• il y a 7 mois
Avec Olivier Faure, Premier secrétaire du PS et député de Seine-et-Marne

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-05-07##

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News
Transcription
00:00 Jean-Jacques Bourdin.
00:02 Bonjour, bonjour à toutes et à tous, merci d'être avec nous.
00:05 Vous voulez savoir, alors parlons vrai ce matin avec Olivier Faure,
00:08 Premier secrétaire du Parti Socialiste et député de Seine-et-Marne.
00:11 Olivier Faure, bonjour.
00:12 Bonjour à vous.
00:13 Bien, le président chinois est toujours en France, Xi Jinping,
00:18 la Chine s'engage à ne plus vendre d'armes à la Russie.
00:22 Est-ce que vous y croyez ?
00:24 Je ne sais pas s'il faut y croire, ce que je sais c'est que la Russie est aujourd'hui
00:27 l'allié principal de la Russie en Ukraine parce qu'elle est celle...
00:30 La Chine, oui, est l'allié principal de la Russie.
00:33 Oui, pardon, la Chine est l'allié principal de la Russie tout simplement parce que
00:36 la Chine permet d'écouler le gaz russe et elle est aujourd'hui en fait
00:41 celle qui l'alimente sur le plan financier.
00:43 Et donc, les armes ne transitent pas directement par la Chine,
00:47 de toute façon, elle donne les moyens à la Russie d'acheter des armes ailleurs.
00:51 Donc, de toute façon, la Chine restera un allié de la Russie.
00:55 Le soutien chinois est réel, le soutien chinois à la Russie est réel.
00:58 La visite de Xi Jinping en France, j'ai lu la tribune de Raphaël Glucksmann
01:03 dans Le Monde qui dénonce l'obséquiosité dont Emmanuel Macron ferait preuve.
01:09 Très bien, mais moi je me souviens de François Hollande recevant Xi Jinping aussi.
01:14 À Versailles, tapis rouge, même chose, exactement la même chose,
01:18 vous étiez même député à l'époque.
01:20 Alors l'obséquiosité est partagée, non ?
01:24 Non.
01:25 Pour recevoir un chef d'État, y compris avec le tapis rouge,
01:30 ça donne guère et ça a toujours été le cas.
01:34 C'est une réalité que tous les diplomates connaissent
01:37 et on peut la considérer comme faisant partie des usages et des codes.
01:41 Ce qui change avec cette visite de Xi Jinping,
01:45 c'est la volonté du chef de l'État de le traiter en ami
01:48 et de l'emmener y compris dans les Pyrénées, dans le territoire familial,
01:55 celui de l'enfance du président de la République,
01:57 en laissant penser qu'il y a une amitié qui serait là,
02:00 une amitié naissante avec un indicateur,
02:02 et laisser penser qu'il pourrait l'amadouer.
02:05 Et c'est là que Raphaël Glucksmann a entièrement raison de parler d'obséquiosité.
02:09 On est là avec un chef d'État qui n'est pas en réalité un ami,
02:13 qui ne comprend qu'une seule langue, c'est le rapport de force.
02:16 Et le problème avec le président chinois,
02:19 c'est qu'il n'est pas venu avec l'intention de nous dérouler lui un tapis rouge,
02:23 mais de venir chercher à diviser l'Europe
02:26 parce qu'il a des objectifs qui sont des objectifs très clairs
02:29 et qui ne sont pas des objectifs amicaux.
02:31 Et c'est la raison pour laquelle on doit maintenir une relation diplomatique
02:34 mais ne pas être dupe de ce qu'il se passe.
02:36 Et ce que fait Emmanuel Macron, c'est ce qu'il a déjà fait avec Vladimir Poutine.
02:40 Emmanuel Macron flatte les régimes autoritaires, vous le pensez, mais pourquoi ?
02:45 Il est fasciné par les régimes autoritaires ? Pourquoi ?
02:49 Je ne dis pas qu'il est fasciné par les régimes autoritaires,
02:51 je dis simplement qu'il a ce rapport à lui-même qui est tel
02:55 qu'il pense qu'il pourra toujours séduire, y compris les pires.
02:58 Et c'est ce qu'il avait cherché à faire avec Vladimir Poutine,
03:01 y compris bien après le début de la guerre en Ukraine,
03:04 où il pensait que la relation personnelle entretenue avec le directeur russe
03:08 lui permettrait de venir à bout de ce conflit.
