Jacques Pessis reçoit Jim Bauer : Il a participé à « The Voice » après des années de travail dans la chanson et la production. Il vient de sortir ce qu’il considère comme son véritable premier album.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-02-28##
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00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:02 Les clés d'une vie, celles de mon invité,
00:04 l'enfant de la balle que vous êtes a connu plusieurs rebonds
00:08 avant de se déplacer sur des terrains lointains
00:10 afin d'atteindre son but, signer des chansons à votre image,
00:14 c'est-à-dire toujours originales.
00:16 Bonjour Jim Boer.
00:17 Bonjour.
00:17 Alors c'est vrai que vous revenez avec un nouvel album,
00:20 le premier dites-vous, alors que c'est pas le premier mais ça c'est notre histoire.
00:23 On vous connaît à travers la télévision avec The Voice,
00:27 mais on ne connaît pas votre parcours.
00:28 Et le principe des clés d'une vie, c'est d'étudier ce parcours,
00:31 de le raconter à travers des dates clés.
00:34 Et la première que j'ai trouvée, alors elle ne vous concerne pas directement,
00:37 c'est le 22 octobre 1988, la première télé familiale.
00:41 C'est la première interview de Nathalie Cardone, votre mère, chez Ardisson.
00:45 Elle est comédienne dans Drôle d'endroit pour une rencontre
00:48 qu'elle a tournée avec Gérard Depardieu et avec Catherine Deneuve.
00:52 Je ne sais pas si vous le savez.
00:53 J'ai vu, je crois, cette interview traînée sur YouTube.
00:55 Voilà, et elle dit que ses parents se sont connus sur Tombe la neige,
00:58 donc on est déjà dans la chanson de Salvatore Adamo.
01:01 Et je crois que votre mère, elle vous a confié sa guitare
01:05 et que vous avez appris à jouer la guitare sur la sienne.
01:08 En fait, il y avait une guitare qui traînait à la maison
01:10 et j'ai appris vraiment mes premiers accords dessus.
01:14 Puis après, je suis parti en vacances et j'ai vu mon père en vacances.
01:18 Et là, je lui ai montré que j'avais appris quelques accords de guitare.
01:21 Il m'a dit bon, là, ça a l'air sérieux, donc je te donne ta première guitare.
01:24 Et il m'a donné une de ses vieilles guitares acoustiques,
01:26 qui est toujours ma guitare acoustique aujourd'hui.
01:27 Et oui, les traditions ne changent pas.
01:28 Alors, votre mère, c'est et c'est toujours Nathalie Cardone qu'on salue.
01:32 Et elle a eu un grand succès avec cette chanson.
01:34 A qui se quédera clara
01:39 La entraignable et transparente
01:41 Astasia Mpress a dû marquer votre jeunesse, Jim Boer, même si vous n'étiez pas né.
01:46 Alors moi, j'étais né.
01:47 Alors, quand elle a sorti cette chanson, j'étais né.
01:49 Mais oui, après, ça l'a marqué d'une façon qui est peut être différente
01:53 de celle de ceux qui l'ont vu en public.
01:56 Mais c'est vrai qu'elle a eu beaucoup de succès.
01:57 Et cette chanson a été écrite en 65 par Carlos Puebla
02:01 quand Che Guevara avait quitté le gouvernement.
02:04 Et à la mort du Che, cette chanson est devenue culte.
02:06 Et c'est Laurent, je crois, Boutena qui avait trouvé votre mère,
02:11 qui avait fait faire cette chanson.
02:12 Et Laurent Boutena qui a ensuite travaillé avec Mylène Farmer, je crois.
02:17 Il bossait déjà avec Mylène Farmer, je crois, à ce moment là.
02:20 Alors, votre père, c'est Axel Boer.
02:22 Et pourtant, vous auriez dû devenir musicien.
02:25 Mais votre vocation originelle, c'est le dessin et l'informatique, Chimbréa.
02:28 Oui, en fait, je voulais devenir dessinateur.
02:31 En fait, ce qu'on appelle caractère designer,
02:33 c'est-à-dire je voulais devenir dessinateur des personnages de jeux vidéo.
02:38 D'accord.
02:39 Voilà.
02:39 En fait, j'adorais dessiner essentiellement des personnages.
02:41 Et ce que j'aimais, c'était inventer des personnages
02:44 et leur donner des caractéristiques,
02:45 genre un niveau de pouvoir, des choses comme ça.
02:47 J'aimais bien designer des personnages.
02:49 Mais en même temps, c'est un gros travail d'étude, ça, il faut l'apprendre.
02:52 Oui, mais je ne l'ai pas appris.
02:52 C'était vraiment ce que je voulais faire jusqu'à mes 16 ans.
02:56 Et je n'avais pas un don pour le dessin.
02:59 Je savais un petit peu dessiner, mais ce n'était pas quelque chose de facile.
03:03 Et ce n'est pas non plus quelque chose que j'ai étudié si sérieusement que ça.
03:06 Donc, la musique m'a appé beaucoup plus facilement.
03:10 Alors, il faut savoir que vous êtes né à Paris,
03:12 mais vous avez grandi à Carpentras en particulier.
03:14 Et puis avant, dans le sud, à Uzès, à la Grand Combe, à côté d'Al.
03:18 On a beaucoup déménagé quand on était dans le sud.
03:20 Oui, et je crois que la Grand Combe, à côté d'Alès,
03:22 il y a une autre chanteuse qui est née là.
03:25 C'est Myriam Abel qui a gagné la Nouvelle Star.
03:27 Ah, ça, je ne savais pas.
03:29 Alors, il y a eu le Saint-Didier et le collège Perne-les-Fontaines.
03:32 Ça, c'est les débuts du collège.
03:35 Alors, le Perne-les-Fontaines, c'est ma troisième.
03:38 Donc, c'est plutôt la fin du collège.
03:39 En fait, c'est assez compliqué de retracer ce parcours-là
03:42 parce que j'ai vraiment déménagé presque tous les ans,
03:43 en fait, de mes 10 à 14 ans, 15 ans.
03:48 Et du coup, Perne-les-Fontaines était mon année de troisième.
03:54 Et puis, c'est au moment où on s'est un peu fixé quelque part
03:56 et où du coup, c'était plutôt sympa
04:00 parce que j'ai gardé des amis encore aujourd'hui de cette époque-là.
04:03 Oui, parce qu'avant, vous changeiez chaque année.
04:04 Pas question de se faire des copains.
04:06 Ce n'était pas possible.
04:07 On changeait tous les ans, quoi.
04:08 Ce n'est pas facile pour un étudiant.
04:10 C'est intéressant aussi parce que moi, je ne regrette pas du tout
04:13 toutes ces années-là parce que c'est quelque chose qui m'a forgé,
04:16 qui m'a appris à avoir une grande capacité d'adaptation
04:18 et aussi à connaître beaucoup de milieux sociaux différents.
04:21 Donc, bien sûr que quand on est enfant, il y a du bon et du mauvais,
04:25 mais on se rend compte du bon avec le temps, en grandissant quand même.
04:28 Alors, il y a aussi la classe de quatrième qui a été importante, Jim Boer,
04:31 parce qu'il y avait, je crois, un cours d'informatique musicale
04:35 sur la musique électronique et vous y êtes allé pour des raisons très précises.
04:39 Oui, en fait, donc là, c'était à la Grande Combe, ma quatrième.
04:42 Et en fait, il y avait donc mon professeur de musique,
04:46 qui s'appelait Daniel Perdue-Hallois, que j'embrasse,
04:49 qui est un professeur de musique assez incroyable.
04:52 On était dans une ZEP dans ce collège, il n'y avait pas beaucoup de moyens
04:57 et lui, il voulait absolument initier les élèves à la musique.
05:00 Donc, il avait payé de sa poche un synthétiseur par élève.
05:03 Alors, ce qui est vraiment très intelligent,
05:05 parce qu'un synthétiseur, ça peut ne pas être trop cher.
05:07 Donc, on peut, a priori, en acheter 25
05:10 pour qu'on va garder après pour toutes les années.
05:13 Donc, c'est un investissement assez intelligent pour apprendre
05:14 plutôt le piano que la flûte.
05:16 Et du coup, il a réussi quand même à mettre pas mal d'élèves
05:19 dans la musique dans le collège.
05:21 Et en parallèle, il avait créé un petit atelier
05:23 qu'il avait appelé Informatique musicale,
05:25 qui était en fait un atelier de production musicale, mais pour enfants.
05:28 C'est à dire que c'est des logiciels plus pour jouer
05:30 que pour faire ça professionnellement.
05:32 C'était assez ludique et dedans, ça mélangeait toutes les classes.
05:36 Et sa fille était en troisième et moi en quatrième.
05:38 Et du coup, sa fille, je savais qu'elle allait dans ce cours là.
