La Ministre du Climat, de l’Environnement, du Développement durable et du Green Deal Zakia Khattabi (Ecolo) était sur les ondes d'AraBel en raison de sa candidature aux élections 2024
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Sur Arabelle.
00:02 [Musique]
00:04 Bonjour, bonjour à tous.
00:06 Tout de suite, votre sommaire.
00:08 La police fédérale, on vient de l'entendre, et de la route.
00:10 Et les polices locales organisent donc leur 20e marathon
00:12 de contrôle de vitesse depuis tôt ce matin, 6 heures.
00:14 L'objectif, bien sûr, inciter les automobilistes
00:16 à modérer leur vitesse
00:18 et à respecter les limitations en vigueur.
00:20 La suite de notre couverture
00:22 de la campagne électorale en cours.
00:24 Notre invité dans quelques instants, Zakir Hatabi,
00:26 ministre du Climat, de l'Environnement, du Développement Durable
00:28 et du Green Deal.
00:30 Tête de liste bruxelloise pour Écolo,
00:32 à la région bruxelloise.
00:34 Un international de fortes explosions ont été rapportées tôt ce matin
00:36 dans le centre de l'Iran.
00:38 De hauts responsables américains font état
00:40 d'une attaque israélienne en représailles
00:42 aux tirs de drones et de missiles sans précédent
00:44 contre Israël le week-end dernier.
00:46 La télévision d'État iranienne a déclaré
00:48 de son côté que tout allait bien dans la ville
00:50 et que toute information contraire était fausse.
00:52 Et puis le Hezbollah aurait-il commencé
00:54 à sortir des armes plus sophistiquées
00:56 contre Israël ?
00:58 À deux reprises cette semaine, le parti chiite
01:00 a réussi à mener des frappes de précision
01:02 contre le nord de l'État hébreu.
01:04 Revue de presse tout à l'heure.
01:06 Et puis en deuxième partie d'émission, comme tous les jours,
01:08 un petit tour du côté du Maghreb, notamment en Italie.
01:10 Giorgia Meloni en Tunisie, un petit tour
01:12 et puis s'en va. Titre Business News,
01:14 Meloni est maintenant une habituée de Carthage.
01:16 Elle a effectué quatre visites en Tunisie
01:18 en moins d'une année.
01:20 Voilà donc pour l'essentiel du Carrefour de l'Info
01:22 qui démarre dans une poignée de minutes.
01:24 Info sur Arabelle.
01:26 [Musique]
01:28 Et donc dans la suite de notre couverture
01:30 de la campagne électorale,
01:32 nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui
01:34 Zakia Khatabi, ministre du Climat,
01:36 de l'Environnement, du Développement Durable et du Green Deal.
01:38 Tête de liste écolo à la région
01:40 bruxelloise, candidate à la présidence
01:42 du gouvernement bruxellois. Bonjour.
01:44 - Bonjour. - Merci d'être avec nous
01:46 sur Arabelle. Avant d'aller plus loin
01:48 dans le détail du programme de votre parti,
01:50 tout d'abord une petite carte de visite,
01:52 une question que je pose pratiquement à tout le monde.
01:54 Qui est un petit peu Zakia Khatabi,
01:56 en tout cas pour celles et ceux qui ne connaissent pas
01:58 votre parcours ? - Alors, vous l'avez dit,
02:00 je suis ministre du Climat,
02:02 donc je suis une écologiste. Je suis née à Bruxelles,
02:04 comme des milliers d'autres.
02:06 J'y ai toujours grandi.
02:08 J'ai une formation de base d'assistante sociale
02:10 que j'ai complétée à l'université par une
02:12 licence en travail social.
02:14 Et je me suis passionnée là pour des théories
02:16 qu'on appelle des théories de construction
02:18 sociale de la réalité, qui en fait
02:20 laissent entendre que
02:22 notre réel
02:24 est construit. Et partant de là,
02:26 je me suis dit, si tout est construit,
02:28 on peut déconstruire et rêver un autre monde.
02:30 Et là, ça a été le départ de ma
02:32 carrière politique.
02:34 Nous sommes cinq
02:36 à la maison, j'ai une sœur jumelle.
