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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 19h c'est l'heure, lundi de Pentecôte, il fait beau, il fait chaud partout en France.
00:00:05 Il y a quelques gouttes quand même.
00:00:07 Mais je vais vouloir rigoler un peu.
00:00:09 Ah bon d'accord. Mouillez-vous.
00:00:11 Toujours tout prendre à la lettre mon Marc.
00:00:14 Allez, la Minute Info avec Mickaël De Santos. Bonsoir Mickaël.
00:00:18 Bonsoir Christine, bonsoir à tous.
00:00:20 Après l'annonce du décès de Jean-Claude Godin, les réactions politiques se multiplient.
00:00:24 Pour Emmanuel Macron, l'ancien maire de la ville était Marseille fait homme.
00:00:28 Nicolas Sarkozy évoque lui un homme intransigeant dans ses convictions, fidèle à ses proches et à sa famille politique.
00:00:34 Un hommage républicain sera rendu demain à 17h devant l'hôtel de ville de Marseille.
00:00:39 Le trafic sera très fortement perturbé demain sur le réseau SNCF d'Ile-de-France.
00:00:45 À certaines heures de la journée, prévoyait seulement un train sur cinq sur le RER D, la ligne R du Transilien,
00:00:51 deux trains sur cinq sur le RER E et C.
00:00:54 Le travail est dû à la mobilisation des cheminots franciliens à la veille des négociations sur les primes perçues pendant les Jeux Olympiques.
00:01:01 Et puis enfin, après cinq ans de combats, Julian Assange remporte une victoire judiciaire.
00:01:05 Le fondateur de Wikileaks s'est vu accordé par la justice britannique la possibilité d'un nouvel appel
00:01:10 contre son extradition aux États-Unis où il encourt jusqu'à 175 ans de prison.
00:01:15 L'Australien est poursuivi pour avoir rendu public plus de 700 000 documents confidentiels
00:01:19 sur les activités militaires et diplomatiques américaines.
00:01:24 Eh ben dis donc, que d'infos ce soir, mon cher Michael De Santos, merci beaucoup.
00:01:29 Et au sommaire ce soir, en regardant la situation en Nouvelle-Calédonie, sans issue à l'heure qu'il est,
00:01:36 on pourrait se demander quand ?
00:01:39 Quand cette situation se pauvrage-t-elle dans le reste de l'outre-mer ?
00:01:43 Et quand ici, dans l'Hexagone ?
00:01:46 On peut le redouter sans l'espérer, on peut s'en inquiéter sans le souhaiter.
00:01:50 Nouvelle-Calédonie, et si la révolte annonçait le destin des sociétés européennes ?
00:01:56 L'édito de Mathieu Boccote.
00:01:59 Alors que le procureur de la Cour pénale demande des mandats d'arrêt
00:02:04 contre Benhamin Netanyahou et les chefs du Hamas pour crimes de guerre,
00:02:08 beaucoup sont scandalisés, entre autres, car c'est une première pour une grande démocratie comme Israël.
00:02:15 Par ailleurs, la mort du président iranien Ibrahim Raisi dans un accident d'hélicoptère ce week-end
00:02:21 a beaucoup interpellé sur le plan international.
00:02:24 Beaucoup de sujets, en quoi est-ce un tournant majeur ?
00:02:28 L'analyse de Dimitri Pavlenko.
00:02:31 Amélie Oudea Castera a demandé des sanctions les plus fermes contre le joueur Mohamed Kamara.
00:02:37 Lors de la 34e journée de Ligue 1, le buteur de Monaco international Malien
00:02:43 a masqué le logo "Stop Homophobie" ainsi que le patch aux couleurs LGBT sur son maillot.
00:02:48 Il a aussi refusé de prendre part à la photo d'avant-match devant le panneau "Contre l'homophobie".
00:02:53 Quelle responsabilité pour le joueur ?
00:02:56 Le club, la religion ont pointé du doigt par certains des convictions personnelles.
00:03:01 Est-ce que le foot va trop loin en faisant de la politique le regard de Marc Menon ?
00:03:07 Gérald Darmanin a décoré et salué l'action du jeune policier
00:03:11 qui a neutralisé l'incendie de la synagogue de Rouen.
00:03:14 Il a également décoré les deux gendarmes morts en Nouvelle-Calédonie la semaine dernière.
00:03:19 En quoi le gouvernement fait-il de la politique par la décoration ?
00:03:23 Est-ce important de décorer la France qui sert la France ?
00:03:27 Le décriptage de Gabriel Cluzel.
00:03:29 Et puis, regardez bien ces traditionnels perruques britanniques qui devraient disparaître.
00:03:36 Si en France nous avons désormais la loi qui lutte contre la discrimination par les cheveux,
00:03:40 en Grande-Bretagne, suite à des plaintes qui jugent ces coiffures discriminatoires pour les cheveux afro,
00:03:46 le système judiciaire britannique s'apprête à revenir sur l'obligation du code vestimentaire traditionnel.
00:03:54 Adieu les traditions face aux sensibilités de ces derniers temps.
00:03:58 L'édito de Mathieu Bocoté.
00:04:01 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mousquetaires.
00:04:05 Gabriel Cluzel est avec nous ce soir. C'est parti !
00:04:09 [Générique]
00:04:20 D'abord, on a appris aujourd'hui la mort de Jean-Claude Goudin, maire de Marseille,
00:04:25 pendant 25 ans à 84 ans. Qu'est-ce que ça évoque pour vous, Mathieu Bocoté, en un mot ?
00:04:31 Alors, en un mot, c'est la classe politique de l'ancien temps, mais dit de manière positive.
00:04:34 C'est-à-dire que c'est un homme qui était roi en sa ville, qui était un véritable baron indélogeable de la politique française.
00:04:39 Ce n'était pas un technocrate interchangeable avec tant d'autres.
00:04:42 On peut l'apprécier ou non, mais c'est un vrai, vrai politique. Ce n'était pas un communicant parmi d'autres.
00:04:48 On peut quand même, même si on est toujours dans les hommages lorsqu'il y a décès,
00:04:53 rappeler que ces dernières années, il regrettait lui-même le drame des immeubles qui s'étaient effondrés
00:05:00 et en se jugeant responsable. C'est-à-dire que, bien qu'ayant été pendant 25 ans à la tête de la mairie de Marseille,
00:05:07 il estimait qu'il n'avait pas été tout à fait à la hauteur de ce qu'il aurait dû réaliser.
00:05:11 En tout cas, on pensait effectivement pour cet homme qui a eu des postes très importants dans la vie politique française,
00:05:20 outre effectivement la ville de Marseille.
00:05:24 - Une image, puisque Charlotte n'est pas avec nous ce soir. Petite confidence, vous qui nous suivez à Face à l'Info.
00:05:30 Elle est où ? Elle est où ? Il est où le bonheur ? Il est où ? Elle est au pèlerinage de Chartres.
00:05:36 - Oh, non ! - Étonnant, non ?
00:05:39 - Ah, ouais !
00:05:41 - Le traditionnel pèlerinage de Pentecôte entre Paris et Chartres bat son record de participation en 10 ans.
00:05:48 Le pèlerinage qui s'étale sur trois jours a vu doubler ses effectifs. Ils étaient 16 000 l'année dernière.
00:05:54 Près de 18 000 participants sont arrivés à Chartres aujourd'hui, où une messe a été célébrée devant la cathédrale Notre-Dame cet après-midi pour la clôture.
00:06:03 Mathieu, votre regard ?
00:06:05 - Ah, mais il y a une beauté là-dedans, quoi qu'on en dise. C'est une tradition.
00:06:08 En fait, c'est une identité profonde qui ressurgit et qui est portée par une vraie jeunesse, ce n'est pas un détail.
00:06:13 Donc le catholicisme qui se présente ainsi n'est certainement plus hégémonique, mais il n'est pas non plus groupusculaire et agonisant.
00:06:18 Peut-être est-il renaissant. À tout le moins, je suis persuadé que notre amie Charlotte l'espère.
00:06:22 - Gabrielle ?
00:06:24 - Alors, c'est un pèlerinage très impressionnant. Moi, j'y ai fait un tour samedi et je l'ai fait plusieurs fois.
00:06:31 Je ne vais pas faire comme la montre de Jacques Seguelin, mais c'est un peu ça.
00:06:34 Il faut aller faire une fois le pèlerinage de Chartres pour ne pas rater sa vie.
00:06:39 - En tout cas, les processions... - Qu'on soit catholique ou pas.
00:06:43 - Exactement. Les processions sont très impressionnantes.
00:06:46 Et c'est vrai, vous savez, la France, c'est la religion catholique, c'est un peu consubstantiel.
00:06:49 Donc quand on aime la France, on aimera le contexte culturel du pèlerinage de Chartres à Lumière.
00:06:56 - Pardonnez-moi, mais même si on n'est pas croyant, même si on n'a pas de spiritualité, par exemple, c'est un peu con selon vous ?
00:07:00 - Il y a beaucoup de gens qui sont revenants du reste et qui arrivent là, emmenés par des amis et qui, au départ, ne croient pas.
00:07:08 Alors après, il y a des bouleversements intérieurs qui ne nous regardent pas, ou pas d'ailleurs.
00:07:13 Mais non, c'est vraiment assez impressionnant. Je ne connais personne qui n'ait pas été frappé par ce spectacle, vraiment.
00:07:23 - Alors, les événements de Nouvelle-Calédonie rappellent à ceux qui en doutaient que le rapport de ce territoire avec la France reste fort complexe.
00:07:34 Les raisons de la présente vague de violence sont nombreuses. Mathieu Bocoté, on en a beaucoup parlé, mais on n'a pas fini d'en parler.
00:07:40 Mais le déclencheur politique est incontestable. A partir de là, on va se poser une question ce soir.
00:07:46 Peut-on s'attendre à de semblables événements, tôt ou tard, ailleurs dans les Outre-mer, qui se crutent au Cheveu-Pré ou en métropole, dans l'Hexagone, directement ?
00:07:57 - La question, effectivement, regardant les événements, c'est est-ce que nous sommes ici devant un événement déclencheur qui aura des répercussions ailleurs dans les Outre-mer ou en métropole,
00:08:08 ou tout simplement en Europe, plus largement dans les années à venir ? Est-ce que nous sommes témoins, en fait, d'une scène d'époque ?
00:08:15 On va rappeler simplement les quatre grandes positions qui se dégagent pour l'instant pour comprendre l'état d'esprit de la classe politique devant cette révolte calédonienne.
00:08:25 Il y a le pouvoir, on pourrait dire, les institutions qui disent, un instant, donc la Macronie globalement, un cadre a été établi, le fameux processus qui doit être parachevé par la réforme constitutionnelle.
