccords avec elle en ce moment,
09:49 nous sommes dans le même bateau sur ce point à tout le moins.
09:52 Cela dit, vous avez raison de le noter, il y a une forme de déni.
09:56 On est encore étonnés.
09:58 Puis, je le note, à chaque fois qu'il y a un attentat majeur
10:01 dans le monde occidental ou en Europe ou en Russie,
10:04 on est toujours étonnés, comme si c'était,
10:06 on croyait en avoir terminé avec les grands attentats.
10:08 Combien de fois ai-je entendu des gens dire,
10:09 « Il n'y aura plus de Bataclan. C'est terminé le Bataclan.
10:11 Il n'y en aura plus de Bataclan. Il n'y en aura plus de frappe massive. »
10:15 À la rigueur, on accepte l'idée qu'il y a aujourd'hui
10:17 une forme de djihadisme au couteau,
10:19 un djihadisme à l'arme blanche, au quotidien.
10:22 On accepte l'existence de ce djihadisme pour s'en désoler
10:25 tout en expliquant que ce n'est pas du djihadisme.
10:27 On le sous-traite à la catégorie faits divers ou cas psychiatrisés
10:31 et on est incapable de comprendre que c'est aussi du djihadisme
10:34 lorsqu'il y a, lorsqu'en fait, des gens se promènent
10:37 et agressent ici et là, poignardent, assassinent et tout ça.
10:40 Donc, on échecte. Mais pourtant, ce qu'on voit,
10:43 et d'ailleurs, on en a beaucoup parlé aujourd'hui,
10:45 les services de renseignement disent qu'on a été capables
10:49 d'empêcher plusieurs attentats depuis 2017, même cette année.
10:53 Donc, dans les faits, nous vivons sous une menace permanente.
10:57 Dans les faits, chaque jour, des gens veulent faire exploser
11:00 des bombes en France, veulent mitrailler en France,
11:02 veulent poignarder en France. Chaque jour, il y en a.
11:05 Et l'efficacité des services de renseignement
11:07 fait en sorte que cela n'arrive pas.
11:09 Mais on préfère vivre dans cette idée
11:11 que c'est chaque fois une exception.
11:13 C'est chaque fois traumatique, c'est chaque fois plus jamais ça,
11:16 et c'est chaque fois, pourtant, la prochaine fois arrive.
11:19 Donc, on a le réflexe du grand déni,
11:21 on a le réflexe du "ça ne nous arrive pas, ça n'arrivera plus"
11:24 ou "ça n'arrivera qu'ailleurs", et chaque fois que ça frappe,
11:27 notre système de repérage est complètement désorienté.
11:30 Et j'ai l'impression que ça va être encore le cas.
11:32 La prochaine fois qu'il y a un attentat en France,
11:34 parce que je crains qu'il y en ait un autre un jour,
11:36 on se dira si c'est le prochain, il n'y en aura plus jamais.
11:38 Et peut-être qu'il y en aura d'autres.
11:40 - Et ne l'espérons pas, effectivement.
11:42 On va en parler d'ailleurs avec Charlotte dans un instant.
11:45 Alors, Moscou a pourtant cherché à lier l'attentat à l'Ukraine.
11:49 On a vu qu'il vient, pour la première fois,
11:52 de lier ces attentats Vladimir Poutine
11:56 à vraiment l'État islamique.
11:58 Alors que certains à l'Ouest ont accusé Poutine
12:01 d'avoir piloté cet attentat contre son propre peuple.
12:04 Là aussi, on s'est étonnés.
12:06 - C'est la logique du déni.
12:08 Moi, je regardais ça samedi en ayant l'impression
12:10 de les tuer les fous.
12:11 Donc, globalement, il y avait une partie du commentaire à l'Ouest
12:14 qui disait que ce n'était pas les islamistes,
12:16 c'était Poutine qui massacre son peuple.
12:18 Et Poutine disait que ce n'était pas les islamistes,
12:20 c'était les Ukrainiens qui sont responsables de ça.
12:22 Donc, finalement, on décide, la réalité, nous la fuyons
12:24 et nous préférons nos propres cadres idéologiques
12:26 pour faire porter la responsabilité du crime
12:29 à notre ennemi préféré et pas à l'ennemi réel.
12:32 Est-ce que c'est tout à fait neuf, ça de dire?
12:34 On se dit, Poutine, il faut être fou pour faire ça.
12:36 Qui d'autre pourrait faire quelque chose comme ça?
12:38 Beaucoup de monde depuis 25 ans, franchement.
12:40 Premier exemple, 2001 aux États-Unis.
12:43 2001, frappe du 11 septembre.
12:46 2001, responsabilité Oussama Ben Laden.
12:49 Responsabilité, les talibans.
12:51 Responsabilité, l'Afghanistan.
12:53 2003, les Américains envahissent l'Irak
12:56 dans la suite de la frappe qu'ils ont connue le 11 septembre.
13:00 Les Américains, à ce moment-là, en décidant
13:02 de faire porter la responsabilité du 11 septembre
13:04 à Saddam Hussein, ne serait-ce qu'indirectement,
13:07 avec la part de mensonges, comme on le sait,
13:09 on vous voit sous la petite scène avec Colin Powell,
13:11 les Américains, à ce moment-là, décident de faire porter
13:13 la responsabilité fondamentale de l'attentat
13:15 à un autre que le véritable responsable
13:17 parce que ça rentre dans la logique
13:19 de leur politique étrangère.
13:21 D'autres exemples, 2004, en Espagne.
13:23 Attentat de Madrid.
13:25 Que dit le gouvernement espagnol au début?
13:28 On sait que c'est des islamistes, on le comprend.
13:30 Le gouvernement espagnol dit non, non, non, non,
13:32 ce sont les indépendantistes basques de l'ETA.
13:34 Donc, ce sont les indépendantistes basques
13:36 qui ont fait ça, ce ne sont pas les islamistes.
13:38 Il va falloir un certain temps pour s'adapter.
13:40 Ah oui, en effet, c'est les islamistes.
13:42 Donc, encore une fois, le gouvernement espagnol,
13:44 à ce moment-là, décide de faire porter
13:46 la responsabilité à l'ennemi local
13:48 parce que ça cadre avec son idéologie,
13:50 ses préjugés, sa grègue de lecture,
13:52 plutôt qu'à l'ennemi véritable.
13:54 C'est quand même assez étonnant.
13:56 Donc là, je comprends qu'on dit
13:58 « c'est une routine, fou furieux, déréglé ».
14:00 Très bien, mais je note que ceux qu'on lui reproche
14:02 depuis vendredi, ils viennent se corriger.
14:04 Deux fois coupable en Occident ces dernières années.
14:06 Je tiens à le dire par souci d'honnêteté.
14:08 J'ajoute une chose qui me semble assez importante.
14:10 Même en France, même en France,
14:12 et je le dis en tout respect,
14:14 quand il y a eu des attentats, il y en a eu quelques-uns,
14:16 une fois, on condamne rituellement,
14:18 c'est tragique, c'est pas bien,
14:20 puis après ça, on dit,
14:22 mais le vrai danger, c'est l'extrême droite.
14:24 Donc, même quand on est frappé par des islamistes,
14:26 nos élites ont comme premier réflexe
14:28 de dire que le vrai danger, ce n'est pas celui
14:30 qui vient de nous frapper. Mohamed Merah,
14:32 on s'en rappelle, on a d'abord cherché de tueurs
14:34 aux yeux bleus et cheveux blonds.
14:36 Et quand on a découvert que c'était pas exactement lui,
14:38 on était déçus. Bordel, pardonnez-moi,
14:40 pourquoi est-ce que c'est lui qui nous a attaqués
14:42 l'islamiste, on aurait souhaité un autre ennemi.
14:44 Après Charlie Hebdo, on nous explique que le vrai danger,
14:46 c'est l'islamophobie. Après le Bataclan,
14:48 on s'inquiète de l'islamophobie de l'extrême droite.
14:50 Et tout récemment, ce week-end, j'ai bien vu,
14:52 sur une chaîne info autre,
14:54 on voit un spécialiste
14:56 de la question de la sécurité qui dit,
14:58 vous savez, les Russes, ils étaient préoccupés
15:00 exclusivement de l'Ukraine,
15:02 et ils ont sacrifié
15:04 l'étude de l'islamisme, ils n'ont pas pris au sérieux
15:06 l'islamisme. Le type sur l'autre chaîne info
15:08 dit, c'est comme nous en Occident,
15:10 on est bien, bien, bien inquiets du terrorisme
15:12 islamiste, mais on sacrifie
15:14 les enquêtes sur l'ultra-droite.
15:16 Hein? Il faut vraiment,
15:18 ce type rêve d'un attentat manifestement
15:20 qui viendrait de l'ultra-droite pour confirmer
15:22 ses inquiétudes ou ses peurs. Je corrige, il n'en rêve pas,
15:24 mais à tout moment, ça confirmerait ses préjugés,
15:26 et les êtres humains adorent voir leurs préjugés
15:28 confirmés.
15:30 L'oubli des services de renseignement, maintenant,
15:32 c'est une chose assez importante, parce qu'on dit, les Américains
15:34 ont averti, et c'est vrai,
15:36 par une forme de, on pourrait dire, d'esprit
15:38 de coopération naturelle, ils ont averti les Russes en disant,
15:40 ça s'en vient, un attentat s'en vient.
15:42 Et les Russes n'ont pas écouté.