03:12 La réalité, on la connaît, c'est que Poutine ne connaît effectivement lui aussi qu'un seul langage,
03:17 celui des armes, celui du rapport de force,
03:20 et c'est la raison pour laquelle nous devons leur parler un langage qu'ils comprennent,
03:24 un langage qui est celui de la fermeté, celui du rapport de force,
03:29 parce que c'est la seule façon d'être entendu et compris.
03:31 Oui, rappelez que nous condamnons ce que vous appelez, ce qui se passe au Xinjiang,
03:38 contre les Uighurs, stérilisation, avortement français, camps de travail, déportation, etc.
03:46 C'est un génocide pour vous ?
03:48 Oui, j'étais celui qui avait fait reconnaître le génocide par le Parlement français,
03:53 et je maintiens que, effectivement, toutes les conditions du génocide,
03:57 y compris le caractère intentionnel, qui est en fait ce qui distingue le massacre du génocide,
04:02 c'est le caractère intentionnel, la volonté de supprimer
04:06 toute ou partie d'un peuple, d'une population.
04:08 Et c'est exactement le cas, alors c'est un génocide qui prend une forme
04:11 qui est très différente des génocides que nous connaissons par ailleurs dans l'histoire du monde,
04:16 parce qu'il n'y a pas de massacre direct, mais on stérilise les femmes,
04:20 on les fait avorter, on organise du travail forcé,
04:23 on détruit la culture uighour pour effacer un peuple de la surface du Xinjiang.
04:28 Je suis frappé, je suis frappé, depuis que Xi Jinping est en France,
04:32 personne n'évoque Taïwan. Or, c'est un point essentiel,
04:37 si Taïwan est envahi, faudra-t-il se porter à son secours
04:41 dans le cadre d'une coalition internationale ?
04:44 - C'est une question que j'espère que nous n'aurons jamais à nous poser,
04:47 et donc c'est la raison pour laquelle nous devons, dans un premier temps,
04:50 imposer un rapport de force et rappeler que nous ne voulons pas faire subir à Taïwan
04:54 ce que Hong Kong a subi, parce qu'on parle de Taïwan,
04:58 on pourrait parler de Hong Kong, on peut parler de Tibet,
05:00 et on peut parler du Xinjiang. Donc, en fait, on est face à un autocrate,
05:05 - Un impérialisme chinois - Un impérialisme chinois qui ne s'est jamais démenti,
05:09 et donc, avoir ce langage, qui est un langage de responsabilité,
05:13 de force, de courage aussi, face à un grand pays
05:17 qui mérite notre attention, mais qui ne peut pas considérer
05:20 qu'il a carte blanche pour faire ce qu'il souhaite.
05:23 - Oui, enfin, on n'a rien dit, le Tibet envahi, le Xinjiang traité comme il est traité,
05:28 Hong Kong, la communauté internationale n'a rien dit.
05:31 Je ne vois pas, Taïwan, ça mériterait une coalition internationale
05:36 se portant au secours de Taïwan ?
05:39 - Ça mérite, effectivement, de faire en sorte que rien ne se passe du côté de Taïwan,
05:44 et que nous puissions nous faire comprendre aussi des Chinois
05:48 en organisant notre propre souveraineté.
05:51 Pourquoi les Chinois se pensent capables aujourd'hui d'avancer partout ?
05:55 Tout simplement parce qu'ils savent très bien, et c'est en réalité pensé, conçu,
05:59 on peut faire confiance aux communistes chinois pour planifier leurs propres actions.
06:05 Et qu'est-ce qu'ils font ? Ils cherchent à rendre dépendant le monde européen,
06:09 le monde occidental, de leurs propres produits.
06:12 Parce que tant que nous sommes dépendants des Chinois, à tout point de vue,
06:16 sur la question des véhicules électriques, sur la question de l'énergie,
06:21 sur la question des médicaments, ils savent que nous n'avons pas d'autre choix
06:25 que de rester en relation avec eux, ne serait-ce qu'en relation commerciale.
06:29 Et donc nous devons nous-mêmes nous organiser de manière à ne plus dépendre d'eux.
06:32 Et ce qui est frappant aujourd'hui, c'est de voir que vous avez,
06:35 je pense aux entreprises photovoltaïques, nous n'en avons que deux en France.
06:39 Et aujourd'hui, elles sont victimes du dumping chinois, qui casse les prix,
06:43 qui subventionne à mort sa propre industrie pour pouvoir venir cannibaliser le marché européen,
06:50 et derrière nous rendre totalement dépendants.
06:53 Et que fait la France ? Rien.
