Face à l'Info (Émission du 20/02/2024)

  • il y a 7 mois
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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Transcript
00:00 Rien ne va plus, il est 19h et Marc Menand se moque de moi, c'est du n'importe quoi.
00:04 - Pas vraiment, mais bon, je raille.
00:07 En pleine grève, en pleine grève, mais c'est de la sève, je raille.
00:11 - Nous avons un intrus sur le plateau, regardez Geoffroy Lejeune,
00:15 et là ce soir, il remplace Dimitri Kioski.
00:18 Non, je ne sais pas où il est Dimitri, mais il n'est pas là, il est en vacances.
00:20 - Je ne le remplace pas, je succède.
00:22 - Oh, en tout cas c'est un plaisir de vous recevoir mon cher Geoffroy.
00:25 Simon Guilain, piaf d'impatience, parce qu'avec lui, c'est l'info.
00:28 Comment ça va Simon ?
00:30 - Ça va très bien, Mathieu Bocoté n'est pas très sympa avec moi, mais ça va.
00:34 - On va faire le biste de doléance.
00:36 - Allez, on y va, bonsoir à tous.
00:38 On commence avec ce nouveau féminicide à Montpellier.
00:40 Un homme a tué par balle son ex-épouse dont il était divorcé depuis 2016.
00:44 Le drame a eu lieu sur le parvis du tribunal de la ville en début d'après-midi.
00:48 L'homme, âgé de 72 ans, s'est ensuite suicidé.
00:51 Le couple avait rendez-vous devant le juge des affaires familiales.
00:54 Un homme d'une vingtaine d'années tué par balle à Avignon.
00:57 Le drame s'est produit hier soir vers 23h30,
00:59 près d'un point de deal dans le sud de la ville.
01:01 Une voiture pouvant correspondre à celle du ou des tireurs
01:04 a été retrouvée incendiée dans une commune voisine.
01:07 Et puis Paris demande une enquête indépendante et approfondie
01:10 sur la mort d'Alexei Navalny.
01:12 La France tient les autorités russes pour pleinement responsables de sa mort,
01:16 précise un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
01:19 L'ambassadeur de Russie en France a été convoqué hier par le Quai d'Orsay.
01:23 Chère Christine.
01:25 - Merci mon cher Simon.
01:27 Et au sommaire ce soir,
01:29 pourquoi devrait-on exclure Marine Le Pen de la panthéonisation des Manouchians ?
01:35 Pourquoi certains élus de la République devraient-ils être bannis d'un hommage national ?
01:40 Pourquoi cette volonté de radicaliser la France, radicaliser sa population,
01:45 radicaliser ses élus, radicaliser ses hommages nationaux
01:49 et radicaliser jusqu'au dernier recoin qui nous unissait encore.
01:53 L'hommage aux résistants communistes tombés sous les balles des soldats nazis
01:57 qui entrera pour l'éternité aux panthéons aura lieu demain,
02:01 l'édito de Mathieu Bocoté.
02:03 L'imam inexpulsable, l'imam qui a critiqué la France,
02:08 qui l'accueille, ne pourra pas être expulsé visiblement
02:11 malgré la volonté et l'annonce de Gérald Darmanin.
02:14 Majoubi a tenté des excuses aujourd'hui et son avocat a expliqué
02:17 qu'il n'a pas une maîtrise parfaite de la langue française
02:21 et en quelque sorte les drapeaux tricolores qu'il jugeait sataniques
02:24 sont une erreur de compréhension.
02:26 En quoi la machine a dédouané, a déculpabilisé, c'était le mis en place.
02:30 La machine a justifié l'injustifiable, l'analyse de Geoffroy Lejeune.
02:34 Il y a quelques jours, une femme de 80 ans a été violée
02:38 par un homme sous OQTF à son domicile dans les Bouches-du-Rhône.
02:41 Aujourd'hui, un homme a tiré sur une femme avant de retourner l'arme
02:46 contre lui devant le tribunal à Montpellier.
02:49 Ce midi également, à Orléans, une lycéenne a frappé sa professeure
02:53 avec son téléphone portable. Pourquoi ?
02:55 Parce que la professeure voulait le lui confisquer.
02:58 Pourquoi tant de violence ? Le regard de Marc Menon.
03:01 Alors que demain, je le disais il y a quelques instants,
03:04 M. Manuchon va entrer au Panthéon, les résultants étrangers
03:08 auront enfin leur place officielle dans notre récit national.
03:11 Il est vrai qu'on se demande comment nous avons pu mettre autant de temps
03:14 pour ouvrir ainsi nos portes de la sacralisation aux étrangers.
03:18 Le décriptage de Charlotte d'Ornellas.
03:21 Et puis, la chasse aux sorcières, c'est une nouvelle valeur française.
03:25 La délation, c'est une nouvelle valeur française.
03:28 Faire taire ses opposants, c'est une nouvelle valeur française.
03:31 Ces valeurs qui caractérisent Sleeping Dialogues.
03:34 C'est d'ailleurs un député de la majorité qui a proposé ce collectif
03:37 pour le prix Nobel de la paix.
03:40 En quoi le simple fait de les proposer en dit déjà beaucoup
03:43 sur l'imaginaire d'une partie de la majorité,
03:46 l'édito de Mathieu Bocotte.
03:49 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mousquetaires +1.
03:53 Je prends le jeune ce soir. C'est parti !
03:56 Comment allez-vous ce soir ?
04:10 Très bien, toujours bien.
04:12 Moi je suis stressé moi.
04:14 En tout cas, Costa Cravat, Geoffrin Lejeune, arrive.
04:17 Je vous dis pas, il a des baskets.
04:20 Il avait un Costa Cravat, mais des baskets.
04:23 On est ravis de vous recevoir.
04:25 J'ai une petite vidéo à vous montrer,
04:27 puisque RSF a tenu une conférence de presse aujourd'hui,
04:30 cet après-midi, avec une vingtaine d'avocats.
04:33 Ils sont vraiment déterminés à faire appliquer la loi contre ces news.
04:38 Notamment, je vais vous faire écouter ce petit sonore dans un instant.
04:42 On a beaucoup de sujets à voir ce soir.
04:44 D'abord, Mathieu Bocotte, on va commencer par la présence annoncée de Marine Le Pen demain,
04:49 à l'hommage des Manouchans,
04:51 qui suscite bien d'égressements dedans.
04:54 On lui reproche de s'inviter là où on ne veut pas d'elle.
04:58 On lui reproche de manquer de décence.
05:01 Et pourtant, elle tient à être à cet événement.
05:04 Qu'est-ce qui se joue en réalité derrière cette polémique ?
05:08 Pour peu qu'on prenne au sérieux l'idée d'Orwell,
05:11 qui nous disait « qui contrôle le présent contrôle le passé,
05:14 qui contrôle le passé contrôle le futur »,
05:17 eh bien, celui qui maîtrise les termes, on pourrait dire la mémoire collective,
05:21 celui qui fixe quelle est la bonne mémoire et la part de la mémoire que l'on doit rejeter,
05:25 celui-là est au pouvoir symboliquement sur les autres.
