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David Muongo (Les Engagés) était sur les ondes d'AraBel en raison de sa candidature aux élections 2024

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Transcription
00:00 Le Carrefour de l'info sur Arabelle.
00:03 [Musique]
00:06 Bonjour, bonjour à tous.
00:07 Élection 2024, la suite sur notre antenne de la couverture de la campagne électorale en cours.
00:12 Notre invité dans quelques instants, David Mouangot, candidat à l'Europe pour les engager.
00:17 En commémoration des 60 ans de l'immigration marocaine en Belgique,
00:20 les voyageurs sans bagages en partenariat avec la commune de Jette
00:24 ont organisé un événement culturel ce week-end avec la participation de Sofia Fernbach,
00:29 photographe documentaire franco-marocaine.
00:31 Elle nous rejoindra tout à l'heure.
00:33 À l'international, le gouvernement Netanyahou ferme Al Jazeera en Israël.
00:37 La presse internationale s'interroge sur le timing de cette décision
00:40 alors qu'Israël continue de préparer son offensive sur Arafat.
00:44 Et puis en deuxième partie d'émission, comme tous les jours,
00:47 un petit détour par le Maghreb, près du Fonds monétaire international.
00:50 Le Maroc reçoit une première tranche de 3,3 milliards à titre express.
00:54 Le site rappelle qu'en septembre 2023,
00:56 le conseil d'administration du FMI avait donné son aval
00:59 à un financement de 1,3 milliard de dollars en faveur du Maroc.
01:03 Voilà donc pour l'essentiel du Carrefour de l'Information qui démarre dans quelques instants.
01:07 Voilà, je vous le disais il y a quelques instants,
01:17 dans le cadre de notre dispositif électoral, nous recevons aujourd'hui David Boingo,
01:20 les engagés, candidat aux élections européennes. Bonjour.
01:22 Bonjour, bonjour.
01:24 Avec plaisir, merci d'être avec nous sur Arabel.
01:26 Peut-être avant de commencer, une petite carte de visite.
01:29 Parlez-nous un petit peu de vous, qui est David Boingo, son histoire et son parcours.
01:34 Yes, bonjour à toi, bonjour à toutes les personnes qui nous écoutent.
01:37 David Boingo, c'est un jeune homme, 24 ans, entrepreneur, sportif il fut un temps,
01:44 artiste toujours, fan de musique, entrepreneur qui a décidé du coup de se lancer dans plusieurs projets
01:52 avec un seul objectif, c'est de faire changer les mentalités.
01:55 Et c'est de là où mon engagement politique a commencé il y a un an maintenant,
02:00 un petit peu plus d'un an, avec toujours cette idée de pouvoir changer le statu quo.
02:05 Donc je me définirais comme un jeune homme plein d'ambition, parfois un peu rêveur,
02:10 mais désireux de mettre en œuvre le travail nécessaire pour atteindre ses objectifs.
02:14 Alors vous êtes candidat à l'Europe, justement, pour les engagés.
02:18 Les engagés qui veulent pas mal de choses, renforcer notamment l'autonomie stratégique de l'Union européenne
02:23 dans pas mal de secteurs, c'est bien cela ?
02:26 Oui, l'idée en fait c'est de regarder comment fonctionne le monde actuellement.
02:31 Il y a la montée de la Chine, clairement, il y a notre relation avec les États-Unis,
02:36 on ne sait pas trop ce que ça va donner dans les prochains mois.
02:38 Et donc en fait il est capital d'avoir une Europe autonome, stratège, pour faire face en fait dans ce monde.
02:43 L'Union européenne en fait c'est beaucoup de pays, mais c'est beaucoup de petits pays.
02:46 Et l'Union européenne est forte parce que les pays là sont ensemble.
02:49 Mais être ensemble sans avoir une stratégie qui nous permet de faire face à la montée des BRICS,
02:54 à l'émergence de la Chine ou au retrait des États-Unis, on n'y arrivera pas en fait.
03:01 Et donc oui, nous voulons avoir une Europe qui est forte dans l'économie,
03:05 forte dans ses positions énergétiques et qui prend le lead de la transition énergétique bien évidemment,
03:09 forte dans la défense aussi, parce que c'est très important.
