Les indices qui ont lancé la POLICE SCIENTIFIQUE (1)

  • il y a 4 mois
Labo du crime empreintes digitales / Sur chaque objet que nous touchons, nous laissons un dépôt souvent invisible de graisse et de transpiration. Ces dépôts, où sont visibles crêtes et sillons du bout de nos doigts, sont appelés traces papillaires. Jean-Luc Georges, expert en traces papillaires, révèle à Dominique Rizet les subtilités de sa spécialité. Il détaille les aspects pratiques de sa profession, en réalité assez éloignée de l'image popularisée par les séries policières. Avec Dominique Rizet, ils reviennent sur plusieurs affaires résolues grâce aux traces papillaires : l'attentat du RER B, à Saint-Michel ; l'assassinat du juge Michel, à Marseille ; l'affaire Poncé Gaudissard et l'affaire Nadir Sedrati
Transcript
00:00 Touché, c'est signé.
00:02 Le bout de nos doigts est incrusté de sillons et de crêtes minuscules qui forment un motif unique,
00:07 les empreintes digitales.
00:08 Dès que l'un de nos doigts touche un objet, il laisse un dépôt invisible de gras et de sueur.
00:13 Ces traces peuvent permettre d'identifier un criminel ou un cadavre,
00:17 de confondre un usurpateur ou de disculper un innocent.
00:20 Faire parler ces traces, c'est la mission de l'expert en empreintes digitales.
00:25 Dans les films, votre métier, c'est le pinceau, la poudre magique et la loupe.
00:39 Mais est-ce que dans la réalité, ça se passe vraiment comme ça ?
00:42 Dans la réalité, ce n'est pas tout à fait comme ça.
00:44 Je suis expert en traces papillaires dans un laboratoire.
00:47 Et dans un laboratoire, nous allons utiliser des méthodes chimiques
00:50 beaucoup plus poussées que celles du pinceau sur des objets qui sont issus des scènes de crime.
00:55 Les empreintes digitales, qu'est-ce que c'est ?
00:57 Une empreinte digitale, c'est le résultat du contact d'un doigt sur un support.
01:02 Nous, au bout de nos doigts ou sur la paume de nos mains,
01:04 nous avons des dessins, des dessins papillaires qui sont formés de crêtes et de sillons.
01:08 L'empreinte papillaire est le résultat du contact entre un doigt ou une paume de main et un support.
01:14 Donc on a tort d'appeler ça une empreinte digitale ?
01:18 Effectivement, c'est un abus de langage.
01:20 Là, ce sont vos doigts, le dessin papillaire est sur vos doigts, l'empreinte papillaire est sur le support.
01:25 Il existe plusieurs types d'empreintes ?
01:28 Il existe plusieurs types de traces.
01:30 On a des traces moulées, qui sont formées dans de la cire ou dans un chum-gum par exemple.
01:38 Nous avons des traces latentes, qui sont celles qui nous intéressent,
01:40 qu'on va chercher, qui sont des traces invisibles à l'œil.
01:43 Et nous avons des traces visibles, qui sont issues du contact d'un doigt avec un support,
01:48 après contamination avec une surface colorée par exemple.
01:50 Alors sur une surface lisse et sèche, quel genre de matière laisse l'empreinte digitale ?
01:56 Si j'appuie ici, qu'est-ce que je vais laisser ?
01:58 En appuyant ici, vous avez laissé une trace papillaire latente, invisible à l'œil,
02:02 qui va être composée de différentes substances sécrétées par des glandes
02:06 à travers les pores de la peau qui sont au bout des crêtes qui forment les dessins papillaires, nous l'avons vu.
02:11 Et ces substances, ça va être des substances grasses, des protéines, des acides aminés et beaucoup d'eau aussi.
02:16 Comment naissent ces fameux dessins papillaires sur nos doigts ?
02:21 Ces dessins papillaires naissent à partir du quatrième mois de grossesse,
02:26 donc dans le ventre de la mère, et ils sont vraiment figés, on va dire,
02:30 ces dessins papillaires, à partir du sixième mois de grossesse.
02:32 Est-ce qu'il y a une hérédité dans l'empreinte digitale ?
02:36 Il y a indéniablement un facteur héréditaire qui va jouer sur la forme des dessins papillaires.
02:44 Et ces empreintes, elles ne changeront jamais pendant toute la vie ?
02:47 Ces empreintes ne changeront jamais, elles sont immuables,
02:50 elles restent identiques tout au long de la vie jusqu'à la putréfaction du cadavre après la mort.
02:55 Donc une empreinte, c'est unique, c'est une signature unique.
02:58 Tout à fait. On peut dire que, même si l'ADN aujourd'hui est une révolution, bien entendu, indéniablement,
03:04 l'empreinte digitale a encore beaucoup de choses à dire.
03:06 Deux vrais jumeaux ont une empreinte digitale qui est différente, et surtout, et ce qui est vraiment important…
03:11 Alors qu'ils ont un ADN identique.
03:12 Alors qu'ils ont un ADN tout à fait identique, bien sûr, deux jumeaux univitélins.
03:16 Et par contre, ce qui est vraiment intéressant avec l'empreinte digitale,
03:20 c'est qu'on est sûr qu'il y a eu une zone de contact,
03:23 qu'il y a eu un contact entre le doigt d'une main ou la paume d'une main et un objet.
03:28 Alors, quand on se coupe, quand on se brûle, quand on s'use les doigts en travaillant,
03:32 ou alors, quand on se fuit d'ampoule, quand on se fuit d'ampoule, la peau gonfle et on arrache la peau ensuite.
03:36 Ça veut dire que cette trace, elle n'existe plus. Comment elle peut se reconstituer ?
03:39 Donc, lorsque la peau va se reformer, le dessin papillaire qui est bien ancré dans les différentes couches de l'épiderme
03:45 va réapparaître à la surface de la peau.
03:47 Exactement le même dessin papillaire que celui qu'il y avait avant l'ampoule.
03:51 Ça fait combien de temps qu'on utilise l'empreinte digitale en police scientifique ?
03:56 Ça fait 110 ans. La première identification par empreinte digitale a été faite par Alphonse Bertillon à Paris sur un crime crapuleux.
04:04 Et le premier criminel, on va dire, identifié par ces empreintes digitales était donc l'affaire Schaeffer,
04:10 qui a été identifiée donc par Alphonse Bertillon.
04:12 Qu'est-ce que ça a apporté à la police scientifique, l'empreinte digitale ?
04:15 L'empreinte digitale a été le premier indice qui a été utilisé, qui a permis d'identifier des individus.
04:21 Peu de personnes s'en souviennent, mais Khaled Kelkal, l'homme des attentats sanglants de 1995, a été identifié grâce à ces empreintes digitales.
04:30 Tout a commencé le 25 juillet 1995.
04:34 À 17h30, une rame du RER B entre dans la station Saint-Michel.
04:39 C'est l'heure de pointe sur lequel les gens se bousculent à l'approche du train.
04:43 Le RER s'immobilise, les portes s'ouvrent, quand soudain...
04:48 J'ai entendu un grand bruit, c'est-à-dire une explosion, mais je ne savais pas du tout ce qui s'est passé.
04:55 Je croyais que c'est la station Saint-Michel qui allait tomber sur nous.
05:01 La détonation qui était immense, incommensurable, c'est le bruit en premier, mais tout de suite en même temps,
05:09 c'est l'odeur, la fumée, les acres à la gorge, les yeux qui piquent, le noir complet.
05:16 Une bombe vient d'exploser dans un wagon du RER. Les passagers sont pris au piège.