15:44 Tout comme les Israéliens, parce qu'ils étaient pris
15:46 avec la question ukrainienne. Tout comme les Israéliens
15:48 n'ont pas pris au sérieux, alors qu'on comprend
15:50 qu'il y a eu une mise en garde pour le 7 octobre.
15:52 Encore une fois, les services de renseignement,
15:54 commandés par un esprit politique, disent,
15:56 le vrai n'y est ailleurs, donc on laisse ça de côté.
15:58 11 septembre, aux États-Unis,
16:00 je me permets d'y revenir, il y a 25 ans,
16:02 l'11 septembre, pourquoi les Américains, alors qu'on savait
16:04 qu'il y avait des menaces réelles, des menaces
16:06 de cette nature, les services de renseignement
16:08 étaient encore focalisés, comme on dit en mauvais français,
16:10 à ce moment-là, sur la menace
16:12 du terrorisme intérieur de l'extrême-droite,
16:14 vous savez, les miliciens d'Oklahoma City,
16:16 on redoutait davantage, le 11 septembre,
16:18 les milices, les milices intérieures
16:20 dites d'extrême-droite, plutôt que,
16:22 ou survivalistes et tout ça, paramilitaires,
16:24 plutôt que d'attentats islamistes.
16:26 Donc, encore une fois, nos chèmes de lecture
16:28 nous détournent du réel, et de l'être humain,
16:30 tel qu'on le voit, même quand une gouverne
16:32 préfère à tout prix rester dans son chème de lecture,
16:34 ses préjugés idéologiques,
16:36 plutôt que de tenir compte de la réalité.
16:38 - On a beaucoup parlé de hiérarchisation
16:40 des militants, de la réforme des armes,
16:42 on a parlé de hiérarchisation des menaces
16:44 ces derniers jours, Mathieu.
16:46 Cette frappe, n'invite-t-elle pas les Européens,
16:48 avec un grand E, et les Français,
16:50 à se demander, encore une fois,
16:52 quelles sont les véritables menaces stratégiques
16:54 par rapport auxquelles ils doivent se définir?
16:56 - C'est ce qu'on pourrait appeler
16:58 poliment un retour au réel.
17:00 C'est-à-dire, il y a deux choses.
17:02 On doit hiérarchiser des choses,
17:04 parce que c'est la bonne formule,
17:06 hiérarchisation des menaces.
17:08 La Russie, on le dit, n'est pas ennemi,
17:10 et le risque d'engrenage qui vient
17:12 parce que nous sommes encore empêtrés relativement
17:14 dans un système d'alliances venu du XXe siècle,
17:16 ça pourrait devenir l'ennemi demain.
17:18 D'accord, on sait tout ça.
17:20 Mais soyons sérieux, d'un point de vue français,
17:22 d'un point de vue allemand,
17:24 d'un point de vue occidental, plus largement,
17:26 est-ce qu'au terme du présent siècle,
17:28 la France risque davantage d'être russifiée
17:30 ou d'être islamisée?
17:32 Est-ce que le véritable danger au terme du siècle,
17:34 c'est qu'on parle tous russe,
17:36 ou est-ce qu'on soit dans une situation
17:38 où on a un peuple français et, globalement,
17:40 le peuple historique français en minorité chez lui?
17:42 Eh bien, on le constate aujourd'hui,
17:44 il y a le péril civilisationnel réel,
17:46 c'est globalement l'esprit de conquête des islamistes.
17:48 Ah, il y a les barbus fous furieux
17:50 qui rêvent de trancher des gorges,
17:52 ça, c'est la conquête violente
17:54 sur le mode folklorique et assassin.
17:56 Il y a la conquête, le fantasme de la conquête démographique
17:58 portée par les frères musulmans,
18:00 qui, eux, se disent que ça prendra son temps,
18:02 et d'ailleurs, on va jouer le jeu de la démocratie
18:04 jusqu'à ce que la démocratie, en plus, s'en passe.
18:06 Jusqu'à ce que les droits des minorités ne nous servent plus.
18:08 Donc, d'un côté, il y a le pôle de la conquête agressive,
18:10 violente des terroristes assassins,
18:12 et de l'autre côté, il y a la possibilité de la conquête
18:14 politique et démographique portée par les frères musulmans.
18:16 C'est leur discours, c'est pas le mien.
18:18 Donc ça, c'est une menace existentielle.
18:20 Mais on ne la prend pas au sérieux, encore une fois.
18:22 Et je ferai le lien, si je peux me permettre,
18:24 avec deux figures de la guerre, pour terminer ce premier édito.
18:26 Il y a ceux qui nous disent
18:28 « Nous sommes attaqués en Ukraine ».
18:30 Et qu'est-ce qu'ils nous disent par là?
18:32 Ils disent même « La France est attaquée,
18:34 il y a une forme de patriotisme idéologique ».
18:36 Et je le prends au sérieux,
18:38 effectivement, l'Ukraine, c'est une partie de nous,
18:40 si on se pense comme civilisation démocratique.
18:42 Mais là, on est prêts à tout engager,
18:44 à risquer la possibilité de la guerre nucléaire
18:46 pour défendre la démocratie
18:48 à l'est, à l'est, à l'est de l'Europe.
18:50 Ça, donc, c'est l'Europe comme civilisation
18:52 démocratique, un peu abstrait quand même,
18:54 convenons-en. Mais quand la France est attaquée
18:56 sur son territoire, quand la patrie charnelle
18:58 est attaquée, quand la patrie
19:00 existentielle est attaquée, quand la nation
19:02 identitaire est attaquée, quand des bouts
19:04 de franges sont en train de se défranciser,
19:06 quand le pays semble en train de basculer,
19:08 quand le basculement démographique semble confirmé,
19:10 ça, les défenseurs de la patrie idéologique,
19:12 quand les droits de l'homme, avec des majuscules,
19:14 sont aux abonnés absents. Là, c'est pas une vraie guerre.
19:16 Là, c'est la démocratie, là, c'est l'état de droit,
19:18 là, faut pas prendre ça au sérieux. Donc, c'est intéressant
19:20 de voir comment, selon qu'on voit l'ennemi
19:22 principal à Moscou ou l'ennemi
19:24 principal chez les islamistes, ça nous en
19:26 dit beaucoup sur la conception de la nation
19:28 des uns et des autres.
19:30 - Donc, on disait tout à l'heure,
19:32 en début de couronnée, qu'on a appris, là,
19:34 ce soir, que Vladimir Poutine
19:36 dit que la tape près de Moscou a été commise
19:38 par des islamistes radicaux, je cite,
19:40 et il ajoute que les assaillants
19:42 fuyaient vers l'Ukraine et il veut savoir
19:44 pourquoi. Votre réaction, Charlotte, et ensuite
19:46 Dimitri et Marc. - Non, mais sur cette dernière
19:48 partie, c'est intéressant parce que très naturellement,
19:50 il y a énormément de commentaires qui ont été faits
19:52 justement, juste après l'attentat
19:54 sur cette hiérarchisation de la menace,
19:56 en disant, dans une rue à Paris, à
19:58 Dijon, ou à Orléans, je sais pas, à Metz,
20:00 de qui a-t-on le plus
20:02 peur aujourd'hui, et même l'état de la menace,
20:04 quelle menace est la plus traitée.
20:06 Et ce qui est assez intéressant
20:08 à noter, c'est qu'Emmanuel Macron, lui, a mis du temps
20:10 à réagir, précisément parce qu'il est
20:12 en train de mobiliser
20:14 autant qu'il peut, et en France, et même
20:16 à l'échelle de l'Europe, sur le dossier
20:18 ukrainien, et qu'il
20:20 ne voulait précisément pas le récit
20:22 de cette hiérarchisation qui s'est imposée
20:24 par le biais de cet attentat. Donc, c'est vrai qu'il y avait
20:26 une lecture très différente.
20:28 - Oui, Charlotte a raison, c'est vrai que ça pose un dilemme
20:30 diplomatique, quand même, parce qu'on a une...
20:32 On se sent solidaires du peuple russe, mais
20:34 on n'a pas envie d'envoyer des messages
20:36 de condoléances au régime russe.
20:38 Les russes, quand même, ont été pris à revers, quand même, dans cette affaire.
20:40 Et je trouve que ça éclaire, en fait, cet
20:42 attentat d'un jour nouveau, le départ
20:44 américain d'Afghanistan, qu'on avait
20:46 commenté comme le grand échec des Américains,
20:48 mais on voit qu'il y a un bénéfice géopolitique
20:50 objectif, pour les Américains.
20:52 Je dis pas qu'ils ont cherché cela, mais c'est ce
20:54 qui se passe, c'est qu'on a un foyer
20:56 d'instabilité, l'Afghanistan, là, qui est
20:58 situé exactement au cœur
21:00 de tous ses compétiteurs. Parce que, qui entoure
21:02 l'Afghanistan, sinon l'Iran,
21:04 les Chinois et la Russie.
21:06 Donc, ça aussi, c'est un élément, je trouve,
21:08 du puzzle, un petit peu, parce que j'ai beaucoup lu, ce week-end,
21:10 sur... Les Américains ont
21:12 sans doute favorisé la commission de cet attentat.
21:14 Je n'irais pas jusque-là. Mais je dirais qu'objectivement,
21:16 il y a quand même des choses à dire.
21:18 - Ça nous rappelle à une...