00:08:38 Les Calédoniens ont accepté, parmi ceux-là, les Kanaks ont accepté ce processus. Il est arrivé à son terme. Dès lors, ce dont il est question en ce moment, c'est une question de respect de l'ordre.
00:08:49 C'est tout. C'est du maintien de l'ordre. Il faut mater les insurgés que l'on présente comme étant une toute petite minorité.
00:08:55 Et ce n'est pas une question politique que nous avons devant nous, c'est une question de maintien de l'ordre. La question politique serait derrière nous.
00:09:02 Il y a une partie de la droite qui est plutôt sur un mode, on pourrait dire, à la fois maintien de l'ordre, plus France impériale.
00:09:09 Sur le mode, nous sommes, c'est un territoire qui marque la grandeur de la France, qui marque l'importance de la France dans le monde.
00:09:15 Et ce qui est intéressant, c'est que cette droite, lorsqu'elle est en métropole, elle a une définition substantielle, souvent de la nation culturelle.
00:09:22 Et soudainement, pour intégrer la Nouvelle-Calédonie dans sa définition de la nation, elle se fait soudainement très universaliste, version impériale.
00:09:28 C'est-à-dire, ce sont des Français là-bas comme les autres, même si au même moment, on reconnaît la question de l'identité Kanak.
00:09:34 On dit, c'est la France qui est là-bas, il faut éviter la distinction entre différents types de Français.
00:09:39 Il y a la gauche, inversement, qui, par rapport à la Nouvelle-Calédonie, est particulièrement zémourienne.
00:09:44 Et elle nous dit, il faut défendre l'identité du peuple d'origine qui ne doit pas être mise en minorité chez lui, sur ses terres.
00:09:51 Donc ça, c'est un discours qui est permis, on en parlait la semaine dernière, on peut le tenir au sud, on ne peut pas le tenir au nord.
00:09:57 Et c'est assez intéressant de voir comment la gauche, de ce point de vue, adapte ses principes.
00:10:01 Certains, comme Fabien Roussel le disait ce week-end, sont favorables, ils disent qu'il faut que ça aille jusqu'à l'indépendance.
00:10:06 C'est le point d'aboutissement naturel de ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie.
00:10:11 Et le RN, une position un peu inattendue pour plusieurs, le RN dit, bon, il faut mater, évidemment, les événements, les rebelles, les violents.
00:10:18 Mais la question politique demeure, la question nationale calédonienne ou Kanak demeure.
00:10:24 Marine Le Pen dit, il faut qu'il y ait un autre référendum, le troisième n'était pas concluant.
00:10:28 Dans 40 ans, dit-elle, mais elle aurait pu dire dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans, dans 20 ans, dans 30 ans, dans 40 ans.
00:10:33 Elle nous dit finalement que la question n'est pas réglée et après un temps d'arrêt, il faut voir si elle se pose à nouveau
00:10:39 et quel est le rapport des Kanaks et plus largement des populations de Nouvelle-Calédonie à la France.
00:10:44 Donc elle dit, la question demeure politique.
00:10:47 J'entends plusieurs dire que c'est une question qui est parasitée, en fait, par la présence d'intervenants étrangers.
00:10:53 Donc on dit, oui, il y a une révolte en Nouvelle-Calédonie, mais derrière ça, il y a l'Azerbaïdjan, derrière ça, il y a la Chine.
00:10:59 On peut dire que, de manière tout à fait descriptive, tous les mouvements d'émancipation nationale,
00:11:05 violents, pas violents, légitimes, pas légitimes, sont toujours, si ils fonctionnent, soutenus de l'extérieur.
00:11:11 Je me rappelais, pensez aux Slovènes et aux Croates au début des années 90, au moment de l'éclatement de la Yougoslavie.
00:11:18 Pourquoi ont-ils réussi leur indépendance? C'est parce qu'ils étaient soutenus à l'époque par l'Allemagne.
00:11:23 Alors que la France n'était pas favorable à l'éclatement de la Yougoslavie, l'Allemagne dit, nous reconnaissons votre indépendance.
00:11:28 Donc ça donne un accélérateur. Inversement, pensez à la Catalogne, qui a gagné son référendum d'indépendance à sa manière,
00:11:35 mais aucune reconnaissance extérieure. Elle espérait que les institutions européennes reconnaissent le processus démocratique.
00:11:41 Aucune reconnaissance. Et aujourd'hui, le nationalisme catalan n'est pas en décomposition, mais en recomposition.
00:11:47 Ils prennent voie autonomiste plutôt qu'indépendantiste. Donc, ayons cela.
00:11:51 - Il n'y a pas une petite différence entre l'ingérence dont on parlait la semaine dernière, qui a commencé bien avant ce qui se passe maintenant?
00:12:00 - Je constate que l'ingérence d'un pays dans la politique d'un autre n'est pas chose nouvelle.
00:12:06 - C'est plus ingérence que soutien?
00:12:09 - Ingérence et soutien, ça dépend de votre point de vue.
00:12:12 - Si c'est le soutien aujourd'hui, par exemple, qui a des émeutes entre le pays et la surplace...
00:12:17 - L'opinion est travaillée depuis longtemps par des puissances étrangères.
00:12:21 Je note par ailleurs que la France elle-même ne s'est pas interdit en d'autres circonstances d'agir sur la politique d'autres pays
00:12:26 pour soutenir des mouvements nationaux qu'elle appuyait en d'autres circonstances.
00:12:30 - On le dit, en effet.
00:12:32 - Donc, ayons tout ça à l'esprit pour constater que le véritable enjeu est géopolitique.
00:12:38 Il y a une revendication nationale, un contexte géopolitique, et il y a un constat tout simple.
00:12:44 Faire cohabiter des populations qui ont des cultures fondamentalement différentes,
00:12:48 des identités fondamentalement différentes, des civilisations fondamentalement différentes,
00:12:52 cette cohabitation est toujours particulièrement difficile
00:12:56 et peut toujours, d'une manière ou de l'autre, aboutir à des frictions,
00:13:00 aboutir à des conflits, aboutir à de la violence.
00:13:03 Le constater, ce n'est pas le souhaiter, c'est encore moins s'en réjouir,
00:13:06 mais on constate que la cohabitation entre des cultures lourdes qui ne sont pas les mêmes,
00:13:10 ça donne des frictions, souvent.
00:13:13 - Doit-on s'attendre à la même chose dans les autres territoires, au département d'Outre-mer ?
00:13:18 - À court terme, je ne crois pas.
00:13:20 Tout le monde regarde, mais la situation n'est pas la même partout.
00:13:22 La grande erreur souvent des intellectuels qui découvrent un sujet,
00:13:25 c'est qu'ils lisent 24 heures sur la question, et ensuite ils croient tout savoir,
00:13:29 et ensuite ils décident d'appliquer le même principe de lecture partout.
00:13:32 Or, non, ce n'est pas la même chose.
00:13:33 Chaque situation est particulière, il n'y a pas une situation insurrectionnelle partout.
00:13:37 Donc, évitons de croire que cela va se reproduire.
00:13:40 - Il n'y a pas de nickel en Guadeloupe et en Martinique.
00:13:41 - Ça peut contribuer à des explications.
00:13:43 Ensuite, ce qui est intéressant, c'est de voir qu'il y a néanmoins un mouvement de fond
00:13:47 qui se joue en Nouvelle-Calédonie.
00:13:49 Et ce mouvement de fond, c'est un mouvement qui est engagé depuis 1945, en fait.
00:13:53 C'est le grand mouvement du reflux de l'Occident vers sa terre d'origine.
00:13:56 Globalement, on peut dire qu'à partir de 1492, l'Europe s'est déployée à travers le monde.
00:14:01 L'Europe a fondé des pays, quelquefois, à son image.
00:14:04 Je reviendrai, le Canada, les États-Unis de Québec, la Nouvelle-Zélande, l'Australie,
00:14:09 et l'Europe aussi, par ailleurs, a réussi à installer des avant-postes en différents lieux.
00:14:14 Or, qu'est-ce qu'on voit aujourd'hui?
00:14:16 L'Europe, partout, s'est déployée, a fait des colonies aussi.
00:14:19 Et aujourd'hui, l'Europe reflue vers ses terres.
00:14:21 Alors, le mouvement de décolonisation, on l'a connu dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
00:14:25 avec la fin des empires coloniaux, les Néerlandais, les Portugais, la France, l'Espagne, la Grande-Bretagne.
00:14:31 Donc, la fin des empires coloniaux.
00:14:33 Mais aussi, il ne faut pas l'oublier, des territoires administratifs qui restaient.
00:14:37 1997, Hong Kong, qui est un territoire qui était encore sous administration britannique, retour à la Chine.
00:14:42 1999, Macao, sous administration portugaise, retour à la Chine.
00:14:47 Donc, ces territoires retournent peu à peu, parce que l'Europe n'a plus les moyens de sa puissance ancienne,
00:14:53 qui était une puissance de souveraineté à travers le monde.
00:14:56 De la même manière, vous le noterez, les populations anciennement colonisées refluent vers la métropole.
00:15:05 C'est ce que j'appelle l'inversion du mouvement colonial.
00:15:08 Donc, l'Europe s'était déployée à travers le monde.
00:15:10 Aujourd'hui, le monde se déploie en Europe.
00:15:13 On nous dit quelques fois au début, oui, mais c'est les populations des anciennes colonies qui reviennent dans leur pays.
00:15:19 La métropole d'origine.
00:15:20 C'est vrai et c'est faux.
00:15:21 C'est vrai, par exemple, en France, on a vu par où ça commençait.
00:15:23 Mais aujourd'hui, pensez à la Suède, pensez à la Norvège, le vaste empire africain-suédois, j'en n'ai pas souvenir.
00:15:31 Or, manifestement, l'Europe, aujourd'hui, voit le monde refluer vers elle.
00:15:36 Et j'entends certains nous dire, par exemple, le chef communiste Roussel,
00:15:40 qui disait ce week-end dans le cadre de ce grand rendez-vous,
00:15:43 qu'il n'y a aucun lien entre la crainte d'être mise en minorité chez soi pour les Kanaks
00:15:49 et de l'autre côté pour les Européens ou les Français.
00:15:52 Moi, je trouve que c'est absurde.
00:15:53 En fait, la gauche utilise la même méthode qu'elle fait toujours.
00:15:56 Elle hurle au scandale.
00:15:57 « Vous n'avez pas le droit de faire cette comparaison entre la mise en minorité quelque part et la mise en minorité ailleurs.
00:16:03 Vous n'avez pas le droit de faire cette comparaison.
00:16:05 C'est scandaleux, c'est odieux, vous n'avez pas le droit. »
00:16:08 D'accord, mais si je fais la comparaison quand même.