06:55 Et j'étais il y a quelques jours avec Raphaël Glucksmann à côté de Nantes,
07:00 pour voir le processus Tauvy, et de voir cette entreprise qui était bénéficiaire,
07:05 qui est aujourd'hui en train de couler, et qui est en train d'être liquidée tout simplement
07:09 parce que nous n'avons pas les mêmes armes que les Chinois adoptent pour leur propre industrie.
07:13 Il y a là un scandale industriel.
07:16 Oui, Olivier Faure, la Chine détient 60% des industries zéro carbone,
07:20 contrôle 80% du polysilicium, élément clé dans la fabrication des panneaux solaires.
07:25 La Chine contrôle 70% de la fabrication de cellules au lithium pour les véhicules électriques.
07:31 Alors justement, l'Europe veut absolument imposer les véhicules électriques d'ici 2035.
07:37 Mais n'est-ce pas une folie ?
07:39 N'est-ce pas la porte ouverte aux véhicules électriques chinois,
07:44 qui déjà envahissent nos ports ?
07:47 Alors, c'est effectivement une question qui est une question que vous avez entièrement raison de soulever,
07:52 mais ça dépend de la volonté des Européens.
07:55 Le signal a été donné aux constructeurs.
07:57 Comment est-ce qu'on fait pour les accompagner, pour les aider ?
07:59 Comment est-ce qu'on fait pour que nous puissions retrouver ici, sur notre sol,
08:02 des entreprises qui savent fabriquer des batteries ?
08:04 Comment est-ce qu'on fait pour que nous ayons ce génie-là,
08:08 alors même que pour l'instant, dans ce domaine, nous avons laissé les Chinois devenir l'usine du monde ?
08:13 Donc la question, elle est bien de savoir comment...
08:16 - Mais nous les encourageons !
08:17 Les Allemands, les constructeurs allemands vont faire fabriquer leurs modèles
08:21 et passent des accords avec les Chinois.
08:23 Donc, encourage les Chinois à fabriquer des voitures électriques
08:28 sous marque même européenne, en Chine.
08:31 - Mais il n'y a pas que les Allemands.
08:33 Les Français aussi.
08:34 - Nous aussi.
08:35 - Et sur les panneaux photovoltaïques, c'est les panneaux photovoltaïques qui sont encouragés
08:38 et qui sont achetés par qui ?
08:40 - Par EDF, par TotalEnergie, par des entreprises françaises
08:43 qui préfèrent acheter à bas coût aujourd'hui
08:45 plutôt que de développer des filières européennes qui permettent de concurrencer.
08:51 Comment pouvons-nous accepter que ce marché-là soit capté définitivement par les Chinois ?
08:56 Et que nous soyons dépendants pour toujours d'une énergie dont on sait qu'elle est une énergie d'avenir.
09:01 Donc ça suppose effectivement que nous reprenions le taureau par les cornes.
09:05 - Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'en Europe, il faut absolument imposer des barrières douanières ?
09:09 - Il faut un protectionnisme écologique.
09:11 - Il faut surtaxer un protectionnisme en Europe.
09:13 - Absolument.
09:14 - Absolument.
09:15 - Absolument.
09:16 - Sur les produits chinois comme le font les Américains d'ailleurs.
09:17 - Absolument, comme le font les Américains.
09:18 D'ailleurs, pourquoi est-ce que vous avez dans le port de Rotterdam aujourd'hui tant de panneaux solaires chinois ?
09:22 Parce que le marché américain s'est fermé aux Chinois.
09:25 Et donc, ils ont rapatrié l'ensemble de ces productions sur l'Europe en espérant pouvoir nous inonder
09:31 et faire en sorte que nous soyons complètement captés.
09:33 Donc la question c'est comment est-ce que nous ne devons pas les dindons de la farce du commerce international ?
09:39 Comment est-ce que nous ne sommes pas les seuls idiots utiles de la mondialisation ?
09:42 Et ça suppose que l'Europe, eh bien, devienne adulte et qu'elle se prenne en charge véritablement.
09:48 - Parlons des européennes. Vous voulez plus d'Europe. Vous êtes un européen convaincu.
09:52 - Absolument.
09:53 - Plus d'Europe. Une Europe fédérale ?
09:54 - Tout simplement.
09:55 - Une Europe fédérale ou pas ?
09:56 - On n'est pas là. Je dis simplement...
09:57 - Non mais, est-ce qu'un jour, vous seriez prêt à une Europe fédérale ?
10:04 - Mais écoutez, on en est...
10:05 - On n'en est pas là.
