Dans C'est excellent, Judith Beller reçoit Nicolas Rey, écrivain, auteur de "Médecine douce" aux éditions Au diable Vauvert et Charlie Faron, auteur-compositeur, interprète et Fondateur du label de mode Encré
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00:00 Shiva, le spécialiste du ménage et repassage à domicile depuis 20 ans, présente...
00:05 Sud Radio 7 Excellent, Judith Beller.
00:09 Bonsoir, bonsoir, 7 Excellent, et c'est votre rendez-vous du dimanche soir, votre moment de détente à l'écoute de ceux qui excellent dans leur chemin sur Sud Radio.
00:17 Il est connu pour sa plume incisive qui dépeint notre société avec ses mots sans complexe, ce qu'il réitère à nouveau dans son dernier roman.
00:25 Nicolas Rey nous revient ce soir avec "Médecine douce" tout juste sorti au Diable Vauvert,
00:30 un livre où l'on se délecte des malheurs du personnage principal avec délice, parce que ça nous permet un peu à nous-mêmes de faire la paix avec notre propre immoralité,
00:38 tant celle du personnage principal est une évidence. C'est une satire impertinente comme vous savez si bien les faire. Nicolas Rey, bienvenue sur Sud Radio.
00:44 Nicolas Rey Merci, bonsoir.
00:45 Sud Radio Bonsoir.
00:46 Depuis son plus jeune âge, il baigne dans la musique qu'il crée comme un remède pour son âme et aussi pour faire celle qu'il a envie d'entendre tout simplement.
00:53 Lui aussi, il aime à nous raconter notre société et ses travers. Charlie Farron arrive sur les ondes avec son second EP, "Superposition", disponible en ce moment, tous les vendredis, je crois, si j'ai bien compris.
01:05 Mais il ne s'arrête pas là, puisqu'il a fondé depuis 2017 "Ancré", un label de mode aux créations aussi épurées que les broderies insolotes qui nous proposent et qui cartonnent tout simplement.
01:15 Vous allez nous raconter tout cela évidemment. Bienvenue Charlie Farron.
01:17 Charlie Farron Merci, bonsoir.
01:18 Et puis vous, auditeur de Sud Radio, c'est excellent. Bienvenue chez vous.
01:22 Alors Nicolas Rey, vous avez écrit "Médecine douce", tout juste sorti "Au diable vos vers", ça vous fait rire tout seul le titre.
01:30 Nicolas Rey Vous avez écrit "Médecine douce".
01:32 Oui, c'est ça.
01:33 Nicolas Rey Vous avez connu "Médecine douce".
01:34 Vous avez connu "Médecine douce" aussi.
01:35 Nicolas Rey Oui, j'ai connu des "Médecine douce", de médecine un peu plus dure aussi.
01:38 C'est votre 15e roman.
01:40 Nicolas Rey Oui.
01:41 Voilà, quel parcours.
01:43 Nicolas Rey 50 ans.
01:44 Qu'est-ce que je veux dire.
01:45 Et alors le pitch quand même pour les auditeurs, c'est la descente aux enfers voulues, clairement, d'un type hors limite qui s'appelle Martin Faubert.
01:52 C'est un médecin généraliste en apparence ordinaire, qui mène une vie paisible avec sa femme et ses enfants.
01:57 Et puis derrière cette façade tranquille se cache un homme au penchant très ambigu.
02:01 Il entretient notamment des liaisons extra-conjugales tout en menant une sorte de justice sociale à sa manière.
02:06 Parce qu'il surtaxe ses riches patients et pas chiant d'ailleurs.
02:10 Et il offre des consultations gratuites aux plus démunis.
02:13 Quand il aime pas, il fait payer plus cher.
02:15 C'est ça qu'il fait.
02:16 Nicolas Rey C'est ça.
02:17 C'est plus que les pauvres et les riches, c'est plutôt à l'humeur en fait.
02:20 C'est-à-dire que quand la personne lui revient pas, c'est 150 euros et quand il accroche, c'est gratuit.
02:26 Saskia de Ville Il y a aussi des entre deux, il y a des 120, 130.
02:29 Nicolas Rey Ouais, ouais, ouais.
02:30 Voilà, c'est au feeling.
02:31 Saskia de Ville D'accord.
02:32 Et alors il va se faire un peu désarçonner et captivé par la belle et mystérieuse Aurore Rosier, qui va franchir le seuil de son cabinet.
02:41 Il va notamment, sans en dire trop, trafiquer des résultats qui vont foutre un sacré bazar dans sa vie.
02:46 Pourquoi il fait ça ? Pour prendre pouvoir en fait.
02:50 Nicolas Rey En apparence, parce qu'en apparence, bon, même si en apparence tout va bien dans sa vie,
02:55 à savoir un mariage a priori heureux, deux enfants, deux voitures et des patins dans sa baraque de cinglés,
03:05 bah en fait non, pas tant que ça, c'est à dire que déjà son mariage, comme disent les enfants, on ne peut pas être amoureuse de papa, maman a déjà essayé, c'est compliqué.
03:15 Et lui commence à avoir du mal à être amoureux de la mère de ses enfants.
03:23 Et puis il a 50 ans, c'est la saison 2 qui commence, il sait que ça ne va pas se terminer aussi bien que la saison 1.
03:32 Et donc voilà, il commence à être un peu terrifié par la déchéance qui va arriver.
03:39 Et il voit comme issue de ce cours un peu magnifique, cette patiente qui se pointe dans son cabinet,
03:46 qui s'appelle Aurore Rosier, l'élégance d'une autre époque, une sorte de suite ininterrompue de gestes réussis.
03:52 Et ça va être sa dernière histoire d'amour, son ultime échappé belle.
03:57 - Et alors il navigue quand même entre une forme de cynisme absolu et une espèce de certaine bienveillance.
04:03 On l'aime bien quand même, on a du mal à le détester.
04:06 - J'ai remarqué ça, c'est souvent les esprits revenus de tout qui craquent comme des midinettes.
04:12 C'est souvent ces gens-là, a priori cyniques, qui sont capables d'enthousiasme au premier degré et de choses enfantines.
04:21 C'est ça qui me touche chez ces gens-là, un peu au bout du rouleau.
04:27 Martin Faubert, mon personnage principal, c'est sa belle-fille qui lui dit à un moment, c'est ta tristesse qui te sauve.
04:34 Lui c'est vrai que c'est pas un mec parfait avec des footings à faire le matin et des projets plein la tête,
04:42 mais il a une maladresse, des failles, des faillures qui le rendent un peu plus humain, un peu plus touchant que les autres.
04:52 - Vous nous parlez de vous un petit peu aussi ?
04:54 - Non, bien sûr que non. Je suis un mec en pleine forme, Judith.
04:59 - Alors il y a un autre personnage qui m'a fait penser à vous, Nicolas Rêve, ce qui s'appelle Nicolas Royan.
05:05 Déjà il a les mêmes initiales que vous. On ne peut pas raisonnablement ne s'empêcher de demander si ce n'est pas lui qui vous représente dans cette histoire.
05:15 - Oui, c'est le chouchou du médecin Nicolas Royan.
05:19 C'est un patient, au départ addict aux opiacés, puis qui va finir par devenir clean au fur et à mesure du roman.
05:28 Je me suis un peu inspiré de mon vécu pour suggérer ce personnage.
05:36 Et puis surtout, ce qui était intéressant avec le personnage de Nicolas Royan et la relation entre le médecin et Nicolas Royan,
05:43 c'est que moi quand je vais chez un généraliste, je ne peux pas m'empêcher d'avoir un rapport de séduction avec le généraliste,
05:52 de discuter avec lui, de refaire le monde. Au départ je me dis que je vais arriver avec des questions précises sur mon éventuel pancréatique
06:00 ou quand est-ce qu'il faut que je me fasse tester pour un cancer colorectal, et je repars avec rien,
06:06 en me disant "il faudrait que j'y retourne le mois prochain pour lui dire ça".
06:08 Et en fait c'est toujours la même chose, et je discute avec lui.
06:12 Et Nicolas Royan c'est ça en fait, c'est-à-dire qu'il discute toujours avec son généraliste et son pote.
06:19 - Et il le soutient d'ailleurs. - Oui, il le soutient.
06:21 - Et alors pour en revenir à Martin Faubert, votre personnage principal,
06:25 lui il sait dans tout ce qu'il entreprend qu'il va clairement à sa perte, donc en fait quelque part il est en train de se suicider.
06:31 C'est un suicide du cœur et de sa position sociale en fait, très assurée. Il y va tout droit.
06:37 - Oui, il y va tout droit, la rédemption va se faire en deux temps, d'abord par l'amour et puis ensuite par l'écriture à la toute fin.