00:16:10 Est-ce qu'aujourd'hui, on peut dire que même s'il n'y a pas d'empire colonial du Sud qui monte vers le Nord,
00:16:15 l'arrivée massive des populations du Sud vers le Nord,
00:16:18 qui transforme la composition démographique de nos pays,
00:16:21 qui transforme leur identité, qui transforme leur culture, qui transforme leur mœurs,
00:16:25 est-ce qu'on ne peut pas dire qu'à l'échelle de l'histoire,
00:16:27 c'est l'équivalent d'un mouvement colonial sous une forme nouvelle?
00:16:31 J'ajoute une chose.
00:16:32 Ces populations qui arrivent se transforment souvent en diaspora.
00:16:36 Ce qui favorise les pays d'origine, la Turquie, le Maroc, la Chine,
00:16:40 qui jouent de ces populations nouvellement installées en Occident
00:16:44 et de ce point de vue, mènent une politique quelquefois impériale contre l'Occident.
00:16:48 Ne l'oublions pas.
00:16:49 Quand un territoire change de population, il change d'identité.
00:16:53 Il faut simplement l'avoir à l'esprit. C'est factuel.
00:16:55 Prenez le cas du Kosovo, qui en l'espace d'un siècle a changé de population,
00:16:59 et bien, il a changé d'identité, et un jour, il s'est séparé.
00:17:02 Prenez le cas de la Seine-Saint-Denis aujourd'hui, qui a changé de population.
00:17:05 Dans un siècle, est-ce qu'il risque d'y avoir une tentation autonomiste
00:17:08 ou davantage en Seine-Saint-Denis ou ailleurs?
00:17:10 Poser la question ne devrait pas être scandaleux.
00:17:13 Notez par ailleurs que cet espèce de mouvement d'inversion
00:17:15 se fait quelquefois à l'intérieur d'États "coloniaux".
00:17:19 Prenez le Sud des États-Unis.
00:17:21 La remontée des hispanophones qui traversent la frontière au Texas,
00:17:25 en Californie, en Arizona, on appelle ça la mexifornisation.
00:17:29 Du Sud des États-Unis, la reconquista, certains nous disent.
00:17:33 Donc encore une fois, qu'est-ce qu'on voit?
00:17:35 Un mouvement de population qui est pensé dans ce cas-là
00:17:37 comme une forme de contre-colonisation.
00:17:39 Je parlais du reflux de l'Europe.
00:17:41 Ça me semble important de le mentionner.
00:17:43 On le voit même dans les États, j'en parlais ce week-end,
00:17:45 mais je me permets de rappeler les faits.
00:17:47 Même les États qui sont nés de la colonisation européenne
00:17:49 voient aujourd'hui leur fondement européen contesté.
00:17:53 Au Canada, pendant longtemps, on disait,
00:17:55 il y avait deux peuples fondateurs, les Anglais et les Français.
00:17:57 Aujourd'hui, on ne dit plus ça.
00:17:59 On dit, il y a les peuples premiers, les peuples amérindiens,
00:18:01 et ensuite, il y a eu des immigrés qui sont venus tardivement,
00:18:03 les Français, les Anglais et tant d'autres,
00:18:05 les peuples, les Européens, qui sont chassés de la fondation du pays.
00:18:08 Ce qui est absurde, parce que là, il y a vraiment un État
00:18:10 qui est né de la présence européenne.
00:18:12 Les Américains, les Américains, autrefois se voyaient
00:18:15 comme un pays d'extraction européenne.
00:18:17 Aujourd'hui, ils nous disent, on est au croisement
00:18:20 de plusieurs civilisations et de plusieurs peuples.
00:18:22 Et on voit quoi à travers ça?
00:18:24 Pour les 500 ans de l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique,
00:18:27 en 1992, mais Colomb, c'était un héros
00:18:30 pendant tout le 19e siècle aux États-Unis.
00:18:32 Là, on a commencé à le présenter comme un monstre.
00:18:34 Et on a vu partout aux États-Unis, le Columbus Day,
00:18:37 la journée Christophe Colomb changeait de nom.
00:18:39 On voulait bannir la référence à l'Europe.
00:18:41 Les Américains voulaient se déseuropéaniser
00:18:44 dans leurs origines.
00:18:46 Nouvelle-Zélande, Australie, dans les deux cas,
00:18:49 criminalisation des origines européennes.
00:18:51 Qu'est-ce qu'on voit partout à travers le monde,
00:18:53 que ce soit en Nouvelle-Calédonie,
00:18:55 que ce soit en France, que ce soit en Amérique,
00:18:58 que ce soit en Océanie, partout où l'Europe s'est installée,
00:19:01 partout, aujourd'hui, on veut faire fuir l'Europe.
00:19:04 - Autrement dit, à vous entendre,
00:19:07 des identités longtemps enfouies peuvent se réveiller
00:19:11 après des décennies ou des siècles.
00:19:13 - C'est exactement ça. Qu'est-ce qu'on voit?
00:19:15 On peut dire aux Canaques que vous êtes des Français
00:19:17 comme les autres. On peut dire aux Catalans
00:19:19 que vous êtes des Espagnols comme les autres.
00:19:21 On peut dire aux Écossais que vous êtes des Britanniques
00:19:23 comme les autres. On peut leur dire autant qu'on le souhaite,
00:19:26 mais ils ne le croient pas eux-mêmes.
00:19:28 Ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas, par ailleurs,
00:19:30 dans le cas des Canaques, un rapport d'attachement
00:19:32 à la France. Ça ne veut pas dire ça du tout.
00:19:34 Ça veut simplement dire que le dire, tout simplement,
00:19:36 d'une forme d'universalisme incantatoire et républicain
00:19:39 qui consiste à niveler les identités historiques,
00:19:42 vous n'existez pas, c'est terminé, oubliez ça.
00:19:44 Ça ne fonctionne pas comme ça.
00:19:46 La politique ne fonctionne pas comme ça.
00:19:48 Le constatant, je ne m'en réjouis pas,
00:19:50 je ne m'en désole pas. Je constate simplement
00:19:52 que les peuples existent, les civilisations existent,
00:19:55 les identités existent, et elles peuvent quelquefois
00:19:58 traverser un siècle, deux siècles, on les oublie.
00:20:01 Et finalement, elles finissent par ressurgir.
00:20:03 C'est assez intéressant, ce qu'avait noté, hein.
00:20:05 Dès la fin des années 80, Julien Franc,
00:20:07 le grand philosophe dont on a souvent parlé ici,
00:20:09 disait que les identités peuvent quelquefois dormir,
00:20:11 elles peuvent... on peut avoir l'impression
00:20:13 qu'elles ont quitté la scène de l'histoire
00:20:15 et elles rejaillissent.
00:20:16 Alors, de ce point de vue, ça ne veut pas dire
00:20:18 que la France ne doit pas défendre ses intérêts
00:20:20 en Nouvelle-Calédonie. Ça ne veut pas dire
00:20:22 que la Nouvelle-Calédonie ne doit pas demeurer française.
00:20:24 Évidemment. C'est-à-dire qu'on ne doit pas se faire d'illusions.
00:20:27 C'est quand même à plusieurs milliers de kilomètres,
00:20:29 c'est une autre identité, une autre civilisation.
00:20:31 L'histoire a noué deux destins,
00:20:33 mais ce serait une erreur de croire,
00:20:35 de tenir un discours républicain si incandescent
00:20:37 qu'on ne verrait pas la réalité devant nous.
00:20:39 Les Kanaks sont certainement français,
00:20:41 mais ils le sont à leur manière et peut-être sont-ils
00:20:43 mentalement Kanaks avant d'être français.
00:20:45 - Beaucoup de Bretons aussi.
00:20:49 - C'est plus compliqué. La géographie compte dans l'histoire.
00:20:52 - On peut appliquer ça, effectivement.
00:20:54 - J'en suis.
00:20:55 - Non, mais c'est vrai, on peut l'appliquer, effectivement,
00:20:57 le décliner. Merci pour cette brillante analyse,
00:20:59 mon cher Mathieu, de vos côtés, sur toute l'Europe, justement.
00:21:03 Alors, Dimitri Pavlenko, dans l'actualité,
00:21:06 à l'étranger, deux informations importantes.
00:21:08 On se l'a dit de Pentecôte, la mort du président iranien
00:21:11 Ebrahim Raisi dans un accident de hélicoptère
00:21:13 et ce mandat demandé contre le Premier ministre israélien
00:21:17 Benhamin Netanyahou par la Cour pénale internationale.
00:21:20 On ne sait pas si cette demande aboutira.
00:21:22 Si vous permettez, il a réagi, il y a quelques instants,
00:21:25 Benhamin Netanyahou, en disant qu'en tant que Premier ministre,
00:21:28 je rejette avec dégoût la comparaison du procureur
00:21:31 de l'AE entre Israël, pays démocratique,
00:21:34 et les meurtriers de masse du Hamas,
00:21:36 a-t-il affirmé dans un communiqué.
00:21:39 Que penser, mon cher Dimitri, de ces deux gros événements ?
00:21:44 - Ben alors, on va commencer par le mandat d'arrêt souhaité,
00:21:48 vous avez raison, il n'a pas encore été émis.
00:21:50 Il est souhaité, il est réclamé par le procureur
00:21:52 de la Cour internationale de justice, Karim Khan.
00:21:55 Mais c'est une gifle pour Israël, quand même.
00:21:57 Parce que ce mandat d'arrêt qu'il exige
00:21:59 se fonde sur la convention contre le génocide de 1948.
00:22:03 Enfin, on jette à Israël l'acquisition de génocide,
00:22:07 le crime des crimes.
00:22:08 Je crois qu'il n'y a pas pire offense,
00:22:10 quand on est juif, d'être accusé de génocide
00:22:12 pour le peuple qui l'a éprouvé,
00:22:14 et qui sait dans sa chair ce que ce mot de génocide signifie.
00:22:19 Alors, juste pour revenir un instant au procureur
00:22:22 de la Cour internationale de justice, Karim Khan,
00:22:24 en fait c'est une procédure qui suit son cours,
00:22:26 qui avait été initiée à la fin du mois de décembre
00:22:29 par l'Afrique du Sud, dans une logique
00:22:31 au nom du Sud global, l'Afrique du Sud s'indigne
00:22:34 du supposé deux poids deux mesures
00:22:36 que feraient les Occidentaux,
00:22:38 entre d'un côté les Israéliens,
00:22:39 et de l'autre côté les pauvres Palestiniens.
00:22:41 C'était la démarche, c'est la démarche
00:22:43 qui est suivie depuis le départ par l'Afrique du Sud.
