• il y a 8 mois
Avec Béatrice Brugère, secrétaire générale d'Unité magistrats et auteure de "Justice : la colère qui monte" publié aux éditions de l'Observatoire.

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##LE_FACE_A_FACE-2024-03-21##

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Transcription
00:00 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, le face à face.
00:05 13h05 sur Sud Radio, l'heure pour nous de vous présenter ce face à face.
00:09 Aujourd'hui André Bercov, vous recevez quelqu'un qu'on connaît bien sur Sud Radio,
00:12 Béatrice Brugère, secrétaire générale d'Unité Magistrat et surtout,
00:15 auteure de ce nouveau livre "Justice, la colère qui monte" aux éditions de l'Observatoire.
00:20 Alors Béatrice Brugère, "La colère qui monte", j'ai lu ce livre qui est effectivement,
00:26 vous avez fait un travail d'inventaire et de solution, mais d'inventaire et vous-même,
00:32 je ne dirais pas que vous êtes dans tous vos états comme moi,
00:35 mais quand même, ça vous fait réagir en tant que magistrate,
00:38 j'appelle que vous êtes magistrate depuis 20 ans, c'est bien ça,
00:41 et que vous êtes à la tête du syndicat Unité Magistrat SNM Info,
00:45 et en fait, l'impression qu'on a quand vous dites "la colère qui monte",
00:50 alors je ne sais pas si la colère monte chez les magistrats,
00:53 ça vous la connaissez beaucoup mieux que moi cette colère,
00:55 mais la colère monte effectivement dans le public,
00:57 on voit vraiment les coups de téléphone, les mails, les appels qu'on reçoit ici,
01:03 c'est-à-dire que les gens ne comprennent plus,
01:05 et la chose, je voudrais peut-être qu'on aborde ce livre par cela,
01:11 ils se disent "mais qu'est-ce qui se passe, on parle d'insécurité,
01:15 on parle de justice, et on a l'impression qu'on vit quelque chose de complètement de près de mesure,
01:25 on ne va pas refaire la fontaine selon que vous serez puissant ou misérable et jugement de cour,
01:29 mais en attendant, on parlait de Marseille, la horrentaine,
01:34 mais on constate quelque chose,
01:36 c'est que plus on a l'impression qu'il y a deux mondes ou trois mondes,
01:42 qui se côtoient, mais les trois pouvoirs, je reviens à ça, vous savez,
01:48 exécutif, législatif, judiciaire,
01:50 sans parler du soi-disant quatrième pouvoir qui est la presse ou les médias,
01:55 mais au fond, pourquoi ça va aussi mal,
01:58 et pourquoi les gens sont aussi frustrés à l'impression que justice,
02:02 je ne peux plus avoir confiance dans la justice de mon pays, en tout cas beaucoup le disent.
02:05 - Alors, merci d'abord de votre invitation,
02:09 oui, pourquoi ce livre finalement, puisque ça fait des années que je suis à la tête de ce syndicat,
02:16 et donc je suis un petit peu, je suis une magistrate de terrain,
02:19 mais qui a pris un peu la bonne distance ou la distance en tout cas nécessaire
02:23 pour voir comment fonctionne le système de l'intérieur.
02:26 De toute façon, je suis passée des couloirs du palais,
02:29 aux coulisses de la fabrique de la justice,
02:33 et ce qui m'a frappée, d'abord, c'est que
02:38 on a vraiment une déconnexion de plus en plus importante
02:44 entre à la fois les attentes des justiciables et ce que l'on produit,
02:50 ce que les magistrats font, avec une injustice qui est folle,
02:53 c'est que les magistrats travaillent beaucoup quand même,
02:55 et finalement, on se dit, et on a souvent, j'allais dire, des jugements un peu simplistes
03:03 sur un monde qui est complexe et qui ne devrait pas l'être.
03:07 La justice, c'est l'affaire de tous.
03:09 D'abord, elle concerne tout le monde, tout le monde peut être confronté
03:13 dans sa vie, et en général l'est, d'une manière ou d'une autre,
03:16 que ce soit au civil ou au pénal, à la justice.
03:19 Et cet éloignement à la fois des citoyens et du monde de la justice,
03:25 et parfois à qui on dit "mais vous ne comprenez rien,
03:29 circulez, c'est complexe, etc.",
03:31 me semble extrêmement pervers, d'abord, pour la cohésion nationale,
03:35 mais aussi être le symptôme de plusieurs crises
03:39 et même de plusieurs dérèglements.
03:41 On parle beaucoup, et on adore parler du dérèglement climatique,
03:44 moi je crois qu'on a aujourd'hui en France, malheureusement,
03:47 un dérèglement institutionnel.
03:49 - Qui est peut-être beaucoup plus grave encore que l'autre.
03:52 - Oui, on a un dérèglement institutionnel, mais aussi on a un problème,
03:55 c'est qu'on s'aperçoit que le ministère de la Justice
03:59 est un des ministères les plus réformés.
04:01 On passe son temps à réformer ce ministère, tout le temps.
04:04 Les lois sont incessantes, à chaque fois qu'on a un nouveau garde des Sceaux,
04:08 on a un nouveau plan de réforme, et plus on réforme ce ministère,
04:13 moins il avance.
04:15 Donc, à un moment, il faut se poser les bonnes questions.
04:18 Et les bonnes questions, c'est un peu poser le diagnostic de l'intérieur,
04:22 si on veut y répondre à un moment donné.
04:24 C'est-à-dire qu'on ne peut pas simplement être sur des mesures de circonstances,
04:28 ou des mesures faciles,
04:30 et peut-être même qu'il faut s'interroger sur le modèle lui-même
04:33 qui ne fonctionne plus.
04:34 - Justement, alors, justement, parlons-en du modèle lui-même, Béatrice Brugère.
04:38 Est-ce qu'il n'y a pas déjà quelque chose qui est là ?
04:40 On en parle de temps en temps, on dit "oui, il faudrait changer ça".
04:43 Entre la magistrature assise, la magistrature debout,
04:46 entre le parquet, les juges d'instruction,
04:48 on revient à l'heure certaine, le trait de petit pois,
04:50 Sarkozy, ça ne lui a pas très très réussi,
04:53 d'autres disent autre chose,
04:56 mais on a en tout cas l'impression, quand je parle du point de vue public,
04:59 que c'est très éloigné.
05:01 C'est-à-dire que la justice, quel beau mot,
05:04 on ne dit pas qu'elle est injuste,
05:06 mais on dit qu'elle est très éloignée,
05:08 on voit des décisions qui sont prises,
05:10 c'est ça qui frappe le plus les gens.
05:12 Par exemple, par rapport aux sanctions
05:14 pour tel ou tel cas de délinquance ou autre,
05:16 ça frappe les gens,
05:18 par exemple les 10 pois à 10 mesures,
05:20 par rapport à tel qui a volé un oeuf,
05:22 et tel qui a tué un bœuf.
05:24 C'est ça le problème aussi.
05:26 - Oui, mais ça, ça fait partie des conséquences de tous ces dérèglements.
05:30 Vous avez commencé par parler du parquet,
05:32 du siège,
05:34 des relations entre le politique
05:36 et les magistrats,
05:38 et de la politique pénale, d'une certaine façon,
05:40 et de l'injustice qu'on peut avoir
05:42 dans le traitement de cette politique pénale.
05:44 Tous ces sujets-là,
05:46 qui sont traités au fil de l'eau
05:48 et de l'actualité ou des faits divers,
05:50 en réalité procèdent de la même problématique
05:52 et de la même crise systémique,
05:54 qui est celle de l'absence,
05:56 finalement, d'une évaluation
05:58 de la justice,
06:00 finalement, d'une évaluation
06:02 de ce que l'on produit,
06:04 et des décisions qu'il faudrait prendre.
