• il y a 5 mois

Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00Premier chapitre de questionnement avec mes invités que je salue.
00:06Bonsoir Jules Torres, journaliste politique au JDD.
00:08Bonsoir Jean-Sébastien Ferjot, fondateur d'Atlantico.
00:13On va parler de... comment est-ce qu'on peut appeler ça ?
00:16Un maelstrom ? Une énigme ? Quelque chose qu'on ne comprend pas ?
00:21Une chose qui ne devrait pas arriver ?
00:23Cette école qui pendant des années, pendant des décennies a été celle de la formation de l'élite de France.
00:32Et Jean-Sébastien, on ne va pas vous jeter des fleurs mais vous êtes passé par cette école sur ce pot.
00:37Donc vous vous souvenez quand même de ce qu'on était.
00:39Moi je me souviens de loin parce que j'ai beaucoup d'amis qui sont passés aussi par cette école.
00:42Il y avait quatre sections, il fallait bosser pour y rentrer, il fallait bosser pour en sortir.
00:47C'était du travail et c'était vraiment très très loin des sittings.
00:50Alors oui il y avait des débats et oui il y avait des débats assez frontaux d'ailleurs, on s'en souvient.
00:56Les gens n'étaient pas d'accord, ils s'interpellaient mais tout était fait sous forme d'intelligence.
01:00Et d'ailleurs la ministre Aurore Bergé s'en souvient elle aussi puisqu'elle est passée par cette école.
01:05Moi je suis surtout très triste de la situation à Sciences Po.
01:08Moi j'ai été tellement fière d'en être l'élève.
01:10Quand je vois ce qui s'y passe, ça n'est pas l'école que j'ai connue.
01:13C'était une école où il y avait du débat, parfois très frontal.
01:16Il y avait du combat politique, même du combat syndicalisme étudiant.
01:20Il n'y avait pas de haine, il n'y avait pas d'antisémitisme à Sciences Po.
01:23Je suis désolée mais quand je vois des étudiants tendre des mains rouges,
01:26qui rappellent des images où des Israéliens ont été décapités, il y a deux solutions.
01:31Soit ils sont incultes, soit ils sont antisémites.
01:33Dans les deux cas c'est un problème puisqu'ils sont à Sciences Po.
01:35Et nous accueillons le président du CRIF, bonsoir Yonatan Arfi.
01:38Bonsoir.
01:39Merci d'être avec nous.
01:40Ces dernières heures et ces derniers jours à Sciences Po, qu'est-ce que ça vous amène à dire comme commentaire ?
01:48Un peu de désolation devant ce qui se passe sous nos yeux en France.
01:52On a vraiment le sentiment qu'il y a d'abord un mimétisme par rapport à la situation dans les universités américaines.
01:57D'une part, et d'autre part, que les radicaux ont gagné,
02:00que les radicaux, même s'ils sont très largement minoritaires,
02:03parviennent à imposer leur agenda à des effectifs pourtant d'étudiants beaucoup plus nombreux
02:08mais qui restent une majorité trop silencieuse.
02:10Sur les mains rouges qu'évoque Aurore Berger, vous souscrivez à l'inculture de ces jeunes.
02:15Est-ce que, je vais encore citer le CRIF, j'ai déjà fait ça cette semaine,
02:18mais est-ce qu'ils ne savent pas ce qu'ils font ?
02:20Écoutez, il y a de l'inculture mais il y a aussi des manipulations volontaires,
02:27il y a des meneurs, il y a des gens qui au moment où ils vont chercher ce slogan,
02:32ces slogans et ces mains rouges, ce geste, savent très bien ce qu'ils font effectivement.
02:37C'est quelque chose qui est très connu au Moyen-Orient.
02:39Personne parmi ceux qui ont étudié très sérieusement le conflit israélo-palestinien
02:43n'a pas ignoré le sens de ces mains rouges.
02:45Que des gens derrière les fassent sans comprendre est une chose,
02:49mais ceux qui les ont introduits dans le débat en France,
02:52qui les ont introduits dans les manifestations et les citiques à Sciences Po,
02:55savaient très bien ce qu'ils faisaient.