00:22:45 Et donc Karim Khan, aujourd'hui, nous dit,
00:22:48 le procureur de la CIG,
00:22:50 qu'il a des motifs raisonnables de croire
00:22:52 que Benyamin Netanyahou et son ministre
00:22:54 de la Défense suéde afghalante
00:22:55 portent la responsabilité pénale de crimes de guerre
00:22:58 et de crimes contre l'humanité à Gaza,
00:23:00 et je le cite, à partir du 8 octobre 2023,
00:23:03 au moins, peut-être même avant,
00:23:06 peut-être qu'il faut remonter 10 ans,
00:23:07 peut-être qu'il faut remonter 20 ans en arrière,
00:23:09 en ce qui concerne Benyamin Netanyahou.
00:23:10 C'est la logique que suit Karim Khan.
00:23:13 Et donc il nous dit, c'est le 8 octobre,
00:23:15 le lendemain du carnage du Hamas,
00:23:17 comme il le sait, le Hamas dont les trois principaux dirigeants
00:23:21 sont également visés par la requête du même Karim Khan.
00:23:25 Et donc les trois dirigeants du Hamas visés sont
00:23:28 Ismaël Haniye, le chef du bureau politique du Hamas,
00:23:31 Mohamed Def, donc lui c'est le commandant
00:23:33 de la branche armée du Hamas,
00:23:35 et Yair Yassinouar, donc lui le chef du Hamas
00:23:37 dans la bande de Gaza.
00:23:38 Et donc vous voyez, c'est exactement ce que dit
00:23:40 Benyamin Netanyahou, comme s'il y avait une équivalence
00:23:43 entre les responsabilités des uns du Hamas
00:23:46 et des responsabilités des Israéliens,
00:23:48 alors qu'il n'y a absolument pas d'équivalence.
00:23:51 Et c'est là qu'on peut mettre en doute la partialité
00:23:53 ou plutôt l'impartialité de Karim Khan.
00:23:55 Je vous renvoie à un tweet qu'a mis Jean Quatremer,
00:23:58 notre confrère de Libération, cet après-midi.
00:24:00 Il a exhumé d'un document assez récent,
00:24:03 le drapeau d'activité 2022 de la Cour internationale de justice,
00:24:06 et vous voyez ce message du procureur,
00:24:08 je ne vous le lis pas en intégralité,
00:24:10 mais en substance, c'est une sorte de profession de foi victimaire,
00:24:12 dans laquelle le procureur nous explique que lui,
00:24:15 il se bat au nom des victimes et des survivants,
00:24:17 et qu'ils peuvent compter sur lui,
00:24:19 et il termine par ce "Inch'Allah",
00:24:22 qui quand même en dit long,
00:24:23 et qui peut interroger aujourd'hui sur l'impartialité du bonhomme.
00:24:28 - Alors on va marquer une pause,
00:24:30 continuer sur toutes ces questions qu'on se pose à propos de l'impartialité,
00:24:34 sur ce que ça peut changer au niveau international.
00:24:37 Parce que là, beaucoup de personnes se posent des questions,
00:24:40 en tout cas depuis ces annonces aujourd'hui.
00:24:43 On marque une pause, on revient tout de suite.
00:24:45 Retour sur le plateau de Face à l'Info.
00:24:50 Dans un instant, on parlera de ces perruques britanniques,
00:24:53 qui doivent disparaître au nom de la discrimination.
00:24:57 On en parlera dans un instant avec vous, mon cher Mathieu.
00:25:00 Merci pour votre brillante analyse il y a quelques instants.
00:25:02 On parlera avec vous, ma chère Gabrielle,
00:25:06 de cette politique de décoration.
00:25:08 C'est très rare qu'un policier,
00:25:10 de son vivant, soit décoré.
00:25:13 On en parlera dans un instant, et avec vous, Marc Menand,
00:25:16 quelle est cette polémique à propos de la lutte contre l'homophobie
00:25:20 et de ce joueur de Monaco.
00:25:23 Dimitri, nous sommes au cœur de l'actualité aussi avec vous,
00:25:26 là ce soir, et on parlait de cette cour pénale internationale
00:25:30 qui vise, qui souhaiterait, qui demande,
00:25:33 un mandat d'arrêt contre Benhamin Netanyahou.
00:25:36 Ce mot de génocide qui a été demandé dans ce contexte-là,
00:25:41 jeté ainsi au visage des Israéliens,
00:25:44 souligné, on va dire, dans cette demande,
00:25:47 en quoi plutôt ce n'est pas anecdotique ?
00:25:50 Ce n'est pas anecdotique parce que le génocide,
00:25:53 on voit que c'est devenu un élément de langage courant
00:25:58 de la géopolitique contemporaine,
00:26:00 et le sens du mot génocide, c'est comme dissous dans le cynisme
00:26:03 et la raison d'État.
00:26:05 Le génocide, c'est ce que brandit Vladimir Poutine
00:26:07 pour justifier l'invasion en Ukraine, le génocide dans le Donbass.
00:26:09 Le génocide, supposé, c'est aussi ce que les Anglais
00:26:12 et les Britanniques brandissent quand il s'agit,
00:26:15 lorsqu'il décide d'intervenir en Libye en 2011.
00:26:18 On met le génocide aujourd'hui à peu près à toutes les sauces.
00:26:21 Et c'est ça, finalement, qui est aussi intéressant,
00:26:24 mais dans le cas particulier d'Israël,
00:26:26 quand il est jeté au visage des Juifs, je le disais,
00:26:28 pour un peuple qui l'a vécu dans sa chair,
00:26:30 c'est particulièrement marquant.
00:26:32 Alors la question est de savoir, est-ce qu'il y aura un procès Netanyahou
00:26:35 devant la Cour pénale internationale ?
00:26:37 On n'en est pas là pour plusieurs raisons.
00:26:39 D'abord parce qu'Israël n'est pas membre de la Cour internationale de justice,
00:26:42 elle ne reconnaît pas cette Cour.
00:26:44 Et depuis le début, Benyamin Netanyahou dénie toute légitimité
00:26:48 à la Cour internationale de justice en invoquant le droit d'Israël à se défendre.
00:26:52 Ça aussi, c'est un élément cardinal du droit international.
00:26:55 - Les États-Unis aussi.
00:26:57 - C'est ça qui est intéressant, c'est que dans ce combat-là,
00:27:00 Benyamin Netanyahou a le soutien ferme et solide des États-Unis
00:27:04 qui ne veulent absolument pas voir émerger une juridiction
00:27:08 qui se placerait comme ça en surplomb des États
00:27:10 et qui se mettrait à poursuivre des chefs de gouvernement
00:27:13 ou des chefs d'État amis.
00:27:15 Alors on notera que les États-Unis sont restés bien discrets
00:27:17 quand c'est Vladimir Poutine qui a été l'objet d'un mandat d'arrêt international
00:27:21 émis par la Cour internationale de justice.
00:27:23 Mais vous voyez, c'est aussi un aspect de notre sujet,
00:27:26 c'est-à-dire qu'on voit un pouvoir transnational, supranational
00:27:31 qui cherche à émerger et qui cherche à s'étendre,
00:27:34 et qui cherche des occasions.
00:27:36 Alors c'est vrai que la procédure sud-africaine fournit un prétexte
00:27:39 au procureur Karim Khan et à l'institution Cour internationale de justice
00:27:43 de tenter d'avancer.
00:27:45 Alors ils vont trouver sur leur chemin les États-Unis
00:27:47 qui ont déjà promis, certains sénateurs américains en tout cas l'ont fait,
00:27:50 des sanctions contre les juges de la Cour internationale de justice
00:27:54 si par hasard, si d'aventure, ils venaient à instruire un jour
00:27:57 un procès visant Benyamin Netanyahou.
00:28:00 Des sanctions, ça n'est pas rien, des sanctions c'est ce qu'on prend
00:28:02 contre les dirigeants iraniens quand on est les États-Unis.
00:28:05 Pourquoi pas demain contre les dirigeants de la Cour internationale de justice.
00:28:08 Alors au stade où on en est, c'est que là le procureur dit "il faut y aller",
00:28:12 le procureur Karim Khan dont je vous parlais tout à l'heure.
00:28:14 Maintenant un panel de juges de la Cour internationale va examiner
00:28:17 la requête du procureur et décider ou non d'émettre un mandat d'arrêt.
00:28:21 Donc vous voyez, ce n'est pas pour tout de suite.
00:28:22 Ce que l'on voit c'est qu'en fait ça embarrasse déjà tout de suite
00:28:25 tous les alliés d'Israël, à commencer par les États-Unis.
00:28:28 Enfin, il faut voir Joe Biden, il est quand même extrêmement mal aujourd'hui
00:28:30 quand il s'agit d'afficher son soutien à Benyamin Netanyahou
00:28:33 qui est un mort vivant dans son pays.
00:28:35 Il faut voir la situation politique dans laquelle est aujourd'hui Benyamin Netanyahou.
00:28:39 Vous savez, il a dû former un cabinet de guerre autour de lui au lendemain du 7 octobre.
00:28:43 Bon, tout le monde veut partir en ce moment.
00:28:44 Benny Gantz notamment veut démissionner et il reproche notamment à Benyamin Netanyahou quoi ?
00:28:50 De jouer sur tout sa survie politique avant l'intérêt d'Israël dans la guerre qui se joue à Gaza.
00:28:55 Et la grande question, je vous passe parce qu'il a toute une série de revendications,
00:28:59 Benny Gantz, on va parler un peu des Iraniens dans un instant,
00:29:01 mais la grande question qui se pose aujourd'hui c'est qu'est-ce qu'on fait dans l'après-guerre ?
00:29:05 Qu'est-ce qu'on fait à Gaza ? Qu'est-ce qu'on fait des 2 millions de déplacés ?
00:29:08 Qui va diriger l'enclave palestinienne après ?
00:29:11 Est-ce que ça doit être une autorité militaire israélienne comme les Israéliens l'ont fait après 1967 ?
00:29:16 Est-ce que ça doit être une autorité civile palestinienne ?
00:29:19 À ce moment-là, on n'aura pas le choix, il faudra peut-être en parler à un moment avec le Hamas.
00:29:23 Donc vous voyez, politiquement c'est brûlant, c'est hyper chaud.
00:29:25 Ça montre une chose, c'est que Benyamin Netanyahou est très isolé.
00:29:28 Il a autant besoin de ses ministres que d'eux,
00:29:31 parce que Benyamin Netanyahou aujourd'hui est moins écouté que Yoav Galand, son ministre de la Défense,
00:29:35 ou que Benny Gantz lorsqu'il s'agit de parler avec les États-Unis.
00:29:38 Et Benny Gantz, si d'aventure il lui prenait l'idée de quitter ce cabinet de guerre,
00:29:43 ce qu'il envisage de faire, il passerait pour un traître dans son pays.
00:29:45 C'est ça la vie politique israélienne en temps de guerre.
00:29:48 Merci beaucoup pour votre précieux regard, Dimitri.