05:41 Et du coup, moi, j'ai voulu y aller pour lui parler.
05:44 Mais en fait, je ne lui ai jamais parlé parce que je suis timide,
05:46 comme ce n'est pas permis.
05:47 Mais par contre, du coup, je me suis mis à coller des petits samples,
05:49 à faire de l'électro et c'est ça qui m'a mis dans le bain de la musique.
05:52 Mais elle n'avait pas du tout les mêmes goûts musicaux que vous à l'époque.
05:55 Alors elle, pour le coup,
05:57 pour le coup, je ne sais même pas ce qu'elle écoutait,
05:59 parce qu'en fait, je ne lui ai jamais parlé à cette fille.
06:01 Nirvana ou des choses comme ça.
06:02 Alors ça, c'est l'autre fille de quand j'étais en seconde
06:05 qui m'a fait commencer la guitare.
06:07 Ça, c'est autre chose.
06:08 - Il faut savoir aussi qu'il y a eu le lycée Victor Hugo à Carpentras
06:12 où de la seconde au bac littéraire, vous faites vos études.
06:15 Et là aussi, vous avez commencé vraiment la musique.
06:18 - En fait, oui.
06:19 Avant ça, donc de la quatrième à la seconde,
06:22 j'étais vraiment un beatmaker.
06:24 C'est-à-dire que je faisais...
06:25 Mon père m'a installé très vite des logiciels professionnels
06:28 quand il a vu que j'avais commencé à faire de la musique sur ordinateur.
06:30 Il a pris mon ordi, il m'a dit
06:33 "Tiens, je te mets des versions un peu sous le manteau de logiciels pro".
06:37 Et t'apprends avec ça.
06:39 Et donc, j'avais directement déjà Digital Performer, Ableton, etc.
06:43 dans mon ordinateur.
06:44 Du coup, j'ai commencé à travailler.
06:46 Et en fait, je faisais que de l'électro et du hip-hop à ce moment-là.
06:52 Et après, effectivement, en seconde,
06:55 j'avais un petit crush sur une fille qui écoutait que du métal et du hard rock.
06:59 Et du coup, j'avais l'impression de ne pas être très intéressant
07:02 avec mon rap et mon électro.
07:03 Alors du coup, ce que j'ai fait, c'est que j'ai appris la guitare.
07:06 Et en fait, c'est pareil.
07:07 La guitare, ça m'a happé.
07:08 Et puis là, j'ai commencé à créer des groupes de rock
07:10 et pour la première fois, vraiment m'intégrer dans le milieu scolaire
07:13 et avoir des vrais potes.
07:14 Donc, c'était plutôt cool.
07:16 Et je crois qu'il y a eu des concerts dès la première, avant même le bac.
07:19 Dans les cafés.
07:22 Ouais, ouais, j'ai joué globalement.
07:25 Dès que j'ai appris la guitare, je dois avouer que j'ai appris assez vite.
07:29 Et que j'ai commencé à chanter assez vite aussi.
07:32 Et du coup, très tôt, j'ai commencé à jouer le mercredi après-midi
07:36 et le samedi après-midi dans la rue.
07:38 Ce qui a fait que Carpentra, étant une toute petite ville,
07:41 il y a plein de restaurateurs qui m'ont dit "Viens jouer dans mon restaurant".
07:43 Il y avait La Havane, je crois.
07:45 Ah, La Havane, c'est même pire que ça.
07:47 La Havane, c'est vraiment...
07:48 C'est mes frères, quoi.
07:50 Donc là, pour le coup, j'habitais au-dessus
07:53 parce qu'il m'a trouvé un appart tout dessus à un moment donné.
07:56 Enfin, c'était vraiment...
07:57 C'était un hôtel.
07:58 Et là, pour le coup, j'y jouais, j'y faisais le service.
08:00 J'ai vraiment fait beaucoup de choses là-bas.
08:02 Il y avait le Ridge Bar aussi, vous avez connu Mathieu Chalier.
08:05 C'est bien renseigné, ouais.
08:07 Le Ridge Bar, je crois que j'y jouais tous les vendredis, je crois.
08:09 Pendant un an, je pense, un truc comme ça.
08:13 Et puis, il y avait donc Mathieu Chalier qui jouait au bar Le Siècle, je crois, à Carpentra.
08:16 Mathieu Chalier, ouais, qui faisait une...
08:19 Pas une open mic, mais un buff tous les mercredis soirs au bar Du Siècle,
08:23 effectivement, en face de l'église Saint-Syphrain à Carpentra.
08:26 Et c'était un peu un lieu qui me challengeait en musique
08:30 parce que tous les musiciens étaient quand même très bons.
08:34 Et après plusieurs années à Paris, maintenant, je peux le dire,
08:37 ils étaient très bons, même à Paris.
08:39 Je n'ai pas toujours vu des musiciens de ce niveau-là.
08:41 Et genre, moi, du coup, ça me challengeait pas mal parce que
08:46 parce qu'en fait, toutes les semaines, je revenais et je voulais un peu les impressionner.
08:50 Et je n'étais pas encore à leur niveau.
08:51 Donc, du coup, j'apprenais des choses.
08:52 Et d'ailleurs, c'est dans ce bar que j'ai fait pour la première fois ma version de Tata Yo-Yo.
08:58 Parce que Mathieu m'avait vu chanter Highway to Hell de AC/DC en version un peu balade.
09:03 Et il m'avait dit "toi, tu chanterais Tata Yo-Yo, tu le ferais version triste toi".
09:07 La semaine d'après, je suis venu, je lui ai fait pour rigoler.
09:09 C'est de là qu'est née la version à la base.
09:11 - Je crois que c'est effectivement, c'était en face de la cathédrale
09:13 où il y a eu aussi pendant des années le festival de Carpentra
09:16 avec Jean-Pierre Darras, comédien célèbre, qui avait monté un festival.
09:20 Et c'est là où Beko a chanté pour la dernière fois
09:22 avant de nous quitter dans le festival de Carpentra.
09:25 - Ah ouais.
09:26 Alors, il y a aussi la région, vous traînez dans la région,
09:30 il y a Monteux, Bignan, Orange.
09:32 - Alors j'ai joué dans tous ces endroits-là, donc c'est très bien renseigné.
09:36 Oui, j'ai fait au moins un concert dans à peu près toutes ces villes.
09:39 Mais c'était vraiment mes groupes d'ados, on avait un groupe de punk, on faisait n'importe quoi.
09:43 - Oui, mais en même temps, ça vous permettait d'apprendre votre métier.
09:45 Et surtout, vous avez choisi de vous débrouiller tout seul, sans vos parents.
09:49 - Oui, mais après de toute façon, ce n'était pas la question.
09:51 Parce que ça n'a jamais été vraiment mis sur la table.
09:54 De toute façon, ils connaissaient mon comportement.
09:56 J'ai toujours été un autodidacte qui n'en fait qu'à sa tête.
10:00 Eux-mêmes sont un peu comme ça aussi.
10:01 Donc en fait, c'est quelque part une forme de légacy
10:06 que d'en faire qu'à sa tête et de faire les choses soi-même dans ma famille.
10:09 Donc ils m'ont juste laissé faire mon chemin.
10:12 Ils savaient aussi que c'est important de savoir qui on est
10:14 et d'être très incarné dans ce qu'on fait et de raconter sa propre histoire.
10:19 Et ils savent aussi que les parents, ça peut être perturbant par rapport à ça.
10:24 Donc du coup, ils ont toujours mis une distance par rapport à ce truc-là.
10:27 Ils me laissent faire.
10:29 Des fois, ils nous arrivaient d'en parler et des fois même d'être en désaccord sur des trucs.
10:33 Mais globalement, j'ai toujours été libre de faire mon chemin en musique.
10:36 Et il n'a jamais été vraiment mis sur la table le fait de me filer un coup de pouce.
10:41 À part un coup de pouce en tant que parent.
10:43 C'est-à-dire qu'effectivement, il y a eu du soutien moral
10:46 ou il y a eu mon père qui m'a offert de temps en temps une guitare ou quelque chose comme ça.
10:50 Mais par contre, tout mon réseau, mes contacts, mon parcours, ça a été un truc que j'ai fait tout seul.
10:55 Avec leur soutien de parent, mais pas un soutien autre.
11:00 Alors, il y a eu une autre date importante dans votre vie, c'est le 21 avril 2022.
11:04 Ce n'est pas si lointain.
11:05 On en parle dans quelques instants sur Sud Radio avec Jim Bauer.
11:09 Sud Radio, les clés d'une vie.
11:11 Jacques Pessis.
11:12 Sud Radio, les clés d'une vie.
11:13 Mon invité Jim Bauer.
11:15 Nous parlerons tout à l'heure de ce nouvel album qui est sorti.
11:19 Vraiment votre premier album.