02:57Jacques Serret nous l'a précisé tout à l'heure et on a entendu un peu Prisca Thévenot,
03:00qu'on va entendre, qui est porte-parole du gouvernement,
03:02qui disait que le cas, cette question de ces manifestations assez virulentes à Sciences Po
03:09et dans d'autres établissements n'ont pas été évoquées au Conseil des ministres.
03:12Est-ce que ça vous étonne ?
03:15C'est pourtant une question qui est relativement transverse
03:17parce qu'elle touche les universités en tant que telles,
03:20donc le ministère de l'Enseignement supérieur.
03:22Il y a des vrais risques de contagion dans les lycées
03:25et donc ça concerne bien sûr le ministère de l'Éducation nationale.
03:28Au-delà de ça, il y a un vrai trouble...
03:30Je vais vous poser la question autrement, Yonatan Harfi.
03:32Est-ce que vous attendez du gouvernement qu'il agisse plus fortement à Sciences Po ?
03:37Ce que nous attendons du gouvernement, c'est assez simple,
03:39c'est qu'on ne laisse nulle part la situation se cristalliser,
03:42c'est-à-dire que dès qu'une occupation démarre,
03:44il faut que la force publique intervienne pour déloger les occupants
03:49parce que sinon nous aurons un effet de contagion nationale inévitable.
03:53Il y a besoin de fermeté, il y a besoin aussi d'efficacité et de rapidité dans l'intervention.
03:58Merci beaucoup Yonatan Harfi d'avoir été avec nous quelques instants sur Europe 1.
04:02Ce soir, je rappelle que vous êtes le président du CRIF,
04:04le Conseil représentatif des institutions juives de France.
04:08Jules Torres, qu'est-ce qu'on peut dire à ce stade ?
04:12Ce n'est pas étonnant que le gouvernement se couche puisqu'il s'est déjà couché.
04:17Sylvie Retailleau, la ministre de l'enseignement supérieur,
04:19avait salué l'accord entre la direction de Sciences Po et les élèves,
04:23un accord qui ne donnait pas de poursuite pour les élèves qui bloquaient,
04:28un accord qui organisait hier un town hall avec des sujets à Sciences Po...
04:35Où on a su que les partenariats avec notamment les universités israéliennes étaient maintenus.
04:40Oui, mais en toute forme de fermeté.
04:42Quand ils acceptent cet accord, il y a en effet cette question des partenariats.
04:48Ce qui est intéressant, et ça montre que le problème de la Macronie,
04:52et ça on le dit, on le répète, semaine après semaine, année après année,
04:56c'est qu'il y a souvent des mots assez forts mais on n'entend pas les actes.
04:59En début de semaine, j'ai déjeuné avec un conseiller d'Emmanuel Macron
05:02qui m'a dit, vous allez voir, cette semaine le président va taper très fort sur Sciences Po.
05:05Et bien, je ne vois rien.
05:07C'est vrai qu'il y avait cette petite musique.
05:09J'entendais cette musique, comme le président sait parfois le faire,
05:12mais on a l'impression en effet que le président et le gouvernement dans son ensemble
05:18n'osent pas prendre en main ce sujet, parce qu'ils sentent évidemment que c'est un sujet qui est brûlant,
05:23et qui pourrait réveiller une petite partie de la jeunesse,
05:26parce qu'encore une fois, il faut le rappeler, c'est une petite minorité de sciences pistes,
05:30d'étudiants pro-palestiniens ou anti-Israël, on les appelle comme on veut,
05:34qui met le bordel à Sciences Po depuis une semaine.
05:36Jean-Sébastien Ferjault.
05:38Je crois qu'il ne faut pas confondre tout.
05:40Il y a un certain nombre de militants qui sont de bonne foi,
05:42ou de gens qui réellement se sentent préoccupés par la tragédie que vivent les civils palestiniens.
05:46Et personne ne peut remettre en cause la tragédie que vivent les civils palestiniens.
05:50La problématique, c'est qu'ils ne se rendent pas compte que dans ces manifestations-là,
05:53il y a aussi une dimension antisémite,
05:55que cette dimension antisémite est insupportable tout simplement par principe,
06:00est insupportable pour les étudiants juifs,
06:02est insupportable aussi pour un certain nombre de professeurs eux-mêmes de confession juive.
