Zoom - Rémi Tell : Covid, guerres, éthique : la sidération organisée

  • il y a 4 mois
Covid, guerres, ruptures anthropologiques... la particularité du moment présent est de ne pas comprendre ce qui nous arrive. La philosophe Simone Weil le résumait déjà ainsi en 1934 : "jamais les hommes n'ont été plus incapables de soumettre leurs actions à leurs pensées, mais même de penser". Le journaliste Rémi Tell, auteur de "A l'encre du néant", tente de rassembler les pièces du puzzle pour dénoncer l'emballement de la société technicienne. Il appelle la jeunesse à harceler l'oligarchie, à une alliance entre les patriotes et la gauche radicale contre l'idéologie progressiste qu'il qualifie de satanique. Des guerres en Ukraine au Proche-Orient, Rémi Tell évoque un scénario otanesque dont l'objectif serait de justifier l'effondrement économique. Mais, dit-il, "malgré ses faiblesses évidentes, il ne faut jamais désespérer du peuple français".

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Transcript
00:00 [Générique]
00:06 Bonjour à tous et bienvenue dans notre Zoom.
00:08 Aujourd'hui en compagnie de Rémi Tell.
00:10 Bonjour Rémi.
00:11 Bonjour Pierre.
00:12 Rémi, vous êtes essayiste et journaliste à TV Liberté.
00:15 Vous avez déjà publié plusieurs ouvrages,
00:17 "Vaincre le Covidisme", "Paroles révoltées"
00:20 et "La chute de Prométhée", votre dernier ouvrage en date.
00:23 Le voici "À l'encre du néant", édité aux éditions du Verbe-Eau,
00:28 à retrouver comme d'habitude sur la boutique de TV Liberté.
00:31 Alors Rémi Tell, vous citez un passage de Simone Veil
00:35 dans son ouvrage de 1934,
00:37 "Réflexion sur les causes de la liberté et de l'oppression sociale".
00:43 Simone Veil dit ceci,
00:44 "Jamais les hommes n'ont été plus incapables de soumettre leurs actions
00:49 à leur pensée, mais même de penser".
00:52 Alors Rémi Tell, qu'est-ce qui nous arrive ?
00:53 Est-ce que ce passage est selon vous toujours d'actualité ?
00:57 Oui, car la particularité du moment présent,
01:00 justement, est de ne pas comprendre ce qui nous arrive.
01:03 Le champ semble miner de toutes parts,
01:06 un jour c'est la guerre, la veille c'était le Covid,
01:09 le lendemain des ruptures éthiques inédites ou anthropologiques,
01:13 et nous nous sommes un peu perdus dans ce monde.
01:17 Et ce que j'ai tenté de faire modestement à travers ce travail,
01:21 c'est de rassembler les pièces du puzzle,
01:23 de déterminer, ou d'identifier plutôt, quelle était la trame de fond.
01:28 Et il me semble que nous assistons en fait à l'emballement
01:31 de la société des machines, au stade terminal de la modernité,
01:35 pour le dire autrement, avec cette forme d'insécurité permanente,
01:40 tous azimuts, cette incapacité que nous avons à nous projeter
01:44 dans une vie à moyen terme, et donc l'angoisse aussi,
01:49 et la tentation à la fin de célébrer le néant.
01:53 Vous vous adressez à la jeunesse dans votre ouvrage.
01:57 Rémi, vous dites que pour sauver ce qui lui reste à vivre,
02:01 cette jeunesse doit harceler l'oligarchie sans se contenter des mots,
02:06 avec les armes du corps et de l'esprit.
02:09 Alors c'est quoi selon vous ces armes ?
02:12 Celles de l'esprit d'abord, parce qu'on ne peut pas aller dans la bonne direction
02:16 si la pièce reste dans l'ombre.
02:19 Il faut donc allumer la lumière, comprendre ce qui nous arrive,
02:23 cesser peut-être de perdre du temps sur ce qui relève des conséquences,
02:27 et viser plutôt les causes, et c'est pour ça que j'en reviens moi
02:30 à cette réflexion sur la société technicienne d'une certaine façon,
02:34 qui me semble être au cœur depuis la Révolution française,
02:38 et même avant la Révolution française,
02:39 puisqu'elle la précipite de l'enfer un petit peu contemporain.
02:44 Donc ça c'est le premier point.