11:21 Dites-vous, on expliquera pourquoi.
11:23 On revient à des dates de votre carrière.
11:24 On a expliqué vos débuts dans le sud de la France.
11:28 Et il y a une date importante dans votre carrière, c'est le 21 avril 2022.
11:32 Le Bus Palladium, vous produisez carrément deux mois avant la fermeture.
11:36 Ouais, c'est alors c'était mon premier concert en sortant de The Voice.
11:42 Exactement.
11:43 Et en fait, le Bus Palladium étant un lieu dans lequel j'ai quand même beaucoup joué,
11:48 dans lequel je connaissais beaucoup de monde,
11:51 moi je me manquais un peu d'une date parisienne.
11:55 J'avais pas de date parisienne.
11:57 Après The Voice, on était toujours dans un schéma très indépendant.
12:01 J'avais pas de tourneur et tout ça.
12:02 Et du coup, je me suis dit, il faut quand même que je fasse un concert à Paris.
12:06 Je viens de sortir de l'émission, il faut quand même qu'il se passe quelque chose.
12:09 Et du coup, eux, ils m'ont dit, ouais, on ferme le Bus Palladium dans deux mois.
12:13 Ça te dit de faire...
12:14 Alors en fait, à la base, techniquement, c'était une des soirées qui disait au revoir au bus.
12:19 Et en fait, ils ont mis un an à fermer
12:21 parce qu'il y a eu 25 soirées de fermeture du Bus Palladium.
12:25 Mais du coup, mon concert en était une entre autres.
12:28 Faut savoir que ça s'appelait le Bus Palladium parce que dans les années 60,
12:31 il y avait très peu de moyens de transport la nuit.
12:33 Et les deux fondateurs, James Arsh et James Thibault,
12:36 avaient monté un réseau de bus,
12:37 où on payait deux francs pour aller danser le soir.
12:40 Et ils ont monté le Bus Palladium comme ça.
12:42 C'était un super lieu, c'est dommage qu'ils l'aient détruit.
12:44 - Exactement.
12:45 Alors, c'est vrai que vous avez beaucoup traîné avant,
12:48 puisque d'abord, le Bus Palladium, c'est venu après la rue,
12:51 car vous avez commencé à Paris, à Montmartre, à chanter dans la rue.
12:54 - Ouais, en fait, quand je suis monté,
12:56 comme on l'a dit tout à l'heure, je jouais déjà dans la rue, un peu dans Carpentra.
13:00 Après, mon bac, j'ai un peu zoné dans la région pendant, on va dire, huit mois.
13:07 Et après, quand j'ai approché mes 19 ans, je suis remonté à Paris.
13:11 Et en fait, à Paris, d'abord, je me suis mis dans un truc un peu simple,
13:18 je vais trouver un petit job dans une brasserie,
13:20 puisque j'avais déjà fait de la restauration à Carpentra,
13:22 dans trois ou quatre restaurants.
13:25 Bon, j'ai vu que c'était quand même autre chose qu'en région du Vaucluse,
13:30 c'était quand même autre chose que dans le Vaucluse.
13:33 Et ça payait pas de ouf.
13:34 Et donc, du coup, je me suis dit,
13:36 mais en fait, c'est plus intéressant de jouer à Montmartre.
13:39 Enfin, je gagnais plus quand je jouais à Carpentra déjà,
13:41 donc j'imagine que c'est plus intéressant.
13:42 Donc, j'ai commencé à jouer à Montmartre
13:45 et je me suis rendu compte que ça gagnait bien.
13:47 Par contre, c'était faisable que l'été, que quand il faisait beau.
13:49 Donc, du coup, en fait, en gros, mon système pendant près de 19 ans à 26 ans,
13:56 à Paris, ça a été de jouer l'été dans la rue ou dans le métro
14:02 quand c'était devenu un peu compliqué dans la rue.
14:04 Et sinon, l'hiver, de bosser dans des restaurants.
14:09 Et puis, il y avait les karaokés.
14:10 Je crois qu'au bus Palladium, vous avez fait un soir un karaoké sur Radiohead
14:14 et c'est comme ça que Marc Colin vous a repéré.
14:16 Ouais, alors en fait, d'ailleurs, le processus était même plus fislé que ça.
14:21 En fait, c'est Mélanie Bauer qui est une journaliste,
14:24 mais qui n'est pas de ma famille,
14:26 qui m'a vu et qui a dit à Marc qu'il lui cherchait un chanteur pour Bristol.
14:30 Il faut absolument que tu castes ce mec là.
14:32 Et Marc, en fait, m'a fait chanter du coup dans la BO de films,
14:36 d'un film mexicain qui s'appelle "Tiempos Felices",
14:40 "Happy Times" en anglais.
14:42 Et il m'a fait chanter dessus un peu pour me tester aussi.
14:46 Et c'était vachement intéressant.
14:48 Et puis après, du coup, il m'a pris dans Bristol et on a fait deux ans de tournée.
14:51 Voilà. Et ce film, justement, en a une trace.
14:53 C'est un film mexicain avec l'histoire d'un garçon
15:02 qui ne voulait plus entendre parler de sa fiancée
15:04 et qui cherchait un moyen de s'en débarrasser.
15:06 Alors je crois que je l'ai vu qu'une fois, il y a 7 ans, ce film.
15:10 Je ne sais même pas de quoi parle l'histoire.
15:12 Mais je sais qu'il était sur Netflix pendant un temps.
15:15 Mais c'est vrai que vous avez découvert le groupe Bristol.
15:18 Alors il y avait déjà une nouvelle vague,
15:20 qui était un groupe qui avait cartonné avec des tas de jeunes qui ont débuté.
15:24 Et vous vous êtes entré dans Bristol,
15:26 qui était des titres années 90 avec arrangements de 60's.
15:30 Ouais, alors bon, à titre personnel,
15:32 je pense que ça a trouvé que c'était des titres années 90 avec arrangements années 90.
15:35 Mais en gros, c'était un peu un side project de nouvelle vague.
15:43 C'était un peu le même concept, mais avec d'autres styles musicaux.
15:46 Toujours dirigé par Marc Colin, qui est aussi le producteur de Nouvelle Vague.
15:51 Et puis, mais avec d'autres têtes.
15:53 Donc là, dans ce projet là, il y avait Clara Luciani, il y avait Corrine,
15:57 il y avait Martin Rhein, il y a eu beaucoup de personnes qui sont passées dessus.
16:02 Et finalement, c'est une façon d'apprendre son métier pendant deux ans en tournée ?
16:05 Ah bah là, je l'ai appris version accélérée même.
16:07 C'était assez intense, parce que j'ai commencé direct.
16:11 C'était un peu bizarre, d'ailleurs, cette période là,
16:13 parce que je jouais dans la rue un jour ou dans le métro un autre jour.
16:15 Puis après, je prenais l'avion et j'allais jouer dans un club de 1000 personnes en Hongrie.
16:19 Et puis je revenais et puis après, j'allais faire...
16:22 On faisait des fois des concerts dans des salles philharmoniques en Autriche
16:25 ou des trucs comme ça.
16:26 Et puis je revenais et puis je repartais jouer dans le métro.
16:28 C'était un peu bizarre à ce moment là, mais j'apprenais le métier.
16:31 Oui, et en même temps, vous commencez à composer.
16:34 Oui, alors j'ai toujours composé, mais je commençais à l'enregistrer
16:37 et à envisager de sortir des chansons.
16:40 Oui, et je crois que le rock n'était pas votre culture de base à ce moment là.
16:44 C'est venu petit à petit.
16:46 Non, le rock, j'avais déjà des groupes de punk quand même, quand j'étais au lycée et tout.
16:49 Donc le rock a toujours été dans mon...
16:53 Dans votre ADN.
16:55 Dans mon ADN.
16:56 Par contre, à ce moment là, je m'étais ouvert à d'autres styles plus pop.
17:01 Alors à ce moment là précis.
17:02 Il se trouve aussi que vous avez fait des morceaux psychédéliques.
17:05 Je crois qu'il y a un titre d'une heure que vous avez composé.
17:08 Ah bon ?
17:08 Oui, j'ai vu ça un jour sur Internet.
17:10 Il y a différents morceaux pour des clubs psychédéliques.
17:15 Un titre d'une heure ? Non, je ne suis pas sûr que j'en ai fait un.
17:17 J'ai déjà fait un titre...
17:18 Ah, j'ai fait quand j'avais 13 ans.
17:22 C'est vraiment quand j'avais 13-14 ans ça.
17:24 J'avais fait un morceau de, je pense, 45 minutes.
17:27 C'est ça.
17:27 D'électro, mais de rave party.
17:32 Ouais.
17:33 Ouais, ça j'avais fait, ouais.
17:34 Et comme on fait 45 minutes, c'est délirant.