06:06 Aujourd'hui, on est quasiment
06:08 sur une crise institutionnelle.
06:10 C'est-à-dire qu'on ne règle jamais...
06:12 - La guerre des pouvoirs, justement.
06:14 - Par exemple, on ne règle jamais dans l'équilibre de la séparation des pouvoirs,
06:16 le statut du parquet,
06:18 les pouvoirs du parquet, par exemple, vous parlez, oui,
06:20 pourquoi certains sont poursuivis,
06:22 pas d'autres sont poursuivis. Il faut savoir qu'en France,
06:24 on a, par exemple, le système de l'opportunité des poursuites.
06:26 Il faut réinterroger nos modèles.
06:28 Il faut voir s'ils sont pertinents.
06:30 Il faut voir s'ils sont déréglés.
06:32 Comment ils sont déréglés ? Et en fait, dans la première partie,
06:34 on s'aperçoit que là où on voit
06:36 parfois un peu de politique ou d'autres choses,
06:38 c'est un système, en fait,
06:40 c'est tout un système qui fonctionne.
06:42 Comment ? Eh bien, en fait,
06:44 le modèle, la manière dont
06:46 on produit aujourd'hui la justice
06:48 est très particulier, très singulier à la France.
06:50 Il y a notre histoire, mais il y a ce que
06:52 j'ai démontré, c'est-à-dire
06:54 une idéologie qui s'appelle le "New Public Management".
06:56 C'est quoi le "New Public Management" ?
06:58 C'est exactement ce qu'on a trouvé, par exemple,
07:00 dans la crise des hôpitaux, par exemple,
07:02 qui est la même chose, c'est qu'on s'attache
07:04 davantage sur les chiffres,
07:06 sur les statistiques, sur une production,
07:08 on va dire,
07:10 de régulation décontentieuse
07:12 ou budgétaire,
07:14 là où on devrait s'attacher
07:16 à l'humain et à la qualité.
07:18 Car soigner ou juger
07:20 a une fonction
07:22 autre que simplement
07:24 appliquer la norme
07:26 ou donner des médicaments, vous le savez très bien.
07:28 Donc en fait, on s'aperçoit,
07:30 et c'est la première crise, que le modèle
07:32 est en crise. Il ne correspond
07:34 plus du tout à ce que, d'abord, la société
07:36 attend, et ça il faut l'écouter,
07:38 c'est la colère qui monte, il faut être en capacité
07:40 d'écouter, mais on s'aperçoit surtout
07:42 qu'aujourd'hui, rajouter des moyens
07:44 ou même rajouter des moyens
07:46 financiers ne va pas
07:48 améliorer le système.
07:50 Parfois même, il va accélérer, ça juste pourquoi ?
07:52 Parce que c'est le système
07:54 qui est contre-productif.
07:56 Et le système il est contre-productif
07:58 parce qu'il y a une mauvaise organisation du travail,
08:00 une mauvaise RH, qu'il y a de l'idéologie,
08:02 qu'on manque de pragmatisme,
08:04 qu'on manque de retour
08:06 sur expérience, d'évaluation,
08:08 et que surtout, et surtout parce que ça
08:10 c'est notre domaine principal,
08:12 la norme, la norme
08:14 est obèse, elle est confuse
08:16 aujourd'hui. Or la norme c'est quoi ?
08:18 C'est ce qui dessine les contours d'une société,
08:20 c'est ce qui permet de dire ce qui est bien, ce qui est mal,
08:22 ce qui est légal, ce qui est illégal.
08:24 Elle est pléthorique, et on le sait,
08:26 c'est pas moi qui le dis. - Il faut dégraisser
08:28 le mammouth de la norme. - En réalité,
08:30 il faut défaire,
08:32 il faut déconstruire aujourd'hui,
08:34 et il faut arrêter de réformer sur un système qui est
08:36 déjà à bout de souffle, parce que si vous continuez
08:38 à rajouter des couches... - Donc il faut le détruire ceci ?
08:40 - Non, non, non, il ne faut pas le détruire.
08:42 Il faut défaire ce qui sont
08:44 des obstacles, ce qui neutralise
08:46 l'action. C'est pas tout à fait pareil.
08:48 - Alors on va en parler, on va faire l'inventaire
08:50 de cela, Béatrice Roger, c'est très important,
08:52 ça concerne absolument tout le monde,
08:54 après cette petite pause. - Et avec vous
08:56 au 0826 300 300 pour poser
08:58 toutes vos questions, et pour réagir sur
09:00 Sud Radio, à tout de suite.
09:02 - Sud Radio, votre avis fait la différence.
09:04 - Je tenais à vous remercier pour votre émission,
09:06 parce qu'elle permet à des citoyens comme moi
09:08 de pouvoir s'exprimer, et d'avoir
09:10 des voix un peu dissonantes.
09:12 - Sud Radio, parlons vrai.
09:14 - Ici
09:16 Sud Radio.
09:18 Les Français parlent au français.
09:22 Je n'aime pas
09:24 la blanquette de veau.
09:26 Je n'aime pas la blanquette
09:28 de veau. - Sud Radio Bercov
09:30 dans tous ses états.
09:32 - Et Béatrice Brugère, la justice,
09:34 justice, la colère qui monte,
09:36 livre qui vient de paraître
09:38 aux éditions de l'Observatoire, et livre qui
09:40 fait l'inventaire
09:42 très, très, très aiguë
09:44 et juste de ce qui se passe
09:46 effectivement, dans ce qu'on
09:48 considère encore, et j'espère pour
09:50 longtemps, pour un troisième pouvoir,
09:52 pour le troisième pouvoir,
09:54 mais qui, comme les autres
09:56 aujourd'hui, est balayé par
09:58 un certain nombre de bourrasques.
10:00 Et en fait, là-dessus,
10:02 Béatrice Brugère, on parlait
10:04 au Rantel, on disait, par rapport
10:06 au système, mais
10:08 on dit au fond que
10:10 tout ce système, vous disiez
10:12 le management, etc.,
10:14 au fond, vous dites,
10:16 vous avez dit au Rantel, et c'est intéressant,
10:18 vous dites, mais nous, c'est pas nous
10:20 qui décidons de changer et de
10:22 faire les réformes, c'est au pouvoir politique
10:24 qui peut faire les réformes. C'est pas à vous.
10:26 - Bien sûr, et d'ailleurs, heureusement,
10:28 parce que les magistrats,
10:30 d'abord, ne font pas de politique, ils ne
10:32 devraient pas faire de politique.
10:34 - La politique est partout. - Oui,
10:36 non, mais quand je parle de politique... - Non, je vous prie, pas politique,
10:38 mais en ce politicien, bien sûr. - Voilà, tout à fait, ça ne les empêche
10:40 pas de réfléchir et de penser,
10:42 et comme vous dites, d'avoir une action politique,
10:44 évidemment, et ils en ont
10:46 une, d'une certaine manière, si, en tout cas,
10:48 ils ne garantissent pas les libertés,
10:50 la sécurité et la prospérité
10:52 d'une société, ils ont une
10:54 responsabilité politique.
10:56 Mais quand je parle de politique, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
10:58 ce qu'il faudrait, enfin,
11:00 ce qu'il faut, c'est des réformes en profondeur,
11:02 des réformes institutionnelles,
11:04 constitutionnelles... - Alors lesquelles ?
11:06 Soyons concrets, lesquelles, par exemple ?
11:08 Qu'est-ce qui vous paraît le plus...