03:12 Alors comment justement arriver vers cet idéal, ce rêve européen préconisé par les engagés ?
03:17 Le rêve européen, moi quand je parle de rêve européen, d'abord je ne veux pas oublier.
03:22 Pourquoi et comment l'Union européenne s'est créée.
03:24 L'Union européenne à la base c'est un projet de paix.
03:26 Et il ne faut pas l'oublier, c'est très très fort.
03:28 C'est partie d'une idée folle de se dire que Français et Allemands où on s'est fait la guerre,
03:32 on va collaborer ensemble.
03:34 Et ça c'était quelque chose qui ne s'était jamais fait.
03:36 C'est une idée folle.
03:37 Et en fait moi ce que je veux c'est emmener la folie plus loin.
03:39 Ce qu'on veut avec les engagés c'est emmener la folie plus loin et de dire
03:41 "Ok, on est capable de travailler ensemble, mais pourquoi ne pas alors dominer ensemble ?
03:45 Pourquoi ne pas avoir les industries les plus puissantes ?
03:48 Pourquoi ne pas exceller dans le numérique ?
03:50 Pourquoi ne pas imposer le lead de la transition énergétique ?
03:52 Parce que c'est une cause qui tient à tous les européens.
03:54 Et donc ce rêve européen c'est amener un nouveau standard dans cet ordre mondial,
03:59 mais qui ne soit plus forcément leadé par la Chine ni par les Etats-Unis,
04:02 mais par les européens.
04:04 Alors on en parlait tout à l'heure en off des relations Europe-Afrique,
04:08 ce qui me tient également à cœur.
04:10 L'idéal aussi ce serait peut-être de passer de l'assistanat à un véritable partenariat cette fois.
04:15 Ce serait l'idéal.
04:17 Et je vais même reprendre les mots du président français Emmanuel Macron en 2022
04:21 lors du sommet Europe-Afrique qui a dit, je cite,
04:24 "Il est impossible de penser l'Europe de demain sans un partenariat solide avec l'Afrique."
04:29 Je ne suis pas du tout macroniste,
04:31 mais là il faut reconnaître que le président Macron a fait preuve d'une grande lucidité.
04:35 Il faut savoir deux choses.
04:37 Premièrement, l'Afrique a besoin d'investissement.
04:39 L'Europe est prête à en donner.
04:41 Mais le problème de l'Europe, et je le dis en tant que candidat aux européennes,
04:44 c'est que l'Europe et les européens n'ont jamais compris comment travailler avec l'Afrique.
04:48 L'Afrique, qu'est-ce qu'elle veut ?
04:50 C'est un partenaire qui la traite d'égal à égal.
04:52 C'est une relation éthique.
04:54 On va souvent dire qu'aujourd'hui la Chine investit massivement en Afrique,
04:57 mais la réalité est que la Chine a compris comment travailler avec les Africains et pas les Européens.
05:01 Et je veux juste soulever deux points par rapport à cette thématique.
05:04 C'est d'abord les investissements.
05:06 La Chine, pour donner cet exemple-là,
05:08 mais ça peut être la Russie ou les États-Unis,
05:10 investissent dans des choses tangibles, visibles, des infrastructures par exemple.
05:13 Les Européens investissent en Afrique, c'est vrai.
05:16 Je pense qu'en 2022 c'était une promesse de 150 milliards livrées par la Commission.
05:20 Mais le problème c'est que l'Europe investit en Afrique
05:24 pour permettre aux Africains de rembourser une dette qui existe déjà.
05:27 Et donc en fait, l'Europe va donner de l'argent pour payer des dettes.
05:31 Mais cet argent, il la rembourse aussi un jour.
05:33 Donc en fait, ne fait que créer de la dette.
05:35 Donc ce n'est pas de l'investissement tangible.
05:36 C'est de l'argent certes, mais ce n'est pas tangible.
05:38 Ça c'est le premier aspect.
05:39 Et puis le deuxième aspect, c'est un aspect éthique et tout à fait relationnel,
05:42 c'est un manque de valorisation.
