SMART BOURSE - Emission du vendredi 3 mai

  • il y a 4 mois
Vendredi 3 mai 2024, SMART BOURSE reçoit Nikolay Marinov (Gérant et analyste financier, Clartan) , Régis Bégué (Partner and Co-Head of Memnon European, Zadig Asset Management) , Mabrouk Chetouane (Head of Global Market Strategy, Solutions, International, Natixis IM) et Nicolas Goetzmann (Responsable de la stratégie Macroéconomique, Financière de la Cité)

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00:00 [Générique]
00:08 Bienvenue à tous dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart qui décrypte les marchés.
00:13 Au sommaire de cette édition ce soir, l'emploi américain bien sûr au centre de toutes les attentions cet après-midi.
00:19 Les créations de postes non agricoles aux US pour le mois d'avril 2024 sont sorties au nombre de 175 000 seulement
00:24 contre un consensus Bloomberg de 243 000. Le taux de chômage dû étant légère augmentation à 3,9% contre 3,8% un mois plus tôt.
00:32 Le salaire horaire moyen a augmenté de 0,2% en comparaison du mois antérieur contre +0,3% pour le consensus et +0,3% un mois plus tôt.
00:41 Bad news is good news, les signes de fléchissement de l'emploi américain plaident en faveur d'un assouplissement de la politique monétaire
00:47 ce que saluent évidemment les marchés aujourd'hui et les places boursières US et européennes sont dans le vert.
00:51 Côté micro, c'est la publication des résultats de Apple qui a eu un retentissement majeur sur les marchés.
00:55 Le groupe de Cupertino enregistre certes une baisse de son chiffre d'affaires de 4,3% mais c'est une baisse moins importante que prévue par les analystes.
01:03 Et puis la firme à la pomme fait aussi savoir qu'elle anticipe une hausse de plus de 10% sur l'année de ses ventes et de son business de service.
01:10 Et ce n'est pas tout, elle relève son dividende de 4% et elle devoile un plan de rachat d'actions de 110 milliards de dollars
01:16 de quoi enthousiasmer les marchés. Le titre a pris un peu plus de 6% cet après-midi.
01:21 Voilà pour les sujets du jour sur lesquels on reviendra bien sûr avec nos invités de Planète Marché.
01:26 Et puis comme tous les premiers vendredis du mois, nous ferons un peu d'analyse fondamentale.
01:30 Ce soir est dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique.
01:33 J'aurai le plaisir de recevoir Nicolas Imarinoff, analyste financier et gérant chez Clarton Associé
01:38 qui reviendra pour nous sur l'analyse fondamentale de Rolex.
01:41 (Générique)
01:51 Mais tout de suite, avant d'accueillir nos invités, un retour sur les infos clés du jour sur les marchés.
01:57 Tendance Monami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse avec Pauline Grattel.
02:01 L'ensemble des bourses européennes s'apprêtent à finir la semaine dans le vert.
02:06 Et le CAC 40 gagne plus de 1% et tourne autour des 8 000 points après la publication du rapport américain sur l'emploi du mois d'avril.
02:15 Les États-Unis ont créé 175 000 emplois au mois d'avril, moins que les 240 000 prévus, et après les 315 000 du mois précédent.
02:25 Concernant le taux de chômage, il est légèrement supérieur aux attentes à 3,9%.
02:31 Enfin, le salaire horaire, qui est un indicateur surveillé par la Fed, n'augmente que de 0,2% sur un mois et de 3,9% sur un an.
02:40 C'est moins qu'anticipé.
02:42 Toujours aux États-Unis, mais du côté des résultats d'entreprises, les investisseurs ont pris connaissance hier soir des comptes d'Apple
02:50 pour le second trimestre, qui fait état de revenus et de bénéfices en recul sur la période.
02:55 Mais au-dessus des attentes, les investisseurs appréhendaient surtout une forte baisse des ventes en Chine, un marché très important pour Apple.
03:04 Des ventes qui baissent, certes, mais moins que ce qui était attendu.
03:08 Enfin, le groupe a annoncé un programme de rachat d'actions à hauteur de 110 milliards de dollars.
03:14 L'entreprise table aussi sur un retour à la croissance pour ses revenus pour le trimestre en cours.
03:20 Le titre ouvre en hausse de plus de 7% à Wall Street.
03:24 Dans le monde des cryptos, Coinbase fait état pour la toute première fois d'un bénéfice net supérieur aux milliards de dollars.
03:32 Des résultats rendus possibles grâce notamment à l'arrivée des ETF Bitcoin Spot approuvés par la SEC début janvier dernier.
03:40 Le titre Coinbase est en hausse à l'ouverture de Wall Street.
03:44 Retour en France maintenant, où les investisseurs étaient attentifs aux publications de deux banques.
03:49 L'une est en hausse au sein du CAC 40, l'autre, Lanterne Rouge.
03:53 Commençons donc tout de suite avec le Crédit Agricole, qui fait état de revenus en forte hausse et supérieur aux attentes au premier trimestre.
04:02 Des résultats si encourageants que la banque espère atteindre fin 2024 ses objectifs prévus pour 2025.
04:09 Aux antipodes donc, nous retrouvons la Société Générale.
04:13 Sa publication déçoit. Le titre est en recul de 6% au sein du CAC 40 cet après-midi.
04:19 La banque publie un résultat net en recul de 22%, mais cela reste supérieur à ce qu'attendait le marché.
04:26 Enfin, or, Indice phare J.C. Decaux fait état d'un chiffre d'affaires au-dessus des attentes à plus de 800 millions d'euros.
04:33 Cette publication est saluée par les investisseurs. Son titre prend 9% au cours de la séance.
04:41 Du côté des IPOs, en Espagne, pour son premier jour de cotation, puis la maison mère de Rabanne, Nina Ricci ou encore Jean-Paul Gaultier,
04:50 a ouvert en hausse avant de reculer légèrement. Cette introduction est l'une des plus importantes en Espagne depuis 10 ans.
04:57 Un mot avant de finir aussi sur le taux de chômage du mois de mars en zone euro, qui ressort conforme aux attentes et similaire au mois précédent, à 6,5%.
05:08 Côté macro, le début de la semaine prochaine sera rythmé par les prix à la production industrielle et les ventes de détails en zone euro pour le mois de mars.
05:17 Plus tard dans la semaine, la Banque d'Angleterre rendra sa décision monétaire. Côté micro, d'autres résultats d'entreprises pour le premier trimestre sont attendus la semaine prochaine.
05:27 Tendance, mon ami. Chaque soir, en ouverture de Smartbourse, les infos-clés du jour sur les marchés avec Pauline Gradel.
05:33 [Musique]
05:43 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
05:47 Mabrouk Chetouan, responsable stratégie marché globaux chez Nantic 6ème est à nos côtés. Bonsoir Mabrouk. Merci d'être là.
05:54 Merci également à Régis Beguet, partenaire et gérant chez Zadig AM. Bonsoir Régis.
06:00 Bonsoir, Florence.
06:01 Et encore merci à Nicolas Gutsmann, responsable de la stratégie macroéconomique de la Financière de la Cité. Bonsoir Nicolas.
06:06 Bonsoir.
06:07 Alors on va tout de suite commencer par la question qui agite des marchés. Alors on a eu l'intervention de Jérôme Pohen le 1er mai, qui a dit qu'une baisse des taux n'était pas envisageable maintenant compte tenu de la résistance de l'inflation.
06:21 Mais bon, c'est quand même bien une désinflation qui était envisagée et une baisse des taux qui continuent d'être anticipées. Il a quand même écarté une hausse.
06:28 Mais on ne sait pas évidemment avec certitude quand est-ce que la baisse s'interviendra. Alors évidemment les marchés surveillent de très près tous les indicateurs macroéconomiques qui pourraient influencer la politique de la Fed.
06:36 On l'a bien vu cet après-midi avec les chiffres de l'emploi américain. Alors est-ce qu'on peut encore s'attendre à une baisse des taux en 2024 ? Est-ce que ce sera une ? Est-ce que ce sera deux ? De quelle ampleur ? Vous voulez commencer ?
06:48 Alors, en fait une ou deux ça ne changera pas grand chose en réalité. Ce n'est pas le sujet. Ce qui compte en fait c'est l'orientation de la politique monétaire. Et là Jérôme Powell a encore "brillé" par sa capacité à jouer les équilibristes.
07:04 En même temps en disant finalement qu'il était capable de réagir à toute évolution adverse du marché du travail. Donc là effectivement ce chiffre de l'emploi, des créations d'emploi a été à un moment donné perçu comme étant "Bad news is good news" en réalité.
07:18 Mais fondamentalement quand on regarde un peu dans le détail, on a déjà eu des chiffres finalement au mois de janvier de cette année montrant qu'on avait seulement 175 000 créations d'emploi.
07:26 C'est remonté à plus de 300 000 après. Le chiffre du mois dernier a été révisé à la hausse. Donc là encore il convient finalement de se montrer un peu prudent sur la lecture de ce chiffre là.
07:34 Qui a été par ailleurs, notamment sur la composante prix de l'ISM Service qui pose un problème finalement à la Fed et ça a été rappelé, publié cet après-midi et qui a littéralement on va dire quasiment effacé toute la baisse des taux d'intérêt à long terme qu'on a observé suite à la publication de ce chiffre.
07:50 Donc encore une fois finalement, est-ce qu'il est urgent pour la Fed de "bouger" sa politique monétaire ? Non. Les marchés font le travail entre guillemets de durcissement des conditions financières en maintenant des taux d'intérêt finalement à leur niveau actuel.