21:20 Ça nous éveille à la
21:22 réalité. Depuis quelques mois,
21:24 bien qu'il y ait ces attentats,
21:26 comme disait tout à l'heure
21:28 Mathieu, le coup de couteau, oh, ce sont
21:30 quelques fanatiques des garçons
21:32 qui se sont laissés emporter par
21:34 une mauvaise dérive, sous une influence
21:36 internet. Mais derrière cela,
21:38 la réalité, ces Daesh,
21:40 ce sont toutes les troupes
21:42 islamiques, qui sont en train
21:44 de se reconstituer, et qui ont maintenant
21:46 le terrain d'asile,
21:48 à savoir l'Afghanistan, où ils
21:50 peuvent là tout tramer
21:52 pour pouvoir venir déstabiliser.
21:54 Et ça nous rappelle qu'effectivement,
21:56 nous sommes
21:58 les mécréants, et pour eux,
22:00 il n'y a pas l'Est ou l'Ouest, etc.
22:02 Il y a les mécréants.
22:04 - On va marquer une pause, et dans un instant,
22:06 avec vous, Dimitri, on va s'arrêter un peu sur la
22:08 Guyane, puisque le chef de l'ETA est en Guyane.
22:10 Et regarder un peu, parce que la dernière fois,
22:12 on se rappelle de ses phrases qu'il avait senties
22:14 en Guyane, il y aura un riz sept ans plus tard.
22:16 Qu'est-ce qui se passe ? Vous allez nous expliquer
22:18 comment est-ce qu'il se passe en Guyane.
22:20 C'est l'hexagone puissance 10. - Mais c'est la France,
22:22 les Guyanes. - Oui, mais c'est l'hexagone,
22:24 j'ai bien dit l'hexagone puissance 10.
22:26 Et on parlera avec vous de ces deux
22:28 journalistes qui ont été condamnés,
22:30 Marc Menand, avec vous, Charlotte Letta, de la menace
22:32 terroriste en France, et puis Malika
22:34 Assourel, va-t-elle changer quelque chose
22:36 au RN ? Beaucoup de
22:38 sujets. On marque une pause, on revient tout de suite.
22:40 Retour sur le plateau de face à l'info,
22:45 avant de vous donner la parole, Dimitri,
22:47 je voulais donner un petit coup de pouce à cette petite
22:49 maman qui fait une grève de la faim devant
22:51 le lycée hôtelier Georges Frèche à Montpellier,
22:53 puisque son enfant
22:55 se dit harcelé par
22:57 un des enseignants qui a
22:59 déjà reçu, le rectorat a déjà reçu
23:01 plusieurs plaintes pour violences
23:03 physiques, sexistes, racistes.
23:05 La petite fille vomit
23:07 tous les week-ends, un autre enfant
23:09 est sous dépression.
23:11 En tout cas, je voulais absolument
23:13 apporter un petit soutien à cette
23:15 petite maman qui a commencé
23:17 cette grève de la faim. Allez, je ferme la parenthèse.
23:19 Dimitri, direction avec vous
23:21 en Guyane, où Emmanuel Macron est arrivé
23:23 ce matin, je le disais, il va rester 36
23:25 heures avant d'aller au Brésil,
23:27 et là-bas, les urgences ne manquent pas.
23:29 La Guyane, vous nous dites ce soir,
23:31 c'est un concentré de tous les problèmes
23:33 de l'Hexagone. - Et Emmanuel
23:35 Macron, il a quand même commis pas mal d'impairs.
23:37 La dernière fois qu'il y était allé, c'était il y a 7 ans,
23:39 une fois en 7 ans, en fait, en
23:41 Guyane, donc c'est pas beaucoup. Et effectivement,
23:43 vous avez rappelé, il avait eu cette phrase, il avait dit
23:45 "Je ne suis pas le père Noël, mais les Guyanais ne sont pas des enfants."
23:47 Pour dire, sous-entendu,
23:49 on mettra des moyens, mais pas
23:51 autant que vous le souhaitiez.
23:53 Et Mathieu s'est souvenu que quelques
23:55 mois avant, pendant la crise sociale en Guyane,
23:57 il avait parlé du Nil, pour évoquer
23:59 la Guyane. Ce n'est pas une île,
24:01 la Guyane. C'est d'ailleurs le seul
24:03 des territoires d'outre-mer qui n'est pas
24:05 une île, qui n'est pas insulaire.
24:07 Alors, oui, vous avez raison,
24:09 c'est un concentré de tous les problèmes français,
24:11 la Guyane, parce que toutes les crises là-bas paraissent
24:13 plus profondes et la faiblesse de l'État plus
24:15 marquée. Il y a un mois,
24:17 je ne sais pas si vous vous en souvenez, j'avais fait une chronique
24:19 sur les outre-mer, essayé de voir un peu les points
24:21 communs qu'il y avait, et j'avais posé la question de la capacité
24:23 de la France, aujourd'hui, à assumer
24:25 les territoires ultramarins.
24:27 Et vous allez voir que la question, vraiment,
24:29 en Guyane se pose. Vu de
24:31 l'hexagone, la Guyane, c'est quoi essentiellement ?
24:33 C'est Kourou. C'est le centre spatial
24:35 de Guyane, d'où on lance la fusée
24:37 Ariane. D'ailleurs, Ariane 6 est
24:39 en train d'arriver, est arrivée il y a un mois en morceau
24:41 via, en fait,
24:43 sur un cargo à voile baptisé
24:45 Canopée. On va monter Ariane 6
24:47 et c'est de là qu'elle partira cet été.
24:49 Donc vous voyez, Kourou, c'est la vitrine
24:51 techno-écolo de la Guyane.
24:53 Évidemment, Emmanuel Macron va se rendre
24:55 au centre spatial, mais quand on regarde
24:57 l'arrière-cuillère, l'arrière-cuisine
24:59 guyanaise, vous allez voir. - Ça nous intéresse, ça. - Oui, c'est plutôt
25:01 délinquance, narcos, pêche
25:03 illégale et pillage aussi,
25:05 notamment de leur paillage illégal.
25:07 Je commence avec la délinquance.
25:09 La Guyane, c'est d'abord le record
25:11 du taux d'homicide
25:13 le plus élevé de France. On est à plus
25:15 de 20 homicides pour 100 000
25:17 habitants. C'est 13 à 14 fois
25:19 le taux d'homicide dans l'Hexagone.
25:21 C'est quand même absolument
25:23 ahurissant. C'est le record des voiles avec
25:25 armes. Il y en a partout des armes en Guyane.
25:27 Vous avez une boutique,
25:29 vous avez une entreprise, vous vous exposez
25:31 aux raquettes, à la casse, aux braquages,
25:33 aux enlèvements. Vous avez en Guyane des braquages
25:35 de bijouteries, des braquages de banque comme on n'en voit plus
25:37 aujourd'hui ou très rarement
25:39 dans l'Hexagone. C'est aussi le record
25:41 du taux de mise en cause pour
25:43 trafic de stupéfiants. On est à 3
25:45 mises en cause pour 1000 habitants. Je ne sais pas si vous
25:47 vous rendez compte du ratio, c'est absolument gigantesque.
25:49 C'est 10 fois plus le taux
25:51 de mise en cause pour trafic de stupéfiants
25:53 qu'en métropole.
25:55 Il y a d'ailleurs une opération
25:57 Place Nette en Guyane, début mars, qui a eu lieu.
25:59 Oui, parce que la Guyane, c'est la France.
26:01 Donc ils ont eu l'opération Place Nette dans un quartier
26:03 qui s'appelle le Squat Bambou.
26:05 C'est un bidonville sans eau, sans électricité.
26:07 C'est ça aussi la Guyane.
26:09 Sur 5000 personnes vivant dans ce bidonville,
26:11 3000 personnes ont été contrôlées pendant cette opération Place Nette.
26:13 Bilan ?
26:15 C'est aussi médiocre qu'à Marseille.
26:17 20 gardes à vue et 10 kilos de drogue
26:19 saisis. Mais en fait, vous savez bien
26:21 que le cœur du problème de la drogue en Guyane,
26:23 c'est pas ça. C'est le
26:25 trafic de cocaïne à destination
26:27 de l'Europe. Il s'est fortement développé
26:29 ce trafic parce que le Suriname voisin,
26:31 c'est-à-dire l'ex-Guyane hollandaise,
26:33 qui était en fait le point d'étape
26:35 entre la Colombie
26:37 et les Pays-Bas, et l'aéroport d'Amsterdam.
26:39 Au Suriname, ils ont fortement
26:41 accentué les contrôles. Résultat qu'ont fait les trafiquants,
26:43 ils sont allés là où les
26:45 contrôles étaient moins importants,
26:47 où c'était plus mou, où c'était plus faible.
26:49 Et donc, c'est sur la Guyane française qu'il y a eu
26:51 un effet de dérivation, un effet de report.
26:53 Comme par hasard.
26:55 Maintenant, on connaît, les trafiquants
26:57 payent des mules pour ingérer des boulettes de cocaïne
26:59 emballées dans de la cellophane
27:01 ou des préservatifs. Des boulettes
27:03 de 8 grammes à peu près, et on peut
27:05 en avaler comme ça jusqu'à 2 kilos.
27:07 Les mules,
27:09 comme ça, passent,
27:11 ingèrent ces boulettes et ensuite
27:13 prennent l'avion. Et il y a 3 ans de cela,
27:15 le Sénat avait estimé que sur chaque vol
27:17 en provenance de Cayenne, direction Paris,
27:19 on comptait une cinquantaine de mules.