05:22 Lorsque les portes s'ouvrent enfin, c'est la panique sur le quai. Tout le monde cherche la sortie.
05:29 J'ai essayé de courir et je peux pas. Je peux pas, mais moi-même, je pose la question pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
05:37 Et là, quand je regardais, la main était en train de couler le sang partout et j'ai vu la chaussure aussi droite et pleine de sang.
05:48 Les secours arrivent très vite. Pompiers, médecins, policiers investissent la station. C'est une véritable scène de guerre.
06:00 Nous sommes arrivés dans un spectacle de désolation, au milieu des gémissements et des cris des victimes, des sauveteurs qui s'affairaient à l'intérieur de la carcasse éclatée d'un wagon du RER.
06:14 Il y avait des équipes du SAMU qui étaient immédiatement opérationnelles, qui procédaient d'ailleurs à des opérations,
06:19 voire même malheureusement, comme je l'ai vu, à des amputations sur le quai même du métro.
06:26 On a vu arriver le préfet de police, on a vu arriver le maire de Paris, on a vu arriver le ministre de l'Intérieur, on a vu arriver le Premier ministre.
06:33 Et pour finir, on a vu arriver, avec la suite que ça sous-entend, on a vu arriver le président de la République.
06:38 Et tout ce monde, bien évidemment, de marcher sur le quai, pour certains d'entre eux, pas tous heureusement, mais de pénétrer dans le wagon,
06:46 ce qui a rendu la charge des policiers, chargée des constatations de police technique, extrêmement complexe dans les premières heures.
06:53 C'est le premier attentat à Paris depuis près de 10 ans. La liste des victimes est sans précédent.
06:59 8 morts et au moins 200 blessés. Alors qui peut se cacher derrière cet attentat meurtrier ? Il n'y a aucune revendication.
07:09 Dès le lendemain, policiers et experts fouillent le wagon soufflé par l'explosion. Ils trouvent des morceaux de métal,
07:16 les fragments d'une bonbonne de gaz de 6 litres. Elle était dissimulée dans un sac, sous un siège.
07:23 C'est la signature du GIA, le groupe islamique armé, qui terrorise l'Algérie.
07:28 Au fur et à mesure, les expertises des ingrédients qui composaient la bombe aiguillent de façon encore plus ferme sur l'Algérie,
07:38 parce que ce sont des bombes très artisanales, un mélange de poudre noire et de sucre, de désherbant,
07:47 qui s'achètent dans tous les magasins en vente libre en France. Et ça constitue une espèce de bombe du pauvre,
07:53 comme ils les appellent en Algérie. Il y en a beaucoup qui ont déjà explosé en Algérie.
07:56 Trois semaines après cet attentat, une nouvelle bombe explose, en plein Paris, à deux pas de l'Arc de triomphe.
08:03 Elle était cachée dans une poubelle, en haut de l'avenue de Friedland.
08:08 On compte 20 blessés, dont trois graves, et tout de suite, une évidence s'impose, les auteurs sont les mêmes.
08:14 Il y avait cette volonté délibérée de causer le maximum de dégâts, c'est-à-dire un lieu très public, très passant, vivant,
08:27 visé à une heure où le maximum de personnes étaient appelées à être présentes.
08:33 Donc il y avait cette similitude déjà première de la volonté de faire le plus mal possible.
08:37 Deux bombes en moins de trois semaines. La psychose s'installe.
08:42 Tout le monde craint un troisième attentat à Paris. Mais les terroristes frappent à 400 km de la capitale,
08:49 à Cailloux-sur-Fontaine, près de Lyon. Le 26 août au matin, une bombe est découverte le long de la ligne du TGV.
08:57 Mais heureusement, cette fois-ci, elle n'a pas explosé.
09:01 On se dit, c'est un double coup de chance. Il n'a pas explosé, donc il n'y a pas eu de mort ni de blessés dans le TGV,
09:10 il n'y a pas eu de déraillement du TGV, et d'un autre côté, on possède un engin entier sur lequel on va pouvoir travailler.
09:16 L'engin est envoyé au laboratoire de police de Paris, qui travaille déjà sur les deux premiers attentats.
09:21 Et la chance sourit enfin aux policiers.
09:25 Sur cet engin explosif, on va faire des recherches pour trouver d'éventuelles empreintes digitales. Comment est-ce qu'on procède ?
09:33 Alors il est vrai que sur un engin explosif, c'est vraiment intéressant, en tout cas dans cette affaire, de faire des recherches de traces papillaires.
09:39 Et on va utiliser des méthodes qui vont dépendre de la nature et de l'état du support qu'on a étudié.
09:45 Là, c'est une bombonne de gaz ?
09:47 C'est une bombonne de gaz, donc nous avons affaire à un support qui est non poreux, du métal.
09:52 Non poreux, c'est aussi le plastique, c'est aussi le verre, par exemple.
09:58 Et donc ce support non poreux, il est lisse, et nous allons utiliser sur le terrain une méthode qui est une méthode ancestrale,
10:05 mais qui est toujours utilisée, c'est l'utilisation de la poudre magnétique noire.
10:09 Support poreux, par opposition au support non poreux ?
10:12 Support poreux, oui, par opposition. Les supports poreux, ce sont le papier, le carton, le bois également,
10:18 c'est un support poreux, et à ce moment-là, on utilisera d'autres méthodologies pour mettre en évidence des empreintes latentes sur ces supports.
10:24 Poudre noire, donc, comment ça marche ?
10:26 Alors la poudre noire, comment ça marche ?
10:28 Ici, je vous ai amené un petit gobelet en plastique, qui est donc un support non poreux lisse.
10:35 Qui est un indice retrouvé sur une scène de crime ?
10:37 Exactement, avec lequel nous allons pouvoir faire une recherche à la poudre noire magnétique.
10:42 Donc, poudre noire magnétique, un pinceau qui est composé d'un aimant, et qui va être utilisé de la manière suivante.
10:49 Donc, on va faire des petites rotations, puis on va aller observer les traces papillaires qui apparaissent.
10:59 On les voit apparaître tout de suite ?
11:00 Alors, on les voit apparaître, oui. En l'occurrence, ici, on peut voir une magnifique empreinte digitale à cet endroit du gobelet.
11:11 Donc, la poudre noire fonctionne très bien sur les traces qui sont assez fraîches.
11:15 Et si on ne la voit pas très bien, cette empreinte, qu'est-ce qu'on peut faire ?
11:18 Donc là, elle est révélée à la poudre noire, on peut utiliser une lumière blanche pour augmenter le contraste de cette trace sur son support.
11:26 Comme ici, par exemple, où on voit beaucoup mieux la trace révélée à la poudre noire sur ce fond qui est un petit peu marron, marron clair.
11:34 Donc là, on a parlé des supports non poreux, mais pour prélever une empreinte digitale sur un support poreux, comment faites-vous ?
11:40 Alors, sur un support poreux, on va utiliser d'autres méthodes.
11:43 Donc, par exemple, ici, je vous ai amené un morceau de papier journal d'un quotidien gratuit,
11:48 sur lequel nous avons appliqué une méthode dont le nom barbare est lindanodione, mélangée avec du chlorure de zinc.
11:56 C'est une méthode qui a été développée par les services secrets américains.
11:59 Là, on ne voit rien quand même.
12:00 Alors là, on ne voit rien, c'est tout à fait normal, c'est un révélateur chimique qui est luminescent.
12:04 Et pour voir les empreintes sur ce document, il va falloir qu'on apporte une source de lumière d'une certaine longueur d'angle.
