Face à l'Info (Émission du 26/03/2024)

  • il y a 7 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcription
00:00 Bonsoir à tous, 19h, ravi de vous retrouver ce soir.
00:04 Notre ami Simon Guillin est souffrant, mais Adria Spiteri est là pour les infos du soir.
00:09 Bonsoir.
00:10 Bonsoir Christine et bonsoir à tous.
00:11 Les services secrets occidentaux et ukrainiens sont directement impliqués dans l'attentat près de Moscou.
00:16 C'est ce qu'affirme le patron des services de sécurité russe.
00:19 L'attaque qui a fait 139 morts vendredi a pourtant été revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique.
00:25 Hier, Vladimir Poutine a admis pour la première fois que les assaillants présumés étaient des islamistes radicaux.
00:31 Sébastien Lecornu prévient l'industrie de défense française.
00:34 Le ministre des armées appelle à produire plus d'armements et plus vite en raison de la guerre en Ukraine.
00:39 Il n'exclut pas de faire des réquisitions ou de faire jouer le droit de priorisation,
00:43 des mots prononcés lors d'une conférence de presse, aujourd'hui en présence de tous les chefs d'état-major.
00:48 Et puis les obsèques de Frédéric Mitterrand ont eu lieu cet après-midi à Paris, en l'église Saint Thomas d'Aquin.
00:54 Le neveu de François Mitterrand est décédé jeudi à l'âge de 76 ans.
00:58 Plusieurs personnalités dont la ministre de la culture Rachida Dati était présente aujourd'hui.
01:03 Lui-même avait occupé cette fonction au cours de sa carrière.
01:06 Merci mon cher Adrien.
01:08 Et au sommaire ce soir, l'éducation nationale est-elle à genoux ?
01:13 L'éducation nationale a-t-elle perdu la face par rapport au port du voile dans les établissements scolaires ?
01:21 On apprend que le proviseur de l'établissement Maurice Ravel, menacé de mort il y a un mois pour avoir demandé à une élève d'enlever son voile,
01:28 a dit quitter ses fonctions pour des raisons de sécurité.
01:31 Le rectorat évoque quant à lui des convenances personnelles que comprendre.
01:35 Hier, Gabriel Attal déclarait que l'islamisme n'était pas une religion.
01:39 Pourquoi nos politiques font-ils de la théologie ? L'édito de Mathieu Bocoté.
01:44 Il y a eu maquillage des comptes du pays et c'est d'une grande gravité a déclaré Olivier Marlex.
01:50 "Vous avez menti aux français, on savait dès le mois d'octobre qu'il manquait 30 milliards",
01:54 ajoute le président du groupe LR à l'Assemblée nationale qui accuse Bruno Le Maire notamment.
01:59 Depuis ce matin, on emmène les chiffres INSEE du déficit de la dette 2023.
02:04 Ils sont catastrophiques, 5,5% de déficit l'an dernier, c'est bien plus que prévu.
02:09 En quoi cette dégradation des finances publiques affaiblit-elle la position de la France en Europe ?
02:15 L'analyse de Dimitri Pavlenko.
02:19 Même en France, il y a eu de longues files d'attente pour la présidentielle du Sénégal.
02:24 Sébastien Oudjoumaïfai qui remplace Macky Sall, c'est la première fois en 12 ans
02:28 qu'un candidat de l'opposition l'emporte dès le premier tour.
02:31 Le nouveau président vise la réconciliation nationale dans un pays déchiré ces derniers mois
02:37 au niveau sociétal, économique et politique.
02:40 Jean-Luc Mélenchon a tenu à applaudir cette victoire pourvu que les français sachent faire aussi bien
02:44 que les Sénégalais le moment venu.
02:47 Rappelons que le Sénégal est un pays anti-LGBT, anti-avortement,
02:51 avec des valeurs bien différentes de la France, tout en étant un pays ami.
02:55 Que comprendre le regard de Marc Menand ?
02:58 Orléans n'a pas vocation à accueillir à la colline du crac de Paris,
03:02 s'alarme le maire de la ville.
03:04 Depuis bientôt un an, la ville a reçu à l'insu des autorités municipales
03:09 environ 500 migrants SDF transférés depuis Paris.
03:13 Ce n'est pas la première fois qu'un maire s'oppose à cette répartition,
03:17 notamment dénoncée et en vue des Jeux Olympiques,
03:20 souvent sans l'accord des maires en question.
03:22 Faut-il s'en inquiéter ? Le décryptage de Charlotte Dornelas.
03:26 Et puis, effondrement et décadence.
03:29 Mathieu Bocote reviendra sur la signification de la dégradation des finances publiques
03:34 à travers l'histoire. La dette qui s'écrase contre un mur.
03:37 Pourquoi est-ce si important de s'alarmer de nos finances publiques ?
03:41 Depuis Rome, un État qui perd la maîtrise de ses finances
03:45 est un État engagé sur la pente de la décadence.
03:48 Le précieux édito de Mathieu Bocote.
03:51 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires. C'est parti.
04:07 D'abord, des images de Nice, puisque hier soir, il y a eu quelques scènes de violence
04:12 dans un certain quartier. On va en parler tout à l'heure.
04:16 Et des chauffourées ont recommencé cet après-midi.
04:19 Eric Ciotti s'en est ému. On fera un tour de table dans un instant,
04:23 puisque la ville de Nice est quand même en proie à des scènes de violence
04:28 en plein jour, où des jeunes se battent avec des couteaux, des marteaux.
04:33 On y revient dans un instant et on fera un tour de table.
04:36 D'abord, Mathieu Bocote. Je le disais en titre, l'Education nationale est à genoux.
04:41 On ne comprend pas. L'Education nationale, est-ce qu'elle a perdu face au port du voile
04:45 dans les établissements scolaires ? On en avait parlé ici.
04:48 Le proviseur de l'établissement, Maurice Ravel, menacé de mort il y a un mois
04:53 parce qu'il avait demandé à une élève de retirer son voile.
04:56 Il quitte ses fonctions pour des raisons de sécurité.
05:00 Le rectorat, de son côté, dit que c'est pour des convenances personnelles.
05:04 Très sincèrement, ça fait un choc. Il faut comprendre.
05:07 Chose première, on nous dit des questions de sécurité.
05:11 Mais sécurité parce qu'il y a un agresseur potentiel,
05:14 parce qu'il y a une menace potentielle.
05:16 Comment nommer cette menace potentielle ?
05:18 Qu'est-ce qui est à l'origine de cette menace potentielle ?
05:21 On s'en rappelle les circonstances de base.
05:23 C'est un homme qui veut simplement faire appliquer le règlement,
05:26 qui veut faire appliquer la règle, qui est pour cela menacé.
05:29 De nombreux gens qui ont la même fonction que lui, proviseurs, directeurs,
05:33 décident de se lier avec lui pour protester contre les menaces régulières
05:37 qui sont faites sur le terrain de l'éducation nationale.
05:40 Par quoi ? Par l'islamisme.
05:42 L'islamisme conquérant, l'islamisme qui pénètre les institutions,
05:46 l'islamisme qui impose sa loi, l'islamisme qui a le moyen,
05:49 désormais, de faire suffisamment peur à un homme pour qu'il quitte ses fonctions.
05:53 Vous l'avez noté, je dis « islamisme » et non pas « islam ».
05:57 Parce que, comme plusieurs, je prends la peine de distinguer « islamisme » et « islam ».
06:01 Je ne suis pas de ceux qui pensent que les deux se confondent.
06:06 Mais dire que les deux ne se confondent pas ne veut pas dire qu'il n'y a pas de lien entre eux.
06:11 Or, que nous a dit Gabriel Attal, et j'y reviendrai dans un instant, il y a quelques jours,
06:15 finalement, que l'islamisme n'est pas une bonne religion, il nous dit.
06:19 Donc ça n'a pas de contenu religieux.
06:21 Donc finalement, c'est même pas une idéologie presque, c'est tout autre chose.
06:26 Donc non seulement l'islamisme n'est pas l'islam, mais l'islamisme n'a rien à voir avec l'islam.
06:31 Lui, il dit « ce n'est même pas une simple idéologie, c'est une spirale,
06:35 un engrenage de la haine qui se nourrit d'une autre naïveté qui veut tuer la République. »
06:39 Et je le redis ici, l'islamisme n'est pas une religion.
06:42 Tout autant de mots pour ne pas caractériser une chose.
06:44 Or, est-ce que Gabriel Attal est seul à être responsable de ce déni?
06:48 La réponse, c'est non.
06:50 Et il faut faire un petit cours d'histoire sur 25 ans, très rapide, des deux côtés de l'Atlantique,
06:54 pour voir d'où vient ce déni devant l'islamisme.
06:57 Point de départ, et on y revient toujours pour notre époque, le 11 septembre 2001.
07:01 Le 11 septembre 2001, on le sait, l'Al Qaïda, bin Laden, lancent une attaque destructrice
07:07 qui entraîne la chute du World Trade Center, une attaque contre le Pentagone.
07:11 Et qu'est-ce qu'on voit à travers ça? C'est une déclaration de guerre de l'islamisme contre l'Occident.
07:16 Je précise que ceux qui mènent la guerre ne la mènent pas non de l'islamisme, mais de l'islam.
07:20 Mais nous, on dit de l'islamisme, parce qu'on fait la distinction, contre l'Occident.
07:24 C'est la frappe inaugurale qui aurait dû nous réveiller, qui aurait dû nous dire
07:28 "Huntington n'avait pas complètement tort", choc des civilisations et peut-être même des religions, il y a.
07:33 Mais les Américains, à ce moment-là, sous la présidence de George W. Bush, décident,
07:38 et de ce point de vue, ce déni inaugural est américain, décident de ne pas voir ce qu'ils ont devant les yeux.
07:44 Et plutôt que de parler d'une attaque de l'islamisme contre les États-Unis, ou contre l'Occident,
07:49 ou contre le monde chrétien, parce que les islamistes le disent encore une fois,
07:53 ils se revendiquaient de la mémoire des croisades,
07:55 et bien que disent les Américains? Ils disent "Non, en fait, l'ennemi devant nous, c'est l'axe du mal."
08:02 Très rapidement, un discours apparaît, début 2002, dis-je, donc quelques mois après le 11 septembre,
08:08 après avoir dit la terreur, l'extrémisme, le danger, le fanatisme, on dit "l'axe du mal".