10:06 - Si je dis qu'on n'en est pas là, c'est tout simplement parce que...
10:07 - C'est un mot qui fâche.
10:08 - C'est un mot qui fâche à juste raison, parce que nous sommes aujourd'hui attachés à ce qu'est la démocratie.
10:14 Et la démocratie, elle passe par les États-nations.
10:16 Et donc, pour l'instant, je vois mal comment nous pourrions imposer une Europe fédérale.
10:22 Les États-Unis d'Europe, c'est pas pour aujourd'hui.
10:24 Est-ce que ça viendra un jour ? Est-ce que le rêve de Victor Hugo sera un jour assumé ?
10:28 - Oui.
10:29 - Sans doute. Mais je crains que vous et moi, nous ne le connaissions jamais.
10:33 - Vous aimeriez qu'il soit un jour...
10:35 - J'aimerais que le peuple européen sache effectivement parler d'une seule voix
10:41 et sache faire face à tous ces géants que sont les Chinois, les Brésiliens, les Américains,
10:47 bref, tous ces pays continents qui sont capables aujourd'hui de nous damer le pion.
10:53 Et donc, il y a besoin d'avoir une Europe qui soit une Europe forte, une Europe qui soit une Europe puissance.
10:58 Une Europe qui sache...
11:00 - Là, vous reprenez les mots d'Emmanuel Macron, l'Europe puissance.
11:03 - Ce sont les mots socialistes qui le puent bien plus longtemps qu'Emmanuel Macron.
11:06 Nous avons toujours cherché à avoir...
11:08 - Sauf que vous, les socialistes européens, vous êtes bien divisés.
11:10 Parce que je regarde les votes de Raphaël Glucksmann et les votes des socialistes européens,
11:14 je vois qu'ils sont bien différents.
11:16 Pacte Asile-Immigration, présenté par Pedro Sánchez, qui est socialiste,
11:22 Premier ministre espagnol, qui a porté ce pacte.
11:26 Raphaël Glucksmann vote contre.
11:28 Accords libre-échange entre l'Union européenne et d'autres pays.
11:32 Les socialistes votent pour en Europe.
11:34 Vous votez contre la loi climat.
11:36 Pour les socialistes, contre Glucksmann.
11:40 Plan de relance, les socialistes votent pour, Glucksmann contre.
11:44 - Alors vous pourriez citer tous les points sur lesquels nous sommes d'accord.
11:47 - Oui, d'accord, mais ce sont des points importants, Olivier Faure.
11:50 - Des points importants, mais pourquoi ?
11:52 - Vous êtes en désaccord avec tous les autres socialistes d'Europe ?
11:55 - Non, pas tous et pas les tous.
11:57 - Pardon, la plupart.
11:59 - Vous pouvez regarder, vous verrez qu'il y a sur chaque vote des socialistes européens qui votent avec nous.
12:04 Qu'est-ce qui se passe ? Le débat européen, il est de quelle nature ?
12:07 Il est à la fois idéologique, et puis il est aussi national.
12:11 Et nous avons parfois des désaccords.
12:13 Quand on prend les accords sur le Mercosur par exemple, avec l'Amérique latine,
12:17 vous avez des pays dans le sud de l'Europe, je pense par exemple à l'Espagne,
12:21 qui ont un intérêt évident à continuer à commercer avec ces pays-là.
12:26 - Mais la France n'a pas signé le Mercosur pour l'instant.
12:28 - Est-ce que c'est le cas pour la France ? La réponse est non.
12:30 D'ailleurs, nous ne sommes pas les seuls en France à être contre le Mercosur.
12:33 Ça comprend, je crois qu'à peu près tous les partis français
12:37 sont aujourd'hui contre les accords de libre-échange sur le Mercosur.
12:40 Donc vous avez un tableau, un jeu qui se joue à double niveau, idéologique et national.
12:46 Et parfois nous défendons effectivement des positions qui sont des positions nationales,
12:50 parce que nous n'avons pas toujours le même point de vue que tous les Européens.
12:53 Parce que les Européens ne parlent pas toujours d'une seule voix,
12:55 et c'est lié à ce que sont les intérêts des uns et des autres.
12:59 Et c'est regrettable, mais c'est comme ça.
13:01 - Dans tous les cas, il y a deux gauches irréconciliables en France, on est bien d'accord.
13:05 Votre gauche, qui est une gauche universaliste, si je comprends bien,
13:09 socialiste, et la gauche... - Humaniste, internationaliste...