11:10 Enfin, le plus urgent, il n'y a pas de question d'urgence, mais...
11:12 Qu'est-ce qui vous paraît, par exemple, quelque chose, une réforme en profondeur,
11:14 à au moins, à entamer,
11:16 sinon à l'avoir ?
11:18 - La réforme en profondeur, elle est déjà intellectuelle,
11:20 si je puis me permettre,
11:22 c'est déjà de considérer que la justice
11:24 doit être au centre des réflexions institutionnelles,
11:26 c'est-à-dire au cœur d'une société
11:28 et la clé de voûte d'une démocratie. Pourquoi ?
11:30 Parce que la justice, c'est ce qui garantit
11:32 le lien social, protège
11:34 les plus faibles et évite le chaos.
11:36 Donc c'est quand même, j'allais dire,
11:38 les contours de ce qui permet
11:40 de vivre ensemble. - Oui.
11:42 - Pour cela, faut-il encore
11:44 que la justice soit au cœur
11:46 de cette réflexion institutionnelle,
11:48 non pas à la marge, un pouvoir à la botte
11:50 du pouvoir politique, ou en tout cas
11:52 traité de façon
11:54 très marginale. Donc on sait que
11:56 pendant des années, on a eu une maltraitance
11:58 budgétaire, par exemple, et qu'on n'avait
12:00 pas les moyens. Ça, c'est la première chose,
12:02 c'est très important, mais c'est
12:04 pas le plus important. Le plus
12:06 important, c'est qu'en fait, dans
12:08 une société démocratique qui est la nôtre,
12:10 c'est qu'on ait un équilibre des pouvoirs.
12:12 L'équilibre des pouvoirs, c'est la séparation
12:14 des pouvoirs, évidemment, mais c'est
12:16 aussi la capacité d'avoir des contre-pouvoirs
12:18 pour éviter l'abus de pouvoir.
12:20 Or, la justice, là, pour le coup,
12:22 elle a un enjeu capital,
12:24 puisqu'elle est censée garantir les libertés,
12:26 et vous savez que tous les jours,
12:28 c'est un enjeu de démocratie, les libertés
12:30 publiques, mais les libertés individuelles,
12:32 on est aussi garant des libertés individuelles,
12:34 et on est là pour aussi
12:36 garantir la justice,
12:38 ce qui implique aussi une forme de sécurité de chacun
12:40 à vivre dans un pays,
12:42 et la prospérité. Donc,
12:44 pour avoir cette indépendance,
12:46 il faudrait par exemple, déjà, commencer
12:48 par faire la réforme du parquet
12:50 que tout le monde attend, mais que
12:52 personne ne fait. Mais aussi,
12:54 il faut réfléchir sur... - Alors, attendez, attendez,
12:56 soyons très précis, c'est intéressant pour nos auditeurs,
12:58 ce serait quoi, la réforme du parquet ?
13:00 - Le parquet, c'est le ministère public, c'est-à-dire qu'aujourd'hui,
13:02 le ministère public
13:04 n'est pas considéré
13:06 comme un... Alors, ce sont des magistrats,
13:08 pourtant, mais,
13:10 au vu, déjà, de la jurisprudence
13:12 européenne, on n'est pas considéré
13:14 totalement comme des magistrats, pourquoi ?
13:16 Parce qu'on est sous la hiérarchie
13:18 du pouvoir politique, quand on est
13:20 au parquet, on est nommé par le pouvoir politique,
13:22 et on n'a
13:24 pas les mêmes garanties,
13:26 or, aujourd'hui, les magistrats du
13:28 ministère public ont un rôle extrêmement
13:30 important, ceux qui décident des enquêtes,
13:32 ceux qui décident des poursuites,
13:34 ceux qui requièrent, ceux qui font l'exécution
13:36 des peines. Donc, il faut déjà
13:38 sécuriser, y compris dans l'opinion
13:40 publique, mais sécuriser le fait
13:42 que la justice soit
13:44 indépendante. Et ça, c'est
13:46 très important, parce que quand on regarde
13:48 les sondages, c'est souvent
13:50 ce qu'on nous reproche. - Béatrice Brugère, on est d'accord
13:52 là-dessus, mais une fois que vous avez dit ça, ce sont
13:54 des veupieux. Moi, ce que je voudrais savoir,
13:56 c'est ce qu'on... Non mais, vous avez dit vous-même à la botte
13:58 du pouvoir politique. - Je n'ai pas dit à la botte,
14:00 nous ne sommes pas à la botte. - Vous avez parlé à la botte.
14:02 - Non, non. Je dis que c'est une question d'indépendance.
14:04 C'est-à-dire que... - Mais comment on le fait ?
14:06 Attendez, vous me dites
14:08 indépendance, etc. Moi, je... Non mais...
14:10 - Alors, c'est très simple. - Je me permets de vous poser
14:12 une question précise. - Oui, je voulais vous répondre. - Comment le
14:14 parquet peut se détacher
14:16 du pouvoir politique ? - Alors... - Pas être contre,
14:18 bien sûr, mais se détacher. - Bien sûr que non.
14:20 Il n'est même pas question d'être en autonomie
14:22 ou en autogestion. - Alors comment ?
14:24 - Parce qu'on a des comptes à rendre, évidemment.
14:26 Déjà, ça passe par un
14:28 changement sur le mode de nomination,
14:30 sur la manière dont on fait carrière,
14:32 sur la manière dont on évolue dans sa carrière,
14:34 sur ses notations,
14:36 sur son évaluation. Évidemment, ça passe
14:38 également par des garanties
14:40 d'inamovibilité. Nous, on l'a proposé.
14:42 Donc, c'est une réforme constitutionnelle
14:44 qui... - Qui nomme, vous voulez dire ? - Voilà.
14:46 - Qui nomme, à votre avis ?
14:48 Comment devraient être nommés les magistrats ?
14:50 Mais si ! Vous voulez être dans la précision,
14:52 sinon... - Oui, je vais vous expliquer, je vais vous répondre.
14:54 Aujourd'hui,
14:56 les magistrats du parquet sont
14:58 proposés par le ministre de la
15:00 justice. Et puis,
15:02 il y a tout un processus
15:04 qui fait que le Conseil supérieur
15:06 de la magistrature, aujourd'hui,
15:08 rend un avis.
15:10 Donc, en fait,
15:12 nous, ce que l'on
15:14 souhaite, déjà, c'est changer
15:16 tout le système de nomination,
15:18 avoir de la transparence. Nous avons fait...
15:20 Alors, quand je dis "nous", c'est mon syndicat, évidemment.
15:22 - Changer comment ?
15:24 Qui devrait nommer les magistrats ? Mais oui !
15:26 Si vous me dites "changer le système",
15:28 il faut être précis.
15:30 Ce ne devrait plus être le ministre de la justice ?
15:32 - Alors, le ministre de la justice
15:34 peut avoir, évidemment, un droit de regard.
15:36 Moi, je ne suis pas sur l'autogestion.
15:38 La question, c'est sur la transparence,
15:40 sur la compétence,
15:42 et sur la manière dont on choisit.
15:44 Et là, il n'y a ni transparence,
15:46 et d'ailleurs, c'est ce que les magistrats disent,
15:48 quand je parle de la colère qui monte, c'est aussi une colère
15:50 en interne. Il y a cette
15:52 volonté en interne
15:54 d'avoir des modes de sélection beaucoup
15:56 plus transparents. Il y a la problématique
15:58 du rôle des syndicats, aussi,
16:00 dans les carrières. Il y a la problématique
16:02 de la composition, et ça, c'est la réforme
16:04 constitutionnelle, je le dis tout de suite,
16:06 du Conseil supérieur de la magistrature,
16:08 qui valide ou invalide
16:10 ces carrières,
16:12 où certains syndicats siègent.