00:29:51 Ça, première grosse info aujourd'hui.
00:29:55 Deuxième dossier international, on veut parler de tout ce soir,
00:29:58 la mort du président iranien Ebrahim Raisi.
00:30:02 Alors, que pèse cette nouvelle ?
00:30:05 Et pour commencer, est-ce qu'on est sûr qu'il s'agit d'un accident ?
00:30:11 Posons-nous toutes les questions.
00:30:13 Donc l'accident de l'hélicoptère dans lequel il se trouvait.
00:30:16 Écoutez, je ne peux pas répondre à cette question.
00:30:18 Vous savez, il y en a beaucoup qui font la blague.
00:30:19 L'OTAN était Mossad au-dessus de la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Iran.
00:30:24 Donc, ils font un temps du doigt indirectement une responsabilité israélienne.
00:30:28 Ça n'est pas du tout établi.
00:30:30 Il y avait un temps très mauvais et on sait que voler en hélicoptère
00:30:32 quand il y a beaucoup de brume au-dessus des montagnes, ça peut être périlleux.
00:30:35 Je n'en sais rien.
00:30:36 Il n'y a pas d'informations qui vont en ce sens aujourd'hui.
00:30:38 Ce que je peux vous aider à mesurer, en revanche,
00:30:40 c'est la portée de la disparition d'Ebrahim Raisi.
00:30:43 C'est qui ce monsieur Ebrahim Raisi ?
00:30:45 C'est l'une des plus belles ascensions sociales de l'Iran de ces 50 dernières années.
00:30:51 Il faut voir ça.
00:30:52 Dans ce régime des molles-là, qui repose sur trois piliers.
00:30:56 Vous avez l'autorité religieuse, c'est la maison du guide suprême.
00:30:59 C'est-à-dire, en gros, le guide suprême c'est Ali Khamenei,
00:31:02 le successeur de l'Ayatollah Khomeini depuis 1989.
00:31:05 Voilà, l'autorité religieuse.
00:31:06 Vous avez ensuite les pas d'Aran, les pas d'Aran.
00:31:09 Le corps d'élite des gardiens de la révolution, c'est-à-dire en fait la milice de l'État,
00:31:13 qui est une force militaire, qui est une force policière,
00:31:16 qui est une force révolutionnaire, qui est aussi une force économique.
00:31:19 Donc entre le tiers et la moitié de l'économie iranienne sont entre les mains
00:31:24 des gardiens de la révolution et notamment des pas d'Aran.
00:31:27 Et c'est un État dans l'État, ces gens-là.
00:31:31 Le plus connu, c'était Soleimani, qui s'est fait transformer en chaleur et lumière
00:31:35 par les Américains en 2020.
00:31:38 Et ces gens-là assurent la protection du régime iranien.
00:31:41 Ils ont besoin de la légitimité religieuse.
00:31:44 Ils ont aussi besoin du concours du troisième pouvoir, les tribunaux religieux.
00:31:48 Et c'est dans le corps judiciaire que fait carrière Ebrahim Raisi,
00:31:53 c'est-à-dire en fait, très exactement, dans la répression.
00:31:56 Donc je vous passe un petit peu sur sa carrière,
00:31:58 mais il joue un rôle important notamment en 1988,
00:32:01 quand Roménie, après la guerre contre l'Irak,
00:32:04 le nomme pour éliminer les dissidents iraniens dans les prisons du pays.
00:32:07 Et là, on parle de 5000 exécutions, excusez-du-peu.
00:32:10 Et donc les pas d'Aran ont besoin de lui aussi quand il s'agit de purger leur propre corps,
00:32:15 le corps des gardiens de la révolution.
00:32:17 Ils vont trouver un appui important en Ebrahim Raisi quand il s'agit de condamner à mort.
00:32:21 C'est l'homme des pas d'Aran.
00:32:23 Et quand finalement le plus important d'entre eux des pas d'Aran meurt,
00:32:26 le général Soleimani, Qassem Soleimani, éliminé par une frappe américaine à Bagdad en 2020.
00:32:31 Il était naturellement cet homme-là leur candidat pour l'élection présidentielle en Iran
00:32:35 qui devait avoir lieu en 2021.
00:32:37 Ils perdent Soleimani. Vers qui les pas d'Aran se tournent-ils ?
00:32:40 Vers Ebrahim Raisi, qui est l'homme de la situation,
00:32:43 qui est un fidèle parmi les fidèles, qui est très en cours auprès du guide Hamenei.
00:32:48 Donc vous voyez, bien qu'il soit présenté comme une personnalité un peu fade,
00:32:52 comme un pion, disent les experts, finalement il se trouve au bon endroit au bon moment.
00:32:57 Alors après il faut voir qu'il est extrêmement mal élu Raisi en 2021.
00:33:01 L'abstention c'est 52% à ce moment-là, parce que les Iraniens le détestent,
00:33:06 la répression visant les femmes qui se voient le mal.
00:33:08 C'est Ebrahim Raisi. L'économie exsangue, c'est aussi sous Ebrahim Raisi.
00:33:16 Depuis les sanctions de 2018, l'état de l'économie iranienne est catastrophique.
00:33:20 L'inflation est à plus de 50%.
00:33:22 Donc vous voyez, il est perçu dans la population iranienne,
00:33:25 ou plutôt il était perçu, puisqu'il n'est plus de ce monde,
00:33:28 comme le candidat d'une clique qui confisque totalement,
00:33:31 qui accapare l'état, les richesses du pays,
00:33:33 et qui est en train de se déconnecter du peuple iranien.
00:33:36 C'est sans doute pour cela qu'on a vu des scènes de liesse,
00:33:39 il y a une scène de joie, des gens ont même tiré des feux d'artifice à Téhéran,
00:33:43 hier, à l'annonce de la mort d'Ebrahim Raisi.
00:33:45 Alors il se trouve qu'une élection peut avoir lieu pour lui trouver un successeur
00:33:48 dans les 50 jours qui viennent.
00:33:50 Avant sa mort, on prêtait au Passe d'Aran, donc les gardiens de la révolution,
00:33:54 le projet de transformer la République islamique en état islamique,
00:33:57 c'est-à-dire sans représentation populaire.
00:33:59 Peut-être que ce projet-là, avec la mort d'Ebrahim Raisi, va s'accélérer.
00:34:03 Ce sera évidemment une des choses qu'il faudra suivre dans les semaines et les mois qui viennent.
00:34:07 – Merci beaucoup pour ce gros dossier international, mon cher Dimitri.
00:34:12 On suivra évidemment tout ça pendant la semaine.
00:34:15 Marc Menon, à Mélioudé, en Castera, a demandé des sanctions,
00:34:21 les sanctions les plus fermes contre le joueur Mohamed Kamara,
00:34:24 lors de la 34e journée de Ligue 1, le buteur de Monaco,
00:34:28 international allemandien.
00:34:29 Il a masqué le logo "Stop Homophobie" ainsi que le patch aux couleurs LGBT sur son maillot.
00:34:34 Il a aussi refusé de faire la photo avant-match devant le panneau "Contre l'homophobie".
00:34:41 Beaucoup de questions à se poser ce soir.
00:34:43 Pourquoi ça choque ?
00:34:45 On comprend aussi cet acte grave de ne pas respecter la volonté du club.
00:34:51 Quelle est la responsabilité du joueur ?
00:34:53 Est-ce qu'il a une liberté d'expression ?
00:34:55 Est-ce qu'on a le droit d'avoir une liberté d'expression sur ce sujet de l'homophobie ?
00:34:58 Pas du tout.
00:35:00 Beaucoup de questions derrière cet acte du joueur qui est assez isolé.
00:35:05 Il y a la ministre, il y a également le porte-parole de Rouge Direct,
00:35:10 qui est un mouvement qui lutte contre l'homophobie et qui dit
00:35:13 "il n'y a pas d'opinion à avoir, c'est un délit".
00:35:16 C'est ça.
00:35:17 C'est quand même monstrueux d'entendre ça.
00:35:19 Pour moi, vous avez un joueur.
00:35:21 Non mais d'accord, mais alors donc il y a une bien-pensance,
00:35:24 il y a des causes que l'on doit mener,
00:35:26 et on est obligé, alors que lorsque l'on se bat pour une cause,
00:35:30 c'est du volontariat.
00:35:32 Quel est ce dictat ? Quelle est cette assignation ?
00:35:35 Attention, pour le bien, demain nous devrons tous nous comporter comme ça.
00:35:39 En l'occurrence, ce joueur, il n'est pas le seul,
00:35:42 puisqu'il y en a un autre à Nantes qui s'appelle Mustapha Mohamed,
00:35:46 qui lui, n'a pas voulu jouer,
00:35:48 et il y a cinq joueurs de Toulouse également qui ont refusé de jouer.
00:35:51 C'est ça.
00:35:52 Alors pour certains, ils disent "c'est au nom de nos convictions religieuses".
00:35:56 Alors moi, vous me connaissez, l'ICAR,
00:35:59 je suis contre les manifestations religieuses dans les vestiaires,
00:36:03 partout, etc.
00:36:05 Il n'est pas question de soutenir ça.
00:36:07 Donc je ne suis pas en train de défendre leur étiquette et leurs convictions.
00:36:11 D'ailleurs, ce n'est pas de ça qu'ils mettent en avant.
00:36:13 C'est parce qu'on les pousse, ils disent "ben voilà, on n'a pas à le faire".
00:36:16 Mais ils ne sont pas en train de dire "on est pour l'homophobie".
00:36:19 Ils ont une position, et théoriquement,
00:36:22 ils n'arrivent même pas à se justifier par rapport à ça.
00:36:25 Je n'ai pas à me justifier si demain je ne descends pas dans la rue
00:36:28 parce qu'on est là, on a une cause contre la misère,
00:36:31 on a une cause contre je ne sais trop quelle justification humaniste.
00:36:37 Eh bien moi, ça ne me concerne pas.
00:36:39 J'estime qu'il y a des choses plus importantes, c'est ça la liberté.
00:36:43 Ou alors, où est-elle cette liberté ?
00:36:45 Je suis joueur de football.
00:36:47 Et là, je m'engage vis-à-vis de mon club.
00:36:51 Mon club ne me dit pas "tel jour, tu porteras le maillot LGBT".
00:36:57 Ça ne me concerne pas.
00:36:59 Et d'ailleurs, dans la charte...
00:37:01 Ou autre sujet.
00:37:03 Et la charte olympique, qui est la charte théoriquement de toutes les fédérations.
00:37:07 Mais en dehors du sport,
00:37:10 toutes les manifestations religieuses ou politiques,
00:37:15 à partir de là, je trouve que c'est joueurs qui ne font pas d'esclande.
00:37:20 En l'occurrence, ils disent "bon ben voilà, ça ne me concerne pas, j'ai pas à..."
