Emploi des seniors : "Il faut trouver une réponse à cette question, que beaucoup de pays européens ont déjà trouvée"

  • il y a 5 mois
Astrid Panosyan-Bouvet, députée Renaissance de Paris, membre de la commission des Affaires sociales, spécialiste des questions d'emploi, est l'invitée éco de franceinfo lundi 15 avril 2024.

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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:05 Bonsoir à tous, la négociation entre syndicats et patronats sur l'emploi des seniors s'est terminée la semaine dernière sur un constat d'échec.
00:12 Sauf que l'UDEP, syndicat majoritaire chez les artisans, les petits commerçants et les professions libérales,
00:18 en a décidé autrement et a convoqué les syndicats demain pour remettre plusieurs sujets sur la table.
00:24 Bonsoir Astrid Panossian-Bouvé.
00:25 Bonsoir.
00:26 Vous êtes députée Renaissance de Paris, membre de la commission des affaires sociales, spécialiste des questions d'emploi.
00:32 Que dites-vous de cette initiative ? Est-ce qu'il faut laisser les partenaires sociaux améliorer la copie sur l'emploi des seniors ?
00:38 Ou est-ce qu'il est temps finalement que le gouvernement reprenne la main ?
00:41 Moi je pense que cette initiative est salutaire parce qu'il y a un intérêt aujourd'hui de toutes les parties prenantes
00:47 à trouver une réponse à cette question de l'emploi des seniors que beaucoup de pays européens ont déjà trouvé.
00:53 Il y a un vrai sujet autour de l'attractivité des métiers, il y a un vrai sujet aussi d'anxiété de la part des personnes de plus de 50 ans dans notre pays
01:01 qui se disent qu'ils vont être mis au placard, qu'ils n'ont plus nécessairement leur place dans l'entreprise.
01:05 Donc il y a des réponses à trouver et des réponses elles existent.
01:08 C'est des réponses qui ont été d'ailleurs discutées et envisagées dans le cadre de ces discussions qui n'ont pas abouti.
01:13 Je pense qu'il faut qu'on soit ambitieux.
01:15 Les retraites progressives, la question des reconversions professionnelles pour les métiers pénibles...
01:19 Qui est un des sujets importants selon l'UDEP.
01:21 Qui est important parce qu'il y a des métiers qui ne sont pas tenables toute une vie.
01:25 Quand vous regardez aides-soignants, quand vous regardez les sujets tels que les manutentionnaires qui portent des charges lourdes.
01:31 Ce sont des métiers qui ne sont pas tenables toute une vie.
01:34 Il faut pouvoir envisager les reconversions avant.
01:36 Alors à l'ordre du jour également de cette négociation, il y a le CETU, le MEDEF et la CPME ne voulaient pas en entendre parler.
01:43 Ce compte épargne-temps universel qui permettrait aux salariés de transporter avec lui son compte épargne-temps
01:50 d'une entreprise à l'autre.
01:51 Que pensez-vous de votre côté de cette initiative ?
01:54 Je pense que sur le fond, c'est intéressant de penser le travail tout au long d'une vie.
01:58 En arrêtant, en essayant d'imaginer des passerelles entre ces césures qu'on trouve assez artificielles.
02:03 Il y a la formation, le travail et ensuite la retraite.
02:06 On voit que sur les questions d'apprentissage, de formation professionnelle tout au long de la vie, de retraite progressive,
02:11 elles sont là les passerelles.
02:13 Sauf que là l'idée c'est de transporter ce compte épargne-temps.
02:16 Mais précisément, il faut aussi entendre les difficultés de mise en œuvre pratiques et opérationnelles
02:22 pour des petites et moyennes entreprises qui embauchent par exemple des salariés
02:27 qui auront cette portabilité avec des congés RTT à prendre et à imposer assez rapidement.
02:34 Ça veut dire que vous n'êtes pas favorable ?
02:35 Ça veut dire qu'il faut qu'on réfléchisse à la mise en œuvre.
02:37 Mais moi, vous savez, je crois plus aux dégrands soirs, je crois aux petits matins concrets et réalistes et ambitieux.
02:43 Donc je pense que sur le travail tout au long de la vie, avançons sur la retraite progressive,
02:47 avançons sur les reconversions pour les métiers pénibles,
02:51 avançons sur les sujets qui sont au cœur de la vie active comme la parentalité ou les aidants familiaux
02:57 qui correspondent à 40% des aidants familiaux, 40% sont salariés.
03:02 Voilà des questions qui permettent de répondre à la portabilité tout au long de la vie
03:06 et de l'adaptation du temps de travail tout au long de la vie.
03:08 Au-delà de la question de l'emploi des seniors dont on vient de parler, il y a celle de l'assurance chômage.