05:29 Et ce que l'on cherche à faire ici, je le dis d'un mot,
05:31 c'est de chasser du périmètre de la légitimité nationale et démocratique Marine Le Pen,
05:36 en en faisant, c'est ce que disait l'Humanité hier, je crois,
05:41 et que laissait dire Emmanuel Macron,
05:43 que Marine Le Pen serait finalement dans le camp des vaincus de la Deuxième Guerre mondiale
05:47 qui chercherait à revenir aujourd'hui.
05:50 Qu'est-ce qui se passe à travers cela, donc à travers la panthéonisation de Manouchian ?
05:55 C'est la question de la mémoire de la résistance.
05:58 Comment comprendre la résistance dans l'histoire française ?
06:03 Parce que ce n'est pas aussi évident la résistance dans l'esprit du communauté mortelle,
06:07 c'est un envahisseur arrive, on le chasse,
06:09 ceux qui participent au fait de chasser l'envahisseur et l'occupant, ce sont les résistants,
06:13 ça c'est ce qu'on pourrait appeler une définition de base,
06:15 probablement celle qui a inspiré l'immense majorité des résistants.
06:19 Mais la représentation historique et symbolique de la résistance
06:23 a évolué considérablement jusqu'au temps présent,
06:27 et il faut retracer cette évolution pour voir quel est le symbole,
06:30 selon Manouchian, le symbole.
06:32 Premier élément, la résistance fut d'abord et avant tout, ne l'oublions pas,
06:37 une résistance nationale, et j'ose même le mot nationaliste,
06:41 c'est-à-dire l'étranger au sens de l'ennemi, l'occupant était en France,
06:45 il fallait booter l'allemand hors de France,
06:48 comme en d'autres temps il fallait booter l'anglais hors de France,
06:50 il fallait restaurer l'indépendance de la patrie.
06:54 Et autour de ce programme élémentaire, autour de ce programme qui allait de soi,
06:59 vous avez pu retrouver des gens qui venaient d'action française,
07:02 des gens qui venaient du communisme, des centristes, des libéraux, des conservateurs,
07:07 en fait des Français de tous horizons, de toutes origines,
07:10 qui se retrouvaient dans cette idée élémentaire, l'indépendance de la patrie.
07:15 Mais, et de ce point de vue, tous ceux qui ont participé à la libération de la patrie
07:21 participent donc, on pourrait dire, au Panthéon, au-delà du Panthéon qui existe réellement,
07:25 au Panthéon des héros de la patrie,
07:27 et ils y sont non pas pour ce qu'ils avaient en propre,
07:30 parce qu'ils étaient communistes, parce qu'ils étaient libéraux,
07:32 parce qu'ils étaient monarchistes,
07:34 mais parce qu'ils ont participé à la libération de la patrie.
07:37 Donc Manouchian, il n'est pas célébré, il ne sera pas célébré demain,
07:41 parce qu'il était étranger, il ne sera pas célébré parce qu'il était communiste,
07:44 il sera célébré parce qu'il a participé à la libération de la France.
07:48 Ce n'est pas son statut de communiste qui est célébré,
07:50 ce n'est pas son statut d'étranger qui est célébré,
07:52 c'est son statut de patriote par le sang versé.
07:55 Ça, c'est la première chose.
07:57 - C'est vraiment le patriotisme qui est au cœur de tout cela.
07:59 - Évidemment, sinon pourquoi ?
08:01 S'il faut panthéoniser tous les communistes du monde, il y en aurait quand même beaucoup.
08:04 Et si je peux me permettre, leur bilan est quand même globalement négatif,
08:07 contrairement à ce qu'a cru en d'autres temps Georges Marchais.
08:09 Le problème évidemment dans cette résistance nationale,
08:12 c'est qu'on est dans une époque qui n'aime plus la nation.
08:16 Comment célébrer la libération d'une nation,
08:19 alors qu'on considère que la nation,
08:21 c'est un peu finalement, elle appartient au passé de l'humanité.
08:24 Donc, on cherche dans le panthéon symbolique des résistants possibles,
08:28 celui qui écarnerait une résistance non nationale,
08:32 et plus encore, non nationaliste.
08:34 Et dès lors, Manouchian apparaît comme une figure tout à fait inespérée et désirée,
08:41 parce que voilà un homme qu'on dit, oui, il s'est battu pour la France,
08:45 mais non pas pour la France charnelle,
08:47 mais non pas pour la France organique, comme aurait dit Emmanuel Macron,
08:51 non pas pour la France du pays réel et profond,
08:54 non pas pour la France d'une certaine idée de la France qui vient du fond des âges,
08:58 mais pour la France des droits de l'homme.
09:00 Donc Manouchian apparaît comme le porteur de la seule France légitime aujourd'hui.
09:06 Non plus la France de l'enracinement,
09:08 non plus la France de la continuité historique,
09:10 non plus la France de l'identité profonde,
09:12 mais la France des droits de l'homme.
09:14 Et c'est pour ça qu'on nous dit,
09:16 Marine Le Pen n'est pas là, bienvenue, pour le commémorer,
09:19 parce qu'elle ne se reconnaît pas dans la vision de la France
09:22 qui serait celle de Manouchian.
09:25 Autrement dit, c'est une volonté, ce qu'on comprend,
09:28 évidemment que Manouchian a sa place dans le Panthéon en ces matières,
09:30 évidemment qu'il a sa place dans l'histoire large de la résistance,
09:33 mais ce qu'on nous dit finalement aujourd'hui,
09:35 c'est que la seule résistance légitime, c'est la sienne.
09:39 Toutes les résistances qui ne s'inscrivaient pas sous le signe
09:41 exclusivement des droits de l'homme, et du communisme, et de l'internationalisme,
09:45 seraient une résistance inachevée et incomplète.
09:48 Donc là, on vient de trouver le héros nécessaire,
09:50 celui qui transcendra tous les autres.
09:53 Le grand problème ici, évidemment, c'est que ça efface
09:56 la complexité de l'histoire de la résistance.
09:58 La résistance n'a pas rassemblé, je le disais,
10:01 que des communistes internationalistes attachés au statut de la France,
10:05 pays des droits de l'homme. J'irais même plus loin.
10:07 Quand on célèbre la résistance, la vraie, celle qui veut libérer la patrie,
10:11 ça n'implique même pas de célébrer le CNR,
10:13 le Conseil national de la résistance, qui s'accompagnait d'un programme
10:16 de réforme sociale et économique, je crois qu'il était possible
10:20 de vouloir libérer la France tout en étant libéral, ou conservateur,
10:24 ou socialiste, et qu'il n'était pas nécessaire de vouloir la libérer
10:27 dans une perspective sociale ou communiste pour vouloir la libérer vraiment.