16:14 Il y a d'autres pays où ça ne se passe pas du tout comme ça.
16:16 Il y a des pays où vous avez des postes
16:18 qui sont libres, ils sont publiés,
16:20 les magistrats peuvent tous,
16:22 par exemple, je pense à la Belgique,
16:24 postuler, ils sont tous reçus,
16:26 c'est transparent, il y a des auditions,
16:28 etc. - En France, c'est l'opacité sur la nomination.
16:30 - En partie,
16:32 il y a une forme d'opacité, tout à fait,
16:34 puisqu'en fait, c'est à la main
16:36 à 80% de la chancellerie
16:38 qui décide ou non si vous pouvez
16:40 déjà être proposé,
16:42 et le Conseil supérieur de la magistrature,
16:44 dont il faudrait revoir peut-être aussi
16:46 les formes de nomination
16:48 et de composition, valides ou
16:50 invalides, mais c'est la fin de l'histoire.
16:52 Et pour les postes de premier président
16:54 ou de président,
16:56 c'est le Conseil supérieur de la magistrature
16:58 qui a la main sur ces quelques postes,
17:00 c'est pareil, il n'y a pas beaucoup de transparence,
17:02 et pour les postes de procureur
17:04 généraux ou de procureurs,
17:06 qui sont des postes extrêmement importants,
17:08 puisque c'est eux qui décident des politiques pénales aussi locales,
17:10 et qui ont la main sur les enquêtes,
17:12 là c'est encore
17:14 à la main du pouvoir politique.
17:16 Moi, je ne suis pas pour
17:18 le fait de dire "le politique n'a pas un droit
17:20 de regard", la question c'est qu'il faut
17:22 un équilibre et de la transparence, et de la compétence.
17:24 Nous sommes loin
17:26 du compte, il y a des pays
17:28 comme la Belgique, qui ont fait d'ailleurs
17:30 après l'affaire Dutroux, une énorme
17:32 réforme là-dessus, sauf
17:34 que ces réformes, elles sont
17:36 constitutionnelles. Donc ça veut dire
17:38 qu'à un moment donné, il faut faire...
17:40 Et pareil pour le parquet,
17:42 si aujourd'hui,
17:44 pourquoi par exemple, il y a beaucoup de complexité
17:46 dans la procédure ? Tout le monde dit "la procédure pénale
17:48 elle est complexe, elle est complexe". Parce qu'en fait
17:50 aujourd'hui, nous sommes obligés
17:52 en permanence de rajouter
17:54 des juges du siège dans toutes les
17:56 procédures, parce que la Cour Européenne
17:58 des Droits de l'Homme nous dit "mais les magistrats
18:00 du parquet, vu leur nomination,
18:02 et vu leur peu
18:04 d'indépendance, ne sont pas
18:06 des magistrats. Donc on double tout
18:08 avec des magistrats du siège. Oui, mais
18:10 vous voyez, c'est un impact
18:12 direct sur la complexité.
18:14 - On va en continuer d'en parler, on va évoquer
18:16 d'autres exemples avec Béatrice Brugère,
18:18 mais oui, c'est très très compliqué.
18:20 Mais justement, il faut savoir s'il faut
18:22 trancher le noeud gordien ou pas, je sais
18:24 que c'est vraiment
18:26 l'enjeu. On va en parler juste après
18:28 cette petite pause. - Et puis vous aurez la parole 0826
18:30 300 300 pour réagir, pour poser
18:32 toutes vos questions à Béatrice Brugère, qui est
18:34 notre invitée du jour. A tout de suite sur Sud Radio.
18:36 - Sud Radio
18:38 Bercov, dans tous ses états,
18:40 midi 14h, André Bercov.
18:42 - Ici
18:44 Sud Radio.
18:46 Les
18:48 Français parlent au français.
18:50 Les carottes
18:52 sont cuites.
18:54 Les carottes sont cuites.
18:56 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
18:58 - Justice,
19:00 la colère qui monte.
19:02 - Oui, elle monte depuis assez longtemps, effectivement.
19:04 Et pas seulement dans l'univers de la justice,
19:06 mais chez les justiciables
19:08 aussi. Béatrice Brugère,
19:10 donc ce livre qui vient de sortir aux éditions
19:12 de l'Observatoire.
19:14 Et au fond,
19:16 on se dit, mais
19:18 cet espace d'autonomie, alors comment
19:20 créer l'autonomie, comment faire à ce
19:22 désengager, peut-être pas se désengager,
19:24 mais cette histoire, encore une fois,
19:26 je reviens là-dessus parce que ça me paraît fondamental
19:28 et à vous aussi d'ailleurs.
19:30 Cette histoire du parquet qui est
19:32 quand même, je veux dire,
19:34 dont la carrière, les nominations,
19:36 etc. Vous avez dit vous-même
19:38 justement, au Conseil supérieur de la magistrature,
19:40 le ministre, le gouvernement, etc.
19:42 Vous n'empêcherez jamais
19:44 un gouvernement et un ministère d'être des politiques,
19:46 qu'ils soient de gauche, de droite, du centre ou d'ailleurs.
19:48 - Je cherche pas. - Ça n'a rien à faire. Oui, justement.
19:50 Mais, encore une fois, je repose
19:52 ma question. Quand un
19:54 magistrat est haut magistrat, surtout,
19:56 et je pense que c'est aussi comme ça
19:58 pour les hôpitaux en tout cas certains,
20:00 doit, devra sa carrière
20:02 à telle ou telle
20:04 amabilité
20:06 gouvernementale, politique
20:08 et autre, et encore une fois, pas politique au sens
20:10 politicien, et bien vous savez, l'institut
20:12 humain étant ce qu'elle est, comment peut-on
20:14 faire pour avoir, en tout cas, plus
20:16 d'indépendance, plus de
20:18 transparence comme vous le réclamez ?
20:20 Concrètement, moi je reviens à ça,
20:22 comment peut-on faire ?
20:24 - Vous avez raison, parce que c'est la question majeure
20:26 que tout le monde, c'est celle de la confiance dans nos institutions.
20:28 - C'est ça. - C'est-à-dire,
20:30 comment retrouver la confiance dans nos institutions
20:32 après des critiques
20:34 assez fortes,
20:36 sur une forme de politisation,
20:38 d'impartialité, etc.
20:40 Donc, moi, ce que je propose, c'est un
20:42 choc de culture, on va dire,
20:44 dans ce livre, et c'est même
20:46 le sujet majeur, c'est d'avoir une vision
20:48 sur ce qu'on peut appeler, alors, les ressources
20:50 humaines, c'est
20:52 un peu large, mais c'est la manière dont on recrute,
20:54 dont on forme, et dont on
20:56 fait carrière, d'ailleurs on peut se poser la question,
20:58 doit-on faire carrière dans la magistrature ?
21:00 - Oui, très question. - Oui, que je pose.
21:02 - On peut, pendant 10 ans, passer ailleurs.
21:04 - Oui, oui, tout à fait.
21:06 La question de passer du siège au parquet,
21:08 qui est parfois une confusion,
21:10 comment on peut être magistrat du parquet, puis après
21:12 devenir un magistrat du siège indépendant, etc.
21:14 Il y a d'autres pays qui ont fait d'autres choix
21:16 que les nôtres, et que j'interroge,
21:18 et sur lesquels, je me dis, mais là, il y a des choses
21:20 qui sont intéressantes à prendre. Notamment,
21:22 par exemple... - Alors, la Belgique, vous parlez de l'exemple
21:24 belge, par exemple. - Oui, les Belges sont
21:26 très inspirants, d'une certaine façon, parce qu'ils ont
21:28 connu une crise énorme de confiance.