17:37 Ouais, mais c'est de l'électro de rave party.
17:38 Donc c'est 45 minutes avec des parties qui durent 10 minutes à faire la même chose.
17:42 Mais c'était surtout pour faire des trucs psychés.
17:44 C'est des montées très, très longues.
17:46 Et vous aviez envie de chanter à ce moment là ?
17:48 Non, à ce moment là, j'étais vraiment...
17:49 Je voulais devenir un DJ.
17:50 À ce moment là, mon rêve, c'était de devenir un Daft Punk.
17:53 Et après, on va dire que j'ai eu une année à vouloir être un peu un Daft Punk.
17:57 Et l'année d'après, j'avais plus envie d'être un Dr Dre.
17:59 Voilà.
18:00 Et vous avez quand même fait un premier disque un jour.
18:02 C'est The Misfit Boy.
18:03 Ça aussi, The Misfit Boy, c'est votre premier disque.
18:17 C'est arrivé comment, Jimbo ?
18:18 C'est le premier EP.
18:19 C'est un EP qui a été un peu accidentel.
18:22 C'est une suite de choses, en fait.
18:24 À la base, ça devait juste être une live session.
18:27 C'est pour ça que c'est un seul court métrage de 15 minutes.
18:31 Et ça devait juste être une live session de morceaux qu'on allait sortir après,
18:35 en version punchée single.
18:38 Et en fait, on s'est rendu compte que par rapport à notre budget de tournage,
18:42 on ne pouvait pas vraiment faire le son et l'image.
18:44 Donc, on s'est dit, on va pré-enregistrer des versions un peu plus live
18:49 pour cette vidéo et on va jouer en playback.
18:53 Et en fait, vu que les versions originales ne sont jamais sorties,
18:57 ces versions-là sont devenues les versions originales des titres.
19:01 Il y a eu, je crois, un clip avec les trois chansons sur quatre avec des chapitres.
19:05 Oui, c'est ça.
19:06 En fait, c'est trois morceaux chapitrés en trois parties.
19:10 Et c'était un court métrage entier.
19:12 On voit déjà l'originalité de votre travail.
19:15 Merci.
19:16 Alors, il y a eu un second titre aussi, mais en français, c'est "Je t'attends demain".
19:19 Chéri, je t'attends demain
19:23 Ce n'est pas si loin
19:27 La pluie couvrira nos bras
19:31 Là, on n'est pas du tout dans le même univers que dans le premier disque, Timbreel.
19:34 Non, mais de toute façon, moi, une fois que j'ai fait quelque chose, je ne le refais pas.
19:37 Donc, il y aura toujours une différence.
19:41 Je peux des fois essayer de trouver une sorte d'enchaînement cohérent,
19:44 mais je m'ennuie très vite.
19:47 Là, c'était quand même un peu le même propos que "The Misfit Boy",
19:52 mais par contre, c'était en français.
19:54 Beaucoup plus sur cette EP-là, qui s'appelait "Naissance".
19:56 Je crois que vous avez fait ça avec un copain d'enfance.
19:58 Sur "Naissance", j'ai travaillé avec un ami d'enfance qui s'appelle Jules Jaconelli.
20:03 C'est ça.
20:03 Et là aussi, vous vous faites remarquer par vos clips,
20:06 car vos clips sont déjà des petits films, Jim Boer.
20:09 Certains ont eu cette ambition.
20:12 Oui, mais ce n'est pas évident.
20:13 Il faut le faire.
20:14 Oui, c'est peut-être ce qui a fait que de plus en plus, j'aime bien ne pas faire de clips.
20:21 C'est que les clips, ça prend beaucoup d'énergie, beaucoup de temps.
20:24 Et moi, j'ai pour ambition de sortir beaucoup plus de sons.
20:28 Et pour ça, il faut peut-être lever le pied sur les clips.
20:31 Mais vous êtes quand même un autodidacte en la matière,
20:33 que ce soit la musique ou que ce soit les clips.
20:37 Vous avez appris ça tout seul ?
20:39 Je pense que j'ai un peu un état d'esprit d'artisan.
20:41 C'est-à-dire que je crois que mon rêve, c'est d'être dans un atelier,
20:46 de construire mes trucs et de les montrer aux gens.
20:49 Et c'est tout.
20:50 Je ne suis pas obsédé par les grandes équipes ou par les grands projets.
20:54 Ce que j'aime, c'est créer dans mon atelier.
20:56 Et donc, effectivement, j'aime bien les bouts de ficelle
20:59 et j'aime bien envisager des choses que je peux.
21:02 Mais ce que j'aime, c'est faire.
21:04 Voilà. En tout cas, vous faites bien.
21:06 Et puis, vous avez fait bien un certain soir, le 17 avril 2021.
21:09 A tout de suite sur Sud Radio avec Jim Bauer.
21:11 Sud Radio, les clés d'une vie.
21:14 Jacques Pessis.
21:14 Sud Radio, les clés d'une vie.
21:16 Mon invité Jim Bauer.
21:18 On a évoqué vos débuts.
21:19 On a évoqué le Bus Palladium, ce groupe Bristol.
21:21 Et puis, vraiment, la France entière vous a vus le 17 avril 2021 dans The Voice.
21:38 Alors, quand on revoit les images, la tête de Amel Bent, la tête de Florent Pagny
21:43 et la tête de Marc Lavoine qui, en même temps, font donner les paroles
21:47 et le premier mot de Nico Sancludis qui dit "exceptionnel",
21:51 c'est vraiment un moment exceptionnel que vous n'attendiez pas comme ça.
21:55 Ouais, ouais, c'est un peu une blague qui a mal tourné.
22:00 Si on peut dire ça.
22:02 Non, mais c'est vrai que quand on voit l'origine de cette version
22:06 qu'on a racontée tout à l'heure à Carpentra,
22:08 c'est vrai que qu'elle finisse dans cette situation, c'était assez loufoque.
22:11 Moi, forcément, ça me fait un peu rire intermurement aussi,
22:14 même si, effectivement, c'est une suite d'accidents qui amène à cette prestation
22:20 où finalement, en fait, elle naît parce que je me demande ce que je vais chanter en français.
22:25 Moi, je n'ai pas beaucoup écouté de musique française.
22:27 Je dois le reconnaître, je suis un ignare dans ce terrain là.
22:30 Et puis là, à The Voice, il faut que je chante 50% de français
22:33 et je ne sais pas à quoi chanter.
22:35 J'ai pas envie de mentir, j'ai pas envie de faire des choses que je n'aime pas.
22:38 Et à un moment donné, je viens sur la table de ma propre pensée,
22:42 tout seul dans ma chambre, je me mets à faire ma version de Tataïo en rigolant.
22:47 Et je me dis, c'est quoi le texte ?
22:50 Et là, je lis le texte et je m'aperçois qu'il est super beau
22:52 et qu'il parle d'un truc que je n'avais jamais remarqué.
22:55 Que personne n'avait jamais remarqué ?
22:56 Bah, visiblement, je n'étais pas le seul en tout cas.
22:58 Mais en fait, ça m'a touché.
23:03 Je me suis dit, c'est quand même une super idée.
23:05 Et après, j'avais aussi ce truc de...
23:07 Est-ce que j'ai vraiment envie d'aller chanter Tataïo sur TF1 ?
23:10 Et en même temps, c'est quand même une bonne idée.
23:13 Et du coup, la bonne idée a gagné.
23:16 Et j'ai quand même dû l'envoyer à, je pense, 10 personnes pour dire,
23:19 est-ce que tu penses que ça craint si je fais ça ou pas ?
23:22 Et en fait, la plupart des gens m'ont dit non, mec, c'est chanmé.
23:25 Et donc du coup, j'ai fini par le faire.
23:28 Et puis, on a poussé vraiment le truc vraiment loin.
23:30 Je voulais vraiment que ce soit sincère.
23:31 Donc, on a fait une sorte de mise en scène à la Almodovar.
23:34 Tout le monde était assez en phase et assez aligné sur cette prestation.
23:39 Et puis, elle a fait un bel effet.
23:40 - Les producteurs de The Voice n'ont pas été surpris quand vous avez proposé ça ?
23:45 - Si, ils ont été surpris, mais agréablement surpris.
23:49 Ils ont trouvé ça super.
23:50 En fait, de toute façon, les producteurs de The Voice,
23:53 moi, je suis arrivé avec toutes mes prestats pré-enregistrés dans mon studio
23:57 en leur disant, par contre, si je fais The Voice, je fais ça.
24:00 Et donc, il y avait toutes les prestats.
24:03 Je savais que je n'allais pas forcément passer les étapes,
24:05 mais je leur disais, si je passe les étapes, l'étape d'après, c'est ça, etc.
24:08 Et en fait, je leur pré-enregistrais les trucs.