06:06Il y a eu moins de débordements de ce point de vue-là en France qu'on en a vu aux Etats-Unis,
06:11mais c'est évidemment absolument intolérable.
06:15Et il y a des gens qui essaient de faire l'amalgame entre les deux, justement.
06:19Et c'est toute la stratégie de la France insoumise,
06:21c'est toute la stratégie, y compris d'islamistes,
06:24qui essayent précisément de dire,
06:27mais regardez, vous criminalisez le soutien à Gaza.
06:29Non, évidemment qu'il est à la fois légitime
06:32et qu'on a parfaitement le droit d'affirmer son soutien à Gaza.
06:35Après, on a aussi le droit d'être réaliste, parce que moi, j'ai envie de vous dire...
06:37Mais on n'a pas le droit d'être incultes, puisqu'on a entendu Aurore Berger.
06:40Vous avez dit, par défaut, ils commettent des actes antisémites,
06:43mais ils ne se rendent pas compte, c'est terrible.
06:45Non, mais je pense que certains se rendent compte et d'autres se laissent...
06:50Effectivement, c'est inquiétant de la part d'élite.
06:53Mais surtout, moi, ce qui m'inquiète, c'est leur rapport à la réalité.
06:56Parce que, ce que je constate, c'est que Joe Biden,
06:58qui est le président des États-Unis, n'arrive pas à imposer un cessez-le-feu
07:02entre Israël et le Hamas.
07:04Joe Biden, il a pourtant une arme nucléaire, de ce point de vue-là,
07:07qui est de cesser la livraison d'armes à Israël.
07:10Donc, si même lui, avec ce moyen de pression-là sur Israël,
07:13ne parvient pas à obtenir, ou avec les moyens de pression
07:16qu'il peut avoir sur le Qatar, les Américains,
07:18c'est l'existence de la base...
07:20Parce que le Qatar est impliqué dans les négociations de cessez-le-feu,
07:22les négociations de libération d'otages.
07:24Les étudiants français oublient très largement
07:27de réclamer la libération des otages détenus depuis le 7 octobre.
07:31Mais donc, si les États-Unis ne parviennent pas,
07:33avec la force de frappe qui est la leur, à obtenir quelque chose,
07:36à quel point faut-il être esservelé, en quelque sorte,
07:39pour imaginer que, parce que vous rouleriez par terre
07:41devant Sciences Po ou devant la Sorbonne, vous allez l'obtenir ?
07:44Il y a un moment, je trouve ça très bien, encore une fois,
07:47de défendre, d'attirer l'attention, de sensibiliser au sort des Palestiniens.
07:50Tout ça est, encore une fois, parfaitement légitime,
07:53mais ça n'empêche pas, ça ne force pas plus exactement à être idiot.
07:56Et juste un dernier mot, moi, ce qui m'inquiète de la part du gouvernement,
07:59parce qu'effectivement, on entend un espèce de mélange
08:02de discours martiaux et de grande lâcheté.
08:05Déjà, il y a une forme d'aveuglement.
08:07Quand Gabriel Attal a dit « c'est un mouvement à portée d'outre-Atlantique »,
08:10oui, on voit bien qu'il y a une forme de mimétisme.
08:12Enfin, il n'y a pas que ça, il y a aussi un mantrisme islamiste.
08:15Emmanuel Razavi, que vous connaissez certainement,
08:18reporter qui travaille notamment avec Paris Match, a écrit un livre passionnant,
08:21« La face cachée des mollas ».
08:23Il était chez Dimitri Pevlenko, justement, hier matin, sur Europe 1.
08:26Et avec lequel on a beaucoup travaillé sur Atlantico aussi.
08:29Les services iraniens n'ont pas organisé les manifestations,
08:32mais tentent de les instrumentaliser.
08:34Alors, ils se sont rapprochés de réseaux des frères musulmans en Europe,
08:37parce que les frères musulmans sont très bien implantés en Europe.
08:40Ils essaient de le faire aux Etats-Unis aussi.
08:42C'est quand même très étonnant de la part du gouvernement de ne rien entendre là-dessus.
08:45On a l'impression que c'est juste des woke un peu esservelés.
08:48Non, il y a une dimension manipulation islamiste.