02:38 Voilà en gros
02:40 qui je suis. - Voilà, c'était donc un cheminement
02:42 logique vers la politique. Et pourquoi, justement,
02:44 écolo ? - Parce qu'au cœur de mon
02:46 engagement, ce n'est pas directement la question environnementale,
02:48 c'est la question de la dignité. La dignité des
02:50 hommes et des femmes. Et c'est vrai que, bon, mon père,
02:52 comme une grande partie des auditeurs,
02:54 a traversé la Méditerranée
02:56 pour donner à ses enfants un avenir meilleur.
02:58 Et aujourd'hui, la société dans laquelle on vit,
03:00 elle nous dit que nous
03:02 n'existons qu'à travers notre consommation.
03:04 Et moi, mon papa, et ma maman
03:06 d'ailleurs, a fait de moi une présidente
03:08 de parti, puis une ministre fédérale.
03:10 Alors, je viens de perdre mon papa,
03:12 donc je pense à lui, il y avait beaucoup d'émotion, donc...
03:14 - Je me le réveille aussi. - Merci.
03:16 Alors qu'il a fait de moi,
03:18 je le disais, pardon, une présidente...
03:20 - Ne vous inquiétez pas, on y reviendra, si vous voulez,
03:22 bien tout à l'heure, dans le
03:24 cheminement et dans le développement
03:26 de cette émission. On reviendra sur
03:28 les 60 ans de l'immigration, ce sera l'occasion aussi
03:30 de parler à lui. - Voilà.
03:32 Alors qu'ils ont fait de moi une présidente de parti,
03:34 puis une ministre, ils continuaient à
03:36 penser qu'il n'avait pas tout à fait réussi
03:38 sa vie, parce qu'il n'avait pas, par exemple,
03:40 le dernier modèle de Mercedes. Et pour moi, c'était
03:42 insupportable.
03:44 Et donc j'ai toujours mon parcours politique,
03:46 le fil rouge, ce sont mes parents.
03:48 C'est leur dignité, c'est leur dire "vous avez
03:50 votre place partout et à tous les niveaux de pouvoir".
03:52 Et mon parcours, c'est que ça. Quand j'étais à l'université,
03:54 j'ai commencé une thèse, alors que je n'avais pas de prétention
03:56 académique, c'était pour leur dire "votre place est ici".
03:58 Je me rappelle la première fois que j'étais au Sénat,
04:00 si vous avez l'occasion
04:02 d'aller voir, c'est un bâtiment
04:04 magnifique, tout est rouge
04:06 et doré, et ça dit... - Tout un symbole.
04:08 - Voilà, tout un symbole. Et quand j'étais là, mon message
04:10 était de dire à mes parents "votre place est ici".
04:12 C'est vrai comme ministre.
04:14 Et donc, l'écologie politique
04:16 et écolo, dans son projet,
04:18 dit aux gens "vous êtes plus que
04:20 ce que vous consommez et ce que vous produisez".
04:22 Et ça, c'était important pour moi, de permettre aux gens
04:24 d'être dignes et d'être reconnus
04:26 pour ce qu'ils sont
04:28 plutôt que pour ce qu'ils consomment.
04:30 - Les élections 2024, la campagne électorale, un peu le socle
04:32 de votre vision, la transition
04:34 écologique, c'est la question sociale
04:36 de ce siècle. Explication peut-être ?
04:38 - Oui, absolument. Donc moi,
04:40 c'est une conviction que j'ai depuis toujours
04:42 et encore plus à la fin de ce mandat.
04:44 Aujourd'hui,
04:46 de manière très facile, on oppose
04:48 les enjeux climatiques aux enjeux
04:50 sociaux, en fait pour ne pas
04:52 avancer sur l'agenda environnemental.
04:54 Or, la crise climatique, elle frappe
04:56 différemment et elle impacte
04:58 injustement. Ce sont
05:00 les plus faibles d'entre nous et les moins responsables
05:02 de cette crise qui en portent
05:04 les conséquences les plus violentes.
05:06 Alors si on s'inquiète légitimement
05:08 des mesures qu'on prendra,
05:10 il faut qu'elles soient justes, je trouve moi qu'on
05:12 ferme trop les yeux sur cette injustice et cette inégalité.
05:14 Et donc, au nom
05:16 de la justice sociale, on doit
05:18 avancer dans les politiques vertes. Plusieurs exemples
05:20 me viennent en tête. Selon que
05:22 vous soyez né à Saint-Jos, ou à
05:24 Haulué, l'espérance de vie
05:26 diminue de 5 ans. Vous vous rendez compte ? On n'est pas en train
05:28 de parler d'un pays
05:30 développé et d'un pays en développement.