08:13 Donc plutôt que de nommer l'enjeu central, cette frappe de l'islamisme,
08:18 on s'en souvient à partir d'un discours de David Frum, qui était le rédacteur de George W. Bush,
08:23 on dit "En fait, non, il y a le vrai danger, c'est l'axe du mal, et à l'époque, on nous dit c'est la Corée du Nord, l'Iran et l'Irak."
08:29 Alors là, on se dit "Oui, mais quel est le lien avec Bin Laden et l'Afghanistan?"
08:32 Eh bien, ça ne sera qu'un détour, finalement, parce qu'on le sait, deux ans et demi plus tard,
08:37 les Américains, pour répondre, on en parlait hier, à une frappe islamiste contre eux,
08:41 décident finalement de s'en prendre non seulement à l'Afghanistan et au Taliban, très bien,
08:45 c'était la base arrière, mais au régime irakien.
08:48 Donc dans une théorie générale de l'axe du mal, où on nous dit, et là c'est le temps, c'est la guerre.
08:52 Alors comment on va nommer ça? Est-ce que c'est la guerre contre l'islamisme?
08:55 Ça aurait été un terme adéquat. Est-ce que c'est même la guerre contre le mal?
08:58 Ça aurait été un peu... c'est très américain, hein. Mais non, c'est même pas, c'est le "war on terror",
09:02 la guerre contre la terreur. Donc les camps, dans les circonstances, c'est la civilisation,
09:08 ou la démocratie, ou l'état de droit, contre la terreur.
09:12 Donc au moment de l'acte inaugural qui marque l'entrée de l'islamisme partout en Occident
09:16 sur le mode de la frappe massive, nous décidons, comme civilisation, de le nier,
09:21 en ne le nommant pas. Cadeau des Américains 2001.
09:25 Mais cela dit, les Américains ne sont pas seuls dans le monde anglo-saxon,
09:28 et il va y avoir une deuxième étape au déni en 2008.
09:32 En Grande-Bretagne, cette fois, un homme militaire est agressé,
09:36 est assassiné, par un islamiste, encore une fois. Il est assassiné.
09:40 Donc comment caractériser cet assassinat par un islamiste?
09:44 La ministre de l'Intérieur de l'époque, Jackie Smith, moi ça m'avait marqué à l'époque,
09:48 ça n'a jamais cessé de me tourner en tête, dit "c'est tellement un crime contraire aux valeurs de l'islam",
09:54 d'ailleurs, elle dit "on a parlé à des musulmans partout dans le monde, c'est contraire à leurs valeurs",
09:58 que cet assassinat, ce crime islamiste, est en fait un crime anti-islamique.
10:04 C'est un crime anti-islamique, nous dit la ministre, donc la générale Darmanin de l'époque chez les Britanniques,
10:09 nous dit "c'est un crime anti-islamique".
10:12 Donc là, vous voyez, Orwell est avec nous.
10:14 Donc vous avez un crime commis au nom de l'islam,
10:17 et nos autorités décident de dire que c'est un crime anti-islamique parce que trahissant les vraies valeurs de l'islam.
10:23 2013. 2013, de la même manière, un attentat,
10:30 David Cameron nous dit, en Grande-Bretagne, "ce n'était pas seulement une attaque contre la Grande-Bretagne et le mode de vie britannique,
10:37 c'était aussi une trahison de l'islam et des communautés musulmanes qui apportent tant à notre pays.
10:44 Rien dans l'islam ne justifie un acte épouvantable, tel acte aussi épouvantable".
10:49 Donc encore une fois, le premier ministre britannique se fait interpréter théologien.
10:54 Il sait, lui, lorsque quelqu'un dit "je vous frappe au nom de l'islam",
10:59 je sais, quant à moi, quelle est la vraie motivation de l'assassin, et ce n'est pas l'islam.
11:04 Je note, soit dit en passant, je faisais référence à 2008,
11:06 où on avait proposé en Grande-Bretagne, à ce moment-là, de remplacer la référence aux djihadistes,
11:11 on disait "djihadistes, c'est marqué, on va les appeler des criminels plutôt".
11:14 Donc la volonté de neutraliser va loin.
11:17 Et là, des exemples comme ceux-là se sont multipliés avec le temps.
11:20 Et là, on a Gabriel Attal, bien évidemment, qui reprend.
11:24 Donc c'est pas très original ce qu'il nous dit, l'islamisme, c'est pas une religion, c'est rien de tout ça.
11:28 C'est toute autre chose, mais toute autre chose qu'on va...
11:31 En fait, on va multiplier les mots sans jamais le nommer, sans jamais le caractériser.
11:37 Et là, le problème, c'est que la culture populaire a fini par comprendre qu'on lui cachait un petit quelque chose.
11:42 Si l'islamisme n'a rien à voir avec l'islam, comment la culture populaire a réagi devant ça,
11:47 avec un mot très efficace, "padam al-gam".
11:49 "Padam al-gam", donc dès qu'il y avait un crime commis par l'islamisme, on disait "padam al-gam, padam al-gam, padam al-gam".
11:54 C'était une autre... En fait, c'est un terme qui est pré-Mathéo et Kevin.
11:58 C'est un terme qui est pré... On connaît ce vocabulaire aujourd'hui à la mode.
12:02 Donc c'était une manière de dire "on a compris, vous nous dites le contraire, on vous envoie le message qu'on a compris".
12:08 Mais que se passait-il au fil des ans, lorsqu'on était devant un attentat,
12:13 où la dimension religieuse était explicite, indéniable, on pouvait rien faire, elle était là,
12:18 c'était impossible de dire le contraire.
12:20 Dès lors, on sortait la machine à amalgame, mais sur un autre registre.
12:24 Orlando, 2016, aux États-Unis toujours, quand un type qui se réclame de l'État islamique
12:29 ouvre le feu dans une boîte de nuit, une boîte de nuit qu'on associe au milieu homosexuel.
12:33 Mais que dit-on? En fait, l'homophobie est au cœur de toutes les religions monothéistes.
12:39 Islam, christianisme, judaïsme.
12:41 Dès lors, à ce moment-là, pour ne pas incriminer l'islam ou l'islamisme,
12:45 on dit "dans les faits, c'est la faute des trois monothéismes qui ont le même rapport à la religion".
12:49 Et je me rappelle sur un plateau français à l'époque, quelqu'un avait dit,
12:52 "vous savez, entre ça et la manif pour tous, il y a une forme de continuité,
12:56 c'est simplement plus extrême à Orlando qu'à Versailles".
12:59 Donc là, c'est génial! Pour ne pas avoir à nommer l'islam ou l'islamisme,
13:02 on décide d'intégrer les catégories "la religion" en général, "les trois monothéismes",
13:06 et finalement, si quelqu'un décide de massacrer des gens à Orlando,
13:09 c'est la faute des dames qui portent des carrosses à bébés à Versailles
13:12 et qui manifestaient au moment de la manif pour tous.
13:17 Alors, on est dans cette espèce de moment un peu étrange,
13:20 et j'ajoute une chose qui n'est pas sans intérêt,
13:22 c'est que nos politiques, finalement, se présentent comme des théologiens.
13:26 Ce sont des théologiens. Ils savent, eux, ce qu'est le vrai islam, ce qu'est le pas vrai islam.
13:30 Ils savent à quel moment l'islam est en question, à quel moment l'islam ne se présente pas à nous.
13:34 Mais si on leur demandait, pas de petite question,
13:37 mais si vous parlez des tueurs en question, des assassins, des meurtriers,
13:40 qui disent "on agit au nom de l'islam", ils prétendent le faire.
13:43 Ils ne disent pas c'est tout l'islam, mais ils prétendent le faire.
13:45 Que faire de ces gens? Est-ce qu'on pourrait savoir comment fonctionner?
13:48 Donc, moi, j'ai une proposition, enfin, c'est que Gabriel Attal, dans les circonstances,
13:51 peut devenir soit professeur en déradicalisation ou imam,
13:54 pour nous expliquer ce que serait dans les circonstances le vrai islam,
13:57 pour avoir quelqu'un, enfin, pour distinguer le vrai et le faux islam,
14:01 et l'islamisme, et les suites.
14:03 N'arrive-t-il pas aussi aux politiques de se faire psychiatre, en plus d'être théologien?
14:08 Ah, mais non, pas de talent, ces gens!
14:10 Donc là, effectivement, il y a les théologiens, hein, vrai islam, faux islam.
14:13 Moi, moi, il y a... J'ai quand même bien aimé le mot naïveté, hein, quand même,
14:16 dans cette phrase pleine d'amalgame, peut-être que j'en serai rien.
14:19 Tu as raison, on se satisfait de peu.
14:21 On est tellement habitués à se faire raconter des bobards
14:24 que si quelqu'un nous dit "2+2=peut-être 4", on se dit "franchement, c'est un homme courageux".
14:29 Alors, dans les circonstances, oui, la référence à la psychiatrie,
14:33 donc le politique psychiatre, apparaît devant le djihad du quotidien.
14:37 Donc, vous savez, ces gens qui, portés par un appel soudain,
14:40 décident d'aller poignarder leur prochain en disant "ben oui, c'est...
14:43 on m'a demandé d'aller flinguer, décapiter, trucider, assassiner quelqu'un avec ce poignard, l'égorger, tout ça".
14:50 Alors là, immédiatement, l'argument du dossier psychiatrique apparaît.
14:53 Donc, qu'est-ce qu'on nous dit? Ce n'est pas, encore une fois, religieux.
14:56 Ça n'a rien à voir avec la religion, du tout, niet, pas en tout, comme on dirait au Québec.
14:59 Ce qu'on voit ici, c'est tout simplement un dérèglement psychique.
15:03 Et là, c'est l'appel au psychiatre, mais encore une fois,
15:05 le politique se fait psychiatre avant même que le psychiatre n'apparaisse.
15:08 Et de temps en temps, le psychiatre nous dit "finalement, ce n'est pas vraiment mon domaine de compétence".
15:12 Ce type savait ce qu'il faisait, ce qui est assez inquiétant.
15:15 Il arrive que le politique se fasse aussi sociologue.
15:17 Ça, c'est assez embêtant, tout en tant que c'est une profession pas si recommandable.
15:20 Or, que font les politiques sociologues?
15:23 Alors, ils disaient que ça arrive en disant "vous savez, devant tant de misère,
15:25 tant d'exclusion, tant de racisme, tant de discrimination,
15:28 de telles manifestations, de telles émeutes, de telles violences sont inévitables,
15:32 mais ça n'a rien à voir, encore une fois, avec la religion".