13:11 - ... et la gauche de Jean-Luc Mélenchon.
13:15 C'est terminé !
13:16 Fini la nupèce, c'est irréconciliable !
13:19 - Je crois que Jean-Luc Mélenchon fait tout pour rendre impossible une alliance des uns avec les autres.
13:26 Il est celui qui met le feu à la plaine chaque matin.
13:29 Il est celui qui, depuis le 7 octobre, n'a cessé de chercher à creuser l'écart entre les uns et les autres.
13:35 Là où je ne suis pas d'accord avec votre expression, c'est que je ne crois pas aux gauches irréconciliables.
13:40 Je ne crois pas que les électeurs et électrices de gauche soient irréconciliables.
13:44 J'ai même le sentiment que nous pouvons les réconcilier,
13:47 et faire en sorte qu'ils puissent avancer d'un même pas sur la voie d'une gauche qui soit à la fois européenne,
13:53 humaniste, féministe, sociale, écologique...
13:56 Tout ça, je le crois.
13:58 En revanche, je crois qu'effectivement, il y a des gens qui se rendent irréconciliables.
14:01 Quand vous avez des gens qui, y compris sur des débats qui auraient dû nous conduire à être toutes et tous ensemble,
14:08 je pense à ce qui se passe aujourd'hui à Gaza.
14:11 Mais comment est-il possible que vous ayez des gens qui cherchent à rendre ce débat-là minoritaire ?
14:17 En cherchant, ça n'a qu'à parier à l'exclusivité.
14:20 Mais regardez ce qui se passe entre l'Espagne et la France.
14:23 Pedro Sánchez, que vous venez de citer, qui est aujourd'hui celui qui,
14:26 parmi les chefs de gouvernement et chefs d'État européens, est celui qui est le plus en pointe sur le sujet.
14:32 Il a réussi à en faire un sujet sur lequel il a entraîné une majorité d'Espagnols.
14:36 En France, vous avez un combat qui reste minoritaire, alors qu'il devrait être majoritaire, tout simplement,
14:41 parce que vous avez cette incapacité pour la France insoumise, en tout cas pour le noyau dur autour de Jean-Luc Mélenchon,
14:47 à penser à la fois au peuple palestinien, qui aujourd'hui vit un drame, une tragédie,
14:53 mais en même temps penser aux Israéliens qui ont vécu aussi une tragédie cet octobre.
14:57 Est-ce que les filles emploient les méthodes de Trump ?
15:00 Ça peut arriver, c'est ce que j'ai dit, effectivement.
15:03 Quand je vois que Manon Aubry, que je considère et que je respecte,
15:08 mais utilise en fait les fake news pour essayer de remonter dans les sondages, je m'indigne.
15:15 Laissez penser une seule seconde que Raphaël Glucksmann, et c'est ce qu'elle a fait dans son tweet,
15:20 laissez penser que Raphaël Glucksmann toucherait de l'argent des lobbies,
15:23 alors qu'il a toujours tenu tête face aux lobbies, précisément.
15:26 C'est ce qu'on a l'œuvre.
15:27 Laissez penser que l'argent qu'il a reçu, au-delà de sa rémunération classique de parlementaire européen,
15:33 relèverait d'intérêts privés, c'est une honte.
15:38 Alors que l'argent qu'il a reçu, chacun le sait, c'est l'argent des livres qu'il a vendus,
15:42 comme Jean-Luc Mélenchon reçoit de l'argent quand il vend des livres.
15:46 Et donc là, il y a là une forme de décœurement chez moi.
15:50 Décœurement parce que toutes les armes ne sont pas possibles,
15:52 la faim ne justifie pas toujours les moyens.
15:55 Et donc on ne peut pas utiliser n'importe quelle arme,
15:57 et la gauche ne peut pas reprendre les armes de l'extrême droite,
16:00 si elle veut se faire entendre.
16:02 Si nous voulons être entendus, nous devons parler un seul langage,
16:06 celui de la vérité, parce que seule la vérité permet l'humanité.
16:10 - Quel que soit le résultat de Glucksmann, le 9 juin,
16:14 vous préparerez après le 9, une coalition sans Mélenchon,
16:18 une coalition de gauche sans Mélenchon, c'est clair ?
16:21 - Je crois que c'est absolument clair.
16:23 Il n'y a aucune possibilité aujourd'hui de retrouver quelqu'un
16:27 qui traite Jérôme Getsch de délateur.
16:31 Sur votre plateau, qu'a-t-il dit ?
16:33 Est-ce qu'il a interdit quoi que ce soit ?