08:04 Et donc le "hire for longer" prend tout son sens et ça devient d'autant plus finalement, et ça a été posé comme question, c'est une question que je trouve extrêmement pertinente lors de la session de questions réponses.
08:14 Au fond, quand on a une croissance potentielle qui globalement d'après les premières estimations, même si c'est beaucoup trop tôt finalement pour pouvoir estimer cette dernière, qui est possiblement en hausse, et bien fondamentalement on aurait sans doute un peu plus d'inflation dans le tuyau.
08:30 Donc même si Jérôme Powell a bien dit qu'il ne tolérerait pas plus de 2% d'inflation, mais ça c'est de la rhétorique, et bien finalement, est-ce qu'il est nécessaire finalement de baisser tout de suite aussi violemment que le marché ne le demande, etc.
08:42 Le marché est toujours dans l'exagération, on le voit encore cet après-midi avec ce qui s'est passé sur le marché obligataire.
08:46 Surréagis, oui.
08:47 Surréagis tout le temps, et donc c'est à la Banque Centrale d'apporter un peu de sérénité tout en finalement disant "nous sommes prêts à agir si jamais effectivement la situation le nécessite", c'est ce que Jérôme Powell a dit,
08:56 mais en l'occurrence, en l'état actuel des choses, et compte tenu de ce qu'on observe sur le marché finalement dans l'économie, il n'est absolument pas question finalement de bouger nos taux d'intérêt.
09:05 Je rappelle juste un point encore une fois sur le secteur manufacturier, qui est le secteur exposé fondamentalement, et bien celui-ci finalement montre qu'il se comporte, on va dire, certains points, certains items de l'IAC manufacturier sont "supérieurs" à ce qu'ils étaient en début d'année.
09:20 Donc c'est dire à quel point fondamentalement on est dans un cycle qui reste encore extrêmement fort aux Etats-Unis.
09:26 La résilience du cycle américain est là, et globalement on ne voit pas aujourd'hui, ce qui à brève échéance pourrait effectivement casser cette dynamique-là.
09:34 Donc c'est pour ça que temporiser, attendre finalement, je suis quasiment certain que Jackson Hole, encore une fois au mois d'août, sera le moment pour les banquiers centraux, notamment pour Powell, une nouvelle fois de saisir cette tribune pour s'exprimer et dire fondamentalement quelle sera la feuille de route pour le restant de l'année.
09:51 Alors une ou deux baisses fondamentalement ça ne changera rien.
09:53 - Oui. Régis Béguet, votre avis sur la feuille de route de la FED ?
09:56 - Oui, écoutez, je crois que ce qui vient d'être dit est tout à fait juste. Jérôme Powell a fait l'aphorisme d'Hélène Grispan, le fameux aphorisme d'il y a 25 ans "si vous m'avez compris c'est que je me suis mal exprimé".
10:12 Et je crois que c'est vraiment un bon résumé de ce qu'il a dit mercredi. On ne le voit pas très bien.
10:19 Mais on sait qu'il va baisser les taux un jour. Je ne vois vraiment pas du tout d'urgence, au vu des dernières données que nous avons eues, à baisser les taux.
10:32 Même si aujourd'hui, effectivement, pour plus ou moins la première fois, on a eu un chiffre qui n'est pas forcément significatif d'un marché de l'emploi un peu moins dynamique que ce qu'il était jusqu'à présent.
10:42 Même si on a un taux de chômage qui est effectivement monté de 3,9% à 4,1%, on a toujours une inflation salariale, une augmentation des salaires.
10:51 Il y a aussi, même si aujourd'hui le chiffre est un peu plus faible qu'attendu, et quand même proche de 4%, les derniers chiffres de l'inflation guident plutôt entre 4,5% et 5% d'inflation sur l'ensemble de l'année.
11:04 On est donc très très très loin de l'objectif qui, rappelons-le, de 2%.
11:09 Donc ça n'est pas parce que nous sommes dans une phase de ralentissement de l'inflation que nous sommes sur le point d'atteindre l'objectif de la Fed.
11:17 On en est, à vrai dire, assez loin.
11:20 Alors en fait, je pense que ce qui a poussé les marchés à imaginer que ces baisses de taux interviendraient très rapidement, c'est effectivement l'échéance des élections américaines qui arrive en novembre.
11:32 Et on se dit que c'est difficile pour la Fed d'intervenir juste au moment des élections.
11:37 Mais c'est vraiment juste au moment. Après, une non-intervention, c'est aussi un acte de gestion de ne pas intervenir.
11:44 Donc dans quelle mesure et qui il avantage ou elle désavantagerait spécialement en agissant sur les taux au moment des élections, ce n'est pas très clair.
11:54 Ça donnerait peut-être du grain à moudre au candidat en disant "je suis victime de la Fed".
11:59 Effectivement, ça donnerait un prétexte. Mais fondamentalement, ce n'est pas la baisse des taux de la Fed 15 jours avant qui va changer le résultat des élections américaines.
12:07 Donc je pense que c'est un peu une fausse échéance.
12:10 Et pour moi, il n'y a vraiment aucune perspective de baisse de taux à court terme qui serait justifiable par les données que nous avons.
12:19 Encore une fois, on a une économie américaine qui se porte très très très bien sur tous les plans.
12:23 Là, il y a un tout petit signe de ralentissement s'il venait à se confirmer dans les mois qui viennent. Pourquoi pas ?
12:30 Mais je ne vois vraiment pas l'urgence. Et si jamais l'inflation se stabilisait autour de ces 5% et que la Fed soit rentrée dans un cycle de baisse des taux,
12:40 comment elle remonterait les taux immédiatement après les avoir baissés ?
12:44 C'est déjà arrivé par le passé, mais ce ne serait pas un très bon signal envoyé au marché.
12:51 Nicolas, votre avis sur le calendrier de la Fed ?
12:55 Si on regarde le calendrier, la prochaine réunion importante, c'est le 12 juin. La prochaine, c'est le 31 juillet.
13:01 Donc d'ici le 12 juin, on aura seulement une publication d'emplois supplémentaires.
13:06 On aura deux rapports d'inflation qui vont être publiés d'ici là.
13:09 Or, ce qu'il a dit mercredi soir, c'est justement d'indiquer qu'on a eu trois mois consécutifs d'une inflation qui était plus forte que ce qu'on anticipait précédemment.
13:18 Il va lui falloir au moins trois lectures d'inflation, c'est-à-dire trois chiffres d'inflation dans le sens inverse,
13:24 pour lui permettre d'avoir éventuellement une ouverture pour pouvoir baisser les taux.
13:28 On peut déjà exclure le mois de juin, ce qui était anticipé précédemment.
13:32 Et quand on regarde ce qui était anticipé notamment au mois de mars par la médiane des gouverneurs,
13:38 on avait une anticipation de trois baisses de taux qui étaient anticipées à ce moment-là.
13:42 Mais cette médiane-là était obtenue justement par une seule voix d'un seul gouverneur.
13:46 Donc on peut très facilement imaginer qu'il ne faudra qu'un gouverneur pour modifier ce type de trois à deux baisses de taux,
13:53 ce qui sera probablement le cas lors de la publication du SEP au mois de juin,
13:58 avec tout de même une possibilité pour le mois de juillet qui serait ouverte si jamais les trois lectures d'inflation qui seront publiées d'ici là sont vraiment dans le rang
14:06 et viendraient infirmer ce qui s'est passé au début d'année.
14:09 Et quand on regarde ce qu'a dit Powell aussi bien au mois de mars que lors de cette réunion-là,
14:16 ce qui est intéressant c'est qu'il avait dit qu'il n'avait pas surréagi lors de la très forte baisse qu'on avait eue à la fin,
14:21 lors du dernier trimestre 2023, parce qu'il considérait qu'il y avait des effets statistiques dans ces chiffres-là.
14:27 On a vu notamment sur les biens, tout ce qui était relatif à l'électronique,
14:31 qui avait connu une baisse tout à fait historique pendant cette période-là.
14:34 Or au premier trimestre, on a une inversion de cette tendance-là.
14:37 Et donc en fait, ils n'ont pas surréagi à la fin de l'année, ils n'ont pas surréagi non plus en ce début d'année avec la hausse de l'inflation.
14:43 Et donc ce qu'ils veulent voir, c'est éventuellement un retour à la tendance qu'ils avaient précédemment,
14:47 justement à ce retour de cette tendance de désinflation.
14:49 Par contre, si on arrive sur ce chemin-là, je pense qu'il y a une réelle volonté de la Fed de pouvoir intervenir
14:55 avant qu'il ne se passe quoi que ce soit sur le niveau de l'emploi.
14:58 S'ils peuvent agir en faisant baisser leur taux uniquement sur le rythme d'une baisse de l'inflation,
15:06 donc en suivant bêtement la baisse de l'inflation, en suivant d'ailleurs les règles de Taylor,
15:11 montrées aujourd'hui quasiment au niveau actuel de la Fed,
15:14 on pourrait avoir justement un signal donné par la Banque Centrale Américaine qui permettrait de dire
15:19 "on n'a pas besoin justement d'avoir une situation qui commence à être mauvaise pour pouvoir réagir,
15:23 on est capable d'agir avant", ce qui serait également, je pense, une préparation du terrain de ce qui se passe
15:28 au deuxième semestre de cette année, c'est-à-dire la mise en place de la revue de stratégie politique monétaire
15:33 dont le résultat sera donné l'année prochaine, donc mi-2025,
15:38 et de donner vraiment un aspect un peu plus pro-croissance,
15:41 enfin encore plus pro-croissance que la Fed ne l'est déjà à l'intervention future.