21:30 - L'affaire du trou. - L'affaire du trou a
21:32 été un effondrement, on s'est aperçu qu'il y avait
21:34 de la corruption, de la politisation,
21:36 de l'incompétence, enfin, tout ce qu'on connaît,
21:38 et ils ont décidé de faire une grande réforme,
21:40 ils ont créé le Conseil supérieur
21:42 de la Justice, et ils ont
21:44 nommé des gens de
21:46 manière extrêmement transparente,
21:48 compétent, ils ont mis
21:50 beaucoup de monde pour éviter le côté de
21:52 concentration, de clan, si vous voulez,
21:54 aussi dans les nominations, et ils ont
21:56 fait un système transparent. Alors, il n'y a pas de système
21:58 parfait, mais il y a des systèmes meilleurs que d'autres,
22:00 et en tout cas, il y a des systèmes qui peuvent
22:02 au moins réfléchir à des
22:04 contre-pouvoirs, ou empêcher
22:06 au maximum
22:08 ce qui ne serait pas transparent. Donc, moi,
22:10 je demande qu'on fasse un peu comme la
22:12 Belgique, je demande également,
22:14 enfin, en tout cas, je propose, parce que
22:16 nous, on est un syndicat réformiste,
22:18 on ne fait pas de politique, mais par contre,
22:20 on est intéressé à ce que le système
22:22 fonctionne. Et le
22:24 système fonctionnerait bien si on clarifiait
22:26 notre position sur la place du parquet,
22:28 aujourd'hui, qui n'est pas
22:30 clair, donc à un moment, il faut trancher, c'est pas à moi
22:32 de trancher, c'est aux politiques. Mais tant qu'on
22:34 reste au milieu du guet, eh bien, en fait,
22:36 on est dans la confusion. - Parce que pour les gens,
22:38 je veux dire, le parquet est soumis aux politiques.
22:40 - Oui, ce qui est vrai est faux, d'ailleurs,
22:42 mais ce qui n'est pas faux, voilà.
22:44 Mais si vous voulez,
22:46 la politique pénale, c'est pas un vilain mot,
22:48 c'est pas un gros mot, la politique pénale, en réalité.
22:50 Donc après, on peut interroger
22:52 aussi la politique pénale. Et la politique pénale,
22:54 elle est déterminée par le gouvernement.
22:56 - Bien sûr. - Et c'est vrai que les magistrats du
22:58 parquet doivent appliquer la politique
23:00 pénale. Mais sur le terrain,
23:02 on s'aperçoit que, d'abord,
23:04 on a un système qui sature
23:06 et qui crée d'une forme une injustice.
23:08 C'est-à-dire que vous n'avez pas le même traitement si vous êtes à
23:10 Mollusson ou si vous êtes dans la
23:12 petite couronne de Paris. Donc ça, c'est déjà
23:14 la première chose qu'on oublie souvent.
23:16 On a un système d'opportunité des poursuites.
23:18 Ça veut dire quoi ? C'est-à-dire que le parquet
23:20 peut classer ou ne pas classer. EDA et Justicia
23:22 disent "mais pourquoi là, on est poursuivi ?
23:24 Pourquoi là, on n'est pas poursuivi ?" - On peut dire en deux points, deux mesures.
23:26 - Par exemple, les Italiens ont pris
23:28 un autre système, puisque vous voulez des choses concrètes,
23:30 de dire "on va faire de la légalité des poursuites".
23:32 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout le monde est poursuivi
23:34 de la même manière, quelle que soit l'infraction.
23:36 Je pose la question, faut-il
23:38 changer notre système d'opportunité ?
23:40 Comme on a un système qui sature,
23:42 on s'aperçoit qu'on fait
23:44 énormément de régulations,
23:46 d'alternatives aux poursuites,
23:48 et qu'en fait, c'est la masse, ce que j'appelle
23:50 le "new public management", c'est le chiffre
23:52 qu'il emporte souvent,
23:54 et malheureusement, sur la réalité criminelle.
23:56 Donc, j'interroge
23:58 tout notre système, qui en fait
24:00 sature. On sait,
24:02 tout le monde le sait, il y a des articles qui le disent,
24:04 et il n'y a pas que des articles, c'est une vérité,
24:06 qu'il y a des millions de procédures qui ne sont pas traitées.
24:08 - Ou qui mettent des années et des années...
24:10 - Qui sont laissées parfois, malheureusement, prescrire,
24:12 la police ne suit pas, la justice n'a pas
24:14 les moyens, donc derrière, c'est qui ?
24:16 Ce sont les victimes, c'est des gens qui attendent
24:18 un jugement, c'est parfois des faits extrêmement
24:20 graves, ça c'est de l'injustice.
24:22 Or, vous voyez bien, c'est pas de la politique, c'est de l'organisation,
24:24 ça. C'est-à-dire que,
24:26 c'est là-dessus qu'il faut travailler. Est-ce que
24:28 on peut continuer comme ça, à dire qu'on va
24:30 répondre à tout le monde, et ne pas répondre
24:32 à tout le monde ? Moi, je propose, par exemple,
24:34 des modes différents
24:36 de jugement, sur tous ces petits
24:38 délits, qui ne sont pas
24:40 traités, ou parfois même pas bien traités,
24:42 ou laissés prescrits. Je propose le
24:44 système à l'anglo-saxonne, ce qui devrait vous
24:46 plaire, de mettre
24:48 ce que j'appelle des magistrates, c'est-à-dire
24:50 des juges de paix.
24:52 Et c'est des citoyens, d'ailleurs.
24:54 C'est très intéressant, parce que
24:56 c'est aussi une façon de redonner le pouvoir
24:58 aux citoyens, sur la manière dont on rend
25:00 justice. On dit toujours "ah, mais il y a une
25:02 distorsion, un éloignement". C'est très intéressant.
25:04 D'abord, c'est sur tout le territoire,
25:06 alors aujourd'hui, qu'est-ce qu'on reproche ?
25:08 C'est le fait d'avoir pas
25:10 accès à son juge, que les délais sont très longs,
25:12 qu'on attend des jugements
25:14 qui n'arrivent pas. - Et que surtout, il y a des choses où il ne se
25:16 passe rien, où il y a des longs lieux...
25:18 - Et tous ces petits délits, là, qui ne sont pas toujours
25:20 traités ou classés, ou je sais pas...
25:22 - Et qui empoisonnent la vie des gens.
25:24 - Exactement, et qui peuvent même empirer, parfois,
25:26 parce qu'en fait, quand on laisse traîner,
25:28 eh bien là, ils seraient jugés en équité
25:30 et pas en droit, ce qui permettrait d'aller vite.
25:32 Et on a proposé la même chose, notre syndicat
25:34 au civil, et c'est en train de se faire.
25:36 C'est en train de se faire,
25:38 c'est-à-dire de la médiation des modes alternatifs
25:40 de règlement des litiges,
25:42 sous, évidemment, le contrôle d'un juge,
25:44 parce que, autrement, c'est
25:46 le plus fort qui l'emporte sur le plus faible,
25:48 et qui fait qu'on va
25:50 essayer d'enlever tous ces contentieux,
25:52 tous ces litiges, qui attendent
25:54 des années d'être jugés
25:56 au civil, et ça pourrait être la même chose
25:58 au pénal, donc vous voyez bien, là, c'est des
26:00 réformes extrêmement concrètes,
26:02 mais c'est des changements radicaux
26:04 de modèle. On change de modèle.