05:32 On parle de deux communes dans une des régions
05:34 les plus riches de l'Europe. Pour moi, c'est inacceptable.
05:36 Qui est-ce qui subit
05:38 de manière
05:40 directe les fortes chaleurs
05:42 ou les fortes pluies, etc.
05:44 lorsqu'ils travaillent ? Ce n'est pas vous et moi dans nos
05:46 bureaux climatisés, ce sont les ouvriers sur nos
05:48 champs-pieds. Qui est-ce qui aujourd'hui voit
05:50 sa santé détériorer à cause des produits
05:52 chimiques ? Ce n'est pas vous et nous.
05:54 Ce sont les femmes et les hommes
05:56 qui font les ménages,
05:58 ou qui travaillent...
06:00 Donc, la crise climatique
06:02 est connotée socialement.
06:04 Et pour moi, elle vient se greffer,
06:06 elle vient s'ajouter à des inégalités
06:08 existantes. Et donc, pour moi,
06:10 la transition, c'est aussi un levier
06:12 de lutte contre les inégalités.
06:14 La question climatique, vous l'avez dit,
06:16 affecte pas mal de secteurs,
06:18 l'économie, l'emploi, la mobilité,
06:20 l'aménagement des territoires, la santé...
06:22 C'est la raison pour laquelle vous êtes
06:24 porté, disons, au plus haut niveau pour la
06:26 candidature à la ministre présidence ?
06:28 Oui, parce que je pense qu'on ne peut pas laisser
06:30 la question environnementale, la question climatique
06:32 dans la niche environnementale. Vous l'avez dit,
06:34 l'impact sur nos économies, sur nos budgets,
06:36 sur la santé est tel que toutes
06:38 nos politiques doivent désormais être pensées,
06:40 construites à l'aune
06:42 de cette réalité. Et pour ça, il faut qu'au plus haut niveau
06:44 gouvernemental, cette vision, elle soit partagée.
06:46 C'est pour ça, effectivement, que je suis candidate
06:48 à la ministre présidence bruxelloise.
06:50 Donc, d'une part, parce que,
06:52 voilà, ça affecte
06:54 toutes les sphères de notre vie,
06:56 mais aussi parce que si on veut
06:58 garantir que cette transition,
07:00 elle soit juste, il faut qu'on ait
07:02 une vision qui tienne en compte
07:04 quand on prend une mesure,
07:06 quand on met en place une politique
07:08 en faveur du climat, quel est son impact
07:10 sur les autres politiques ? Quand on prend
07:12 une décision en matière, en politique
07:14 du logement, quel est son impact
07:16 inversement sur le climat ? Et donc, la nécessité
07:18 pour garantir une transition juste,
07:20 c'est d'adopter une vision
07:22 transversale. Il n'y a que le numéro
07:24 un au gouvernement qui peut être le garant
07:26 de cette vision et de cette politique,
07:28 de cette gouvernance globale.
07:30 J'ai pu lire sur votre site, pour vous,
07:32 il faut articuler le social, l'économique
07:34 et l'environnement plutôt que de les opposer
07:36 ou de les hiérarchiser. Pour vous,
07:38 c'est la grosse différence entre
07:40 votre parti et les autres formations politiques ?
07:42 Absolument. On voit que si aujourd'hui,
07:44 tout le monde s'inquiète
07:46 peu ou prou de cet enjeu,
07:48 ça reste un chapitre
07:50 à côté de tous les autres, où en fait,
07:52 on reste dans le business à sujouel
07:54 où on ne change rien. On ne peut pas aujourd'hui
07:56 forcément dire qu'on veut réduire
07:58 nos émissions en fermant
08:00 les yeux sur le modèle économique qui est
08:02 à la base de la destruction de la planète.
08:04 Et donc, en effet, nous restons
08:06 la famille politique qui a
08:08 le dispositif le plus cohérent
08:10 pour répondre de manière crédible
08:12 à la crise en garantissant
08:14 une justice sociale.
08:16 Vous vous dites raisonnablement tournée
08:18 vers un avenir désirable de la révolution
08:20 industrielle 2.0 ?
