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Tous les jours de la semaine, invités et chroniqueurs sont autour du micro de Pierre de Vilno pour débattre des actualités du jour. Ensemble, ils reviennent sur la mort chef du Hamas Yahya Sinouar et de ce que cela représente pour Israël.
Retrouvez "Les débats d'Europe 1 Soir" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-actu

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Transcription
00:00Europe 1 Soir, 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:03Et pour évoquer l'élimination du terroriste islamiste et chef du Hamas,
00:07Yahya Sinwar, par l'armée israélienne, je reçois le politologue Gilles Keppel,
00:11spécialiste du monde arabe et de l'islamisme radical,
00:14auteur du bouleversement du monde chez Plon.
00:17Bonsoir Gilles Keppel.
00:18Bonsoir.
00:18Merci d'être avec nous en direct sur Europe 1.
00:21Yahya Sinwar était dans le viseur de l'état-major israélien
00:25depuis pratiquement le 7 octobre 2023.
00:30Oui, en effet, c'était lui qui était considéré comme la tête pensante du 7 octobre,
00:37du massacre de 1 200 personnes.
00:40Et bien sûr, l'objectif de Netanyahou, c'était d'avoir sa peau.
00:46Maintenant, le moment où sa mort est annoncée vient opportunément
00:54quand le gouvernement israélien avait la volonté d'attaquer l'Iran
01:01en réplique à lancer des missiles et autres sur son territoire,
01:06il y a déjà maintenant une quinzaine de jours,
01:08et où il est très difficile apparemment à Israël de lancer une attaque sur l'Iran
01:15parce que les États-Unis ne sont pas très chauds.
01:19Imaginez qu'il y ait des terminaux pétroliers qui soient touchés,
01:24augmentation énorme du prix de l'essence aux États-Unis en pleine campagne électorale,
01:29Kamala Harris serait tenue pour responsable comme Trump,
01:32et puis les États-Arabes de la région sont extrêmement inquiets
01:37que l'Iran puisse en rétorsion tirer sur leurs propres installations.
01:41Et dans ce contexte, dans la surenchère au succès militaire
01:48dont Netanyahou a besoin pour sa popularité,
01:51comme ça patine un peu avec le Hezbollah en ce moment,
01:55dans le sud du Liban en particulier, où Israël a perdu des soldats,
01:59effectivement, la liquidation de Sinoir, donc si elle est complètement avérée,
02:05serait un signe qui permettrait à Netanyahou de continuer ses objectifs.
02:11Alors, ses objectifs, effectivement, c'est très important.
02:13Anier, Nasrallah, maintenant Sinoir,
02:17on a l'impression qu'Israël se rapproche du but de cette guerre,
02:21c'est-à-dire l'éradication totale du terrorisme islamiste.
02:26C'est-à-dire que ça ne serait d'un succès que tactique,
02:29parce qu'on peut toujours tuer des responsables.
02:33Après, il faut détruire les organisations
02:37et aussi faire en sorte que ceux qui se sont mobilisés derrière eux ne le fassent plus.
02:43Et ça, c'est le véritable défi aujourd'hui pour Israël.
02:47Est-ce que...
02:48Mais est-ce que c'est sans fin ?
02:50Parce que là, comme vous le présentez, on a l'impression que c'est une hydre à plusieurs têtes
02:54et que s'il n'y a plus Sinoir, ça veut dire qu'il y aura quelqu'un d'autre à la place.
02:58Alors, pour le Hamas, si effectivement Sinoir est mort,
03:03avec les tunnels du corridor de Philadelphie qui donnent sur Gaza,
03:09qui sont contrôlés par les Israéliens,
03:11il y a assez peu d'espoir que Hamas représente dans l'immédiat un danger à court terme.
03:18Mais pour Israël, l'objectif, c'est de neutraliser tout l'axe de la résistance.
03:24Et c'est aussi le gros morceau aujourd'hui, c'est l'Iran.
03:28L'Iran aurait dû être très affaibli par la décapitation du Hezbollah.
03:35Pour l'instant, ça n'est pas encore aussi clair que cela.
03:39Et je crois que c'est dans ce contexte que s'inscrit une offensive contre Sinoir,
03:45étant entendu qu'on laissait entendre depuis plusieurs jours déjà
03:49que les troupes israéliennes savaient où ils étaient.
03:55En tout cas, il y a des scènes de liesse ce soir à Tel Aviv notamment.
04:00On a vu des scènes de liesse sur la plage lorsqu'on a annoncé la mort d'Yaya Sinoir.
04:06Quel est le risque immédiat maintenant pour Israël ?
04:09Quelle est la principale difficulté ?
04:14On voit mal pourquoi il y aurait une salve sur Israël.
04:18L'Iran n'en sait que lorsque son territoire est attaqué
04:23ou lorsque ses alliés directs sont attaqués.
04:27Je pense qu'au stade actuel, l'Iran n'a pas intérêt à accroître la tension
04:36parce qu'ils font tout pour éviter qu'on leur tire dessus.
04:40Et donc si effectivement Sinoir est bien mort,
04:45c'est en effet un succès tactique pour Netanyahou
04:48qui s'est débarrassé du responsable du traumatisme du 7 octobre.
04:54Ce qui pour Israël reste un pogrom d'un point de vue d'Israélien monstrueux
04:59qui pour Sinoir était une radia victorieuse.
05:01Mais maintenant, le véritable enjeu va se dérouler dans l'affrontement éventuel avec l'Iran.
05:09Et là, ça va prendre combien de temps, Gilles Kieppel ?
05:12Là, on est tenu par l'élection présidentielle américaine
05:17puisque attaquer l'Iran, c'est très difficile de le faire sans avoir au moins un acquiescement américain.
05:26Un soutien ?
05:27Oui, et Biden a clairement indiqué que c'était non.
05:30Ça veut dire que selon que ce soit Harris ou Trump, la situation sera très différente ?
05:37De toute façon, il sera très difficile qu'il y ait une implication américaine quelconque
05:44avant qu'il y ait un président qui ait la capacité d'agir.
05:48Biden aujourd'hui est très faible, mais à partir du moment où quelqu'un sera élu,
05:54en principe le 5 novembre, s'il n'y a pas de problème de comptage, de recomptage cette fois-ci,
06:01ce président élu n'aura pas encore les moyens d'agir.
06:05Il sera en fonction que le 20 janvier.
06:07Et Biden ne pourra pas, je l'appelle un « lame duck president » aux États-Unis.
06:11Et donc tout ça, ça laisse une période d'instabilité très grande au Moyen-Orient
06:17où chacun peut prendre des initiatives sans se préoccuper véritablement de ce que les États-Unis vont faire.
06:24Merci Gilles Kepel, votre dernier livre, « Le bouleversement du monde » de Cheplon.
06:29On se retrouve dans un instant dans « Repas à soir » avec Antonin André et Jean-Claude Lassier
06:33pour commenter justement cette actualité.
06:35A tout de suite.

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