Dans quelles conditions sont gardés les étrangers dans les centres de rétention administrative ?

  • il y a 4 mois

Tous les samedis et dimanches soir, Thomas Schnell reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 18h30 à 19h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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00:00Un mot de ce qui s'est passé à Sète. Il y a eu une évasion par le toit d'un centre de rétention administratif
00:08de dix étrangers qui étaient retenus. Un seul a été retrouvé.
00:13Georges Fenech, dans quelles conditions aujourd'hui sont gardés ces étrangers en centre de rétention administratif ?
00:19On parle souvent de la surpopulation carcérale.
00:23Mais il y a aussi une surpopulation de retenus administratifs.
00:26Puisqu'il doit y avoir de mémoire 2000 places en centre de rétention administrative.
00:34Ce n'est pas suffisant.
00:37Alors il y en a 3000 qui vont être construits dans les prochains temps.
00:40Et donc nous avons affaire à des centres qui ne sont pas des prisons, il faut le rappeler,
00:45mais desquels ils ne peuvent pas sortir ni s'échapper normalement.
00:49Mais il n'y a pas le même niveau de sécurité qu'une maison d'arrêt ou encore moins une centrale.
00:54Donc ce n'est pas la première fois que ça se produit, il n'y a pas si longtemps que ça s'est déjà produit.
01:00Ça pose le problème de la surveillance de ces établissements
01:04et sans doute de renforcer le personnel pénitentiaire qui est chargé aussi de cela.
01:09Mathieu, est-ce qu'il faut renforcer justement le dispositif ?
01:12Tout à fait. Les gens aujourd'hui qui nous écoutent et qui nous regardent
01:16ne veulent plus subir l'immigration, ils veulent la choisir.
01:19Ça c'est la doctrine la plus importante.
01:21Les cras aujourd'hui, la situation dans les centres de rétention administratif
01:24démontrent en quelque sorte la quintessence des problèmes d'impuissance publique
01:28en matière de politique migratoire, faut-il le rappeler.
01:31On nous dit qu'il n'y a pas assez de places aujourd'hui en cras parce qu'il y a justement trop d'OQTF.
01:37Mais pourquoi il y a trop d'OQTF ? Il faut prendre le problème à la racine.
01:40S'il y a trop d'obligations de quitter le territoire français,
01:42c'est parce que l'immigration en amont n'est pas suffisamment régulée aux frontières de la France et de l'Europe.
01:47Ça c'est le premier élément.
01:48On nous dit ensuite que les conditions de détention dans les cras sont mauvaises
01:51parce que justement les gens restent beaucoup plus longtemps en cras qu'ils ne devraient l'être.
01:57Pourquoi ? Parce que justement il y a sur la question des OQTF
02:01un certain nombre de non-exécutions d'OQTF qui le sont par vices de procédure
02:05parce que les procédures durent très longtemps.
02:07Nous on a travaillé sur cette question-là au sein de notre think tank.
02:09On a 20% d'OQTF qui ne sont pas exécutés pour cause de vices de procédure.
02:15Ces problèmes-là de délai administratif pèsent, mettent en difficulté le personnel dans les cras.
02:24C'est pour cela qu'on a des problèmes de conditions de rétention.
02:26L'état de ces centres de rétention administrative aujourd'hui, leur sécurité remise en question.
02:31Écoutez l'analyse de Bruno Bartossetti, le secrétaire national Zone Sud du syndicat de police Unité SGP.
02:38Comme dans beaucoup de cras, les locaux sont vétustes, ne sont pas adaptés.
02:44Tous les moyens sont bons pour échapper à la vigilance des policiers, même s'ils sont très professionnels et s'ils font de leur mieux.
02:51Ce que nous avons là, c'est une évasion.
02:53Parfois il y a des mutineries, parfois vous avez des personnes qui se retournent contre le personnel de police.