10:31 Mais ça, c'est ce qu'on cherchait à nous imposer comme récit
10:33 les communistes depuis la guerre. Ne l'oublions pas.
10:36 J'ajoute une chose. Les résistants, il y en avait, je l'ai dit,
10:39 de plusieurs tendances idéologiques, mais c'est une période complexe,
10:42 très complexe, la Deuxième Guerre mondiale.
10:44 Tout n'était pas tranché avec une grande clarté, comme on le voit aujourd'hui.
10:48 Donc il y avait cette catégorie très étrange à laquelle appartenait
10:51 François Mitterrand, les vichystos résistants, des gens qui croyaient
10:54 à ce moment-là parce qu'ils ne comprenaient pas.
10:57 Ils voyaient qu'on n'était pas conscients de l'horreur absolue du nazisme.
11:00 Ils disaient qu'on va participer de l'intérieur aux institutions de la France,
11:04 de Pétain dans ce cas-là, en se disant que ça avait une autre manière
11:07 de résister de l'intérieur. Évidemment, ce n'est pas notre choix.
11:10 Évidemment, nos préférences vont au général de Gaulle, tout ça.
11:12 Mais quand on cherche à comprendre en temps réel ce qui s'est passé,
11:16 ces gens-là existaient aussi.
11:18 Donc ça nous rappelle une chose, la mémoire est un champ de bataille.
11:22 La mémoire, donc, savoir qui devons-nous célébrer comme héros,
11:25 qui devons-nous célébrer comme figure admirable,
11:28 qui devons-nous admirer, on nous dit aujourd'hui le résistant ultime,
11:33 c'est Manouchian, parce que c'était, je l'ai dit, un résistant non-nationaliste.
11:37 Mais je me permets cette phrase, j'y ai référé au général de Gaulle,
11:40 qui, quant à moi, est la grande figure en ces matières,
11:42 qui, lui, n'était pas exactement un cosmopolite internationaliste,
11:46 communiste, hostile au nationalisme.
11:48 Je tiens simplement à le rappeler.
11:49 De Gaulle, écrivant au fils de Maurice Barrès, pendant la guerre de mémoire,
11:54 écrit Maurice Barrès, figure complexe, et dit
11:57 « Votre père, je n'en doute pas, aurait été des nôtres. »
12:01 « Votre père, je n'en doute pas, aurait été des nôtres. »
12:03 La question que je me pose aujourd'hui, c'est lorsqu'on célèbre
12:06 le combat de la France résistante, est-ce qu'on est capable de comprendre
12:10 que cette résistance porte à la fois la mémoire de Manouchian,
12:14 mais aussi des héritiers du fils, dans ce cas-là, de Maurice Barrès,
12:18 qui était Philippe Barrès.
12:19 Est-ce qu'on est capable de se dire que tous ces gens-là,
12:21 à leur manière, à partir de philosophies contrastées,
12:24 appartenaient au même pays.
12:25 Et de ce point de vue, pour peu que vous aimiez l'indépendance de votre pays,
12:28 vous êtes en droit de célébrer toutes ces figures.
12:30 Vous êtes Marine Le Pen, vous avez le droit de célébrer Manouchian.
12:33 Vous êtes un héritier du communisme,
12:34 vous avez le droit de célébrer le général de Gaulle.
12:36 Quelle formidable démonstration.
12:39 On n'a pas terminé, mais je marque une petite pause
12:42 pour qu'on puisse voir en direct, pendant que vous vous exprimez,
12:45 les images de la cérémonie de la veillée au Mont Valérien,
12:49 qui a commencé justement la veille de la panthéonisation
12:53 de Missak Manouchian.
12:55 Poursuivez cette démonstration formidable.
12:58 Récemment, la question de la présence de LFI
13:02 à la commémoration des victimes françaises du 7 octobre
13:05 n'était-elle pas de la même nature?
13:07 Alors, je ne crois pas.
13:09 Je ne crois pas, parce que là, on était autant présents.
13:12 Vous savez, normalement, l'histoire, c'est censé,
13:14 plus les années passent, plus on est capable de se réconcilier,
13:17 prenant conscience de la complexité des choses humaines.
13:20 Là, on était à quelques semaines et quelques mois.
13:22 Donc, ce n'était pas l'arrière-petit-fils du cousin éloigné
13:25 qui disait « s'il vous plaît, ne vous présentez pas à la commémoration »,
13:28 c'était des familles des victimes du 7 octobre
13:32 qui disaient à certains « vous, ne vous présentez pas, vous ne faites pas. »
13:36 Vous avez eu au moment du pogrom du 7 octobre
13:39 un comportement indigne.
13:41 De ce point de vue, nous préférons que vous ne vous présentiez pas.
13:45 Donc, il faut distinguer entre la commémoration historique,
13:48 sachant qu'il n'y a qu'une France, c'est ce que j'en sais,
13:51 il s'agit d'accepter, quand on accepte la mémoire de la France,
13:54 on accepte l'ensemble de la mémoire de la France,
13:56 on ne sélectionne pas dans l'histoire de France « toi, je t'aime, toi, je ne t'aime pas »,
13:59 on peut avoir des préférences, mais globalement, la commémoration,
14:02 lorsque l'État la prend en charge, tous les patriotes, tous les citoyens
14:05 ont le droit d'y participer. Donc, ça, c'est l'histoire de France.
14:08 De l'autre côté, c'est le temps présent,
14:10 les temps présents dans l'immédiateté, où les passions sont encore vives,
14:13 et dès lors, je ne mettrai pas sur le même pied ces deux types de commémorations.
14:18 Par ailleurs, je l'avais dit ici, je le redis,
14:21 moi, je ne suis pas un fan du cordon sanitaire, quel qu'il soit.
14:24 Donc, quand des gens disent « vous, vous ne venez pas à ma commémoration »,
14:28 puis trois semaines après, c'est un autre qui dit « vous, vous ne venez pas à la mienne »,
14:31 puis trois semaines plus tard, c'est le troisième groupe qui dit « je ne vous veux pas ».
14:34 Je pense que c'est la meilleure manière de segmenter un peuple,
14:37 de fragmenter un peuple. On oublie une chose fondamentale,
14:40 c'est dès lors qu'on offre à admirer, dès lors qu'on offre à commémorer
14:44 des hommes, des vies, des engagements,
14:46 eh bien, si on dit que c'est seulement bon pour la petite partie de la nation
14:49 qui pense comme moi en toutes circonstances,
14:51 c'est la meilleure manière de provoquer un éclatement programmé.
14:56 Donc, si on a cela à l'esprit, on distingue...
14:59 Donc, moi, je vais vous... Vous voyez le point d'aboutissement à la matière.
15:02 Je pense que lorsque les élus de la nation sont invités,
15:05 on ne trie pas en LFI, l'ERN, Mme Rousseau,
15:08 et faites la liste de tous les gens qui peuvent être à l'Assemblée nationale.