03:13 Vous le savez, le Premier ministre Gabriel Attal veut remettre le sujet sur la table rapidement
03:18 et durcir les règles actuelles.
03:20 C'est une des pistes envisagées en tout cas, réduire la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi.
03:26 Dans une récente tribune, vous dites de votre côté que notre système d'indemnisation n'est pas plus généreux que celui de vos voisins.
03:34 Est-ce que ça veut dire que le Premier ministre n'a rien compris ?
03:36 Ça veut dire qu'il faut qu'on continue la discussion.
03:39 Moi je suis totalement d'accord avec lui pour dire que la bataille de l'emploi n'est pas terminée.
03:43 On a un taux d'activité qui est historiquement très élevé, un taux de chômage des jeunes qui n'a jamais été aussi bas.
03:49 Mais la bataille de l'emploi est toujours devant nous.
03:52 Je comprends et j'entends ce débat sur la réduction du temps d'indemnisation.
03:58 Ça peut permettre d'accélérer la recherche d'emploi, quitte d'ailleurs à chercher des choses en deçà de ses qualifications de son expérience.
04:05 Vous dites que les chômeurs ne choisissent pas d'être au chômage ?
04:09 Ça peut créer ou agrandir des fragilités, des vulnérabilités pour ceux qui sont éloignés.
04:15 Je pense qu'aujourd'hui, dans un contexte incertain du marché de l'emploi, dans un contexte où la dernière réforme du marché de l'emploi touchait précisément à la durée d'une indemnisation,
04:26 il n'y a pas plus longtemps qu'il y a 14 mois, il y a d'autres loviers tout aussi puissants.
04:30 Mais est-ce que cette voix est entendue à Stéphane Chambouvé ?
04:33 Je pense que je ne suis pas la seule à en parler, et pas simplement au sein de la majorité.
04:38 Mais également, il faut entendre l'Association nationale des directeurs des ressources humaines, il faut entendre également des employeurs.
04:46 Il y a d'autres leviers qui sont tout aussi puissants.
04:48 Quand vous regardez les emplois non pourvus aujourd'hui, il y en a deux tiers qui sont liés à de l'attractivité des métiers,
04:54 il y en a un tiers qui sont liés à des formations et des compétences qu'on ne trouve pas sur le marché de l'emploi.
04:59 Je pense à la data, je pense à l'intelligence artificielle.
05:01 Il y a des sujets, on a parlé de l'emploi des seniors, il y a des leviers qu'on appelle périphériques mais qui sont centraux,
05:07 tels que le logement, tels que la gare d'enfants, tels que les transports.
05:11 Parlons de ces sujets qui sont absolument centraux.
05:14 Alors, autre sujet dont je voulais parler avec vous, celui de la fiscalité.
05:17 Pour tenir l'objectif de ramener le déficit sous les 3% en 2027, le gouvernement s'apprête à faire 10 milliards d'euros d'économies supplémentaires.
05:25 Cette année, faut-il en parallèle augmenter les recettes ?
05:28 Alors, on est en 2024, le dernier budget en équilibre a été voté en 1974.
05:34 Il y a 50 ans précisément, parce que la norme avec des gens qui veulent avoir une loi à leur nom,
05:41 la dépense publique en ce 20 ans, je suis un bon ministre parce que j'ai mon budget en augmentation,
05:46 ou un problème, une taxe, ce sont des maladies françaises qui existent depuis 50 ans.
05:51 Et donc, moi je pense qu'il faut regarder le sujet, il n'y a pas de tabou,
05:54 ni sur les dépenses dont il faut regarder maintenant l'efficacité, ni sur la fiscalité.
06:00 Et quelles recettes ?
06:01 La fiscalité et les recettes, je pense que sur les effets d'Aubaine, qui sont notamment les super profits,
06:06 les taxes sur les énergéticiens, je pense au rachat d'actions sur lesquels l'administration Biden est beaucoup plus proactive,
06:13 il y a réellement des pistes qu'il faut aujourd'hui travailler, parce que le seul levier des dépenses ne sera pas suffisant.
06:19 Et pensez-vous que cette voix sera entendue également ?
06:22 Eh bien, on aura un débat le 29 avril à l'Assemblée Nationale,
06:25 et j'espère que c'est aussi dans le débat et le contrôle démocratique qu'on peut faire avancer les choses, c'est ma conviction.
06:31 Et donc, vous espérez que pour le prochain budget, il y aura des pistes de recettes avec taxation des profits ?
06:35 Des pistes qui sont exceptionnelles, qui ne remettent pas en cause ni la question de l'investissement,
06:41 ni le sujet de la juste répartition du fardeau fiscal.
06:44 Je pense qu'elles existent et il faut en parler, aucun tabou.
06:46 Merci beaucoup Astrid Panossian-Bouvet, députée Renaissance de Paris.
06:49 Renaissance de Paris. Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.

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