27:21 Ce qui représentait une centaine de kilos
27:23 de drogue pratiquement, qui passent
27:25 à chaque vol. Ça paraît ahurissant.
27:27 Alors, depuis novembre 2022,
27:29 l'État mène une opération qui s'appelle
27:31 100% contrôle.
27:33 L'idée c'est que tous les gens qui se présentent
27:35 à l'embarquement à l'aéroport Félix-et-Boué
27:37 de Cayenne sont contrôlés
27:39 par les forces de l'ordre. Ça a permis de saisir
27:41 800 kilos de cocaïne l'année dernière.
27:43 Vous voyez, ça n'est pas anecdotique.
27:45 Mais le problème c'est qu'il y a tellement de mules
27:47 que l'État se résigne
27:49 non pas à arrêter les gens, à les placer en garde à vue,
27:51 à instruire des procès, etc.
27:53 Non, simplement on interdit aux voyageurs
27:55 les plus suspects d'embarquer
27:57 par arrêté préfectoral.
27:59 Mais on ne les arrête pas. On leur dit simplement
28:01 "Vous rentrez chez vous". Et ces gens-là, évidemment, se représentent
28:03 à l'aéroport 3-4 jours plus tard
28:05 et ils tentent à nouveau leur chance.
28:07 Et l'an dernier, ce sont 10 000
28:09 arrêtés préfectoraux de cet ordre-là qui ont été
28:11 prononcés. Ça paraît complètement fou.
28:13 D'ailleurs, c'est très limite en termes
28:15 de liberté d'aller et venir, vous en conviendrez.
28:17 Vous vous rappelez cet arrêté préfectoral
28:19 qu'on avait pris à hier pour interdire
28:21 aux gens condamnés pour trafic de stupes
28:23 dans les Bouches-du-Rhône de venir à hier.
28:25 L'arrêté préfectoral, il a tenu une semaine avant d'être cassé
28:27 par la justice. Celui-là, alors, il tient.
28:29 Et ça suscite d'ailleurs beaucoup de reproches
28:31 des Guyanais à l'égard de l'État
28:33 qui dénonce un double standard
28:35 entre la métropole et les Outre-mer.
28:37 Signalons aussi au rayon
28:39 trafic de drogue qu'en juillet dernier,
28:41 vous avez 11 policiers de l'aéroport
28:43 qui ont été mis en examen pour trafic de stupéfiants.
28:45 11 ! 11 policiers,
28:47 enfin, de la police aux frontières.
28:49 Et les 800 kilos saisis l'an dernier
28:51 à l'aéroport dont je vous ai parlé,
28:53 vous vous dites pas mal, à comparer
28:55 aux 250 tonnes de cocaïne
28:57 environ qui partent
28:59 d'Amérique du Sud en direction de l'Europe
29:01 et principalement par la mer.
29:03 Et à ce titre, je vous signale qu'il y a 5 ans,
29:05 on avait retrouvé par hasard
29:07 8 kilos de cocaïne dans une caisse
29:09 à bord d'un navire transportant des éléments
29:11 de la fusée Ariane appartenant au caisse.
29:13 - Bien placé, incroyable ! - Voilà. Dans une zone
29:15 sécurisée du port qui dessert
29:17 spécifiquement le centre spatial.
29:19 Donc c'est vous dire le niveau d'infiltration
29:21 des trafiquants. - Dimitri vous disait
29:23 tout à l'heure que la Guyane, c'est une terre
29:25 de pillage sur terre et en mer.
29:27 - Absolument. Et alors là, vraiment, ça illustre
29:29 tout à fait ce que je vous disais sur la faiblesse de l'État.
29:31 Sur cette idée... La Guyane,
29:33 c'est grand comme le Portugal à peu près.
29:35 C'est 400 kilomètres de voie rapide.
29:37 C'est dérisoire, 400 kilomètres pour un
29:39 territoire grand comme cela.
29:41 Et l'État n'est absolument pas au niveau
29:43 lorsqu'il s'agit d'être présent. Donc vous avez d'abord
29:45 la question de l'orpaillage clandestin.
29:47 On estime que dans le parc amazonien de Guyane
29:49 vous avez 6 à 10 000 carimperos.
29:51 C'est-à-dire ces orpailleurs clandestins
29:53 qui viennent du Brésil ou du Suriname.
29:55 Évidemment de manière clandestine.
29:57 Et on estime qu'ils extraient environ
29:59 10 tonnes d'or chaque année.
30:01 À 65 000 euros le kilo d'or,
30:03 le lingot, ça vous donne une idée.
30:05 Ce sont 650 millions d'euros à peu près.
30:07 - Mais c'est à nous ça ou c'est à la France ?
30:09 Et ça part à l'étranger ? - Voilà, qu'on vole.
30:11 Et qui est volé dans le sous-sol guyanais.
30:13 Sans parler de tous les dommages sur la forêt.
30:15 Sans parler de toutes les fractures qui finissent
30:17 dans la nature, dans les eaux, etc.
30:19 Dans le sang des Guyanais.
30:21 Ce sont aussi 10 000 hectares qui sont comme ça
30:23 déforestés de manière totalement illégale.
30:25 Et signalons aussi le coût humain.
30:27 Puisque depuis 2010 l'État mène une opération de poli,
30:29 enfin de gendarmerie, opération Harpie.
30:31 Non c'est une opération militaire, mais une opération de gendarmerie je crois.
30:33 Opération Harpie.
30:35 Ça a coûté la vie à 9 militaires.
30:37 Vous voyez, ça n'est pas anecdotique.
30:39 En mer, la pêche illégale, donc là aussi
30:41 pillage et prédation. Ce sont des Brésiliens
30:43 et des Françaises. On a même eu en 1963
30:45 on a failli se faire la guerre avec le Brésil pour ça.
30:47 On a appelé ça la guerre de la langouste
30:49 à l'époque. Les pêcheurs brésiliens
30:51 viennent dans les eaux guyanaises
30:53 pour la kupa rouge.
30:55 Alors la kupa rouge c'est un petit poisson
30:57 dont la vessie natatoire, c'est-à-dire
30:59 l'organe qui permet la flottaison au poisson
31:01 est très prisée en Chine pour ses vertus
31:03 aphrodisiaques. Donc la kupa rouge
31:05 ça se vend 2 euros le kilo
31:07 à la criée en Guyane.
31:09 Mais la vessie natatoire c'est 5 000 euros
31:11 le kilo en Chine. Et c'est ça qui est convoité
31:13 par les pêcheurs brésiliens.
31:15 Enfin la Guyane, terre d'immigration
31:17 clandestine. La Guyane
31:19 passoire clandestine même, j'oserais
31:21 dire. Vous savez que là c'est le même problème
31:23 dans tous les territoires d'outre-mer
31:25 en France. C'est-à-dire qu'ils sont souvent beaucoup plus...
31:27 On est beaucoup plus pauvre en moyenne dans ces territoires
31:29 que l'on est dans l'Hexagone. En revanche on est
31:31 beaucoup plus riche que dans la région. On connaît ça par exemple
31:33 pour Mayotte. Eh bien en Guyane c'est pareil.
31:35 Comparé à l'état
31:37 riverain brésilien, comparé
31:39 au niveau du Suriname, en Guyane
31:41 française on est 3 à 4 fois plus riche.
31:43 Et on estime que en plus
31:45 des 300 000 Guyanais légaux,
31:47 il y a en Guyane entre 60 000
31:49 et 80 000 clandestins. Rendez-vous compte
31:51 c'est énorme. C'est 20 à 30 % en plus
31:53 de population qui n'a rien à faire
31:55 sur le sol français. Et depuis
31:57 2015, et alors là c'est le
31:59 cerise sur le gâteau, vous avez une route
32:01 migratoire qui s'est structurée au départ
32:03 de l'Afrique et de la
32:05 Turquie pour des demandeurs d'asile
32:07 venus de Syrie, d'Afghanistan ou du Maroc.
32:09 Vous allez voir la carte du trajet qu'ils font.
32:11 Ils prennent l'avion, donc direction
32:13 le Brésil. Et du Brésil,
32:15 entre en Guyane, donc par
32:17 la forêt ou tout simplement en franchissant le fleuve
32:19 Maroni ou le fleuve Ouyanouk.
32:21 Et vous avez comme ça plus de demandeurs
32:23 d'asile syriens et palestiniens
32:25 en Guyane en 2022
32:27 que vous n'avez eu cette année-là de Haïtiens
32:29 qui sont des migrants, si je puis dire, régionaux
32:31 en comparaison de
32:33 palestiniens ou de syriens.
32:35 Pourquoi font-ils ce voyage ?
32:37 Parce que la Guyane, c'est moins risqué que
32:39 la Méditerranée. Vous prenez l'avion,
32:41 vous traversez un fleuve, vous êtes en France.
32:43 Vous n'avez pas à faire ce voyage
32:45 extrêmement périlleux de l'Atlantique pour
32:47 les Canaries ou bien de la Méditerranée.
32:49 Et comme à Mayotte, en fait, donc voilà,
32:51 on a une Guyane, porte d'entrée, sas de
32:53 téléportation vers l'Hexagone. Et comme
32:55 à Mayotte, ce qui se passe, c'est que ces demandeurs
32:57 d'asile, ils se finissent dans la rue, le temps
32:59 d'instruction de leur dossier, mais à 90%
33:01 ils vont obtenir l'asile
33:03 pour ensuite être envoyés en métropole.