12:12 Donc Dominique, si vous voulez bien prendre un masque, ici, le masque du milieu.
12:15 Nous allons mettre en évidence ces traces grâce justement à la lumière verte qui est de la bonne longueur d'onde de notre révélateur chimique.
12:26 Ah oui, on les voit parfaitement.
12:28 De très belles traces qui sont apparues sur ce document.
12:31 Qu'est-ce qui reste sur le papier ? C'est le gras ? C'est la sueur ?
12:34 Non, alors dans ce cas, ce sont les acides aminés qui sont mis en évidence
12:37 et qui sont luminescents grâce au révélateur chimique que nous avons appliqué.
12:41 Quelques jours plus tard, le laboratoire de police scientifique rend son rapport.
12:46 La bombe est pleine d'écrous et de vis et rafistolée avec du scotch.
12:51 Sur ce ruban adhésif, les experts retrouvent une empreinte digitale près du détonateur.
12:57 L'homme qui a touché ce bout de scotch s'appelle Khaled Kelkal.
13:00 Tout d'un coup, le terroriste fantôme prend un nom et un visage.
13:07 Cette empreinte, les experts de l'identité judiciaire vont réussir à la faire parler.
13:12 Comment ont-ils fait ?
13:13 Dans l'affaire Kelkal, l'empreinte qui a été révélée, elle a bien sûr pris en numérisé
13:19 et elle est envoyée au fichier automatisé des empreintes digitales.
13:22 Donc le fichier est composé de traces d'individus qui ont commis un crime ou un délit
13:27 et ces traces sont classées dans ce fichier.
13:30 Et lorsque une trace incriminée interroge le fichier,
13:33 la machine va amener un certain nombre de candidats
13:37 avec un taux de score du plus important au moins important.
13:40 Et vous avez l'expert en traces papillaires du fichier automatisé des empreintes digitales
13:44 qui va déterminer dans les candidats proposés par la machine
13:47 si la trace appartient bien à tel ou tel individu.
13:51 Alors comment est-ce qu'on affine ?
13:52 L'expert en traces papillaires du fichier automatisé des empreintes digitales
13:56 va regarder si le nombre de points caractéristiques homologués concordants
14:01 est bien supérieur à 12 dans ce cas-là et qu'il n'y a aucun point discordant.
14:07 12 points de comparaison, c'est obligatoire.
14:10 Ce sont ce qu'on appelle des minuties.
14:12 Alors qu'est-ce que c'est que les minuties ?
14:13 Une minutie, ce sont des caractéristiques des crêtes sur les empreintes.
14:18 On les voit là, vous en avez à porter.
14:20 Ici vous avez une bifurcation.
14:23 Donc cette crête ici se divise en deux, c'est une bifurcation.
14:26 C'est donc un point caractéristique, on mettra un point rouge ici.
14:29 Ici, nous avons par exemple la crête qui s'arrête.
14:33 C'est un arrêt de ligne, ce sera un point caractéristique, etc.
14:36 Alors pour en revenir au FAAED, qui figure dans ce fichier,
14:39 le fichier automatisé des empreintes digitales ?
14:42 Dans ce fichier ne figurent que les auteurs d'un crime ou d'un délit.
14:46 Une empreinte digitale peut être versée par erreur au FAAED.
14:48 On retrouve une empreinte digitale sur une scène de crime, on la verse au FAAED.
14:51 Cette empreinte digitale, elle n'est pas celle de l'auteur du crime,
14:54 est-ce qu'on l'enlève du FAAED ?
14:56 Bien sûr, une trace, quand elle est révélée sur une scène de crime,
14:59 on ne sait pas à l'avance à qui elle appartient, bien entendu.
15:02 Ça peut être à la victime, donc généralement on fait des discriminations,
15:05 on va les comparer avec les personnes connues de la scène d'infraction, on va dire.
15:09 Donc ça peut être la victime, ça peut être un témoin,
15:12 ou quelqu'un qui est venu, je ne sais pas, le jour d'avant pour dîner avec la personne qui est décédée.
15:17 Mais cette empreinte, elle va être ce qu'on appelle une trace non résolue, une TNR.
15:23 Elle va être envoyée dans le fichier et en fonction de l'infraction,
15:26 elle va tourner dans la machine pendant une dizaine d'années, si c'est un crime par exemple,
15:30 et après dix ans, elle est enlevée.
15:32 Combien de personnes au FAAED ?
15:34 Aujourd'hui, il y a plus de 3 millions de personnes.
15:36 Et le FAAED, c'est un fichier sûr ?
15:39 Le FAAED, c'est un fichier qui vous présente des candidats avec un taux de score.
15:42 C'est toujours l'expert, qui est un humain bien entendu,
15:46 l'expert en traces papillaire du fichier automatisé des empreintes digitales
15:49 qui prendra la décision de l'identification ou non.
15:52 Khaled Kelkal est identifié, mais les attaques continuent.
15:56 Après deux nouveaux attentats, une tentative et une chasse à l'homme sans précédent,
16:01 un suspect est abattu à un arrêt de bus à la Maison Blanche, près de Lyon,
16:05 après avoir tiré sur des gendarmes.
16:07 L'homme ressemble à Khaled Kelkal, mais seules ses empreintes digitales pourront confirmer son identité.
16:13 Elles sont donc comparées à celles retrouvées sur la bonbonne de gaz.
16:18 Et là, aucun doute, c'est bien lui.
16:21 Si le suspect numéro un des attentats de 95 est mort, il n'y aura jamais de procès Kelkal.
16:27 Aujourd'hui, l'ordinateur simplifie la vie des hommes et leur fait gagner un temps considérable.
16:36 Mais l'homme n'a pas attendu la machine pour se servir des empreintes digitales.
16:40 Il a inventé la dactylotechnie, une méthode qui a permis, il y a plus de 30 ans,
16:45 de résoudre une autre affaire emblématique, l'assassinat du juge Michel.
16:50 En 1981, Marseille est la capitale de la drogue.
16:54 Pas la capitale française, la capitale mondiale.
16:57 Pierre Michel avait choisi d'y devenir juge d'instruction pour livrer bataille aux trafiquants.
17:03 Son combat s'arrête le 21 octobre.
17:06 Il est abattu de 3 balles alors qu'il rentrait déjeuner avec sa famille.
17:11 - D'après les premiers témoignages à chaud des présents sur les lieux,
17:15 il s'est avéré quand même qu'il a été abattu par 2 individus à moto de grosse cylindrée
17:21 qui a pris la fuite comme une balle, c'est le cas de le dire, après ces coups de feu.
17:26 Ca laisse quand même au départ peu penser à une équipe d'amateurs ou je ne sais quel incident mineur.
17:34 - Des tueurs professionnels, une fuite à moto, ça ressemble à un contrat du milieu ou de la mafia.
17:40 Alors l'Etat français met le paquet.
17:43 Un groupe de recherche spécifique est constitué.
17:46 Plus de 40 commissaires, inspecteurs et enquêteurs se relaient sur l'affaire.
17:51 Et 48 heures seulement après l'assassinat du juge Michel,
17:54 les policiers font une découverte primordiale, la moto des assassins du juge.
18:01 Elle a été retrouvée abandonnée sur un parking à moins de 2 km du lieu du crime.
18:07 Enfin un indice.
18:09 - C'est une moto qui s'avère voler, c'est une moto Honda, rouge, 920 m3, type bobble d'or, grosse machine, n'est-ce pas ?
18:21 Et elle est soumise immédiatement, comme c'est la règle bien sûr,
18:26 à examen donc des fonctionnaires spécialistes des entités judiciaires.
