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Georges-Olivier Reymond, président de co-fondateur de PASQAL, une jeune pousse spécialisée dans l'informatique quantique, est l'invité éco de franceinfo, le 16 mai 2024.

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Transcription
00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à toutes et à tous, c'est l'une des entreprises tricolores de haute technologie,
00:08 les plus prometteuses, nous dit-on, Pascal, dont je reçois ce soir le président et co-fondateur,
00:14 Georges-Olivier Raymond, bonsoir.
00:16 Bonsoir Isabelle.
00:17 Pascal est spécialisé dans l'informatique quantique, pouvez-vous nous dire avec des mots simples, en quoi ça consiste précisément ?
00:24 Avec plaisir. Donc l'informatique quantique, comme son nom l'indique, c'est de l'informatique, donc on va faire du calcul.
00:29 Et du calcul dit de haute performance, c'est-à-dire que si vous cherchez à le faire avec votre ordinateur de tous les jours,
00:35 il faudra en mettre plusieurs côte à côte pour atteindre le niveau de performance nécessaire.
00:39 Et donc ça veut dire qu'il faut des gros ordinateurs ?
00:41 Aujourd'hui oui, mais l'ordinateur quantique c'est une révolution, c'est-à-dire qu'il ne faut pas voir ça comme une innovation,
00:47 ce n'est pas de l'amélioration continue, c'est complètement différent, il y aura un avant et un après,
00:52 il y a des choses qui sont impossibles aujourd'hui qui deviendront possibles grâce au calcul quantique.
00:56 Et pourquoi est-ce qu'on s'y intéresse aujourd'hui particulièrement ?
00:59 Il y a deux raisons principales, c'est que la première, on a toujours besoin de plus de puissance de calcul.
01:04 Aujourd'hui, si vous regardez tout ce qui se fait en intelligence artificielle, c'est du logiciel,
01:08 donc il y a besoin d'ordinateurs pour faire fonctionner le logiciel.
01:12 Donc ça c'est la première raison.
01:14 Et la deuxième, c'est que la solution aujourd'hui qu'on a trouvée pour rendre les ordinateurs plus performants,
01:19 c'est de les faire de plus en plus gros.
01:21 On les fait de plus en plus gros, ils consomment de plus en plus d'électricité et ça finit par devenir un vrai enjeu.
01:26 Et donc c'est-à-dire qu'aujourd'hui vous arrivez à obtenir une puissance de calcul de plus en plus importante
01:31 sans avoir des ordinateurs qui consomment de plus en plus d'énergie ?
01:35 Oui, exactement. J'ai bien donné l'exemple de la requête Chad GPT.
01:38 Voilà, c'est une très bonne... un exemple qu'on comprend.
01:41 Une requête, c'est l'équivalent en termes d'énergie de faire bouillir un verre d'eau.
01:44 Et donc c'est-à-dire qu'aujourd'hui, qui dit IA générative rapide, perfectionnée, dit informatique quantique,
01:50 de plus en plus importante.
01:52 Exactement.
01:53 Et c'est là que vous intervenez.
01:54 Oui.
01:55 Alors aujourd'hui, vous annoncez une avancée majeure dans le cadre d'un projet réalisé avec Thales
02:00 dans la planification des satellites. De quoi s'agit-il ?
02:04 Alors c'est un calcul justement complexe, parce qu'optimiser la trajectoire des satellites,
02:10 il y a énormément de paramètres à prendre en considération pour optimiser cette trajectoire-là.
02:15 Et quand vous mettez beaucoup, beaucoup de paramètres, à la fin vous avez beaucoup, beaucoup de solutions possibles.
02:19 Et à la fin, il faut trouver la meilleure.
02:22 C'est un peu l'équivalent de chercher l'aiguille dans une bête de foin.
02:26 Et un ordinateur quantique est capable de faire ça beaucoup plus efficacement que nos solutions classiques.
02:31 Alors beaucoup d'investisseurs s'intéressent à vous.
02:33 Vous avez réussi à lever 100 millions d'euros.
02:35 C'est dire si le monde financier pense qu'il y a un potentiel de croissance.
02:39 C'est d'ailleurs, je crois, la plus grosse levée de fonds dans l'informatique quantique à ce jour en Europe.
02:44 C'est énorme, mais en même temps, c'est rien si j'ose dire, face à la capacité de financement
02:48 des mastodontes du secteur, j'ai nommé IBM et Microsoft.
02:53 J'aime bien cette remarque.
02:55 On dit qu'en France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées.
02:58 Pour faire un ordinateur quantique, il faut à la fois du pétrole et des idées.
03:01 Alors le pétrole, c'est l'argent ?