15:47 Mais je pense qu'il y a vraiment une réelle volonté de leur part,
15:49 déjà une croyance je pense assez forte que la désinflation n'a pas été mise en danger
15:54 par ce qui s'est passé lors du premier trimestre,
15:56 ensuite on est capable de ralentir parce que les chiffres du PIB,
15:59 même s'ils étaient 1,6%, en fait quand on regarde sous le capot,
16:03 on voit que les chiffres étaient très bons au premier trimestre,
16:06 le rythme de création d'emplois est également très bon pour le moment,
16:09 donc il n'y a pas de problème de ce côté-là,
16:10 mais s'ils ont la possibilité de baisser les taux avant même qu'on ait des dégâts qui soient causés par la politique monétaire,
16:16 ce serait vraiment parfait de leur côté.
16:18 Le seul point c'est que jusqu'à présent, la politique monétaire n'a causé quasiment aucun dégât,
16:22 c'est un peu ça la difficulté,
16:23 parce que, enfin, sauf effectivement pour les petites entreprises qui ont beaucoup de difficultés à se financer,
16:28 et même sur le marché immobilier, je ne parle pas de l'immobilier commercial,
16:33 pour le moment, les dégâts sont relativement contenus.
16:36 On a eu effectivement une politique budgétaire, complètement effectivement, on va dire hors de contrôle si je puis dire,
16:41 quand on regarde effectivement certaines métriques,
16:43 le déficit budgétaire américain, il est encore effectivement extrêmement fort,
16:46 il sera extrêmement fort cette année,
16:47 et rien n'exclu que quand on regarde un peu la politique promise par les deux candidats,
16:52 on reste un peu dans cette thématique, effectivement, de l'expansion budgétaire.
16:58 En tout cas, Donald Trump ne parle pas effectivement de réduire le déficit,
17:02 il parle de réduire les dépenses, mais effectivement de ne pas réduire le déficit,
17:05 donc lui c'est une politique fiscale,
17:07 et Joe Biden, lui, je n'ai pas l'impression qu'il ait effectivement intégré une thématique de réduction du déficit.
17:11 Donc ça va être encore plus compliqué pour la Fed, finalement,
17:13 de devoir envisager une réduction des taux d'intérêt,
17:16 en sachant même que finalement c'est cette politique budgétaire qui est un des moteurs de croissance, finalement.
17:21 - C'est ça que je trouve très intéressant, c'est que quand vous décomposez le PIB,
17:25 et que vous sortez les éléments sur lesquels la Fed ne peut pas grand-chose,
17:28 en gros les dépenses du gouvernement, et notamment tout ce qui est équipement en structure,
17:32 qui est le reflet des subventions qui sont données au marché américain,
17:36 pour la politique industrielle américaine,
17:38 et en fait on voit que c'est ça qui tire le PIB à la hausse,
17:40 alors que le reste de l'économie est revenu à une situation normale.
17:43 Et donc, puisque sur le plan de l'activité qui dépend vraiment de la Fed,
17:46 on a déjà un retour à la normale,
17:48 pourquoi essayer de faire baisser ce niveau d'activité à un niveau qui serait inférieur,
17:52 pour compenser une politique industrielle aux Etats-Unis,
17:55 dont le but final, comme le nom l'indique, IRA, par exemple,
18:00 est de lutter structurellement contre l'inflation.
18:02 Donc il y a une espèce de paradoxe, c'est que la Fed viendrait lutter,
18:05 enfin compenser une situation qui serait un excès de PIB,
18:09 dont l'objectif lui-même est de faire baisser l'inflation structurellement à l'avenir.
18:12 Et donc là, il y a vraiment une question quasiment philosophique pour la Fed,
18:16 qu'est-ce qu'on fait dans cette situation-là ?
18:18 Et quand on regarde les composantes qui sont vraiment très sensibles à la politique de la Fed,
18:22 donc tout ce qui est investissement résidentiel, les biens durables, la consommation de biens durables,
18:25 tout ce qui se fait à crédit, là on voit que ce qui s'est passé lors de l'année 2023
18:28 était quand même assez sévère, et en fait, oui, l'activité américaine a bien réagi,
18:33 enfin a réagi comme on l'attendait, l'activité américaine.
18:36 Est-ce qu'il est vraiment utile d'aller beaucoup plus loin
18:39 et d'affaiblir ce niveau d'activité-là,
18:41 pour compenser quelque chose qui est vraiment décidé, d'une part par les électeurs,
18:45 et par le gouvernement en place ?
18:46 Vous parlez d'anomalie, mais il y en a quand même une énorme aussi sur le PIB américain en premier trimestre,
18:51 c'est justement cet investissement résidentiel,
18:53 qui est reparti, mais de manière pas non plus, entre guillemets, juste,
18:58 et pas un petit rebond, c'est quand même un rebond tout à fait substantiel,
19:01 qui est d'ailleurs un peu curieux, qui interpelle,
19:03 on aura sans doute une deuxième estimation qui va revoir ce chiffre,
19:06 ça j'en suis quasiment convaincu, mais là encore, ça interroge finalement sur
19:10 même la sensibilité de l'économie américaine face à cette politique monétaire,
19:14 qui ont, en fait la crainte finalement, je pense, c'est de ne plus avoir la main mise,
19:18 de ne plus avoir le contrôle sur le cycle américain,
19:20 alors même que l'une des missions d'une banque centrale, c'est de lisser le cycle,
19:23 alors là le cycle manifestement, il a l'air d'avoir emprunté une espèce de tendance,
19:27 légèrement haussière, au-dessus du potentiel,
19:29 ce qui bien évidemment ne manquera pas de générer des tensions inflationnistes,
19:32 bon, ça c'est en théorie bien sûr.
19:33 Et sur l'ensemble de l'année, en fait, tout ce qui est vraiment très sensible à la politique monétaire
19:37 est quasiment passé d'un rythme de 8% en nominal en 2022,
19:41 à quasiment 0% en 2023, si on lit sur tout l'ensemble de l'année.
19:44 Donc on voit quand même qu'il y a un effet qui est relativement substantiel.
19:47 Et oui, effectivement, les chiffres du PIB américain,
19:49 il y a plein de distorsions qui sont intervenues lors du premier trimestre.
19:52 Quand on regarde vraiment dans le détail du détail,
19:54 en fait, on voit d'ailleurs notamment les commandes en équipement d'investissement,
19:57 si vous regardez justement la composante avion, en gros Boeing,
20:00 en fait, ça pèse 0,3 points de PIB sur le premier trimestre,
20:04 ce qui est absolument gigantesque.
20:05 Et si vous sortez les importations américaines, en fait,
20:08 qui n'est pas forcément un mauvais signe, mais la demande domestique privée,
20:11 c'est-à-dire vraiment les dépenses des ménages et des entreprises en investissement,
20:16 on arrive à un taux de croissance qui est de 3,1%,
20:18 donc qui est tout à fait enviable, notamment pour la zone euro.
20:23 Alors, on va peut-être se pencher sur l'Europe maintenant.
20:26 Alors, l'inflation en Europe, elle, évidemment, elle reflue.
20:29 On est quand même à 2,4%, une stabilisation conforme aux prévisions.
20:33 Donc, bon, la porte est grande ouverte pour une baisse en juin.
20:36 Est-ce qu'il y aura vraiment une baisse en juin ?
20:38 Est-ce qu'on va avoir un découplage monétaire entre US et Europe ?
20:42 Est-ce que, finalement, c'est vraiment nécessaire de baisser,
20:45 étant donné que, même avec une politique restrictive,
20:48 l'économie en BNL se porte plutôt bien ?
20:50 Régis, vous en pensez quoi ?
20:51 Alors, la baisse en juin, elle est quasiment certaine,
20:54 ne serait-ce que pour une question de crédibilité,
20:56 puisque la Banque centrale européenne s'est exprimée,
21:00 non seulement par la voix de sa présidente,
21:03 mais par la voix d'autres banquiers centraux locaux,
21:08 notamment en France, Villeroy-de-Gallo, etc.
21:10 Ils se sont déjà, plus ou moins, engagés sur cette baisse des taux.
21:13 Donc, ce serait vraiment assez curieux de ne pas la faire.
21:18 Est-ce qu'elle est absolument nécessaire ?
21:20 Même si, effectivement, on a un petit redressement des PMI en Allemagne,
21:24 qui est peut-être lié à un petit redressement en Chine,
21:29 la croissance de la zone euro reste quand même plus ou moins anémique
21:37 par rapport aux États-Unis.
21:39 Donc, de toute façon, la dynamique de la zone euro
21:43 justifie moins, structurellement, des taux très élevés en zone euro.
21:49 Par ailleurs, en revanche, la Banque centrale européenne
21:53 ne peut pas se départir complètement de la politique de la Fed,
21:57 parce que vous auriez un effet devise induit sur la hausse du dollar,
22:03 qui créerait non seulement des problèmes de compétitivité aux États-Unis,
22:07 mais de l'inflation importée, de la baisse de pouvoir d'achat,
22:10 et finalement, un ralentissement économique induit en Europe,
22:14 qui serait l'effet opposé de celui qui est cherché par la baisse des taux.