06:50 - Et alors vous vous en profitez vous pour balayer dans ce livre que je rappelle "Médecine douce" de Nicolas Herret qui est sorti "Au diable vos vers"
07:00 les travers de notre époque, y compris la religiosité à outrance et contre les femmes aussi,
07:06 qui est incarnée par un patient, ça ça m'a marqué, un certain Tarik,
07:09 qui explique que le devant du cerveau de sa femme est malade parce qu'elle voit au cinéma, et que c'est le courant qui le dit.
07:15 Il s'agit ici de traiter finalement le ridicule de certaines des affaires de notre époque contemporaine dont celle-là en trait très particulièrement.
07:22 - Oui, toutes les religions en fait, je les trouve un peu ridicules.
07:28 Moi j'ai eu très tôt conscience de ce que Camus appelait "les sanglantes mathématiques de notre destinée",
07:35 à savoir qu'on allait devenir ce qu'on était avant de naître, rien, une sorte de sommeil profond, tout ça n'avait aucun sens.
07:40 J'ai eu très tôt la foi à l'envers, j'étais flippé parce que je voyais bien que les gens, quand j'étais petit, qui allaient dans les églises,
07:46 c'était ou des gens vieux ou des malades et qui savaient, qui se doutaient que la fin était pour bientôt.
07:52 Et moi j'ai toujours été angoissé de ça, du fait qu'on allait devenir ce qu'on était avant de naître, une fois mort,
08:03 à savoir rien, une sorte de sommeil profond, que tout ça n'avait aucun sens.
08:06 C'est peut-être pour ça que longtemps, je savais que j'allais mourir un jour et j'ai préféré vivre la nuit.
08:15 C'est aussi ça la raison pour laquelle j'ai pris les mesures.
08:19 - C'est l'ombre, la nuit elle-même, qui vous rassurait ?
08:23 - Ouais, parce que je savais que j'allais mourir un jour et je vivais la nuit pour ça.
08:28 Et puis maintenant ça va, j'ai plus peur du matin, je trouve ça même assez joli.
08:32 - Et alors finalement, la religion et toute cette espèce de morale contre laquelle vous vous dressez souvent dans vos livres,
08:41 c'est aussi parce que c'est une manière de donner des réponses à des questions qui n'en ont pas ?
08:45 C'est ça qui vous énerve un peu, non ?
08:47 - Oui, le problème en l'occurrence sur la mort, c'est qu'il y a une réponse hélas,
08:52 qu'elle est un peu évidente et qu'elle fait froid dans le dos et je comprends qu'elle puisse effrayer.
08:56 - Elle est évidente pour vous mais pas pour tout le monde Nicolas, vous le savez ça ?
08:59 - Oui, c'est vrai, vous avez raison. J'envis les gens pour lesquels la réponse est différente.
09:07 Ah oui, ils doivent mieux dormir que moi le soir.
09:11 - Mais finalement, ne pas avoir de sens c'est peut-être donner un sens déjà ?
09:15 - On essaie d'en trouver différemment, par une lecture, une chanson de Barbara, un moment suspendu.
09:26 - Par la beauté quoi. - Oui, c'est ça.
09:30 - Alors Charlie Farron, vous racontez notre époque aussi dans vos chansons et dans vos créations.
09:36 Dans vos chansons, c'est aussi avec des mots crus, vous témoignez de son ambiguïté un peu.
09:41 Vous avez ce lien avec Nicolas Rey en fait, cette volonté de raconter les choses comme elles sont.
09:48 - Oui, j'essaye tout en calant deux ou trois métaphores pour essayer de passer un peu de crème mais ça arrive.
09:54 - Et qu'est-ce qui vous donne envie de dire les choses comme ça ?
09:58 - Je pense que quand on s'attèle à écrire en français...
10:03 - Oui, parce que vous avez grandi en anglais aux Etats-Unis.
10:07 - Oui, j'ai parlé anglais avant de parler français et j'ai passé mon enfance aux Etats-Unis.
10:12 Donc l'anglais était au début un refuge un peu plus simple.
10:16 Les gens ne comprennent pas forcément. - C'est musical comme langue aussi.
10:20 - C'est musical, j'ai fait des dizaines de concerts sans avoir mes paroles au début parce que j'avais juste envie d'improviser sur le moment.
10:26 Les gens à la fin viennent me voir et me disent "les paroles sont super puissantes" alors qu'en vrai, elles ne veulent pas dire grand-chose.
10:31 Et quand je me suis mis à écrire en français, je me suis dit qu'il fallait que ce soit...
10:36 qu'il y ait quand même une forme de mélodie et d'harmonie mais aussi il fallait que ça ait du sens
10:40 et il fallait que je puisse développer un discours qui moi m'intéressait
10:46 et que ça ne soit pas forcément toujours fleur bleue et autour d'une quête d'amour ou autre.
10:52 - Et alors cette mélodie, cette harmonie dont nous parle Charlie Faron en fait,
10:57 ça en revient à cette beauté, à cette recherche de beauté d'instants suspendus dont vous nous parlez finalement Nicolas Rey aussi.
11:03 Cette recherche d'harmonie, parce que vous c'est un peu une recherche d'harmonie aussi quand vous avez envie de souligner la beauté.
11:09 - Oui c'est ça.
11:12 Il y a des beautés...
11:18 Il y a des beautés dans les chansons, dans les poèmes, mais aussi dans des silences partagées par exemple.
11:30 Tout simplement, voilà.
11:33 - Et vous, pourquoi est-ce que vous avez besoin de cette plume incisive et de ce cynisme en fait
11:38 qui vous caractérise dans votre écriture, je parle évidemment, pour dire les choses Nicolas Rey ?
11:45 - Je réfléchis en même temps que je vous réponds, pour vous répondre de toute façon la plus sincère possible.
11:51 Je crois que ça vient de mon enfance.
11:54 J'ai lu très tard, j'ai commencé à lire vers 13-14 ans, les Frédéric Dard, les San Antonio.
12:04 Et c'est une écriture incisive, pour le moins incisive, même parfois un peu, on pourrait pas dire, mais grossière.
12:10 Et qui vous chope par le col dès la première page pour plus vous lâcher avec des personnages haut en couleur, fantasques,
12:16 comme Berurier, comme San Antonio, etc.
12:19 Et ça vient peut-être de ces souvenirs-là d'enfance.
12:23 Et puis après j'ai lu Djian, et j'ai lu Djian évoquer les Américains, Carver, Fante, Brottigan,
12:29 qui sont aussi la littérature américaine et une littérature incisive également.
12:35 Ce sont des gens pikovskis, ce sont des gens qui très cachent.
12:39 Et moi je suis pas venu à la littérature... - Par Balzac quoi !
12:44 - Non, et pas encore d'ailleurs.
12:46 Mais je vais y aller un jour, je vous le jure.
12:48 Mais je suis venu par là, par la littérature, je suis un enfant de la rue, de la littérature.
12:52 Et donc, ça vient de là en fait.
12:55 Moi, un bouquin, j'attends qu'il me choppe comme ça au départ et qu'il ne me lâche plus jusqu'à la fin.
13:00 - Vous arrivez bien à le faire.
13:02 Parlons vrai sur Sud Radio, et c'est le cas avec l'écrivain Nicolas Rey,
13:06 et son roman "Médecine douce" qui est sorti au Diable Veau Vert.
13:09 Et puis Charlie Farron, le créateur de la marque de mode "Ancré",
13:12 qui chante aussi, et c'est bien.
13:14 Alors restez là, surtout pour écouter ça tout de suite.
13:16 Shiva, le spécialiste du ménage et repassage à domicile depuis 20 ans, présente...
13:23 Sud Radio, c'est excellent, Judith Beller.
13:25 - Merci d'être avec nous sur Sud Radio, chers auditeurs, c'est un bon choix, c'est excellent ce soir,
13:29 comme tous les dimanches avec l'écrivain Nicolas Rey,
13:32 et son 15e roman "Médecine douce" qui est sorti au Diable Veau Vert.
13:35 Et puis le créateur de la marque "Ancré" qui est également chanteur, compositeur et interprète,
13:39 Charlie Farron, qui nous vient avec son deuxième EP, "Superposition".
13:43 On écoute ça.
13:44 J'ai de la haine qui reste, qui frêle, délaisse-moi.
13:51 J'ai les veines qui sautent à la haute, lance-moi.
13:57 Et je dors, oui je dors.
14:05 Trente ans passés,
14:08 super fâché,
14:13 quelque chose a défait,
14:20 et c'est trop tard.
14:23 Quelqu'un qui s'en va, sans guerre, qui s'en va, le cime trop tard.
14:32 - Charlie Farron et son EP "Superposition" sur Sud Radio.
14:37 Charlie Farron et ses 52 morceaux qui sortent tous les vendredis de toutes les semaines pendant l'année sur Sud Radio.