15:35 Merci, ils nous rassurent.
15:36 Théologiens, sociologues, psychiatres, ils sont tout, sauf politique.
15:40 À travers tout cela, Mathieu Bocoté, ne sommes-nous pas encore une fois devant un phénomène de déni de la réalité?
15:47 C'est le mot qui caractérise l'époque.
15:49 On comprend pourquoi. C'est la peur, en fait.
15:51 La peur nous dit, on est devant des gens qui se disent "on a accepté,
15:54 on a consenti à l'arrivée massive de millions de personnes qui se réclament de l'islam dans nos sociétés".
15:58 Peur de qui? Peur de quoi?
15:59 Je pense peur du soulèvement, peur du choc des civilisations.
16:02 Si le choc des civilisations est réel, s'il existe,
16:05 manifestement on a tout fait pour l'importer dans nos murs.
16:08 Les Russes l'avaient déjà vécu à cause de la géographie très particulière de leur civilisation depuis longtemps.
16:13 Nous, on a tout fait depuis 50 ans pour créer les conditions de ce choc en l'important chez nous.
16:17 Je pense que beaucoup de politiques se disent "on ne va pas accepter la possibilité même de cela,
16:22 donc on décide de détourner le regard".
16:25 Mais c'est à ce moment, la seule chose qu'on fait, on met en garde la population locale
16:29 contre sa propre intolérance devant l'islam,
16:32 qui est religion de paix en toutes circonstances
16:34 et qui n'a rien à voir avec ce qu'en disent ceux qui la pratiquent souvent.
16:38 C'est ça qui est original quand même.
16:39 Nous sommes devant des gens, ici en Occident, qui ne croient plus en Dieu
16:42 et on explique à des gens qui croient en leur Dieu,
16:44 de quelle manière ils devraient y croire et à quel moment c'est vraiment leur Dieu
16:47 et à quel moment ils se trompent.
16:49 C'est assez original quand même.
16:50 Nous sommes tous théologiens aujourd'hui.
16:52 Mais on pourrait simplement poser une question.
16:55 J'aimerais savoir, qu'est-ce qu'est le vrai et le faux islam?
16:57 Par exemple, lorsque dans certaines personnes disent au nom de l'islam,
17:00 je refuse de serrer la main d'une femme.
17:02 Est-ce que c'est de l'islam ou de l'islamisme, de l'idéologie de la religion?
17:06 Lorsqu'on se retrouve devant quelqu'un qui refuse les piscines mixtes,
17:09 islam, islamisme, autre chose.
17:12 Si on se retrouve devant un attentat au nom de l'islam,
17:15 islam, islamisme, autre chose.
17:18 Est-ce que l'islam politique a quelque chose à voir avec l'islam?
17:21 Est-ce que l'islam radical a quelque chose à voir avec l'islam?
17:24 Et finalement, est-ce que l'islam a quelque chose à voir avec l'islam?
17:26 Je serais curieux finalement devant tout cela.
17:28 Merci infiniment Mathieu pour votre analyse.
17:35 Brillante analyse.
17:37 On va passer à la dette.
17:39 J'adore quand vous parlez de la dette.
17:42 Comment c'est pas inculqué Olivier Marleix, mais...
17:45 Je sais pas, il avait un petit quelque chose de plus cet Olivier Marleix aujourd'hui.
17:49 Je l'écoute.
17:51 Tous les pays de l'Union Européenne ont connu le Covid.
17:54 La Grèce, le Portugal sont en dessous des 3%.
17:56 L'Espagne y arrive, l'Italie en 2025.
17:59 Vous êtes les cancres de l'Union Européenne,
18:02 les seuls à connaître cette déroute financière.
18:04 Je crois pas que ces pays n'aient hérité d'une situation comparable à la nôtre
18:08 quand le président de la République a pris ses fonctions.
18:10 Ce sont des faits.
18:12 Ce sont des faits.
18:13 Reprenez le niveau de déficit, premièrement.
18:16 Et deuxièmement, je ne crois pas qu'au sein de tous ces pays,
18:21 il y ait eu 2 millions d'emplois créés en net ces 5 dernières années
18:25 et un taux de croissance qui se maintient à un niveau beaucoup plus élevé
18:28 que les autres voisins, sachant aussi reconnaître les bonnes nouvelles
18:31 et ce qui fonctionne dans notre pays.
18:33 Encore une fois, c'est pour les salariés, pour les entreprises.
18:36 Aïe, aïe, aïe, aïe, on ne comprend plus rien à Dimitri.
18:39 C'est pas clair pourtant.
18:41 Non mais il y a eu le maquillage des comptes, à dire Olivier Marleix.
18:44 Il a eu du maquillage des comptes.
18:47 C'est une grande gravité.
18:49 On a menti aux Français.
18:50 Bon, en tout cas, depuis ce matin...
18:51 On va rappeler 600 milliards d'euros de dettes sous Nicolas Sarkozy en 5 ans.
18:54 Alors attendez, attendez, attendez.
18:55 Emmanuel Macron, 1 900 milliards.
18:56 Vous permettez que je vous lance pas ma note ?
18:58 J'ai entendu beaucoup d'âneries en fait, toute la journée.
19:01 Alors vous allez nous dire tout ça.
19:02 Ça m'intéresse.
19:03 Non, non, non, je ne m'étonnerai pas.
19:04 Les âneries.
19:05 Il est dans les starting blocks.
19:08 On va lâcher le cheval.
19:09 Dimitri, donc depuis ce matin,
19:11 en plus on adore votre sens de la pédagogie,
19:15 on a en main les chiffres de l'INSEE du déficit et de la dette 2023.
19:19 Ils ne sont pas bons.
19:20 5,5% de déficit l'an dernier, plus que prévu.
19:24 Les finances publiques françaises se dégradent.
19:26 Et vous nous dites Dimitri,
19:27 donc ça affaiblit la position de la France en Europe.
19:30 On veut tout comprendre.
19:31 Alors déjà, juste pour rebondir sur ce qu'a dit Gabriel Attal en réponse à Olivier Marleix,
19:35 parce que c'est révélateur de l'état d'esprit, si vous voulez, de la Macronie sur ce sujet.
19:40 En gros, il nous dit,
19:41 qui c'est qui a créé 2 millions d'emplois ici, dans la salle ?
19:44 C'est moi.
19:45 Et vous voyez, en fait, le logiciel macronien, c'est de dire,
19:48 créons de l'activité, créons des emplois.
19:51 Vu qu'on est incapable de baisser les impôts,
19:54 vu qu'on est incapable de réduire la dépense publique,
19:56 créons de l'activité.
19:58 Ça fait rentrer de l'impôt.
19:59 Et comme ça, quelque part, ça rend tolérable la dette et le déficit.
20:03 C'est cette logique-là.
20:04 On ne sait pas faire de l'austérité.
20:06 On ne sait pas faire de la régulière en France.
20:07 On n'est pas des Allemands.
20:08 Et qu'est-ce qu'on fait ?
20:10 On va faire de l'activité, on va faire de la croissance.
20:12 Et ça compensera finalement nos carences sur le plan de la gestion budgétaire.
20:19 Le problème étant que cette année, malheureusement, ça ne fonctionne pas.
20:22 Regardons un peu la note de l'INSEE pour commencer,
20:24 pour savoir de quoi on parle.
20:26 D'abord, cette note, c'est la première évaluation des comptes nationaux de l'année écoulée.
20:30 C'est le document qu'on va transmettre à la Commission européenne
20:33 pour lui notifier notre situation comptable.
20:35 C'est notre bilan comptable de l'année.
20:37 Dans les prochaines semaines, Bercy va doubler ce document
20:41 d'un autre qui s'appelle le programme de stabilité actualisé,
20:44 le P-STAB, comme on dit dans le jargon de Bercy.
20:47 C'est-à-dire le programme de stabilité,
20:49 maintenant, quand on fait des plans budgétaires sur cinq ans,
20:53 une logique un peu gosse-plan, plan quinquennal,
20:55 2023-2027, et on réajuste chaque année.
20:58 On va pouvoir dire à Bruxelles,
21:00 on s'est un peu trompé sur nos prévisions de croissance,
21:03 sur nos prévisions de déficit et de dette.
21:05 On réajuste, mais l'objectif est inchangé.
21:07 Bruno Le Maire l'a encore répété ce matin avec un grand aplomb.
21:10 Il nous a dit, c'est toujours de ramener le déficit public français
21:14 en 2025, en 2027, sous la barre des 3 %.
21:18 On va reparler de ces fameux 3 %.
21:20 Alors, on va regarder les chiffres.
21:21 Le déficit, vous l'avez dit, 5,5 %.
21:24 Rappelez-vous, la semaine dernière, on nous avait préparé à 5,6.
21:27 Donc, sous-entendu, c'est un peu moins grave.
21:30 On a donc un écart par rapport à la prévision initiale de 4,9,
21:34 un écart de 0,6 point.
21:36 Alors, je vous rappelle, à force, ça va finir par rentrer.
21:38 Un point de PIB, c'est 30 milliards.
21:40 Donc, 0,1 point, c'est ?
21:42 - 3 milliards. - 3 milliards.
21:44 Donc, 0,6 point, ça veut dire, on s'est quand même planté
21:46 18 milliards d'euros dans le déficit.
21:47 Ce n'est pas anecdotique, 18 milliards.
21:49 Alors, si on traduit ça en bon euros,
21:52 5,5 % de déficit, ça fait 154 milliards
21:58 que l'État a dépensé en plus que ce qu'il a levé comme impôts.
22:01 - 154 milliards. - 154 milliards, voilà.
22:03 C'est l'équivalent, c'est pratiquement une année de recette de TVA.
22:06 C'est un an et demi de recette de l'impôt sur le revenu.
22:09 Vous voyez, donc, on n'est pas dans l'épaisseur du trait.
22:12 On est dans le costaud, là.
22:14 Alors, il n'y a pas de mystère à ce déficit.
22:17 C'est que, je vous l'ai dit, on dépense trop.
22:19 Et le signe de cela, c'est quoi ?
22:21 C'est que la croissance, l'an dernier, n'a été que de 1 %,
22:25 alors que la dépense publique, elle, pendant ce temps-là,
22:28 elle a progressé de 3,7 %.
22:30 Et encore, l'INSEE nous dit, bonne nouvelle,
22:33 ça ralentit par rapport aux années précédentes,
22:35 cette croissance, année après année, de la dépense publique.
22:38 Alors, voyons maintenant le chiffre de la dette.