26:06 - Ce qui est intéressant dans tout ce que vous
26:08 dites, Béatrice, mais enfin, on va en parler aussi avec
26:10 nos auditeurs, c'est qu'effectivement,
26:12 ça se dit, ça se fait,
26:14 vous en parlez très bien dans votre livre,
26:16 le problème, c'est qu'on a l'impression que
26:18 il y a ce que j'appelle une force d'inertie
26:20 agissante, et qui
26:22 dit "oui, oui, d'accord, oui, c'est vrai,
26:24 vous avez raison, bien sûr, on va vous dire que vous avez tout à fait
26:26 raison, mais bon,
26:28 c'est peut-être pas l'urgence,
26:30 il y a d'autres priorités, donc on attendra."
26:32 Je crois que nous avons...
26:34 - Jean-Philippe, qui nous appelle depuis Paris.
26:36 Bonjour Jean-Philippe. - Bonjour Jean-Philippe.
26:38 - Bonjour à tous, bonjour M. Bercoff
26:40 et bonjour Mme Brugère. - Bonjour.
26:42 - On vous écoute Jean-Philippe. - Ben voilà, moi
26:44 je n'ai ni la carrière
26:46 de Mme Brugère, ni l'expérience de
26:48 M. Bercoff, mais
26:50 je voudrais juste dire quelque chose de tout simple, c'est que
26:52 je voulais revenir
26:54 sur l'indépendance de la justice
26:56 par rapport à la nomination
26:58 de certains postes par les politiques.
27:00 Ca reste des êtres humains,
27:02 c'est-à-dire que l'indépendance, vous l'aurez jamais,
27:04 peu importe ce que vous nommiez
27:06 via un politique
27:08 ou pas,
27:10 si vous voulez une indépendance totale de la justice, vous aurez quand même
27:12 des êtres humains qui ont des
27:14 avis politiques. - Des intérêts, des avis.
27:16 - Des intérêts, nécessairement.
27:18 - Non, non, pardon, je vous laisse.
27:20 - Finissez Jean-Philippe.
27:22 - Non, ce que je voulais vous dire, c'est que voilà,
27:24 moi je ne suis pas grand-chose, je suis qu'un petit comédien,
27:26 je ne suis pas du tout
27:28 dans votre connaissance,
27:30 je ne connais pas bien ce que je...
27:32 - Ce n'est pas le problème, vous avez votre avis.
27:34 - Par mon métier, ce que je veux dire, c'est que
27:36 je croise beaucoup d'humains, je croise
27:38 beaucoup de gens, et chacun a ses idées.
27:40 Et si vous nommez des humains, quoi qu'il arrive,
27:42 l'indépendance de la justice, je pense,
27:44 je suis peut-être naïf, mais j'ai l'impression qu'on ne peut pas
27:46 l'avoir. Et d'avoir
27:48 une nomination de certains postes
27:50 par des politiques
27:52 permet quand même, si vous voulez,
27:54 d'avoir, si c'est transparent
27:56 évidemment, d'avoir une
27:58 forme de continuité
28:00 et une forme de
28:02 lien tout de même.
28:04 L'indépendance de la justice,
28:06 on ne voit pas la privé. - Ah oui, oui, vous,
28:08 ce que dit le juge Jean-Philippe, c'est que vous,
28:10 vous êtes pour la nomination,
28:12 en tout cas, de la continuation de la nomination
28:14 des magistrats, en tout cas du parquet, par les politiques.
28:16 Quelle qu'il soit. - Donc, si c'est une forme de transparence,
28:18 c'est que ça reste, quoi qu'il arrive, un bien public,
28:20 parce que si on veut une indépendance totale,
28:22 qu'est-ce qu'il va se passer à terme ?
28:24 Une privatisation ? - Non, non.
28:26 - Allez-y. - Merci pour cette question,
28:28 ça me permet de clarifier.
28:30 C'est pas du tout ça, en fait, que nous on propose.
28:32 C'est pas du tout une indépendance style
28:34 autogestion, les magistrats sont indépendants,
28:36 font ce qu'ils veulent. Absolument pas.
28:38 Ce que nous, ce que l'on veut, c'est éviter
28:40 d'avoir des nominations politiques
28:42 dans le mauvais sens du terme, c'est-à-dire que
28:44 moi, j'ai aucun problème à être nommé par le président
28:46 de la République. Ce qui compte, c'est que
28:48 dans l'exercice de sa fonction,
28:50 on n'est pas d'influence
28:52 ou de pression politique, c'est ça
28:54 l'indépendance surtout, ou qu'on ait
28:56 les moyens budgétaires, ce qui est une autre forme d'indépendance,
28:58 pour pouvoir travailler correctement.
29:00 Mais l'enjeu numéro un, c'est pas tellement
29:02 l'indépendance, monsieur a pas tort,
29:04 c'est surtout l'impartialité.
29:06 C'est-à-dire que ce qu'on attend des magistrats,
29:08 c'est surtout qu'ils soient impartiales.
29:10 Et bien sûr qu'il a
29:12 ses idées, qu'il a
29:14 sa façon d'être, etc.
29:16 Mais il faut, en tout cas,
29:18 essayer de faire en sorte que le système
29:20 ait toutes les garanties
29:22 maximales pour éviter
29:24 les abus de pouvoir
29:26 ou la partialité. - Vous avez dit "vous",
29:28 mais le problème, il est posé, et vous pouvez le dire
29:30 dans tous les secteurs, parce qu'il y a la justice,
29:32 la société... Je veux dire, si je suis
29:34 nommé par quelqu'un, je suis redevable
29:36 à ce quelqu'un. - Pas nécessairement,
29:38 en fait, oui, non, mais
29:40 sur le papier, vous avez raison, mais ce que je veux dire par là,
29:42 c'est...
29:44 Par exemple,
29:46 mon décret, c'est le président de la République
29:48 qui me nomme, ça n'empêche que j'ai
29:50 jamais eu de pression et que j'ai toujours fait
29:52 ce que j'ai pensé pu faire.
29:54 Donc c'est plus compliqué que ça. - Vous voulez dire
29:56 que vous n'êtes pas dans une pression...
29:58 - Non, pas du tout. Mais ce qui est intéressant,
30:00 c'est plutôt la transparence,
30:02 la compétence,
30:04 l'impartialité et les garanties
30:06 au maximum, évidemment,
30:08 pour éviter les abus. C'est ça
30:10 qui est intéressant. Et là, vous êtes dans un système
30:12 qui est sain. Aujourd'hui,
30:14 on n'a pas encore atteint cette maturité
30:16 et ça passe aussi par une
30:18 RH qui puisse
30:20 être, j'allais dire, juste
30:22 en interne pour que
30:24 les magistrats qui ont des compétences et qui
30:26 ont besoin d'avoir
30:28 une carrière ne soient
30:30 pas bloqués parce qu'ils ne sont pas dans
30:32 un bon syndicat ou parce qu'ils
30:34 n'ont pas le bon profil,
30:36 on va dire des choses comme ça. Donc en fait, c'est très important,
30:38 ce n'est pas de dire qu'on
30:40 est en autogestion, c'est de dire qu'il y a des
30:42 garanties pour éviter les pressions.
30:44 Ce n'est pas tout à fait la même chose. - C'est sûr. Mais les garanties
30:46 doivent être, à mon avis, beaucoup plus fortes que
30:48 les RH, les DRH ne suffiront pas
30:50 à... - Ah non, mais c'est un ensemble. - ... à avoir avec tes garanties.
30:52 - C'est un ensemble. - C'est un ensemble. - C'est tout un ensemble.
30:54 - On va mieux bien en parler après cette petite pause.