02:46 Ensuite, évidemment, de nous organiser pour transformer cette révolte intérieure,
02:51 cette insurrection des esprits, en offre politique alternative,
02:56 et pour permettre de changer justement d'époque.
02:59 Pour changer d'époque, il faut d'abord l'avoir pensée.
03:01 Ce travail, avec des centaines d'autres avant lui,
03:05 et d'auteurs bien plus illustres que moi, j'espère permettra d'y contribuer.
03:08 Et vous citez Gunther Anders qui dit ceci,
03:12 "il faut échapper à la bonne conscience de l'absence de conscience".
03:16 Oui, justement, et beaucoup de nos concitoyens sont tentés,
03:20 au milieu du chaos ambiant, de raccrocher les crampons un peu,
03:25 de vivre leur camp à… chacun son camp à soi,
03:29 sa vie professionnelle, sa vie familiale,
03:32 et de délaisser complètement les affaires du monde.
03:35 Ou même de fliquer sa propre réflexion.
03:38 Complètement, ou effectivement,
03:39 il y a soit l'option du déni, soit celle de l'autocensure,
03:45 avec l'espoir de retrouver une forme de confort mental.
03:49 Mais cette société nous rattrape toujours,
03:51 et ceux qu'on tentait pendant l'expérience du Covid par exemple,
03:54 de faire comme si cela ne les concernait pas,
03:57 ont fini par être obligatoirement concernés, touchés par cette politique.
04:03 Donc je crois que les fuites sont toujours temporaires.
04:07 Et regarder la vérité en face, c'est douloureux,
04:10 mais c'est indispensable pour aller de l'avant.
04:13 Vous dites ceci Rémi,
04:14 tel jamais la victoire de la France n'a été celle d'une seule force politique.
04:19 Alors, vous pensez à une alliance entre patriotes et membres de la gauche radicale.
04:25 Quel serait le message que vous adresseriez à ces personnes,
04:29 membres de la gauche radicale ?
04:31 Ces mots ont été écrits au moment des insurrections,
04:34 lors de la réforme des retraites.
04:38 Ce que je voulais dire alors,
04:39 c'est que le drapeau français symbolise d'une certaine façon l'union des contraires.
04:46 Je ne m'adresse pas à n'importe quelle gauche,
04:48 la gauche woke, la gauche dégénérée d'une certaine façon,
04:52 non seulement ne m'intéresse pas,
04:53 mais le seul temps que je lui consacre, c'est plutôt à la combattre.
04:58 En revanche, il existe une gauche anti-néolibérale,
05:03 avec laquelle on peut se retrouver sur un certain nombre de sujets,
05:08 une politique de paix, une certaine vision de l'homme aussi,
05:13 qui retrouve sa place dans le monde.
05:17 Et donc cette gauche-là, je l'invite à avoir un peu de courage
05:21 et à dépasser les étiquettes.
05:24 Et qui l'incarne cette gauche aujourd'hui selon vous ?
05:27 Quelqu'un comme François Ruffin, par exemple,
05:30 je trouve, incarne une gauche qui me semble être fidèle en réalité à ses propres valeurs.
05:35 Est-ce que Jean-Luc Mélenchon, avant 2017, était dans cette gauche dont vous nous parlez ?
05:41 Avant de rejoindre les indigénistes ?
05:44 En partie, il a été plutôt l'héritier d'une gauche classique,
05:50 à la jaurès d'une certaine façon.
05:54 Et puis il s'est converti au fur et à mesure à l'idéologie woke,
06:00 avec aussi, il faut le dire, cette espèce de fond républicaniste,
06:05 quasiment forcené, cet anti-cléricalisme, sauf quand il s'agit évidemment de l'islam.
06:12 Donc oui, quelqu'un comme Jean-Luc Mélenchon,
06:14 je crois que des gens tels que nous n'ont plus rien à faire avec lui.
06:19 En revanche, regarder comme François Ruffin s'est opposé, par exemple,
06:22 à l'instauration du pass sanitaire, puis du pass vaccinal,
06:26 dénonce la GPA comme un esclavage.
06:29 Ce serait dommage que ces forces, au moins vu l'urgence de la situation,
06:33 ne puissent pas à un moment s'additionner.
06:36 Vous expliquez que face aux mutilations faites aux Gilets jaunes,
06:40 face à l'apartheid sanitaire et l'injection forcée,
06:44 une minorité grandissante a refusé le déshonneur.