18:31 - A partir du numéro de série de cette moto qui est forcément immatriculée,
18:34 on va retrouver le propriétaire de cette moto, propriétaire auquel l'engin a été volé,
18:40 un an auparavant, dans des circonstances qui ne laissent aucun doute sur le professionnalisme, si j'ose dire, des voleurs de moto.
18:47 C'est vraiment des spécialistes parce qu'elle est volée de nuit, dans une enceinte privée,
18:52 dans des conditions extrêmement précises, après avoir été repérée vraisemblablement.
18:57 Donc cette moto qui a disparu pendant un an et qui réapparaît ensuite sur l'assassinat de Pierre Michel
19:03 a vraisemblablement été entre les mains d'une équipe spécialisée dans le trafic ou le vol de moto.
19:10 - Une équipe spécialisée, des professionnels du vol de moto, les policiers ont des noms, des listes.
19:17 Dans le quartier d'Andoum, où sont nés et vivent beaucoup de petits caïds,
19:21 il y a une équipe qui s'est déjà illustrée dans le vol et le recel de deux roues.
19:25 Des voyous qui sont aussitôt interpellés et placés en garde à vue.
19:29 - Alors évidemment, les gens que nous interpellons à ce moment-là nient toute participation, bien entendu,
19:39 à l'affaire Michel d'une part et d'autre part au vol de la moto.
19:44 Cette affaire est tellement grosse qu'évidemment, on ne peut pas imaginer un instant qu'ils viennent comme ça
19:50 nous raconter leur vie, même si nous, on pense que la moto a transité par leurs mains.
19:55 Les gardes à vue des voleurs de moto ne donnent rien.
19:58 Les policiers reviennent alors à leur seul indice, la moto.
20:03 Elle est démontée pièce par pièce, cadre, moteur, batterie, carénage, méthodiquement.
20:09 Chaque élément est passé à la poudre noire pour faire ressortir d'éventuelles empreintes digitales.
20:17 Au dos d'une moto collante de marque d'huile, n'est-ce pas, il est relevé une empreinte, une empreinte digitale.
20:25 Alors cette empreinte digitale, elle est exploitable, donc elle est de bonne qualité, au lieu de nos spécialistes.
20:32 Et dès ce jour-là, nous décidons d'affecter une équipe du service régional d'identité judiciaire de la PG de Marseille,
20:39 exclusivement à la recherche du titulaire de l'empreinte.
20:45 Et c'est justement en prenant pour acquis, parce que sinon, ce n'est pas la peine de commencer à travailler,
20:49 que ça peut être l'empreinte de quelqu'un qui a déjà été signalisé dans nos services.
20:55 Alors on a une empreinte, une empreinte digitale, qui a été révélée par les experts.
21:04 Le problème, c'est qu'on est en 1981, il n'y a ni ordinateur, ni fichier automatisé des empreintes digitales.
21:11 Donc comment vont travailler les policiers ?
21:13 Il est vrai qu'en 1980, le fichier automatisé des empreintes digitales n'existait pas, puisqu'il a été créé en 1987.
21:18 Et à ce moment-là, les experts en traces papillaires, les dactylotechniciens, vont éplucher manuellement,
21:25 comparer manuellement cette trace révélée sur l'étiquette autocollante de la moto,
21:31 avec les fiches papillées des empreintes digitales qu'ils ont dans leur fichier papier.
21:36 À l'époque, on conservait dans les commissariats des fiches, comme ça, des personnes connues, des voyous ?
21:40 À l'époque, les enquêteurs connaissaient leurs voyous et ils avaient leurs empreintes en stock dans le commissariat.
21:45 Et à Marseille, il y en avait combien à l'époque ?
21:47 À l'époque, il y avait 160 000 fiches. La trace révélée étant d'une forme, on va dire, indéterminée,
21:53 puisqu'elle était assez partielle, elle a été comparée avec les 160 000 fiches,
21:58 c'est-à-dire avec les 1 600 000 empreintes des voyous.
22:03 Comment ça s'est passé ?
22:04 Cette comparaison se faisait manuellement.
22:06 Ça se fait encore manuellement, souvent, aujourd'hui, on peut encore utiliser cette loupe dactyloscopique
22:12 pour faire une comparaison entre une fiche papier et une trace révélée.
22:16 À l'époque, on a travaillé qu'avec ça, qu'avec cette loupe ?
22:19 C'est cette loupe de dactylotechnicien qui est utilisée et qui va permettre à l'expert
22:25 de déterminer une identification formelle ou non, avec, bien sûr, la comparaison et la mise en évidence
22:31 de 12 points caractéristiques homologués et aucun point discordant.
22:35 Et ça prend combien de temps ?
22:37 160 000 fiches manuellement, même pour un expert très aguerri, il a mis plusieurs semaines pour faire ça.
22:43 Et il faut que l'empreinte soit exploitable. Qu'est-ce que ça veut dire une empreinte exploitable ?
22:47 Donc une trace exploitable, c'est une trace qui contient assez de points caractéristiques,
22:51 assez d'éléments, qui est de bonne qualité, qui va permettre d'être comparée.
22:55 Voilà, on est en 1981, on révèle cette empreinte digitale sur un morceau d'autocollant.
23:01 Alors comment est-ce qu'on fait aujourd'hui pour trouver une empreinte digitale sur un morceau de scotch, par exemple ?
23:06 Est-ce que vous pouvez nous faire une démonstration ?
23:08 Aujourd'hui, on va utiliser une technique qui est assez simple, qui est de l'oxyde de fer en suspension.
23:13 Donc par exemple, ici, Dominique, si vous voulez bien, mettez vos doigts sur la partie adhésive de ce scotch.
23:19 Là, j'appuie.
23:21 C'est bon, merci.
23:23 Vous le tenez bien.
23:24 Il est posé naturellement, bien entendu.
23:26 Et nous allons badigeonner cet adhésif avec une solution d'oxyde de fer, à l'aide d'un petit pinceau.
23:33 C'est une petite recette de cuisine, mais très efficace.
23:36 C'est un produit liquide ?
23:40 C'est un produit semi-liquide, oui.
23:42 Donc il y a un mélange d'eau, de détergent, d'oxyde de fer.
23:45 Et ensuite, on va rincer avec de l'eau.
23:47 Donc Dominique, si vous voulez bien tenir l'adhésif, pour faire apparaître ces empreintes digitales.
23:55 Et voilà le résultat.
23:57 Mes empreintes digitales.
23:58 Exactement.
23:59 Donc ici, on peut voir trois magnifiques traces papillaires sur la partie adhésive.
24:05 Ici, ici et ici, qui correspondent aux trois doigts que vous venez de déposer sur la partie adhésive.
24:10 Alors, ces traces, comment allez-vous les transférer sur un support ?
24:13 Donc ces traces, on va les protéger avec un film plastique, pour qu'elles soient conservées dans le temps.
24:19 Et nous allons les photographier avec un appareil photonumérique ou un scanner.
24:23 Et les comparer à l'ordinateur avec les traces d'un suspect.
24:27 Le 31 décembre 1981, dans l'après-midi, nos fonctionnaires de l'identité judiciaire nous révèlent qu'ils ont donc identifié le propriétaire de cette empreinte-là.
24:40 Cette empreinte, c'est celle de Charles Gardina, un mécanicien de 22 ans au chômage.
24:45 Il est fiché pour une affaire de coups et blessures plutôt mineure.
24:49 Un gars qui n'a pas le profil d'un tueur de juges d'instruction.