08:22 Absolument. Même plus ? Oui, absolument
08:24 parce qu'aujourd'hui, on est
08:26 un tournant. Si on ne bouge pas,
08:28 la Chine et les Etats-Unis vont occuper des marchés
08:30 que l'Europe n'aura plus. Et donc,
08:32 de la même manière que la révolution industrielle
08:34 dont on a tous profité a été
08:36 un tournant, aujourd'hui, on peut faire
08:38 de la transition une nouvelle étape
08:40 dans l'histoire de la prospérité
08:42 européenne. On sait qu'il y a
08:44 un vivier d'emplois phénoménal
08:46 dans les métiers de la transition, dans les nouveaux métiers
08:48 de la construction, du bâtiment, etc.
08:50 Et donc, c'est comme ça qu'on doit
08:52 approcher la transition comme
08:54 un nouveau chapitre dans
08:56 l'histoire de la prospérité de nos Etats.
08:58 On va parler à présent, si vous voulez bien,
09:00 du féminisme. Vous dites "je suis
09:02 une féministe revendiquée".
09:04 Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
09:06 Ça veut dire que je lis le monde
09:08 à travers
09:10 une lecture féministe,
09:12 c'est-à-dire qui reconnaît
09:14 que nos sociétés sont organisées
09:16 sur un modèle patriarcal.
09:18 Le féminisme, ce n'est pas le combat
09:20 des hommes contre les femmes.
09:22 C'est le combat des femmes contre les hommes.
09:24 C'est le combat de femmes et d'hommes
09:26 contre un modèle
09:28 qui organise
09:30 l'inégalité. Moi, par exemple,
09:32 quand je dis ça, je donne toujours comme exemple,
09:34 j'ai eu un jour un témoignage d'un homme qui était
09:36 victime de violences conjugales.
09:38 Et quand il est allé porter
09:40 plainte à la police, le policier
09:42 qui l'a reçu s'est moqué de lui en le traitant de femmelette.
09:44 Et donc, quand je donne cet exemple-là,
09:46 c'est pour montrer qu'en fait,
09:48 c'est un modèle dans lequel on s'inscrit
09:50 et où on dit aux hommes "vous devez vous comporter
09:52 comme ça" et aux femmes "vous devez vous comporter
09:54 comme ça" et ça nous coince dans des modèles.
09:56 Ici, moi, je défends un modèle où,
09:58 effectivement, les hommes et les femmes ont
10:00 les mêmes chances d'avoir
10:02 une vie digne. – Et justement,
10:04 les femmes et les hommes dans la gestion
10:06 de la chose politique à la région bruxelloise,
10:08 on fait remarquer que c'est une région
10:10 administrée que par des hommes,
10:12 c'est un de vos souhaits ?
10:14 – Absolument. Alors, la politique,
10:16 c'est aussi des symboles.
10:18 Et c'est vrai que notre région,
10:20 depuis sa naissance, n'a été dirigée
10:22 que par des hommes. Et on sait
10:24 comme c'est important d'avoir des rôles modèles,
10:26 on sait l'importance aussi
10:28 de l'identification, que quand
10:30 des petites filles voient à la télé
10:32 des hommes et des femmes, singulièrement,
10:34 à des postes à responsabilité, ça leur permet
10:36 de se projeter et de se dire "moi aussi".
10:38 Voilà. Et donc ici, je pense qu'il est temps
10:40 de franchir cette étape et de dire que oui,
10:42 la région peut aujourd'hui être
10:44 et doit être dirigée
10:46 par une femme. C'est important aussi de permettre
10:48 aux générations de petites filles
10:50 qui nous regardent, de se dire que tout est possible.
10:52 – On vous avait reçu
10:54 avant les élections de 2019,
10:56 à l'époque, et vous avez dit "à cause de mon nom,
10:58 de mon origine, il ne m'est pas possible
11:00 de défendre une liberté individuelle sans être
11:02 lue sous le prisme du communautarisme".
11:04 Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui ?
11:06 – Cinq ans après, effectivement, ça n'a pas changé
11:08 et c'est insupportable dans le débat public.
11:10 Alors, oui, oui,
11:12 dans les mêmes termes, je pourrais dire la même chose.
11:14 Alors c'est souvent,
11:16 sur la question des jeunes femmes,
11:18 la possibilité pour des jeunes femmes
11:20 de porter le voile, que ce soit dans certaines écoles
11:22 ou dans les administrations publiques, etc.