06:48 Sans elle, dites-vous, la France serait devenue une contrée zombie.
06:52 Est-ce que vous pensez vraiment que de simples citoyens
06:55 aient pu mettre des bâtons dans les roues de ceux qui nous dirigent ?
06:58 Deux choses, Pierre.
07:00 La première, nous ne nous tromperons pas sur l'objectif véritable
07:04 qui était celui, par exemple, des manifestations contre l'apartheid sanitaire.
07:08 L'objectif, me semble-t-il, c'était qu'on ne puisse jamais dire
07:11 que l'ensemble du peuple français s'était soumis à cette politique-là.
07:17 En d'autres termes, de conserver une part d'honneur pour la France,
07:21 même si ça peut sembler un peu présomptueux de le présenter ainsi.
07:25 Ça, c'est la première chose.
07:26 La deuxième chose, c'est que, regardez l'état d'angoisse
07:31 dans lequel se trouve aujourd'hui le pouvoir.
07:35 À quelques mois des Jeux olympiques,
07:37 on nous annonce des mesures de restriction de liberté quasiment inédites,
07:41 même quand on comprend la période du Covid.
07:45 Pourquoi ? Pour le déroulement paisible d'une manifestation sportive.
07:51 C'est quand même le signe d'un état de très très grande fébrilité
07:55 de la part de l'oligarchie mondialiste,
07:58 qui n'est que l'expression politique de la société des machines,
08:01 et donc la preuve, d'une certaine façon,
08:03 qu'on a réussi à instiller un doute dans l'esprit des Français.
08:07 – Et vous dites aussi qu'aucune aventure collective
08:10 ne pourra se faire sans une solide assise financière.
08:14 Mais cette assise financière est le moyen qu'utilisent les adversaires
08:20 du camp patriote pour parvenir à leur fin.
08:22 Alors, est-ce qu'il faut, in fine, utiliser les mêmes armes que nos adversaires ?
08:28 – Nous sommes, je crois, armés spirituellement, c'est certain.
08:33 – Tout le monde est armé spirituellement, selon vous ?
08:36 – En tout cas, la famille de pensée que nous représentons.
08:41 Dans le monde d'ici bas, on n'a pas d'autre choix
08:45 que d'être armés aussi financièrement.
08:48 Et c'est la condition qui permet d'organiser des rassemblements,
08:53 de promouvoir des idées, de trouver des solutions alternatives au système
08:59 lorsque celui-ci vous chasse de maison d'édition ou de plateau de télévision.
09:05 C'est aussi ce que TVL a fait.
09:07 Et donc oui, il y a besoin de moyens pour ça.
09:10 Et on ne peut pas se contenter d'une certaine façon d'être des poètes, si j'ose dire.
09:15 Il faut aussi rentrer dans le dur.
09:17 Et pour le moment, on n'y est pas complètement parvenu.
09:19 Je ne prétends pas d'ailleurs moi-même avoir fait quoi que ce soit en ce sens.
09:23 Mais ce que je constate, c'est qu'on a une vraie réussite
09:26 sur la circulation des idées alternatives par des maisons d'édition,
09:30 par des médias alternatifs.
09:31 Mais sur la concrétisation politique, là, il reste encore beaucoup à faire.
09:37 Et les Français attendent, le temps est compté pour la France.
09:42 – Vous êtes radical dans votre critique du progressisme.
09:45 Vous dites ceci qu'il est "d'essence satanique".
09:48 Alors, comment feriez-vous comprendre cette notion à des gens
09:54 qui sont totalement dénués de concepts spirituels ?
10:00 – Sont-ils heureux dans la France d'aujourd'hui ?
10:03 Dans celle où on ne sait pas si demain il faudra partir pour la troisième guerre mondiale,
10:09 si on nous retirera nos enfants parce qu'on aura refusé qu'ils deviennent transgenres,
10:15 si la culture française sera remplacée par d'autres cultures ?
10:21 La seule bonne conscience dans ce cas-là,
10:24 pour en revenir à la phrase d'Anders que vous citiez,
10:26 c'est l'absence de conscience et c'est une forme de déni.
10:29 Et donc, il me semble que les Français,
10:30 même ceux qui adhèrent au discours officiel,
10:34 au fond d'eux-mêmes, sentent très bien qu'une période est en train de prendre fin.