16:34 Est-ce qu'il a appelé à l'interdiction de quoi que ce soit ?
16:36 Est-ce qu'il a appelé à ce qu'on censure la France insoumise ?
16:38 - C'était ici, Jérôme Getsch. - C'était ici, c'était devant vous.
16:40 - C'était avec moi, oui.
16:42 - La réponse, vous la connaissez, c'est non.
16:44 Il n'a rien dit. Il a simplement permis,
16:46 et le moindre des choses, dans un débat,
16:48 d'avoir une interrogation sur le logo de l'organisation
16:52 qui accueillait Jean-Luc Mélenchon.
16:54 On avait le droit de le contester là-dessus.
16:56 On avait le droit de dire que d'autres organisations
16:58 utilisaient la même carte pour des causes
17:01 qui étaient des causes inversées, si j'ose dire.
17:03 Voilà. Donc, on pouvait le contester,
17:06 mais le traiter de délateur,
17:08 le faire comme ce qu'a pu écrire Jean-Luc Mélenchon
17:10 dans son blog cette semaine,
17:12 en étant dans l'ambiguïté,
17:16 dans une forme...
17:18 Je ne sais même pas comment la qualifier,
17:20 mais on voit bien qu'il flotte avec les lignes jaunes.
17:23 Et qu'il est en permanence dans une forme...
17:27 Je ne sais pas comment le dire, en fait.
17:30 - Allez-y ! Dites ce que vous avez au fond de votre pensée.
17:34 N'hésitez pas. On est franc, on assume.
17:38 - J'assume, mais je vois bien qu'il est là
17:41 à toujours tourner autour du pot,
17:43 et toujours chercher à qualifier les gens
17:46 en parlant de son judaïsme,
17:50 en parlant de ses attachements,
17:52 de ses adhésions,
17:54 laissant penser qu'il serait lui-même
17:57 otage d'une communauté.
18:00 La communauté juive.
18:02 Tout ça est indigne.
18:03 La réalité, c'est que Jérôme Gage,
18:05 il a depuis toujours eu une parole responsable
18:09 sur ce conflit.
18:11 Il a été de ceux qui, avec les socialistes,
18:13 ont toujours été à la fois en soutien des Israéliens
18:17 le 7 octobre, et depuis le 7 octobre,
18:19 à refuser une punition collective des Gazaouis.
18:22 - Donc plus jamais de coalition avec Jean-Luc Mélenchon ?
18:25 - Jean-Luc Mélenchon, de lui-même,
18:27 a fait un choix qui est celui...
18:29 - Vous ne travaillez plus politiquement avec Jean-Luc Mélenchon ?
18:35 - Mais je vous réponds, je vous dis en réalité
18:39 que nous avions conclu, avec la NUPES,
18:42 un accord qui avait exclu les questions européennes et internationales.
18:47 Parce que nous étions dans un éventuel accord de cohabitation
18:52 avec Emmanuel Macron, si nous avions gagné.
18:54 Et nous pouvions imaginer à l'époque
18:56 que Jean-Luc Mélenchon avait compris qu'il devait devenir
19:00 non pas le chef de file d'un noyau dur à la France insoumise,
19:04 mais le chef de file de l'ensemble de la gauche.
19:08 Et donc, recentrer son propre discours,
19:10 être capable de se mettre au centre de gravité de la gauche.
19:13 Il ne l'a pas fait.
19:14 Donc la question s'est posée à de multiples reprises.
19:19 Ça s'est posé avec l'affaire Katniss,
19:20 avec l'affaire des retraites,
19:22 avec les violences urbaines au mois de juin et juillet de l'an passé.
19:26 Puis ensuite avec le 7 octobre.
19:28 À chaque étape, Jean-Luc Mélenchon n'a pas cherché
19:31 à trouver ce qu'était la parole commune,
19:33 mais à chercher à emmener la gauche
19:35 dans des positions les plus radicales.
19:37 Eh bien la réponse pour nous, c'est non.
19:39 C'est non parce que nous l'avons alerté.
19:41 Donc vous ne travaillerez plus avec Jean-Luc Mélenchon ?
19:44 Je pense que la question s'est tranchée d'elle-même.
19:46 Et que, après avoir même proposé un moratoire,
19:50 permettre à Jean-Luc Mélenchon et aux siens de réfléchir,
19:53 je vois que la pente qu'ils ont suivie
19:55 est une pente qui cherche à creuser à chaque étape
19:58 les écarts entre les uns et les autres.