00:37:25 Et on pourrait même aller plus loin.
00:37:27 C'est-à-dire que vous pouvez, comme c'est mon cas,
00:37:30 être ô combien contre l'homophobie,
00:37:33 mais être dérangé par les positions
00:37:36 qui sont manifestées par des mouvements comme SOS Homophobie,
00:37:44 le 5 mai, souvenez-vous,
00:37:46 la manifestation qu'ils engagent, Place de la République.
00:37:51 C'est pour demander que les enfants mineurs
00:37:55 aient accès aux moyens chimiques,
00:37:59 donc aux médicaments, aux traitements,
00:38:01 pour bloquer la puberté.
00:38:03 C'est-à-dire pour pouvoir favoriser leur transition de genre.
00:38:08 On admet que des enfants s'engagent dans un traitement extrêmement lourd,
00:38:13 alors qu'ils sont en période qui est celle du charivari,
00:38:18 je dirais, de la tension intérieure,
00:38:21 pour tout enfant, qu'il soit jeune garçon ou jeune fille.
00:38:25 Et c'est respecter ô combien les enfants
00:38:28 que de ne pas cautionner ce type de pression qui devient quoi ?
00:38:35 C'est une pression militante.
00:38:37 On n'est plus à condamner l'homophobie,
00:38:40 mais c'est ce que l'on a vu aussi à l'Eurovision.
00:38:43 C'est-à-dire que soudain, au nom d'une différence,
00:38:47 il faut que cette différence devienne référence et différence.
00:38:51 Non, je peux très bien respecter les gens
00:38:54 qui ont, oui, une sensibilité sexuelle,
00:38:58 une sensibilité de genre,
00:39:00 mais je ne suis pas obligé de les supporter.
00:39:02 Et malheureusement, je suis obligé de subir les conséquences
00:39:06 de leur mal-être avec la langue inclusive,
00:39:09 qui détruit mon patrimoine culturel.
00:39:11 C'est-à-dire que, dans un premier temps,
00:39:15 un professeur vous enseigne comment pouvoir entrer
00:39:18 dans la subtilité de la langue,
00:39:20 comment devenir demain, pourquoi pas, un grand philosophe,
00:39:24 être capable de mener dans toute son ambition
00:39:28 le raisonnement de la raison.
00:39:30 Eh bien là, non.
00:39:32 Soudain, j'ai des obstacles artificiels
00:39:34 qui sont liés à simplement un ressenti de genre.
00:39:38 Eh bien, je trouve ça dramatique.
00:39:40 Et on pourrait l'étendre à toutes ces minorités
00:39:43 qui nous imposent leur loi.
00:39:45 Regardez le mouvement #MeToo.
00:39:47 Le mouvement #MeToo, ce n'est pas une question de dire
00:39:50 "je suis pour le viol".
00:39:52 On n'est pas pour le viol,
00:39:53 mais on est contre toutes les violences en général.
00:39:55 Il n'y a pas une violence qui est plus odieuse que les autres.
00:39:58 Je ne vais pas faire la violence contre les cinquantenaires,
00:40:01 la violence contre les gens qui ont 110 ans comme moi.
00:40:04 Non.
00:40:05 Et à un moment, il y a l'atrocité.
00:40:08 Et l'atrocité, c'est la justice qui doit le manifester.
00:40:11 Et tout un chacun, eh bien, doit être libre,
00:40:14 dans sa profession, de revendiquer ou de ne pas revendiquer.
00:40:18 Et je trouve qu'il est légitime que ce joueur...
00:40:21 Je n'ai pas à savoir ce qu'il fait, ce qu'il croit,
00:40:24 du moment qu'il ne le manifeste pas sur le terrain
00:40:27 ou vis-à-vis de ses équipiers dans le vestiaire.
00:40:30 Et là, eh bien, la position de la ministre
00:40:32 et de tous ceux qui le condamnent,
00:40:34 je trouve ça lamentable et surtout une menace pour la démocratie.
00:40:39 - Tout en rappelant, évidemment...
00:40:41 - Mais non, mais... Qui peut être...
00:40:43 Est-ce qu'on est pour la violence? Non.
00:40:45 Est-ce qu'on est pour le viol? Non.
00:40:47 Mais on ne va pas catégoriser à l'infini.
00:40:50 - Vous comprenez, Mathieu Bocoté? Vous comprenez Marc Menon?
00:40:53 - Non, bien sûr, non. Moi, je suis frappé.
00:40:55 Notre époque est beaucoup plus religieuse qu'elle ne le croit.
00:40:58 Elle impose des dogmes et elle impose à chacun d'afficher ce dogme.
00:41:01 Qu'est-ce que je constate ici?
00:41:03 C'est qu'au nom de la lutte contre l'homophobie,
00:41:05 qui, évidemment, va de soi, on le comprend,
00:41:07 derrière cet étendard, aujourd'hui,
00:41:09 on nous fait porter la cause, la transition, Marc le disait,
00:41:12 transition de genre, quelquefois chimique et hormonale, des enfants.
00:41:16 Au nom de ça, on veut nous faire accepter l'idée
00:41:18 qu'un homme peut devenir une femme, une femme peut devenir un homme,
00:41:21 un homme peut être enceinte,
00:41:23 une femme peut avoir un pénis et ainsi de suite.
00:41:25 Donc, je vais excuser, au nom de cette cause,
00:41:28 on va bien au-delà de cette cause,
00:41:30 mais là, on veut imposer à tous cette marque
00:41:33 et ensuite, l'idée, c'est de trier.
00:41:35 Ceux qui auront le culot de dire "je ne veux pas le porter"
00:41:37 pour différentes raisons, vous devenez,
00:41:39 sans le vouloir, un dissident immédiatement
00:41:41 et on en appelle aux plus grandes sanctions contre vous.
00:41:43 Quelle sera la prochaine cause obligatoire?
00:41:45 Parce qu'il va toujours en avoir une prochaine.
00:41:47 Moi, je me méfie des causes obligatoires, même les plus nobles.
00:41:50 - Oui, après, lui, il est joueur professionnel,
00:41:53 donc il est engagé contractuellement
00:41:55 à accompagner tout ce genre de manifestations.
00:41:58 Et finalement, il est un peu le grain de sable.
00:42:00 C'est-à-dire que...
00:42:01 Mais oui, mais si, c'est ça, il brave ses engagements professionnels.
00:42:04 - Non, parce qu'il a un engagement vis-à-vis de son peuple.
00:42:06 La fédération traite avec des mouvements LGBT,
00:42:10 ça n'a rien à voir avec lui.
00:42:12 - C'est ce que je dis.
00:42:13 C'est-à-dire qu'il n'a pas le choix,
00:42:14 parce qu'il a signé et il est payé pour endosser ce genre de causes,
00:42:17 même si ce ne sont pas les siennes personnelles.
00:42:19 Mais c'est ça qui est intéressant.
00:42:21 Oui, mais Marc, c'est comme ça,
00:42:22 quand vous signez un contrat,
00:42:23 vous vous engagez à défendre votre marque, point barre.
00:42:25 C'est comme ça.
00:42:26 Quand vous signez un contrat professionnel, ça se passe comme ça.
00:42:27 On ne lui demande pas son avis à ce garçon.
00:42:28 Et c'est ça qui est intéressant,
00:42:29 c'est que son opinion, elle, surgit dans un geste de dissidence
00:42:33 qui d'un coup révèle qu'il n'y a pas d'unanimité autour de ce sujet-là.
00:42:36 C'est ça qui est intéressant dans cette histoire-là.
00:42:38 - Gabriel, vous voulez dire un petit mot là-dessus ?
00:42:40 - Moi, je suis frappée par l'immixion d'une espèce de morale,
00:42:44 de faits quasi religieux dans des domaines
00:42:47 qui ne devraient pas avoir lieu.
00:42:49 Là, en l'occurrence, il n'a rien fait d'homophobe.
00:42:51 Il n'a rien fait qu'il tombe sous le coup de la loi.
00:42:54 Et néanmoins, on lui reproche de ne pas souscrire positivement à ce qu'on lui propose.
00:43:00 Et vous savez que c'est une démarche qui aujourd'hui envahit aussi le monde de l'entreprise.
00:43:03 C'est-à-dire que quand vous êtes dans une entreprise,
00:43:05 vous ne comptez pas à qui vendre des chaussettes,
00:43:06 vous ne comptez pas à qui vendre bien des chaussettes.
00:43:08 Il faut aussi que vous adhériez à l'éthique.
00:43:10 Alors, il y a la charte de la diversité, etc.
00:43:13 Et c'est quand même un glissement qui porte à la qualité.
00:43:17 - C'est le premier qui cesse d'applaudir, le camarade Staline doit payer.
00:43:20 Donc là, on est dans une séance, tout le monde doit applaudir,
00:43:22 tout le monde doit applaudir en portant le bon badge.
00:43:23 Et celui qui ne le fait pas doit payer.
00:43:25 Moi, ça me frappe parce que même la cause la plus noble s'habilit lorsqu'elle devient obligatoire.
00:43:30 - Donc ça veut dire que si on fait la même chose pour les policiers,
00:43:32 pour se donner à les policiers, vous diriez la même chose ?
00:43:34 - Mais pareil ! Mais pour toutes les causes, il n'y a pas de cause obligatoire !
00:43:37 Ou alors c'est la dictature !
00:43:39 - Vous prenez le risque que quelqu'un, d'un coup, brandisse son opposition à cela.
00:43:44 Mais dans le cas du footballeur, moi ce que je trouve étonnant,
00:43:46 c'est qu'un professionnel, normalement, à la mesure où il a signé pour cela,
00:43:50 et c'est ce qu'il a signé en théorie, il s'écrase ! Point barre !
00:43:53 Alors, tout le monde va dire "bah oui, mais ça fait une parole lisse,
00:43:55 et voilà, et ça fait des joueurs qui ne sont pas très intéressants quand ils prennent la parole".
00:44:01 - On a compris Marc Menand que vous n'êtes pas d'accord.
00:44:04 - Non, parce que je ne comprends pas, il n'a pas signé avec le club de Monaco pour la cause LGBT.
00:44:09 - Non, mais il a signé pour les engagements du club.
00:44:12 - Exactement.
00:44:13 - Vous voyez ce que je veux dire ? C'est ça.
00:44:14 - C'est la FED qui a...
00:44:15 - Et après, c'est vrai qu'il aurait pu peut-être rester dans les vestiaires,
00:44:18 comme l'ont fait d'autres joueurs, ou pas,
00:44:20 mais c'est vrai que là, vous appartenez au groupe Canal+,
00:44:25 vous signez un peu sur les engagements du groupe.
00:44:28 - Et bien, il peut y avoir des points avec lesquels je ne suis pas d'accord.
00:44:31 - J'avoue.