10:40 Vous connaissez aussi sans doute ce mot d'Antonio Gramsci,
10:43 "le vieux monde se meurt, le nouveau monde n'est pas encore advenu
10:46 et dans ce clair obscur surgissent les monstres".
10:49 Mais voilà, nous sommes aujourd'hui face aux monstres,
10:51 plus personne ne peut l'ignorer.
10:53 Quant à ceux qui l'ignorent, à la limite, tant pis pour eux,
10:56 les majorités ne font pas l'histoire.
10:59 – Ou qu'ils méprisent d'ailleurs.
11:00 – Exactement, ou qu'ils le méprisent.
11:02 Les majorités ne font pas l'histoire et donc tâche à nous de travailler doublement
11:09 pour compenser aussi les manques issus de ceux qui ne veulent pas voir.
11:14 – Vous dénoncez un scénario otanesque dont l'objectif, dites-vous,
11:18 serait de justifier l'effondrement économique.
11:21 Alors, en quoi consiste la rhétorique de ce scénario ?
11:26 – Je crois qu'il y a une vraie manœuvre de diversion sur différents plans
11:31 pour cacher justement ce stade terminal de la modernité,
11:35 cet emballement, effondrement de la société des machines.
11:40 On peut considérer que le Covid a été une forme de diversion.
11:43 On peut considérer que les crimes commis durant le Covid
11:48 ont vocation, en tout cas pour l'oligarchie,
11:51 à être oubliés par la focalisation de l'attention publique sur d'autres sujets.
11:55 Il y a eu cette histoire de plus d'électricité dans les foyers,
11:59 la guerre en Ukraine, maintenant la guerre au Proche et au Moyen-Orient.
12:06 Donc oui, on organise l'assidération parce que c'est l'assidération qui permet l'oubli
12:11 et c'est cet oubli qui permet aux masses, en réalité, de détourner la haine
12:16 qu'ils ressentent instinctivement pour ceux qui nous dirigent aujourd'hui.
12:20 – Avec cette guerre en Ukraine que vous évoquez,
12:23 vous admettez qu'en patriote, vous préférez le parti russe
12:27 contre la diplomatie française.
12:29 On voit ce qu'elle est devenue, la diplomatie française,
12:32 avec le nouveau ministre des Affaires étrangères.
12:35 Comment est-ce que vous motivez au fond ce rejet de la gouvernance éliséenne ?
12:41 – Déjà sur la forme.
12:43 Passé de Tocqueville, Châteaubriant, Palais-Rend,
12:47 à l'analphabète Stéphane Séjourné.
12:50 Mais c'est une forme qui dit qu'en dit l'on aussi sur le fond.
12:54 Emmanuel Macron déteste la France.
12:57 L'une des singularités de notre pays,
12:59 c'est que c'est un pays qui se confond avec l'espace-monde.
13:04 Nous sommes présents sur tous les continents
13:07 et sur presque toutes les surfaces maritimes du monde.
13:11 Et donc il était naturel, nous avions le deuxième réseau diplomatique
13:14 à l'échelle internationale, il était naturel
13:17 qu'une politique de destruction de la France
13:19 s'accompagne du démantèlement de son réseau diplomatique
13:23 et d'une forme d'abêtissement de ceux qui incarnent notre pays
13:29 auprès de l'étranger.
13:31 Dans le cas spécifique du conflit opposant l'OTAN à la Russie en Ukraine,
13:37 mon propos revient à dire que notre intérêt ne se trouve certainement pas à Kiev,
13:43 certainement pas auprès de ceux qui ont pris le pouvoir en 2014 à Kiev,
13:47 et du reste, il y a une tradition d'amitié longue entre la France et la Russie.
13:53 Il y a un intérêt stratégique pour la France à maintenir des relations renouées aujourd'hui,
13:59 des relations harmonieuses avec l'État russe.
14:04 Il ne s'agit pas de soumission,
14:06 mais plutôt d'un rapport que j'envisage comme étant celui de gagnant-gagnant,
14:11 d'égal à égal.
14:12 Et je crois que ce sera la tâche un peu de notre génération
14:16 que de retisser le lien qui a été si dramatiquement coupé par les forces de l'OTAN.
14:27 En étant complètement honnête, au départ, Emmanuel Macron a tenté quelque chose,
14:31 il a souhaité maintenir le dialogue avec Vladimir Poutine.