22:18 Donc, même s'il y a baisse des taux en juin,
22:20 de toute façon, si la Fed, après, ne rentre pas elle-même
22:23 dans un cycle baisse des taux, cette baisse en Europe sera limitée,
22:29 et peut-être s'arrêtera dès la première baisse.
22:33 Ce n'est pas inimaginable.
22:35 Elle attendra que la Fed bouge ensuite.
22:37 Elle suivra la Fed par la suite.
22:39 De toute façon, logiquement, les deux composantes inflationnistes
22:44 des États-Unis et de la zone euro ne peuvent pas se découpler
22:48 de manière diamétralement opposée.
22:51 Il y a un point qui les départage, quand même.
22:54 C'est que côté États-Unis, il y a une dépendance énergétique
22:57 que nous n'avons pas, donc ça, effectivement, ça pèse.
23:00 On a le retour aussi, on a un peu tendance à l'oublier,
23:03 mais des effets de base positifs, l'énergie.
23:05 Donc, pas de chance, ça reviendra effectivement
23:07 à la fin du premier trimestre, début du deuxième trimestre.
23:10 Donc ça, ça va un petit peu ennuyer un peu la BCE,
23:12 mais ça, limite, ce n'est pas trop grave,
23:14 puisque comme Régis l'a souligné, effectivement,
23:16 la première baisse de taux, finalement, de la BCE a été,
23:19 on va dire, téléphonée, donc là, il n'y a pas de doute.
23:22 La question qui reste en suspense, c'est le cycle, en fait, européen.
23:26 On a eu le premier chiffre de croissance,
23:28 première estimation, 0,3, bien au-delà des attentes, finalement.
23:31 Donc, la croissance est certes faiblarde,
23:34 mais pas aussi, il ne faut pas l'enterrer tout de suite.
23:36 Et globalement, il y a quand même pas mal d'indicateurs,
23:38 en fait, quand on regarde notamment en Allemagne,
23:40 qui était, entre guillemets, le canard boiteux
23:42 de la croissance européenne l'an dernier,
23:44 l'Allemagne commence effectivement à montrer
23:46 un peu plus de signes de vigueur.
23:47 - Bien sûr, oui. - Ça s'améliore.
23:49 On aurait pu descendre plus bas,
23:51 mais finalement, on aurait pu seulement se contenter
23:53 d'une stabilisation, mais d'un moment donné,
23:56 finalement, c'est en train de s'améliorer.
23:58 Et pas seulement en Allemagne, finalement, il y a aussi en France
24:00 où la situation n'est pas non plus exceptionnelle,
24:02 mais là aussi, certains indicateurs montrent
24:04 que ce n'est pas si non plus mauvais.
24:06 Et puis, on a toujours l'Espagne, qui finalement,
24:08 bon en malin, s'en tire plutôt pas trop mal.
24:10 Et puis l'Italie qui continue son rattrapage.
24:12 Donc, quand vous mettez les quatre pays coeurs de la zone euro
24:14 et qu'on met tout ça, finalement, bout à bout,
24:16 on se dit, bon, alors le cycle européen,
24:18 il est en train, finalement, de se stabiliser.
24:20 Dans le meilleur des cas, il est en train de s'améliorer.
24:22 Et à un moment donné, sur un malentendu,
24:24 ça pourrait même rebooster un peu, finalement,
24:27 la dimension, la dynamique du marché du travail,
24:29 qui elle-même reste extrêmement compliquée,
24:30 parce qu'encore une fois, on a les mêmes problèmes.
24:32 Un décalage entre l'offre et la demande de travail
24:34 qui fait qu'on a des pressions salariales.
24:36 Encore une fois, cette étude publiée par la BCE
24:40 montrant qu'effectivement, les tensions salariales
24:42 attendues d'ici la fin de l'année sont assez significatives
24:44 en France comme en Allemagne.
24:46 Et donc, in fine, on se dit, une hausse de taux en juin, oui,
24:49 et puis, finalement, attendons.
24:50 Et c'est ce qu'a dit Madame Schnabel, finalement,
24:52 indiquant que, OK, très bien, on va faire
24:54 notre première hausse de... baisse de taux, pardon, excusez-moi,
24:56 en juin, mais, attention, on va attendre,
25:00 et on va voir, et on va mesurer, effectivement,
25:02 le timing nécessaire pour que, finalement,
25:04 nous puissions intervenir une seconde fois.
25:06 Trois baisses de taux, c'est possible,
25:08 deux baisses de taux, c'est aussi envisageable,
25:10 à condition qu'effectivement, on ait quelque chose
25:13 qui vienne de la Fed.
25:15 Puisque, finalement, la dimension change,
25:17 c'est jamais dit de manière explicite,
25:19 mais de Guindos l'a indiqué, là aussi,
25:21 il ne faut pas non plus négliger la dimension euro,
25:23 la dimension change, qui, bien évidemment,
25:25 peut contribuer, de manière un peu marginale, certes,
25:28 mais contribuera, si jamais ce dernier se déprécie
25:31 de manière beaucoup trop substantielle,
25:33 à une réimportation, finalement, de l'inflation.
25:35 Chose dont tout pourrait bien se passer, effectivement, en Europe.
25:37 - Oui. Nicolas, votre position sur la baisse de taux de la BCE ?
25:41 - Oui, pour le mois de juin, effectivement,
25:43 c'est plus ou moins acquis.
25:45 Ce qui est aussi intéressant, c'est de voir qu'on avait
25:47 quand même une opposition qui a commencé à se former
25:49 au cours des derniers mois, notamment,
25:51 ce que vous avez dit sur François Le Vieux de Vretgalo,
25:53 effectivement, qui, à partir du mois de décembre dernier,
25:55 a commencé à défendre une position qui était
25:57 assez opposée, notamment, à son ami Joachim Nagel
25:59 de la Bundesbank.
26:01 Et de voir que les lignes ont quand même un peu bougé.
26:03 Je pense que, on va dire, la majorité,
26:06 on va dire, hauque, de la BCE, garde tout de même la main.
26:09 Ils ont accepté d'avoir cette baisse au mois de juin.
26:11 On voit que, notamment, il y a
26:13 quelques, notamment Robert Holtzmann,
26:15 de l'Autrichien, qui a commencé à dire
26:17 qu'il ne voulait pas un séquençage de baisse d'inflation,
26:19 et notamment une deuxième baisse au mois de juillet.
26:21 Je pense qu'il va quand même y avoir
26:23 une confrontation entre les différents gouverneurs.
26:25 Parce que, quand on regarde, en fait, la zone euro,
26:27 oui, le chiffre, effectivement, du PIB
26:29 n'était pas mauvais pour le premier trimestre,
26:31 c'était même plutôt bon.
26:33 Quand on regarde les grands pays, l'Allemagne,
26:35 en dehors de la France, en fait,
26:37 l'Espagne, l'Italie et l'Allemagne,
26:39 en fait, on voit que ça vient surtout
26:41 de la balance externe et que, par contre, la demande intérieure,
26:43 dont dépend vraiment,
26:45 enfin, sur laquelle
26:47 la politique monétaire a le plus grand effet,
26:49 on voit que ça reste quand même très faiblard.
26:51 Et quand on regarde la demande domestique américaine
26:53 par rapport à la demande domestique européenne depuis la période Covid,
26:55 on a un écart de quasiment 10 points
26:57 entre les deux. Donc, si
26:59 la BCE voudrait avoir un petit peu de croissance,
27:01 ce qu'on n'a toujours pas eu depuis 18 mois
27:03 en zone euro, c'est-à-dire depuis la hausse de taux,
27:05 il faut commencer à baisser les taux. Et justement,
27:07 si on avait le début d'une reprise qui commençait à s'amorcer,
27:09 de pouvoir accompagner cette reprise
27:11 par une baisse de taux pour pouvoir enfin essayer de rattraper
27:13 un petit peu le retard colossal qu'on a accumulé
27:15 avec les États-Unis, ça me semblerait
27:17 quand même de bonne...
27:19 de bonne politique.
27:21 D'autant plus que
27:23 quand on regarde les fondamentaux aujourd'hui
27:25 de l'économie européenne, si vous prenez
27:27 les chiffres d'inflation aujourd'hui pour pouvoir justifier
27:29 des taux à 4%,
27:31 dans une règle de Taylor, il vous faudrait
27:33 considérer que l'économie européenne
27:35 aujourd'hui était supérieure à son niveau potentiel,
27:37 ce qui me semble absolument absurde.
27:39 Donc dans ces conditions-là, il me semble
27:41 effectivement urgent de leur part de baisser les taux.
27:43 Je pense qu'ils auraient même déjà dû le faire précédemment.
27:45 Et de pouvoir continuer
27:47 à amorcer ce virage-là
27:49 pour pouvoir justement accompagner une reprise européenne
27:51 qu'elle soit un peu plus vigoureuse que ce qu'on avait
27:53 connu
27:55 aussi bien sur les derniers trimestres que
27:57 lors de la décennie précédente.
27:59 - Alors, est-ce que ça va être le bon moment, justement,
28:01 de se mettre pour commencer à investir en Europe ?
28:03 Alors, si on a une baisse de taux en juin,
28:05 est-ce que ça peut pousser quand même le marché
28:07 action européen, le faire se relever un peu ?
28:09 Est-ce qu'il y a des perspectives,
28:11 est-ce qu'il y a des valorisations attractives
28:13 quand même un peu plus qu'aux USA ?
28:15 - Alors d'abord, se relever un peu, vous êtes un peu
28:17 dur, parce que le marché européen, il est quand même pas très loin
28:19 de ses plus historiques.