15:12 Vous êtes à l'Assemblée nationale parce que les Français vous ont choisis.
15:15 Vous êtes à votre place lorsque les institutions sont rassemblées pour commémorer.
15:19 Disant cela, j'ai l'impression de tenir un propos qui va en choquer quelques-uns,
15:22 mais je m'en désole parce que j'ai l'impression d'être du régiste de 2 + 2 = 4.
15:27 - De bon sens, quoi. - Oui, je crois, je crois.
15:29 - Alors, on y revient toujours, Mathieu Bocoté.
15:31 À travers tout cela, nous parlons de la question, toujours, du cordon sanitaire.
15:34 - Toujours. On n'en sort pas.
15:36 Quel est le sens du virage des derniers jours d'Emmanuel Macron,
15:39 c'est à l'horizon des européennes, à l'horizon de 2027?
15:42 Il s'agit de réactiver, à travers Manouchian, qui sert de détour,
15:46 la mémoire de l'antifascisme pour expliquer que la lutte de l'antifascisme
15:51 se poursuit jusqu'à aujourd'hui.
15:54 Et notez, j'y reviens pour un instant, c'est assez intéressant,
15:56 quand on pense à l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale,
15:58 on oublie que c'était à la fois un combat, on pourrait dire,
16:02 contre la barbarie nazie, mais c'était aussi le combat, je le disais,
16:04 contre un occupant.
16:06 Or, qu'est-ce qu'on nous dit aujourd'hui?
16:08 Eh bien, le RN, la droite nationale seraient en fait les héritiers de l'occupant.
16:14 Ce seraient les héritiers de l'occupant.
16:16 Est-ce qu'on se rend compte de la violence d'une telle affirmation
16:19 quand on nous parle ensuite d'unité de la nation et d'unité républicaine?
16:22 Donc oui, il s'agit de bannir, d'utiliser la mémoire de Manouchian
16:26 pour bannir de la nation une candidate, dans les circonstances,
16:30 qui a rassemblé plusieurs millions d'électeurs à la présidentielle.
16:34 Ce n'est pas un détail.
16:35 Mais qu'est-ce qu'on souhaite à travers tout ça?
16:37 Il s'agit en fait de pratiquer une exclusion de plus en plus brutale
16:40 de ceux qui sont en désaccord avec l'idéologie dominante.
16:43 Il y a une petite scène qui s'est passée, je crois que c'était sur RTL,
16:45 ces derniers jours, je pense que c'était ce matin ou avant-hier,
16:48 où on raconte comment fonctionne le cordon sanitaire en Belgique francophone.
16:51 Et on dit, vous savez, c'est le paradis.
16:53 Parce que là-bas, on interdit l'extrême droite sur les zones.
16:56 On ne l'invite jamais, jamais, jamais, jamais.
16:59 Et puis là, on voit, les gens sont filmés,
17:01 et il y a quelqu'un dans le studio qui est là, il ne peut pas se retenir,
17:04 et il dit « Bravo, bravo, c'est formidable, on interdit l'extrême droite des zones! »
17:07 Sachant ce qu'ils appellent l'extrême droite.
17:09 Et on voit à travers tout ça, on veut chasser de la mémoire,
17:11 on veut chasser de l'histoire, on veut chasser des symboles,
17:14 on veut chasser de l'arc républicain,
17:16 et en vérité, c'est la logique de la purge.
17:19 La logique de la purge contre des gens qui, aujourd'hui, se réclament ouvertement,
17:23 je parle ici de toutes les forces politiques françaises,
17:26 quelles qu'elles soient, de la mémoire de la résistance,
17:28 de la mémoire de l'indépendance nationale, de la mémoire du gaullisme,
17:31 de la mémoire de ceux qui ont restauré l'indépendance de la France
17:33 lorsque la France était occupée.
17:35 En la matière, je crois que cette mémoire appartient à tous,
17:37 à Marine Le Pen comme à M. Mélenchon, à Mme Rousseau comme à M. Macron.
17:42 On fait un tour de table, peut-être, sur la question, Marc,
17:45 mais non, j'ai l'impression que c'est un cri du cœur d'un non-français, d'ailleurs.
17:50 Oui, non, mais comme toujours, il cisèle la démonstration, le bougre.
17:55 Mais je sortirai ma petite carte supplémentaire,
17:59 c'est celle du colonel Larocque, les Croix de Feu,
18:02 c'est-à-dire qu'ils avaient participé à la manifestation du mois de février
18:08 du début des années 30 pour faire tomber le pouvoir.
18:12 Au dernier moment, il avait dit non, soyons légalistes.
18:14 Et l'un des premiers à entrer en résistance, c'est le colonel Larocque.
18:19 Donc, ça va tout à fait dans l'illustration des propos de Mathieu.
18:23 Et par conséquent, il est impossible, et je dirais intellectuellement insupportable,
18:29 de voir comment on peut dévier la réalité historique.
18:33 On a l'impression que ça va de soi, Geoffroy Lejeune,
18:35 et en même temps, il faut le dire, l'expliquer,
18:38 rappeler à quel point un hommage national est un hommage national,
18:42 rappeler à quel point on a besoin de cohésion,
18:44 on a besoin justement de rassembler la France, non ?
18:47 Surtout dans un moment où il n'y a pas d'héritier ou de victime directe,
18:50 donc la question qui s'est posée pour le 7 octobre, comme l'a dit Mathieu, ne se pose plus.
18:54 Moi, si vous voulez, j'ai l'impression, vous vous rappelez au moment de la marche contre l'antisémitisme,
18:57 j'ai tout d'un coup été très très désolé de voir Marine Le Pen et Jordane Bardella aller dans la marche.
19:00 Pourquoi ? Parce qu'en fait, un Front National, un Rassemblement National qui ne serait pas antisémite,
19:05 ne serait pas le Rassemblement National dont ils ont besoin.
19:07 Comme aujourd'hui d'ailleurs, un Rassemblement National qui ne serait pas vichyste ou pétainiste
19:11 ne serait pas le Rassemblement National dont ils ont besoin.
19:13 En fait, ils ont besoin d'un adversaire, et le jour où cet adversaire n'est plus celui qu'ils espèrent,
19:17 ils perdent leur repère, donc ils perdent la bataille.
19:19 Non mais c'est vrai qu'au-delà de la complexité, d'abord 1, de la période qui est jugée,
19:26 plus vous êtes jeune des décennies après, plus vous êtes intransigeant sur les choix de tel ou tel en plein cœur de la guerre.
19:33 Déjà, ça m'a toujours, objectivement, insupporté, surtout que c'est des périodes où les gens qui ont fait des choix
19:38 qui sont moralement les bons, avec le recul que nous avons, qui sont évidemment moralement les bons,
19:44 sont les premiers, à la sortie de la guerre, à avoir un regard extrêmement, parfois vraiment, extrêmement compréhensif
19:52 des différences des différentes personnes là où elles étaient.