08:51Et dernier point, je lisais dans le Figaro ce matin...
08:54Qu'est-ce que vous faites comme différence entre organisation et instrumentalisation des manifestations ?
08:59Ce sont des manifestations qui ont été organisées par les étudiants eux-mêmes,
09:05par un certain nombre de forces politiques françaises,
09:08la France Insoumise ou autres.
09:11L'instrumentalisation, c'est-à-dire que vous voyez un truc qui existe,
09:13vous arrivez et vous faites en sorte de surfer sur ce mouvement-là.
09:17Il y a quelque chose d'extrêmement perturbant.
09:19Moi, j'aimerais bien entendre les responsables étudiants là-dessus.
09:21C'est que les slogans, parfois à la virgule près,
09:26et ça a été le cas, on l'a entendu dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon aussi,
09:29sont exactement les mêmes slogans que ceux qu'on a entendus
09:32de la part soit du Hamas, soit du régime iranien depuis le 7 octobre.
09:35En tout cas, quand on interroge les étudiants,
09:37et j'entendais encore une étudiante ce matin chez Pascal Pro,
09:40dans l'émission Pascal Pro et Vous sur Europe 1,
09:42elle disait, en fait, nous quand on demande aussi de soutenir les otages,
09:47et les familles d'otages, certains autres disent
09:51de toute façon les otages sont morts.
09:52C'est terrible, d'abord c'est inexact,
09:55et ensuite c'est terrible de l'entendre ça.
09:57En fait, ce qui est assez dingue dans cette affaire,
09:59c'est qu'on a l'impression que tous les débats sont verrouillés.
10:01Que ce soit le débat sur les otages qui sont à Gaza,
10:05ou même sur le débat sur les otages qui sont retenus en Israël.
10:10C'est-à-dire qu'on a le règne de l'intolérance,
10:14que ce soit chez ces militants-là,
10:16qui ne veulent pas parler de la question israélienne,
10:19ou même palestinienne à Sciences Po,
10:21et qui veulent vicier tous les débats,
10:24internes ou externes,
10:25que l'on peut avoir normalement dans une université digne de ce nom.
10:28C'est-à-dire que Sciences Po était là pour être un temple du débat,
10:31un temple de la création de nos élites,
10:34et ces jeunes étudiants, qui encore une fois sont des minorités,
10:37ne veulent pas débattre,
10:39veulent stopper tous les débats,
10:43et veulent avoir le dernier mot,
10:44mais par la violence et par le blocage.
10:46Ce n'est pas du tout comme ça.
10:47L'esprit de Sciences Po, à la base, ce n'est pas ça.
10:49Ce n'est pas de bloquer.
10:50Ils veulent mettre un dogme en disant
10:52c'est comme ça et ce n'est pas autrement.
10:5319h26, je vous propose de marquer une pause.
10:55On va retrouver Jean-Luc Boujon à Lyon également,
10:58puisqu'il y a eu des blocages à Sciences Po Lyon.
11:00Vous entendrez Patrick-Martin Jeunier,
11:02qu'on a l'habitude ici d'avoir en invité,
11:04qui nous parle des questions internationales.
11:06Il est prof à Sciences Po.
11:08Il est bien sûr désolé.
11:09Il est bien sûr très triste de la situation.
11:11On voit tout ça après une pause sur Europe 1.
11:20La situation à Sciences Po, les blocages, les radicaux ont gagné,
11:23a dit en effet Yonatan Harfi, le président du CRIF,
11:26qui s'inquiétait de l'antisémitisme dans les établissements français,
11:29les établissements scolaires, de hautes études.
11:32On va aller à Lyon rejoindre le correspondant d'Europe 1.
11:35Bonsoir Jean-Luc Boujon.
11:36Bonsoir Pierre.
11:37Après une nuit de blocages,
11:39les forces de l'ordre ont finalement évacué les étudiants
11:43qui s'étaient donc installés là aussi dans un amphithéâtre.
11:46Oui, ça s'est passé d'ailleurs plutôt dans le calme.
11:49Il faut dire que les forces de l'ordre étaient vraiment nombreuses
11:51pour cette intervention demandée par la direction de Sciences Po.