28:21 Donc la performance
28:23 n'est pas si
28:25 épouvantable que ça,
28:27 bien au contraire, elle a même été
28:29 agréablement surprenante
28:31 depuis le
28:33 premier mai.
28:35 Mais effectivement, il y a
28:37 toujours une
28:39 décote
28:41 significative du marché européen
28:43 par rapport aux actions américaines.
28:45 Cette décote, elle est quand même
28:47 historique, elle n'est pas non plus
28:49 absolue, parce que secteur
28:51 par secteur, la décote n'est pas si importante que ça.
28:53 Il se trouve que la pondération
28:55 des actions américaines,
28:57 de la technologie
28:59 aux USA, des valeurs qui sont
29:01 à la mode, on va dire, aux USA,
29:03 est beaucoup plus importante que celle de l'Europe.
29:05 L'Europe n'a pas créé de géants numériques
29:07 ou très peu, et donc
29:09 le marché a effectivement
29:11 eu une performance qui est moindre à cause de cela,
29:13 mais à cause de sa composition. Pas tant
29:15 que cela, à cause de la comparaison
29:17 des deux. Après, il y a un autre secteur qui est
29:19 beaucoup plus décoté en Europe qu'aux USA,
29:21 c'est celui des banques, évidemment,
29:23 mais ça c'est lié à la réglementation
29:25 européenne qui a été
29:27 extrêmement lourde après la crise
29:29 de 2011, notamment, la crise
29:31 de la zone euro. Il y a eu vraiment
29:33 une réglementation européenne qui a énormément
29:35 pesé sur le secteur, qui a
29:37 alourdi le secteur. On est arrivé au bout
29:39 de ce cycle-là
29:41 de nouvelles réglementations,
29:43 mais très clairement, le secteur des banques
29:45 européennes aura beaucoup
29:47 de mal à rejoindre
29:49 la valorisation des banques américaines,
29:51 dans laquelle il y a une dynamique qui est
29:53 beaucoup plus forte. Tout cela étant posé,
29:55 oui, il y a encore
29:57 des opportunités
29:59 en Europe, sans doute plus
30:01 qu'aux USA. On a eu une concentration
30:03 des indices ces
30:05 deux dernières années qui
30:07 s'étaient interrompues en 2022.
30:09 Il y avait une
30:11 normalisation des marchés en 2022,
30:13 après la bulle
30:15 de 2020-2021, post-Covid,
30:17 il y avait une normalisation. Et puis,
30:19 curieusement, alors que les taux restaient
30:21 élevés, le marché s'étant mis à
30:23 anticiper de nouvelles baisses des
30:25 taux, on a eu à nouveau une poussée
30:27 sur la partie
30:29 la plus chère de la cote
30:31 et les valeurs de croissance,
30:33 qui en tant que telles
30:35 n'ont rien de
30:37 détestable, mais se trouvent être dans des
30:39 niveaux de valorisation qui sont excessifs
30:41 en relatif par rapport au reste
30:43 du marché. Donc, globalement, le marché dans
30:45 son ensemble a encore beaucoup d'attraits,
30:47 localement, secteur
30:49 par secteur, entreprise par entreprise,
30:51 en particulier parmi
30:53 la partie la plus basse de la
30:55 capitalisation de la cote.
30:57 Et
30:59 effectivement, cette dynamique
31:01 de baisse des taux peut être l'occasion
31:03 pour les investisseurs étrangers,
31:05 qui sont ceux qui font la tendance,
31:07 de s'y intéresser,
31:09 avec un petit
31:11 warning tout de même, c'est effectivement
31:13 si la devise européenne,
31:15 si l'euro s'affaiblit trop
31:17 pour l'investisseur en dollars,
31:19 même s'il a une hausse des cours de bourse,
31:21 il n'a pas un retour qui est extraordinaire.
31:23 Donc, il y a une limite, si vous voulez, à attirer
31:25 les capitaux de cette manière-là.
31:27 D'accord. Mam'Bou ?
31:29 Il y a un point, je pense,
31:31 que les investisseurs ont été un peu,
31:33 comment dire, ils ont eu cet essai de fatigue,
31:35 finalement, je pense, du thème
31:37 de croissance, parce que finalement, tout le monde a joué
31:39 à la croissance, un peu, à fond de caisse,
31:41 si je puis dire, et
31:43 donc, maintenant, on se dit, bon, ok, on a
31:45 effectivement, si on regarde un peu la valorisation,
31:47 même si c'est une métrique que je n'aime pas beaucoup, parce qu'à la grèche,
31:49 j'ai des choux et des patates,
31:51 et donc, au fond, fondamentalement,
31:53 quand on a finalement épuisé un peu
31:55 cette thématique, vers quoi on se retourne ?
31:57 Sur une thématique un peu value. Il y a de la place
31:59 pour la value, alors ? Oui, quand vous regardez
32:01 la performance des bancaires, quand vous regardez la performance
32:03 du secteur de l'énergie, etc.,
32:05 toute la value, effectivement,
32:07 les grands secteurs value,
32:09 ont quand même bien tiré leur épingle
32:11 du jeu. Et donc, du coup, nous, ce qu'on a
32:13 décidé de faire, c'est se dire,
32:15 on va peut-être un peu se mettre
32:17 un peu à côté, finalement, de cette thématique croissance,
32:19 puisque on a quelques hésitations
32:21 sur la croissance, effectivement, américaine.
32:23 On se dit, bon, ça va continuer, mais avec quelle amplitude ?
32:25 Quel rythme ? On a quelques hésitations sur la croissance
32:27 européenne, on vient d'en discuter. Est-ce que ça va continuer
32:29 et avec quel rythme ? Donc, on se dit, bah, jouons
32:31 effectivement d'autres thématiques,
32:33 notamment sur la partie value, où il y a encore un peu plus
32:35 de choses, un peu plus d'espace,
32:37 et puis, on va essayer de tirer parti
32:39 de ce retard. Alors, c'est vrai que
32:41 les indices européens ont quand même bien
32:43 tiré leur épingle du jeu, par ailleurs, notamment par rapport
32:45 aux indices américains. Mais donc, je pense
32:47 qu'il y a encore assez d'espace pour
32:49 jouer la carte européenne.
32:51 Et nous, c'est ce qu'on a fait dans nos portefeuilles,
32:53 on a remis tout simplement, on a été surpondérés
32:55 sur les Etats-Unis, logiquement,
32:57 thématique croissance. On a acheté cette thématique-là
32:59 depuis le début de l'année.
33:01 Ça nous a réussi, un peu moins en avril,
33:03 bien évidemment, mais on a décidé de
33:05 réduire cette surpondération
33:07 au profit, effectivement, de l'Europe.
33:09 Et un autre marché, finalement,
33:11 qui reflète, finalement,
33:13 le fait que la value marche plutôt bien,
33:15 même si c'est encore une autre histoire,
33:17 c'est le marché japonais. On voit qu'effectivement, là encore,
33:19 la thématique value revient,
33:21 elle aussi, et elle porte
33:23 une partie, effectivement, de la cote.
33:25 Donc, au fond, jouer la rotation,
33:27 fondamentalement, c'est ce qu'on est en train de faire.
33:29 Et on se dit, là, il faut être tactique, bien évidemment,
33:31 ce n'est pas un call stratégique, mais
33:33 on se dit que jouer l'Europe, effectivement, ça peut
33:35 tout à fait apporter de la valeur au portefeuille.
33:37 Nicolas, sur la value et l'Europe.
33:39 Sur l'Europe, je pense qu'il y a...
33:41 Ou la value et le Japon.
33:43 Non, l'Europe, c'est très bien, mais
33:45 il y a une question qui est
33:47 peut-être plus politique,
33:49 c'est, on a les élections européennes,
33:51 donc le 9 juin.
33:53 Et je pense que ce n'est pas tout à fait anodin, parce qu'en fait,
33:55 je pense qu'il y a un espèce de... enfin, l'écart
33:57 de valorisation entre le marché américain et le marché européen,
33:59 on va dire, ça fait quand même pas mal
34:01 d'années que ça dure.
34:03 Les États-Unis fonctionnent sur une stratégie de croissance qui est orientée
34:05 vraiment sur sa demande domestique.
34:07 Donc les entreprises américaines peuvent bénéficier d'un marché domestique
34:09 extrêmement fort, quasiment...
34:11 enfin, pas captif, mais quasiment captif.
34:13 Donc elles peuvent rayonner sur une base
34:15 très forte au niveau international,
34:17 ce qui les avantage largement.
34:19 Et quand on regarde les entreprises européennes,
34:21 elles ont un marché domestique qui est à tonnes
34:23 depuis 20 ans, et donc elles doivent
34:25 essayer de se débrouiller pour essayer de capter des marchés
34:27 à l'extérieur. Et donc elles ont une situation
34:29 qui est vraiment... c'est une rupture de concurrence
34:31 énorme entre ce qui se passe pour une entreprise européenne
34:33 sur son sol et par rapport à une entreprise américaine sur son sol.
34:35 Je pense que les dirigeants européens
34:37 en auront le bol d'avoir une stratégie qui soit
34:39 vraiment basée comme celle-ci.
34:41 Je pense que c'est un peu le sens du discours de Mario Draghi
34:43 depuis quelques mois...
34:45 aujourd'hui. Le sens
34:47 du discours d'Emmanuel Macron
34:49 la semaine dernière. Qu'on va voir les élections européennes.