14:45 J'ai envie de dire, Charlie Farron, que c'est assez impressionnant, déjà, un titre par semaine,
14:50 toutes les semaines pendant un an.
14:52 C'est vous qui faites tout ça tout seul ?
14:55 - Quasiment, oui.
14:56 C'est beaucoup, c'est pas fini.
14:57 Il en reste encore quelques-uns.
14:59 - Vous êtes au milieu, à peu près ?
15:01 - Oui, même un peu moins.
15:03 On a commencé début janvier.
15:05 Donc il reste encore pas mal de temps.
15:07 Je ne fais pas tout non plus tout seul, sinon je n'y arriverais pas.
15:10 Mais j'écris les paroles, j'écris les mélodies, je chante.
15:14 Et je me suis entouré de producteurs, de mixeurs, de personnes en mastering
15:18 pour pouvoir bosser avec moi sur ce projet et que je puisse être accompagné le plus que possible.
15:24 - Et ça fait beaucoup, quand même.
15:25 Pourquoi est-ce que vous avez pris ce choix, justement, de travailler comme ça,
15:29 de faire un titre par semaine et pas de faire un album avec 12 titres ou 15 titres,
15:34 comme on est habitué de le faire ?
15:36 - C'est une bonne question.
15:37 Je le rapproche un peu à la marque de vêtements, parfois.
15:39 Quand j'ai commencé la marque, j'ai sorti une nouveauté par jour pendant 3-4 mois.
15:44 J'ai la chance de pouvoir être indépendant sur tout ce que je fais.
15:49 Du coup, le côté négatif, c'est que c'est moi qui finance et moi qui mets de l'argent.
15:54 Mais le côté positif, c'est que je fais un peu ce que je veux quand je veux.
15:56 Et de devoir suivre les règles dites conventionnelles,
16:00 de devoir faire un EP, deux EP, ensuite un album.
16:03 A chaque fois, il faut savoir que déjà, ça coûte très cher de faire tout ça.
16:07 Et qu'entre le moment où on enregistre notre premier morceau,
16:10 qu'on écrit notre première maquette et qu'on sort l'EP de 5 titres,
16:13 il se passe souvent un an et un an et demi, si on veut faire dans les règles de l'art.
16:18 Et moi, ça, je ne peux plus, parce que j'ai beaucoup d'inspirations.
16:20 En tout cas, j'ai beaucoup de choses que j'ai envie de sortir.
16:22 J'ai envie d'écrire régulièrement et ça m'énerve de devoir garder les trucs de côté,
16:27 les sortir deux ans plus tard, alors qu'en fait, au bout de deux ans, je ne peux plus.
16:31 - Mais vous êtes un peu un ovni dans le paysage, du coup,
16:33 parce qu'exploser les conventions, c'est une vraie prise de risque, je suis allé voir, mais vous le savez.
16:36 - C'est une prise de risque qui m'intéresse.
16:40 C'est-à-dire qu'au pire, ça ne marche pas, ça ne marche pas.
16:42 Mais il y a foncièrement du moins l'envie de sortir des choses.
16:47 Et évidemment, il y a les titres qui vont passer à la trappe,
16:49 qu'on va sortir sur les 52 morceaux, qui, je pense, si on les a mis dans un EP,
16:53 un single, aura mieux marché.
16:55 Mais en même temps, moi, j'ai juste envie de donner aux auditeurs ce que je sais faire.
16:59 Et puis, si ça les intéresse, c'est mieux.
17:01 - Est-ce que le but, c'est de faire un album avec les titres choisis qui ont le mieux marché, par exemple, derrière ?
17:04 - Ça pourrait, ça pourrait. Le vrai objectif, c'est déjà de se tenir à ces 52 titres et les faire bien.
17:08 Pas sortir un titre pour sortir un titre, parce qu'on n'a rien.
17:10 - Ils ne sont pas déjà tous faits, quoi.
17:11 - Non, malheureusement. Ils sont tous faits 8 à l'avance,
17:15 parce que je suis obligé de les uploader 2 mois à l'avance.
17:17 Il y a quand même quelques règles qu'on ne peut pas contourner aujourd'hui.
17:20 En revanche, non, il m'en reste 30 à faire, quoi.
17:23 - Eh bien, dis donc !
17:25 Et alors, je le disais un petit peu tout à l'heure,
17:27 Charlie Farron, comme Nicolas Rey, vous aimez aborder certains mots de notre société,
17:30 et puis nous les dire sans filtre, comme dans la chanson, par exemple, "La Stik Express",
17:34 où vous parlez de notre rapport à notre physique actuellement,
17:37 et à cette chirurgie esthétique qui fait des ravages aux réseaux sociaux et tout le tintouin.
17:41 Donc, le but, c'est de raconter ça aussi pour mettre le doigt dessus, quoi.
17:44 - Ouais, c'est d'essayer, moi, de refléter ce que je peux voir,
17:49 ou même moi, ce dans quoi parfois je suis happé,
17:52 à certains moments, parce que j'utilise les réseaux sociaux,
17:55 parce que je peux passer parfois une heure à regarder TikTok pour rien,
17:59 alors que ça ne m'intéresse foncièrement pas.
18:01 Mais en fait, il y a des moments où il y a des choses qui m'hallucinent un peu,
18:05 et que j'ai envie de dire dans des chansons,
18:07 et je pense qu'elles hallucinent beaucoup de gens,
18:09 mais qu'on le fait quand même, et j'essaie de me questionner sur pourquoi on le fait.
18:12 - Et alors, le but, c'était aussi de souligner,
18:15 alors j'ai trouvé un mot sur Internet, qui est un nouveau mot pour moi aussi,
18:18 dysmorphophobie.
18:21 Donc, on a un rapport à notre corps qui nous fait le changer,
18:26 qui nous fait complètement le transformer,
18:29 parce qu'on a la phobie de qui on est finalement,
18:31 puisqu'on ne voit que cette image que nous renvoient les réseaux.
18:34 - Ouais, c'est un peu ça. Dans mon deuxième EP, justement, "Superposition",
18:38 j'avais écrit un morceau qui s'appelle "Jamais les mêmes",
18:40 qui était principalement sur les filtres Instagram et TikTok,
18:43 et en fait, la première fois que je me suis mis sur TikTok,
18:45 pour comprendre ce que c'était, c'était il n'y a pas si longtemps que ça,
18:48 j'ai absolument halluciné de la capacité du suivi du fil.
18:54 Donc évidemment, les gens sont tous sexy là-dessus, ils sont tous beaux,
18:57 mais réellement, on ne les a pas tous comme ça.
19:00 - Pas tous les jours, surtout.
19:01 - Non, il y a quelques gens très beaux, il ne faut pas se voler la face,
19:04 mais on ne les a pas tous.
19:05 - Et alors, vous nous parlez aussi de votre vision de la masculinité,
19:09 Charlie Farron, ça c'est intéressant,
19:11 parce qu'elle inclut sans complexe sa propre fragilité aussi.
19:14 C'est important pour vous.
19:16 - Ouais, je pense qu'être fragile, c'est souvent beau.
19:19 En tout cas, si on ne montre pas sa fragilité,
19:23 on la distingue, à un moment on la découvre,
19:26 et la découvrir, ce n'est pas forcément le meilleur moyen.
19:28 Je trouve que quelqu'un qui la met en avant apporte une certaine sensation de beauté.
19:36 Et moi, le premier, j'essaye d'exposer ma fragilité,
19:40 même si je n'y arrive pas toujours, et je pense que c'est ça qui est beau.
19:43 - Vous trouvez ça beau, la fragilité, vous aussi Nicolas Reyn ?
19:45 - Oui, et puis la façon dont il en parle aussi.
19:47 La fragilité, les faillures, les failles, la féminité chez l'homme,
19:53 j'aime beaucoup, c'est ce qui me touche le plus chez les hommes.
19:56 - Et c'est ce qui doit être assumé pour que justement...
19:59 - Ouais, je pense que tout le monde a une part de féminité,
20:02 comme sûrement toutes les femmes ont une part de masculinité,
20:05 et puis peut-être que tout est mélangé, j'en sais rien,
20:08 il ne faut pas forcément le nommer,
20:10 mais en tout cas, je trouve ça assez touchant aussi
20:13 de voir des hommes qui se laissent un peu fragiles,
20:16 comme ils devraient l'être.
20:18 - Alors c'est intéressant ça justement,
20:20 dans une époque où il y a une espèce de mélange des genres finalement,
20:24 est-ce que ce mélange des genres, c'est pas intrinsèque à toute humanité ?
20:27 Qu'est-ce que vous en pensez Charlie Farm ?
20:29 - Si, je pense que...