24:09 Et après, ils envoyaient mes enregistrements aux musiciens et ils disaient,
24:12 ah, allez jouer cette version-là.
24:14 C'est pour ça que j'ai pu faire des versions à moi.
24:16 Je voulais faire un peu un passage comme Julien Doré l'avait fait dans Nouvelle Star.
24:19 Je voulais faire quelque chose où...
24:21 Moi, je suis quand même un compositeur, donc arriver et juste dire coucou,
24:25 je sais chanter, ce n'était pas forcément dans mon intérêt.
24:27 Ce que je voulais, c'était montrer que j'étais capable de réarranger,
24:29 que j'étais capable de proposer des choses.
24:31 Et même de faire du théâtre, parce que cette chanson,
24:34 telle que vous l'interprétez, c'est du théâtre.
24:36 En tout cas, mes cours au cours Florent m'ont bien aidé.
24:40 Ça, c'est sûr, parce qu'effectivement, j'ai retrouvé pendant The Voice
24:44 beaucoup de choses que j'avais apprises pendant mon année de cours de théâtre.
24:47 Une année de cours Florent, ça vous a servi à ça,
24:49 parce que vous vouliez être acteur ou c'était un complément de votre formation de musicien ?
24:53 Non, j'ai eu un petit coup de mou à un moment donné
24:55 et j'ai arrêté la musique parce que je ne voulais plus faire de la musique.
24:58 Et du coup, je me suis dit qu'est-ce que je fais si je ne fais pas de musique ?
25:02 J'ai fait une année de cours Florent,
25:05 mais le problème, c'est que je continue de faire de la musique pour gagner de ma vie.
25:08 Et donc, le truc, c'est que même au cours Florent,
25:13 on finissait par constamment me demander de jouer de la guitare pendant que les autres jouaient.
25:16 Et en fait, je suis vite revenu à la musique.
25:19 Mais par contre, je suis revenu à la musique par d'autres biais
25:22 qui étaient peut-être plus soul, plus jazz, etc.,
25:24 que je n'avais pas apprivoisé avant.
25:28 Donc, en fait, c'était quand même intéressant d'avoir cette pause.
25:30 Alors, il se trouve que je me suis un peu renseigné sur l'origine de "Teta Yo-Yo".
25:33 Alors d'abord, Jacques Mareuil, l'auteur de la chanson,
25:36 avait une tante qui s'appelait Yolande, donc Yo-Yo.
25:39 On pense que c'est ça, mais en même temps, on pense que Annie Cordy
25:42 est aussi Teta Yo-Yo par son délire et sa folie.
25:45 C'est les deux hypothèses.
25:46 Mais en fait, moi, c'est ce que aussi, peut-être, je dis dans ce...
25:52 Enfin, ce que je dis, ce que je pense par rapport à cette prestation.
25:57 Je ne sais même pas si le sens que j'y ai apporté est le sens d'origine.
26:01 Ça se trouve, ça parle vraiment d'une tante, quoi, tu vois, un peu fofole.
26:06 Là où moi, j'y ai vu une histoire d'un travesti brésilien, etc.
26:11 Mais c'est ce que j'ai lu et c'est ce que j'ai vu.
26:13 C'est ce que j'ai voulu mettre en scène.
26:14 Et c'est peut-être ça qui est juste intéressant.
26:16 Je ne sais pas si j'ai révélé le vrai sens de la chanson ou pas.
26:19 - Est-ce qu'il y en avait un, d'abord ?
26:20 - Est-ce qu'il y en avait un ? Je ne sais pas.
26:22 Peut-être que ça arrive, même ça m'arrive moi des fois sur mes propres chansons,
26:25 de comprendre ce que j'ai écrit après l'avoir écrit.
26:28 Et des fois, on écrit les choses sans se rendre compte qu'en fait,
26:33 il peut y avoir un autre sens qui est peut-être même plus intéressant.
26:36 Donc voilà.
26:36 - En tout cas, il y a eu beaucoup de félicitations en Belgique sur Internet.
26:39 Ça n'a pas arrêté.
26:40 Vous avez fait plaisir aux Belges.
26:42 - Eh bien, j'en suis ravi parce qu'ils m'ont fait beaucoup plaisir aussi.
26:45 Moi, j'ai fait quelques concerts en Belgique et à chaque fois,
26:47 ça a été les meilleurs accueils que j'ai pu avoir.
26:51 - Moi, j'ai qu'un seul regret, c'est qu'Annie Cordy avait déjà disparu.
26:54 Elle aurait, je pense, telle que je la connaissais,
26:55 beaucoup apprécié cette version de Tata Yoï.
26:57 - Oui, j'espère.
26:58 - Alors, il se trouve que The Voice, vous êtes arrivé après des années
27:01 où vous avez refusé de faire l'émission car ils vous avaient repéré déjà,
27:05 Bredor Berberès et toute sa bande.
27:07 - Bien sûr, en fait, moi, ils m'ont repéré dès que j'ai commencé à jouer dans le métro.
27:11 Donc c'est-à-dire à 19 ans.
27:12 Je suis arrivé, j'ai demandé l'autorisation du métro.
27:15 Pour avoir l'autorisation du métro, il faut faire un petit casting.
27:17 Et dans ce petit casting, ils nous repèrent.
27:20 Et quand ils voient qu'on chante bien, ils envoient la vidéo qu'on fait dans le petit casting.
27:25 Ils l'envoient aussi au casteur de The Voice.
27:27 Donc du coup, j'ai lâché un pavé dans la main,
27:30 il va y avoir 50 000 personnes qui vont faire le casting du métro.
27:34 Mais en gros, du coup, ce qui s'est passé, c'est qu'ils savaient déjà que j'existais.
27:41 Putain, je vais y arriver.
27:42 Que j'existais dès mes 19 ans, mais j'ai accepté qu'à 29.
27:47 Alors entre-temps, du coup, ils ont eu le temps de devenir mes potes et compagnie.
27:50 Donc c'est vrai que pour le faire à 29 ans, j'ai juste eu à passer un coup de fil.
27:54 Mais par contre, pendant des années, ils ont voulu que je le fasse.
27:57 Mais moi, à ce moment-là, je voulais monter un groupe de rock et devenir radiohead.
28:01 Je me fichais complètement de faire de la variété, de faire de la pop, d'être un chanteur solo.
28:06 Aussi, je ne voulais pas être un chanteur solo.
28:09 De toute façon, moi, je voulais un groupe parce que je ne voulais pas apparaître en mon nom.
28:12 C'était difficile à porter.
28:13 Et du coup, j'ai essayé, j'ai eu Bristol, etc.
28:18 Et puis, à un moment donné, j'ai fini par comprendre que j'aimais bien être justement un artisan tout seul
28:23 et diriger un peu ma création et faire mes trucs dans mon coin.
28:27 Donc du coup, j'ai accepté mon projet solo.
28:29 Et à force de développer mon atelier, j'ai fini par avoir un studio d'enregistrement, un label,
28:35 une petite expérience quand même de l'industrie musicale en ayant bossé pour d'autres, etc.
28:39 Et à ce moment-là, j'avais 29 ans, je me suis dit,
28:41 ça peut être intéressant d'être vu par des millions de personnes sur TF1 pour développer mon projet.
28:46 Vous n'avez pas regretté de ne pas gagner en finale ?
28:49 Ah non, je ne voulais pas gagner.
28:51 Je le dis maintenant, à l'époque, c'est sûr que c'était difficile de le dire,
28:54 mais je ne voulais pas gagner parce que j'étais mon propre producteur.
28:57 J'avais mon album, j'avais mes équipes aussi qui étaient là.
29:02 J'avais déjà tout et je n'avais certainement pas envie de me retrouver signé dans un label
29:09 juste parce que j'ai gagné et de devoir abandonner toute mon entreprise.
29:15 Parce que moi, je me voyais comme ça, je me voyais comme un producteur.
29:18 Donc je n'avais pas envie d'être produit.
29:20 Et quand on gagne The Voice, on gagne un contrat.
29:22 Donc moi, j'ai eu un peu tout ce que je voulais parce que je suis arrivé deuxième.
29:28 Moi, je pensais que j'allais partir au bout de trois étapes,
29:30 que j'allais juste prendre quelques followers et que tout le monde allait oublier mon arrivée dans The Voice
29:34 et qu'après, j'allais juste me développer dans mon coin.
29:36 En fait, j'ai eu la chance d'avoir l'exposition jusqu'au bout, jusqu'à la dernière étape,
29:40 tout en n'ayant pas le seul truc que je ne voulais pas, c'est-à-dire le contrat.
29:43 Donc j'étais très bien.
29:44 Il y a eu Zettaï Yo-Yo, mais il y a eu une autre interprétation absolument remarquable de vous dans The Voice.
29:49 Et j'ai crié, crié, Aline, pour qu'elle revienne.
