• il y a 7 mois
À 9h20, Jude Law est l'invité de Léa Salamé, à l'occasion de la sortie du film "Le Jeu de la reine" de Karim Aïnouz. Il y incarne le terrifiant roi anglais Henri VIII. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-21-mars-2024-3368519

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Transcription
00:00 Bonjour Jude Law, merci d'être là.
00:03 Si vous étiez un roi, un vice et une vertu, vous seriez qui et vous seriez quoi ?
00:09 Le seul roi qui m'attire c'est Elvis.
00:14 Je ne sais pas ce que serait la responsabilité d'un roi de régner sur un peuple avec toutes les complexités du pouvoir.
00:26 Le fait plutôt de se produire sur scène et de jouer Blue Sweatshirt, c'est plus attirant.
00:33 Un vice et une vertu ?
00:35 Si j'étais une vertu, ce serait la patience.
00:40 Parce que j'ai deux jeunes enfants et ils ont un âge où on a besoin de beaucoup de patience en tant que parents,
00:49 face à leur énergie inépuisable et également le niveau des décibels.
00:55 Et si j'étais un vice, ce serait quelque chose en rapport avec le vin.
01:02 Je ne sais pas, l'alcoolisme, je ne sais pas. Quelque chose lié au vin rouge.
01:10 Un petit vice avec l'alcool, en tout cas avec le vin rouge.
01:13 Machiavel écrit dans Le Prince "Il est plus sûr d'être craint que d'être aimé.
01:17 La crainte se maintient par une peur du châtiment qui ne te quitte jamais."
01:22 Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Henri VIII, le personnage que vous incarnez dans Le jeu de la reine de Karim Aïnouz,
01:27 qui sort mercredi prochain sur les écrans, était craint et que tout le royaume britannique avait peur de ces châtiments.
01:35 Henri VIII, c'est le fameux roi barbe bleue, tristement connu pour ses six épouses, dont il en a renié deux et en fit décapiter deux autres.
01:44 C'est un des personnages les plus sombres, violents, sadiques, paranoïaques de l'histoire de votre pays, de l'histoire du Royaume-Uni.
01:52 Ça n'a pas été trop difficile d'entrer dans ce personnage, dans ce cerveau-là ?
01:57 Depuis le début du tournage, je me suis senti très libre, libéré, parce que Karim m'a dit très tôt que tout ce qui l'intéressait,
02:09 c'était l'humanité de ce couple marié.
02:14 Et, de toute évidence, l'un et l'autre, nous avions une approche un petit peu scientifique,
02:21 on a essayé de voir ce qui les avait amenés à être ce qu'ils étaient et ce qui les avait amenés à leurs actes, à leurs gestes.
02:30 Mais dans la mesure où je jouais plutôt un homme plutôt qu'un personnage historique,
02:36 cela m'a immédiatement libéré, j'ai pu m'approprier le personnage très facilement,
02:42 alors que j'aurais eu plus de mal à entrer dans un personnage historiquement.
02:46 En même temps, il faut quand même comprendre Henri VIII, il faut comprendre son parcours.
02:50 J'ai eu beaucoup de chance, parce que je l'ai joué à la fin de sa vie, lorsqu'il approchait la cinquantaine.
02:59 C'est quelqu'un qui avait été complètement endoctriné dans son enfance.
03:03 On lui avait dit qu'il était le deuxième personnage le plus puissant après Dieu sur la planète.
03:09 Et donc, il a grandi avec cette idée de propriété du pouvoir.
03:13 Et quand il était jeune, c'était quelqu'un qu'on trouvait très beau, intelligent, c'était un athlète, un musicien.
03:22 Et puis, on ne s'attendait pas à ce qu'il se marie.
03:28 C'est souvent, d'ailleurs, je crois que lui-même était très déçu de ses propres aventures amoureuses, de sa relation avec Dieu.
03:35 Donc, toutes ces couches du personnage se sont accumulées pour arriver au personnage que je joue dans cette histoire.
03:42 C'est un vieillard pourrissant, déçu, une véritable épave humaine.
03:49 Effectivement, c'est un héros déchu que vous interprétez, puisqu'on est à la fin de sa vie.
03:53 Il est malade, il a cette infection à la jambe qui ne se guérit pas et qui va se propager dans tout son corps et qui va l'emmener vers la mort.
04:01 Et il est, vous montrez, un homme obèse, misérable, pourri.
04:06 Il y a quelque chose qui pourrit en lui.
04:08 Et ce roi qui a tellement fait peur et qui a été, comme vous le dites, qui a eu sa période solaire, il était jeune, il était beau, musicien, il aimait la vie.