19:55 Donc déjà, j'invite tout le monde à relire précisément ces écrits pour se détendre un tout petit peu, et imaginer aussi.
20:03 Parce que prendre des résistants pour modèle, ça a un intérêt majeur.
20:07 C'est de comprendre, chez ces personnes, ce qui a animé en eux la grandeur de pouvoir résister.
20:13 C'est la seule leçon qui peut nous occuper aujourd'hui dans nos vies, c'est la seule raison, c'est de voir les vertus que ces gens ont,
20:21 selon, d'ailleurs avec des caractères, des options politiques extrêmement différentes, la vertu qu'ils ont alimentée jusqu'à aller en mourir,
20:30 jusqu'à être prêts à en mourir. C'est la seule leçon que nous devons tous avoir, et donc là, sur ce terrain-là, des décennies après,
20:36 je me dis, mais imaginez précisément ces résistants. Imaginez Manouchian au moment de se faire fusiller,
20:42 s'il imagine des décennies après, le pays entier rassemblé, quels que soient précisément les choix des uns et des autres,
20:48 le pays entier rassemblé pour dire que c'est lui le modèle et pas un autre. Est-ce que c'est pas ce dont il aurait rêvé, finalement ?
20:55 Je comprends même pas, si ce n'est évidemment de la manipulation pour la politique d'aujourd'hui, et non pas une volonté de lui rendre hommage à lui.
21:01 Et même dans son dernier mot, il pardonne aux Allemands, c'est-à-dire que sa dernière lettre est extrêmement touchante.
21:09 Il rend hommage à sa femme, il parle d'amour, il vit en liberté, il ne boubille pas, et il dit, en quelque sorte, soyons tous frères.
21:17 - Soyons tous frères, merveilleux. Je retiens que la mémoire est un champ de bataille. - Ah oui.
21:23 - Merci beaucoup, vraiment brillant, c'est très touchant, en tout cas.
21:27 Mon cher Geoffroy, les mêmes majoubis ont présenté ses excuses, ils disent qu'ils aiment la France, et pourtant, vous nous dites que ce n'est pas si clair dans cette justification,
21:37 parce qu'il a essayé, lui, son avocat, sur les médias, de revenir un petit peu sur ces propos que tout le monde a vus.
21:43 - Bien sûr. Alors, pour tout vous dire, je pense que tout le monde ment dans cette affaire. J'ai lu, comme Marc, parce que j'ai écouté hier votre émission,
21:50 j'ai lu Objectif Gard, le fameux journal local, donc, dans lequel on a eu les premières explications de l'imam majoubi.
21:57 Marc était le premier à les voir, d'ailleurs. Je vous cite rapidement les éléments de défense, c'était donc un lapsus, il ne parlait pas de drapeau tricolore, mais multicolore.
22:04 Il dit que, donc, est-ce que vous pensez que je me serais filmé en tenant un discours pareil ? Est-ce que vous pensez que je vais insulter la France qui m'a accueilli ?
22:11 Il raconte qu'il a organisé des marches après les attentats de 2015, ça je vais y revenir, vous allez voir, c'était pour d'autres raisons.
22:16 Qu'il défend la liberté d'expression, qu'il défend la laïcité, qu'il paye des impôts, qu'il en est fier, qu'il est un chef d'entreprise, enfin, c'est le citoyen parfait, ce monsieur.
22:24 Et il dit qu'il n'a jamais fait de lapsus, même Emmanuel Macron en fait. Alors, permettez-moi de douter un petit peu, et de penser peut-être que ces excuses sont une farce,
22:32 même si, honnêtement, il y a une stratégie de défense, vous l'avez dit, qui est très rodée, qui est montée en puissance pendant toute la journée, mais ça aura une incidence, je vous expliquerai à la fin.
22:39 Moi, déjà, des illettrés, puisque c'est la défense de son avocat qui dit qu'il n'a pas une maîtrise parfaite de la langue française, des illettrés qui connaissent le mot satanique...
22:47 - Martin en parlait, il y a un moment. - Bien sûr.
22:49 Et ceux qui, des illettrés qui connaissent le mot satanique, et qui connaissent le mot tricolore, j'en veux, moi, j'en veux beaucoup plus que ça.
22:54 Il est en France depuis 40 ans, on peut imaginer quand même que c'est un peu une blague.
22:57 Mais surtout, en fait, on n'a pas eu le portrait complet de cet imam majoubi.
23:02 Il y a quelques mois, en début de décembre, un jeune journaliste du journal du dimanche s'est intéressé à lui et a écrit un article pour raconter qui il était.
23:10 Il était dans le viseur des services de renseignement, figurez-vous.
23:12 Je vous raconte rapidement l'histoire.
23:14 Le 8 novembre dernier, le service départemental à la jeunesse, à l'engagement et au sport, mandaté donc par la préfecture du Gard,
23:21 rend une visite à la mosquée Ataba de Bagnoles-sur-Seize pour cibler donc une école coranique.
23:27 Il y a une fermeture administrative.
23:29 Pour des raisons de forme, c'est très important de le préciser, la sécurité incendie n'est pas aux normes.
23:33 Il y a un risque d'atteinte à la santé morale des élèves parce que des cours sont dispensés.
23:37 En gros, c'est une école coranique.
23:39 C'est écrit d'ailleurs sur la sonnette devant le bâtiment, mais elle n'est pas déclarée.
23:42 Donc les autorités n'ont pas de droit de regard sur ce qui s'y passe.
23:44 Donc la mosquée est fermée.
23:47 L'école, pardon.
23:48 L'imam majoubi est le numéro 2 d'une association qui s'appelle l'association des musulmans du Gard rhodanien,
23:54 qui est une assez grosse structure localement, qui comprend une autre mosquée qui est elle aussi à Bagnoles-sur-Seize,
23:59 dans la même ville, dont l'imam, le numéro 1 de l'association, a été perquisitionné par la police en 2016.
24:06 Et il figure sur une note du service central du renseignement territorial,
24:10 donc ça c'est des renseignements, qui dit que cette mosquée est le pôle majeur de radicalisation dans le département du Gard.
24:16 Il est décrit, là je reviens sur l'imam majoubi, par les renseignements comme une tête de proue de la mouvance tabligue.
24:22 C'est un courant ainsi rigoriste de l'islam.
24:25 Alors, je vous ai dit qu'il organisait des marches après les attentats en 2015, c'est vrai.
24:28 Les renseignements le décrivent dans cette même note comme quelqu'un qui est aproguin,
24:32 et qu'il a proposé à la préfecture du Gard de créer des cellules de déradicalisation après les attentats,
24:39 dans l'unique but, je cite les services de renseignement, d'obtenir de subventions publiques.
24:43 Alors, attention, attention, c'est très intéressant de s'arrêter sur ces histoires.