05:44 Les Africains en ont marre du petit chef, si vous me permettez l'image,
05:49 qui vient caricaturer et dire "Ok, on vous donne ceci,
05:52 mais alors vous faites ceci, mais alors vous faites cela,
05:54 mais alors vous établissez vos systèmes démocratiques comme ceci, comme cela".
05:57 Non.
05:58 À un moment donné, si on veut avoir une relation d'égal à égal,
06:00 je veux dire, on fait du commerce avec l'Arabie Saoudite au jour d'aujourd'hui,
06:03 mais on ne pense pas à l'origine qui est en Europe.
06:05 Donc à un moment donné, si on veut faire du commerce avec l'Afrique,
06:07 il faut aussi pouvoir respecter la manière dont l'Afrique aimerait se développer
06:10 et alors, comme vous le disiez, avoir un vrai partenariat win-win d'égal à égal.
06:14 David Mungo, un de vos chevaux de bataille, c'est l'entrepreneuriat chez les jeunes.
06:18 Souvent peu informé, peu conseillé, peu ou mal accompagné dans cette déglaration.
06:23 Il faudrait travailler sur ces aspects pour véritablement donner envie aux jeunes
06:28 de se lancer en tant que privés.
06:30 Bien sûr. On est actuellement dans un pays, la Belgique,
06:34 et une ville comme Bruxelles, où il y a énormément de talent.
06:37 J'en suis convaincu. J'ai ouvert ma boîte de consultance il y a trois ans.
06:41 Les jeunes entrepreneurs qui viennent, les gens ont des idées incroyables.
06:46 Le problème, c'est le cadre qui n'est pas optimal pour cela.
06:49 On est en Europe les champions des réglementations et des régulations,
06:53 mais très peu de l'innovation, comparé à la Grande-Bretagne ou aux États-Unis, par exemple,
06:58 qui ont une société qu'eux. Il faut créer cet esprit d'entreprendre.
07:01 Ce n'est pas juste à coup de lois et de réformes.
07:04 C'est clairement une mentalité qu'il faut changer.
07:06 J'organise depuis l'année passée un événement qui s'appelle Business Fever,
07:10 et que je continuerai même après les élections, qui a pour but d'inspirer les personnes,
07:15 mais de connecter aussi les jeunes entrepreneurs qui ont des idées
07:17 avec des personnes qui sont déjà plus loin du monde de l'entreprise.
07:20 Pourquoi ? Parce que je pense qu'en Belgique, qu'à Bruxelles, qu'en Wallonie, qu'en Europe,
07:25 on peut avoir des champions dans différentes industries.
07:28 On ne doit pas forcément attendre que les idées de génie arrivent d'autre part,
07:32 parce que non, elles sont aussi sur notre territoire.
07:34 - Oui, alors concrètement, comment aider ces jeunes bruxellois,
07:37 notamment à devenir entrepreneurs aujourd'hui ?
07:40 - Premièrement, il y a la simplification de la charge administrative.
07:44 Un entrepreneur, quand il démarre son entreprise, qu'il veut le faire légalement,
07:47 il est confronté d'entrée de jeu à beaucoup de charges administratives,
07:52 et c'est très compliqué quand tu démarres tout seul.
07:54 Je l'ai vécu et je sais de quoi je parle.
07:56 Deuxièmement, c'est l'accès à l'information.
07:59 A l'heure actuelle, peu de personnes savent comment ça fonctionne exactement
08:04 pour ouvrir une entreprise.
08:05 Est-ce que j'ai besoin d'un comptable ? Est-ce que je dois aller chez le notaire ?
08:07 Comment ça fonctionne ? Où est-ce que je trouve un notaire ?
08:09 C'est quoi un bon comptable ? Etc. Etc.
08:11 Et donc, c'est avoir brisé ce gap qu'il y a entre les personnes qui veulent entreprendre
08:16 et les informations nécessaires pour entreprendre de manière sérieuse
08:19 et pour aller plus loin.
08:21 - Pour le volet de votre programme, la santé mentale dont on parle énormément en ce moment,
08:26 pourquoi c'est important pour vous de ne pas oublier cette thématique ?