02:59On se retrouve en danger, on se retrouve dans des situations très difficiles à gérer
03:03parce que nous ne sommes pas équipés pour retenir des gens qui sont de plus en plus violents.
03:09C'est ce qui se passe aujourd'hui dans les centres de rétention.
03:12Il y a un mot qui a été employé par Bruno Bartossetti sur les cras, rappelons à nos auditeurs, centres de rétention administrative.
03:17C'est le mot de danger aujourd'hui.
03:20Georges Fenech, ces neuf étrangers qui sont en liberté, ils sont dangereux ?
03:25Je ne sais pas, je ne connais pas leur profil.
03:27Peut-être s'agit-il effectivement d'étrangers délinquants en voie d'expulsion et qui ont déjà montré leur caractère dangereux.
03:35Je ne sais pas, il faudrait connaître leur profil.
03:38Mais toujours est-il que des individus en fuite, ça présente toujours un danger.
03:45Parce que pas de domicile, pas d'argent et donc des tentations évidemment de la nécessité, si je puis dire,
03:52de s'en prendre ou bien des autres et peut-être de commettre d'autres infractions.
03:57Donc ils deviennent de ce fait un danger.
04:00Permettez-moi de rectifier, c'est effectivement la police qui est chargée de la sécurité et non pas la pénitentiaire,
04:05c'est des prisons et ils sont totalement débordés.
04:09Ils sont débordés, donc là ce n'est pas du ressort de l'administration pénitentiaire ?
04:14Non.
04:15Plus de policiers dans ces centres-là ?
04:17Oui, il faut plus de policiers, il faut renforcer les moyens, il faut plus de places également dans les centres de rétention administratifs.
04:23Le problème qu'il y a, si vous voyez, c'est que les gens restent longtemps aussi, comme je le disais.
04:27Pourquoi ? Parce que justement il y a un certain nombre d'associations qui sont pro-migration et qui justement entravent les OQTF.
04:34Lorsque je disais qu'il y a 20% des OQTF qui ne sont pas exécutés pour vices de procédure,
04:38c'est parce que vous avez des associations qui conseillent les personnes qui sont frappées d'une OQTF,
04:43justement pour pouvoir trouver le bon vice de procédure, le bon article qui permet justement de ne pas être expulsé.
04:50Et c'est tout l'enjeu aujourd'hui qu'il y a pour les pouvoirs publics, c'est comment vaincre l'impuissance publique en matière migratoire.
04:56Or là, pour l'instant, ce que l'on voit, c'est que rien n'a été fait pour pouvoir justement permettre aux personnels des centres de rétention administratives
05:04de pouvoir justement garantir la sécurité des gens.
05:07Parce qu'il faut le rappeler, si un étranger a été frappé par une OQTF, c'est que soit il est rentré en situation irrégulière,
05:12ce qui normalement devrait constituer un délit, soit il a fait l'objet d'un délit, il a fait un crime, etc.
05:19Mathieu, mais il le sait, il y a environ 120 000, je crois, OQTF, des obligations de quitter le territoire français.
05:28Il n'y en a pas un sur... enfin, à peu près un sur mille qui est placé en crainte.
05:33En quasi majorité, en totalité presque.
05:36Il y a des personnes qui sont en situation irrégulière sur notre sol, parce qu'elles se maintiennent sans autorisation ou parce qu'elles sont arrivées clandestinement,
05:44et bien elles font l'objet d'une invitation en réalité à quitter le territoire.
05:48On leur remet un document en leur disant vous avez un mois, deux mois pour quitter le territoire.
05:52Il y en a beaucoup qui disparaissent de nature, puisque d'après la Cour des comptes, il n'y en a que 7%, entre 7 et 10%,
05:59qui effectivement sont expulsés, voyez-vous.
06:02Donc vous voyez que les centres de rétention administrative ne répondent qu'à vraiment la pointe immergée de cette question de l'immigration clandestine et irrégulière.

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