33:05 Voilà la réalité, quelques-uns des
33:07 aspects de la réalité guyanaise.
33:09 - Excellente analyse, merci beaucoup
33:11 mon chien Désignitri pour cette
33:13 photographie de la Guyane. Marc, mais non,
33:15 je disais tout à l'heure, on en parlait au début avec
33:17 Mathieu Bocoté qui ne nous écoute plus, qui est sur
33:19 son portable, on disait que
33:21 je taquine, il faut bien
33:23 que je puisse garder... - Il t'écroche quand c'est moi
33:25 qui prends la porte. - Que je capte son attention,
33:27 mais non ! - Vous l'avez tout tôt.
33:29 - Oh, mon chéri, c'est très
33:31 rare que des journalistes soient
33:33 condamnés. Deux journalistes,
33:35 il y en a un qui a travaillé notamment pour Mediapart et Radio France,
33:37 ont été condamnés
33:39 vendredi en première instance, il leur a reproché
33:41 d'avoir envoyé de l'argent à des
33:43 djihadistes. Elles ont répondu
33:45 que c'était par humanité
33:47 et que c'était pour soulever des vies.
33:49 Cela nous interpelle.
33:51 - C'est extraordinaire cette histoire.
33:53 Parce qu'au départ, ce sont
33:55 deux journalistes
33:57 qui ont mené
33:59 de nombreux reportages
34:01 pour Mediapart. Alors déjà, quand vous êtes
34:03 au nom de Mediapart,
34:05 quelque part, dans notre métier,
34:07 il semblerait que ça vous permette
34:09 de flamboyer
34:11 en référence.
34:13 Parce qu'Edwi Plenel,
34:15 c'est quand même le justicier, c'est le
34:17 zoro du journalisme.
34:19 Edwi Plenel, qui était le grand
34:21 ami de Tariq Ramadan,
34:23 qui l'est toujours d'ailleurs, mais qui est
34:25 considéré dans cette profession
34:27 comme l'emblème d'un journalisme
34:29 objectif, un journalisme
34:31 justicier.
34:33 Revenons à ces deux femmes,
34:35 Céline Martelet
34:37 et Edith Bouvier. Céline Martelet,
34:39 elle était grand reportère
34:41 à RMC pendant 18 ans.
34:43 Edith Bouvier a mené de nombreux
34:45 reportages pour Radio France.
34:47 Et ce qui est extraordinaire,
34:49 c'est qu'elles se retrouvent spécialistes
34:51 du Moyen-Orient.
34:53 Et elles vivent les événements de
34:55 Syrie. Et elles sont marquées
34:57 par l'abomination de ce qu'elles
34:59 vivent. Il y a
35:01 les victimes autochtones
35:03 et puis il y a ceux qui viennent
35:05 de France, ceux qui ont
35:07 rallié les djihadistes.
35:09 Vous avez des personnages
35:11 comme Maximilien Thibault.
35:13 Maximilien Thibault, il faut savoir
35:15 qu'il avait créé un petit groupuscule,
35:17 c'était en 2012,
35:19 et qu'il revendiquait
35:21 un califat pour la France.
35:23 C'était le djihad, il fallait qu'un jour
35:25 la France soit
35:27 sous le joug
35:29 de la loi islamique.
35:31 Et cet homme se retrouve
35:33 à Mossoul avec
35:35 son épouse, sa compagne
35:37 Melina Boudjedir.
35:39 Ils ont quatre enfants.
35:41 À un moment donné,
35:43 Mossoul
35:45 se retrouve encerclée
35:47 par les troupes
35:49 irakiennes qui essaient de reprendre
35:51 le contrôle alors que la ville est tenue
35:53 par les islamistes. Et là,
35:55 ces deux femmes vont intervenir
35:57 avec un avocat qui s'appelle
35:59 Bruno Vinet, qui a été condamné lui aussi
36:01 la semaine dernière, intervenir
36:03 pour essayer d'exfiltrer
36:05 ce monsieur Maximilien Thibault.
36:07 Restons deux secondes sur ce Maximilien Thibault.
36:09 Parce que quand on regarde
36:11 dans les différents attentats
36:13 de loups solitaires qui ont eu lieu
36:15 ici et là, dont celui
36:17 du 2 décembre
36:19 2023 à Bir Hakeim,
36:21 eh bien le personnage
36:23 en question avait été au contact
36:25 de Maximilien Thibault. C'est une sorte
36:27 d'emblème lui aussi
36:29 à sa façon. Eh bien,
36:31 elles acceptent de servir
36:33 d'intermédiaire pour
36:35 que Maximilien Thibault puisse
36:37 échapper à
36:39 la potentialité
36:41 d'être tué sur place. Apparemment,
36:43 ça n'a pas servi à grand-chose.
36:45 L'avocat est dans le coup et il faut faire sortir
36:47 Melina Boudjedir.
36:49 Et là,
36:51 elle paye un
36:53 officier irakien qui se laisse
36:55 corrompre et qui fait en sorte
36:57 qu'elle sorte de Mossoul
36:59 et les enfants sont
37:01 reconduits en France.
37:03 Reste que
37:05 l'officier les a remis
37:07 aux troupes
37:09 irakiennes et elle a été condamnée
37:11 à la prison à perpétuité.
37:13 Alors, le procureur
37:15 appelle qu'elles se sont rendues coupables
37:17 de quelque chose d'impossible.
37:19 C'est-à-dire, il dit
37:21 lorsque l'on permet
37:23 un diplomate, en l'occurrence
37:25 un djihadiste, de
37:27 toucher le trip des revenus
37:29 qui lui étaient versés par Daech,
37:31 on est dans un déni. C'est un soutien
37:33 de terroristes et c'est condamné
37:35 par la loi. Alors,
37:37 elles écopent
37:39 Céline Martelet
37:41 de 12 mois de prison et
37:43 de 10 mois de prison.
37:45 Et alors là, elles disent, mais c'est pas possible.
37:47 - Avec sursis. - Oui, oui, avec sursis.
37:49 Elles disent, c'est terrible
37:51 parce que la justice se reprend
37:53 compte de la réalité du terrain.
37:55 Il y a quelque chose d'épouvantable
37:57 dans ce que cette femme vivait. On ne pouvait pas
37:59 la laisser comme ça, sinon
38:01 elle allait mourir. C'est-à-dire que là, il y a une
38:03 confusion invraisemblable. Quand on
38:05 est journaliste, il faut relire
38:07 Albert Londres, les longs reportages
38:09 qui sont les siens. Oui, vous
38:11 soyez l'horreur. Oui, vous êtes
38:13 là, mais uniquement en
38:15 tant que témoin. Vous ne pouvez pas
38:17 avoir l'âme qui
38:19 fléchisse. Vous ne pouvez pas avoir
38:21 le cœur qui soudain se
38:23 met à vibrer. Non, ce n'est pas votre
38:25 propos, surtout que il faut
38:27 se rappeler, tout ce que nous avons
38:29 subi et les menaces qui existent
38:31 encore sur notre pays.
38:33 Les djihadistes qui
38:35 sont là et qui ont
38:37 réalisé 273
38:40 meurtres d'innocents
38:42 sur le territoire français,
38:44 sans compter les blessés. C'est ce que rappelait
38:46 Philippe Valle
38:48 ce matin. Et pour autant,
38:50 on a Céline
38:52 Martelet. Elle était déjà
38:54 en instance de
38:56 jugement en 2022.
38:58 Et elle propose
39:00 un reportage en Syrie,
39:02 à France Inter. Alors là, il y a quand même
39:04 quelques confrères qui disent "attention,
39:06 elle a des relations, elle a des
39:08 liens avec Daesh, vous ne
39:10 pouvez pas l'engager pour un
39:12 reportage comme ça". Et alors,
39:14 le syndicat des journalistes,
39:16 le secrétariat de la
39:18 rédaction, les responsables
39:20 de Radio France disent "non, non, non,
39:22 c'est une dame qui a quand même
39:24 une notoriété, elle a
39:26 été journaliste de Mediapart
39:28 et par conséquent, eh bien,
39:30 nous l'engageons
39:32 pour ce reportage".
39:34 Et le reportage a été
39:36 diffusé sur France
39:38 Inter un 24 avril.
39:40 Voilà la folie,
39:42 c'est-à-dire que deux femmes qui se
39:44 laissent emporter, oubliant ce qui
39:46 est l'éthique même du métier,
39:48 et qui se prennent à bien plus des
39:50 humanitaires, ô combien douteuses en l'occurrence.
39:52 - Alors Dimitri, c'était chez vous,
39:54 la matinée d'Europe 1, que Philippe
39:56 Val expliquait tout ça. Ça reste
39:58 quand même un peu choquant. Alors rappelons que les
40:00 deux journalistes, j'aime bien la tête de Mathieu,
40:02 c'est vrai, rappelons que les deux
40:04 journalistes ont annoncé qu'elles feront appel,
40:06 mais ça reste quand même troublant.
40:08 - Mais elles ont reconnu en audience avoir franchi
40:10 la ligne, parce que c'est ça en fait le sujet.
40:12 - Mais c'est rare pour des journalistes.
40:14 - Oui, mais vous savez, c'est l'éternelle question que posaient aussi
40:16 par exemple les photographes de guerre. Vous êtes victime
40:18 d'un massacre
40:20 d'enfants, vous êtes photographe,
40:22 qu'est-ce que vous faites ? Est-ce qu'il faut intervenir ?