03:03 Le pétrole ici, c'est l'argent.
03:05 Mais là, on est bien fondé, Pascal.
03:07 Alors on n'est pas autant que les grands concurrents américains, peut-être.
03:11 Mais en fait, si vous regardez les équipes d'IBM et de Microsoft, elles ne sont pas si énormes que ça.
03:16 Donc on lutte, je pense, à armes égales.
03:18 Vous pensez qu'on lutte à armes égales ?
03:20 Oui.
03:21 Avec Microsoft et IBM ?
03:22 Oui. On a une approche différenciante qui est la technologie.
03:26 Vous avez une meilleure technologie ?
03:28 Oui.
03:29 Vous le dites comme ça, de façon naturelle.
03:32 Et vous n'avez pas besoin de plus de financement ?
03:34 C'est-à-dire que les financements, aujourd'hui, européens, sont suffisants pour développer une entreprise comme Pascal ?
03:39 Je n'ai pas dit ça. Jusqu'à présent, on est bien.
03:42 Mais il faut continuer. C'est un effort continu.
03:45 Pourquoi est-ce qu'il est important d'avoir une politique souveraine concernant les technologies de pointe,
03:50 comme l'informatique quantique vis-à-vis des mastodontes américains dont on vient de parler,
03:54 et vis-à-vis des chinois aussi ? Pourquoi est-ce que c'est important ?
03:57 Je l'ai dit tout à l'heure, il y aura un avant, il y aura un après.
04:00 Il y a des gens qui en auront un, il y a des gens qui n'en auront pas.
04:03 C'est pour ça que c'est un enjeu, aujourd'hui, de les avoir.
04:05 Il ne faut pas utiliser les modèles de calcul de Microsoft, d'IBM ?
04:09 Il y a les deux. Il y a l'aspect logiciel et il y a la partie hardware.
04:13 Si vous arrivez à être souverain sur une des deux parties,
04:17 ici, c'est hardware, et si en plus vous ajoutez la souveraineté logicielle,
04:23 je vais faire une petite référence à Mistral ici,
04:25 Mistral, qu'on a reçu ici, à votre place.
04:27 Vous devenez indépendant.
04:29 Et pourquoi est-ce que c'est important d'être autonome sur ces domaines ?
04:32 Le calcul de haute performance, il est partout dans nos vies de tous les jours.
04:36 On ne s'en rend pas forcément compte, mais il est partout.
04:39 Airbus, aujourd'hui, un avion, c'est dessiné entièrement sur ordinateur,
04:43 grâce à des simulations sur des supercalculateurs.
04:45 Pascal a été créé il y a 4 ans.
04:47 Vous-même, vous êtes un ancien cadre chez Safran,
04:50 start-up qui a été créé avec 4 physiciens, 200 employés aujourd'hui,
04:54 des usines en France, au Canada, vous êtes en train de vous développer,
04:58 également en Asie.
04:59 Pourquoi est-ce que c'est important, justement, d'être international aujourd'hui,
05:03 quand on vient de parler de souveraineté en Europe ?
05:05 Il y a deux aspects.
05:06 Il y a une course de vitesse, d'une part, donc il faut aller vite.
05:11 Un moyen d'aller vite, c'est d'augmenter ses ressources,
05:17 d'avoir plus d'usines pour en fabriquer plus.
05:19 D'où des usines en France, en Allemagne, au Canada ?
05:22 En France et au Canada, pour l'instant.
05:25 Donc oui, ça fait partie de l'approche.
05:27 Et le deuxième, c'est qu'il y a des marchés à conquérir.
05:30 C'est émergent, il y a des marchés à conquérir,
05:33 mais il y a toujours un bonus au premier présent.
05:37 C'est-à-dire que si vous voulez développer des partenariats,
05:40 avoir des clients aux Etats-Unis ou en Asie,
05:43 il faut avoir également les ordinateurs implantés là-bas ?
05:47 C'est peut-être un peu théorique, ce que je suis en train de dire.
05:49 Non, c'est exactement ça.
05:51 Et puis, construire un ordinateur quantique, c'est quand même quelque chose de complexe.
05:54 On a beaucoup d'atouts en France et en Europe,
05:57 mais on ne peut pas tout faire nous-mêmes.
05:58 Donc il y a besoin aussi d'aller chercher des compétences spécifiques,
06:01 clés dans d'autres géographies.
06:03 Et donc des partenariats. Merci beaucoup.
06:06 Georges-Olivier Raymond, j'espère que vous avez réussi à nous faire toucher
06:09 d'un peu plus près l'informatique quantique.
06:12 Vous êtes le président et co-fondateur de PASCAL.
06:15 Invité ECHO de France Info ce soir.

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