34:51 Après les élections européennes, il y a une réunion
34:53 du Conseil... enfin, du Conseil européen.
34:55 Et je pense qu'il y aura une volonté,
34:57 à partir de ce moment-là, d'essayer au moins de changer
34:59 et de modifier la stratégie économique européenne.
35:01 Justement pour la faire basculer... - Plus une souveraineté européenne économique.
35:03 - On va dire d'essayer d'avantager
35:05 un peu plus le marché domestique européen.
35:07 Notamment avec une BCE qui soit un peu plus soule que ce qu'elle a été
35:09 depuis 20 ans. Si jamais on arrivait à cela,
35:11 après, alors, encore une fois,
35:13 enfin, Mario Draghi l'a déjà dit,
35:15 Macron le dit maintenant,
35:17 ça va être très difficile de convaincre certains dirigeants,
35:19 notamment l'Allemagne, évidemment.
35:21 Mais si on a une orientation comme ça,
35:23 on aura au moins une perspective d'avenir pour la croissance
35:25 européenne qui sera un peu plus favorable que ce qu'on a
35:27 depuis 20 ans. Et à mon avis, effectivement,
35:29 si ça commence à prendre forme, on peut avoir des perspectives
35:31 très intéressantes sur le marché européen.
35:33 - Juste un point, parce que, dans votre raisonnement,
35:35 vous avez invoqué la BCE. Alors, je pense que la BCE
35:37 n'a pas grand-chose à faire
35:39 avec la politique de souveraineté, de protection des intérêts,
35:41 ce qu'assument parfaitement, finalement,
35:43 les Américains. Et c'est à leur force, également. Parce que eux,
35:45 ils se disent clairement, nous, on va protéger
35:47 nos intérêts, protéger notre marché intérieur. Et donc,
35:49 le débat autour... Enfin, il y a Xi Jinping qui vient
35:51 effectivement rendre visite à Emmanuel Macron...
35:53 - Lundi. - Lundi, voilà, tout simplement.
35:55 Et donc, du coup, toute cette thématique-là,
35:57 comment on fait pour protéger nos industries,
35:59 comment on fait pour protéger notre marché intérieur,
36:01 finalement, et bien, les Américains assument pleinement
36:03 d'aller attaquer frontalement la Chine.
36:05 Ils en ont les moyens, effectivement. Mais l'Europe, je pense,
36:07 n'a pas à rougir, finalement, si elle se réunit,
36:09 à aller directement
36:11 parler à la Chine pour dire
36:13 "ça ne va pas se passer comme, effectivement,
36:15 vous voulez se compter". Et donc, nous aussi,
36:17 on est capables, effectivement, de protéger notre marché.
36:19 Et c'est là, véritablement, la différence. - Ça susciterait
36:21 que l'Europe exporte beaucoup en Chine, quand même,
36:23 et en particulier la France.
36:25 - Non, mais les États-Unis sont un partenaire,
36:27 effectivement, privilégié de la Chine. Ça n'empêche pas
36:29 de leur taper dessus. Donc, à un moment donné, il faut
36:31 assumer... - Oui, mais je veux dire,
36:33 il y a une limite à... - Mais c'est un jeu
36:35 d'équilibre, c'est la théorie des jeux.
36:37 Et donc, c'est tout simplement, à mon sens...
36:39 Et là, l'ABCE, je pense, pour le coup,
36:41 ne peut rien faire. - Je pense que l'ABCE,
36:43 elle peut... Enfin, on a une rupture
36:45 de tendance entre la demande domestique
36:47 européenne et américaine depuis 20 ans, et absolument,
36:49 enfin, c'est magistral. - Mais c'est pas du ressort
36:51 de l'ABCE, ça. - Ben, c'est clairement... - Avec les taux
36:53 d'intérêt négatifs, qu'est-ce qu'on peut faire de plus, à la limite ?
36:55 Je vois pas, parce que, finalement, quand même, une politique monétaire
36:57 peut être plus souple que celle-ci. - Ah ben, je pense que
36:59 depuis 20 ans, il y a eu une succession
37:01 d'erreurs de politique monétaire causées
37:03 par l'ABCE, que ces erreurs-là
37:05 ont provoqué des ruptures de tendance assez fortes,
37:07 et, en fait, quand vous regardez
37:09 ces moments de creux, en fait, c'est ces moments de creux
37:11 là qui expliquent quasiment
37:13 l'intégralité du différencier de croissance
37:15 entre les deux zones. - En fait, de manière générale, à chaque fois
37:17 qu'on a une crise en Europe, de toutes les manières,
37:19 on arrive jamais à redémarrer
37:21 effectivement aussi vite que les Américains.
37:23 De manière structurelle. BCE ou pas BCE,
37:25 finalement, quand on regarde les stats... - Il n'y a pas de soutien, et surtout,
37:27 ce qui s'est passé, notamment l'année dernière, c'est de voir
37:29 qu'on avait une économie qui était beaucoup plus fragile
37:31 que celle des États-Unis. Malgré tout, on a
37:33 considéré qu'il fallait absolument monter les taux, comme les Américains,
37:35 alors que la situation sous-jacente n'était pas du tout la même.
37:37 Même aujourd'hui, l'ABCE reconnaît, notamment
37:39 dans ses papiers de recherche, que la cause de l'inflation
37:41 à ce moment-là était largement due
37:43 à l'énergie, que finalement c'était beaucoup du supply-side
37:45 et finalement pas de demande, alors que la composante
37:47 de demande est très importante aux États-Unis,
37:49 ce qu'on n'avait pas en Europe. Et malgré ces différences
37:51 quand même fondamentales
37:53 dans la génération de l'inflation
37:55 du côté américain et du côté européen,
37:57 l'ABCE a choisi de réagir comme les Américains,
37:59 comme si c'était la Fed, et avec un résultat
38:01 qui, à mon avis, n'est pas tout à fait... - Oui, la politique
38:03 de taux négatif était
38:05 particulièrement délétère, et était quand même
38:07 vraiment tendre dans son environnement.
38:09 - En plus, c'est la seule chose
38:11 qui ont fait de bien, entre guillemets. - Oui, ça c'est pas mon avis.
38:13 - Mais non, mais ça, celui de
38:15 Capitale, on peut refuser. - Ça a été terrible.
38:17 - Le problème finalement de la FED, c'est que
38:19 on avait l'Allemagne qui était exposée
38:21 finalement à deux grands chocs massifs, le choc
38:23 chinois et le choc énergétique. Et là-dessus,
38:25 encore une fois, on ne peut pas demander à l'ABCE
38:27 de régler tous les problèmes. Le choc chinois, finalement,
38:29 c'est un problème de stratégie industrielle de l'Allemagne,
38:31 ils ont mis, entre guillemets, tous les œufs,
38:33 tous leurs œufs industriels, si je puis dire,
38:35 dans le panier chinois, donc c'est problématique
38:37 quand l'économie ralentit de manière très forte.
38:39 Et fondamentalement, le choc énergétique,
38:41 ils ne peuvent pas le résoudre
38:43 immédiatement, ça prend
38:45 beaucoup de temps, ils sont en train de reconstituer des capacités
38:47 de diversifier leurs ressources d'approvisionnement,
38:49 mais encore une fois, ça c'est possible
38:51 avec une BCE, si je puis dire,
38:53 qui baisse cette hausse, qui favorise
38:55 l'investissement et le financement, mais il y a d'autres
38:57 canaux, et on le sait. Et fondamentalement,
38:59 encore une fois, je pense que le procès
39:01 est un peu trop facile concernant l'ABCE,
39:03 on a tendance, et on l'entend
39:05 un peu partout, c'est de la faute de l'ABCE,
39:07 bon, pas vraiment, il y a absence de volonté politique,
39:09 le problème des États-Unis, vous l'avez
39:11 parfaitement souligné, c'est que c'est une
39:13 fédération, et ça marche beaucoup
39:15 plus vite, beaucoup mieux.
39:17 Dernier exemple en date, les budgets qui ont été développés
39:19 pour l'Ukraine, ça a été fait, entre guillemets,
39:21 à une vitesse, dès l'instant où ils se sont mis
39:23 d'accord, où les parlementaires se sont
39:25 mis d'accord, les fonds ont été quasiment débloqués.
39:27 - C'était le cas sur l'OTAN, oui.
39:29 - Et ça marche très vite.
39:31 Et nous, en Europe, on n'est pas capable de faire ça.
39:33 Et donc c'est plus une réforme, finalement,
39:35 des institutions, qui nous faudrait
39:37 pour pouvoir, effectivement, faire avancer
39:39 beaucoup plus vite l'Europe, et faire bénéficier
39:41 de tous ce réservoir.
39:43 On le voit partout, l'union des marchés de capitaux,
39:45 enfin, on voit des montants colossaux, finalement,
39:47 un peu partout dans la presse, et pourtant
39:49 tout ceci reste complètement dormant,
39:51 en jachère, en quelque sorte. - Mais ce qui me choque
39:53 profondément, c'est de voir,
39:55 notamment, enfin,
39:57 quand je vois le patron de la Bundesbank, Joachim Nagel, qui est arrivé
39:59 au début de l'année 2022,
40:01 de voir les efforts qu'il a
40:03 entrepris, justement, pour mettre en place ce cycle
40:05 de hausse des taux, et de dire, je crois qu'il avait
40:07 dit ça aux Etats-Unis, en gros, la récession
40:09 fait partie de la solution.