40:24 Vous voyez, c'est une question... - C'est la même ressource, ça ?
40:26 Je pense pas. - Attendez, laissez-moi finir.
40:28 Non mais, il y a cette question éthique
40:30 de déontologie professionnelle.
40:32 Or, là, elles vont au-delà, parce qu'elles nouent
40:34 une relation avec leur sujet
40:36 et
40:38 elles outrepassent tout, c'est-à-dire que
40:40 elles aident
40:42 des gens qui se déclarent
40:44 eux-mêmes ennemis de la France.
40:46 Ils corrompent des officiers publics, un officier
40:48 irakien. Et alors, il y a peut-être
40:50 aussi, j'ai cru comprendre,
40:52 il y a eu des détournements d'argent aussi au sein d'une association.
40:54 Tout ça... - Ça, ce sont
40:56 des merdes. - Voilà. Mais il y a tout ce
40:58 background où, vous voyez, c'est ce que disait
41:00 Pascal, "Qui veut faire l'ange, fait la bête".
41:02 Vous croyez que vous faites le bien, qu'il y a un intérêt moral
41:04 supérieur, et en fait, vous commettez
41:06 un nombre important d'erreurs, quand même. - Mathieu,
41:08 Charlotte, j'ai aussi envie de vous entendre là-dessus, parce qu'à l'heure
41:10 où on critique tous les journalistes,
41:12 à l'heure où on est soupçonné, comme vous le disiez,
41:14 de faire un article, un livre
41:16 avec Jordan Bardella,
41:18 vous êtes déjà démis de vos fonctions
41:20 ponctuellement. C'est surprenant, tout ça.
41:22 - C'était le point de départ de Philippe Walsh.
41:24 - Je ne suis pas certain que ce soit surprenant.
41:26 Ça en dit beaucoup, en fait, sur l'éthique
41:28 d'une partie du service public.
41:30 Donc si vous ne voyez pas la bête
41:32 chez ce qu'ils appellent l'extrême droite,
41:34 vous êtes vous-même complice de la bête.
41:36 De l'autre côté, ils se sont peut-être trompés,
41:38 se sont peut-être égarés, mais c'était par moralité supérieure.
41:40 On pardonne.
41:42 - Je peux me permettre, très rapidement.
41:44 Ce qu'on ne voit pas à travers ce procès,
41:46 c'est les petits lobbies
41:48 à l'intérieur de Radio France,
41:50 peu nombreux, mais qui font la loi,
41:52 qui terrorisent
41:54 toute une rédaction, y compris leur propre direction,
41:56 pour imposer des choix éditoriaux
41:58 comme celui-là. Céline Martelet se retrouve
42:00 à diffuser son reportage parce que
42:02 un petit noyau d'individus qui terrorisent
42:04 tout le monde, des terroristes intellectuels,
42:06 ont décidé qu'il fallait absolument
42:08 que ça passe. Et ça se produit.
42:10 Les vrais chefs à Radio France ne sont pas ceux que l'on croit.
42:12 - Commission d'enquête.
42:14 - Je pense qu'au-delà d'avoir des journalistes,
42:16 on a des françaises aussi. Et c'est quasiment
42:18 encore plus choquant, je mets de côté même leur métier de journaliste
42:20 qui a fait qu'elles étaient sur place.
42:22 Et en effet, la distance
42:24 nécessaire, je pense que c'est pas tellement
42:26 la question de ne pas intervenir devant quelque chose
42:28 de difficile, c'est de sortir
42:30 une personne du
42:32 fait qu'elle ait à assumer ses conséquences.
42:34 Et par ailleurs, je noterais que ces deux journalistes
42:36 que je connais pas personnellement, évidemment,
42:38 font partie, en tout cas,
42:40 d'une carrière
42:43 avec des confrères
42:45 qui font souvent des leçons de morale,
42:47 et la diversité, ceci.
42:49 Mais se sont-elles seulement
42:51 posées la question de ce que ces personnes
42:53 ont fait vivre aux Irakiens et aux Syriens,
42:55 avant même de parler des morts qu'il y a eu en France,
42:57 et qui sont peut-être pas directement les morts des personnes
42:59 qu'elles ont voulu aider sur place, mais ça cite
43:01 ce qu'ils ont vécu dans ces pays-là,
43:03 du jour de l'État islamique, à Mossoul,
43:05 en l'occurrence, mais partout ailleurs.
43:07 J'ai l'impression que c'est même pas une question qui s'est posée.
43:09 Donc l'humanité, elle la trouve toujours où il veut,
43:11 et jamais de manière générale, en fait.
43:13 C'est quand même un vrai problème.
43:15 - Merci beaucoup un peu en votre regard. Je disais "commission d'enquête",
43:17 rigolant, mais moi j'aurais bien aimé
43:19 envoyer une commission d'enquête sur ce genre de sujet.
43:21 On va écouter,
43:23 pour relancer votre sujet,
43:25 sur l'état de la menace terroriste en France.
43:27 Gabriel Attal qui a fait une visite sur Prisme,
43:29 et j'ai bien aimé ses propos.
43:31 Propos de lucidité, on écoute.
43:33 - L'ennemi, il a un nom, je le redis ici,
43:35 c'est le terrorisme islamiste.
43:37 Il s'immisce partout, l'islamisme, où nous baissons le regard,
43:39 où nous acceptons le pas de vague,
43:41 où nous laissons l'angélisme triompher.
43:43 Alors partout, nous ne devons pas laisser
43:45 le moindre millimètre au terrorisme islamiste,
43:47 et nous agissons partout pour l'asphyxier,
43:49 pour l'asphyxier à l'extérieur de nos frontières,
43:51 mais aussi à l'intérieur de nos frontières.
43:53 Nous ne lui laissons aucune chance.
43:55 Je le redis ici,
43:57 l'islamisme n'est pas une religion.
43:59 Ce n'est même pas une simple idéologie.
44:01 C'est une spirale,
44:03 un engrenage de la haine
44:05 qui se nourrit de notre naïveté
44:07 et qui veut tuer la République.
44:09 - Naïveté, Charlotte Dornelas.
44:11 Alors l'attentat qui a frappé Moscou
44:13 nous a forcément interrogé sur le sujet.
44:15 On va s'interroger avec vous
44:17 sur l'état de la menace en France.
44:19 - Oui, alors c'est vrai que ce week-end,
44:21 je l'évoquais un peu tout à l'heure,
44:23 mais il y a eu deux temps dans la réaction
44:25 du gouvernement et d'Emmanuel Macron en particulier.
44:27 C'est-à-dire qu'Emmanuel Macron avait lancé,
44:29 vous savez, il était à Bruxelles ces derniers jours,
44:31 il lance tout son projet,
44:33 il veut convaincre les Européens un à un,
44:35 les Français en particulier.
44:37 Il assumait il y a quelques jours
44:39 de décrocher le fait que les Français
44:41 ne soient pas d'accord,
44:43 qu'ils auraient du devoir quand même d'aller mobiliser
44:45 sur l'Ukraine. Et là arrive un attentat
44:47 qui par ailleurs ne peut pas rappeler
44:49 celui du Bataclan à tous les Français
44:51 qui ont vu leur écran
44:53 et qui se sont rappelés qu'il y avait une menace existentielle
44:55 première dans leur vie.
44:57 C'est pas une question morale en l'occurrence,
44:59 c'est de savoir qui risque de me tuer demain.
45:01 Bon ben 100% des Français ont la réponse
45:03 dans la hiérarchie justement
45:05 de ces menaces-là,
45:07 qui n'est pas celle qu'Emmanuel Macron portait
45:09 deux jours avant, à savoir la Russie.
45:11 Non pas que les menaces ne peuvent pas
45:13 s'additionner, simplement là en l'occurrence pour les Français
45:15 c'est absolument évident.
45:17 Donc on a vu un Emmanuel Macron qui a peiné à réagir.
45:19 Je le dis d'autant plus facilement qu'il a
45:21 parlé dans le JDD précisément
45:23 sur cette question de l'Ukraine pendant
45:25 deux jours et au moment de l'attentat
45:27 quand il a fallu réagir, c'était vraiment
45:29 une volonté de ne pas participer
45:31 du récit de la hiérarchisation
45:33 des menaces. Donc c'était vraiment
45:35 une volonté de se distancier.
45:37 D'autant plus, et ça je l'ajoute à leur crédit
45:39 entre guillemets, d'autant plus
45:41 qu'en effet, l'Ukraine et la Russie
45:43 s'accusant mutuellement
45:45 de... et là même
45:47 Vladimir Poutine
45:49 reconnaît des islamistes radicaux
45:51 extrêmement tardivement.
45:53 Il continue à parler de l'implication de l'Ukraine
45:55 qui serait manipulée, où ils allaient vers l'Ukraine.
45:57 On est dans un conflit compliqué.
45:59 Je comprends qu'il y ait une prudence
46:01 là-dessus. Mais on a vu au fil du temps
46:03 les Américains et finalement les Français
46:05 finir par se baser
46:07 sur la revendication de l'Etat islamique
46:09 pour réagir.
46:11 Et alors là, c'était dans un deuxième temps,
46:13 Gabriel Attal a très
46:15 clairement annoncé que le niveau
46:17 de menaces était surélevé,
46:19 réhaussé, en raison
46:21 de l'attentat à Moscou. Donc finalement, on a bien
46:23 un ennemi commun avec la Russie
46:25 et on a bien un ennemi commun avec le monde entier
46:27 même, j'ai envie de dire, puisque l'Etat islamique
46:29 et notamment celui du Khorassan a fait des centaines
46:31 de morts à peu près partout dans le monde.