11:54Face à elle seulement une quarantaine d'étudiants,
11:56très peu d'ailleurs scolarisés à l'IEP.
11:59La majorité étaient des gens extérieurs à l'école.
12:01Et donc hier soir ils se sont installés dans un amphithéâtre.
12:04Ils ont déployé un grand drapeau palestinien dans le hall
12:07en criant « Nous sommes tous des enfants de Gaza ».
12:09Et malgré les demandes de la direction de quitter les lieux,
12:12ils ont passé la nuit dans le bâtiment.
12:14Ils ont donc été délogés ce matin vers 10h30
12:17avant un contrôle d'identité pour tous,
12:19sauf que la plupart n'avaient pas de papier sur eux.
12:21On a pu à ce moment-là les observer,
12:24souvent en noir, avec un masque sur le visage
12:26et parfois le keffier palestinien.
12:28Finalement ils ont pu repartir.
12:30Ils ont déambulé quelques temps dans les rues de Lyon
12:32tout en continuant de chanter des slogans
12:34anti-Israël, anti-Macron aussi.
12:36En revanche, et ça c'est assez questionnant,
12:39impossible d'en savoir plus sur leurs motivations,
12:41sur leurs objectifs.
12:42Bref, de faire notre métier de journaliste,
12:44ils ne veulent jamais répondre aux médias.
12:46Je voulais vous faire écouter ce petit extrait
12:48alors que je tendais mon micro devant un de ces militants
12:51qui hurlait dans un haut-parleur sur le trottoir
12:53à 100 mètres de Sciences Po,
12:55au beau milieu de la rue, écoutez.
12:57Le problème c'est qu'il y avait déjà eu un premier turnover
12:59et les gens qui avaient dormi d'ici la nuit
13:01n'étaient pas ceux qui se retrouvaient ce matin à 10h pour la soirée.
13:03Il y a un repas avec nous là !
13:05C'est une excuse de parole publique.
13:07Europe 1 dehors !
13:09Europe 1 dehors !
13:11C'est une excuse de parole publique, vous avez un mégaphone.
13:13Mais là c'est une excuse de parole, il s'est totalement moqué.
13:15Qu'est-ce qu'ils disent ? Europe 1 quoi ?
13:17Europe 1 dehors.
13:19Voilà, Europe 1 dehors.
13:21Je me suis senti mal à l'aise
13:23mais j'ai défendu ma position
13:25et cela s'est plutôt bien terminé
13:27parce qu'il y a une des militantes qui a dit
13:29c'est une prise de parole publique,
13:31il avait un haut-parleur, un mégaphone, qu'est-ce que vous voulez faire ?
13:33Moi évidemment je tourne mon micro,
13:35j'ai pu rester, ce n'était pas très intéressant,
13:37ça ne disait pas grand-chose mais en tout cas
13:39ça montre quand même l'hostilité
13:41de ces militants-là vis-à-vis
13:43des médias traditionnels parce que je n'étais pas seul
13:45dans ce cas-là. Un petit peu plus tôt,
13:47ils avaient refusé de répondre à mes collègues
13:49de BFM, à des radios concurrentes aussi.
13:51Impossible de faire une interview, ils ne veulent
13:53pas parler, ils considèrent
13:55qu'on va déformer
13:57leur parole alors qu'on leur explique
13:59que c'est faux, qu'on essaye de travailler en toute objectivité
14:01mais en fait il faut qu'on les entende, qu'on connaisse
14:03leur motivation, ils ne veulent pas
14:05nous parler à nous les journalistes
14:07donc c'est assez difficile de faire notre métier
14:09dans ces conditions. Il n'y a pas eu d'intimidation
14:11physique mais il ne fallait pas
14:13non plus trop en pousser certains.
14:15Ils ne veulent pas vous parler parce qu'ils ne savent pas comment expliquer
14:17leur mobilisation en fait, c'est ça
14:19un jour ? Oui, il y a un peu de ça, je pense
14:21En tout cas, certains sont là
14:23sans doute un petit peu poussés par les autres
14:25donc ils n'ont pas beaucoup d'arguments. Oui, il y a du suivisme
14:27Il y a vraiment du suivisme, on le voit
14:29et puis les leaders sont très très hostiles
14:31et ils sont hostiles aux médias vraiment
14:33traditionnels, ils ne veulent vraiment pas nous parler.