20:31 Moi je suis très mauvais sur ce terme de genre,
20:35 parce que j'ai du mal à savoir où il faut aller, comment...
20:39 Pour moi, tout le monde est ce qu'il est,
20:41 qu'il soit femme, homme, binaire, non-binaire, tout ce qu'on veut,
20:44 je ne porte pas forcément de jugement dessus,
20:47 donc ça m'est à peu près égal.
20:49 Après que des gens, qu'il se rallient à quelque chose
20:52 pour se sentir eux-mêmes,
20:54 ça encore une fois, je le comprends complètement,
20:56 et on en revient en religion, on en revient à plein de choses,
20:59 où ça appartient à chacun, je le comprends,
21:01 je ne l'associe pas forcément moi personnellement,
21:04 mais je le comprends.
21:06 - Et alors ce mélange des genres dont on parle,
21:09 vous le faites aussi dans votre vie,
21:12 parce que vous avez votre label de musique,
21:14 vous avez votre marque de vêtements,
21:16 vous êtes auteur, chanteur, entrepreneur, créateur,
21:20 il y a beaucoup d'heures dans la liste,
21:23 mais ce n'est pas un peu schizophrène sur les bords,
21:26 vous avez besoin, vous êtes ultra-actif ?
21:29 - Il y a beaucoup d'heures dans la liste,
21:31 plus beaucoup d'heures dans la vie, ça c'est sûr.
21:34 Schizophrénie, je...
21:36 Non, je ne crois pas, il y a juste une...
21:40 une satanée envie de faire ce que je veux, quand je veux,
21:43 et c'est peut-être très capricieux et très égocentré,
21:47 mais pour faire ça, je suis obligé d'être tout seul,
21:50 ou en tout cas de, moi, mener les projets,
21:52 parce que je n'ai pas envie d'attendre quelqu'un.
21:54 - Sinon ça n'avance pas ?
21:55 - Sinon ça n'avance pas, je suis très impatient,
21:57 je suis peut-être fort capricieux,
21:59 et je n'ai juste pas envie de devoir attendre derrière,
22:02 qu'on me réponde, qu'on me réponde,
22:04 et ça m'est arrivé, j'ai essayé de trouver des labels en musique,
22:07 j'ai toujours essayé, essayé,
22:09 et en fait, on attend des retours pendant six mois,
22:11 au bout de six mois, on a un rendez-vous,
22:13 on a un autre rendez-vous six mois plus tard,
22:14 on nous présente le contrat,
22:15 et puis six mois après, on nous dit,
22:16 en fait, on a trouvé quelqu'un d'autre.
22:18 J'ai perdu deux ans de ma vie.
22:20 - Vous avez pris, Ren, quoi ?
22:21 - Moi, en fait, le fait que vous fassiez plein de choses,
22:25 je trouve ça très intéressant,
22:28 et ça me rappelle...
22:30 - C'est un peu pour vous, quoi !
22:31 - Non, non, mais sinon, pas moi vraiment.
22:33 - La télé, oui, vous faites quand même pas mal de trucs.
22:36 - Mais on le reprochait souvent à Jean Cocteau,
22:39 on lui disait, mais vous vous dispersez,
22:41 vous faites des dessins, vous faites des poèmes,
22:44 vous faites du cinéma, vous faites des romans, des pièces de théâtre,
22:48 et il répondait, je ne me disperse pas,
22:51 je cherche une place chaude, une place fraîche sur l'oreiller.
22:54 - Très intéressant.
22:56 - Et donc, voilà, la prochaine fois qu'on vous dit,
22:58 vous faites trop de trucs en règle,
23:00 vous dispersez, vous cherchez juste une place fraîche sur l'oreiller.
23:03 - Merci Nicolas.
23:04 - Merci.
23:05 - Vous cherchez une place fraîche sur l'oreiller, vous aussi, alors, Charlie Farron ?
23:08 - Oui, oui.
23:09 - Ça résume bien votre action en général, quoi.
23:11 - Oui, et puis je crois que je me lasse vite de ce que je fais,
23:13 donc de pouvoir renouveler constamment.
23:15 - D'où les 52 morceaux, aussi.
23:16 - D'où les 52 morceaux, d'où son "Ancré",
23:18 on sort plus de 150 nouveautés à l'année.
23:20 Enfin, je me lasse assez souvent,
23:22 et je n'ai pas envie de pousser à la promotion à une seule chose,
23:26 et de tout miser là-dessus, ça ne m'intéresse pas spécialement.
23:29 - Et "Ancré", c'est depuis 2017, c'est ça ?
23:31 - Depuis 2017, oui.
23:32 - Et ça cartonne.
23:33 - On essaye.
23:35 - Mais vous avez tout fait tout seul, aussi.
23:37 - Oui, j'ai monté ça à 19 ans.
23:39 A 19 ans, j'ai eu beaucoup de chance,
23:41 et beaucoup de chance d'être en tour.
23:43 - Oui, parce que je le dis aux auditeurs, quand même,
23:45 vous avez 25 ans, 26, c'est ça ?
23:46 - 26, bientôt 27.
23:47 On arrive bientôt à 27.
23:48 - Waouh.
23:49 Eh bien, voilà, c'est excellent,
23:51 chers auditeurs, vous l'aurez bien compris.
23:53 On est sur Sud Radio, évidemment,
23:55 et puis on va vous revenir dans un instant
23:56 avec l'écrivain qui parle bien, Nicolas Ray,
23:59 et le créateur qui chante bien, aussi, Charlie Farron.
24:01 À tout de suite.
24:02 - Shiva, le spécialiste du ménage et repassage à domicile
24:05 depuis 20 ans, présente...
24:07 - Sud Radio, c'est excellent, Judith Beller.
24:11 - Vous avez choisi Sud Radio, et vous avez bien raison,
24:13 c'est excellent, ce soir, comme tous les dimanches à 19h,
24:15 avec ce soir, l'écrivain Nicolas Ray et son roman,
24:19 on va y arriver, "Médecine douce", sorti au Diable Vauvert,
24:22 et puis Charlie Farron, le créateur de la marque "Ancré",
24:24 qui nous sort un morceau tous les vendredis,
24:26 pendant toute l'année, on va être à 52 morceaux, bravo.
24:30 C'est impressionnant.
24:31 Alors, Nicolas Ray, un peu d'actu, quand même, on ne l'a pas obligé,
24:34 la question qui fait mal,
24:35 et puis comme ça, on passe à autre chose après.
24:37 Vous venez d'être condamné le 3 avril dernier
24:40 par la Cour d'appel de Paris à verser 15 000 euros de dommages
24:43 et intérêts à Alexandre Comte,
24:45 qui lui-même est décédé le 2 mars 2024.
24:47 Et vous avez été condamné parce que vous avez repris,
24:50 sans son autorisation, quatre de ses textes,
24:52 vous avez intégré à votre livre "Des nouvelles de l'amour", c'est ça ?
24:56 - Hum. - Voilà.
24:58 Comment est-ce que vous vivez cette condamnation qui arrive post-mortem,
25:01 c'est un peu bizarre, hein ?
25:03 - Deux choses.
25:06 La première, la justice est passée,
25:08 la justice est souveraine,
25:10 on ne commande pas une décision de justice.
25:12 - Non.
25:13 - Deuxième chose, il y a un jeune homme qui est mort.
25:21 Par respect pour sa mémoire, pour ses proches,
25:26 il ne faut pas m'en vouloir,
25:31 mais la meilleure chose à faire, je trouve, là, c'est de me taire maintenant.
25:34 - D'accord.
25:35 - J'ai rien d'autre à dire, je suis désolé.
25:37 - Ok. Bah écoutez, c'est clair.
25:39 Vous avez peut-être un message à leur faire passer ?
25:42 - Non, rien de plus. - D'accord.
25:48 Alors, on reprend le cours de cette émission.
25:51 C'est une question que je vais vous poser à tous les deux,
25:53 Charlie Faron, Nicolas Rey.
25:55 On est bien d'accord que l'art, il a un rôle dans la société contemporaine.
26:00 Qu'est-ce qu'il... C'est quoi son rôle, selon vous, Charlie Faron ?
26:03 - Oh, question...
26:06 - Bah ouais, un peu large, hein ? - Question à multiples réponses.
26:09 - Vous répondez comme vous voulez.
26:11 - Tout dépend à quoi se limite l'art, jusqu'où on va, jusqu'où on le définit, mais...
26:17 - L'art, dans quelle que soit sa forme,
26:19 pour vous, ça prend la forme de la création textile et puis de la musique, par exemple,
26:24 mais ça peut être de la littérature, ça peut être du cinéma, ce qu'on veut, quoi.
26:27 - Ouais, pour être tout à fait transparent, je vois de l'art un petit peu de partout,
26:30 à partir du moment où je trouve ça beau, pour moi, ça peut être artistique.