11:24 Et là où, moi je donne toujours le nom de
11:26 Hervé Asquin, je ne suis pas suspect,
11:28 il est libéral, voilà.
11:30 Ma position sur, par exemple,
11:32 la question du voile
11:34 ne diffère pas de la sienne d'une virgule.
11:36 Or, lui, on dit "oui, il défend
11:38 une liberté individuelle". Et moi, c'est du communautarisme.
11:40 Voilà, ça ne m'empêche pas de continuer
11:42 à défendre le fait que les femmes
11:44 doivent pouvoir faire des choix
11:46 pour elles-mêmes, et donc c'est le combat que je continue à porter.
11:48 Mais effectivement, la critique reste celle
11:50 que je connaissais en 2019.
11:52 – Votre combat, le combat aussi de votre parti ?
11:54 – Absolument, oui, oui, oui.
11:56 Le programme est clair.
11:58 Je ne suis pas suspecte,
12:00 j'ai négocié l'accord,
12:02 pour donner des faits, j'ai négocié l'accord en 2019
12:04 et j'ai fait acter dans cet accord
12:06 de majorité la fin de l'interdiction
12:08 du port de voile dans l'enseignement supérieur
12:10 de la COCOF, par exemple.
12:12 – Alors, on en parlait tout à l'heure, quelques mots à présent,
12:14 si vous voulez bien, des 60 ans de l'immigration marocaine.
12:16 On a parlé de vos parents
12:18 qui sont venus à Bruxelles
12:20 pour vous offrir un avenir meilleur
12:22 ainsi qu'à vos sœurs.
12:24 Votre papa a travaillé dans les chantiers
12:26 à Bruxelles. C'est important pour vous
12:28 tout cet héritage, toute cette symbolique ?
12:30 – Oui, oui, bien sûr.
12:32 Moi, j'ai toujours dit de manière imagée
12:34 que Bruxelles était mon héritage.
12:36 Aujourd'hui, c'est plus imagé,
12:38 c'est la réalité aussi.
12:40 Et voilà, Bruxelles a hérité de moi
12:42 comme de milliers d'autres.
12:44 On a construit collectivement
12:46 une histoire commune et donc 60 ans après,
12:48 Bruxelles est faite de cette histoire commune.
12:50 Et donc, de la même manière
12:52 que Bruxelles a hérité de moi,
12:54 je l'ai dit, moi j'hérite de Bruxelles
12:56 et il est temps que je prenne ma part
12:58 dans la poursuite de l'écriture et de la construction
13:00 de cette histoire collective.
13:02 Et ça a été déterminant dans mon choix,
13:04 je dois dire, de venir à la région
13:06 alors que ce n'était pas.
13:08 C'est aussi un hommage à cette génération.
13:10 Et je l'ai dit, la politique c'est aussi des symboles.
13:12 C'est un hommage à toute cette génération
13:14 qui est arrivée il y a 60 ans.
13:16 Et évidemment, singulièrement, un hommage à mon père
13:18 parce que c'est vrai que moi, la région,
13:20 je la connais à travers les mains de mon père.
13:22 Parfois, on passait devant un bâtiment
13:24 emblématique de la région et il m'expliquait
13:26 qu'il avait participé à le construire.
13:28 Je pense notamment à l'hôpital Bruckmann,
13:30 certains des pavillons qui sont là.
13:32 Quand il construisait les fondations,
13:34 il tombait sur des cadavres.
13:36 J'ai un lien particulier avec cette région
13:40 parce qu'elle reste un lien profond
13:42 avec l'histoire de mon père.
13:44 - Nous sommes à quelques semaines des élections.
13:46 Vous dites que tout est politique.
13:48 C'est encore le cas aujourd'hui ?
13:50 - Absolument. Tous les choix, alors quand je dis ça,
13:52 ça ne veut pas dire que c'est partisan.
13:54 Mais ça veut dire que les choix que vous faites
13:56 orientent l'organisation de notre société.
13:58 Quand vous faites un choix d'alimentation,
14:00 quand vous choisissez par exemple
14:02 de voyager avec Ryanair,
14:04 avec un billet de 50 euros,
14:06 ce qu'il faut avoir en tête,
14:08 c'est que derrière un billet à 50 euros,
14:10 derrière un billet low cost,
14:12 il y a des travailleurs low cost
14:14 qui eux-mêmes sont des consommateurs low cost.