24:52 Mais grâce à cette identification, grâce aux empreintes digitales, les policiers de Marseille vont pouvoir remonter d'autres hommes, d'autres suspects.
25:01 Le début d'une enquête mouvementée et laborieuse, qui mènera cinq ans plus tard à l'identification et à l'arrestation des assassins du juge Michel.
25:10 Tous ont été condamnés, tous ont dû répondre de leurs crimes, tous ont été confondus grâce à une petite empreinte, celle d'un mécanicien au chômage.
25:20 Aujourd'hui, heureusement, il ne faut plus des mois, mais quelques heures seulement pour identifier une empreinte.
25:33 Les experts travaillent de plus en plus vite, avec des méthodes de plus en plus efficaces, la science a évolué.
25:38 Il n'empêche qu'elle peut quand même se tromper.
25:41 Lundi 31 mars 2003, ni Chantal D'Amato, ni sa fille Audrey, 24 ans, ne se rendent à leur travail ce jour-là.
25:50 Ça ne leur ressemble pas.
25:52 Inquiets, leurs proches préviennent les pompiers qui se rendent chez elles à Merargues, dans la banlieue d'Aix-en-Provence.
26:02 - Et là, quand on arrive sur place, on voit que tout est totalement clos.
26:07 Tous les volets fermés, parce qu'on essaie d'ouvrir un peu de partout, les volets fermés, les portes fermées, le garage fermé.
26:15 Et le volet roulant du salon, en fait, il est totalement baissé.
26:21 Les pompiers remarquent un filet de fumée qui s'échappe d'une fenêtre.
26:30 - Donc là, on s'emploie à coups de pied, je m'emploie à casser, à essayer d'ouvrir cette fenêtre.
26:37 Qui cède, la fenêtre s'ouvre et là, beaucoup de fumée à l'intérieur qui s'échappe de la maison.
26:44 Mon collègue, une fois qu'il a passé la fenêtre, il voit qu'il y a trop de fumée, donc il ressort immédiatement.
26:50 Et on voit qu'on peut pas accéder par là.
26:52 En attendant les renforts, les pompiers aspergent l'intérieur de la maison avec le tuyau d'arrosage.
26:59 - J'arrive à éteindre un petit peu les flammes.
27:03 Et là, je m'aperçois qu'en fait, c'est un lit qui est en train de brûler.
27:10 Je vois le pied du lit, le pied du lit en bois.
27:13 Je l'aperçois, je vois le matelas et puis la fumée continue de se dissiper.
27:21 Et puis là, je fais un pas en arrière, je regarde, je dis mais il y a un corps sur ce lit.
27:29 Et puis là, je vois bien les jambes, en fait, attachées, saucissonnées avec du scotch.
27:38 Et là, il y a mon collègue qui me rejoint et je dis là, il y a un problème.
27:42 Dans la chambre, c'est le corps de Chantal D'Amato.
27:49 - Elle est entièrement ligotée et les yeux et la bouche recouverts de ruban adhésif.
27:56 Elle a les mains attachées, ligotées, les genoux, les chevilles.
28:02 Elle présente une plaie d'égorgement de 13 cm.
28:08 Et elle est partiellement brûlée.
28:13 Dans la deuxième chambre, un autre corps, celui de sa fille Audrey.
28:19 - Et là, une véritable atrocité, à savoir 29 coups de couteau avec 4 coups mortels
28:31 qui sont 2 coups au niveau de la tâche thoracique et 2 coups au niveau des cervicales.
28:38 On voit que l'individu, c'est beaucoup plus acharné sur Audrey que sur sa mère.
28:44 - Les gendarmes se demandent comment l'assassin a pu sortir de la maison alors que tout était fermé.
28:50 Ils font et refont le tour de la propriété.
28:53 Et c'est là qu'ils découvrent que le volet du salon a une commande électrique.
28:58 - Lorsqu'il est sorti, en appuyant sur l'interrupteur, le volet roulant se referme après.
29:04 Il s'agit de 8 à 10 secondes, les délais largement possibles pour quelqu'un de quitter les lieux
29:10 avant que le volet ne se referme.
29:12 - Les pompiers détectent plusieurs départs de feu à l'intérieur de la maison.
29:17 Sur les 2 lits, un fauteuil du salon et un étendage.
29:24 Mais les flammes ne se sont pas propagées très loin.
29:29 - Le fait que toute la maison soit close, il n'y avait pas assez d'oxygène pour que le feu brûle entièrement la maison.
29:36 Donc le feu est resté concentré vraiment sur les endroits où ils ont été allumés.
29:40 Une aubaine pour les experts qui passent la scène de crime au peigne fin.
29:44 Ils s'attardent sur les points de passage obligés de l'assassin et relèvent plusieurs traces,
29:50 notamment sur la baie vitrée par laquelle il s'est enfui.
29:56 - C'est l'empreinte d'un doigt, d'un doigt qui est exploitable.
30:01 C'est-à-dire que pour nous, si on a l'auteur, on peut le comparer avec cette trace-là.
30:06 Et ensuite mélanger avec une trace de sang.
30:09 Donc cette trace de sang à la base de laquelle on va pouvoir identifier un ADN.
30:15 On a également un élément sur l'un des liens qui a servi à ligoter Audrey.
30:23 Et enfin une trace ADN qui semble la plus complète sur un élément pileux
30:29 qui est retrouvé dans la chambre de Chantal sur la ceinture de sa robe de chambre.
30:34 Tous ces prélèvements sont envoyés à l'IRCGN, le laboratoire de la Gendarmerie nationale.
30:42 On est là dans une affaire où la scène de crime a été incendiée, mais toute la maison n'a pas brûlé.
30:50 Alors la question est, est-ce qu'on peut encore y retrouver des empreintes digitales ?
30:55 - A partir du moment où on a des objets qui sont encore entiers,
31:00 on va pouvoir trouver des empreintes digitales sur ces objets.
31:04 Plus on va s'éloigner du foyer d'incendie, plus on a de chances de trouver des empreintes digitales
31:09 puisque plus elles seront éloignées du feu qui peut être assez délétère pour les empreintes digitales.
31:16 - D'autres choses caractéristiques ?
31:18 - Ce qui est intéressant dans les scènes d'incendie, c'est que nous avons de la suie.
31:21 La suie se dépose sur les objets et nous avons des procédures que nous mettons en place.
31:27 Ce sont des techniques d'enlèvement de suie qui vont permettre de révéler ces empreintes
31:32 qui vont apparaître généralement de couleur gris-noir, qui est la couleur de la suie.
31:36 - Ça vit combien de temps, une empreinte digitale ?
31:39 - C'est assez difficile de répondre à cette question puisque la datation d'une empreinte digitale
31:45 va dépendre du support sur lequel elle est présente.
31:50 Sur du papier et sur un support poreux et un support non poreux,
31:56 la durée de conservation va être différente et ça va dépendre des conditions environnementales.
32:01 Il est difficile de répondre par juste un chiffre sur cette question.
32:05 - Une empreinte digitale retrouvée dans une maison brûlée, c'est tout à fait exploitable ?
32:08 - Bien sûr, on peut trouver des empreintes dans une maison brûlée.
32:11 Il faudra juste prendre en considération que si les pompiers sont intervenus pour éteindre le foyer d'incendie,
32:16 ils ont utilisé des éléments liquides, donc on va utiliser des méthodes de révélation différentes
32:22 parce qu'on aura affaire, par exemple, à des objets qui ont été mouillés.
32:26 Les premiers résultats d'expertise qui arrivent sont ceux des traces ADN.