04:16 Vous l'interprétez déchu, décadent, descendant.
04:22 Et on ne vous reconnaît presque pas tellement vous avez...
04:26 Moi, il m'a fallu du temps pour me dire "attends, c'est Jude Law, c'est pas Jude Law qui joue ce personnage tellement vous êtes en Lady pour le rôle ?"
04:36 La douleur dans la jambe, ça c'était un aspect très important.
04:42 Parce que vous avez un homme qui s'enivrait du pouvoir et qui n'était absolument pas fiable.
04:52 La douleur était insupportable. Il n'y avait pas d'analgésique ou d'anesthésiant à l'époque.
04:58 Il buvait des quantités énormes d'alcool pour étouffer la douleur, mais il se réveillait enfiévré.
05:06 Et donc toutes ses humeurs, ses décisions changeaient d'un moment à l'autre.
05:12 Il était complètement imprévisible. Et donc c'était important de bien comprendre ce problème de la jambe.
05:18 Alors sur l'apparence physique, évidemment, on a une idée de ce qu'était la silhouette, la forme corporelle de ce roi.
05:29 Mais il était plus important d'entrer à l'intérieur du bonhomme, de voir ses déceptions, son amertume.
05:36 Et également, on s'approche peut-être même de la dépression.
05:41 C'est un personnage qui arrive à la fin de sa vie et il n'y a qu'une seule personne qui lui reste, qu'il peut tromper.
05:52 Et donc on a peur. Il sait que toutes les vies qu'il a volées, qu'il a détruites, risquent de venir demander vengeance.
05:59 Est-ce que c'est vrai que vous avez marché pendant des mois avec des pois sur les jambes pour imiter le boitement du roi ?
06:05 Et que vous avez même demandé qu'on parfume le tournage d'une odeur mélangeant du sang, des matières fécales et de la sueur pour vous mettre dans sa peau, pour vous mettre dans ce moment ?
06:15 Est-ce que c'est vrai ? Ça, ça vous fait marrer, mais est-ce que c'est vrai ?
06:18 Il y avait toutes sortes d'effets qu'on a utilisés. Pour ma part, je ne voulais pas me mettre d'espèce de prothèse.
06:31 Je voulais vraiment recréer le roi Henri par des effets littéralement physiques.
06:38 Donc je me suis coupé les cheveux de manière un petit peu particulière. On a trafiqué ma bouche, le poids du costume, les poids que je portais effectivement sur la jambe, les mouvements pour imiter le boitement.
06:52 Il y avait des chaussures particulières avec des choses à l'intérieur pour rendre la marche désagréable.
06:58 Tout ça a été fait exprès, mais enfin la nuance était là pour essayer de recréer une véritable vérité physique.
07:05 Je voulais le représenter comme un gorille blessé, un homme qui avait été puissant, qui peut toujours vous étrangler, mais dont les jambes étaient quasiment invalides.
07:18 Mais il ne faut quand même pas trop s'approcher parce qu'il a cette immense puissance en haut du corps et évidemment dans sa volonté.
07:28 Quant aux odeurs, elles venaient d'une ambiance que Karim voulait créer sur le plateau.
07:36 Il voulait un plateau froid avec des feux de cheminée et avec toujours cette impression des extrêmes.
07:47 C'est-à-dire qu'on pouvait voir que le monde dans lequel il vivait était très instable.
07:52 L'odeur des animaux également. J'ai lu quelque part que ses blessures à la jambe, on pouvait la sentir de plusieurs à l'autre bout de la maison.
08:02 On sentait littéralement sa purito et je pensais que ce serait intéressant de jouer avec ça.
08:06 Et de voir des choses qui, malgré cette odeur épouvantable, restaient respectueuses.
08:11 C'est étonnant parce que c'est presque si on le respire, on le sent ce côté comme s'il pourrissait tout le long du film.
08:20 L'intérêt de ce film, la force de ce film, "Le jeu de la reine", c'est que ça raconte les derniers mois de ce roi et sa relation tendue, intense avec sa dernière femme, Catherine Parr.
08:31 Incarnée par l'actrice suédoise Alicia Vikander, une femme intelligente, cultivée, progressiste, qui l'éma profondément avant de la punir elle aussi, comme les autres femmes.
08:42 C'est elle qui élèvera notamment la reine, celle qui sera la reine Elisabeth Ier.
08:46 Clairement, ce film sort de l'ombre une femme, Catherine, la reine Catherine, invisibilisée par l'histoire.
08:53 On l'a oubliée d'une certaine manière. Je ne sais même pas si vous la connaissiez, si vous connaissiez son existence.