29:56 Alors Aline, effectivement, ça a été aussi un événement.
30:01 Alors j'ai chanté Aline, effectivement.
30:03 Bon, ça c'est la version originale, mais j'ai chanté effectivement Aline à The Voice.
30:08 Je l'ai aussi chantée d'ailleurs en single sur Spotify ou sur Deezer ou Apple Music, L.A.
30:15 Donc j'ai fait cette prestation qui a beaucoup marqué les gens et ça m'arrange un peu.
30:24 Parce que pour le coup, dans ce qui est du chant en français,
30:29 c'est un peu plus mon univers que Zettaï Yo-Yo qui a beaucoup marqué,
30:32 mais qui s'éloigne un petit peu quand même de qui je suis.
30:34 Et du coup, Aline permet de remettre un peu.
30:38 Je pense qu'aujourd'hui, les gens qui me suivent beaucoup sont des gens qui ont un peu capté ça
30:41 et qui ont capté que c'est peut-être plus vers Christophe que...
30:45 Enfin, Christophe est un des chanteurs français qui m'inspire.
30:48 Et pour votre information, cette fameuse Aline, on n'a jamais su qui c'était parce qu'il mentait sans arrêt, Christophe.
30:53 Apparemment, c'est l'assistante de son dentiste qui a servi de modèle à la chanson.
30:57 Voilà.
30:58 C'est possible.
30:58 Moi, c'était ma mère qui me chantait ça quand j'étais petit.
31:01 Même, je me chantais pour rigoler.
31:03 Elle me disait "J'ai créé Aline".
31:06 Ça me faisait marrer.
31:07 Alors, il y a aussi une autre chanson que vous avez écrite pour un des membres du jury de The Voice qui vous a sélectionné.
31:14 C'est peut-être un peu la guerre au milieu de nos terres.
31:18 C'est peut-être une nouvelle ère, nouveau jeu qui nous perd.
31:23 Laurent Pagny qui était dans The Voice et pour qui vous avez écrit des chansons sans le rencontrer, je crois.
31:28 C'était un moment où je collaborais beaucoup avec le chanteur Slimane,
31:32 qui m'avait d'abord appelé pour composer des morceaux pour lui,
31:36 pour écrire beaucoup surtout et un peu composer.
31:38 Et après, on s'est bien entendu, du coup on a composé aussi pour d'autres.
31:46 On en a essayé pour plein, dont beaucoup n'ont pas aussi été prises.
31:51 Mais en l'occurrence, on en a fait une pour Florent Pagny qui l'a pris, qui s'appelle "C'est peut-être",
31:56 dont j'ai écrit les paroles avec Slimane et composé la mélodie de voix avec Slimane.
32:00 Et cette chanson a été un succès.
32:02 Je ne sais pas si Florent Pagny l'avait remarqué, avait tilté au moment de The Voice.
32:07 Non, je crois qu'en fait, il ne le savait pas vraiment,
32:10 parce que lui dans sa tête, c'était surtout un morceau qui avait été composé par Slimane.
32:13 Je pense qu'il n'avait pas vraiment noté le nom des autres protagonistes.
32:17 Et il est venu me voir à la quatrième étape en me disant "Est-ce qu'il paraît que tu as composé pour moi toi ?"
32:23 J'ai dit "Bah ouais !"
32:25 C'était assez drôle.
32:27 Mais de toute façon, je pense aussi qu'on lui avait dit dès le début,
32:30 mais qu'il ne voulait pas le faire savoir trop tôt non plus,
32:34 parce qu'il y a beaucoup de suspicions dans The Voice tout le temps,
32:38 et du coup les gens s'inventent un peu des vies.
32:40 Et donc du coup, on avait gardé un peu le truc discret pendant un temps.
32:45 Mais c'est fou le nombre de chansons que vous avez écrites pour les autres.
32:47 Il y a eu Barbara Pravi, il y a eu Amaury Vassili, il y a eu Jean-Baptiste Guégan.
32:51 Et puis même votre mère Nathalie Cardone.
32:53 *Musique*
33:02 C'est vrai que Nathalie Cardone est revenue à la chanson avec vous ?
33:04 En fait, elle a toujours été dans la chanson,
33:07 mais il y a un moment où j'étais dans un délire un petit peu de musique latine.
33:13 Alors je ne l'ai pas vraiment composé ou écrit ce morceau,
33:17 je l'ai plus produit un petit peu.
33:19 J'ai fait une production additionnelle dessus,
33:21 parce que j'avais envie d'apprendre un peu à produire le latino.
33:25 Et j'étais dans un mood un peu, je regardais Narcos et tout ça,
33:28 et je ne connais pas de chanteur latino en France.
33:31 Ma mère avait besoin d'un prod dans ce moment-là,
33:33 donc je lui ai dit "bah vas-y je le fais".
33:35 Mais c'est vrai que vous avez écrit des tas de musiques publicitaires,
33:38 des musiques de films, vous n'avez pas arrêté finalement très discrètement Jim Boyer.
33:42 Ouais mais mon objectif moi dans la vie, c'est d'être un réalisateur.
33:48 Alors réalisateur de films peut-être plus tard, mais de musique pour l'instant.
33:52 Et c'est vrai que moi je ne me vois pas comme un chanteur.
33:55 On a cette image du chanteur en France,
33:58 on a cette image de "voilà c'est l'interprète, c'est l'artiste",
34:00 qui est un peu l'équivalent de l'acteur pour les gens.
34:04 Moi c'est vrai que je ne m'identifie pas tellement aux acteurs ou aux chanteurs-interprètes,
34:07 je m'identifie aux réalisateurs.
34:09 Je m'identifie plus au Daft Punk ou à Justice par exemple,
34:13 dans la démarche, pas forcément à la musique que je fais,
34:15 mais dans la démarche que je ne m'identifie à un chanteur quelconque.
34:18 Ce que j'aime c'est être aux manettes d'un projet
34:21 dans lequel je peux même éventuellement ne pas chanter.
34:24 Ça ne m'intéresse pas beaucoup d'être devant,
34:26 ce qui m'intéresse c'est d'être derrière et de maîtriser le truc.
34:28 Après j'ai appris à chanter parce que c'était mon métier pour gagner ma vie etc.
34:32 Et du coup je chante.
34:35 Mais je me vois plus comme un réalisateur.
34:37 Oui mais pour l'instant vous êtes chanteur et on va l'évoquer à travers une autre date,
34:41 le 2 février 2024.
34:42 A tout de suite sur Sud Radio avec Jim Boyer.
34:45 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
34:48 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Jim Boyer.
34:50 Vous avez dit que vous n'aimiez pas chanter,
34:52 c'est peut-être la seule chose que vous avez raté
34:54 puisqu'il y a un nouvel album qui est sorti le 2 février 2024.
34:57 Un album qui s'appelle BB-98.
35:00 C'est assez étonnant comme titre.
35:02 Ouais, c'est un peu un nom de code.
35:04 C'est un peu un code qui mélange un petit peu un hommage aux années 90,
35:12 mais aux années 90 que moi j'ai connues,
35:14 qui ne sont pas forcément les années 90 qu'ont connues les gens qui étaient adultes dans les années 90.
35:18 C'est-à-dire l'enfance de la fin 90.
35:22 C'est-à-dire vraiment tout ce qui était les mangas, les animés, les jeux vidéo de l'époque, etc.
35:28 Les groupes aussi, la French Touch qui arrivait,
35:30 et tout ça, c'était un peu mon univers.
35:34 C'est mes premiers pas de pop culture en fait.
35:36 Et vous considérez cet album comme le premier ?
35:39 Oui, parce qu'il l'est, mais simplement c'est un langage en musique
35:45 qui n'est pas toujours forcément accessible pour tous.
35:48 Mais ce que j'ai fait avant, c'était des EP ou une mixtape.
35:51 Une mixtape, ce n'est pas un album.
35:53 Mais c'est vrai que la différence est compliquée à comprendre aujourd'hui.
35:56 C'est-à-dire qu'une mixtape, c'est un mélange de plein de morceaux
36:00 qu'on a fait à des époques différentes,
36:02 qu'on décide de réunir un peu comme un pot pourri,
36:05 pour montrer ce qu'on sait faire.
36:07 Et c'est ce que j'ai sorti l'année dernière, une mixtape qui s'appelait "Jim".
36:10 D'ailleurs, je l'ai mis entre parenthèses "mixtape" sur les plateformes.
36:14 Mais ce n'était pas un album au sens où je ne me suis pas dit à un moment donné
36:17 "Ok, je compose, je produis, ces chansons vont ensemble,
36:21 c'est un univers, c'est un propos".
36:22 Ce qui est le cas de celui-là, mais c'est la première fois que je fais ça.
36:25 Avant ça, c'était un mélange, une sorte de best-of.