32:30 Mauvaise nouvelle, l'auteur n'est pas répertorié dans le fichier national des empreintes génétiques, le FNAEG.
32:37 Les gendarmes lancent alors une opération de grande envergure.
32:41 - On va commencer à faire les prélèvements sur l'ensemble des personnels qui travaillent et avec Audrey et avec Chantal.
32:54 Pendant des mois, tous les hommes de l'entourage d'Audrey et de Chantal sont testés.
32:59 Les compagnons, les collègues de travail, les voisins, la famille, tout le monde y passe.
33:05 - On a repris un petit peu d'espoir, on se disait, bon, peut-être qu'avec ça,
33:09 comme tenu de toutes les prises ADN qui avaient été faites dans la carte de ce dossier, peut-être qu'on pouvait aboutir.
33:16 Mais après 250 tests ADN, personne ne correspond à la trace retrouvée sur la scène de crime.
33:23 Dernier espoir, l'empreinte digitale.
33:28 Sûrement celle de l'agresseur puisqu'il est sorti de la maison en passant par cette baie vitrée.
33:33 Et cette fois-ci, bingo, l'empreinte digitale livre un nom.
33:37 Celui d'un ancien salarié de la société de transport de bus pour laquelle travaille Audrey.
33:42 En creusant un peu, ce chauffeur de car est un suspect intéressant.
33:47 Il en voulait à Audrey et correspond point par point au signalement de l'assassin dressé par un profiteur.
33:53 Les gendarmes en sont maintenant persuadés, ils tiennent le responsable du double massacre.
34:00 Donc tout le monde est content, on pense tenir l'auteur du double meurtre de Merargues, mais l'ADN ne correspond pas.
34:07 Donc on en revient aux empreintes digitales, on travaille de façon un peu plus poussée.
34:12 Et là on s'aperçoit avec les éléments de concordance qu'au 9e élément de comparaison, il y a un élément de discordance.
34:21 Ça n'est pas lui, comment c'est possible ?
34:23 Nous allons effectuer une comparaison entre cette trace incriminée et une trace de comparaison.
34:27 La trace incriminée, c'est la trace retrouvée sur la scène d'incrime ?
34:30 C'est la trace retrouvée sur la scène d'incrime, exactement.
34:32 Donc cette comparaison, nous allons la faire en partant généralement du dessin papillaire.
34:37 Nous allons commencer à placer ces minuties en partant du centre de figure.
34:43 On peut commencer ici par la baguette centrale qui est un arrêt de ligne, on va mettre un point rouge,
34:48 et on va le reporter sur la trace de comparaison.
34:52 Et on va faire de chaque côté, on va passer de l'une à l'autre en plaçant ces points,
34:57 en comptant le nombre de crêtes qui est entre ces points pour être sûr qu'il n'y a pas d'erreur.
35:02 Et nous allons faire ça jusqu'à obtenir 12 points de concordance minimum, mais aucun point discordant.
35:10 Donc à partir du moment où si par exemple dans cette zone, nous trouvions une bifurcation
35:15 et que nous ne la trouvions pas dans la même zone sur la trace de comparaison,
35:18 on doit conclure à la non-identification de cette trace.
35:21 - C'est définitif ? - Définitif.
35:23 Retour à la case départ pour les enquêteurs qui n'ont plus aucune piste.
35:28 Heureusement, la chance va leur donner un coup de main.
35:33 Près d'un an plus tard, un homme est arrêté pour un viol,
35:36 qui a priori n'a aucun rapport avec le double meurtre, un certain Ponce et Godissar.
35:41 L'homme travaille au quart des pays d'Aix, autrement dit, la même société qu'Audrey, les enquêteurs tiltent.
35:50 - Godissar nie tout en bloc, absolument tout en bloc,
35:53 indiquant qu'il ne s'était jamais rendu à Merargues et qu'il connaissait Audrey comme une relation de travail, rien de plus.
36:01 Godissar nie et les gendarmes manquent de preuves.
36:05 Comme tous les chauffeurs de car, il a déjà subi un test ADN
36:08 et son profil génétique ne correspond pas aux traces prélevées dans la maison de Merargue,
36:12 pas plus que ses empreintes digitales.
36:15 Mais Godissar a un passé et des histoires qui ressemblent étrangement au meurtre d'Audrey et de sa mère.
36:20 Il a aussi un mobile.
36:23 Audrey venait d'apprendre son passé de violeur, une bonne raison pour la tuer, elle et sa mère.
36:30 C'est ce que les jurés ont conclu.
36:32 Ponce et Godissar a été condamné à la peine maximale,
36:35 la réclusion à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans.
36:43 Dans cette affaire, l'erreur aurait pu être fatale,
36:46 Ponce et Godissar auraient pu s'en tirer, d'autant que son ADN avait été pollué.
36:51 Alors, est-ce qu'il existe d'autres cas d'erreurs d'identification d'empreintes digitales ?
36:56 Oui, ça existe.
36:58 Je pense notamment à cette erreur d'identification lors des attentats de Madrid à la gare d'Atocha,
37:03 où une trace avait été révélée sur les sacs d'explosifs
37:06 et qui a été identifiée avec un Américain de l'Oregon, par les Américains justement.
37:11 Et donc, ce n'était pas lui.
37:14 Ils s'en sont aperçus comment ?
37:16 Parce que lui a prouvé qu'il ne pouvait pas être là à ce moment-là, bien entendu.
37:20 Mais surtout, les experts de la police américaine ont fait une erreur,
37:25 parce qu'il y avait déjà un point de discordance qui aurait dû conclure la non-identification.
37:30 Et eux l'ont interprétée comme étant due à une superposition de traces.
37:35 Donc, c'était normal qu'il y avait un point de discordance.
37:38 Et ils auraient dû également s'intéresser aux caractéristiques dites de niveau 3 de cette trace,
37:44 c'est-à-dire la position des ports et des crêtes, qui étaient bien différentes.
37:48 Donc, ça veut dire que l'empreinte digitale, ce n'est pas infaillible, finalement ?
37:51 L'empreinte digitale est infaillible, ce sont ceux qui l'exploitent qui ne le sont pas.
37:55 Donc, en l'occurrence, les experts ?
37:57 Dans ce cas-là, oui, ce sont les experts qui se sont trompés
38:00 et qui ont fait une mauvaise interprétation de la trace.
38:02 Ça arrive souvent, ça ?
38:04 Ça peut arriver souvent, je dirais, heureusement non.
38:08 Nous, nous mettons en place des systèmes, on va dire, de sécurité.
38:12 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, lorsqu'on fait une identification,
38:15 l'expert, il n'est pas tout seul dans son coin en train de faire l'identification,
38:18 mais son travail va être vérifié par au moins deux autres experts aguerris
38:22 qui vont travailler en aveugle,
38:24 qui ne connaîtront pas les conclusions du premier expert.
38:26 Et c'est à la conclusion identique des trois experts
38:30 qu'on conclura l'identification formelle de la trace.
38:33 D'un avis général d'experts.
38:35 Exactement.
38:36 Si la science ne peut se tromper, elle peut aussi faire des miracles.
38:40 C'est le cas dans l'affaire Sedrati.
38:42 30 mai 1999, sur le canal de Jarville, dans la banlieue de Nancy.
38:48 Les pêcheurs à la ligne Saffer sur les bords du canal,
38:51 quand l'un d'eux distingue dans l'eau une masse blanchâtre.
38:55 C'est un pied, un pied droit.
38:58 Le pêcheur alerte immédiatement les responsables de la navigation fluviale.
39:02 Le pied s'est immobilisé contre la pile du pont.