08:30 - Parce que nous, les engagés, tout ce que l'on fait,
08:35 que ce soit le programme social ou le programme économique ou le programme énergétique,
08:40 ça a un seul but, c'est le bien-être commun.
08:42 Et c'est même la raison pour laquelle j'ai rejoint les engagés.
08:44 Nous disons, et j'y crois fermement, que ça n'a pas de sens de faire de la politique,
08:50 de faire tout ce qu'on fait, de faire des programmes,
08:52 si le but n'est pas que les personnes qui composent la nation se sentent bien dans cette nation.
08:57 Et quelques chiffres. Un jeune sourcisse en Belgique souffre de santé mentale, selon l'UNICEF.
09:02 Un jeune sourcisse, c'est énorme.
09:04 Selon l'UNICEF, toujours, le suicide est en Belgique la deuxième cause de décès chez les 15-29 ans.
09:09 Ça prouve bien qu'au sein des jeunes, mais même chez les moins jeunes,
09:13 il y a un gros problème lié au stress, lié à l'anxiété, lié à la dépression.
09:17 C'est-à-dire que le climat de vie en Belgique n'est pas suffisamment agréable
09:21 pour que les personnes puissent se sentir à l'aise de vivre.
09:24 Et c'est ça que nous voulons restaurer.
09:26 C'est une priorité, et pour cela, il faut oser en parler et oser trouver des solutions.
09:29 - Alors, je lis sur votre site "Désengager un esprit sain dans un corps sain,
09:33 faisons de la santé mentale une cause nationale".
09:36 Comment faire, justement, pour y arriver, pour faire de cela une cause nationale ?
09:40 - Premièrement, c'est en parler, comme je dis.
09:42 En parler, les personnes qui n'en souffrent pas,
09:44 en parler, ne pas mettre ça dans un coin comme si ça n'existe pas.
09:47 Et deuxièmement, les personnes qui sont passées par là,
09:49 raconter, partager le témoignage, expliquer comment ils en sont sortis,
09:54 transmettre l'expérience pour aider un maximum de personnes.
09:57 Et puis alors, bien évidemment, on peut entrer dans le programme,
09:59 mais il y a plein de formules concrètes qu'on peut faire avec différentes parties
10:03 pour pouvoir, comment dire, régler ce problème à la source.
10:07 - Nous sommes à quelques semaines des élections, la date fatidique du 9 juin.
10:11 Vous êtes engagé pour l'Europe.
10:13 Est-ce que vous avez, en guise de conclusion, un message à faire passer, un mot de la fin ?
10:17 Vous êtes jeune, et je pense notamment à ces jeunes.
10:19 Beaucoup d'entre eux vont voter pour la première fois.
10:21 Beaucoup de jeunes boudent un petit peu la politique.
10:24 Que leur dire pour, justement, participer à la chose politique ?
10:28 - Je suis numéro 6 sur la liste des engagés pour l'Europe.
10:31 Et j'aimerais d'abord dire, je vais prendre 30 secondes sur ce mot de la fin,
10:35 mais j'aimerais dire, c'est normal que la politique ne puisse pas intéresser.
10:39 Moi-même, il y a un an et demi, j'ai toujours aimé la politique,
10:42 mais je n'avais pas vraiment de sensibilité.
10:44 Donc ça, d'abord, je vais dire que c'est tout à fait normal.
10:46 Deuxième chose, c'est que j'aimerais encourager tout le monde à s'informer avant de voter.
10:50 Pourquoi ? Parce que le vote est le moyen que le système dans lequel on est
10:54 nous permet d'exprimer notre opinion.
10:56 Et je suis de ceux qui pensent qu'on n'a pas le droit de se plaindre
10:59 si on n'a pas participé à composer ceux qui nous gouvernent.
11:03 Ensuite, si je devais avoir un mot de la fin, très sincèrement, en tant que jeune,
11:07 j'aspire à de grandes choses.
11:10 Et j'aimerais vivre dans un endroit où tout est possible, sincèrement.
11:14 Et je veux le dire très concrètement, il y a un souffle nouveau qui est en train d'entrer dans les villes.