22:41 Donc, la dette, on rappelle, c'est le stock cumulé
22:43 de tous ces déficits qu'on a depuis 50 ans.
22:46 Cette année, c'est un bel anniversaire.
22:48 C'est le 50e anniversaire des budgets déficitaires.
22:51 Depuis 50 ans, chaque année, l'État, comme ça,
22:54 sédimente du stock de plus en plus de dettes.
22:57 Et donc, on est à 3 101 200 000 000 d'euros
23:01 de stock de dettes, c'est-à-dire 110,6 % du PIB,
23:05 c'est-à-dire la richesse annuellement créée.
23:07 Il faut un an et un mois et demi, aujourd'hui.
23:11 Il faudrait qu'on dépense toute la richesse qu'on crée
23:14 en un an et un mois et demi.
23:15 Voilà ce qu'il faudrait consacrer pour rembourser
23:17 l'intégralité de notre dette.
23:19 Bon, évidemment, ça ne marche pas comme ça.
23:20 - C'est catastrophique.
23:21 Alors, dans un instant, on va marquer une pause
23:23 et on va voir comment, et je ne comprends pas,
23:25 pourquoi est-ce que les Espagnols y arrivent,
23:27 pourquoi les Allemands y arrivent,
23:28 pourquoi les Portugais y arrivent,
23:29 et puis nous, on fait coco-rico,
23:31 mais voilà, on n'arrive pas du tout à s'organiser
23:34 au niveau du déficit.
23:35 On en parle, on marque une pause.
23:36 À tout de suite.
23:37 - Retour sur le plateau de Face à l'Info.
23:43 Dans un instant, avec Marc Menand,
23:44 on ira au Sénégal avec le nouveau président sénégalais,
23:48 avec Charlotte Dornelasson.
23:50 On ira à Orléans.
23:51 Orléans, qui n'a pas vocation à accueillir
23:54 la colline du krach de Paris,
23:56 nous dit le maire, et on terminera avec vous
23:58 pour compléter la chronique de Dimitri
24:02 sur la dette, parce que selon vous,
24:05 depuis Rome, un pays qui ne sait pas gérer ses finances
24:09 et un pays en décadence,
24:10 c'est ce que vous allez nous dire.
24:11 Revenons avec vous, Dimitri.
24:12 Très intéressant.
24:13 Comment ?
24:14 - Deuxième route.
24:15 - Deuxième route.
24:16 Dimitri, quelles vont être les conséquences
24:18 de ces mauvais comptes ?
24:20 Où est-ce qu'ils nous situent au niveau européen ?
24:23 - En termes de dette, avec nos 3 101 milliards,
24:26 on est 25e sur 27.
24:28 En termes de ratio dette sur PIB,
24:30 pas en volume, le ratio dette sur PIB,
24:33 je le rappelle toujours,
24:34 c'est ce que représente la dette
24:35 par rapport à la richesse nationale que nous créons.
24:37 Nous, on est à 110,8 %.
24:39 Les Grecs sont derrière nous,
24:40 eux, ils sont à 160 % encore,
24:42 mais ils perdent 10 points de dette quasiment tous les ans.
24:44 Ça va vite.
24:45 - Oui, ça améliore.
24:46 - Ils se désendettent rapidement.
24:47 L'Italie est à 145 % de ratio de dette sur PIB.
24:50 En termes de déficit,
24:52 alors là, on n'est plus 25e sur 27,
24:54 on est 26e sur 27, on est avant dernier.
24:56 Il n'y a que les Italiens qui font pire que nous.
24:58 Eux, ils sont à 7 % de déficit.
25:00 Alors, les Espagnols, vous les avez cités,
25:02 ils sont revenus à 3,7 %,
25:04 donc c'est pas mal.
25:05 Les Pays-Bas, ils sont à 0,3 %,
25:08 ils sont presque à l'équilibre.
25:10 Il y a plus de 10 points de...
25:13 La dépense publique par rapport à la richesse nationale,
25:15 nous, on est à 56 %.
25:17 Les Néerlandais sont 10 points en dessous,
25:18 ils sont à 46 %, c'est gigantesque.
25:20 Et le Portugal, vous l'avez cité,
25:22 alors, rappelons-le, il était quand même sous la tutelle du FMI en 2011,
25:25 ils sont en excédent budgétaire,
25:27 1,2 % de leur PIB, c'est quand même incroyable.
25:29 - Excédent budgétaire, ça existe ?
25:31 - Et ils avaient dit qu'on ferait 0,6 % d'excédent,
25:33 ils ont fait 1,2, donc c'est quand même colossal.
25:36 Et on a tous pris le même choc Covid,
25:38 parce qu'on peut mettre ça sur la dette du...
25:41 Oui, il y a eu le quoi qu'il en coûte, etc.,
25:43 les prêts garantis par l'État, etc.
25:45 Mais tout le monde a fait pareil, en réalité.
25:47 Sauf qu'on voit que les écarts sont en train de se creuser.
25:49 Les Allemands, alors eux,
25:51 ils ont ramené déjà leur déficit à 2 %,
25:53 et d'ici deux ans, leur dette,
25:56 ils vont la ramener sous la barre des 60 % de leur PIB.
25:59 Il y aura 50 points de différence entre eux et nous,
26:02 sous deux ans, compte tenu des trajectoires actuelles.
26:05 Alors, il faut dire concernant les Allemands
26:08 que cet effort de rigueur, ça leur a sans doute coûté la croissance.
26:11 Ils ont fini l'année en récession.
26:13 Et d'ailleurs, c'est le grand reproche qui est adressé par les Européens aux Allemands,
26:16 c'est de dire, vous, les grands brûlés de l'inflation,
26:18 des années 20, il serait temps quand même de sortir de tout ça.
26:21 Vous êtes des pingres en matière de dépenses publiques.
26:23 Les autoroutes sont dans un état lamentable, les infrastructures...
26:26 Vous avez vu l'histoire du pont à Baltimore qui s'effondre.
26:28 Bon, là, c'est un bateau qui rentre dans la pile,
26:30 mais en Allemagne, ils ont des problèmes de pont qui s'effondrent
26:32 parce que tellement c'est mal entretenu. Les routes aussi.
26:34 Voilà. Alors, donc, le reproche européen qui est fait aux Allemands,
26:37 c'est de dire, investissez, dépensez,
26:40 faites de la commande publique pour stimuler votre croissance.
26:43 Et c'est parce que ce que vous faites, c'est toujours l'arbitrage.
26:45 Est-ce que la dépense publique en soi, c'est mauvais ?
26:47 Pas forcément. Dans la logique française, la dépense publique,
26:50 ça fait de l'activité, ça fait de l'emploi, ça fait des rentrées fiscales.
26:54 Mais vu les chiffres que je vous ai présentés,
26:57 5,5% de déficit, 1% de croissance,
27:00 on va aller faire la leçon aux Allemands,
27:01 vous leur expliquer que la dépense publique, c'est génial,
27:03 que ça fait de la croissance. Ils vont nous rire au nez.
27:06 Et c'est ce qu'ils font, ils nous rient au nez.
27:07 Et donc, vous voyez, les conséquences de notre inconséquence budgétaire,
27:10 elle est là. C'est-à-dire que la parole française
27:13 est complètement décrédibilisée.
27:15 On ne peut pas faire la leçon, on ne peut pas expliquer aux autres
27:17 comment il faut gérer son économie,
27:18 le rôle d'un État dans une économie libérale.
27:22 On est très mal placé pour expliquer ça.
27:24 Donc voilà la conséquence.
27:26 Et l'autre conséquence, au niveau de l'Union européenne,
27:29 c'est qu'on va tout droit vers une nouvelle procédure pour déficit excessif.
27:33 Vous savez, cette procédure, cette sorte de perfouetard allemand,
27:36 le perfouetard européen dont l'ADN est allemand,
27:39 va nous tomber dessus dans les jours, les semaines qui viennent.
27:41 - Alors, est-ce que l'Union européenne va nous mettre à l'amende, concrètement ?
27:44 - Oui, parce que, normalement, l'aboutissement d'une procédure
27:47 pour déficit excessif, c'est ça, c'est une amende.
27:49 En réalité, on n'en a jamais eu.
27:50 Nous, les Français, on a été en procédure pour déficit excessif
27:53 de 2009 jusqu'à 2018, de manière continue.
27:57 Ça n'a eu aucune conséquence pratique.
27:59 On n'a jamais payé à l'Union européenne
28:01 pour le fait qu'on avait du mal à rester sous les clous
28:04 de ce fameux seuil des 3 %.
28:07 D'autant que là, on vient de réactiver le fameux pacte de stabilité
28:11 qui avait été suspendu pendant le Covid,
28:13 avec de nouvelles règles qui intègrent le fait que,
28:16 c'est aussi une des leçons de la guerre,
28:18 c'est une leçon du Covid, du vieillissement de la population,
28:21 c'est que l'idée de la rigueur pour la rigueur,
28:23 avoir un budget en équilibre, c'est bien,
28:25 oui, sauf qu'il faut quand même dépenser massivement
28:27 pour la défense, pour le vieillissement,
28:29 l'adaptation de la société au vieillissement,
28:31 pour la transition énergétique, pour l'intelligence artificielle,
28:33 tout ça coûte des milliards et des milliards.
28:35 On a intégré dans le logiciel européen
28:37 qu'il fallait faire crédit aux États
28:41 qui avaient des dépenses qui étaient nécessaires,
28:44 les fameuses dépenses d'investissement.
28:46 Ce n'est pas toujours évident de faire le distinguo
28:48 entre les dépenses de fonctionnement et les dépenses d'investissement.
28:50 Le salaire des profs, c'est de la dépense de fonctionnement
28:52 ou c'est de la dépense d'investissement ?
28:54 Ce n'est pas toujours évident de catégoriser comme ça.
28:57 Mais bon, je crois qu'il faut surtout craindre
28:59 la sanction des marchés, parce que vous savez,
29:01 on vit un peu sur cette petite chanson de
29:03 "Il n'y aura aucun impact".
29:05 Moi-même, je vous l'ai dit la semaine dernière, c'est vrai.
29:07 L'histoire prouve que quand on perd le AAA il y a 10 ans,
29:10 un an plus tard, on a une moins bonne note
29:13 en 2013 qu'en 2012,
29:15 la France s'endette à moins cher un an plus tard.
29:18 Donc il y a cette possibilité que ça n'ait pas vraiment de conséquences.
29:23 Je crois quand même qu'il faut rester humble.