46:33 Et il y a deux semaines,
46:35 on a interrogé à ce sujet sur la question
46:37 de la menace islamiste, Gérald Darmanin
46:39 évoquait une menace première et quasi-exclusive
46:41 en France.
46:43 Donc là, je rajoute
46:45 à l'édito de Mathieu tout à l'heure,
46:47 si le ministre de l'Intérieur,
46:49 qui a quand même des points assez régulièrement sur ce sujet,
46:51 nous explique que c'est la menace première
46:53 et quasi-exclusive, je pense qu'on peut
46:55 le croire. Et hier soir, Emmanuel Macron
46:57 a fini par présider un conseil de défense
46:59 à l'Elysée et en effet, on est passé
47:01 au niveau Vigipirate, urgence, attentat
47:03 en le liant
47:05 non seulement à la question
47:07 à l'attentat de Moscou
47:09 mais aussi aux menaces dont vous parliez tout à l'heure
47:11 sur les écoles qui se sont multipliées
47:13 ces derniers jours.
47:15 - Alors qu'est-ce que cela change concrètement pour la France ?
47:17 - La menace terroriste
47:19 elle est toujours très haute, on a les JO
47:21 les Jeux Olympiques dans quelques mois
47:23 et donc c'est évidemment une préoccupation
47:25 de tous les instants. On avait déclenché
47:27 en France l'alerte attentat
47:29 après l'attentat d'Arras
47:31 et en l'occurrence
47:33 on l'avait rétrogradé en janvier
47:35 et là on le remet après l'attentat
47:37 c'est souvent une réaction aux attentats
47:39 il y a deux choses massives
47:41 c'est-à-dire que c'est pas l'Etat arrête de s'occuper
47:43 du terrorisme le reste du temps et tout à coup
47:45 on passe en alerte attentat, évidemment
47:47 - C'est vrai, on ne comprend pas. - Mais oui, il y a un renforcement
47:49 du nombre de militaires qui sont présents
47:51 sur le terrain, notamment dans les opérations
47:53 euh... comment ça s'appelle ?
47:55 - Sentinelles - Sentinelles, merci
47:57 donc là on passe de 5000 à 7000 en l'occurrence
47:59 sur le terrain, notamment pour renforcer
48:01 leur présence dans les lieux de haute fréquentation
48:03 et là en l'occurrence devant les établissements
48:05 scolaires également
48:07 et il y a un renforcement de la communication aussi
48:09 l'Etat se donne le droit de passer par les sites institutionnels
48:11 et par les médias
48:13 pour communiquer sur
48:15 l'état de...
48:17 l'état d'urgence
48:19 par rapport à un attentat ou en cas de commission
48:21 d'attentat, donc c'est aussi
48:23 et là Gérald Darmanin insiste beaucoup là-dessus depuis longtemps
48:25 comment dire, une manière de
48:27 convoquer la société de vigilance
48:29 vous savez, voilà, tout le monde doit réagir
48:31 et avoir dans la tête que c'est un risque
48:33 permanent, mais évidemment
48:35 que pendant ce temps-là et quel que soit le niveau de
48:37 couleur, on va dire, du plan
48:39 Vigipirate, les services de renseignement travaillent de la même manière
48:41 sur leurs objectifs
48:43 et là encore une fois
48:45 le ministère de l'Intérieur précise
48:47 il y a 50 000 personnes aujourd'hui
48:49 qui sont suivies en France
48:51 pour risque
48:53 islamiste en l'occurrence, ils sont
48:55 en France ou à l'étranger
48:57 et donc quand on dit qu'ils sont suivis ou surveillés
48:59 il y en a beaucoup qui sont à l'étranger
49:01 et le suivi consiste à surtout
49:03 ne pas les laisser entrer sur le territoire français
49:05 quand on voit que c'est parfois compliqué
49:07 d'empêcher les gens de rentrer, il y en a
49:09 5 000 qui sont capables de la bouche
49:11 même du ministre de l'Intérieur, 5 000
49:13 capables de passer à l'acte du jour au lendemain
49:15 sur le territoire français, c'est quand même pas rien
49:17 certains parmi ces 5 000 sont
49:19 également à l'étranger mais donc
49:21 pourraient venir, certains sont français
49:23 à l'étranger, de nationalité française
49:25 et 800 sont suivis quotidiennement
49:27 et physiquement par les services
49:29 de renseignement en France, donc vous avez quand même
49:31 800 personnes quand on voit ce que sont capables de faire 4 personnes
49:33 800 personnes qui sont suivies physiquement
49:35 tous les jours par les services de renseignement
49:37 sur le territoire français, c'est pas rien
49:39 et en effet la menace est bien réelle
49:41 - Alors tout cela nous fait peur
49:43 quand même, soyons concrets
49:45 Charlotte
49:47 mais comment comprendre par exemple
49:49 qu'un attentat qui a été revendiqué
49:51 en Russie à des milliers de kilomètres
49:53 de là puisse avoir des conséquences pour nous
49:55 en France ? - La revendication
49:57 à Moscou, elle, bon déjà évidemment
49:59 on a déjà été frappé par le terrorisme islamiste
50:01 donc instantanément
50:03 on fait le lien très naturellement tous
50:05 mais en plus là il a été revendiqué
50:07 par l'état islamique du Khorasan
50:09 le Khorasan en gros
50:11 je ne laisserai pas Dimitri faire la
50:13 leçon de géopolitique mais en gros
50:15 c'est Afghanistan, Pakistan et plusieurs
50:17 anciennes républiques soviétiques
50:19 en gros et donc l'état islamique
50:21 qui est là-bas est aujourd'hui le plus actif
50:23 et surtout il a la branche
50:25 d'expansion on va dire dans le monde
50:27 ils ont un nombre de publications
50:29 dans beaucoup de langues étrangères
50:31 ils ont un média en russe, en langue russe
50:33 parce que c'est un de leurs terrains
50:35 on va dire de conquête
50:37 première et c'est l'organisation
50:39 qui inquiète le plus en France
50:41 parmi les états islamiques donc évidemment
50:43 jusqu'à maintenant ce n'est pas un nom qui nous était familier
50:45 mais le djihadiste
50:47 de Bir Hakeim avait fait allégeance
50:49 à l'état islamique du Khorasan
50:51 à celui-ci en particulier en l'occurrence
50:53 et par ailleurs c'est une menace qui est importante
50:55 en France parce que souvenez-vous
50:57 au moment aujourd'hui c'est considéré
50:59 en Afghanistan comme le groupe le plus sanglant
51:01 qui soit
51:03 au moment du départ des américains à Mossoul
51:05 c'est 173 morts sur l'aéroport
51:07 l'état islamique du Khorasan, ils avaient fait un attentat sur l'aéroport
51:09 173 morts
51:11 c'est en janvier dernier, là il y a quelques semaines
51:13 c'est 100 morts en Iran
51:15 pareil lors d'une cérémonie
51:17 donc ils font énormément, ils font beaucoup
51:19 couler le sang on va dire, mais au moment
51:21 souvenez-vous où il fallait accueillir
51:23 les afghans au moment de la prise
51:25 de pouvoir des talibans, personne n'a entendu parler
51:27 de gens plus dangereux que les talibans
51:29 en Afghanistan à ce moment-là, c'était pas du tout
51:31 une menace qui existait dans le discours
51:33 ou qui venait alimenter une quelconque prudence
51:35 devant les départs
51:37 en Afghanistan. Bon bah aujourd'hui la question
51:39 est bien présente en France, elle inquiète
51:41 énormément les services de renseignement
51:43 et c'est l'avis de la patronne
51:45 de la DGSI là qui disait que c'était la menace
51:47 constituée, organisée, la plus
51:49 forte en France aujourd'hui. Alors vous allez
51:51 me dire, s'il n'y a pas vraiment
51:53 de lien avec la Russie, notre lien directement
51:55 avec l'état islamique du Khorasan il apparaît
51:57 encore moins évident. Et bah si,
51:59 il est chez nous. Et donc l'état
52:01 islamique par ailleurs, et l'état islamique du Khorasan
52:03 en particulier, ont directement visé
52:05 la France, ils ont visé Londres,
52:07 Paris et Rome comme cible
52:09 d'attentat voulu.
52:11 Par ailleurs la deuxième chose c'est que c'est systématiquement
52:13 la question du mimétisme
52:15 qui se joue à chaque attentat,
52:17 notamment avec des attentats aussi
52:19 spectaculaires, aussi abominables dans
52:21 le nombre de victimes et dans la mise
52:23 en scène, on va dire. Et l'état islamique
52:25 est l'appareil de l'aveu des services
52:27 de renseignement eux-mêmes. L'état islamique
52:29 qu'on pensait avoir vaincu militairement,
52:31 d'abord un, se reconstitue
52:33 dans certains endroits du globe, et deux
52:35 continue à fasciner
52:37 la jeunesse concernée par
52:39 la radicalisation en France.
52:41 Et là la patronne de la DGSI, pareil,
52:43 disait "la moitié de nos objectifs à la DGSI
52:45 sont mineurs, la moitié des
52:47 objectifs de Suisse sont mineurs, et ils ont
52:49 des profils hautement éruptifs,
52:51 complètement fascinés par la violence
52:53 mise en scène par l'état islamique".