08:58 C'est clairement un film féministe. Ça, on le voit tout le long du film.
09:02 C'est une vérité terrible de l'histoire qui est écrite par les vainqueurs. Et par le passé, les vainqueurs, c'était des hommes blancs et fortunés.
09:18 Alors, oui, non, je connaissais le nom Catherine Parr, mais je n'avais jamais creusé le personnage. Et Karim a projeté sur elle une lumière particulière à travers cette histoire.
09:32 Il voulait célébrer en quelque sorte cette survivante, celle qui avait survécu au tyran.
09:39 Alors, lorsqu'on creuse un peu les choses, on découvre qu'elle a très bien joué son jeu.
09:48 C'était la première femme qui a pu publier des livres en Angleterre et l'influence qu'elle a eue pour créer plus de tolérance religieuse en particulier, et puis sa qualité en tant que mère.
10:04 Et pour élever ces enfants dont les mères avaient été exécutées par cet homme, elle avait réussi à les réunir, à recréer une famille.
10:14 Elle mérite tout à fait son chapitre de l'histoire.
10:19 Alors, comme vous le savez, l'homme, Henri VIII, tout le monde le connaît.
10:28 Les livres d'histoire en sont plein, ces victimes, mais moins les héros et les héroïnes.
10:35 Le film repose sur cette tension permanente entre vous.
10:38 Elle sait que le roi l'aime, mais elle marche sur des oeufs, parce qu'elle sait qu'à tout moment, si elle le déçoit ou s'il tombe amoureux d'une autre femme, elle risque d'être soit reniée, soit décapitée.
10:48 Ce qui est étonnant dans ce film, c'est que dans cette tension entre le respect conjugal, l'amour et la peur des coups, il y a quelque chose de très moderne, d'un drame de couple presque contemporain.
10:59 Il y a notamment cette scène terrible où à un moment vous vous retrouvez dans la chambre avec elle, et vous la forcez à dire des prières, vous la genouillez à genoux, vous lui attrapez le cou,
11:10 vous lui mettez les mains dans la bouche, comme une scène d'humiliation, et elle est dans l'emprise, et vous lui dites "continue, continue à réciter les prières".
11:18 Il y a quelque chose dans ce rapport d'emprise entre un homme puissant et une femme intelligente, mais qui doit se soumettre pour peut-être triompher à la fin, il faut voir le film.
11:29 C'est quelque chose de très moderne, dans ce drame shakespearien du 16e siècle.
11:35 Je suis très content que vous disiez cela, parce que c'est exactement le but de Karim en particulier, d'humaniser, de rendre compte en tant que Lorraine cette histoire,
11:51 mais également pour ramener, si vous voulez, au niveau humain ces personnages historiques qui sont sur une espèce de pédestal parce qu'ils portaient la couronne,
12:05 mais leur comportement était odieux. On sait qu'il était responsable de, au moins directement, de la mort de deux personnes, mais des dizaines de milliers d'autres personnes
12:14 qui sont mortes sur le bûcher en raison de leurs propos, de leurs paroles malheureuses. Donc il était important de recréer cette situation conjugale,
12:23 qu'on peut facilement reconnaître lorsqu'on l'a vécue soi-même. Et vous avez là des choses très délicates à exprimer.
12:35 Alicia était tout à fait remarquable, parce qu'elle était à la fois très drôle, mais très exigeante, et voulait toujours pousser plus loin les limites, même physiquement.
12:46 Et elle y est arrivée parce qu'elle savait qu'elle aboutirait à ce résultat voulu, c'est-à-dire qu'on puisse s'identifier, se reconnaître dans ces personnages.
12:54 Voilà un scénario qui existe encore de nos jours et qui n'est finalement pas très différent dans une banlieue parisienne, londonienne ou dans le palais royal de l'Angleterre des Tudors.
13:09 Et il y a une tension sexuelle entre les deux, de bout en bout aussi. Il y a de l'emprise, il y a de la violence, mais il y a une tension sexuelle qui tient le film,
13:16 et notamment ce qui se passe entre vos deux yeux. Il y a des regards, il y a quelque chose de très troublant aussi.
13:21 La sexualité, il faut bien voir que c'était quelque chose, enfin c'était une espèce d'économie particulière. Je m'explique, les grossesses étaient des choses extrêmement dangereuses.
13:35 Mais l'idée c'était que la maman avait besoin d'un héritier, d'un enfant pour conserver sa famille, mais on mettait en danger la vie de la mère,
13:47 parce qu'à l'époque, comme encore une fois, les grossesses et les naissances étaient extrêmement périlleuses.
13:53 Et puis lui, Henri VIII, voulait être aimé alors qu'il était littéralement dégoûtant avec ses odeurs épouvantables.