36:28 Voilà, et là cet album, je dirais, est branché dans tous les sens du terme
36:31 puisqu'il y a une chanson qui s'appelle "Le Téléphone".
36:33 J'ai le pouvoir qui tourne au creux de mes mains
36:36 Là sous la pluie, je l'allume, il me retient
36:39 Le téléphone, oui le téléphone
36:42 Rie, me larme, je l'éteindrai demain
36:46 Je le sauverai
36:47 "Le Téléphone, j'éteindrai demain", c'est vraiment une chanson
36:49 sur l'addiction au téléphone et aux réseaux sociaux ?
36:52 C'est une chanson sur l'addiction au téléphone, aux réseaux sociaux
36:55 et puis de manière plus large, en fait.
36:57 C'est juste un objet qui nous connecte en permanence
37:00 à ce qu'il s'appelle le capitalisme.
37:04 Mais je sais que ça fait toujours un petit peu...
37:06 Quand on parle du capitalisme, ça fait toujours un peu caricatural
37:09 mais en réalité, c'est comme ça que ça s'appelle économiquement.
37:13 C'est-à-dire ce truc qui nous maintient constamment connectés
37:16 à une forme de productivisme.
37:18 Et donc on est obsédé par notre productivité
37:21 au point que finalement, on met de côté la vraie relation, la vie réelle,
37:25 le temps que ça prend de communiquer, de se rencontrer,
37:29 de respirer, de contempler.
37:31 Et en fait, c'est marrant parce qu'on troque tout ce qui fait
37:35 les besoins essentiels et primaires de l'être humain.
37:37 C'est-à-dire de manger, de dormir, de contempler, de faire l'amour.
37:43 En fait, on troque tout ça et on réduit le temps qu'on a pour ça.
37:49 Et à la place, on passe énormément de temps sur un téléphone
37:52 qui ne motive que deux sens, c'est-à-dire la vue et l'ouïe.
37:56 Et on se déconnecte de tous les autres sens.
37:58 Et ça, en fait, on perd en vie.
38:01 Et c'est terrible. Et ça, ça crée beaucoup d'anxiété.
38:03 Ça crée beaucoup de conflits aussi.
38:06 Ça enferme aussi dans des algorithmes qui sont façonnés pour nous.
38:09 Et tout ça, en fait, c'est quelque chose que je trouve qu'on ressent énormément en ville.
38:13 Et c'est ce dont j'ai voulu m'extirper en voyageant pour repartir.
38:19 J'avais la chance de pouvoir le faire parce que j'avais bien travaillé
38:22 et que j'avais réussi à gagner un peu ma vie pour pouvoir partir un mois comme ça,
38:27 m'extirper de tout ça.
38:29 Et ce que j'y ai trouvé était assez fou et j'essaye de ne pas le perdre.
38:33 Parce qu'après avoir beaucoup travaillé,
38:35 vous vous êtes dit "je pars" et vous êtes allé dans le Sahara, un peu partout.
38:39 Alors je suis parti dans le Sahara, je suis parti faire un tour de l'Andalousie,
38:42 je suis parti à Madrid.
38:44 Après, je suis reparti régulièrement pendant tout le processus de production de l'album,
38:48 parce qu'à chaque fois que je revenais à Paris,
38:51 à chaque fois, je me refaisais happer par cette énergie hyper compétitive.
38:57 Et où il y a une sorte d'adaptation permanente au regard des autres,
39:02 et à la production, au like, à la vue, à l'argent, à la tendance et tout ça.
39:08 Et tout ça, c'est un processus de désincarnation,
39:11 c'est-à-dire que plus on est fort là-dedans, plus on ne sait pas qui on est en général.
39:14 À moins qu'on ait la chance de correspondre parfaitement à ce que la société attend,
39:18 mais sinon, on se déconnecte à fond.
39:20 Donc du coup, j'ai eu tendance à repartir à chaque fois
39:27 pour garder le truc.
39:28 Oui, et à chaque fois en ayant des idées, parce que les voyages vous donnaient des idées.
39:33 En fait, les voyages m'obligeaient à une forme de solitude,
39:35 et cette solitude m'amenait à me re-rencontrer à chaque fois.
39:40 Donc je suis parti d'abord effectivement à Madrid,
39:43 après je suis parti au Sahara, après je suis parti en Andalousie,
39:45 je suis revenu, là j'ai vu mon label, on a commencé machin.
39:48 Après, je suis parti au Maroc pour mettre tout ce que j'avais composé en voyageant
39:52 sous la forme de guitare-voix audible,
39:54 parce que sinon, c'était juste des trucs dans un dictaphone
39:57 qui étaient en pièces détachées.
39:58 Après, je suis revenu, après je suis parti à Berlin pour écrire des textes
40:01 avec Craig Walker, le chanteur d'Archive,
40:04 que j'avais rencontré dans un hommage à Christophe.
40:07 Après, je suis revenu, après on allait repartir en production
40:11 au mois de février dans une ferme au milieu d'une forêt où il n'y avait personne.
40:15 Et juste avant, pour ne pas arriver trop stressé et trop matrixé par Paris,
40:20 je me suis barré un mois en Thaïlande pour revenir vierge de toute influence.
40:25 J'avais la chance de pouvoir faire ça, mais je m'étais dit,
40:29 ça faisait dix ans que je bossais comme un taré,
40:31 je m'étais dit, là, je me donne un an où je me consacre tout ce que je fais à mon album.
40:37 Je ne fais pas de projet pour les autres,
40:39 je ne fais pas de musique de pub ou de film, je ne fais rien pendant un an.
40:43 Et ça a apporté ses fruits, je suis allé au bout de ce projet-là
40:47 et je m'en souviendrai toute ma vie. Et ça, ça a la plus grande valeur.
40:50 - Exactement. Alors donc, parmi les chansons, il y a justement une chanson
40:53 qui évoque ces voyages, c'est Madrid.
40:55 - Comme un coup de vent, on va prendre un verre.
40:59 On en est là, juste pour remercier celui qui sert.
41:05 Le c'est fait, on finira au pied, ça se laissait faire.
41:09 - Cette ville vous a tellement marqué que vous en avez fait une chanson ?
41:14 - En fait, ce qui m'a marqué, parce que Madrid,
41:16 ce n'est pas vraiment une chanson qui parle de la ville,
41:18 c'est plus une chanson qui parle d'une rencontre que j'ai faite dans cette ville.
41:20 Mais après, moi, je pars toujours du réel pour aller vers de l'imaginaire.
41:24 Donc, ce que je raconte dans une chanson n'est jamais la vérité.
41:26 C'est toujours un mélange de plusieurs vérités qui viennent de plusieurs sources
41:31 dont je me sers et dont je m'inspire pour raconter une histoire que je fantasme.
41:35 Et en l'occurrence, Madrid est un fantasme, mais qui part d'une histoire réelle,
41:41 qui est qu'un jour, je me baladais dans les rues de Madrid tout seul.
41:43 C'était la deuxième fois où j'allais à Madrid dans mes voyages là.
41:46 Et ça faisait des jours que je ne parlais à personne.
41:52 Parce que moi, je suis très timide, il y a une autre chanson dans l'album qui en parle.
41:55 Et en fait, il était une heure du matin dans un quartier un peu festif de Paris,
42:02 et puis il y a une fille qui voyait que j'étais tout seul au bar,
42:05 et qui est venue me voir, qui m'a parlé, qui m'a dit "Viens avec nous".
42:08 Et elle m'a baladé dans tout Paris, pendant...
42:10 -Tout Madrid ! -Dans tout Madrid, pardon !
42:12 Pendant toute la soirée, sans qu'il ne se passe rien.
42:16 Alors moi, j'étais un peu amoureux, forcément.
42:18 Et puis, après, à un moment donné, elle m'a déposé à mon hôtel à 5h du matin,
42:23 elle m'a dit "Au revoir !" et fin de l'histoire.
42:24 -Fin de l'histoire ! -Voilà.
42:26 Et évidemment, moi, j'ai mélangé ça à des histoires que j'avais vécues à Paris
42:29 pour amener un propos un petit peu plus approfondi que juste
42:33 "Oh, merci de m'avoir baladé pendant 5h".
42:35 Mais j'avais trouvé ce moment-là très beau,
42:37 et je trouvais que c'était un bon support pour raconter une histoire un peu plus fantasque.
42:40 Et elle aurait pu vous montrer à Madrid une curiosité,
42:43 qui est le restaurant le plus vieux du monde.
42:44 Je sais pas si vous le savez, le Casa Botin a été fondé en 1725 par le français Jean Botin,
42:49 et c'est toujours un restaurant qui est en activité depuis 1725.
42:53 Ah, c'est fou ! Moi, j'en avais vu à Séville, pour le coup,
42:56 des restaurants qui étaient très vieux comme ça.