26:33 Après, je pense que l'art fait du bien à l'ego,
26:38 fait du bien au caractère et permet surtout de...
26:41 C'est un peu une psychothérapie,
26:44 ça permet juste de mettre n'importe où ce qu'on n'ose pas dire.
26:49 - Vous, ça vous soigne, en fait, c'est ça que vous dites ?
26:51 - Ça me permet de dégager certaines émotions
26:56 que je pense que j'aurais pas pu dégager autrement.
27:00 Après, ça oblige aussi...
27:02 On fait pas de l'art pour le garder pour soi, souvent.
27:05 On le fait pour le montrer à d'autres. - Bah oui, c'est pour le transmettre.
27:08 - Et c'est plus la transmission qui, parfois, est compliquée,
27:10 parce que là, c'est... Effectivement, on en revient à ce qu'on disait tout à l'heure,
27:13 rentrer dans une certaine fragilité,
27:15 parce que si on fait notre art comme on le souhaite,
27:18 c'est le fin fond de notre âme,
27:20 et c'est pas toujours évident de le présenter.
27:22 - Mais quand vous faites un titre comme Plastic Express,
27:24 on en parlait tout à l'heure, vous êtes conscient que votre art,
27:26 il dénonce quelque chose, quand même. Il a un rôle.
27:28 - Ouais, il a un rôle dénonciateur,
27:31 parce que moi, je vais pas aller dire à tous mes potes,
27:34 "Vous avez vu ces filles, vous avez vu ces machins ?"
27:36 Je préfère, par exemple... - Vous préférez le chanter, quoi.
27:38 - Je préfère le chanter et dire... - Et le dire aux filles que vous croisez aussi, peut-être.
27:40 - Ouais, exactement.
27:41 - C'est une manière de ne pas être agressif avec elles, c'est ça ?
27:43 - Pas si agressif, peut-être, mais non, non.
27:46 C'est une manière de l'exprimer, mais ça peut me passer le lendemain,
27:49 et je peux en avoir plus rien à faire,
27:52 mais voilà, à partir du moment où je le dis, je le sors,
27:54 ça me fait du bien, quoi.
27:56 - Vous, dans votre livre, Nicolas Rey, dans "Médecine douce",
27:58 on y passe tous, je peux le dire,
28:00 comme les patients, ils ont tous un trait ou un autre
28:03 qui nous ressemble à un moment donné.
28:05 Donc il y a une espèce de dénonciation de l'absurde,
28:08 dans lequel on peut être les uns et les autres, parfois,
28:11 et c'est comme ça aussi que vous l'utilisez,
28:13 le voulard, c'est un peu dénonciateur aussi,
28:15 et puis c'est...
28:17 - Mais je me retrouve aussi... - Dans ce que dit Charlie ?
28:19 - Dans ce que dit Charlie...
28:21 Par exemple, vous m'avez fait penser à
28:26 l'un des premiers amoureux de ma petite sœur,
28:28 c'était un Américain, il avait en tout et pour tout
28:30 un jean et un tee-shirt blanc.
28:32 Moi, tu me les mettais, ça donnait rien.
28:34 Lui, on avait l'impression qu'il était né comme ça,
28:37 en jean et tee-shirt blanc, il n'y avait que lui,
28:39 il était d'une beauté ce mec.
28:41 Il suffisait de le regarder, c'était de l'art, tu vois.
28:43 Et c'était un jean "woman of the coin",
28:46 un tee-shirt "c'est Lyo", mais avec lui.
28:49 C'est dingue, il y a des gens qui...
28:52 qui ont la grâce, quoi.
28:54 Et l'art, il peut être là.
28:56 - L'art, il est dans ce qu'on veut, c'est ça que vous dites ?
28:59 - Oui, parfois, dans une démarche, dans une dégaine,
29:02 je comprends tout à fait ce que vous disiez un peu,
29:05 il peut être là aussi, là, il n'est pas forcément dans...
29:08 - Dans une expression artistique.
29:11 - Dans une expression artistique, il peut être là, ouais.
29:14 - Et alors, Charlie Farron, vous, on l'a dit tout à l'heure,
29:17 vous êtes fondateur du label de mode "Anchré",
29:19 que vous avez créé.
29:21 Alors là, c'est de l'art sur des vêtements,
29:23 c'est des pièces où le fil remplace l'encre, en fait.
29:25 C'est un peu ça l'idée ?
29:27 - C'est à peu près ça. "Anchré", ça vient du tatouage.
29:29 Moi, j'ai toujours été un peu,
29:32 depuis la fin de mon adolescence, fan de ce monde-là,
29:36 qui a beaucoup évolué,
29:38 c'est plus du tout complètement traditionnel,
29:40 comme on voyait à l'époque, prisonnier, tout ce qu'on veut.
29:43 - Vous êtes tatoué, vous ?
29:44 - Oh là, oui, de partout, ouais.
29:46 - D'accord.
29:47 - Je suis très tatoué.
29:48 - OK.
29:49 - Mais il y a encore de la place.
29:51 - Bon, vous n'allez pas vous arrêter là, quoi.
29:53 - Non, non, non.
29:54 Et je trouvais que, enfin, je trouve ce monde hyper intéressant,
29:58 parce qu'il s'ouvre à beaucoup d'autres domaines,
30:00 les designers graphiques, ceux qui font l'animation,
30:03 tous ceux qui savent tenir un crayon, une dessinée,
30:05 et même ceux qui ne savent pas, d'ailleurs.
30:07 Il y a une onde de naïveté, on appelle ça de l'ignorante,
30:10 enfin, il y a plein de choses qui se passent.
30:12 Et moi, je ne sais pas tatouer, je tremble trop,
30:14 j'ai trop peur, je n'oserais pas tatouer la peau de quelqu'un.
30:17 - Du coup, vous le faites sur vos vêtements.
30:18 - Du coup, je le fais sur des vêtements,
30:20 et de base, ça devait juste être un Instagram
30:22 qui regroupait des tatoueurs que j'aimais bien, et on est...
30:25 - C'est devenu une marque.
30:27 - Et toujours avec du tatou, là, on sort d'un...
30:29 - Donc vous ne l'aviez pas décidé au départ, quoi ?
30:31 - Ah non, ça ne devait pas être une marque.
30:32 - Non, c'est par hasard.
30:33 - Ah non, vraiment, j'ai imprimé le logo dans le dos d'un t-shirt,
30:35 ça me faisait marrer, j'ai montré à un pote qui m'a dit
30:37 que c'était forcément de la merde, et voilà.
30:40 - Parlons vrai, sois soudain, rien.
30:42 - Et voilà, et finalement, j'ai réussi à pousser le concept
30:45 un peu plus loin, et on reste rattaché au tatou,
30:48 parce que là, on sort d'un week-end avec 70 tatoueurs
30:51 pendant deux jours qui tatouaient dans le 5e appareil.
30:55 - Et il y a une insolence, en fait, dans votre travail,
30:59 parce que vos vêtements, vos objets et accessoires chez Ankré
31:01 sont brodés d'illustrations qui sont parfois assez...
31:04 et hontées, j'ai envie de dire, et puis qui viennent habiller,
31:06 pour le coup, des coupes très classiques.
31:08 C'est votre signature, cette insolence, j'arrive à en dire.
31:12 - C'est une partie de ma signature.
31:13 J'aime bien ce mix entre ce que je dessine
31:15 et ce qu'on sort d'un petit peu irrévérencieux.
31:19 J'aime bien le fait que les vêtements puissent interagir
31:23 avec les gens, et peut-être que c'est une volonté personnelle
31:27 de timidité cachée ou de très mauvais dragueur,
31:32 mais je crois que l'idée d'avoir un T-shirt,
31:36 où là, on va en sortir un, où il y a des feutres
31:39 qui s'appellent des frictions qu'on peut effacer
31:41 avec du chaud, donc un briquet.
31:43 Nos T-shirts, nous, ils sont résistants au feu,
31:45 et il y a un truc d'intéressant, c'est qu'on s'est dit
31:48 on va marquer un mot en anglais "Wanna date ?"
31:53 et après ça peut partir dans plein de trucs un peu plus loin,
31:55 et après deux cases "Yes", "No", un stylo, on coche,
32:00 et après on l'enlève avec le briquet.
32:02 Et le fait de pouvoir interagir avec ça m'intéresse beaucoup
32:05 et je sais que ça plaît aussi,
32:08 et il y a un côté aussi marketing qui est inéluctable.
32:11 - Vous êtes bon en marketing ?
32:13 - Euh... Pas spécialement.
32:15 - Peut-être sans le vouloir.
32:17 - Vous avez une bonne attachée de presse.
32:19 - J'ai une très bonne attachée de presse.