14:35 Au-delà des discours très belliqueux,
14:37 l'envoi d'armes françaises à l'Ukraine restait quand même assez marginal.
14:42 Mais il semble qu'il veuille se sauver lui-même aussi politiquement
14:45 par cette fuite en avant guerrière.
14:48 Et personne ne sait où tout cela nous conduira.
14:52 Je crois que nos dirigeants jouent à la guerre, un peu comme des enfants,
14:57 et avec beaucoup de légèreté.
14:59 J'espère que la voie de la paix ne sera pas complètement étouffée.
15:02 Autre foyer de tension qui a explosé récemment,
15:05 le conflit entre Israël et le Hamas.
15:08 Vous dites que les opposants au système,
15:10 certains dans la dissidence, on va dire,
15:14 dans leur opposition à la gouvernance Macron, sautent à pieds joints,
15:19 dites-vous, dans un piège.
15:20 En quoi consiste alors ce piège ?
15:22 Le piège de la diversion.
15:23 Encore une fois, je constate qu'on agite beaucoup de hochets
15:28 devant nos têtes en permanence.
15:30 On en a cité quelques-uns sur le Covid, sur l'Ukraine,
15:34 sur la crise de l'énergie, sur la crise de la dette.
15:37 Maintenant, on parle matin, midi et soir de l'ensauvagement de la jeunesse.
15:43 Ne tombons pas dans le piège en permanence,
15:48 conservons le cap qui est le nôtre.
15:51 Et me semble-t-il, ce cap, c'est celui d'une défaite,
15:55 comme le dit Emmanuel Todd, d'une défaite de l'Occident,
15:58 d'une défaite de la modernité.
16:01 Et toute l'énergie que nous utilisons pour nous émouvoir de drames
16:05 qui sont bien véritables, bien authentiques et bien injustes,
16:08 mais qui se déroulent à des milliers de kilomètres
16:10 et qui n'ont pas d'influence directe sur la vie de la France,
16:14 nous épuisent, tout simplement.
16:17 Et le risque, c'est aussi que la multiplication des motifs d'indignation
16:22 finisse par nous rendre inaptes au combat.
16:26 Il y a déjà tant à faire ici.
16:27 Regardez ces dernières semaines dans notre pays,
16:31 à nouveau le projet de légalisation de l'euthanasie,
16:34 l'inscription de l'avortement dans la Constitution,
16:37 le démantèlement du réseau diplomatique français.
16:40 Notre énergie pourrait être cent fois multipliée,
16:44 qu'elle ne serait pas encore suffisante à traiter les raisons légitimes
16:49 de s'indigner pour ce qu'il se passe en France.
16:52 Ne perdons pas de temps avec ce qui se joue à l'étranger.
16:55 Oui, sur les conséquences de ce conflit en Occident,
16:58 on entend certains nous dire que c'est Israël le défenseur de l'Occident,
17:04 la base avancée de l'Occident.
17:06 Vous réfutez cela ?
17:08 Complètement.
17:08 Et je pense que ce sont les idiots utiles en réalité
17:12 de ces forces de l'OTAN, ces forces de l'Empire,
17:16 pour les qualifier comme ça.
17:18 Et de fait, on a beaucoup parlé pendant des années
17:22 du risque d'importation du conflit israélo-palestinien en France,
17:26 pointant plutôt la partie pro-palestinienne.
17:29 La partie pro-israélienne aussi, aujourd'hui,
17:31 tente d'importer ce conflit chez nous
17:34 et d'en faire une cause qui serait nôtre.
17:36 Or, ce n'est absolument pas le cas.
17:40 Je crois que c'est un affrontement qui est un peu insoluble.
17:43 Et c'est pour ça d'ailleurs qu'il est prisé par l'oligarchie mondialiste,
17:46 parce qu'il n'y a pas de solution et parce que,
17:49 quelle que soit la période à laquelle on remonte,
17:50 on a du mal à trouver qui est le premier coupable.
17:54 Et donc oui, quand une partie de la droite dite nationale
17:58 parle plus du drame d'Israël que des drames quotidiens
18:02 qui se jouent en France, je m'interroge.
18:06 – Vous nous aviez accordé il y a quelques mois
18:08 une interview au sujet de l'euthanasie.