24:49 On marque une pause et on reviendra détail par détail pour bien comprendre,
24:53 parce qu'on ne va pas nous la faire à nous quand même.
24:55 Allez, on marque une pause, à tout de suite.
24:57 Donc vous étiez en train de nous expliquer, mon cher Geoffroy, nous racontait un peu le bilan du portrait de l'imam majoubi,
25:07 et nous racontait à quel point il n'était pas si clair que ça.
25:11 - On en était où ? - Ce que je trouve le plus drôle, c'est ce que je viens de vous dire juste avant la pause,
25:15 c'est que j'ai organisé des manifs après les attentats de 2015, et les renseignements écrivent dans leur note
25:19 qu'en fait il a demandé à la préfecture d'organiser des cellules de déradicalisation pour obtenir,
25:25 c'est eux qui décrivent, obtenir des subventions publiques, ça c'est amusant.
25:28 En fait, toute la journée il s'est décrit comme ça, d'ailleurs comme un analphabète, en tout cas son avocat dit ça,
25:32 laïc, amoureux de la France, pro-Charlie, dans les faits, c'est un rusé, il est malin évidemment,
25:36 soupçonné donc d'être adepte de la Takia et surveillé pour sa mainmise sur une usine à radicalisation,
25:41 qui est la fameuse mosquée de Bagnoles-sur-Seize.
25:44 Alors, il conteste tout ça, et il va continuer de le contester, je vous expliquerai pourquoi à la fin,
25:48 mais les éléments des services de renseignement étaient là depuis longtemps.
25:51 - Oui c'est ça. Alors il y a aussi le maire de la ville de Bagnoles-sur-Seize, Jean-Yves Chapelet,
25:56 qui se dit très surpris, je cite "estomaqué aussi en colère", faut-il le croire ?
26:01 - Oui, alors là je pense que l'expression "l'arme de crocodile" a été inventée pour ce monsieur-là.
26:05 - Bien sûr. - Donc c'est un maire macroniste, mais avant il était socialiste.
26:08 Il faut savoir que dans la région, moi j'ai grandi là-bas, je connais très bien le coin,
26:11 dans la région il y a beaucoup d'élus qui sont obligés de composer avec une communauté musulmane importante,
26:15 et évidemment des mosquées qui sont borderline, ils sont obligés de faire avec.
26:18 En tout cas certains composent allègrement.
26:20 Les policiers du renseignement territorial, toujours eux, dont la note dont je vous parlais tout à l'heure
26:24 est assez quand même renseignée, décrivent donc l'imam Majoubi comme un homme ambitieux,
26:28 bien implanté, et qui a su, je cite, "nouer de très bonnes relations avec l'équipe municipale en place".
26:34 Donc là vous voyez, il tombe de l'armoire, il découvre aujourd'hui une situation,
26:37 en fait dans les faits il le connaît très très bien ce monsieur-là.
26:39 - Oui, il se dit estomaqué alors que c'est son proche.
26:41 - Absolument. Et l'imam Majoubi d'ailleurs disait dans le papier du JDD dont je vous parlais au mois de décembre
26:45 qu'il avait d'excellentes relations avec la mairie, donc il se cachait à peine.
26:48 Juste pour raconter un peu les liens entre l'élu, donc l'ancien socialiste, maintenant macroniste,
26:52 et cet imam qui aujourd'hui défrait la chronique, entre 2016 et 2020 il fait des travaux
26:57 pour doubler la surface de sa mosquée, il la fait même déborder de ce qu'on appelle la parcelle cadastrale,
27:02 il va un peu au-delà de ce qu'il a le droit de faire, pas de sanctions, pas de problèmes, etc.
27:05 En 2021 il a un accord particulièrement avantageux avec la mairie, la ville de Bagnoles-sur-Seize
27:11 octroie à l'association des musulmans du Garde Rodanien, la grosse association dont je vous parlais tout à l'heure,
27:15 un bail amphithéotique d'une durée de 18 à 99 ans sur une parcelle municipale
27:19 de plusieurs centaines de mètres carrés à côté de la mosquée, et il paye 1000 euros par an.
27:23 C'est pas très cher, même si l'immobilier est pas comme à Paris, il s'en tire très très bien.
27:27 Et le maire en fait ne découvre pas du tout monsieur Majoubi,
27:29 en juin dernier la mairie a interdit les fidèles de sa mosquée de parking public,
27:33 vous savez pour les prières de l'aïd El-Kébir, il était pas content,
27:36 il a organisé des prières de rue devant la mosquée donc pour protester, il a jamais été sanctionné pour ça.
27:41 - Quelle enquête ? Gérald Darmanin... - Alors c'est pas moi je précise.
27:45 - Non non non je sais d'où elle... - C'est un jeune journaliste qui s'appelle Geoffroy Antoine
27:47 qui avait bien bossé en effet à l'époque. Il l'avait eu au téléphone d'ailleurs,
27:50 et l'imam avait confirmé certains points.
27:52 - Ah oui, alors Gérald Darmanin a annoncé son intention d'expulser cet imam,
27:56 on en parlait d'ailleurs d'hier soir avec Marc Menon,
27:59 et on disait d'hier soir que c'était pas possible.
28:01 - Bah en fait si vous écoutez le ministère de l'Intérieur c'est parfaitement possible,
28:05 si vous regardez dans le détail c'est compliqué,
28:07 je vais essayer de défricher un peu le terrain de ce qui nous attend sur ce sujet.
28:10 Déjà bon il faut souligner quand même qu'il est connu depuis longtemps,
28:14 c'est grâce à la vidéo qu'on en parle depuis hier,
28:17 et surtout grâce au fait que CNews en est parlé et fait monter le sujet,
28:20 parce que sinon ce que je viens de vous raconter tout ça,
28:23 le ministère de l'Intérieur le sait déjà en réalité depuis assez longtemps,
28:25 il faut que ça devienne un sujet d'intérêt, disons, national,
28:28 public en tout cas, pour que la question de son expulsion se pose.
28:32 Alors, qu'est-ce qu'ils disent au ministère de l'Intérieur ?
28:34 Je les ai contactés du coup sur le sujet,
28:36 ils se disent évidemment confiants sur leur capacité à expulser cet imam,
28:39 ils peuvent pas dire l'inverse en réalité.
28:41 À l'heure où on parle, le procureur de Nîmes a ouvert une enquête
28:43 pour des faits d'apologie du terrorisme,
28:45 et il l'a confiée à la PJ de Montpellier.
28:48 Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé donc l'expulsion de l'imam Majoubi,
28:52 il est tunisien mais il a un titre de séjour régulier,
28:55 il est installé en France depuis 1989.
28:58 La procédure, vous connaissez par cœur, Charlotte vous en parle quasiment tous les jours,
29:01 elle est très lourde, très encadrée,
29:04 il y a des multiples recours évidemment,
29:06 et c'est exactement là-dedans qu'on est en train de rentrer en ce moment.