11:18 Que les gens le sentent ou que les gens ne le sentent pas,
11:20 il y a quelque chose qui est en train de se passer.
11:22 Nous sommes en 2024 et dans un bon nombre de pays,
11:24 les gens sont en train de voter. L'ordre mondial va être bouleversé.
11:27 Moi, d'avis, j'ai décidé de ne pas être mis sur le côté, j'ai décidé d'en faire partie.
11:31 Et j'aimerais que toutes les personnes qui m'entendent se disent
11:33 "Ok, moi aussi je veux faire partie de cette histoire,
11:35 moi aussi je veux aider à construire la narrative."
11:37 Parce que c'est possible. L'espoir, c'est pas une fable.
11:40 L'espoir, c'est le vivre, c'est le fait de participer et de rendre les rêves réalité.
11:44 Et c'est pour ça que je vais me battre et j'invite le peuple belge qui m'écoute aujourd'hui
11:48 à se battre avec moi dans ce sens.
11:50 Parce que c'est possible. La conclusion de David Mwango,
11:52 les engagés, candidats aux élections européennes.
11:54 Merci d'avoir fait un étourt par Arabelle.
11:56 Merci à vous.
11:57 On se retrouve dans quelques instants pour la suite de votre Carrefour de l'Info.
12:00 [Musique]
12:02 Le Carrefour de l'Info sur Arabelle.
12:05 [Musique]
12:08 Et tout de suite, la suite de votre Carrefour de l'Information
12:11 en commémoration des 60 ans de l'immigration marocaine en Belgique.
12:14 Les voyageurs sans bagages, en partenariat avec la commune de Jette,
12:17 ont organisé un événement culturel ce week-end.
12:20 Conférence tenue par Fatima Zibou.
12:22 La projection aussi d'un théâtre d'ombre qui retrace plusieurs générations marocaines.
12:26 Et aussi un concert de musique traditionnelle.
12:29 Avec aussi une expo photo sur des femmes issues de l'immigration
12:32 avec Marjorie Goffard, photographe de reportage belgo-indienne.
12:36 Et Sofia Fernbach, photographe documentaire franco-marocaine.
12:40 Et nous avons la chance d'avoir justement avec nous Sofia Fernbach.
12:44 Bonjour.
12:45 Bonjour, bonjour Tarek.
12:46 Merci d'être avec nous sur Arabelle.
12:48 Peut-être avant de parler de cet événement culturel,
12:50 on va parler un petit peu de vous.
12:52 Qui est un petit peu Sofia Fernbach, un petit peu son histoire et son parcours.
12:55 Alors, merci de me recevoir.
12:57 Bon, moi du coup c'est Sofia.
12:59 Je suis originaire du Maroc, Tangier plus précisément.
13:03 Donc, 30 ans aujourd'hui.
13:05 Je suis passée par la France pendant 8 ans.
13:10 Et puis je suis en Belgique maintenant depuis 14 ans.
13:13 Vous êtes une belge quelque part aussi maintenant.
13:15 Je suis presque plus belge que marocaine ou française.
13:18 C'est un pays qui m'a vraiment adoptée.
13:20 Et mon père, lui, est français, ma mère est marocaine.
13:23 Et voilà, donc du coup, ces questions d'identité et de biculture
13:27 me traversent depuis tout ce temps-là.
13:30 Et donc voilà.
13:32 Alors la suite, c'est le projet "Originel".
13:34 Tout à fait.
13:35 Alors, comment disons a germé Sofia et comment a pris forme ensuite cette idée ?
13:39 Alors, "Originel", c'est un projet qui a été mis en place il y a maintenant 5 ou 6 ans.
13:47 Avec Marjorie et moi-même.
13:49 Donc, toutes les deux photographes, on a étudié à la même école.
13:51 Et toutes les deux, on se questionnait énormément sur nos travaux photos,
13:55 sur les questions d'identité, de parcours culturel.
14:00 Et on a été appelé par la Maison des Femmes d'ici et d'ailleurs, à Liège,
14:04 pour travailler avec des femmes qu'elles accueillent dans leurs établissements
14:08 autour de la photographie et pouvoir aussi, via la photographie,
14:14 parler de parcours de ces femmes-là.