30:56 Et la dernière sur Sud Radio, on est ensemble jusqu'à 14h
30:58 avec Béatrice Brugère et avec vous au 0826
31:00 300 300. A tout de suite.
31:02 Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
31:04 appelez maintenant pour réagir 0826 300 300.
31:06 0826 300 300.
31:08 Ici Sud Radio,
31:10 Ici Sud Radio,
31:12 Ici Sud Radio,
31:14 les Français parlent au français.
31:16 les Français parlent au français.
31:18 Je n'aime pas la blanquette de veau.
31:20 Je n'aime pas la blanquette de veau.
31:22 Je n'aime pas la blanquette de veau.
31:24 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
31:26 De retour sur Sud Radio, nous sommes toujours
31:28 avec Béatrice Brugère qui vient nous voir
31:30 pour son livre aux éditions de l'Observatoire
31:32 "Justice, la colère qui monte"
31:34 et nous avons Claude qui nous appelle depuis Perpignan.
31:36 Bonjour Claude. - Bonjour Claude.
31:38 - Oui bonjour, bonjour Béatrice Brugère,
31:40 bonjour André Bercov et surtout
31:42 merci pour les sujets que vous abordez.
31:44 Moi j'ai une question qui rejoint
31:46 peut-être un peu l'intervenant précédent.
31:48 peut-être un peu l'intervenant précédent.
31:50 J'ai du mal à concevoir
31:52 et vous pouvez sans doute m'aider Béatrice Brugère,
31:54 comment on peut
31:56 rendre la justice
31:58 indépendante ?
32:00 C'est-à-dire indépendante des pressions,
32:02 des pressions politiques ou des lobbies
32:04 et en même temps elle est rendue au nom
32:06 du peuple français donc
32:08 le magistrat
32:10 par principe, il est
32:12 responsable et moi
32:14 je compare à d'autres
32:16 éléments de responsabilité, quand on est responsable
32:18 on doit rendre des comptes
32:20 et je me demandais comment
32:22 en fait la justice peut être
32:24 indépendante, responsable et
32:26 rendre ses comptes au peuple français
32:28 par rapport à eux.
32:30 Et à qui ? Enfin je pense
32:32 il n'y a pas que les cas
32:34 terribles comme l'affaire Doutreau
32:36 et autres. Moi je me souviens
32:38 pour un de mes
32:40 filles qui
32:42 s'est séparée de son conjoint,
32:44 la justice aux affaires familiales c'était
32:46 l'époque où la mode était à la garde
32:48 alternée, quels que soient les cas,
32:50 quels que soient les éléments et les circonstances,
32:52 c'était donc à la limite, c'était
32:54 une justice je dirais, non pas
32:56 militante mais dans l'air du temps
32:58 il fallait promouvoir des choses.
33:00 Et moi je n'arrive pas à trouver
33:02 quel est le point central
33:04 de tous ces équilibres.
33:06 - Béatrice Boucher, en fait en quelques
33:08 mots, et c'est vrai...
33:10 - Alors déjà,
33:12 évidemment,
33:14 la plupart des magistrats
33:16 travaillent très bien et ne sont pas du tout...
33:18 Moi-même
33:20 je n'ai jamais vraiment rencontré de pression
33:22 politique, ou très peu,
33:24 je ne crois pas que ce soit le cas de la
33:26 majorité, et heureusement. Ce que monsieur
33:28 soulève est un autre point,
33:30 celui de la qualité de la justice en réalité.
33:32 - Non, de la responsabilité. - Oui, mais ça
33:34 va avec. C'est-à-dire que
33:36 si vous posez une mauvaise décision,
33:38 est-ce qu'on est responsable ?
33:40 Donc c'est bien la question de la
33:42 qualité, entre guillemets, en tout cas de l'attente.
33:44 Alors d'abord, ce qui est sûr
33:46 c'est que les magistrats ne sont pas irresponsables.
33:48 Ils ont évidemment
33:50 des responsabilités civiles, pénales et disciplinaires,
33:52 d'ailleurs qui s'exercent.
33:54 Mais la question
33:56 est celle plutôt du contenu
33:58 des décisions, puisqu'en fait on peut avoir
34:00 des approches très différentes.
34:02 Et c'est ce que j'évoque dans mon
34:04 livre, c'est-à-dire qu'aujourd'hui
34:06 on souffre de deux mots.
34:08 L'hyper-normativité ou l'hyper-technicité
34:10 ou l'hyper-procédure, comme vous voulez,
34:12 qui fait que souvent,
34:14 si on est conforme à la loi,
34:16 à la technique, au process,
34:18 on a rendu justice, moi je ne crois pas.
34:20 Et l'hyper-subjectivité
34:22 qui est rendue possible,
34:24 puisqu'en fait les magistrats ont quand même
34:26 un pouvoir d'appréciation très
34:28 important, et surtout des normes
34:30 qui leur permettent parfois d'apprécier
34:32 différemment. C'est ça le sujet.
34:34 Et le sujet, il faut y répondre,
34:36 très franchement. Donc moi,
34:38 comment
34:40 je suggère d'y répondre,
34:42 c'est de répondre à la crise des valeurs.
34:44 Quelles sont nos priorités et qu'est-ce que l'on
34:46 veut aujourd'hui ? Par exemple,
34:48 une des valeurs qui me semblent importantes,
34:50 c'est de ne pas
34:52 faire de politique, de ne pas faire d'idéologie,
34:54 justement
34:56 d'avoir là-dessus
34:58 de sanctionner
35:00 la déloyauté, ce qui est extrêmement
35:02 important, et également
35:04 d'avoir des processus
35:06 qui soient
35:08 performants,
35:10 non pas sur la quantité,
35:12 mais sur la qualité. - Attendez,
35:14 moi, là-dessus, on n'est pas d'accord du tout.
35:16 Quand vous dites de ne pas faire politique, de ne pas faire d'idéologie,
35:18 ne me dites pas, on est
35:20 un être humain, tout être humain a
35:22 ses convictions. Le vrai problème,
35:24 pardon, qui juge les juges ?
35:26 - Je viens de vous répondre. - Il n'y a pas, non.
35:28 - Le Conseil supérieur de la magistrature. - Oui, enfin,
35:30 écoutez, quand on s'est passé pour l'affaire
35:32 d'Outreau, regardez ce qu'on a fait,
35:34 regardez tel juge. Je vais vous donner un exemple très précis.
35:36 Ce juge qui...
35:38 Je vais prendre un exemple extrême, mais ça ne fait rien.
35:40 Ce juge qui proposait
35:42 sa fille de 12 ans
35:44 dans des
35:46 orgies pour les gens.
35:48 Il a été sanctionné ? - Oui, il a été
35:50 sanctionné. - Oui, il a été déplacé.
35:52 Sanctionné, alors que n'importe qui, ce qui serait dans
35:54 l'affaire de pédophilie, il serait en prison.
35:56 Lui, il a été déplacé. - Alors, moi,
35:58 vous avez la réponse dans mon livre,
36:00 cher André Bercoff.
36:02 Si vous regardez bien,
36:04 moi, je demande justement
36:06 une réforme majeure du
36:08 Conseil supérieur de la justice.
36:10 Donc du Conseil supérieur actuellement,
36:12 de la magistrature en un Conseil supérieur de la justice.
36:14 J'entends tout à fait ce que vous dites,
36:16 et moi-même... - Ça, je l'assure,
36:18 ça frappe.
36:20 - Mais j'entends la critique, et je dis
36:22 justement, le système tel qui
36:24 fonctionne aujourd'hui n'est pas
36:26 adapté aux attentes et n'est pas adapté à ce que
36:28 j'appelle un ordre juste interne et externe.