32:21 - Cette insolence, elle vous est familière aussi, Nicolas Rey ?
32:23 - Vous ne me demandez pas si je suis tatoué, moi.
32:25 - Vous êtes tatoué, vous ?
32:27 - Je vous pose pas la question.
32:30 - Mais on sait pourquoi je vous la pose pas,
32:33 à priori je le sais.
32:35 - C'est sans limite.
32:37 - Vous êtes pas tatoué, mais vous êtes insolent.
32:39 Ça vous va ? Si, vous êtes insolent.
32:41 Parce qu'à travers vos livres,
32:43 vous explorez quand même nos désirs,
32:45 les aspects humains les plus sombres,
32:47 les côtés parfois les moins reluisants de notre humanité.
32:50 Et cette insolence dont vous vous servez,
32:53 c'est un outil chez vous assez efficace
32:55 pour exposer nos aspects un peu sombres, Nicolas Rey.
32:59 - Oui, oui, oui.
33:01 Oui, oui, oui.
33:03 J'aime bien savoir jusqu'où on peut aller trop loin,
33:06 mais il faut savoir jusqu'où on peut aller trop loin.
33:08 Il faut s'arrêter juste avant.
33:10 - Vous avez vraiment l'art de la formule.
33:12 Jusqu'où on peut aller trop loin.
33:14 - Il faut savoir, juste.
33:16 - Frédéric Beigbeder, quand il parle de vous dans les colonnes du Figaro,
33:18 il parle de votre style d'écriture
33:21 comme incarné par une forme de douceur toxique.
33:24 Et alors je cite quand même la page de garde
33:26 de votre dernier roman, "Médecine douce",
33:28 que je rappelle aux auditeurs sortis au Dieppe Vevers.
33:30 "Quitte à faire quelque chose de mal,
33:32 autant le faire bien."
33:34 Anonyme.
33:36 - Alors, vous voulez savoir d'où ça vient ?
33:38 Je suis un fan de séries, en fait.
33:40 Et ça vient d'un dialogue
33:42 dans une série Netflix qui s'appelle "Foda",
33:44 qui est une série israélienne.
33:46 Sur le Mossad.
33:48 - Excellente série.
33:50 - Et à un moment, il y a une espionne qui dit
33:52 à une agent secret, "Quitte à faire quelque chose de mal,
33:54 autant le faire bien."
33:56 Je me suis dit, tiens, je vais le noter,
33:58 mais je n'allais pas mettre "Agent Intel"
34:00 dans la série "Foda" de Netflix, donc j'ai mis "Anonyme".
34:02 - D'accord.
34:04 - Ça vient de là, je suis sûr.
34:06 - Ah oui, parce que vous avez douté à un moment donné.
34:08 - Non, non, je suis sûr.
34:10 C'est venu de là, parce qu'après j'ai tapé
34:12 pour savoir si ça venait de quelque part, mais ça vient de nulle part.
34:14 - D'accord.
34:16 Et vous, Charlie Farron, c'est pareil.
34:18 Vous parlez de nous, quoi.
34:20 De tout ce qu'on vit dans
34:22 cette musique que vous nous proposez.
34:24 Quitte à parler des tabous,
34:26 pareil, autant le faire bien, j'ai envie de dire.
34:28 - Ouais, autant le faire correctement.
34:30 - Autant les exposer complètement.
34:32 - Les exposer complètement,
34:34 mais toujours avec un petit peu de
34:36 figure pour essayer
34:38 de faire passer la pilule correctement.
34:40 - Et qu'est-ce qui vous inspire ?
34:42 C'est des situations
34:44 que vous vivez, c'est des choses que vous observez
34:46 chez les autres ?
34:48 - Il y a beaucoup de rêveries, aussi.
34:50 Il y a plein de choses.
34:52 Il y a ce que je vois,
34:54 où j'essaye de ne pas m'informer.
34:56 J'essaye d'imaginer,
34:58 parfois.
35:00 Et je pense qu'il y a aussi ce que je vis
35:02 aujourd'hui, de ma génération,
35:04 et ce qui peut
35:06 me parler.
35:08 Et d'autres, parfois,
35:10 d'autres choses me parlent un peu moins, j'en parle quand même.
35:12 - Et vous, Nicolas, c'est pareil, c'est un petit peu
35:14 ce que vous observez,
35:16 que vous nous racontez aussi. C'est un mélange entre
35:18 l'extérieur et d'un point de vue très personnel.
35:20 - De ?
35:22 - Quand vous écrivez. Votre inspiration.
35:24 - Mon inspiration ?
35:26 C'est...
35:28 (rires)
35:30 - Allez-y !
35:32 - Ecoutez, oui. Mon inspiration,
35:34 elle vient d'où ? Alors, là, ça vient
35:36 de... Ouais,
35:38 c'est un peu ce que je vis.
35:40 Et c'est un peu... Là, je me suis enquêté sur mon
35:42 généraliste, donc, aussi. Voilà.
35:44 - Oui, ça, on avait compris. - Voilà.
35:46 Donc c'est un mélange des deux. - C'est ce que vous observez,
35:48 ce que vous... C'est ce que j'ai dit dans la question.
35:50 - Oui, oui, c'est ça. - D'accord. Bon, ben on est bons, alors.
35:52 - On est fatigués, mais on est bons.
35:54 - Chers auditeurs, vous restez avec nous,
35:56 l'écrivain Nicolas Rey et le créateur de mode et chanteur
35:58 Charlie Farron sont avec vous sur Sud Radio.
36:00 On revient dans un instant pour la fin de l'émission.
36:02 - Shiva,
36:04 le spécialiste du ménage et repassage
36:06 à domicile depuis 20 ans, présente...
36:08 - Sud Radio,
36:10 c'est excellent. Judith Bélair.
36:12 - Vous êtes bien sur Sud Radio et nous aussi,
36:14 c'est excellent, comme chaque dimanche, encore un petit quart d'heure
36:16 ensemble avec l'écrivain Nicolas Rey et son
36:18 nouveau roman, "Médecine douce", sorti au
36:20 Diable Vauvert, et Charlie Farron,
36:22 qui est chanteur à la tête de la marque Ankry.
36:24 Alors, attention, vous avez 52 titres à l'année,
36:26 qui sortent tous les vendredis. Restez bien branchés
36:28 pour pouvoir écouter toutes les chansons
36:30 qu'il va nous proposer. Alors messieurs,
36:32 on va parler un peu de vous l'un et l'autre, de vos parcours
36:34 respectifs. Alors Charlie Farron,
36:36 je vais vous demander ce que vous préférez
36:38 entre la mode et la musique.
36:40 - C'est une très bonne question, ça.
36:42 Ça dépend si je réponds pour mes investisseurs
36:44 en mode ou pas.
36:46 - Répondez pour vous, peut-être. - Ouais, on va répondre
36:48 pour les deux, quand même.
36:50 - On leur fait plaisir, un peu. - Ouais, à vrai dire,
36:52 j'ai toujours fait de la musique, donc
36:54 ma plus grande passion, c'est de faire de la musique,
36:56 je pense, jusqu'à un certain moment.
36:58 C'est-à-dire que j'ai des petits objectifs
37:00 qui sont très égocentrés, très personnels.
37:02 Avoir un disque d'or, par exemple,
37:04 c'est un format,
37:06 c'est quelque chose de palpable.
37:08 Dans la mode, c'était de faire,
37:10 et encore une fois égocentré, mais de faire un million d'euros.
37:12 C'est comme ça que je travaille un petit peu.
37:14 Et on a réussi à le faire dans la mode. Alors, pas personnellement,
37:16 le million d'euros, que je précise.
37:18 - Vous parlez d'Ankry, là ? La marque, elle a fait un million d'euros.
37:20 - Le chiffre d'affaires, elle a eu sa première année
37:22 et elle a fait un million d'euros il y a deux ans.
37:24 - Bravo ! Et là, vous êtes à combien ?
37:26 - On n'a pas beaucoup monté, on n'est pas encore à deux millions.
37:28 On est plutôt à un million cinq.
37:30 - Oui, c'est valable.
37:32 - Oui, il y a du boulot encore.
37:34 Mais du coup, c'est un peu ces objectifs-là
37:36 que je me fixe pour ensuite faire autre chose.
37:38 Donc, pourquoi pas, plus tard,
37:40 je dis n'importe quoi, mais vouloir faire
37:42 une exposition à tel musée,
37:44 voilà, un peu rêveur, parfois.
37:46 - Vous voyez grand artiste contemporain aussi, alors ?
37:48 - Non, pas spécialement, mais
37:50 c'est un exemple. - Vous allez faire du tatouage sur les tableaux ?
37:52 C'est comme vous avez peur de le faire sur la peau ?