14:15 Donc Marjorie et moi, on a accepté ce projet.
14:17 On a travaillé là-dessus pendant un certain temps.
14:20 Et du coup, ce projet a été une expérience, pour nous, assez intense à plein d'endroits.
14:30 Et on a fait une matière photographique qui aujourd'hui est exposée,
14:34 qui a été beaucoup exposée en Wallonie, notamment.
14:36 Et notre première exposition, le week-end dernier à Bruxelles,
14:39 pour les 60 ans de la commémoration de l'immigration marocaine.
14:42 Alors, Sofia, tu dis que tu explores depuis plusieurs années et encore aujourd'hui
14:46 la question du choc des civilisations.
14:48 Tout à fait.
14:49 La recherche de pouvoir être l'un ou l'autre et l'autre sans juger, mesurer ou comparer.
14:54 Tu fais ici, quelque part, allusion à ton vécu essentiellement ?
14:58 Oui, énormément.
14:59 Donc la photographie, pour moi, était vraiment un médium qui m'a le plus parlé,
15:06 notamment à ce sujet-là, parce que le visuel est pour moi une manière
15:11 de communiquer ces choses-là.
15:13 Et oui, être l'un ou l'autre, c'est un petit peu ce qui m'anime
15:23 depuis tout ce temps-là, parce que toujours obligée de choisir, quelque part.
15:27 Ayant du coup vécu 8 ans en Maroc et 8 ans en France,
15:30 d'une éducation très ancrée marocaine, une éducation aussi très ancrée française,
15:35 j'ai jamais réussi vraiment à développer mon identité de manière très personnelle.
15:42 Et grâce à la photographie, j'ai pu explorer ça, interroger aussi avec la photographie,
15:47 rencontrer des gens, des gens de ma famille, des gens autour de moi, des inconnus.
15:52 Et voilà, donc la photographie, je me le suis appropriée pour vraiment mieux comprendre
15:57 un peu tout ce parcours qui m'est très personnel.
15:59 Alors, Maroc-France, France-Maroc, on va commencer par le Maroc.
16:02 Tu dis une esthétique intime dans une déambulation dans les rues de Tangier
16:05 et le reste du Maroc. Des détails peut-être ?
16:08 Oui, oui, oui. Après, bien sûr, je vous invite toujours à aller voir mon travail
16:12 parce que c'est toujours plus parlant en images qu'en mots.
16:15 Mais si je peux en dire quelques phrases, c'est d'abord une...
16:23 toujours et encore une première rencontre avec le Maroc qui est en métamorphose quotidienne.
16:28 Et en fait, elle est passée par plein d'étapes, cette expérience-là.
16:32 D'abord par, en fait, mon enfance que j'ai vécue là-bas, la retrouver en déambulant, effectivement.
16:40 Et puis au fur et à mesure, reprendre un petit peu place dans cet espace-là.
16:45 Et du coup, ça peut se jouer à des détails près, ça peut se jouer à un vieux théâtre abandonné,
16:51 ça peut se jouer à ma tante qui, après sa prière, se pose devant la fenêtre.
16:55 C'est plein de petites choses comme ça qui me permettent de reconstruire un peu un puzzle
17:00 et une lumière qui est assez exceptionnelle quand même, moi qui m'anime en permanence.
17:04 Et les couleurs, tout un ensemble qui construit un parcours de nouveau identitaire
17:10 qui est un mot qui est très central dans ce travail-là.
17:13 La France fait partie de toi aussi.
17:15 Oui, bien sûr.
17:16 Comment vivre et exprimer justement cette multiculturalité ?
17:20 Ouf ! Alors, la France, ça a été un travail qui était autre
17:27 parce que j'étais aussi jeune en étant en France.
17:30 Et en France, j'ai ma famille aussi du côté de mon père qui est encore très présente.
17:35 Mais c'était surtout comment, en France, parler de mes origines.
17:41 Comment, dans un espace qui est très majoritairement blanche, à l'éducation catholique aussi,
17:51 comment amener en fait mon histoire dans ces milieux-là.