14:01 Et cette pauvre femme qui est censée être son amante et être amoureuse de lui parce qu'il est ce qu'il est, et elle doit donc jouer son rôle,
14:17 elle doit lui donner un fils, au moins d'être sa maîtresse, entre guillemets, c'est un petit peu cela qui est au cœur de cette tension que vous évoquez.
14:32 Et c'est encore un autre domaine où Catherine avait preuve d'une immense agilité. Elle pouvait jouer sur son égo, elle pouvait céder à certains caprices,
14:47 mais poser des limites ailleurs. Et on joue là-dessus sur des zones un petit peu obscures.
14:57 On ne sait pas si oui ou non elle était véritablement enceinte, ou bien il valait mieux qu'elle fasse croire au roi qu'elle était enceinte,
15:09 ça lui a donné une certaine liberté pendant quelques mois. Et toute cette manipulation a été très bien vue, elle savait jouer son jeu.
15:17 - Julo, quand gamin à 12 ans, à Londres, vous montez sur les planches, que tout jeune vous assumez votre vocation d'être comédien,
15:24 vous commencez très tôt, très jeune. Est-ce que c'est vrai, j'ai lu ça, qu'on vous a donné ce conseil, vous dites "j'ai des souvenirs d'enfance
15:33 où l'on me donnait ce conseil britannique épouvantable, ne te surpasse pas, ne sois pas trop enthousiaste, on pourrait croire que tu aimes ça".
15:42 C'est quelque chose de la culture britannique, ça c'est vrai ?
15:45 - C'est ainsi que moi je l'ai vécu personnellement. Quand j'y repense maintenant, arrivé disons à la force de l'âge, mais devenu père,
15:59 ce qui me choque un petit peu c'est la façon dont j'ai été traité par les adultes autour de moi, à l'école, ma première expérience dans ce métier.
16:11 Donc, être enthousiaste, au contraire, je pense que c'est une excellente qualité.
16:16 - Ambitionneux aussi ?
16:21 - Oui, mais vous savez, je n'ai jamais montré d'ambition pour autre chose, c'est-à-dire que je voulais simplement être associé à quelque chose de créatif,
16:34 je voulais toujours être célèbre, être reconnu à titre individuel, je voulais faire partie d'une œuvre d'art, d'une entité créatrice,
16:44 mais ma propre expérience a toujours consisté à garder un profil bas, effectivement, c'était mal vu de faire preuve de passion, c'était quelque chose de jugé excessif.
16:57 Mais si je vois de la passion, de l'enthousiasme chez mes enfants, chez les jeunes, au contraire, je les encourage,
17:04 parce que le monde a besoin d'enthousiasme, de l'amour de l'art, de ce désir de se plonger, de se jeter là-dedans.
17:13 - Et vous l'avez toujours cette passion, cet enthousiasme, cette ambition ?
17:17 Aujourd'hui, vous avez eu 50 ans, où est-ce que ça se calme avec l'âge ? Où est-ce que ça diminue ? Est-ce qu'on ne devient plus...
17:26 - Oui, effectivement, ça s'est un petit peu calmé. Disons que j'ai une approche un petit peu plus réaliste, mais attention, pas cynique.
17:37 Et heureusement, il me reste encore beaucoup d'enthousiasme, de passion pour les projets dans lesquels je m'engage.
17:48 On me dit « qu'est-ce que tu fais comme film ? » Pour moi, c'est le film que je fais, « Heek & Noonk », qui m'intéresse quand j'en parle.
18:00 Évidemment, j'ai beaucoup d'appréciation pour les films du passé, pour les films de Karim, mais ma passion va au film que je suis en train de tourner.
18:08 J'ai de l'enthousiasme pour l'art, mais pour cette forme d'art, pour la comédie, qui a toute sa place dans notre comédie,
18:17 parce que c'est le reflet de ce que nous sommes. Moi, j'ai beaucoup appris en allant au cinéma, en allant au théâtre,
18:23 et en se voyant soi-même, en voyant autour de soi les personnages de l'histoire.
18:29 Catherine Parr, la reine Catherine, jouée par Alicia Vikander dans le film, dit à un moment « Quel intérêt d'être reine si je n'ai pas le courage de mes convictions ? »
18:38 J'ai envie de vous demander, Jude Law, quel intérêt d'être un artiste, d'être un acteur, si on n'a pas le courage de ses convictions ?
18:44 Je vous pose la question parce que vous avez pris position dans le débat public sur le réchauffement climatique, contre le réchauffement climatique, sur les migrants.