18:11 Vous évoquez aussi ce thème dans votre ouvrage, Rémi Tell,
18:16 justement, les promoteurs de l'euthanasie invoquent souvent
18:20 la dignité et la liberté face à la souffrance.
18:23 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
18:25 – Qu'ils sont les idiots utiles à nouveau de cette société des modernes,
18:29 société des machines.
18:31 Ça a été révélé il y a quelques heures encore.
18:34 On sait que les mutuelles ont beaucoup de mal à rembourser les soins de fin de vie
18:40 parce que ces soins coûtent très cher.
18:42 Et les mutuelles militent activement aux côtés d'associations
18:46 comme l'Association pour le droit de mourir dans la dignité depuis des années.
18:50 – Vous évoquez 200 000 Français privés chaque année de soins palliatifs.
18:55 C'est ça la cause ?
18:57 – C'est ça, 500 Français par jour qui auraient besoin de soins palliatifs
19:01 mais qui en sont privés des soins soulageant les souffrances physiques,
19:05 les souffrances psychiques.
19:07 C'est l'accompagnement de la vie et la vie c'est un début, un milieu et une fin.
19:13 On ne peut pas éviter cela.
19:15 Et au fond cette vision politique qui n'est que l'enfant d'un impératif économique,
19:23 celui de remplacer les individus une fois qu'ils ne servent plus le système,
19:29 est une vision assez odieuse des choses
19:31 et qui a réussi en plus à utiliser l'inversion accusatoire.
19:34 C'est-à-dire que c'est aux gens comme moi, comme nous aujourd'hui
19:38 de devoir se justifier, de refuser qu'on réponde à l'affaiblissement d'une fin de vie
19:45 par l'administration de la mort alors qu'il existe, encore une fois,
19:49 des solutions pour accompagner dans de bonnes conditions
19:53 les personnes qui quittent notre terre.
19:56 – Alors vous attaquez aussi au transhumanisme
20:00 que vous dénoncez à travers la société Neuralink.
20:04 La société Neuralink c'est celle d'Elon Musk
20:06 qui travaille à l'élaboration d'une puce
20:09 qui permettra une interaction entre le cerveau humain et la machine
20:13 pour répondre, dit-on, à des usages médicaux.
20:17 On nous promet déjà de rendre la vue aux aveugles.
20:20 Vous pointez, vous, des dérives possibles.
20:24 À quoi vous pensez ?
20:26 – Même pas des dérives, c'est un problème en tant que tel.
20:28 C'est-à-dire que cette hybridation de l'homme et de la machine
20:31 qu'organise Elon Musk, et c'est chose faite.
20:35 Il y a quelques semaines, un premier individu, un premier homme,
20:40 un jeune homme a été neuroprothésé et il a été présenté aux caméras
20:47 jouant au jeu vidéo par la simple force de l'esprit.
20:54 Elon Musk n'a aucun droit sur la nature humaine
20:57 et il n'a absolument pas le droit de changer la condition de notre espèce
21:04 et a fortiori en dehors de tout cadre démocratique.
21:08 Or, c'est bien ce que les transhumanistes entendent faire.
21:11 Il y aura toujours de bonnes raisons d'accepter les sauts transhumanistes,
21:15 que ce soit pour rendre la vue aux aveugles,
21:19 que ce soit pour favoriser l'égalité des chances à l'école,
21:22 que ce soit pour protéger les enfants de mauvaises rencontres dans la rue.
21:27 La surveillance, l'emprise des sociétés multinationales sur les corps
21:32 trouvera toujours de bons prétextes, mais c'est à nous de le refuser
21:37 et ça fait effectivement quelques mois que j'alerte, modestement,
21:42 mais sur les projets d'Elon Musk qui certes a rendu possible
21:47 un espace de libre expression dans le monde occidental
21:50 qui ne le souffrait plus sur X, cette plateforme sociale,
21:55 mais qui dans le même temps organise la dénaturation de l'espèce humaine
22:02 et je constate à nouveau avec regret une forme d'aveuglement
22:07 dans nos rangs sur les projets de M. Musk pour l'humanité.
22:13 – Vous vous êtes intéressé aux travaux de Theodore Kaczynski,
22:17 Élise Blaise, ma collègue, vous avez reçu à cette occasion Theodore Kaczynski,
22:22 c'est ce terroriste américain, mathématicien de formation,
22:25 activiste, anarcho-écologiste.