20:01 Et donc nous ne pouvons pas accepter de travailler
20:03 avec des gens qui cherchent à creuser l'écart.
20:05 Là, au contraire, il fallait chercher les points communs.
20:07 Faire en sorte que nous puissions diriger ensemble ce pays.
20:10 Il fait le jeu du Rassemblement National ?
20:12 Pas directement.
20:14 Pas ces outrances. Je ne vais pas le rendre responsable
20:16 de la montée du R. Ce serait absurde.
20:18 Non, non.
20:19 Et je pense qu'il a des positions
20:21 qui méritent parfois d'être défendues, simplement.
20:23 Et je ne mélange pas Jean-Luc Mélenchon
20:25 avec Marine Le Pen.
20:27 Je ne mélange pas, dans un espèce de discours
20:29 un peu mainstream aujourd'hui,
20:31 les extrêmes. Il n'y a pas les extrêmes.
20:33 Il y a d'un côté l'extrême droite dont on connaît les dangers.
20:35 Et on a les outrances de Jean-Luc Mélenchon
20:37 qui, malheureusement, se complaît
20:39 dans une forme de conflictualité permanente
20:41 qui nuit à la gauche
20:43 parce qu'elle lui impose un plafond ouvert
20:45 qui descend chaque jour plus bas.
20:47 Et voilà. Mais enfin, je ne mélange pas
20:49 les uns et les autres.
20:51 Le Proche-Orient, quelques mots quand même
20:53 parce qu'Israël a commencé son opération militaire
20:55 sur Rafa.
20:57 Il y a eu des bombardements.
20:59 Il y a apparemment, apparemment,
21:01 la volonté de s'engager au sol.
21:03 À Rafa, d'engager l'armée israélienne
21:05 au sol à Rafa.
21:07 Il y a d'ultimes négociations
21:09 au Caire, aujourd'hui,
21:11 qui vont peut-être essayer de trouver
21:13 une solution pour un cessez-le-feu.
21:15 Un cessez-le-feu doit être conditionné
21:17 à la libération des otages, c'est clair.
21:19 - Il faut les deux.
21:21 Il faut à la fois
21:23 libérer les otages et un cessez-le-feu.
21:25 C'est évident que, d'ailleurs,
21:27 moi ce que je comprends de ce qui est
21:29 proposé aujourd'hui par les Égyptiens
21:31 et les Qataris, accepté par le Hamas,
21:33 c'est bien, en fait,
21:35 cette double exigence.
21:37 Et donc, ce que je trouve
21:39 terrible ce matin, Jean-Jacques Brodin,
21:41 c'est que le gouvernement d'extrême-droite
21:43 de Netanyahou sait très bien
21:45 que dans cette
21:47 ville de Rafa, il y a aujourd'hui
21:49 regroupé 1,2
21:51 million de palestiniens.
21:53 Et qu'en attaquant Rafa,
21:55 il y a
21:57 un drame qui se prépare, une tragédie
21:59 avec des milliers de
22:01 femmes, d'hommes, d'enfants
22:03 qui vont en réalité périr
22:05 sous les bombes israéliennes
22:07 alors qu'ils ne sont coupables de rien et qu'ils sont les victimes
22:09 à la fois du Hamas
22:11 et de Tsaïl aujourd'hui.
22:13 C'est un peuple qui est aujourd'hui doublement
22:15 victime, lui aussi pris en otage
22:17 par le Hamas, parce qu'ils ne sont pas
22:19 aujourd'hui à se réjouir.
22:21 Il y a eu, paraît-il, des scènes de liesse
22:23 quand le Hamas a accepté l'idée d'un cessez-le-feu.
22:25 Parce que cette population, elle vit
22:27 le martyr depuis des semaines et des mois.
22:29 Et donc, il est urgent
22:31 d'aller à un cessez-le-feu. Et j'espère
22:33 que dans les prochaines heures,
22:35 la pression, y compris
22:37 des populations de la société civile israélienne
22:39 qui manifestaient encore hier soir
22:41 dans les rues de Tel Aviv,
22:43 pour demander un cessez-le-feu, parce qu'eux aussi
22:45 veulent en finir avec la guerre, parce qu'eux aussi
22:47 veulent en finir avec les crimes de masse.
22:49 Et donc, il y a là une nécessité absolue
22:51 et l'Europe doit peser de tout son poids
22:53 et la France doit peser de tout son poids.
22:55 - Ce que vous reprochez, LFI, c'est de ne pas parler
22:57 de génocide, lorsque vous évoquez
22:59 l'intervention israélienne à Gaza.