14:35Merci beaucoup Jean-Luc Bougeon d'avoir été en direct
14:37avec nous depuis
14:39Europe 1 à Lyon. Je voudrais
14:41qu'on écoute également Patrick-Martin Jeunier
14:43on a l'habitude de le recevoir ici
14:45pour des questions internationales
14:47il est prof à Sciences Po Paris
14:49C'est Mathis Tropini qui l'a interrogé
14:51Donc c'est un blocage qui est resté
14:53relativement pacifique
14:55il y a eu des échanges de propos assez
14:57vifs sans doute, mais tout cela
14:59n'a pas été violent mais on ne bloque
15:01pas une institution de cette façon
15:03surtout en chantant des slogans
15:05qui effectivement sont
15:07hostiles parfois à Israël et donc tout cela
15:09n'est pas acceptable parce que en réalité
15:11c'est une minorité qui bloque
15:13qui empêche la
15:15majorité même de s'exprimer
15:17qui empêche la majorité de suivre des cours
15:19et ce n'est pas dans l'esprit de Sciences Po
15:21Sciences Po c'est la contradiction, c'est le dialogue
15:23mais on respecte
15:25les personnes qu'on a en face et là manifestement
15:27selon moi il y a un manque de respect.
15:29Bon ben voilà, pas de dialogue, pas de discussion
15:31Jules Torres, on est dans un espèce
15:33de brouhaha collectif
15:35sans vraiment...
15:37Ca m'étonne quand même un petit peu tous ces gens qui rentrent dans le rang
15:39parce qu'on a fait une interview
15:41de ce professeur de Sciences Po la semaine dernière
15:43et il disait, c'était vendredi, si le calme
15:45ne revient pas à Sciences Po, je demande la fermeture
15:47temporaire. Alors donc pour des militants
15:49si c'est des militants
15:51pacifistes avec des slogans
15:53qui sont un petit peu énervés mais pas trop
15:55mais qu'on demande la fermeture, moi je ne comprends plus
15:57C'est surtout qu'il y a 150 étudiants
15:59qui manifestent et qui sont des radicaux
16:01et c'est surtout qu'ils voudraient
16:03continuer à bosser. Je ne suis pas d'accord
16:05avec ce qu'il a dit, notamment
16:07sur le pacifisme, c'est-à-dire que
16:09on entendait votre correspondant d'Europe 1
16:11à Lyon qui disait
16:13qu'en fait finalement les militants
16:15n'étaient pas loin de la violence
16:17nous on a vu chez nos confrères de CNews
16:19Audrey Bertheau et Raphaël, son géri
16:21la semaine dernière, se faire agresser
16:23se faire molester
16:25se faire descendre sa caméra
16:27bon c'est pas tout à fait ce que je considère comme du pacifisme
16:29mais ce qui
16:31en fait tout ça montre à la fin
16:33que ces gens-là ne veulent pas débattre, qu'ils le refusent
16:35de donner leurs arguments
16:37et que c'est très mauvais
16:39tout ça pour non seulement la liberté
16:41c'était l'expression, mais le débat d'idées en général
16:43je voudrais qu'on entend Prisca Thévenot
16:45parce que tout à l'heure Jacques Serret a passé
16:47effectivement un petit bout de la porte-parole du gouvernement
16:49à l'issue du Conseil des ministres et quand on lui pose
16:51la question, voici une extinction
16:53de ce que tente de dire la porte-parole du gouvernement
16:55Alors le point n'a pas été
16:57abordé dans l'ordre du jour du Conseil des ministres
16:59mais vous êtes bien au courant que le sujet
17:01est bien évidemment suivi aussi bien
17:03par le Premier ministre que
17:05à la ministre en charge Sylvie Retailleau
17:07le point d'orgue est le suivant, c'est de rappeler déjà
17:09que nos universités françaises sont des lieux
17:11d'excellence, sont des lieux de savoir
17:13sont des lieux de débat et de dialogue
17:15quand il y a effectivement
17:17un conflit qui s'ouvre
17:19le premier des sujets c'est de le résoudre
17:21par le dialogue, c'est ce qui a été mis en place par un certain
17:23nombre de présidents d'universités
17:25quand ce dialogue aboutit à des conclusions
17:27acceptées, il faut qu'elles soient respectées
17:29maintenant il peut arriver
17:31et c'est ce qu'on a pu voir récemment
17:33que les conclusions de ces dialogues ne soient pas respectées
17:35alors là il faut rappeler quelque chose qui est assez simple
17:37et qui a été rappelé par
17:39Gabriel Attal lui-même, la fermeté
17:41est là et elle doit le rester.