00:44:32 [Rires]
00:44:33 Ça vous arrive.
00:44:34 Gérald Darmanin a décoré aujourd'hui sur la base aérienne d'Istre, en présence des familles,
00:44:39 les deux gendarmes Nicolas Molinari et Xavier Salou,
00:44:43 tombés en Nouvelle-Calédonie, Gabriel Cusel,
00:44:46 dont les corps viennent d'être rapatriés,
00:44:48 deux décorations posthumes, dont la médaille de la sécurité intérieure.
00:44:52 Il y en aura peut-être d'autres.
00:44:55 Alors, il a aussi décoré aujourd'hui le jeune policier de Rouen,
00:44:58 qui a neutralisé en le tuant le terroriste de la synagogue,
00:45:02 qui a incendié la synagogue de Rouen.
00:45:04 Est-ce que le gouvernement fait donc de la politique par les décorations ?
00:45:09 - Alors, il faut quand même rappeler que ces décorations sont importantes.
00:45:12 C'est une reconnaissance de la nation, c'est un honneur.
00:45:15 Vous savez que le mot "honneur" tend à disparaître dans notre pays,
00:45:18 sauf pour désigner le doigt du même nom, ce qui est quand même un peu regrettable.
00:45:22 Donc, vous connaissez aussi la sélection de Victor Hugo,
00:45:25 "Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie ont droit que sur leur tombe la foule vienne épris".
00:45:30 C'est une expression de la foule qui vient et qui prie.
00:45:34 Donc, de fait, il ne s'agit pas de remettre en cause le bien fondé de ces décorations,
00:45:39 mais en réalité, il y a deux écueils.
00:45:41 Alors, le premier écueil, c'est de galvauder ces décorations à force de les distribuer.
00:45:47 Là, en l'occurrence, ce n'est pas le cas, mais on l'a connu par le passé.
00:45:50 C'est de les donner à tout le monde.
00:45:52 Alors, on pense naturellement tout de suite à la Légion d'honneur.
00:45:55 Elle fait gloser parce que souvent, elle est distribuée à la carpe et au lapin.
00:46:00 Alors, on la donne aux starlettes à paillettes qui gagnent beaucoup d'argent et qui vont vivre centenaires.
00:46:04 Et puis, on la donne aussi aux soldats qui sont morts à 20 ans
00:46:08 et qui n'ont pas du tout gagné beaucoup d'argent.
00:46:11 Donc, c'est vrai que ça chiffonne.
00:46:15 Alors, je sais que la Légion d'honneur n'a pas une vocation nécessairement militaire,
00:46:19 mais on peut ne pas aimer ce mélange des genres.
00:46:23 Et alors, moi, je trouvais que le saumon m'a été atteint en mars dernier
00:46:26 avec la décoration de Mme Lula.
00:46:29 Je ne sais pas si vous avez suivi ça.
00:46:31 Mme Lula, la femme du président brésilien, elle a reçu la Légion d'honneur et la rosette.
00:46:35 Donc, officier de la Légion d'honneur.
00:46:37 Alors, autant il est... C'est presque protocolaire, j'ai envie de dire.
00:46:41 Autant il est d'usage d'échanger des décorations entre chefs de gouvernement
00:46:46 au point qu'à la fin de leur mandat, ils finissent, tel le général Tapioca...
00:46:49 Le colonel, je ne sais plus, le général Tapioca dans Tintin avec un placard énorme.
00:46:54 Mais alors, les épouses, là, je ne vois pas très bien.
00:46:57 Et d'autant qu'on met le doigt dans un truc pas possible.
00:46:59 Parce que je ne sais pas si vous avez noté, personne ne l'a relevé,
00:47:02 mais le Premier ministre, monsieur, que je n'écorche pas son nom,
00:47:08 Ousmane Sonko, le Premier ministre du Sénégal,
00:47:11 qui a rencontré, vous savez, au cours d'une conférence,
00:47:13 Jean-Luc Mélenchon récemment à Dakar, a expliqué,
00:47:16 il a assumé tout à fait sa polygamie, il a expliqué que quand il viendrait à Paris,
00:47:20 il viendrait avec ses deux dames.
00:47:22 Il a dit "Nous viendrons avec les deux dames".
00:47:25 Alors, je ne sais pas si c'était un "nous" de majesté ou un "nous"
00:47:28 qui semblait peut-être inclure le président de la République, monsieur Fay,
00:47:32 qui est aussi polygame, mais ça veut dire qu'il faudra venir
00:47:35 avec une caisse de légion d'honneur, parce que déjà, ils sont six, là,
00:47:38 si on les met tous les uns derrière les autres.
00:47:42 Alors, c'est vrai que moi, je suis la dernière d'un dernier.
00:47:48 Mon grand-père avait fait la guerre de 14,
00:47:50 et c'est un paysan avéronné qui a donné sept ans de sa vie à la nation,
00:47:54 trois ans en service militaire, quatre ans de guerre,
00:47:57 qui a perdu son petit frère là-bas à la bataille de la Somme.
00:47:59 Il a eu la légion d'honneur, il en était très fier.
00:48:01 Enfin, je ne l'ai pas connu, mais c'est ce qu'on m'a dit.
00:48:03 Permettez-moi de penser qu'il avait un peu plus de mérite que madame Lula,
00:48:06 qui a le mérite d'être la femme de son mari.
00:48:09 C'est peut-être pénible, je n'en sais rien, je ne connais pas Lula.
00:48:11 Mais voilà, je pense quand même que cette façon de distribuer la légion d'honneur
00:48:19 est toujours extrêmement dérangeante.
00:48:22 Alors, il y a un deuxième écueil, c'est d'en user comme un outil politique.
00:48:27 C'est ça le cœur du sujet.
00:48:29 Vous savez, décoration, pour revenir à l'étymologie,
00:48:32 la décoration, ça décore comme un tableau.
00:48:34 Parfois, le tableau, c'est un cache-misère.
00:48:36 On le met devant un trou dans le mur ou une peinture qui s'écaille.
00:48:40 Le risque, c'est que l'on donne à ces décorations la même vocation cathartique,
00:48:46 si vous voulez, que les marches blanches,
00:48:48 et que l'on compte sur les décorations pour purger la colère.
00:48:52 C'est parce qu'aujourd'hui, les hommages se succèdent.
00:48:57 Vous savez, on connaissait Madame Chrysanthème de Pierre-Lutti,
00:48:59 on a Monsieur Chrysanthème, que sont Gérald Darmanin et Emmanuel Macron.
00:49:05 Alors, ils déroulent le même, vous en avez peut-être déjà parlé ici,
00:49:09 mais le même, on est très frappés, le même discours.
00:49:11 Chacun de nous pourrait être la plume de Gérald Darmanin.
00:49:14 C'est la République qui est attaquée.
00:49:16 Nous allons être intransigeants, nous allons faire preuve d'une grande fermeté.
00:49:21 On connaît tout cela par cœur.
00:49:23 Et ce qui montre que ces décorations ont une vertu cathartique, lénifiante,
00:49:30 c'est aussi, c'est pas seulement le dessin d'Emmanuel Macron,
00:49:35 c'est celui aussi de François Hollande,
00:49:37 c'est la création de la médaille nationale de reconnaissance aux victimes en 2016.
00:49:43 Donc, en fait, on veut reconnaître, on honore les victimes du terrorisme, je cite,
00:49:50 et on veut montrer que ça participe à leur résilience.
00:49:53 Plusieurs ont refusé.
00:49:55 Oui, voilà, on précise que c'est une décoration particulière
00:49:59 qui ne vient pas récompenser les services rendus.
00:50:02 Ça a été créé, vous vous souvenez, au moment du Bataclan.
00:50:04 C'est Gérald Georges qui l'avait demandé.
00:50:06 Exactement.
00:50:07 Pour le distinguer de la Légion d'honneur, justement.
00:50:08 Alors, moi, je ne veux pas heurter ceux qui l'ont reçu,
00:50:12 mais je comprends qu'ils y voient une reconnaissance de leur traumatisme.
00:50:16 Mais je crains que cette décoration soit implicitement prise
00:50:19 par ceux qui la dessertent comme un solde tout compte,
00:50:22 une façon lénifiante d'éviter les explications.
00:50:24 Et c'est quand même très surprenant.
00:50:26 D'habitude, on est quand même décoré pour ce que l'on fait et pas pour ce que l'on est.
00:50:30 Pas par les hasards de la vie qu'on subit,
00:50:32 sinon on pourrait aussi décorer les cancéreux.
00:50:35 En réalité, le meilleur moyen d'honorer les morts,
00:50:39 c'est de montrer, en montrant que leur sacrifice n'a pas été volontaire ou involontaire,
00:50:45 d'ailleurs n'a pas été vain,
00:50:47 c'est de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'autres morts,
00:50:49 que leur mort ait servi d'exemple pour susciter une réaction suffisante.
00:50:55 Mais malheureusement, ce n'est pas le cas.
00:50:57 Donc, en réalité, ces morts ne sont pas honorées.
00:51:01 Les drames se suivent, les hommages se succèdent,
00:51:04 et la distribution des médailles aussi.
00:51:07 Et du reste, on voit bien que ça ne satisfait pas complètement les familles,
00:51:10 parce qu'aujourd'hui, c'est une coïncidence,
00:51:13 le Parisien nous apprend que la famille du policier Damien Ernest,
00:51:19 qui est le premier policier mort lors de l'attaque terroriste de la préfecture,
00:51:24 par Michael Harpon en 2019,
00:51:27 demande aujourd'hui des comptes.
00:51:30 Il trouve que des alertes n'ont pas été entendues, etc.
00:51:32 On a beau avoir décerné la Légion d'honneur à Damien Ernest,
00:51:36 et bien évidemment, ce n'est pas une réponse suffisante pour les familles.
00:51:40 Alors, dans le cas du policier décoré à Rouen,
00:51:44 Gabriel Cluzel, pour avoir neutralisé le terroriste à la synagogue,
00:51:48 c'est à la fois semblable et différent.
00:51:50 Exactement.
00:51:51 Alors, c'est semblable d'une certaine façon,
00:51:53 parce que Darmanin brandit cela comme un trophée,
00:51:56 comme un exploit, un geste fort, une preuve de sa fermeté.
00:52:00 Mais décerner une décoration, ce n'est pas gouverner.
00:52:03 Donc, c'est peut-être symboliquement fait, fort,
00:52:07 mais dans les faits, c'est dérisoire.
00:52:09 La vraie fermeté aurait consisté à expulser l'individu frappé d'OQTF,
00:52:15 puisqu'il s'agissait d'un Algérien frappé d'OQTF,
00:52:18 en amont, de telle façon qu'il ne puisse pas incendier cette synagogue.