29:08 Ça va donc être instruit par les services du ministère de l'Intérieur,
29:11 donc il faut imaginer concrètement que des gens vont travailler,
29:14 peut-être pas à plein temps, mais en tout cas, beaucoup de monde va travailler sur ce dossier,
29:17 puisque maintenant qu'il est médiatique, il faut aller vite,
29:19 pour obtenir cette expulsion.
29:21 Je vous lis dans le détail la réponse du ministère de l'Intérieur.
29:23 "Il est possible", je reviens sur le terme "possible",
29:26 "il est possible d'expulser un étranger régulier en France
29:29 dès lors qu'il représente une menace grave pour l'ordre public,
29:31 ou que sa présence représente une atteinte aux intérêts fondamentaux de l'État,
29:34 ou que son comportement constitue une provocation explicite et délibérée
29:38 à la discrimination, à la haine ou à la violence.
29:40 Depuis la loi immigration, donc la fameuse loi immigration récente,
29:44 cette expulsion est également possible en cas de condamnation à un délit puni de 3 ans d'emprisonnement,
29:48 ce qui permet de lever des protections antérieures du fait d'avoir des enfants ou d'être marié.
29:52 Pourquoi je dis ça ? Parce que tout ce que je viens de vous dire
29:56 est susceptible de contestation devant un tribunal.
29:58 Il y aura examen de tous ces motifs, et là pour le coup,
30:02 il y a match. Je dis depuis tout à l'heure qu'il est intelligent,
30:05 et que sa défense est assez structurée, et qu'elle est capable de mettre le doute dans la tête
30:08 de beaucoup de gens qui l'écoutent, etc.
30:10 Le tribunal qui va devoir se prononcer sur ce cas
30:13 va avoir exactement les mêmes doutes, et croyez-moi,
30:15 il faut lui faire confiance à lui et à son avocat,
30:17 pour insister exactement sur tous ces...
30:19 Le ministère de l'Intérieur nous dit que c'est possible de l'expulser.
30:24 Est-ce que c'est faisable ? C'est une autre question.
30:26 Souvenez-vous, on a déjà connu ça avec l'imam Iqyussen.
30:31 Vous vous en rappelez ? On se rappelle de cette séquence.
30:34 Il était possible de l'expulser, évidemment, d'ailleurs le ministre de l'Intérieur
30:37 avait s'été engagé dans cette procédure.
30:39 La décision d'expulsion avait été cassée par le tribunal administratif de Paris,
30:44 au prétexte du droit à mener une vie privée et familiale normale.
30:47 Je ne sais pas si vous vous rappelez bien, mais ça avait été l'objet d'intenses discussions.
30:51 Il y avait eu beaucoup de recours, il avait notamment fait un recours devant la CEDH
30:54 qui n'avait pas été retenu.
30:56 Finalement, Gérald Darmanin, avec cette décision cassée,
30:59 avait été devant le Conseil d'État, il avait gagné sur la forme.
31:01 L'imam était donc expulsable.
31:03 Il avait même obtenu un laissé-passer consulaire de la part du Maroc.
31:06 Et au moment où il avait obtenu tous ces accords,
31:08 l'imam s'était enfui en Belgique, d'où qu'il avait été expulsé vers le Maroc.
31:12 Et il est aujourd'hui au Maroc.
31:14 L'avocate française de l'imam Iqyusen, très intéressant,
31:16 rappelle que l'affaire n'est pas finie devant le tribunal administratif de Paris.
31:20 Je la cite, elle ajoute que si l'arrêté d'expulsion français a été annulé,
31:23 la France devra assurer son retour.
31:25 Et c'est là que le problème se pose.
31:27 On a vu il n'y a pas très longtemps le cas d'un Ousbec, par exemple,
31:30 qui avait été expulsé avec, disons, volontarisme par Gérald Darmanin.
31:34 La France est condamnée à le rapatrier à ses propres frais,
31:37 à lui verser une somme d'argent.
31:39 On est absolument dans ce cas de figure.
31:40 Ça peut être le cas d'ailleurs pour l'imam Iqyusen,
31:42 comme si demain on expulsait l'imam Majoubi,
31:44 de la même manière, exactement de la même manière.
31:47 Ensuite, il y a la question, ça a été souligné ce matin sur CNews par Linda Kebab,
31:51 du droit à mener une vie privée et familiale normale.
31:54 L'imam Majoubi, contrairement à l'imam Iqyusen, il a des enfants mineurs.
31:57 - Il l'a ça ? - Absolument.
31:59 Donc ce principe pourrait être brandi devant la CEDH,
32:01 avec peut-être une autre réponse de la CEDH,
32:04 parce que dans le cas de l'imam Iqyusen, on avait dit "bon, ils sont majeurs, c'est plus un sujet".
32:07 Là, en l'occurrence, la situation sera peut-être totalement différente.
32:10 On attend, au cas où tous ces étapes sont franchies,
32:14 on attend le laissé-passer consulaire de la Tunisie.
32:16 Rien ne dit qu'on l'obtiendra.
32:18 Dans le cas du Maroc, il avait été négocié.
32:20 Dans le cas de la Tunisie, je ne peux pas vous dire comment ça va se passer.
32:22 Et puis, depuis la loi immigration, il y a cette question de la condamnation
32:26 à un délit puni de trois ans de prison.
32:28 Je ne vous redis pas tous les motifs que j'ai cités tout à l'heure,
32:31 mais croyez-moi, sur chacun de ces motifs,
32:33 l'imam Majoubi et son avocat pourront aller contester.
32:35 C'est ce qu'ils ont commencé à faire.
32:37 En réalité, leur stratégie de défense, aujourd'hui,
32:39 elle est moins médiatique que judiciaire.
32:41 Ils préparent leurs éléments de langage pour le tribunal pour aller dire
32:43 "Non, il n'y a zéro menace grave pour l'ordre public,
32:45 il n'y a zéro atteinte aux intérêts fondamentaux de l'État,
32:47 il n'y a zéro provocation explicite ou délibérée à la discrimination".
32:50 Ils vont se défendre comme ça, et on n'est pas du tout certain
32:53 qu'un tribunal le condamnera à trois ans de prison,
32:55 ce qui, du coup, lèverait toutes ces options pour pouvoir l'expulser.
32:58 En fait, si je vous résume, c'est une énième affaire
33:01 avec un parcours du combattant juridique pour se débarrasser d'un imam
33:04 qui, je le rappelle, est étranger.
33:06 - Et on est toujours là pour décortiquer,
33:09 parce que si on regarde ce qui est dit dans les médias,
33:11 ce n'est pas du tout la réalité.
33:14 Donc à chaque fois, on est là pour décortiquer, comme vous l'avez fait.
33:17 Merci infiniment pour votre regard.
33:20 Dans un instant, je vais vous faire écouter un petit sonore
33:22 de Christophe Deloyer, secrétaire général de RSF,
33:25 puisqu'il y a eu une conférence de presse cet après-midi.