29:25 Rappelez-vous l'exemple de Listreuse,
29:27 la première ministre britannique, qui, il y a 18 mois,
29:29 annonce un plan de baisse massive d'impôts
29:31 qui est jugé non financé par les marchés.
29:34 Et alors là, attaque sur la livre britannique,
29:36 envolée du taux d'endettement des britanniques, etc.
29:39 Elle a dû démissionner.
29:41 Alors, vous parliez d'amende.
29:42 Oui, je pense qu'il y en aura une d'amende,
29:43 mais elle ne sera pas pour l'État,
29:44 elle sera pour les Français.
29:45 Demain soir, Gabriel Attal est à la télévision.
29:48 Il va nous annoncer une nouvelle architecture
29:49 de l'assurance chômage.
29:51 Ça va se traduire par, sans doute,
29:52 une baisse de l'indemnisation,
29:54 ou de la durée d'indemnisation.
29:55 Ce dimanche va entrer en vigueur
29:58 le doublement de la franchise sur les médicaments,
29:59 c'est-à-dire que vous ne payerez plus 50 centimes
30:01 de votre poche sur chaque boîte de médicaments,
30:02 mais 1 euro.
30:04 Le remboursement des frais de taxi,
30:06 si vous allez à un rendez-vous médical
30:07 ou que vous revenez.
30:08 Ça, c'est très important pour les taxis
30:09 et pour les personnes âgées.
30:10 Ce sont des rentes de situation,
30:11 notamment pour les taxis.
30:13 Mais c'est la paix sociale.
30:14 Vous voyez, dès qu'on veut y toucher,
30:15 ils sont capables de bloquer des villes entières.
30:19 On va toucher à ça.
30:20 Et alors, le grand terme, je vous l'annonce,
30:21 à partir de demain,
30:23 on va parler d'année blanche.
30:25 L'année blanche, ça va être quoi ?
30:26 On va geler le barème dans l'impôt sur le revenu.
30:28 En tout cas, c'est le projet.
30:29 Rentrée fiscale espérée pour le gouvernement.
30:33 Parce que si vous bloquez le barème,
30:34 que vous ne bougez pas les barèmes,
30:35 mais que votre revenu augmente,
30:36 vous changez de catégorie.
30:38 Donc, vous paierez plus d'impôts sur le revenu.
30:39 Donc, l'augmentation, ce ne sera pas forcément
30:41 une très bonne nouvelle pour votre impôt.
30:42 Et puis, j'ai aussi du point d'indice,
30:44 probablement pour les fonctionnaires
30:46 et pour les retraites.
30:47 Ça, c'est une économie espérée
30:49 pour les finances publiques de 15 milliards.
30:50 15 milliards plus 4 milliards, 5,
30:52 ça fait les 20 milliards
30:53 que Bruno Le Maire cherche pour l'année prochaine.
30:55 C'est quand même formidable.
30:56 On va suivre ça de près.
30:58 L'année blanche.
30:59 Mon cher Dimitri, l'année blanche.
31:00 On va suivre ça.
31:01 Il n'y a pas d'année noire ?
31:02 Non, toutes les autres années sont noires.
31:04 Non, mais...
31:05 C'est en foie rouge, là.
31:06 Non, mais on a envie de se dire
31:08 que la France a envie de prendre un certain...
31:11 La France, entendons-nous bien,
31:12 a envie de prendre un certain leadership
31:14 au niveau européen.
31:15 Mais quand on a des pieds d'argile comme ça,
31:16 je ne sais pas comment on peut arriver
31:18 à prendre ce leadership à suivre.
31:20 Dans un instant, je vais vous montrer,
31:21 on fera un petit tour de table
31:22 sur ce qui se passe à Nice,
31:24 au quartier des Moulins,
31:25 où il y a de nouvelles violences
31:26 qui ont lieu cet après-midi
31:27 avec des individus encagoulés
31:29 qui se sont regroupés,
31:31 qui se battaient entre eux.
31:33 Des policiers sont intervenus,
31:34 policiers blessés.
31:35 On va essayer de comprendre quand même.
31:36 Nice, c'était quand même une ville tranquille,
31:39 calme, sereine, sécurité.
31:42 Ce n'est plus le cas,
31:43 on en parle dans un instant.
31:44 Marc Menand, on va parler un peu,
31:47 on va franchir un petit peu,
31:48 quitter un peu la France,
31:50 parler au Sénégal,
31:51 quoique, on a vu des longues files d'attente en France,
31:54 des Sénégalais qui vivent en France,
31:56 qui ont voté pour le président de la République au Sénégal.
31:59 C'est Bassirou Ndioumaïfaye
32:01 qui remplace Macky Sall.
32:03 On se rappelle toutes les difficultés
32:05 qu'il y a eu pour qu'il puisse quitter le pouvoir,
32:07 Macky Sall.
32:08 Et c'est la première fois en 12 ans
32:10 qu'un candidat de l'opposition
32:12 l'emporte dès le premier tour.
32:15 Il y avait une soif d'autre chose.
32:17 Le nouveau président vise, dit-il,
32:19 la réconciliation nationale
32:21 dans un pays déchiré ces derniers mois
32:23 au niveau sociétal, économique, politique.
32:26 J'ai des amis sénégalais qui me racontaient
32:28 comment ils se tuaient les uns les autres.
32:30 Enfin, c'était vraiment l'anarchie sur place
32:33 ces derniers temps.
32:34 Jean-Luc Mélenchon, de ce côté,
32:36 a tenu à applaudir en citant
32:38 "pourvu que les Français sachent faire aussi bien
32:40 que les Sénégalais le moment venu".
32:43 Et je disais en titre,
32:44 rappelons quand même que le Sénégal,
32:46 même si c'est un pays ami de la France,
32:47 ce ne sont pas tout à fait la même notion des choses.
32:51 Un pays plutôt anti-LGBT,
32:53 un pays plutôt anti-avortement.
32:55 Quel est votre regard sur tout ça ?
32:57 Déjà, le regard, on est très proche du Sénégal.
33:00 C'est certainement l'un des pays africains
33:02 avec lequel on a le plus de fraternité.
33:05 L'histoire commence en 1534, c'est François 1er.
33:08 On a les Diepoys sur leur petite barquasse
33:11 qui partent de leur port.
33:13 Ils vont descendre et découvrir le Sénégal
33:16 où déjà se sont installés avant eux
33:18 les Portugais et les Hollandais.
33:20 On va suivre une petite niche là.
33:22 Et on s'enracinera.
33:24 Et on ne peut pas penser au Sénégal
33:27 sans avoir à l'esprit Dakar-Saint-Louis.
33:31 Dakar-Saint-Louis, c'est la grande aventure
33:33 de l'aéropostale.
33:35 C'est la conquête des airs.
33:37 Mermoz, Saint-Exupéry,
33:39 ce sont des exploits invraisemblables.
33:41 C'est de là que tout part.
33:44 Et l'indépendance, elle intervient en 1960
33:49 avec comme premier président un homme formidable.
33:52 J'ai eu la chance de le rencontrer,
33:54 Léopold Sédar-Sangor.
33:56 Une prestance invraisemblable.
33:59 Un homme qui avait le goût de la culture,
34:02 le sens de la langue.
34:04 Il sera d'ailleurs académicien.
34:07 Et ce sens de la langue française,
34:09 il est inscrit dans la Constitution au Sénégal
34:13 car là-bas, la langue officielle, c'est le français.
34:17 Alors on pourrait dire que Cocorico, c'est formidable.
34:19 Mais l'élite se régale avec le français.
34:24 L'élite sent que grâce au français,
34:27 elle peut conquérir.
34:28 On a de très grands écrivains,
34:30 dont Léopold Sangor d'ailleurs.
34:32 Mais en revanche, il n'y a que 30% de la population
34:36 qui parle le français.
34:38 C'est l'élite.
34:39 Et à l'école, on apprend le français.
34:42 Dans les universités, il y a le français.
34:45 En revanche, la langue qui est sème partout,
34:49 c'est le Wolof.
34:50 - Langue à def', magniférique.
34:52 - Ah ben voilà !
34:53 - Comment ça va ? Ça va bien.
34:54 Ne vous regardez pas comme ça !
34:56 - Mais alors, je pense que c'est la même chose.
35:01 - Si vous allez en vacances au Sénégal,
35:02 vous vous apprenez quand même comment ça va.
35:03 Ça va bien.
35:04 - Oui, oui, oui.
35:05 Je pense que c'est comme le créole.
35:07 Ce sont des langues parlées.
35:10 Mais on n'écrit pas le Wolof.
35:12 Ce qui fait que tous les textes sont édités en français.
35:16 Et il y a 30 langues officielles dans ce pays.
35:20 Voilà pour ce qui les caractérise culturellement.
35:24 Et quand vous avez les écrivains sénégalais,
35:27 ils vous disent, eh bien, c'est une chance.
35:30 Et il faut nous défendre.
35:32 Pourquoi nous défendre ?
35:33 Eh bien parce que les États-Unis guignent sur le Sénégal
35:39 et les Chinois également.
35:41 Et il y a 4-5 ans, les Américains, pour dire,
35:45 eh bien voilà, on va vous aider à conquérir
35:48 votre pays linguistiquement,
35:51 le Wolof et d'autres langues,
35:53 il faut qu'elles puissent s'aimer.
35:56 Ils ont fait éditer, pour distribuer dans les écoles,
35:59 nombre de recueils dans toutes les langues,
36:01 sauf en français.
36:04 Parce que c'est un territoire que l'on vise.
36:08 Il y a des richesses à venir.
36:10 Et d'ailleurs, dans les programmes présidentiels,
36:14 on pense que dans un an, on exploitera le gaz, le pétrole.
36:19 Alors quand Mélenchon dit "bravo", ce qui est extraordinaire,
36:22 il peut dire "bravo",
36:24 mais ce "bravo" ne correspond pas tout à fait à la réalité.
36:28 Vous l'avez dit, le Sénégal, c'est un pays à 94% musulmans,
36:35 avec des groupes qui sont extrêmement influents.
36:40 Vous avez des sortes de ligues arabes
36:43 qui demandent même à ce que la peine de mort
36:46 soit appliquée pour les homosexuels.
36:49 Vous avez ici et là de temps en temps,
36:51 l'enterrement d'un type dont on dit "attention, c'était un homo",
36:56 et à ce moment-là, on interdit qu'il puisse être enterré au cimetière.
37:02 C'est un personnage infréquentable.