39:05 Arrivé sur place, effectivement, j'ai vu ce pied.
39:09 Il était gris vert, dans un état de décomposition avancée.
39:12 Et sur le coup, j'ai pensé qu'effectivement,
39:15 il avait été coupé par une hélice de bateau.
39:18 Ça arrive quelques fois.
39:20 Ça arrive, c'est vrai.
39:22 Mais le lendemain, à 500 mètres de là, dans l'écluse, nouvelle découverte.
39:29 - Le lundi 31 mai, l'éclusier m'appelle vers 6h du matin en me disant
39:33 "Patrick, je crois qu'il y a une tête à la monte de l'écluse."
39:36 La tête, elle était complètement putréfiée.
39:43 Il y avait un oeil qui pendait, il y avait un bout d'oreille, la langue.
39:47 Enfin bon, je vous passe les détails, mais...
39:50 Elle avait été comme s'il avait été mouliné ou passé dans une hélice de bateau.
39:54 Enfin, c'est ce que j'ai pensé sur le moment.
39:57 - À partir de ce moment-là, les éclusiers se mettent à scruter le canal.
40:01 Le 1er juin, ce ne sont pas eux, mais des promeneurs
40:05 qui découvrent dans le port Sainte-Catherine de Nancy
40:08 un lambeau de corps, un sexe masculin,
40:11 puis un morceau de sternum, puis des côtes.
40:14 Et le même jour, dans l'écluse de Jarville,
40:17 une autre pièce de ce puzzle sordide.
40:20 - Je regardais et j'ai trouvé un morceau de...
40:23 Comme un morceau de chair qui flottait, c'était bizarre.
40:26 Ça a bougé, on a vu une main.
40:29 Elle avait été coupée assez nette.
40:32 Elle était, bon, blanche, quand même, mais bon...
40:35 Elle avait pas l'air d'être beaucoup ordonnée.
40:38 - Le 2 juin, l'inventaire macabre se poursuit.
40:42 Sous le pont Gabriel-Fauré, un 2e pied, le gauche, cette fois-ci.
40:47 Et plus loin, 4 morceaux de chair.
40:50 C'est certain, désormais, le canal est en train de restituer
40:53 le corps d'un homme en pièces détachées.
40:56 Tous les morceaux recueillis sont confiés
40:59 à l'Institut médico-légal de Nancy.
41:02 A 1re vue, le médecin pense au cadavre d'un suicidé
41:05 ou d'un accidenté qui aurait été déchiqueté par des hélices de bateau.
41:08 Mais après un examen minutieux des lésions osseuses,
41:11 le médecin légiste livre une nouvelle hypothèse.
41:14 - Il ne pouvait pas y avoir l'existence d'une telle lésion
41:18 occasionnée par des hélices de bateau, de quelque nature que ce soit,
41:21 parce que les sections étaient franches.
41:24 Et d'autre part, on constatait l'existence de traits d'attaque
41:29 utilisés à travers l'usage d'une arme blanche.
41:33 Donc manifestement, il s'agissait bien d'une section
41:36 occasionnée par un tiers dans la réalisation du dépeçage.
41:40 - La mort remonterait à 6 semaines. C'est un crime.
41:44 Et surprise, en assemblant les morceaux,
41:47 les experts s'aperçoivent qu'il y a 3 rotules.
41:50 Et donc, 2 cadavres.
41:52 Alors, qui sont les victimes du canal de Nancy ?
41:56 Les policiers cherchent dans le fichier des personnes disparues,
41:59 mais ça ne donne rien.
42:01 Ils s'accrochent alors à une pièce maîtresse,
42:03 la main droite retrouvée dans le canal.
42:06 - Alors, cette main, elle est très décomposée.
42:12 Elle a séjourné longtemps dans l'eau du canal.
42:15 L'épiderme est décollée à la surface des doigts.
42:18 Et là, prouesse.
42:20 La police scientifique réussit à y dénicher une empreinte digitale.
42:23 Comment on fait ?
42:25 - On est dans un cas relativement exceptionnel quand même.
42:28 Et la 1re chose à faire dans un cas comme ça,
42:30 ça va être de nettoyer la vase qui est présente sur des seins papillaires.
42:34 La vase, elle s'est infiltrée dans les sillons.
42:37 Et bien sûr, ça va abîmer un quelconque dessein
42:40 qu'on pourrait imprimer.
42:42 Donc on va aller de façon très minutieuse,
42:45 de façon très précise, nettoyer chaque fragment de cet épiderme
42:49 de façon à ce qu'il n'y ait plus du tout de vase sur ce dessein papillaire.
42:53 - Comment faites-vous ?
42:55 - On va le nettoyer, on va le regarder avec des loupes, bien entendu,
42:58 avec différentes solutions qui vont permettre de nettoyer
43:01 de façon à ne pas déchirer l'épiderme qui est très fragile dans ce cas précis.
43:05 - Ce travail, c'est un travail titanesque.
43:07 Ça prend combien de temps ?
43:09 - Alors, ça dépend bien sûr de l'état d'avancement,
43:11 de la dégradation de cet épiderme.
43:13 Mais dans le cas précis de cette affaire,
43:15 ça peut prendre plusieurs semaines, voire presque plusieurs mois.
43:18 - Est-ce qu'on obtient systématiquement un résultat ?
43:21 - Alors, non, on n'obtient pas systématiquement un résultat,
43:24 mais on va s'efforcer d'apporter tout ce que l'on sait
43:27 et tout ce qu'on connaît d'un point de vue scientifique
43:30 pour restaurer ces empreintes.
43:32 En l'occurrence, comme on a cinq doigts sur chaque main,
43:35 on a quand même, on va dire, plus de chances de trouver un résultat.
43:38 Et en tenant compte aussi du fait que, comme je l'ai dit,
43:41 le dessin papillaire est bien intégré
43:44 dans les différentes couches de l'épiderme,
43:46 donc on peut essayer de remonter cette empreinte,
43:49 même dans les couches plus profondes du doigt et de la peau.
43:52 - Là, on est dans l'hypothèse, vous avez réussi à nettoyer cette empreinte,
43:55 mais est-ce qu'il existe d'autres techniques ?
43:58 - Alors, il peut y avoir d'autres méthodes.
44:00 Sur une affaire, je me souviens d'une affaire
44:02 que nous avions traitée sur une main
44:04 qui avait été retrouvée dans le jardin d'une personne,
44:07 cette main qui était momifiée,
44:09 donc cette main, nous l'avons, en fait,
44:11 nous avons regonflé les tissus en lui injectant,
44:14 en dessous de l'épiderme, un mélange d'eau et de glycérine
44:18 qui a permis de regonfler, de donner presque l'aspect vivant,
44:21 on va dire, du tissu, et avec un nettoyage à l'éther
44:24 et un ancrage, nous avons pu retrouver une empreinte digitale.
44:27 - Et il y a une autre technique encore ?
44:29 - Il peut y avoir aussi la technique dite des doigts de gants
44:32 où on enfile la peau comme un gant sur nos doigts
44:36 et on l'imprime comme si c'était notre propre empreinte.
44:39 - En fait, la difficulté, si je vous comprends bien,
44:42 c'est qu'il faut à chaque fois que le support,
44:44 c'est-à-dire la chair sous l'empreinte,
44:46 soit suffisamment ferme pour poser l'empreinte sur...
44:50 - Oui, c'est surtout que la technique qui va être utilisée
44:52 va dépendre de la décomposition de ce cadavre.