40:11 Si un banquier central américain dit ça, je pense qu'il est
40:13 dehors demain. C'est pas acceptable
40:15 de dire ce genre de choses. La croissance est vraiment
40:17 l'orientation principale
40:19 de la Fed.
40:21 C'est pas du tout le cas en zone euro. C'est une différence de culture
40:23 qui est quand même assez importante. Et quand on voit le résultat
40:25 sur les différenciés de croissance entre les deux zones
40:27 au bout de 20 ans, enfin, 25 ans d'existence
40:29 aujourd'hui, il y a quand même de quoi se poser
40:31 un peu des questions, et
40:33 de voir sur les dynamiques.
40:35 C'est pas possible. Encore une fois, quand je pense aux entreprises
40:37 européennes, qui ne bénéficient pas
40:39 du tout du même soutien de leur demande domestique
40:41 alors que les entreprises américaines en bénéficient,
40:43 et sont en concurrence avec ces mêmes entreprises,
40:45 je pense qu'il y a véritablement un problème.
40:47 - On va
40:49 passer sur les small limit cap.
40:51 Est-ce que,
40:53 est-ce que ça pourrait être leur année,
40:55 enfin, en 2024 ?
40:57 Est-ce que si les baisses de taux se profilent,
40:59 effectivement, est-ce qu'on va
41:01 enfin pouvoir élargir ses choix
41:03 d'investissement et
41:05 se tourner vers des plus petites capitalisations ?
41:07 Alors, en avril, le cap small
41:09 a survécu parmi le cap large, ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps.
41:11 Est-ce que la tendance peut
41:13 se poursuivre, étant donné les baisses de taux
41:15 qui pourraient arriver ? - Je ne sais pas si c'est un
41:17 rapport véritablement avec
41:19 les baisses de taux. Je pense
41:21 que les petites capitalisations
41:23 sont aujourd'hui dans
41:25 un état de valorisation
41:27 qui est le plus faible par rapport
41:29 aux grandes capitalisations des...
41:31 Le plus faible des
41:33 15-18 dernières années.
41:35 Puisqu'il n'y a
41:37 plus de primes aujourd'hui sur les petites capitalisations
41:39 par rapport aux grandes capitalisations, alors
41:41 qu'il y en a toujours eu, parce que
41:43 elles étaient supposées, ces petites capitalisations,
41:45 croître de manière plus dynamique que les grandes.
41:47 Peut-être aussi que cette
41:49 croyance n'était
41:51 pas finalement fondée, puisqu'on
41:53 s'est aperçu que des très
41:55 grandes entreprises, alors
41:57 aux Etats-Unis, effectivement,
41:59 les 7 Magnifiques qu'on connaît bien,
42:01 mais en Europe aussi, des très grandes
42:03 entreprises comme Novo Nordisk,
42:05 dans le diabète et l'obésité,
42:07 ou encore ASML dans les
42:09 semi-conducteurs, où finalement des niveaux de croissance
42:11 et de rentabilité, de croissance
42:13 rentable, donc de croissance qui
42:15 continuait de générer beaucoup de rentabilité,
42:17 sur une base
42:19 elle-même très élevée. Donc finalement,
42:21 l'idée même que
42:23 le fait de partir de bas
42:25 permettait de croître plus,
42:27 est peut-être une idée qui était structurellement
42:29 fausse, ou en tout cas
42:31 qui n'est pas constante dans le temps.
42:33 Donc peut-être qu'il y a
42:35 cette idée qui s'est finalement répandue
42:37 dans le marché. Il y a eu aussi
42:39 le phénomène de la
42:41 gestion passive, qui a effectivement
42:43 été plus porté sur les
42:45 grandes capitalisations que sur les petites,
42:47 que sur les petites. Et puis,
42:49 il y a eu un autre phénomène, sans doute
42:51 une tendance un peu de fond, qui est
42:53 l'avènement, ou en tout cas
42:55 l'amplification de l'ESG
42:57 et de l'ISR, qui
42:59 a pénalisé les entreprises
43:01 qui étaient moins à même de
43:03 répondre à tous les questionnaires,
43:05 d'être moins dans les
43:07 listes, etc. Et donc probablement, ça a
43:09 créé un peu de flux sortant.
43:11 Et ce phénomène-là
43:13 touche sans doute à sa fin,
43:15 parce que les
43:17 opinions se rééquilibrent autour de l'ESG
43:19 et de l'ISR, et puis que les petites entreprises
43:21 ont pu, à leur tour,
43:23 répondre aux questions qui leur
43:25 étaient posées. Donc très probablement,
43:27 ça, ça s'apaise, et c'est peut-être ce phénomène-là qui se termine,
43:29 qui permettrait aux petites entreprises
43:31 de retrouver
43:33 la prime historique
43:35 qu'elles avaient sur les grandes capitalisations.
43:37 Quand cette prime a été jusqu'à
43:39 70%, c'était sans doute
43:41 excessif. Et peut-être qu'une prime de 10
43:43 à 20% est possible
43:45 à retrouver si
43:47 la dynamique de résultats revient.
43:49 Et donc oui, très probablement,
43:51 il y a intérêt à s'intéresser aux
43:53 small caps actuellement.
43:55 - Très rapidement, d'un point de vue allocataire,
43:57 non, parce qu'en fait, le problème, c'est que
43:59 quand on est allocataire, on doit
44:01 rentrer sur ces marchés
44:03 qui ont des liquidités assez
44:05 restreintes, et donc du coup,
44:07 on commence, on fait
44:09 de tout petits mouvements pour pouvoir effectivement être
44:11 sur le marché, mais pour le moment, on n'a pas la conviction
44:13 que c'est le moment. Encore une fois, il y a deux éléments qui
44:15 nécessitent la croissance des...
44:17 qui sont requis, par exemple, pour la croissance des small caps,
44:19 c'est de la croissance économique, effectivement, pour voir
44:21 ces entreprises croître, et des conditions monétaires
44:23 et financières favorables. La croissance, il y en a
44:25 un tout petit peu, effectivement, en Europe, des conditions
44:27 monétaires et financières, il n'y en a pas. Et c'est
44:29 pas avec une ou deux baisses de taux que ça va changer.
44:31 Donc, à mon sens, tant que les taux américains
44:33 resteront élevés, la traction qu'ils vont exercer
44:35 sur les taux européens restera forte, et donc, ça va peser
44:37 effectivement sur les small caps. Donc, il faut attendre
44:39 que la FED décide.
44:41 - Je suis d'accord avec ça, d'autant plus que,
44:43 quand vous êtes une grande entreprise, que vous bénéficiez d'un marché,
44:45 si vous prenez Nvidia, qui est à 40%
44:47 de croissance, évidemment,
44:49 des taux à 5, c'est pas très grave.
44:51 Si vous êtes une entreprise
44:53 qui n'a pas accès au crédit, et que vous avez une croissance
44:55 sur le reste de l'économie qui est relativement faible,
44:57 vous ne pouvez pas vous en sortir, d'autant plus avec des entreprises
44:59 qui sont... les grandes entreprises qui sont
45:01 gavées de cash, qui peuvent très bien
45:03 passer à travers l'orage sans trop de problèmes,
45:05 et qui, en plus, dans ce moment-là, vont justement
45:07 vous récupérer les parts de marché des plus petites entreprises,
45:09 donc c'est pas forcément le moment. Il faut attendre
45:11 vraiment à avoir des conditions financières
45:13 qui soient au moins neutres,
45:15 pour que ça devienne vraiment, véritablement intéressant.
45:17 Mais avant... et on n'y est pas encore.
45:19 - D'accord. Donc, ce sera peut-être plutôt pour 2025.
45:21 On verra. - On attendra encore un peu.
45:23 - On attendra encore un peu.
45:25 Merci, messieurs. Merci d'avoir été les invités de
45:27 Smart Bourse, ce soir.
45:29 Merci à Mabrouk Chetouan, responsable
45:31 stratégie marché global chez Netix 6IM.
45:33 Merci à Régis Beguet,
45:35 partenaire et gérant chez Zedigame,
45:37 et Nicolas Gutzman, responsable
45:39 de la stratégie macroéconomique de la Financière
45:41 de la Cité. Merci beaucoup. - Merci à vous.
45:43 [Musique]
45:53 - Le dernier quart d'heure de Smart Bourse,
45:55 c'est le quart d'heure thématique, et chaque
45:57 premier vendredi du mois, nous avons
45:59 rendez-vous avec les équipes de Clartemps Associés
46:01 pour analyser un cas
46:03 d'investissement sous le prisme de l'analyse
46:05 fondamentale. Et ce soir, j'ai le plaisir
46:07 d'accueillir sur le plateau Nicolas I. Marinoff,
46:09 qui est
46:11 analyse financière et gérant chez Clartemps
46:13 Associés. Bonsoir Nicolas, et bienvenue.
46:15 - Bonsoir. - Alors, nous sommes
46:17 là ce soir pour parler de
46:19 Rolex. Alors, tout le monde
46:21 ne connaît pas Rolex. Alors, est-ce que d'abord
46:23 vous pouvez nous présenter la société,
46:25 quel est son secteur d'activité, sa taille, et puis peut-être
46:27 faire un petit rappel historique pour qu'on s'y tue
46:29 bien. Quelle est
46:31 la société dont vous nous parlez ce soir ?
46:33 - Oui, en effet, il s'agit de Rolex
46:35 qui est une des grandes capitalisations
46:37 en Europe.
46:39 74 milliards d'euros de
46:41 capitalisation.