22:28 Il avait publié un ouvrage dont le titre est
22:32 "La société industrielle et son avenir".
22:36 Il prophétisait ici dans son ouvrage que le monde technicien
22:40 devrait nécessairement recourir aux manipulations psychologiques.
22:45 Quelles sont ces manipulations psychologiques qu'il dénonce dans son ouvrage
22:48 et que l'on peut voir dans le monde qui nous entoure ?
22:52 – Rapidement, Theodore Kaczynski nous explique
22:54 que la politique n'a plus aucune importance dans le monde moderne
22:58 puisque la politique ne fait qu'adapter l'homme, sa vie,
23:03 les conditions de son existence aux impératifs du système industriel,
23:08 du système technologique.
23:10 Moi c'est une hypothèse à laquelle j'ai fini par me ranger.
23:15 Et Bernanos disait "la société des machines est elle-même une machine".
23:19 Kaczynski pourrait compléter dans cette machine,
23:22 l'homme fait figure de rouage et comme dans toute machine,
23:25 pour que la machine fonctionne, il faut que le rouage soit parfaitement ajusté,
23:29 il ne peut pas y avoir de jeu et ce jeu c'est la liberté humaine.
23:32 Et la société moderne qui vit aujourd'hui une crise
23:36 parce qu'elle agit comme un dissolvant,
23:38 elle agit comme un dissolvant sur les cultures,
23:40 elle agit comme un dissolvant sur les habitudes économiques etc.
23:44 La société moderne utilise la condition humaine comme variable d'ajustement.
23:49 Et comme elle crée des conditions intolérables pour l'homme,
23:53 elle doit, afin de rendre ce monde, notre avenir encore possible,
23:59 adapter l'homme à ces conditions par plusieurs leviers.
24:03 La manipulation psychologique, c'est la propagande de masse
24:06 qui naît notamment avec la première guerre mondiale.
24:08 La manipulation biologique, considérer le nombre de Français
24:12 consommant par exemple des antidépresseurs
24:15 ou l'explosion de la consommation des drogues.
24:18 La manipulation génétique, enfin, et sur ce dernier point,
24:21 peut-être que le Covid nous a donné quelques indices,
24:25 mais la vision du transhumanisme c'est celle-ci.
24:28 Transhumanistes et anti-modernistes s'accordent pour dire
24:33 que l'état actuel des choses n'est plus tenable.
24:35 Il y a trop de souffrance, tous est immute.
24:38 Il y a deux réponses face à ça, soit on fait un pas de côté,
24:41 soit on rend acceptable l'inacceptable,
24:45 et pour ça, il faut en passer par la manipulation de l'homme.
24:48 On terminera par ici Rémi Tell avec cette question,
24:51 vous dites que malgré ces faiblesses évidentes,
24:53 il ne faut jamais désespérer du peuple français.
24:56 Quels sont vos motifs d'espérance ?
25:00 Il y a un décalage aujourd'hui absolument incroyable
25:04 entre vraiment le pays légal et le pays réel.
25:07 Il se trouve que j'ai parcouru un peu plus de 60 000 km
25:10 sur les routes de France au cours de la dernière année,
25:13 et que j'ai vu partout des gens qui tiennent
25:16 malgré la guerre qu'on mène contre eux.
25:18 Beaucoup ont organisé une sorte de sécession mentale
25:22 et maintiennent des savoir-faire, un art de vivre,
25:26 des solidarités.
25:28 Je crois que ces gens-là sont l'avenir de notre pays.
25:33 Ils sont plus nombreux qu'on le croit,
25:36 beaucoup plus nombreux qu'on les voit,
25:38 en dehors de quelques rares médias comme TV Liberté,
25:42 et qu'ils sont la ressource première
25:47 sur laquelle nous devrons nous appuyer pour refaire un pays
25:51 qui ne sera peut-être plus le phare d'antan,
25:53 mais un pays dans lequel on puisse désirer élever des enfants
25:57 et qui, pourquoi pas, un jour, inspirera de nouveau le monde.
26:02 À l'encre du néant, excusez-moi Rémi Tell,
26:05 c'est le titre de votre ouvrage édité aux éditions du Verbeux,
26:09 à retrouver comme d'habitude sur la boutique de TVL.
26:11 Merci à vous, Rémi.
26:12 Merci, Pierre.
26:14 Sous-titrage Société Radio-Canada

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