23:01 C'est ce que vous reprochez, LFI.
23:03 Vous ne parlez pas de génocide.
23:05 - Je parle de risque génocidaire
23:07 parce que c'est
23:09 les mots qu'utilise la justice internationale.
23:11 Et je vois que quand
23:13 LFI est interrogé
23:15 sur les Ouïghours,
23:17 là où il y a eu, par contre,
23:19 un tribunal qui s'est réuni
23:21 à Londres, il y a maintenant deux ans,
23:23 et qui a reconnu un génocide,
23:25 là, LFI a plus de mal.
23:27 Moi, je parle la langue du droit international.
23:29 Je parle la langue de la justice.
23:31 Si demain, il est reconnu un génocide,
23:33 je parlerai de génocide. Je ne veux pas anticiper.
23:35 Parce que le génocide,
23:37 il y a un massacre aujourd'hui, qui est évident
23:39 à Gaza, mais le caractère
23:41 intentionnel, la volonté d'exterminer
23:43 toute ou partie d'un peuple, ce caractère
23:45 intentionnel doit être examiné par la justice
23:47 et c'est la raison pour laquelle
23:49 nous n'employons pas ce mot à ce stade. Mais l'évidence,
23:51 c'est que la question aujourd'hui, ce n'est pas de savoir
23:53 avoir une bataille sémantique et juridique
23:55 sur savoir ce qui se passe.
23:57 Il y a une tragédie aujourd'hui à Gaza
23:59 et elle doit être interrompue, et c'est maintenant
24:01 qu'il faut l'obtenir. - Bien, dernier mot,
24:03 mais très court. Un nouveau forage pétrolier
24:05 menace-t-il l'alimentation en eau potable
24:07 de la ville de Paris ?
24:09 En Seine-et-Marne, ce forage pétrolier,
24:11 oui ? - Oui, absolument.
24:13 - L'alimentation en eau potable de Paris
24:15 est menacée ? - Absolument.
24:17 J'étais hier à Nonville, qui est
24:19 un petit village de Seine-et-Marne,
24:21 en bas de chez moi, et
24:23 dans ce village, figurez-vous
24:25 qu'entre Noël et le jour de l'an,
24:27 pendant que vous festoyez, avec
24:29 votre famille et vos amis, il y avait
24:31 un gouvernement qui n'était pas inactif.
24:33 Madame Borne a signé
24:35 une autorisation qui n'avait jamais été obtenue
24:37 jusqu'ici, pour multiplier par 5
24:39 le périmètre d'exploitation
24:41 de l'entreprise
24:43 pétrolière Bridge Energy
24:45 sur ce territoire.
24:47 Un territoire qui, il y a 3 ans, a été déclaré
24:49 un territoire protégé.
24:51 On est là, à quelques centaines
24:53 de mètres d'une rivière qui
24:55 est elle-même protégée et qui est
24:57 classée Natura 2000. Si demain,
24:59 par le forage ou par
25:01 l'exploitation de ce forage,
25:03 il y a un accident, c'est 7
25:05 arrondissements parisiens qui seront
25:07 privés d'eau potable, qui seront
25:09 dans une situation, effectivement,
25:11 où l'eau ne parviendra plus dans les
25:13 bonnes conditions jusqu'à leur robinet.
25:15 Et on a là,
25:17 en fait, un paradoxe incroyable. Vous avez un
25:19 ministre de la Santé aujourd'hui au gouvernement,
25:21 qui est M. Frédéric Valtout.
25:23 Quand il était maire de Fontainebleau, il s'opposait
25:25 de toutes ses forces à ce projet.
25:27 Le voilà, ministre de la Santé, et le voilà qui se tait
25:29 face à ce projet.
25:31 Il est temps, là aussi, d'arrêter les
25:33 incohérences. On ne peut pas,
25:35 face au gouvernement chinois,
25:37 laisser tomber Photovoltaïque Français,
25:39 et pendant ce temps-là, revenir dans le thermique,
25:41 dans le forage pétrolier,
25:43 l'encourager. Il y a là une forme
25:45 d'aberration et d'hypocrisie
25:47 et de contradiction avec tout le message
25:49 qui est adressé par le gouvernement sur la transition
25:51 écologique. - Merci, Olivier Faure, d'être
25:53 venu nous voir ce matin, 0826 300 300.
25:55 Après les infos, vous réagissez,
25:57 vous intervenez, c'est votre moment.
25:59 A tout de suite.

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