17:55 Et cette photo m'a beaucoup aidée aussi à m'intégrer et à me sentir plus légitime aussi
18:00 parce que l'art est un domaine qui est très présent un peu partout.
18:06 Mais ça a été aussi assez rapide parce que je suis très vite arrivée en Belgique à 16 ans
18:14 où là, j'ai vraiment rencontré un environnement avec une multiculturalité
18:20 beaucoup plus forte et présente que j'ai pu connaître dans les Yvelines en France,
18:25 l'époque où j'y ai vécu.
18:26 Donc c'est vraiment en Belgique que j'ai explosé, on va dire, dans mon dialogue à ce niveau-là.
18:35 Dans cette art de la photo, pour résumer, Sofia, c'est là où tu peux t'exprimer
18:39 par faire passer des messages, raconter ton histoire, raconter des histoires,
18:43 immortaliser des instances, c'est un peu tout cela.
18:46 Voilà, c'est vraiment ça.
18:47 Alors, on va revenir à l'événement de ce week-end.
18:50 Raconte-nous d'abord ta rencontre avec la compagnie de théâtre "Les Voyageurs sans Bagages".
18:54 Alors, "Les Voyageurs sans Bagages", ça a été une rencontre avec Anaïs Tocines
18:59 qui, dans un ordre très privé, on a commencé à discuter un peu de nos parcours artistiques l'une et l'autre
19:04 et on s'est rendu compte du manque de visibilité féminin dans ces milieux-là.
19:09 Elle, elle est comédienne dans la troupe des "Voyageurs sans Bagages"
19:13 et dans une recherche de son côté de donner visibilité aux femmes artistes,
19:19 aux femmes issues de milieux biculturels.
19:24 Et donc, on s'est très vite entendues là-dessus et elle m'a invitée, avec "Les Voyageurs sans Bagages",
19:29 à parler du travail qu'on a fait avec Marjorie Gauffard, originel,
19:34 qui parle des femmes issues de l'immigration.
19:36 Donc, ça rassemblait vraiment toutes les thématiques qu'on voulait vraiment mettre en lumière.
19:39 Donc voilà, on a été invitées le week-end dernier pour les 60 ans de l'accommodation de l'immigration marocaine,
19:46 qui est un événement quand même teinté de symbolique et d'histoire.
19:51 Et nous, on a présenté "Originel" où on travaillait sur l'immigration de manière plus large,
19:56 que ce soit l'immigration irakienne, ghanéenne, turque.
19:59 Donc voilà, la rencontre s'est faite de cette manière-là.
20:02 - Alors, le temps passe très très vite.
20:04 Sophia, on va parler de la suite peut-être ? D'autres projets en gestation ou à venir ?
20:08 - Oui, bien évidemment. D'abord avec Marjorie Gauffard et le projet "Originel",
20:12 on aimerait continuer, le nourrir avec davantage d'ateliers avec des femmes issues de l'immigration
20:17 et une visibilité plus grande à Bruxelles et ailleurs.
20:21 Et pour mon cas personnel, j'aimerais beaucoup aussi mettre en lumière le travail que j'ai fait il y a deux ans
20:27 sur l'Aïd, à Tanger, pour parler de toute la culture, toute la festivité qu'il y a autour de ça.
20:34 Donc voilà, ça n'arrête pas, ça continue et on espère encore plus de visibilité dans les jours prochains.
20:39 - Voilà, c'était donc la conclusion de Sophia Fernbach.
20:42 Un nom à retenir, une jeune photographe pleine de talent, d'une force et d'une sensibilité qui transparaissent de ses photos.
20:48 Sophia Fernbach, bon vent et promettez-nous de revenir lors de vos prochaines expos photos.
20:52 - Avec grand plaisir, merci beaucoup.
20:54 - Voilà, avant de passer à votre troisième et dernière partie du Carrefour de l'information,
20:58 un petit coucou exceptionnellement à Leila et Olivier.
21:01 [Musique]
21:05 - Et c'est ainsi que l'on referme cette édition du Carrefour de l'info.
21:07 Merci pour votre fidélité, un excellent appétit si vous êtes à table.
21:11 Vous êtes bien sûr sur Arabelle.

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