14:16 Et donc les choix que nous posons,
14:18 on n'en a pas toujours conscience,
14:20 mais disent quelque chose
14:22 de la société dans laquelle on est.
14:24 Donc oui, tout est politique.
14:26 - Un message pour toutes les Bruxelloises
14:28 et tous les Bruxellois qui vous entendent
14:30 pour être sensible à votre discours.
14:32 Qu'est-ce que vous voudriez leur dire en particulier ?
14:34 - D'abord que je suis disponible
14:36 et que je suis très heureuse de revenir sur ce terrain-là.
14:38 Pendant ces dernières années, j'ai été un peu plus discrète.
14:40 J'avais besoin de me reconstruire
14:42 après des séquences compliquées.
14:44 - Vous êtes de retour ? - Voilà, absolument.
14:46 Je suis de retour, je suis disponible et surtout,
14:48 cet ensemble qu'on pourra construire et redonner
14:50 à Bruxelles la place qui est la sienne, je pense.
14:52 Et de là où j'étais, au gouvernement fédéral,
14:54 j'ai moi-même constaté
14:56 comme Bruxelles pouvait être maltraitée.
14:58 J'ai entendu des choses,
15:00 quand on a dû parler de la gestion
15:02 de la gare du Midi, dont j'estime
15:04 qu'il faut une solidarité nationale,
15:06 puisque la gare du Midi, c'est comme l'aéroport de Zaventem.
15:08 C'est un endroit qui n'appartient pas qu'aux Bruxellois.
15:10 Et donc c'est un endroit emblématique
15:12 de la Belgique. Et donc oui, je pense qu'aujourd'hui,
15:14 il faut que nous nous engagions
15:16 pour que Bruxelles et ses habitants
15:18 soient reconnus comme une région à part entière,
15:20 et pas seulement l'appendice de la Flandre
15:22 ou de la Wallonie, et que nous assumions
15:24 le fait bruxellois, et que nous exigions
15:26 à ce titre la juste part qui est la sienne
15:28 dès lors qu'on parle de financement.
15:30 Et donc oui, Bruxelles est cette
15:32 région multiculturelle,
15:34 potentiellement,
15:36 avec un potentiel économique
15:38 dans la transition qui est énorme.
15:40 Et donc oui, faisons de cette région
15:42 un exemple
15:44 d'une région
15:46 en transition juste
15:48 à l'échelle européenne. - Qu'est-ce que vous diriez
15:50 aux jeunes, pour beaucoup, ils vont voter
15:52 pour la première fois, cette année,
15:54 pour beaucoup, ils sont frileux,
15:56 ils ont déclaré leur désamour par rapport
15:58 à la chose politique. - D'abord,
16:00 leur dire que si vous ne choisissez pas, d'autres le feront
16:02 pour vous. Et on voit aujourd'hui la tendance
16:04 des extrêmes,
16:06 moi je suis très inquiète
16:08 sur ce qui va se passer aux Etats-Unis en novembre
16:10 avec le retour de Trump. On voit ici
16:12 en Europe, Orban,
16:14 toutes les forces réactionnaires qui sont là,
16:16 et donc ne pensez pas que le fait
16:18 de ne pas y aller n'a pas d'impact. Si vous n'y allez pas,
16:20 d'autres feront le choix. Allez-y
16:22 et soyez exigeants.
16:24 Discutez avec les politiques. Et puis n'attendez pas
16:26 juste le temps des élections.
16:28 Pendant toute la législature, interpellez-nous,
16:30 demandez-nous de vous
16:32 rendre des comptes tout le long, mais donc
16:34 restaurez le dialogue, même si le dialogue
16:36 légitimement est difficile.
16:38 Mais soyez exigeants pour vous-même et pour les générations futures.
16:40 - Voilà, c'était la conclusion en guise
16:42 de message de Zakir Khatabi. Je rappelle que vous êtes
16:44 ministre du Climat, de l'Environnement, du Développement
16:46 Durable et du Green Deal, tête de liste écolo
16:48 à la région bruxelloise et aussi
16:50 candidate à la présidence du gouvernement bruxellois.
16:52 Merci d'avoir été avec nous, Sœur Araben. - Merci à vous.
16:54 - On se retrouve dans une polle et dix minutes
16:56 pour la suite de votre Cafour de l'Info, tout de suite.