18:50 Il vous semble important pour un artiste de dire ses convictions, d'intervenir dans le débat public ?
18:56 C'est une question intéressante, je n'en suis pas tout à fait convaincu.
19:02 Je pense que les artistes, en tout cas par le passé, ceux qui m'ont inspiré,
19:12 c'était ceux qui s'exprimaient, disaient ce qu'ils pensaient,
19:19 et ils abordaient des thèmes qui méritaient d'être mis en avant, des thèmes politiques.
19:29 Je pense à John Lennon, à Bob Dylan, ou Harry Belafonte.
19:36 Tous ces gens étaient tout à fait remarquables. Il y avait bien entendu beaucoup d'autres.
19:41 Maintenant, nous vivons dans un monde où il faut être très prudent sur ce que l'on dit.
19:48 Et pourtant, si on a la chance de pouvoir avoir une influence,
19:57 si son opinion peut être entendue pour faire le bien,
20:05 dans ce cas-là, oui, il est important de se prononcer sur certaines questions.
20:12 Mais disons que ce serait plutôt à travers mon art, plutôt que des interviews ou des déclarations à la presse.
20:20 J'espère que mon art peut être lui-même porteur de messages, et cela suffit.
20:28 En trois minutes, vous répondez très rapidement.
20:31 Ce qui vous passe par la tête, c'est les impromptus, comme ça, spontanément.
20:35 Vous vous décrivez souvent comme un mec chiant, avec une vie banale.
20:38 On a du mal à vous croire. Vous êtes vraiment si chiant que ça ?
20:42 Je ne sais pas. Je ne sais pas si je suis chiant.
20:46 C'est vous qui dites ça.
20:48 Je sais, je sais.
20:51 Une vie banale.
20:55 En fait, ce que je disais, c'est que j'aime des choses toutes simples, très terratères.
21:04 Peut-être que le mot « simple » plutôt que « chiant », ce serait peut-être plus approprié.
21:08 Jean-Paul Sartre, un philosophe français, disait « Il n'y a pas de bon père ».
21:12 Vous qui avez sept enfants, vous êtes d'accord avec lui ? Il n'y a pas de bon père ?
21:19 C'est une perspective intéressante. Il n'y a pas de bon père.
21:23 Je ne pense pas être d'accord.
21:27 Disons qu'il faut être sain, il faut se garder en face, il faut savoir être juste.
21:35 Il faut être patient, je reviens à ce que je racontais, la vertu.
21:40 Mais quelquefois, quand on est père, il faut accepter le fait qu'on puisse se tromper, prendre des mauvaises décisions.
21:47 Et il faut savoir le reconnaître, et ça en soi, c'est probablement la chose la plus puissante qu'on a en tant que parent,
21:55 c'est qu'on peut dire « Je ne suis pas infaillible, je suis humain ».
22:01 Et les enfants, de ce fait, ont le droit aussi de se tromper.
22:04 En une minute, les Stones ou les Beatles ?
22:06 Oh, Beatles.
22:08 Spielberg ou Scorsese ?
22:10 Ah ah !
22:11 We know it, Steph !
22:12 Wow ! Je ne pense pas pouvoir répondre à ça.
22:17 Les deux ?
22:18 Oui.
22:19 Truffaut ou Godard ?
22:21 Oh !
22:22 Ah, allez ! Soyez courageux !
22:24 Mes enfants me disent « Quelle est ton cinéaste ? »
22:28 Je n'ai pas de cinéaste ou d'autre.
22:31 Al Pacino ou Robert De Niro ?
22:33 Je sais que c'est difficile, c'est difficile.
22:34 De Niro.
22:35 De Niro.
22:36 Paris ou Rome ?
22:37 C'est vraiment difficile, ils sont tellement différents.
22:40 Je veux les unes et les autres.
22:44 Manchester United ou Manchester City ?
22:47 Oh, ni l'un ni l'autre.
22:49 Vous êtes qui, vous ? Chelsea ?
22:51 Je suis de Tottenham.
22:53 Mbappé au PSG ou Real Madrid ?
22:57 Je ne sais pas.
23:00 Je pense que Real joue mieux.
23:04 Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi ?
23:06 Messi.
23:07 Benoît XVI ou le pape François ?
23:10 François.
23:11 Et Dieu dans tout ça, Jude Law ?
23:14 Et Dieu dans tout ça ?
23:17 Il a des choses à se reprocher.
23:22 Merci beaucoup, Jude Law.
23:23 Merci d'avoir été avec nous.
23:25 Le Jeu de la Reine, ça sort le 27 mars, mercredi 27 mars, sur nos écrans.
23:31 Merci beaucoup.
23:32 Merci.

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