37:05 L'avortement, pas question d'avortement,
37:08 quels que soient les cas les plus critiques,
37:10 même s'il y a une malformation, s'il y a un viol, etc.
37:13 Pas du tout.
37:15 Là encore, c'est la prison qui vous guette.
37:18 Alors quand on se veut le chantre en France de la théorie du genre,
37:25 quand on veut en France le chantre également de l'avortement,
37:30 on a du mal à comprendre qu'il y ait cet enthousiasme,
37:33 parce que la mentalité sénégalaise,
37:35 elle ne va pas changer du jour au lendemain,
37:38 même si M. Bassirou Dioumaïfaye vient d'être élu.
37:43 Notons au passage d'ailleurs qu'il est bigame.
37:46 Et sa première épouse, elle est chrétienne.
37:50 Elle est chrétienne, on pourrait dire, c'est bien.
37:53 Sauf que, elle porte le voile.
37:55 Je ne sais pas si sous son influence,
37:57 mais apparemment théoriquement, un chrétien ne porte pas,
37:59 enfin une chrétienne ne porte pas le voile.
38:01 Elle porte le voile.
38:02 Et puis il y a une deuxième épouse qui, elle, est musulmane.
38:06 Alors cet homme, il a 43 ans, il est dynamique.
38:10 Il représente l'espoir.
38:11 Pourquoi ? Parce que c'est un pays extrêmement jeune.
38:14 Un pays qui a connu le chaos, comme vous nous le disiez tout à l'heure.
38:18 Un pays qui, dans la déchirure...
38:21 - Mais personne ne s'y attendait, ces derniers mois.
38:23 Personne ne s'y attendait à ce que ce pays tombe à ce point-là.
38:25 - Oui, mais alors, bon, là, il faut...
38:28 - Non, non, pardon.
38:29 - Non, non, mais sans bien connaître la politique sur le terrain depuis quelques années,
38:35 l'ex-président Macky Sall.
38:38 Macky Sall a enfermé des journalistes.
38:42 Il a fait interner, on peut le dire comme ça, Horace Mansonco,
38:47 qui était le principal opposant,
38:49 qui s'est décisté au dernier moment
38:51 et que l'on a accusé de viol et qui a été en prison à cause de cela.
38:55 Il a fait en sorte que les élections doivent être reportées.
39:00 Ce n'est qu'au dernier moment, devant la pression de la foule,
39:04 qu'on a fini par dire, bon, on tient l'élection, là, au mois de mars,
39:09 un mois plus tard, et il n'y a eu que 15 jours de campagne.
39:12 Le dernier point, pour revenir à la langue,
39:15 c'est-à-dire que quand le nouveau président dit
39:19 "Nous serons un État souverain indépendant",
39:22 il tient quand même à cette base culturelle.
39:24 Or, elle effie la base culturelle.
39:27 Les seuls qui n'aient pas, avec le PS et les Verts,
39:31 qui n'aient pas voté contre la restriction de la langue inclusive,
39:36 il y a deux mois, ce sont eux.
39:38 Vous voyez, ils ont quand même raison, sans doute, de se réjouir,
39:42 mais je ne vois pas où il y a véritablement des analogies
39:46 entre leurs intentions et celles prêtées à Bassirou Dioumaïfeï.
39:51 - On suivra l'évolution des relations entre la France et le Sénégal,
39:55 avec ce nouveau président, plutôt anticonformiste,
39:59 et selon même les pays africains,
40:01 qui disent qu'ils pourraient rendre les relations entre la France et le Sénégal
40:05 plus compliquées qu'elles ne le sont déjà.
40:08 - Bien qu'ils disent qu'ils veulent qu'il y ait une pacification.
40:12 - Oui, alors, quand même, Léopold Senghor, si on peut montrer sa photo.
40:15 - Ah oui !
40:16 - Et le ancien président du Sénégal, Abdou Diouf,
40:21 qui a été un très grand président du Sénégal.
40:24 - Secrétaire général.
40:26 - De la francophonie.
40:27 Et Abdoulaïe Ouad, qui a précédé Macky Sall,
40:31 et maintenant Bassirou Dioumaïfeï.
40:34 Ici, on voit Abdoulaïe Ouad.
40:35 Merci infiniment pour cette petite parenthèse.
40:39 J'aimerais vous montrer, avant de passer avec vous, Charlotte,
40:43 sur les SDF ou les migrants, on ne sait pas ce qu'on dit,
40:47 mais en tout cas, on va en parler,
40:48 parce qu'il y a une petite bisbille à l'Assemblée nationale là-dessus,
40:51 sur ces migrants qui arrivent à Orléans sans que le maire ne soit au courant.
40:55 On en parle dans un instant.
40:56 D'abord, quelques images de ce qui s'est passé à Nice.
40:58 Parce que cet après-midi, au Moulin, je vous le disais,
41:02 à Nice, de nouvelles violences ont eu lieu.
41:04 Des individus cagoulés se sont regroupés.
41:07 Un individu a été frappé et blessé au conditionnel.
41:12 Les policiers sont intervenus et ont été la cible de projectiles.
41:15 Aucun blessé, a priori, dans leur rang.
41:17 D'autres informations disent qu'il y aurait eu quand même un blessé.
41:20 Et voilà.
41:23 Donc, les échauffourées, on va dire, ont commencé hier
41:27 et ont repris cet après-midi à Nice.
41:30 Je voudrais vous faire écouter aussi,
41:32 dans le prolongement de ce qui se passe à Nice,
41:35 notre Bruno Le Maire,
41:37 qui était en commission d'enquête aujourd'hui au Sénat
41:42 et qui expliquait le lien entre narcotrafique et terrorisme.
41:46 C'était quand même assez surprenant de l'entendre parler ainsi.
41:51 Je voudrais profiter de cette audition
41:54 pour que chacun prenne conscience de la gravité de la menace
41:57 que fait peser le trafic de stupéfiants
42:00 sur la stabilité de la société française.
42:03 Non seulement les deux phénomènes de narcotrafique et de terrorisme
42:07 sont comparables dans leur intensité
42:09 et la menace qu'ils font peser sur la France,
42:12 mais ils sont liés.
42:14 Je confirme les liens financiers qui existent
42:17 entre le terrorisme et les narcotrafiquants.
42:21 Où va-t-on ?
42:23 Une observation.
42:24 D'un côté, l'actualité d'une journée,
42:26 c'est la possibilité de la guerre nucléaire,
42:28 donc la guerre technologique la plus avancée, apocalyptique.
42:31 De l'autre côté, c'est la guerre à coup de couteau et de marteau
42:34 dans les villes, le retour à la guerre la plus régressive qui soit.
42:37 C'est le paradoxe où les cartels d'Emmande sont présents.
42:40 Je suis assez surpris de son lien,
42:43 l'irréactive "l'islamo-délinquance".
42:45 On nous avait dit que ça n'existe pas, que c'est un mythe, etc.
42:48 Le ministre confirme qu'il y a un lien
42:50 entre le terrorisme et le trafic de drogue.
42:52 J'ai hâte qu'il nous présente les éléments de ce qu'il dit,
42:56 parce que c'est quand même une révélation.
42:58 Oui, pourtant, il est dans l'application de la chronique de Mathieu.
43:03 On n'a pas entendu le mot "islamisme" ou "islam".
43:06 On a des terroristes. Des terroristes de quoi ?
43:09 On peut être terroriste de nombre de causes.
43:11 Et puis, d'un autre côté, on a la drogue.
43:14 Vous voyez, on est toujours dans ce déni total.
43:17 Moi, je me dis, quand j'entends ces auditions à répétition,
43:21 heureusement qu'on les a.
43:23 C'est-à-dire que je me dis, avant de faire des interviews,
43:25 on devrait leur faire prêter serment.
43:26 Peut-être que ça aiderait à avoir des interviews.
43:28 Non, mais franchement, on apprend un monde de choses dans ces auditions.
43:32 Peut-être que finalement, ça a un impact.
43:34 Le scrupule est finalement fort quand on prête serment.
43:36 Piste à explorer.
43:38 Vous êtes resplendissante, Charlotte, ce soir.
43:40 Hier, tout le monde a dit que vous n'aviez pas de boucle d'oreille.
43:42 Tout le monde a remarqué.
43:44 Il y avait une raison ?
43:45 Aucune raison.
43:47 En tout cas, comme vous en ayez ou pas,
43:51 c'est toujours l'illumination,
43:53 l'intelligence sur le plateau.
43:55 Intelligence intellectuelle, tout ce qu'on veut.
43:57 Écoutons, Charlotte, ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale,
43:59 cet après-midi, justement,
44:01 sur cet arrivé de migrants à Orléans.
44:03 On entend la réponse de Guillaume Gasparian,
44:06 ministre des Légaux et Logements,
44:08 qui répond que ce ne sont pas tous des étrangers ou des migrants.
44:10 Grâce à l'action de l'État, du ministère et des associations,
44:14 200 000 sans domicile fixe
44:17 trouvent refuge et trouvent un toit dans notre pays.
44:20 C'est 200 000 au niveau national,
44:22 c'est 100 000 en Ile-de-France.
44:24 Malheureusement, étant donné la saturation des places en Ile-de-France,
44:28 tout le monde ne trouve pas de solution en appelant le 115.
44:30 Et c'est pourquoi, sans aucun lien avec les Jeux olympiques,
44:33 dès mars 2023,
44:35 le gouvernement a mis en place une politique de desserrement.
44:38 Madame la députée, l'enjeu, c'est de faire en sorte
44:40 qu'un maximum de sans-abri trouve un toit pour s'abriter.
44:43 L'enjeu, ce n'est pas de trier les SDF
44:45 en fonction de leur couleur de peau ou de leur origine,
44:47 comme le Front national semble manifestement le préconiser.
44:51 Tout est parti du maire d'Orléans, Serge Roy,
44:54 qui a poussé un coup de gueule en découvrant
44:57 l'arrivée des migrants dans sa ville.
44:59 Comment cela s'est-il passé exactement, Charlotte Dornelas ?
45:02 Alors, c'est vrai que Serge Roy, qui est maire d'Orléans, en a parlé.
45:04 Il a fait une conférence de presse pour expliquer la situation.
45:07 Mais il s'ajoute à un nombre incalculable de maires,
45:10 d'ailleurs d'étiquettes assez différentes, on y reviendra,
45:13 qui se sont inquiétés de cette répartition
45:15 et surtout du fait qu'ils ne soient pas...
45:17 - Informés ! - ...prévenus, informés
45:19 de qui arrive dans leur ville, pour quelles raisons.