42:57 -Voilà, c'est le record du monde ! -Ouais, ouais.
42:59 Alors, il se trouve aussi que tout ça vous a amené d'autres chansons.
43:02 Il y en a une qui est très intéressante, c'est "Le Sentiment de Vert".
43:05 J'ai le sentiment de vert
43:12 Comme une histoire à l'envers
43:16 Je n'ai plus le pied à terre
43:22 Alors, c'est pas le plafond de vert, c'est le sentiment de vert, c'est curieux.
43:26 -Ouais, c'est un sentiment cassant. -Oui.
43:30 Voilà. On sent qu'il est fragile et qu'il peut casser à tout moment.
43:35 -Euh... -Et votre timidité, c'est...
43:38 Alors là, c'est plus une hypersensibilité ou une hyperaffectivité,
43:44 je ne sais pas si ça se dit, mais c'est...
43:48 Moi, je suis assez passionné quand je suis...
43:50 Alors, je ne le montre pas, je suis quelqu'un qui sait gérer ses émotions,
43:55 mais par contre, je suis quelqu'un d'assez hypersensible, d'assez passionné,
43:59 d'assez... Voilà, intense, en réalité,
44:02 mais ça bout plus à l'intérieur qu'à l'extérieur.
44:05 Et ça fait... Ça évoque une histoire d'amour que j'ai eue,
44:11 encore une fois, fantasmée, mélangée, etc.,
44:14 où moi, j'étais très amoureux, peut-être pas la personne en face de moi,
44:18 mais ça faisait un moment qu'on était ensemble,
44:21 et en fait, j'étais un peu en mode genre, soit t'es amoureuse, soit on arrête,
44:24 parce que là, il y a un déséquilibre trop grand,
44:26 et moi, en fait, je suis cassant, là.
44:29 C'est-à-dire que t'as juste le pouvoir de me détruire d'une minute à l'autre, là, maintenant,
44:35 si tu continues à juste jouer alors que moi, je suis très amoureux, ça va pas le faire.
44:39 Et je trouve que c'est important, en tant que garçon, aujourd'hui,
44:41 d'aborder ces sujets-là pour que nous, on soit pas constamment cantonnés
44:45 à ce rôle de super-héros insensible,
44:49 auquel on est toujours un peu cantonnés quand on est un garçon,
44:51 et il faut un peu sortir de ça, il faut qu'on se reconstruise,
44:54 il faut qu'on se reconstruise et qu'on se réconcilie avec notre sensibilité,
44:57 avec notre amour, avec notre douceur,
45:00 et c'est important que des garçons prennent la parole pour raconter ça aussi.
45:04 - Le clip de cette chanson existe, bien sûr, dans un grand appartement,
45:08 et on le voit un moment avec un vieux micro,
45:10 et ce micro, ça m'a rappelé votre grand-père, Frank Boer,
45:12 qui a été l'un des Français qui parlait au français à la BBC, pendant la guerre,
45:15 et qui avait des micros de ce genre.
45:18 - Oui, alors, ce micro-là, on l'a pris pour...
45:20 Ah non, non, c'est le vrai micro qui a enregistré la chanson, celui-là.
45:24 C'est vrai qu'il est... Alors, je sais pas s'il est si vieux que ça,
45:26 c'est un micro très cher. - En tout cas, il ressemble au micro de la guerre de 1940.
45:31 - Ouais, ouais, ouais, alors c'était dans le studio,
45:35 c'était la fameuse ferme où on a enregistré tout l'album,
45:37 enfin, la fameuse ferme, le studio d'enregistrement,
45:38 qui est dans une ferme réaménagée, dans laquelle on a enregistré.
45:43 Pour faire hommage à toute cette aventure
45:45 qu'était l'enregistrement de l'album dans le studio La Briche,
45:49 le premier clip était un tour de ce studio avec toute l'équipe qui joue dedans.
45:53 - Voilà, et La Briche, c'est, je crois, en Touraine, c'était...
45:56 - C'est ça. - C'est au bout du monde, personne vient vous déranger là-bas.
45:59 - Ah ouais, on est restés vraiment en autarcie pendant trois semaines,
46:02 un peu plus de trois semaines, je crois,
46:04 et c'était une sacrée aventure, on s'en souviendra tous toute notre vie, je pense.
46:09 - Alors, il y a eu des chansons en français, mais aussi des chansons en anglais.
46:12 * Extrait de « It Was the Right Time to Be a Man » de The Beatles *
46:26 - Alors, c'est vrai qu'il y a des chansons en anglais,
46:27 parce que quand les sonorités vous conviennent,
46:29 vous préférez l'anglais aux français, Jim Bower ?
46:32 - En fait, ce que je dis souvent, c'est que de toute façon, une langue, c'est un instrument.
46:36 On ne l'utilise pas pour les mêmes raisons.
46:38 On ne fait pas la même chose avec une guitare qu'avec un accordéon.
46:41 Et moi, je considère que j'écris en français et que je chante en anglais.
46:47 Donc, en français, j'ai tendance à ne pas forcément faire des caisses dans mon chant,
46:52 à propos, mais je suis plus sur le texte.
46:56 Et en anglais, par contre, là, je me lâche davantage sur l'aspect animal,
47:00 c'est-à-dire c'est du chant, c'est du son.
47:03 Je ne suis pas là pour écrire de la poésie,
47:04 je suis là pour exprimer une voix intérieure très tribale.
47:08 J'ai besoin des deux.
47:10 Ça me désole un peu qu'en France, on ne laisse pas les artistes faire ce choix-là
47:15 et qu'on les oblige à chanter en français,
47:18 mais je m'en fiche, moi, perso, donc je fais les deux.
47:21 - Et cet album, vous le dit, Jim Boyer, vous a permis de vous retrouver tel que vous étiez.
47:26 - C'est ce point de départ, en fait.
47:28 C'est-à-dire que "Téléphone" est le point de départ de ce truc
47:30 où je fuis un peu une société d'hyperconsommation pour me retrouver.
47:35 Et quand je pars, je me rends compte qu'en fait,
47:39 je suis un peu toujours le même qu'en sortant du lycée.
47:41 Finalement, une fois qu'il n'y a plus d'enjeu et que je suis tout seul,
47:45 je me mets à réécouter les mêmes musiques,
47:47 à rejouer aux mêmes jeux vidéo, à relire les mêmes livres,
47:50 à... ouais, je suis la même personne, en fait.
47:53 En fait, je suis même venu à un point,
47:55 c'est un peu le point d'ailleurs du morceau "Reverse" que je chante avec Craig Walker,
48:00 c'est-à-dire ce truc de finalement, est-ce que c'est pas l'inverse ?
48:03 Est-ce qu'en fait, c'est pas le monde qui vieillit et nous qui restons la même personne ?
48:07 Finalement, moi, je suis quasiment la même personne depuis que je suis né,
48:12 en fait, au final, peut-être.
48:14 Et c'est en m'adaptant, bien sûr, mais c'est plus ça qui se passe,
48:18 c'est-à-dire que le monde change et finalement,
48:20 ce que j'aimais à une époque et qui était tendance à cette époque-là,
48:23 devient peut-être moins tendance après.
48:25 Peut-être que ma place en tant que fan de Pokémon et de Final Fantasy
48:31 n'est pas la même à 20 ans, à 30 ans, à 10 ans, en fait.
48:34 Et c'est ça qui est intéressant.
48:37 Et le morceau "Reverse", qui est un morceau où en fait,
48:41 Craig Walker et moi, on incarne la même personne à 30 ans de différence,
48:47 et bien, c'est ce propos-là, c'est se dire en fait,
48:51 à 20 ans et à 60 ans, enfin, on n'a pas défini d'âge,
48:56 mais voilà, dans l'idée, en fait, je suis toujours la même personne,
48:59 j'ai toujours les mêmes problématiques,
48:59 je suis toujours peut-être un peu timide, je suis toujours hypersensible,
49:02 je suis toujours un peu fan de ces trucs-là, etc.
49:04 Et c'est juste que le monde a changé autour de moi,
49:07 mais ça n'a pas beaucoup bougé en fait, en moi,
49:10 et finalement, on évolue, mais un peu, pas beaucoup.
49:12 Il faut juste surtout apprendre à s'accepter, en fait.
49:14 Voilà, écoutez, ne changer rien, c'est très bien comme ça,
49:16 quand on écoute votre album.
49:18 Je précise que le 31 mars, vous serez à la Boule Noire,
49:20 qui est le début d'une tournée dans toute la France.
49:23 Et donc, ces albums s'appellent BB-98,
49:26 j'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres,
49:28 avec d'autres dates et d'autres noms de code de la même qualité.
49:31 Et bien, merci beaucoup.
49:32 Merci Jim Boyer, les Clés d'une Vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
49:34 On se retrouve bientôt.
49:36 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.