37:54 - J'ai peut-être écrit un livre un jour,
37:56 je n'en sais rien.
37:58 Si tu gagnes un million d'euros avec un bouquin,
38:00 j'ai...
38:02 - Nicolas, comment ?
38:04 Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire votre premier livre ?
38:06 - Je voulais le réaliser
38:08 au cinéma, c'est pour ça que je l'ai écrit,
38:10 le premier bouquin, en me disant...
38:12 - Donc, le fait d'avoir un but, ça a été quoi ?
38:14 - C'était totalement naïf, inconscient, c'était fou.
38:16 Je me suis dit, je ne connaissais personne dans le milieu de l'édition,
38:18 je me suis dit, je vais écrire un manuscrit,
38:20 il va être publié,
38:22 ce qui était improbable,
38:24 il y a un manuscrit sur un million qui est publié
38:26 à la Place de Paris, et il a été publié,
38:28 et puis...
38:30 il a marché, ça je ne m'y attendais pas,
38:32 et du coup, j'ai signé un avaloir
38:34 pour un deuxième, et j'ai continué
38:36 à écrire des bouquins. - Et après, vous avez été pris de flore, quoi.
38:38 - Oui, j'ai continué à faire des bouquins,
38:40 voilà. J'ai oublié en route le fait
38:42 de vouloir réaliser des films. - Et vous en avez
38:44 réalisé quand même ? - Ah oui, c'est vrai.
38:46 Non, c'est vrai, c'est vrai.
38:48 - Vous avez réalisé des films,
38:50 vous avez été chroniqueur,
38:52 vous avez fait plein de choses. - Oui, oui, j'ai fait plein de choses,
38:54 moi aussi. - Et qu'est-ce que vous préférez dans tout ce que vous avez fait,
38:56 vous, Nicolas Ray ?
38:58 - Ben... j'aimais bien
39:00 France Inter, j'aimais bien la...
39:02 - Vous parlez de nos concurrents, alors, attention.
39:04 - J'aimais bien... écoutez,
39:06 je vais la refaire. J'aimais bien la radio le matin.
39:08 - Ok, d'accord.
39:10 - J'aimais pas me lever, mais j'aimais bien l'adrénaline de...
39:12 - C'est pas facile, les matinaliers, hein.
39:14 - Non, c'était violent.
39:16 - Vous dormiez, ou pas ? - Ah oui, je dormais.
39:18 - Ah ouais, ben on est un peu obligés
39:20 d'avoir une hygiène de vie, d'être frais.
39:22 Sinon, on tient pas sur 10 ans. J'ai fait ça 10 ans.
39:24 - Ouais, 10 ans, c'est beaucoup. - Avec Pascal Clark,
39:26 j'étais obligé de tenir,
39:28 quoi, sinon on tient pas sur la durée.
39:30 Et...
39:32 Et ce qui était
39:34 violent, en revanche, c'est que...
39:36 Alors l'avantage, c'est que si la chronique était un peu
39:38 foirée, on l'oubliait et
39:40 tout de suite, on mettait celle du lendemain
39:42 à l'œuvre. Mais si elle était bonne,
39:44 il fallait quand même l'oublier
39:46 et faire celle du lendemain. On pouvait pas réciter
39:48 sur une victoire. Il fallait quand même
39:50 enquiller avec celle du
39:52 lendemain. - La magie de la radio.
39:54 - Mais c'était chouette. Et l'ambiance !
39:56 - Alors c'est peut-être ce qui vous a plu le plus, en fait, ça, non ?
39:58 Parce que vous en parlez avec
40:00 le plaisir, ça se voit. - Oui, oui, oui.
40:02 On est unis dans l'adversité
40:04 de l'aube, du matin.
40:06 Parce que c'est rude.
40:08 Franchement, au physique,
40:10 trois ans de matinale, on prend trois ans, c'est comme
40:12 en année de chien, on s'éteint.
40:14 Le technicien rigole, il le sait.
40:16 Il a du faire des matinales.
40:18 - Charlie Farron,
40:20 pardon, mais là, j'ai du mal à garder
40:22 mon calme, calmons-nous.
40:24 Et vous, vous disiez
40:26 tout à l'heure que vous avez monté votre marque
40:28 à 19 ans parce que vous avez eu l'aide de votre famille.
40:30 Mais qu'est-ce qui vous a déclenché ?
40:32 C'est votre Instagram, OK, mais après, quand même,
40:34 vous avez développé tout un... C'est pas que Instagram, quoi.
40:36 - Non, non, non, non.
40:38 On va être tout à fait honnête avec ceux
40:40 qui veulent monter leur marque de fringues, c'est beaucoup,
40:42 beaucoup, beaucoup, beaucoup de boulot.
40:44 J'ai eu la chance
40:46 ou non de ne pas être un fêtard.
40:48 Donc, je bois
40:50 pas d'alcool, je sors pas, donc je suis pas très fun.
40:52 Mais, du coup,
40:54 - Du coup, vous travaillez beaucoup, quoi.
40:56 - Du coup, à 22h, un vendredi soir, à 19 ans, j'étais couché.
40:58 Et du coup, j'étais levé assez tôt,
41:00 et j'ai appris assez vite
41:02 à me lever le matin.
41:04 Je déteste ça, me lever. J'adore mon lit.
41:06 Mais par contre, y'a rien que j'aime plus
41:08 qu'un dimanche matin,
41:10 à 7h30,
41:12 dans Paris,
41:14 dans un café, une brasserie, à boire un café.
41:16 Parce que je trouve
41:18 qu'il y a quelque chose au matin de victorieux.
41:20 Y'a un truc où on a réussi
41:22 quelque chose
41:24 et on se sent pas tout pourri.
41:26 - C'est un peu ça dont vous nous parliez tout à l'heure.
41:28 - Je suis entièrement... Dieu sait que je suis pas du tout du matin,
41:30 mais je suis entièrement d'accord avec vous.
41:32 Là, je suis en promo,
41:34 quand j'ai pas de promo,
41:36 je suis en lève-tard.
41:38 Mais quand je suis en promo,
41:40 maintenant j'y vais à mon banlieue, donc je me lève très tôt.
41:42 Et comme j'ai peur d'arriver en retard
41:44 au direct,
41:46 j'ai toujours une demi-heure d'avance,
41:48 vous voyez, quand j'arrive.
41:50 Donc j'ai un direct à 8h30,
41:52 je suis là à 8h, je suis à une terrasse de café,
41:54 et je ressens exactement ce que tu viens d'évoquer.
41:56 J'ai ce luxe-là,
41:58 en fait, d'une demi-heure
42:00 tranquille.
42:02 - Calme aussi, ouais.
42:04 Et finalement,
42:06 votre processus de création,
42:08 par exemple, quand vous écrivez une chanson,
42:10 Charlie, ou quand vous créez un modèle,
42:12 est-ce que c'est les mêmes processus ?
42:14 - Pas toujours.
42:16 La musique me demande un peu plus
42:18 d'être isolé,
42:20 seul, que ma voisine
42:22 m'entende pas. Alors j'ai appris que ma voisine,
42:24 en plus, c'était une chanteuse assez connue
42:26 dans le milieu,
42:28 le jour où elle est venue toquer à ma porte et me dire
42:30 "Ah, t'es basse, je n'en peux plus !"
42:32 Elle l'a dit gentiment.
42:34 Mais voilà.
42:36 Et maintenant que je sais qu'elle m'entend,
42:38 il y a quelque chose un peu de pudique,
42:40 où ça peut créer de très bons morceaux,
42:42 un peu plus parlé. - Au casque, quoi.
42:44 - Au casque, mais même au casque,
42:46 quand on cherche des mélodies, c'est long,
42:48 quand on a... Enfin, si quelqu'un nous entend,
42:50 c'est long et laborieux, quoi.
42:52 Donc maintenant, j'ai la chance
42:54 d'avoir mes beaux-parents
42:56 qui m'accueillent à la montagne,
42:58 dans leur... Ils ont un petit cabanon.
43:00 - Là, vous faites un maximum de bruit.
43:02 - Et là, et encore, et encore,
43:04 l'autre jour, je gueulais parce que je devais gueuler un truc,
43:06 et je suis allé manger le midi,
43:08 ils m'ont dit... Non, mais pire, je suis allé manger le midi,
43:10 ils m'ont dit "Ça va, tout va bien ?"
43:12 - Putain...
43:14 Vous n'allez pas faire un duo avec votre voisine, non ?
43:16 - On pourrait, on pourrait.
43:18 On pourrait complètement.
43:20 - Et vous, Nicolas Rey, comment est-ce que vous écrivez ?