45:22 Et vous aviez raison tout à l'heure de dire
45:25 "mais finalement, SDF, migrants, on ne sait pas très bien",
45:27 parce que vous allez voir que le flou est entretenu sur la question,
45:30 à dessein, à mon avis.
45:32 Alors, Serge Roy, revenons à lui,
45:34 parce que c'est lui qui a fait cet appel-là.
45:36 Alors, j'ai appelé Serge Roy pour savoir exactement
45:39 comment il a abordé cette question-là,
45:43 quand il a commencé à voir les choses.
45:45 Alors, il dit "au début, j'ai entendu des bruits
45:47 qui circulaient dans la ville, ici et là".
45:49 Il rencontre des gens, maire d'Orléans,
45:52 et il entend des gens, des bruits, pardon,
45:55 de personnes qui arriveraient de "on ne sait pas trop où"
45:58 et qui arriveraient dans la ville, et qui seraient dans la ville,
46:00 et notamment des plaintes des SDF connus, me dit-il,
46:03 c'est-à-dire des sans-domicile fixe identifiés à Orléans,
46:06 notamment par le biais de l'hébergement d'urgence,
46:08 qui se plaignent de ne plus avoir de réponse
46:11 quand ils appellent le 115.
46:13 Donc, vous voyez, là, vous commence à arriver la question.
46:15 Il interroge à ce moment-là les services de l'État.
46:18 Il dit, c'est son témoignage,
46:20 il dit qu'il n'a pas de réponse claire,
46:22 qu'elles sont plutôt embarrassées et évasives
46:25 sur qui sont ces personnes, pourquoi ils arrivent,
46:28 dans quel cadre, etc.
46:29 Alors, dit-il, il utilise les moyens qu'un maire a à sa disposition
46:33 pour savoir ce qu'il se passe.
46:35 Donc, le tissu associatif, le tissu social,
46:38 les acteurs de terrain, et il voit la réalité
46:41 se dessiner sous ses yeux.
46:43 Je le cite, là, ouvrez les guillemets,
46:45 "il existe un système organisé par l'État,
46:47 toutes les trois semaines, un quart part de Paris,
46:49 emmène 30 à 50 SDF quelque part ailleurs,
46:52 ce sont essentiellement des migrants,
46:54 en situation irrégulière, pour la plupart d'entre eux."
46:57 Fermez les guillemets.
46:58 Alors, il explique que c'est une convention
47:00 que l'État passe avec certaines associations,
47:03 et donc l'association s'occupe de ces personnes,
47:06 et comme, et là, c'est pour répondre au ministre du Logement,
47:08 comme l'hébergement d'urgence dans l'agglomération orléanaise
47:11 est déjà saturé, il y a entre 800 et 1 000 places
47:14 selon la période de l'année, donc c'est pas rien, quand même,
47:16 comme il est saturé, l'État finance,
47:19 par le biais de ces associations, des nuités à l'hôtel directement,
47:22 donc ils sont dans les hôtels.
47:23 Voilà pourquoi le maire n'avait pas le nombre exact de personnes,
47:26 puisque ça ne se faisait pas par le biais de l'hébergement d'urgence.
47:30 Et, alors, c'est un système, nous dit-il, qui est provisoire,
47:33 en gros, pendant trois semaines, ils sont logés à ce moment-là,
47:37 et ensuite, ils partent, ou alors ils retournent à Paris,
47:40 ou alors ils se retrouvent dans la nature
47:42 et on perd la trace de ces personnes.
47:44 Alors, interrogé, je lui ai posé la question
47:47 du poids sécuritaire éventuel de ces arrivées-là,
47:51 pour savoir ce qui l'inquiétait, lui, comme maire,
47:53 et il me dit, là, il n'y a pas de chiffre directement
47:56 de ces personnes-là, ça fait des mois et des mois que ça dure,
47:59 il a commencé à entendre parler de ça il y a plus d'un an,
48:02 et il dit, en revanche, vous savez, le maire d'Orléans
48:04 avait énormément communiqué sur sa politique sécuritaire
48:06 il y a 20 ans, quand il était arrivé à Orléans,
48:08 il avait fait baisser la délinquance, il dit,
48:10 "J'ai baissé la délinquance depuis le début de 81 %,
48:13 "on est passé de presque 9 000 faits à 1 600 faits de délinquance,
48:17 "mais ces dernières années, depuis 3-4 ans notamment,
48:20 "la part d'étrangers, d'étrangers de nationalité étrangère
48:24 "à 100 % impliqués dans la délinquance a augmenté,
48:27 "c'est 31 % de la délinquance qui est étrangère cette année
48:30 "contre 26 % il y a 3-4 ans,
48:33 "donc il y a une implication, pas directement,
48:35 "des dernières personnes arrivées,
48:37 "mais évidemment une inquiétude pour le maire d'Orléans."
48:40 Voilà le récit que fait le maire d'Orléans,
48:42 qui s'ajoute, et j'insiste là-dessus,
48:44 à d'autres récits de maires qui, ces derniers mois,
48:46 se sont inquiétés de voir débarquer des gens dans leur ville,
48:49 parfois contre l'avis de la population dont ils ont la charge,
48:52 sans être informés de l'arrivée de ces personnes.
48:55 - Qui s'inquiétaient et qui s'opposaient même,
48:57 on a vu cette répartition,
48:59 notamment dénoncée en vue des Jeux Olympiques,
49:01 mais que répond le ministère de l'Intérieur ?
49:04 - Alors, le ministère de l'Intérieur,
49:06 aujourd'hui sur le cas Serge Groire, répond,
49:08 il s'est adressé au ministère de l'Intérieur,
49:10 mais ça n'est pas la bonne personne,
49:12 puisque là, en l'occurrence, c'est une répartition
49:14 des 100 domiciles fixes à qui on peut proposer
49:17 une place en hébergement d'urgence,
49:19 et donc le dossier revient au ministre du Logement.
49:21 Voilà pourquoi c'est le ministre du Logement
49:23 qui répond sur cette question cet après-midi,
49:26 et lui dit, comme la préfecture du Loiret,
49:29 ça n'a rien à voir avec les Jeux Olympiques,
49:31 c'était mis en place avant.
49:33 Bon, mars 2023, les Jeux Olympiques
49:35 sont à la tête de tout le monde, je referme la parenthèse.
49:37 - Il y a 10 ans, déjà. - Mais ce qui est sûr,
49:39 c'est que le plan, en l'occurrence,
49:41 a été pensé pour répartir cette question
49:43 de l'hébergement d'urgence.
49:45 Le ministre a raison de rappeler qu'il y a 200 000 places
49:47 d'hébergement d'urgence en France.
49:49 Ce gouvernement, enfin, sous Emmanuel Macron,
49:51 on a doublé ce nombre d'hébergements d'urgence.
49:54 La question s'était posée de les réduire,
49:56 parce que, notamment pendant le Covid,
49:58 on les a beaucoup augmentés,
50:00 et la question s'était posée de les réduire en 2023,
50:02 devant la levée de boucliers, notamment des associations,
50:04 le gouvernement avait décidé de poursuivre
50:06 en laissant un budget à 40 millions d'euros sur l'année
50:10 pour maintenir le niveau d'hébergement d'urgence
50:14 quasiment à 200 000 places.
50:16 Mais que constate-t-on ?
50:18 Le doublement du nombre de places depuis 2017
50:21 s'est accompagné d'une augmentation considérable
50:24 du nombre de personnes
50:26 qui arrivaient de manière irrégulière,
50:28 et c'est là aussi où on joue sur les mots,
50:30 c'est que les personnes arrivent de manière irrégulière,
50:32 et une bonne partie d'entre elles, à l'arrivée,
50:34 dépose une demande d'asile.
50:36 Donc le ministère de l'Intérieur dit, par ailleurs,
50:38 on ne parle pas de personnes en situation irrégulière,
50:40 mais de demandeurs d'asile,
50:42 puisqu'en attendant, ils sont arrivés de manière irrégulière,
50:45 mais ils sont demandeurs d'asile,
50:47 et s'ils sont déboutés du droit d'asile,
50:49 les téléspectateurs de Face à l'Info connaissent par cœur,
50:51 c'est la même quand même.
50:53 Donc la question qui se pose de savoir
50:55 où ces personnes finissent après être passées dans les sas d'accueil
50:57 est légitime.
51:00 Par ailleurs, je note qu'en plus de cette répartition
51:03 au-delà de l'hébergement d'urgence,
51:05 on avait entendu Emmanuel Macron lui-même,
51:07 il y a un an, nous expliquer qu'il fallait aussi
51:09 répartir les demandeurs d'asile,
51:13 donc c'était dans le cadre de la même répartition,
51:16 notamment pour étudier leur demande d'asile plus vite
51:19 dans des centres locaux, régionaux,
51:21 pour que leur étude soit plus rapide,
51:24 avec plus de chances de les expulser,
51:26 de les éloigner, en l'occurrence,
51:28 s'ils étaient déboutés du droit d'asile.
51:30 Donc ces questions ont toujours été liées pour tout le monde,
51:32 et par ailleurs, sur le terrain,
51:34 on constate que, certes, c'est l'État qui paye,
51:36 comme dirait l'autre,
51:38 donc c'est les Français qui payent de toute façon à la fin,
51:40 quoi qu'il arrive, mais certes, c'est l'État qui finance,
51:42 on va dire, la répartition de ces personnes,
51:44 mais qui s'ajoute dans certaines agglomérations,
51:46 dans certains départements plus exactement,
51:48 à la question des mineurs isolés,
51:50 dont la prise en charge revient aux départements.
51:53 Voilà pourquoi il y a beaucoup de maires qui commencent à dire
51:55 qu'ils ont fait beaucoup, avec des hébergements déjà saturés,
51:58 et un accueil déjà extrêmement fort,
52:01 et là, on avait entendu Bernard Carayon,
52:03 notamment maire de Lavore,
52:05 qui avait lancé un appel aux maires de France
52:07 pour s'opposer à cette répartition voulue par Emmanuel Macron,
52:09 c'était il y a un mois seulement,
52:11 et ils accusaient, en l'occurrence, l'État
52:13 de ne pas savoir gérer sa politique migratoire en amont,
52:15 et donc de l'imposer localement,
52:18 pour éviter d'avoir à la gérer,
52:20 et tous ont les Jeux Olympiques sur les lèvres,
52:23 sauf évidemment le ministre du Logement
52:25 et les préfectures qui sont chargées de cette répartition.