52:55 Donc vous voyez le genre de cerveau
52:57 à qui on a affaire, et puis plus vous
52:59 les prenez jeunes, plus vous êtes inquiets pour ce qui se passera
53:01 dans dix ans. Ils se radicalisent
53:03 extrêmement rapidement, notamment
53:05 via les réseaux sociaux. Il y a deux dynamiques
53:07 disait-elle, qui cristallisent le passage
53:09 à l'accès. Un, la question du blasphème,
53:11 deux, le conflit au Proche-Orient,
53:13 mais vous comprenez bien que n'importe quel attentat
53:15 les cristallise aussi. Et enfin
53:17 la dernière inquiétude sur cette menace,
53:19 c'est la question des plus
53:21 anciens, les plus âgés, les plus endurcis,
53:23 mais aussi les plus idéologisés, et
53:25 notamment ceux qui sortent de prison.
53:27 Et là je cite encore la patronne de la DGSI
53:29 parce que comme ça c'est plus clair,
53:31 elle dit "il y a quelques repentis parmi eux,
53:33 qui sont toujours suivis quand même,
53:35 et beaucoup de ceux qui sont sortis de prison
53:37 ont des comportements prosélytes,
53:39 violents, avec un risque de récidive."
53:41 Donc parmi ceux qui sont sortis de prison,
53:43 Gérald Darmanin regrettant lui-même il y a quelques jours
53:45 que les peines de prison à l'époque aient été
53:47 trop faibles. Peut-être encore
53:49 notre naïveté était venue se nicher
53:51 dans le nombre d'années de prison qu'avaient pris ces personnes.
53:53 - Merci infiniment
53:55 Charlotte pour votre
53:57 chronique. Mathieu, beaucôté,
53:59 après votre excellente première chronique,
54:01 non mais c'est vrai, sur
54:03 toujours le terrorisme, on va s'arrêter
54:05 sur Malika Sorel. Elle a été invitée
54:07 de Sonia Maroc ce matin
54:09 sur Europe Insé News et puis on apprenait
54:11 donc son ralliement, le ralliement
54:13 de Malika Sorel au Rassemblement
54:15 National dans le cadre des élections européennes
54:17 et sera numéro 2 de la liste
54:19 de Jordan Bardella. Et là
54:21 alors plusieurs y voient un important
54:23 moment de bascule politique
54:25 et d'autres cherchent plutôt à
54:27 relativiser. Quel est votre regard sur le
54:29 ralliement de Malika Sorel au RN ?
54:31 - Je note que ceux qui l'adoraient
54:33 la veille la brûlent aujourd'hui.
54:35 Ceux qui chantaient sa compétence,
54:37 son excellence, aujourd'hui nous expliquent
54:39 que c'est une figure sans importance.
54:41 Je note ça comme quoi en politique, si vous réussissez
54:43 à faire de quelqu'un un trophée de guerre, vous dites
54:45 c'est le plus beau des trophées et si vous n'y parvenez pas
54:47 vous expliquez c'est une espèce de
54:49 figure périphérique, c'est un satellite de Pluton
54:51 ça compte pas.
54:53 Malika Sorel, il faut comprendre son profil,
54:55 c'est une intellectuelle
54:57 qui s'est spécialisée ces dernières
54:59 années, depuis un bon moment, sur des questions
55:01 d'intégration, d'assimilation, d'identité.
55:03 C'est une femme qui appartient
55:05 à une figure très particulière. Si on fait une sociologie
55:07 des intellectuels parisiens, c'est une figure
55:09 qui appartient à la société
55:11 mainstream, disons ça comme ça, c'est une figure
55:13 de référence. Mais dans cette société
55:15 de référence, c'est une figure marginale.
55:17 Donc on n'est pas chez quelqu'un qui a été extérieur
55:19 au système, mais on était quelqu'un qui était dans
55:21 le système mais à ses marges.
55:23 Qui a par ailleurs été célébrée ces dernières années
55:25 par Nicolas Sarkozy,
55:27 par François Fillon, sans souligner, au Trocadéro,
55:29 elle était sur la scène avec François Fillon.
55:31 Tous ceux qui nous disent qui est-elle,
55:33 je les invite à se souvenir de leur propre
55:35 combat d'hier. Donc c'est une
55:37 femme qui compte là-dedans. C'est une intello
55:39 qui est un peu marginale, dans le système
55:41 je l'ai dit, et qui ne sait pas, je pense que je ne pense
55:43 pas être
55:45 injuste en disant qu'il ne se sentait peut-être pas
55:47 reconnu à sa juste valeur par ailleurs
55:49 dans le système. Et qui trouve,
55:51 dans son basculement ORN, la place,
55:53 la confirmation, la légitimation
55:55 qu'elle espérait, qu'elle n'a probablement
55:57 pas obtenue en étant dans les marges
55:59 du système. Encore une fois, je le dis, c'est une figure
56:01 un peu particulière. On peut penser
56:03 aussi, de ce point de vue, c'est un ralliement individuel.
56:05 Ce n'est pas un bloc qui bascule.
56:07 On peut penser à Fabrice Elgeri, qui
56:09 de la même manière était un homme
56:11 qui était au cœur du système, lui vraiment n'était pas dans
56:13 les marges, et qui bascule. Donc qu'est-ce qu'on voit?
56:15 En quelques semaines, on a deux figures
56:17 importantes, associées à la question
56:19 de l'immigration, qui disent le
56:21 combat, pour ceux qui peuvent penser
56:23 au contraire. Mais pour ceux qui disent le combat
56:25 important sur la question de l'immigration, ça se passera
56:27 désormais sous pavillon RN.
56:29 Ce qu'on peut comprendre, la déception des gens
56:31 chez Reconquête, chez LR, qui auraient probablement
56:33 voulu avoir de telles prises de
56:35 guerre. Ce qui est important, cela dit, c'est que le
56:37 RN, qui est souvent accusé de sacrifier la question
56:39 de l'immigration, avec ces deux figures,
56:41 lui redonne son importance.
56:43 - Est-ce que cela peut
56:45 accentuer la dynamique
56:47 favorable du RN?
56:49 - En tant que tel, non. Mais c'est un signal
56:51 parmi d'autres de normalisation.
56:53 Le drame du RN, c'est que si vous décidez
56:55 de vous afficher en sa faveur
56:57 dans les milieux dominants, le coût
56:59 social, le coût de réputation, le coût financier
57:01 pour faire ce passage
57:03 est très élevé.
57:05 Objectivement, tous ceux qui nous disent que la
57:07 dédiabolisation est achevée nous racontent des
57:09 sornettes. C'est un mensonge.
57:11 - Elle est courageuse, alors, elle.
57:13 - On peut ne pas apprécier son choix
57:15 et constater qu'elle est courageuse.
57:17 Elle a déjà été très courageuse intellectuellement.
57:19 On ne sait pas qu'on se fassait traiter de raciste
57:21 en toutes circonstances quand on parlait d'immigration
57:23 et d'identité. Elle était d'un grand courage intellectuel.
57:25 Donc, elle bascule, mais individuellement.
57:27 Les Djeri basculent, mais individuellement.
57:29 La question, c'est que cela dit,
57:31 plus il y a de gens qui se rallient au RN
57:33 ou ailleurs dans le parti,
57:35 moins le coût est élevé
57:37 pour ce ralliement. Donc, ça, il faut comprendre.
57:39 Le prix à payer. Et la question, c'est
57:41 à quel moment ça va être presque normalisé
57:43 de basculer
57:45 vers ce parti marqué du sceau de l'infréquentabilité.
57:47 Mon hypothèse, c'est si jamais
57:49 il emporte les élections, mais on entre
57:51 dans une dynamique où de plus en plus
57:53 de gens pourraient envoyer des signales. Et là, il y a
57:55 deux étapes qui peuvent être intéressantes à analyser.
57:57 Est-ce qu'il y aura ce que j'appellerais en 1974
57:59 des intellectuels ou des politiques?
58:01 En 1974, on s'en souvient,
58:03 Chirac, l'arc Shaban Elma,
58:05 se rallie à Giscard et permet
58:07 le basculement d'une part d'un courant politique important.
58:09 Et là, ça envoie un signal.
58:11 L'avenir est avec lui.
58:13 Est-ce qu'on verra ça chez les politiques,
58:15 chez les LR? Est-ce qu'on verra ça chez les intellos
58:17 qui demain diront, entre l'héritier
58:19 d'Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon
58:21 et Marine Le Pen, "Elle porte l'avenir"?
58:23 Est-ce que ça arrivera? Ce n'est pas
58:25 inimaginable. La vraie question ici,
58:27 c'est une question de sociologie des élites.
58:29 Le prix à payer pour se rallier,
58:31 qui se ralliera, qui seront les prochains,
58:33 et se rallieront-ils alors que c'est encore un acte courageux,
58:35 ou se rallieront-ils quand les postes
58:37 s'ouvriront pour plusieurs? Ça, c'est une autre question.
58:39 - À suivre. Merci,
58:41 mon cher Mathieu, Dimitri, Charlotte,
58:43 Marc. Vous faites la gueule?
58:45 - Pourquoi je fais la gueule?
58:47 - J'étais triste parce que je vais vous quitter.
58:49 - Oh, excellent suite de programme.
58:51 Tout de suite, L'heure des pros 2 avec Pascal Praud.
58:53 *rire*