36:30 D'où cette idée d'arrêter
36:32 de réformer sur le système,
36:34 mais de le refonder. Et la question
36:36 de monsieur, elle est extrêmement importante, parce qu'elle
36:38 est au cœur de la réflexion. C'est-à-dire
36:40 comment on va responsabiliser,
36:42 comment on va refonder un système
36:44 qui puisse proposer un ordre juste,
36:46 où justement, on n'est pas sur la quantité,
36:48 sur le nombre de décisions qui est rendu,
36:50 mais on est sur les attentes et la qualité.
36:52 Donc c'est ça l'enjeu. - Et la responsabilité.
36:54 - Mais évidemment ! - Bien sûr.
36:56 - Et d'où d'ailleurs, une réflexion
36:58 assez forte sur les valeurs,
37:00 sur l'éthique,
37:02 et sur les sanctions
37:04 qui vont avec. - On remercie
37:06 Claude et on accueille Cédric, qui nous appelle
37:08 depuis Béziers. Bonjour Cédric. - Bonjour Cédric.
37:10 - Bonjour André Bercoff,
37:12 bonjour madame. Je suis très content de vous
37:14 avoir présent, en fait.
37:16 Effectivement, je fais partie des personnes
37:18 qui a finalement baissé les bras, et je n'ai plus
37:20 du tout confiance en la justice, parce que
37:22 la justice n'est pas juste. Trois exemples,
37:24 l'assassinat de mon père,
37:26 les juges ont été cléments.
37:28 J'ai fait partie des premiers qui a été
37:30 condamné
37:32 à Béziers en tant que gilet jaune,
37:34 mais comme ça a été très long,
37:36 ça a été mis fin février,
37:38 donc les débuts des
37:40 problèmes ont été engendrés
37:42 à partir de décembre.
37:44 C'est moi qui m'enflais, et j'ai pris 5 ans de prison
37:46 avec sursis. Et puis là,
37:48 ça vient de tomber il y a une semaine
37:50 et demie, je suis débouté de
37:52 ma demande au tribunal
37:54 des Prud'hommes,
37:56 qui est passé finalement au tribunal d'instance, parce que les Prud'hommes
37:58 n'ont pas pu juger, et finalement la juge
38:00 était pro patron, et
38:02 elle l'a dit ouvertement, et du coup,
38:04 résultat des courses, avec tous les documents que j'avais,
38:06 j'ai été débouté de près de 40 000 euros
38:08 que mon patron me devait. Je trouve ça donc
38:10 indécent, et je fais partie donc des 67%
38:12 de personnes qui ne font pas
38:14 confiance en la justice, ou qui trouvent qu'elle est
38:16 laxiste, ou qui trouvent qu'elle est inefficace,
38:18 et effectivement, je suis très triste,
38:20 parce que au début, j'étais très
38:22 confiant là-dessus, et maintenant,
38:24 je trouve que
38:26 il n'y a plus rien.
38:28 On ne fait plus confiance à la police, parce que des fois,
38:30 on trouve dans la police avec de la drogue, on ne fait plus confiance à la justice,
38:32 parce que la justice est injuste, alors que
38:34 normalement, dans le mot justice, il y a justice,
38:36 et elle est injuste.
38:38 Donc je trouve ça aberrant.
38:40 - Béatrice,
38:42 vous ne connaissez pas ce cas. - Non, non, je connais pas
38:44 le cas, mais moi j'entends la colère, et j'entends
38:46 les critiques, elles ne me feront pas peur, au contraire,
38:48 parce que je travaille
38:50 depuis des années, justement,
38:52 à réfléchir comment améliorer le système,
38:54 donc au contraire, je trouve que
38:56 toutes ces critiques sont les bienvenues.
38:58 Ce qui est sûr, c'est que
39:00 sur l'exécution des peines, et
39:02 aujourd'hui, sur notre système d'exécution
39:04 des peines, je crois qu'on est très loin
39:06 du compte et des attentes, et d'ailleurs, on est
39:08 tellement loin qu'aujourd'hui,
39:10 on est dans une impasse, on a une
39:12 insécurité qui augmente,
39:14 on a des prisons qui sont
39:16 pleines à craquer, qui sont
39:18 saturées, et on a tout un système,
39:20 et là, je l'explique très bien, qui est
39:22 propre à la France et à l'Italie, cette fois-ci,
39:24 d'un juge d'application des
39:26 peines, qui aujourd'hui est quasiment
39:28 à troisième tour pour les faire refaire, etc.
39:30 Donc,
39:32 la question fondamentale
39:34 de la punition,
39:36 de la place de la prison,
39:38 du rôle du magistrat par rapport
39:40 à la sanction, des moyens
39:42 pour qu'elles soient efficaces et pas
39:44 simplement symboliques,
39:46 est essentielle, ce sujet,
39:48 alors évidemment, je ne vais pas le développer, je n'ai pas le temps,
39:50 est traité, et je donne des réponses
39:52 justement, comment sortir de cette
39:54 impasse. Et ce n'est pas
39:56 une vision répressive ou laxiste,
39:58 en a été, c'est une vision assez simple
40:00 de remettre,
40:02 j'allais dire, tout le monde au bon niveau,
40:04 les victimes, d'entendre, donc là,
40:06 on reprend aussi la question de l'impartialité
40:08 et de la garantie et de la confiance,
40:10 mais c'est aussi l'efficacité,
40:12 la rapidité et la réalité d'une sanction.
40:14 - Donc, vous êtes optimiste quant à
40:16 la refondation possible de la justice,
40:18 Béatrice Augère ? - Alors, moi... - La colère
40:20 monte, vous dites, d'un côté, mais est-ce
40:22 qu'on peut l'indiguer ou pas, de façon
40:24 responsable et efficace ?
40:26 - Moi, je pense qu'aujourd'hui,
40:28 on a une crise des élites,
40:30 très clairement, et une crise politique.
40:32 La justice n'est qu'une déclinaison,
40:34 parmi d'autres, de la crise de l'État,
40:36 de l'effondrement
40:38 de plein de secteurs de la fonction publique.
40:40 Donc, oui, je suis
40:42 pleine d'espérance, si
40:44 derrière, on a les bonnes personnes
40:46 qui prennent les bonnes décisions.
40:48 Elles sont possibles, ces décisions,
40:50 et si on les fait, pourquoi pas nous ?
40:52 Donc, il faut que chacun prenne ses responsabilités,
40:54 les magistrats, les politiques,
40:56 mais tout le monde, c'est une co-responsabilité.
40:58 - Chacun d'entre nous. - Chacun à sa place,
41:00 et rien qu'à sa place.
41:02 - Merci Béatrice Augère, la colère monte,
41:04 on verra si elle sera indiguée ou pas,
41:06 en tout cas, on peut l'espérer, bien sûr, mais...
41:08 ce sont les travaux d'Hercule,
41:10 il y a du boulot, et du pain sur la planche.
41:12 - Merci d'avoir été avec nous, Béatrice Augère, et on rappelle
41:14 votre livre "Justice, la colère qui monte"
41:16 aux éditions de l'Observatoire.
41:18 - Merci beaucoup André Vercoff d'avoir été avec nous,
41:20 on vous retrouve demain pour "La culture dans tous ses états"
41:22 avec Céline Alonso, de 13h à 14h.
41:24 - Sur la corrida, s'il te plaît,
41:26 sur la corrida, ça va barder là.
41:28 - Ah bon, à Soria l'écoute, et puis tout de suite,
41:30 c'est Brigitte Lai sur Sud Radio, à demain.
41:32 Sud Radio, parlons vrai.

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