52:27 Alors c'est pourtant un projet que l'on ne découvre pas,
52:30 comme on le disait, et qui avait été clairement évoqué,
52:33 vous le disiez par Emmanuel Macron, il y a plus d'un an,
52:36 est-ce que ce n'est pas nécessaire
52:38 de répartir ces SDF
52:41 que Paris ne peut pas accueillir seul ?
52:44 Alors déjà, on voit qu'il y a une très forte proportion
52:47 dans cet hébergement d'urgence,
52:49 d'étrangers en situation irrégulière,
52:52 ou demandeurs d'asile, en l'occurrence,
52:54 ceux qui sont pris en charge, la plupart du temps,
52:56 sont demandeurs d'asile, en attendant d'avoir la réponse
52:58 à leur demande d'asile, je note une première chose,
53:00 c'est qu'on nous dit qu'il est nécessaire de décharger Paris.
53:03 Le maire de Paris, la maire de Paris,
53:05 sinon j'ajoute l'insulte,
53:07 Anne Hidalgo, au moment du vote de la loi immigration,
53:11 avant qu'elle soit censurée par le Conseil constitutionnel,
53:13 qui a fini par mettre tout le monde d'accord,
53:15 mais avant ça, il y avait quelques curseurs
53:17 qui avaient été déplacés, notamment sur cette question
53:19 de l'éloignement.
53:21 On avait dit, madame Anne Hidalgo,
53:23 qu'il était hors de question qu'à Paris,
53:25 cette loi soit appliquée, que ce serait une zone franche
53:27 où la loi immigration ne serait pas appliquée.
53:29 Donc il y a un moment où la maire de Paris
53:31 peut peut-être essayer d'assumer,
53:33 en l'occurrence, les conséquences
53:35 de son opposition même à une loi
53:37 qui ne réglait pas du tout
53:39 le problème dont on est en train de parler,
53:41 mais qui essayait de réduire la pression.
53:43 Première chose. Deuxième chose,
53:45 la Cour des comptes, elle-même,
53:47 expliquait que la moitié
53:49 des places en hébergement d'urgence
53:51 abritait des personnes arrivées, je cite la Cour des comptes,
53:53 de façon illégale.
53:55 Donc, clairement,
53:57 les deux questions sont liées et la pression
53:59 sur l'hébergement d'urgence est due
54:01 à cette immigration irrégulière,
54:03 au minimum, à l'arrivée.
54:05 La dernière chose, c'est que le communiqué
54:07 commun entre les ministères de l'Intérieur et du Logement
54:09 disait, il y a un an,
54:11 qu'il s'agissait de procéder à un examen
54:13 de la situation administrative des personnes
54:15 et de leur proposer une orientation
54:17 vers un hébergement adapté à leur situation.
54:19 Donc, évidemment, c'est la différence entre
54:21 les CADA, les fameux centres
54:23 d'accueil des demandeurs
54:25 d'asile, et la question de la répartition
54:27 de l'hébergement d'urgence. Mais, dans les faits,
54:29 ces deux questions se mêlent en permanence pour peser
54:31 sur les agglomérations
54:33 qui s'inquiètent et qui précisent
54:35 par ailleurs qu'il y a un manque d'infrastructures
54:37 et un manque de travail à proposer
54:39 éventuellement à ces personnes-là.
54:41 Donc, même ceux qui nous expliquent que l'insécurité
54:43 est due à des raisons sociales peuvent s'inquiéter
54:45 de l'insécurité que génère une telle répartition
54:47 sans en prévenir
54:49 les acteurs, les élus, et, évidemment,
54:51 la population, en n'y pensant même pas.
54:53 Merci pour votre regard, Charlotte.
54:57 On va revenir un peu sur la dette
54:59 avec un regard particulier.
55:01 On en a parlé avec Dimitri sur l'état
55:03 jugé par plusieurs,
55:05 qui est à l'amitié des finances publiques.
55:07 Et c'est à cette question qu'on voulait consacrer votre second édito,
55:09 Mathieu Beaucotter, mais cette fois-ci,
55:11 sous langue historique, sous langue sociologique.
55:13 Je voulais juste vous entendre là-dessus.
55:15 Parce que, pour vous, depuis Rome, c'est l'effondrement.
55:17 C'est le signe de l'effondrement.
55:19 - Si on lit les grands textes romains,
55:21 mais aussi, on pourrait se transposer à l'Ancien Régime ensuite,
55:23 on ne se contente jamais de voir dans la crise
55:25 des finances publiques une pure crise technique.
55:27 C'est-à-dire, on dépense trop par rapport à ce qu'on récolte.
55:29 On voit toujours là une forme de dérèglement
55:31 des ressorts moraux d'une société,
55:33 des dérèglements des ressorts existentiels
55:35 d'une société, un dérèglement des désirs,
55:37 de la capacité à dire non,
55:39 parce que les désirs sont toujours plus grands
55:41 que les désirs de l'autre.
55:43 Donc oui, certainement, depuis Rome,
55:45 au moment de l'Ancien Régime, je reviens simplement,
55:47 ce n'est pas sans lien avec ce qui nous conduira
55:49 à la Révolution, et la crise des années présentes,
55:51 la crise, évidemment, de l'État-providence.
55:53 Dimitri disait les 50 ans des budgets déficitaires,
55:55 de l'accumulation de la dette,
55:57 c'est absolument essentiel.
55:59 Que s'est-il passé, finalement,
56:01 si on décide d'avoir une sociologie de ce basculement
56:03 dans une société de l'endettement,
56:05 la spirale de l'endettement généralisé,
56:07 en société spirale.
56:09 - Oui, c'est une transformation systématique
56:11 dans la logique des droits,
56:13 de tous les désirs en besoin,
56:15 les besoins en droits, et les droits en droits fondamentaux.
56:17 Et des droits fondamentaux,
56:19 sociaux et économiques opposables à l'État.
56:21 Dès lors que vous créez une situation
56:23 où vous êtes en droit de demander
56:25 à la collectivité de financer
56:27 telle ou telle revendication,
56:29 parce que ce n'est pas une revendication catégorielle,
56:31 c'est un droit fondamental,
56:33 et si on vous le conteste,
56:35 on vous prive de votre humanité,
56:37 de votre famille humaine,
56:39 mais dès lors qu'on crée ça, on crée des conditions
56:41 de ce que j'appelle le braquage fiscal généralisé.
56:43 C'est-à-dire que l'État doit sans cesse étendre
56:45 ses ressources pour être capable
56:47 de répondre à ses demandes
56:49 qui s'accumulent, qui sont nombreuses.
56:51 Ajoutez une chose qui est très importante là-dedans,
56:53 l'État-providence, on le voit partout en Occident,
56:55 plus l'État avançait, plus la société civile,
56:57 plus la famille, plus les communautés
56:59 fondaient, se détricotaient,
57:01 perdaient de l'importance.
57:03 Mais quand l'État récupère sans cesse
57:05 les fonctions sociales qui appartenaient traditionnellement
57:07 à la société, aux organisations caritatives,
57:09 aux organisations religieuses,
57:11 aux familles, à tout ce qu'on peut imaginer,
57:13 l'État ne cesse d'étendre
57:15 ses fonctions, ne cesse
57:17 d'étendre ses prérogatives,
57:19 mais il a besoin de toujours plus d'argent
57:21 provenant de la population.
57:23 Qu'est-ce qu'on a vu à partir de cette logique?
57:25 L'État en est venu...
57:27 J'ajoute une chose,
57:29 on est dans une société où les lobbies
57:31 se sont multipliés, des lobbies qui sont capables
57:33 de tenir l'État en otage.
57:35 Si tu ne me donnes pas ce que je te demande,
57:37 je suis capable de déclencher une grève,
57:39 je suis capable de déclencher une autre grève,
57:41 on l'a évoqué il y a un instant.
57:43 Donc la capacité de tenir l'État en otage,
57:45 si vous ne répondez pas à mes aspirations particulières,
57:47 donc dépenser, dépenser, dépenser,
57:49 braquer, braquer, braquer, le commun est mortel,
57:51 au final, on se retrouve dans un État
57:53 qui est pris dans, je dirais,
57:55 une logique déficitaire
57:57 et d'endettement structurel dont il ne peut sortir
57:59 sans s'effondrer, sans se recrouler.
58:01 Voilà pourquoi je parle de logique de décadence.
58:03 - Est-ce que décadence, le mot n'est pas trop fort?
58:05 - Je ne pense pas. Je pense qu'il est même
58:07 très exact, hélas.
58:09 Le phénomène d'obésité bureaucratique.
58:11 On est dans une logique où l'État ne cesse de croître
58:13 pour croître. À partir d'un certain niveau
58:15 de croissance, la bureaucratie ne cesse
58:17 de trouver de nouvelles raisons pour justifier
58:19 sa croissance. Ça crée une société
58:21 et là, c'est presque la nouvelle lutte des classes,
58:23 celle que Karl Marx n'avait pas imaginée.
58:25 Entre d'un côté ceux qui travaillent véritablement
58:27 et ceux de l'autre côté, la société de l'assistanat.
58:29 Vous noterez que plus le bloc
58:31 de l'électorat de l'assistanat s'étend,
58:33 plus la capacité à mener des réformes libérales
58:35 pour être capable de redresser une société
58:37 se décompose.
58:39 J'ajoute une chose.
58:41 Si l'État décidait demain de véritablement couper,
58:43 couper dans les dépenses publiques parce que c'est nécessaire,
58:45 vous avez la condition de la révolte.
58:47 Parce que vous avez une bonne partie
58:49 de la société qui vit sur la perfusion publique,
58:51 sur la dépense publique. Donc vous coupez ça.
58:53 Eh bien, vous avez les conditions de la révolte
58:55 et l'État est d'un coup impuissant.
58:57 Donc, si vous faites des actions politiques,
58:59 la seule action politique aujourd'hui, c'est de dépenser,
59:01 dépenser plus. Un grand emprunt.
59:03 C'est les promesses dans les années étranges.
59:05 On va faire un grand emprunt. On va s'endetter pour vous,
59:07 mes enfants. Mais au final, oui, je crois qu'on peut parler
59:09 de décadence et demain peut-être d'autres choses
59:11 qui seraient encore pires.
59:13 - Merci beaucoup. Sympa. Excellent suite de propos.
59:15 - C'est la. Bonne nouvelle ce soir.
59:17 - L'heure des produits avec Pascal Praud.
59:19 Merci à tous.

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