17:43Jean-Sébastien Ferjou vous qui êtes un boomer comme moi
17:45est-ce que vous n'avez pas l'impression d'entendre le sketch de Coluche
17:47on s'autorise à penser dans les milieux autorisés
17:49qu'un accord secret pourrait être signé ?
17:51C'est pour ça que tout à l'heure j'évoquais
17:53un peu la contradiction dans l'attitude du gouvernement
17:55qui à la fois est capable de tenir des discours
17:57martiaux et qui finalement
17:59cède beaucoup
18:01et puis qui nage aussi
18:03On est quand même sur le dos collé
18:05Il y en a certains qui dosent
18:07exactement leur réaction
18:09parce que l'autonomie universitaire
18:11c'est plus simple et d'ailleurs ce qui s'est passé la nuit dernière
18:13est plus intéressant, c'est l'administrateur
18:15provisoire de Sciences Po lui-même
18:17qui a appelé la police, c'est pas la même chose que le gouvernement
18:19décidant de s'imposer ou Gabriel Attal
18:21venant.
18:23Quand Gabriel Attal est venu il y a quelques semaines
18:25après qu'une jeune étudiante
18:27juive
18:29ait été refusée d'entrer
18:31dans l'amphithéâtre de Sciences Po
18:33que ne se pose-t-il la question
18:35de la succession à la tête de Sciences Po ?
18:37Parce que moi je lisais le Figaro ce matin
18:39et qu'est-ce que je découvre comme liste de successeurs
18:41possibles ? Je découvre Rimab
18:43Doulmalak, l'ancien ministre de la Culture
18:45qui ne s'est pas particulièrement illustré
18:47pour avoir fait partie de l'aile
18:49dure sur la laïcité
18:51ou républicaine de ce point de vue-là
18:53du gouvernement, Najat
18:55Vallaud-Belkacem, Aurélien Rousseau
18:57ancien directeur d'Elisabeth Borne qui a commencé
18:59sa carrière en tant que communiste
19:01qui n'est plus au gouvernement
19:03parce qu'il a refusé de monter l'amphithéâtre
19:05Enrico Letta qui lui au moins
19:07a un doctorat contrairement aux autres
19:09donc au moins il a les qualificatifs universitaires
19:11mais qui est ancien président du conseil italien
19:13enfin premier ministre italien, socialiste
19:15Est-ce que Sciences Po n'aurait pas besoin
19:17d'une personnalité
19:19plus neutre
19:21certainement
19:23plus neutre, je n'ai pas de doctorat non plus
19:25plus neutre, capable
19:27d'imposer justement le retour
19:29au calme, d'imposer le pluralisme
19:31parce que ça fait longtemps qu'un certain nombre
19:33de professeurs de Sciences Po alertent
19:35sur la dérive
19:37Est-ce que vous pensez qu'on peut y aller entre guillemets au Karcher ?
19:39Est-ce que vous pensez que quelqu'un peut arriver
19:41s'imposer en disant
19:43voilà, on arrête
19:45on ferme, enfin on ne ferme pas
19:47mais pas nécessairement au Karcher mais au moins
19:49retrouver la promesse de l'école, c'est quoi cette école ?
19:51On l'a créée en 1872
19:53Je ne crois pas, c'est quoi cette école ?
19:55C'est quoi ces élèves ?
19:57Il faut parler des responsabilités
20:01Il n'y a pas de gens qui arrivent dans votre studio
20:03si vous ne les avez pas invités, je suis venu parce que
20:05je pense que les élèves qui sont à Sciences Po
20:07c'est quand même qu'ils ont été un minimum sélectionnés
20:09donc c'est quand même la responsabilité de l'école
20:11Est-ce que c'est la sélection qui est la même
20:13que de vos temps ?