00:52:22 Emmanuel Macron avait promis 100% d'exécution des OQTF,
00:52:26 et donc, on voit bien qu'on en est loin.
00:52:30 Alors, on nous explique là que c'est une OQTF non exécutable,
00:52:32 c'est une obligation de quitter le territoire non obligatoire,
00:52:35 donc ça s'appelle en bon français un oxymore,
00:52:38 parce qu'il y a des recours.
00:52:40 Mais on pourrait imaginer les gens ordinaires que nous sommes se disent
00:52:43 "Puisque ça fonctionne comme ça pour nos PV en voiture,
00:52:48 quand nous avons un recours, ils ne sont pas suspensifs."
00:52:51 Pourquoi ne pas imaginer que les recours pour les OQTF ne soient plus suspensifs ?
00:52:56 Mais ça, ça demande de faire une loi, de la porter, de la soutenir et de l'appliquer.
00:53:01 C'est beaucoup plus difficile que de décorer.
00:53:05 Mais bon, la solution, ce n'est pas la décoration, évidemment, c'est l'action.
00:53:10 Alors, pourquoi c'est différent ?
00:53:12 Parce qu'évidemment, là, le récipiendaire de la décoration est en vie.
00:53:16 Il a abattu le terroriste et Gérald Darmanin...
00:53:18 Très, très rare, très, très rare pour un policier.
00:53:20 Oui, là, Gérald Darmanin a d'une certaine façon court-circuité la justice,
00:53:25 et donc, il a court-circuité la procédure judiciaire,
00:53:29 et puis, par avance, les cris d'orfraie de la gauche.
00:53:31 Vous vous souvenez quand même que quand l'assassin de Samuel Paty avait été abattu par la police,
00:53:35 un blog hébergé par Mediapart avait traité de barbare les policiers en question.
00:53:40 Voilà, donc c'est vrai que c'est quand même un geste à l'endroit de ce policier,
00:53:45 même si, encore une fois, il aurait mieux valu faire exécuter les OQTF
00:53:49 pour qu'il ne se retrouve jamais dans cette situation.
00:53:51 Dernière question, il est important ce moment de soutenir cette France.
00:53:55 Les décorations, les hommages officiels qui font partie aussi de ce soutien ?
00:54:01 Exactement, il faut non seulement les soutenir, mais les donner en exemple.
00:54:05 C'est un repère dans un monde qui n'en a plus.
00:54:08 Le ministre de l'Éducation devrait demander à tous les principaux de collège
00:54:11 d'emmener leurs enfants, enfin, leurs élèves, quand il y a un hommage sur le pont Alexandre III.
00:54:16 Vous savez, avant que les honneurs soient rendus aux Invalides,
00:54:18 il passe en cortège, le passage du convoi funéraire passe par le pont Alexandre III,
00:54:22 et il me semble que ce serait très important.
00:54:25 Et vous savez que cette France sert la France quand d'autres se servent de la France.
00:54:31 Alors, quel point commun entre ces jeunes gendarmes, ces policiers,
00:54:35 ce personnel pénitentiaire sacrifié, celui du pèlerinage de Chartres ?
00:54:40 Je vais revenir un petit peu à notre sujet du début.
00:54:42 C'est une France méprisée quand elle n'est pas conspuée.
00:54:47 Ce sont les matons, les flics, les bidasses, les cathos fachos que déteste l'extrême-gauche.
00:54:52 Et parfois d'ailleurs, certains cumulent tout cela,
00:54:56 parce que je voudrais rendre hommage aujourd'hui, si vous m'y autorisez, en conclusion.
00:55:02 J'ai pensé pour Mathieu Godin, un officier pilote d'hélicoptère tombé en Afghanistan il y a 13 ans.
00:55:09 Son épouse Alice attendait un bébé. C'est leur cinquième.
00:55:13 Il est tombé pour la France dans la nuit précédant le pèlerinage de Chartres.
00:55:17 Et comme il avait l'habitude de faire ce pèlerinage,
00:55:19 hommage à ce qu'il a rendu au cours du pèlerinage.
00:55:22 Son épouse a élevé admirablement ses enfants.
00:55:25 Ce week-end, son fils aîné Cyprien faisait le pèlerinage de Chartres.
00:55:29 Il veut être pilote d'hélicoptère dans l'armée, comme le fut son père.
00:55:34 Et le petit dernier, Louis, qui est né posthume,
00:55:37 dans un reportage sur France 5 qui s'appelait "Destin d'orphelin",
00:55:41 a la question de savoir "Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ?"
00:55:44 Il lui avait dit "Je veux être militaire comme mon père".
00:55:48 Il y a une belle jeunesse prête à l'effort et au sacrifice.
00:55:51 Elle est moins brillante que les antifas qui bloquent Sciences Po
00:55:54 et les écolos qui jettent de la soupe sur les tableaux.
00:55:56 Mais ça vaut le coup d'en parler. Voilà.
00:55:58 Merci pour cette France qui sert la France au lieu de ceux qui se servent de la France,
00:56:03 pour reprendre vos mots, Gabrielle Cluzel.
00:56:06 Je vous le disais en titre, nous connaissons tous l'image des avocats britanniques.
00:56:10 Alors je ne sais pas si, en régie...
00:56:12 Allô Patrick ?
00:56:13 Remontrez-nous l'image pendant qu'on parle.
00:56:15 Donc ces célèbres perruques Mathieu Bocoté, grises et blanches,
00:56:21 voilà, qu'on voit ici, vous pouvez nous laisser à l'image aussi en même temps,
00:56:24 si ça ne vous dérange pas.
00:56:25 Cette image pourrait bien appartenir au passé d'ici peu de temps.
00:56:29 Elle serait raciste et relèverait de la discrimination capillaire.
00:56:33 Alors Mathieu, est-ce qu'il faut en rire ? Est-ce qu'il faut en pleurer ?
00:56:36 Dites-nous tout votre regard là-dessus.
00:56:38 On peut en rire et en pleurer tout à la fois, autrement dit,
00:56:41 c'est notre époque qui, encore une fois, suscite chez nous des réactions désespérées et amusées.
00:56:45 Alors c'est une tradition qui remonte au 17e siècle et qui a pour fonction,
00:56:49 on l'aura compris, en Grande-Bretagne, de marquer la distance entre l'homme et l'avocat.
00:56:54 Et je dirais que pour marquer une distance entre le rôle qui est exercé
00:56:58 et les convictions, le caractère privé d'une personne.
00:57:01 Je note que les Britanniques le savent, la France aussi,
00:57:04 plus une fonction est prestigieuse, plus il faut lui donner les symboles du prestige.
00:57:09 Et dans ce cas-là, c'est un symbole d'autorité et de prestige, cette perruque.
00:57:13 Et là, depuis le 17e siècle, il y a eu un petit changement en 2017,
00:57:17 mais globalement la tradition est encore là.
00:57:19 Mais que s'est-il passé des populations nouvelles installées en Grande-Bretagne ?
00:57:23 Certains considèrent que c'est discriminatoire, notamment à l'endroit des chevelures africaines.
00:57:29 Voilà, en disant, c'est discriminatoire pour nous.
00:57:32 D'ailleurs, c'est une tradition archaïque et vieillotte, pour ne pas dire raciste.
00:57:37 Donc cette tradition doit tomber pour que les avocats deviennent plus...
00:57:42 une profession plus inclusive, plus ouverte, parce que ce serait du racisme systémique.
00:57:46 Et selon quelle logique c'est du racisme systémique ?
00:57:49 C'est une norme qui est historiquement située.
00:57:51 Des populations nouvelles arrivent avec d'autres normes, d'autres valeurs,
00:57:54 d'autres références, d'autres habitudes.
00:57:56 Puisque cette norme n'a pas été faite pour des gens qui sont arrivés après,
00:58:00 alors elle doit tomber au nom de la diversité.
00:58:03 Et plusieurs Britanniques disent « Ben, à l'instant, nos traditions ne sont pas racistes,
00:58:07 parce qu'à ce compte-là, toutes nos traditions vont finir par tomber,
00:58:10 parce qu'elles sont nécessairement contradictoires avec les valeurs, les habitudes,
00:58:13 les normes et les coutumes de ceux qui sont arrivés après.
00:58:16 N'est-ce pas ? À celui qui arrive de s'adapter, plutôt qu'à celui qui est déjà là de s'effacer.
00:58:20 Donc c'est une querelle qui peut sembler loufoque, mais qui ne l'est peut-être pas.
00:58:24 Alors, est-ce vraiment important ? Faut-il pleurer tous les symboles du monde d'hier qui s'en vont ?
00:58:29 Je comprends l'objection, et ce n'est pas tragique.
00:58:32 C'est-à-dire, le fait qu'Aya Nakamura remplace Michel Sardou, ce n'est pas tragique.
00:58:37 Le fait que le couscous remplace la blanquette de veau comme plat de référence, ce n'est pas tragique.
00:58:42 Le fait que le kebab remplace le jambon beurre, ce n'est pas tragique.
00:58:46 Le fait que les femmes décident de se présenter en burkini plutôt qu'en bikini, ce n'est pas tragique.
00:58:51 Marc dirait que oui.
00:58:53 Le fait que les hommes portent potentiellement la djellaba plutôt que le costume, ce n'est pas tragique.
00:58:59 Le fait que dans certaines écoles, pour ne pas vexer les minorités, on retire en Italie les crucifix, ce n'est pas tragique.
00:59:05 Le fait pour les britanniques de sacrifier la perruque, ce n'est pas tragique.
00:59:08 Rien que tout ça n'est tragique, tout cela décomposé peut sembler banal.
00:59:12 Mais mettez ensemble tous ces événements, rassemblez-le, qu'est-ce qu'on voit ?
00:59:17 C'est tout simplement une culture qui s'efface et une autre qui s'installe.
00:59:21 C'est un pays, ce n'est pas simplement les valeurs désincarnées de la république ou de la monarchie.
00:59:26 Ce sont des millions de petites habitudes qui font qu'on sait qu'on est à Paris plutôt qu'à Londres, qu'on est en France plutôt qu'au Sénégal, et ainsi de suite.
00:59:35 Ce que je vois, c'est que si on décide, ce n'est pas tragique, on peut tout effacer ça, on peut faire de nos pays des tableaux blancs avant de dessiner un autre pays.
00:59:42 Ce n'est pas tragique, mais c'est néanmoins tragique de disparaître ainsi, en se faisant expliquer que ce n'est jamais grave d'être condamné aux oubliettes, d'être décivé.
00:59:50 Déciver tout simplement par l'histoire.
00:59:52 Une petite main se lève pendant ce bateau qui coule, c'est la main de face à l'info.
00:59:57 Excellent titre de programme. Tout de suite, l'heure des pro 2.
01:00:00 merci à bientôt !
01:00:02 [SILENCE]