43:22 - J'écris
43:24 un peu
43:26 quelques fois par semaine,
43:28 deux, trois fois par semaine,
43:30 donc,
43:32 là où je vis, et puis sinon, je m'isole
43:34 deux fois par an,
43:36 un mois,
43:38 à la résidence d'auteur de mon éditrice,
43:40 à Vauvet, entre Nîmes et Montpellier,
43:42 où là, c'est opération commando,
43:44 j'écris 20h/24,
43:46 je fais que ça, et j'ai mon brouillon,
43:48 j'ai le squelette
43:50 de mon futur manuscrit,
43:52 et il prend forme. - Et vous commencez par un squelette, toujours ?
43:54 - Ouais, ouais. - C'est important, de savoir ce qui va se passer
43:56 à la fin, quoi, aussi, non ? - Ouais.
43:58 Le début, le milieu, la fin, et le titre.
44:00 - D'accord, début, milieu, fin et titre.
44:02 Donc, s'il y avait un jeune
44:04 écrivain qui avait un conseil,
44:06 qui demandait un conseil,
44:08 comment je fais, vous lui diriez ça ?
44:10 Début, milieu, fin, titre ? - Oui,
44:12 sinon, trouver un plan B, parce que c'est
44:14 compliqué, quand même.
44:16 Mais bon, si vraiment il veut, oui,
44:18 voilà.
44:20 - La franchise de Nicolas Rey, Sud Radio,
44:22 parle en vrai. Finalement,
44:24 l'un et l'autre, vous êtes vos propres inspirations,
44:26 quand même, j'ai envie de dire que vous avez un espèce de feu
44:28 intérieur, comme ça, qui vous habite et qui vous empêche
44:30 de faire autre chose, quoi.
44:32 Charlie Farron.
44:34 - Probablement, probablement,
44:36 on est...
44:38 J'essaye de devenir
44:40 ce que...
44:42 ce que j'aimerais être,
44:44 peut-être. - Ce que vous projetez, quoi. - Ouais, ce que je
44:46 projette. - Et vous, Nicolas Rey,
44:48 vous projetez quelque chose, encore ?
44:50 - Écoutez, ouais,
44:52 la saison 2 a commencé, quoi,
44:54 donc voilà, on va essayer qu'elle dure le plus
44:56 longtemps possible, voilà. Mais je trouve,
44:58 Charlie, fin, je trouve qu'il a déjà fait
45:00 pas mal de trucs, hein, il est quand même très très jeune.
45:02 - Ah oui, oui, je suis bien d'accord. - Donc,
45:04 si je devais miser quelque chose, je miserais sur lui, moi,
45:06 plutôt. - Que sur vous ? - Non, non,
45:08 - Ok. - Je suis pas sûr. - D'avenir, de ce côté-là,
45:10 remarquez s'il y a des investisseurs qui traînent
45:12 un petit peu, aussi. - Voilà, si vous cherchez à investir
45:14 sur un jeune créateur, les
45:16 investisseurs, auditeurs de Sud Radio.
45:18 - Moi, niveau mode, je suis plutôt, non,
45:20 - Vous avez un joli pull, ouais. - Vous avez un beau pull.
45:22 - C'est ma femme qui me l'a offert, ça.
45:24 - Alors, messieurs, dernière
45:26 question de l'émission.
45:28 Par qui je commence ? Tiens, Charlie,
45:30 je me suis tournée naturellement vers vous.
45:32 Que dirait l'adulte que vous êtes à l'enfant que vous étiez ?
45:34 - On profite.
45:38 - D'accord.
45:40 - Je... - Quand je pose cette question,
45:42 c'est pour savoir comment vous étiez un peu enfant.
45:44 - Ouais, en fait, c'est plus comment je suis adulte,
45:46 c'est-à-dire que
45:48 j'ai développé beaucoup, beaucoup d'angoisse
45:50 depuis que je suis rentré des Etats-Unis,
45:52 quand j'avais 7, 8 ans.
45:54 Je ne me suis pas du tout adapté au système scolaire
45:56 et autres. - En France, donc.
45:58 - En France, oui.
46:00 Et j'ai développé
46:02 des tonnes, des tonnes de crises d'angoisse
46:04 où je ne pouvais plus sortir de chez moi, où je ne pouvais plus...
46:06 à 16, 17 ans, quoi.
46:08 Qui m'ont permis, aujourd'hui, de faire ce que je fais aussi.
46:10 C'est pas pour rien que je ne sortais pas, et voilà.
46:12 Mais quand on est enfant, je pense qu'il y a
46:14 certaines innocences. Et en même temps,
46:16 enfant, on a toujours envie d'être adulte. Enfin, c'est un cercle un peu vicieux.
46:18 Et adulte, on a envie d'être enfant.
46:20 - Donc, ce petit garçon qui arrive en France à 7 ans,
46:22 qu'est-ce que vous lui dites ? Ça va aller, quoi.
46:24 - Essaye de parler français avec un accent
46:26 moins américain, si possible.
46:28 - D'accord.
46:30 On voit où a été le nœud dramatique.
46:32 - Oui, légère... Non, ça a été compliqué,
46:34 bien sûr. Quand t'as 7 ans,
46:36 on arrive... - Là, ça s'entend pas du tout, hein.
46:38 - Alors, non, parce que j'ai beaucoup... J'ai tout perdu, en fait.
46:40 Et je vais pas tenter l'accent ici, parce que je pense que je l'ai
46:42 plus bien, mais...
46:44 Quand on arrive dans une école,
46:46 dans le 5e public à Paris,
46:48 et qu'on parle avec cet accent
46:50 divinement
46:52 américain, et...
46:54 Bah, on te regarde, on te dit "mais t'es qui ?"
46:56 Et ça se comprend.
46:58 Mais du coup, ça a été un moment compliqué.
47:00 - C'est un peu le côté chauvin des Français, ça aussi, j'ai envie de dire.
47:02 Nicolas Rey ?
47:04 - Moi, j'ai toujours essayé de parler américain avec un accent moins français.
47:06 - Voilà.
47:08 Et sinon, vous, vous lui diriez quoi, à ce petit garçon-là ?
47:10 - Je lui dirais...
47:12 Tu...
47:14 Tu vas pas être footballeur.
47:16 Tu vas pas être réalisateur.
47:18 - Si, c'est pas vrai !
47:20 - Oui, c'est pas vrai, 'fin tu vas l'être.
47:22 Mais...
47:24 Tu vas rencontrer la femme
47:26 du reste de ta vie, et ça, c'est chouette, quand même.
47:28 Et... Voilà.
47:30 - C'est excellent, j'ai envie de dire.
47:32 - Et normalement, vous avez mangé des...
47:34 des langoustines ce week-end,
47:36 donc c'est cool. Enfin, en fin de semaine.
47:38 - Voilà ! On est beaux !
47:40 Eh bien, Nicolas Rey et Charlie Farron,
47:42 merci à tous les deux.
47:44 - Merci également.
47:46 - Alors, chers auditeurs, le dernier roman de Nicolas Rey,
47:48 "Médecine douce", il est sorti au
47:50 Diable Vauvert, et évidemment disponible
47:52 chez tous les bons dealers, de livres.
47:54 Charlie Farron, vous serez
47:56 en concert bientôt, là, hein ?
47:58 Le jeudi 11 avril ? C'est ça ?
48:00 - Oui. - À la Boule Noire à Paris ? - À la Boule Noire à Paris.
48:02 - Voilà. Pour vos 1 sur 52.
48:04 Vous allez en faire combien, des titres ?
48:06 - Bah, on va en faire
48:08 5 nouveaux, 5-6 nouveaux.
48:10 Et surtout,
48:12 mon vrai rêve, c'est de
48:14 faire les 52 titres en live, à la fin,
48:16 dans l'ordre.
48:18 Mais il faut des gens qui ont envie d'écouter
48:20 52 titres, et alors ça,
48:22 c'est pas sûr d'entre vous. - Eh bien, écoutez, on va voir ça.
48:24 On reste à l'écoute,
48:26 en tout cas. Et puis, nous, chers auditeurs,
48:28 on a rendez-vous dimanche prochain à 19h avec de nouveaux
48:30 excellents invités sur Sud Radio, et puis avant ça,
48:32 vous avez le samedi à 13h30,
48:34 avec une grande femme, évidemment. Vous pouvez retrouver
48:36 tous nos podcasts sur sudradio.fr,
48:38 la chaîne YouTube de Sud Radio, les réseaux sociaux,
48:40 et tout le tintouin. Merci à Thomas, qui réalise
48:42 pour vous aujourd'hui, et puis aux équipes de
48:44 Sud Radio. Bisous. À la semaine prochaine.
48:46 (Générique)
48:48 - Sud Radio, c'est excellent. Judith Bellaire.
48:50 - Avec Shiva, le spécialiste
48:52 du ménage et repassage à domicile
48:54 depuis 20 ans.