46:43 La société réalise un chiffre d'affaires
46:45 supérieur à 9 milliards de livres
46:47 sterling. Et elle a
46:49 une double cotation à
46:51 Londres et Amsterdam qui provient de
46:53 son historique puisque c'est le résultat
46:55 d'une fusion qui a
46:57 eu lieu il y a 30 ans entre
46:59 une entreprise britannique,
47:01 L'International, et l'entreprise
47:03 hollandaise Elsevier
47:05 qui, elle, tire
47:07 leurs origines de la fin du 19e siècle.
47:09 Donc, aujourd'hui, c'est
47:11 le leader mondial de la
47:13 fourniture de données
47:15 dans trois grands domaines
47:17 spécifiques. - D'accord.
47:19 - Et qui sont d'ailleurs assez équitablement
47:21 répartis dans la génération
47:23 des revenus. Vous avez
47:25 l'analyse du risque
47:27 financier, la science
47:29 et le droit.
47:31 Dans l'analyse des risques financiers,
47:33 ils s'adressent notamment aux institutions financières.
47:35 - Oui. Et à la banque
47:37 d'assurance aussi, peut-être. - Oui, tout à fait.
47:39 Banque d'assurance. Et donc,
47:41 ils offrent des bases
47:43 de données qui permettent
47:45 de réduire la fraude,
47:47 de réduire
47:49 le risque de blanchiment
47:51 d'argent ou de
47:53 notation de crédit ou bien
47:55 estimation du risque
47:57 financier. Dans la science,
47:59 c'est également des bases de données
48:01 assez colossales qu'ils
48:03 offrent à disposition des institutions
48:05 académiques, notamment
48:07 dans le domaine médical.
48:09 Et dans cette division, ils sont également
48:11 éditeurs de journaux scientifiques.
48:13 Ils publient presque 3 000 journaux.
48:15 Donc, c'est le leader mondial dans
48:17 cette activité. Et finalement,
48:19 dans le droit, c'est
48:21 fournitures de données
48:23 liées
48:25 au corpus juridique. C'est
48:27 tous les textes de loi, l'augmentation,
48:29 jurisprudence
48:31 et
48:33 procès-verbo d'audience.
48:35 Il y a une quatrième activité
48:39 qui est de salon professionnel, mais qui n'est
48:41 pas cœur. - Qui n'est pas le cœur
48:43 du métier. D'accord. OK.
48:45 Et alors, qu'est-ce qui fait la valeur ajoutée de cette société
48:47 dans son marché aujourd'hui ?
48:49 - C'est une société qui a...
48:51 Déjà, elle offre
48:53 à ses clients une profondeur
48:55 hors norme de données. Rien que
48:57 si je prends, par exemple,
48:59 le domaine juridique,
49:01 leur base de données contient
49:03 presque 140 milliards de documents.
49:05 - Oui. - Dans le
49:07 médical, c'est assez
49:09 gigantesque également.
49:11 Donc, ce sont des bases qui sont difficilement
49:13 réplicables. Ensuite,
49:15 leurs plateformes sont assez
49:17 bien intégrées dans les procès
49:19 informatiques des clients. Ce qui fait
49:21 que le taux de rétention est assez élevé.
49:23 - Oui, c'est important. - Puisque...
49:25 - C'est une augmentation de la concurrence. - Oui, puisque changer de fournisseur
49:27 implique des coûts importants.
49:29 Et finalement,
49:31 en visant le leadership sur la plupart
49:33 des métiers, ils sont capables
49:35 de déployer des nouvelles
49:37 solutions assez
49:39 rapidement auprès d'un plus grand
49:41 nombre de clients. - D'accord.
49:43 Vous me parlez
49:45 aussi de
49:47 l'investissement dans l'IA de la société ?
49:49 - Oui, nous considérons
49:51 chez Clartin, aussi, que Relex
49:53 est un gagnant de l'essor
49:55 de l'intelligence artificielle,
49:57 notamment générative,
49:59 puisque c'est une entreprise qui a un
50:01 historique assez riche
50:03 de plusieurs décennies.
50:05 Ils sont à la pointe dans le traitement
50:07 des données et dans des technologies comme
50:09 non seulement l'intelligence
50:11 artificielle, mais aussi l'apprentissage
50:13 automatique, ce qu'on appelle le machine
50:15 learning,
50:17 le data, l'analyse des données.
50:19 Et nous considérons que leur
50:21 base de données propriétaires
50:23 offre aux clients
50:25 des sources
50:27 plus fiables et plus
50:29 complètes que
50:31 les solutions
50:33 généralistes, qui, elles, sont basées
50:35 uniquement sur des
50:37 documents publics.
50:39 Donc, nous considérons
50:41 que cette base de données
50:43 propriétaires est un facteur
50:45 d'avantages compétitifs considérables
50:47 et nous le voyons notamment
50:49 dans le domaine du droit,
50:51 où leur solution
50:53 dernier cri, Lexis AI,
50:55 permet à cette division d'accélérer
50:59 sa croissance organique,
51:01 notamment
51:03 aux États-Unis, où l'industrie
51:05 des
51:07 services juridiques
51:09 a des
51:11 marges de progression en termes de productivité
51:13 et leurs produits
51:15 sont capables non seulement d'extraire
51:17 les informations, mais également
51:19 de rédiger
51:21 des synthèses,
51:23 de produire des réponses,
51:25 donc une gamme de productivité assez
51:27 considérable. - Donc une véritable valeur ajoutée
51:29 avec l'IA,
51:31 à leur base de données
51:33 qu'ils avaient déjà. - Oui, tout à fait, le taux
51:35 de pénétration est encore assez faible.
51:37 - Mais le potentiel est quand même énorme.
51:39 - Oui, c'est un
51:41 service qui est encore embryonnaire,
51:43 mais l'adoption est assez rapide.
51:45 - D'accord.
51:47 Et alors, comment vous gérez ce dossier chez Clarton ?
51:49 C'est un titre que vous avez en portefeuille depuis longtemps,
51:51 c'est une position de long terme pour vous ?
51:53 - Oui, c'est une position
51:55 de long terme, nous l'avons initiée
51:57 un peu plus
51:59 d'un an.
52:01 Le dossier est aujourd'hui
52:03 une entreprise
52:05 dite, une action dite de fonds de portefeuille,
52:07
52:09 le parcours boursier
52:11 va être porté surtout par la croissance
52:13 bénéficiaire.
52:15 Chez Relex, il y a non seulement
52:17 le potentiel d'accélération
52:19 de la croissance des revenus
52:21 liés à ces nouveaux produits,
52:23 mais aussi, ils sont
52:25 sans doute capables de dégager
52:27 des gains de productivité dans leurs propres
52:29 opérations, à travers
52:31 l'automatisation de certaines tâches,
52:33 comme le développement de programmes
52:35 qui peuvent
52:37 être effectués par
52:39 des machines.
52:41 Il y a également
52:43 une possibilité d'amélioration
52:45 de la marge opérationnelle.
52:47 Nous sommes assez confiants que
52:49 cette entreprise
52:51 sera capable de croître
52:53 ses résultats de chiffre
52:55 sur une période d'au moins
52:57 7 ans.
52:59 - D'accord, c'est vraiment
53:01 une position de long terme, mais avec une croissance
53:03 assez forte. Il y a une
53:05 volatilité, au contraire, ça monte
53:07 en ligne droite. Le titre,
53:09 vous l'avez en portefeuille depuis
53:11 un an, le titre remonte depuis combien de temps à peu près ?
53:13 - Oui, il a remonté
53:15 depuis
53:17 deux ans, d'ailleurs depuis la fin
53:19 - En fait, c'est vos rêves !
53:21 - Oui, depuis l'inflexion
53:23 sur les taux d'intérêt, puisque c'est une valeur de croissance.
53:25 - Bien sûr, oui. - Et puis,
53:27 l'année dernière,
53:29 à la fin 2023,
53:31 quand les résultats montraient
53:33 que les nouveaux produits
53:35 liés à l'intelligence artificielle
53:37 trouvaient un bon accueil
53:39 auprès des clients,
53:41 la société s'est appréciée, parce que
53:43 au départ, il y avait un coup
53:45 de petite méfiance
53:47 sur la durabilité de l'avantage compétitif.
53:49 Est-ce qu'il ne va pas avoir
53:51 une bascule liée
53:53 à ces nouvelles technologies ? - Technologies, au conseil,
53:55 comme ils les ont intégrées, le titre
53:57 a grimpé énormément.
53:59 Vous disiez
54:01 que sur les estimations de croissance,
54:03 la croissance a deux chiffres pendant 7 ans.
54:05 C'est ce que vous anticipez chez les clients associés ?
54:07 - Oui. - Oui. - Oui. - Puisque la croissance
54:09 de chiffre d'affaires
54:11 va croître de 7 à 8%,
54:13 et couplée à des gains
54:15 de productivité réguliers
54:17 sur les coûts, et en plus
54:19 de levées opérationnelles
54:21 liées au volume,
54:23 peuvent soutenir
54:27 cette croissance
54:29 sous le moyen terme.
54:31 - D'accord.
54:33 Merci, Nicolas,
54:35 pour votre éclairage sur cette valeur.
54:37 Nicolas I. Marinoff, analyste financier
54:39 et gérant chez Clartemps Associé,
54:41 était l'invité du gardeur
54:43 thématique de Smartbourse ce soir.
54:45 Je vous rappelle que vous pouvez retrouver
54:47 cette édition en replay sur notre site
54:49 bsmarttv.fr.
54:51 Vous pouvez évidemment retrouver
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