44:55 Un cadavre qui a séjourné dans l'eau,
44:57 un cadavre qui a été brûlé,
44:59 on ne va pas utiliser les mêmes méthodes
45:01 pour essayer de restaurer ses empreintes.
45:03 - Sur un cadavre brûlé, tiens.
45:05 - Oui, ce qui est intéressant, c'est qu'on a une rétractation naturelle
45:08 des doigts qui vont protéger la pomme des mains.
45:11 Donc le meilleur taux de réussite pour un cadavre brûlé,
45:14 c'est de restaurer la partie palmaire des empreintes.
45:19 - Parce que le réflexe fait que la personne...
45:21 - Le réflexe, même, ça, c'est un réflexe naturel.
45:24 Lorsque les tissus brûlent, les mains se referment
45:27 et donc protègent naturellement la pomme des mains.
45:31 - Là, on travaille sur l'empreinte palmaire.
45:33 On travaille sur la pomme des mains pour...
45:35 On aura un résultat beaucoup plus intéressant.
45:37 - L'empreinte appartient à un certain Hans Gassen.
45:41 Il a été condamné pour trafic de camions volés.
45:44 Il est allemand.
45:46 Il a purgé 2 ans au centre de détention de Saint-Mihiel,
45:49 en Lorraine, pas très loin du canal.
45:52 Les enquêteurs décident d'étudier les appels téléphoniques de Gassen
45:56 et s'aperçoivent qu'il a reçu plusieurs appels d'un repris de justice.
46:01 Un certain Nadir Sedrati.
46:04 - Les vérifications sur Sedrati,
46:08 ça paraît qu'il s'agit d'un escroc très connu,
46:11 qui a fait l'objet de plusieurs condamnations pour des escroqueries
46:14 et puis pour avoir usurpé l'identité de tierce personne.
46:18 Et on sait très rapidement qu'il a été effectivement condamné
46:21 en dernier lieu à 5 années d'emprisonnement pour escroquerie,
46:24 usurpation d'état civil,
46:26 et qu'il a été libéré du centre de détention de Saint-Mihiel
46:29 en mars 1999.
46:31 - Voilà qui est intéressant.
46:34 Nadir Sedrati a été en prison avec Hans Gassen.
46:37 Et si on en croit les appels téléphoniques,
46:39 les 2 anciens détenus sont restés en contact après leur libération.
46:43 Ce Nadir Sedrati est donc tout de suite un suspect.
46:46 Il est interpellé et dans son appartement,
46:49 les policiers découvrent l'attirail du parfait déposseur.
46:53 Un broyeur à végétaux.
46:56 Un étau.
46:58 Des scies de boucher.
47:00 Et ce n'est pas tout.
47:02 - Sur le carrelage de la cuisine était disposé un lino
47:05 collé avec du papier collant brun sur la plainte de carrelage.
47:09 Lorsque nous avons enlevé ce papier collant brun
47:12 et que nous avons soulevé le lino,
47:14 une auteure en osée abonde nous a montré
47:17 qu'il y avait effectivement quelque chose à découvrir sous le lino.
47:22 Et en fait, c'était une énorme tache de sang
47:25 qui était en train de se décomposer.
47:28 - Près de la cuisine, il y a un bureau.
47:31 Le bureau d'une société, Inter Europe Diffusion.
47:34 Une société de transport routier.
47:36 Intéressant.
47:38 Gassen était chauffeur poids lourd.
47:40 Et dans ce bureau, de faux documents avec de fausses identités.
47:44 - On retrouve des documents au nom de Gassen.
47:49 On retrouve des documents au nom de Steyl Gérard.
47:53 Et également des documents et des effets personnels
47:56 d'un nommé Ronfort Norbert.
47:58 - Autrement dit, les papiers de la victime
48:01 et ceux de 2 inconnus.
48:04 Finalement, grâce à l'ADN, le 2e cadavre est identifié.
48:08 Il s'agit de Gérard Steyl.
48:10 Et bien qu'on n'ait jamais retrouvé le cadavre de Norbert Ronfort,
48:14 Nadir Sedrati est renvoyé pour ce crime devant les Assises.
48:18 Sedrati est finalement condamné à la réclusion à perpétuité
48:22 avec une peine de sûreté de 22 ans.
48:25 - Mais comme dans l'affaire Sedrati, les empreintes digitales,
48:32 ça sert aussi à identifier un cadavre.
48:34 - Bien sûr, en fonction de l'état de décomposition du cadavre,
48:37 on va pouvoir prélever l'empreinte du cadavre
48:41 et la comparer avec les fichiers
48:43 pour savoir si la personne était connue de notre service.
48:46 - Et les méthodes sont les mêmes ?
48:48 - Les méthodes sont exactement les mêmes
48:50 que les comparaisons avec des personnes vivantes.
48:52 - Est-ce qu'un jour, votre métier d'expert
48:55 en identification d'empreintes digitales disparaîtra ?
48:59 - Jamais ! Ce métier ne disparaîtra jamais.
49:02 Les empreintes digitales sont un indice qui est primordial,
49:05 qui est fondamental avec l'ADN.
49:07 C'est un couple de traces qui permet d'identifier des individus.
49:10 - Vous venez en complément de l'ADN ?
49:12 - Tout à fait, on vient en complément.
49:14 Ou l'ADN vient en complément des empreintes digitales
49:17 comme nous pouvons le voir dans les vrais jumeaux.
49:19 Nous avons des vrais jumeaux qui commettent un crime
49:21 et les empreintes digitales sont différentes, mais le même ADN.
49:24 Les fichiers sont plus conséquents en empreintes digitales
49:27 puisqu'aujourd'hui, il y a plus de 3 millions d'individus
49:30 dans le fichier automatisé des empreintes digitales
49:32 et il doit y en avoir un peu plus d'un million
49:34 dans celui du fichier national d'automatisé des empreintes génétiques.
49:37 Donc, on a une chance supplémentaire d'identifier un individu.
49:39 - L'évolution, c'est quoi pour vous ?
49:41 - L'évolution, c'est surtout l'apparition,
49:44 l'introduction des nanotechnologies
49:46 dans les méthodes de révélation de traces.
49:48 Aujourd'hui, on a différentes méthodes
49:51 qui sont appliquées en fonction du support.
49:53 Si on a un support pourreux, si on a un support non-pourreux,
49:56 si on a un support sec, mouillé,
49:58 on va utiliser des méthodes qui sont toutes différentes.
50:00 Aujourd'hui, les nanotechnologies vont permettre
50:03 de se rapprocher presque d'une seule méthode à utiliser
50:06 pour révéler les empreintes, quel que soit leur âge,
50:08 quel que soit l'état du support et la nature de ce support.
50:11 - Est-ce qu'on peut imaginer un jour ficher,
50:15 au niveau des empreintes digitales,
50:17 tous les individus dès leur naissance,
50:19 puisque vous nous avez dit tout à l'heure
50:21 que l'empreinte digitale, elle était définitive dès la naissance.
50:24 Est-ce qu'on peut imaginer un fichier comme ça ?
50:26 - Alors, d'un point de vue techniquement, c'est possible, bien entendu.
50:29 On pourrait ficher tous les nouveaux-nés.
50:31 Après, d'un point de vue déontologique,
50:34 sur les libertés individuelles,
50:36 je ne sais pas si la société serait prête
50:39 à accepter l'existence d'un tel fichier.
50:41 - Malgré l'évolution de la science et de l'ADN,
50:44 l'empreinte digitale reste au cœur des affaires criminelles.
50:47 C'est toujours la méthode la plus utilisée
50:50 et la plus fiable pour identifier une personne.

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