20:15Vous savez ce qu'on prend comme élèves aujourd'hui ?
20:17On prend des 11 sur 20 qui viennent des autres éducations
20:19prioritaires parce qu'on veut la mixiter à Sciences Po
20:21Avant il y avait un concours, il fallait avoir
20:23quand on avait une mention très bien en bas, qu'on rentrait
20:25sans passer le concours
20:27et sinon il fallait être excellent
20:29J'ai une question pour vous
20:31Est-ce que vous savez quelle est la part d'étudiants
20:33étrangers à Sciences Po ?
20:35Oui c'est plus de la moitié
20:37Alors le problème ce n'est pas qu'ils soient étrangers
20:39c'est qu'on fait venir des étudiants
20:41qui viennent des pays anglo-saxons
20:43ou des pays arabes et qui n'ont
20:45de fait pas tout à fait la même vision
20:47par exemple de la laïcité
20:49on n'a pas du tout la même vision
20:51sur Israël
20:53et donc il ne faut pas s'étonner
20:55déjà qu'on a un petit problème
20:57avec nos étudiants français, quand on importe
20:59des étudiants étrangers, anglo-saxons
21:01arabes qui sont
21:03à l'antithèse de ce que nous normalement
21:05Je ne vous ai pas parlé d'étrangers, je vous ai parlé des notes
21:07c'est-à-dire qu'on va chercher aujourd'hui des gens
21:09qui ont des mauvaises notes
21:11Le sujet au-delà des notes
21:13qu'il puisse y avoir
21:15c'est Richard Descoin qui avait lancé
21:17ce mouvement-là, qu'on aille chercher
21:19de la diversité sociologique
21:21Ça me paraît très bien, la question c'est
21:23comment allons-nous chercher de la diversité
21:25parce qu'en réalité on va chercher de la diversité qui n'est jamais
21:27qu'un miroir, c'est-à-dire si vous arrivez
21:29et que vous êtes
21:31Jean Messia par exemple ou que vous êtes
21:33Malika Soral, ça va mal se passer
21:35ça va mal se passer parce que la seule
21:37diversité c'est celle éventuellement de
21:39votre couleur de peau ou de ce que vous pouvez afficher
21:41comme orientation sexuelle ou je ne sais quoi
21:43En revanche il faut vraiment montrer
21:45pas de blanche pour être dans la conformité
21:47idéologique absolue
21:49Et ça c'est une trahison de l'esprit de Sciences Po
21:51C'était l'école nationale libre
21:53des sciences politiques quand ça a été
21:55créé en 1872 après l'effondrement
21:57du second empire parce qu'on avait
21:59besoin de créer des élites
22:01françaises qui ne pensent pas toutes sur le même moule
22:03On a recréé un truc, peu importe
22:05que vous veniez d'un quartier, moi ça me paraît très bien
22:07qu'il y ait des gens qui viennent de quartiers dits populaires
22:09et qui puissent faire partie des élites
22:11Si ils ont 18 ou 17 sur 20
22:13ça ne pose pas de problème
22:15Mais admettons qu'ils aient eu
22:17moins de chance dans la vie
22:19moins de capital culturel
22:21admettons qu'on leur donne un coup de pouce
22:23Le sujet c'est au moins choisissez-en
22:25qui soient aussi capables de penser par eux-mêmes
22:27et de penser différemment, pas des gens
22:29qui vont vous essayer de modeler sur le moule
22:31Qu'est-ce que ça change finalement
22:33si vous les prenez dans le 9-3
22:35plutôt que les prendre dans le 7e arrondissement
22:37et vous leur demandez de penser exactement pareil
22:39que s'ils venaient du 5e arrondissement
22:41ça n'a aucun intérêt
22:43Je pense qu'on va clore ce sujet
22:45parce qu'en plus on va en reparler
22:47dans les jours suivants et on espère que la situation
22:49va s'apaiser
22:51On va parler dans un instant avec vous
22:53Jean-Sébastien et Jules
22:55de Bardella
22:57parce qu'on va se demander s'il a réussi le test
22:59On va se retrouver dans un instant
23:01le test du débat
23:03On va se retrouver dans un instant sur Europe 1

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