33:28 Alors, quelques petits mots ont été dits.
33:30 "Cette décision du Conseil d'État", vous savez, c'est le feuilleton
33:33 contre CNews et la liberté d'expression.
33:36 "Cette décision du Conseil d'État est une opportunité pour l'Arkham
33:39 de démontrer son efficacité", dit par exemple le secrétaire général de RSF.
33:43 Ou bien il dit "c'est une bataille cruciale pour le journalisme.
33:46 Il y aura, cette année, la campagne des élections européennes,
33:49 le renouvellement des 15 conventions des chaînes de la TNT.
33:53 C'est le moment d'appliquer la loi, rien que la loi, toute la loi."
33:56 Je vous ferai écouter un extrait dans un instant.
33:59 "C'est un petit ton de Tame Rapide."
34:01 Ouh là là, on n'a pas beaucoup de temps.
34:03 Marc, un mot ?
34:05 - Oui.
34:07 - Je voulais absolument...
34:09 D'ailleurs, vous m'avez tous déçu aujourd'hui,
34:11 parce que vous n'avez pas parlé de cette femme de 80 ans,
34:13 j'aime bien vos têtes, qui a été violée par cet OQTF de 35 ans.
34:16 - Vous avez raison d'en parler, ça, il n'y a aucun doute.
34:19 - Non, mais je vous taquine un peu.
34:21 C'est-à-dire qu'il y en a tellement.
34:23 C'est devenu tellement régulier.
34:25 On ne sait plus quoi dire.
34:27 - On a une pensée pour cette femme,
34:29 on a une pensée pour tous les actes de violence,
34:31 on a une pensée pour cette femme tuée devant le tribunal de Montpellier,
34:34 aujourd'hui, cet après-midi.
34:36 On va s'arrêter avec vous, Marc, sur cette jeune fille,
34:39 cette jeune lycéenne, à Orléans, aujourd'hui,
34:42 qui, ce midi, a frappé sa professeure avec son téléphone portable.
34:46 Pourquoi ? Parce que la professeure voulait juste lui confisquer son téléphone portable.
34:50 - Oui, alors les faits, rien que les faits,
34:52 soyons dignes de RSF.
34:54 (Rires)
34:56 - Il s'est petit à Orléans,
34:58 dans une filière qui est STMG.
35:00 Moi, je ne connaissais pas cette filière.
35:02 C'est Science, Technologie...
35:04 - En 1802, elle n'existait pas.
35:06 (Rires)
35:07 - Je vous remercie.
35:08 - C'est grave.
35:09 - Technologie du Management et de la Gestion.
35:12 En gros, si vous voulez devenir comptable,
35:15 c'est dans cette section qu'il faut vous inscrire,
35:19 et c'est un peu moins difficile que le bac classique.
35:22 Là, on est en première.
35:24 Et la professeure commence à donner son cours
35:30 et elle s'aperçoit qu'il y a une élève
35:32 qui apparemment se laisse distraire par son portable.
35:35 Elle intervient, elle lui confisque et reprend l'enseignement
35:40 en espérant que les uns et les autres seront attentifs.
35:43 Le cours se termine, la jeune fille vient se présenter
35:48 et réclame son portable.
35:50 Là, la prof se dit qu'elle ferait peut-être la même chose
35:54 dans le prochain cours, c'est à la fin de la journée
35:57 qu'on lui rendra son équipement mobile,
36:00 et par conséquent, elle refuse de répondre
36:03 à l'attente de la lycéenne.
36:06 Et à ce moment-là, la lycéenne se montrant un peu agressive
36:11 dans ses gestes, elle prend panique, l'enseignante,
36:15 et hop, elle lui met un revers de claque.
36:19 À ce moment-là, l'élève saisit le portable,
36:23 elle frappe violemment le professeur
36:26 qui se retrouve avec le son qui coule,
36:29 elle est une méfiée sur le front.
36:32 - Voilà pour les faits. - Voilà pour les faits.
36:35 Ce qui est extraordinaire, alors la professeure porte plainte,
36:38 bien évidemment, elle espère qu'on fera attention à elle
36:41 et en l'occurrence que l'élève sera exclu.
36:44 Ce qui posera d'autres questions, que fait-on d'une élève exclue
36:47 qui est capable de ce type d'actes ?
36:50 Est-ce qu'il y a un moment, une sorte de cellule
36:53 où on lui apprendra ce qu'est la civilité ?
36:55 Oublions ça, revenons aux faits.
36:57 Ce qui est intéressant, c'est que sur les réseaux sociaux,
37:00 le principe d'inversion s'impose immédiatement.
37:03 C'est-à-dire que ce n'est plus l'élève qui a frappé son professeur,
37:07 non, non, non, non, non, c'est le professeur
37:10 qui en ayant ce revers de panique,
37:12 eh bien, a commencé et c'est elle qui devient l'agresseur.
37:16 Là, on est dans cette logique qui fait qu'à chaque seconde,
37:19 quoi que vous fassiez, vous pouvez devenir le coupable.
37:23 Il n'y a pas de logique,
37:25 d'autant plus que si vous représentez l'autorité.
37:29 Alors, toutes les questions que l'on peut se poser à partir de ce cas,
37:33 c'est déjà qu'est-ce que l'autorité ?
37:35 Qu'est-ce que le respect ?
37:37 Autorité, respect, bah,
37:40 qu'une professeure ne puisse pas manifester son mécontentement
37:44 parce qu'on n'écoute pas son cours,
37:46 qu'on utilise un objet technologique
37:48 qui, de toute façon, également,
37:50 est préjudiciable aux autres qui sont dans sa classe.
37:54 Parce que même si vous avez simplement le petit bip-bip-bip-bip,
37:58 vous ne pouvez pas être concentré, écouter la prof.
38:01 C'est un manque de respect pour les autres,
38:03 et vis-à-vis du professeur.
38:05 Pas de respect, et puis pas d'autorité.
38:08 Il n'est pas question de plier devant un professeur.
38:11 Vous pouvez arriver à la fin et dire "écoutez, maintenant, ça m'appartient,
38:14 je fais ce que je veux".
38:15 C'est extraordinaire, vous vous rendez compte
38:17 ce qui se passe dans l'éducation nationale.
38:20 Moi, j'étais un bougre qui, malheureusement pour mes professeurs,
38:23 avait une tendance à la rébellion.
38:25 Mais c'était toujours justifié.
38:27 C'était pas sur, comme ça, une sorte de petite atteinte à mon égo.
38:33 - Ce ne sont pas les dossiers que j'ai, hein, à votre sujet.
38:36 - Non, mais vous vous rendez compte où nous nous trouvons ?
38:39 Donc, le professeur ne représente plus rien.
38:42 Il est là, il est une sorte de figurant, d'autant que les parents,
38:46 si on retient l'intervention du professeur comme crédible,
38:51 les parents se présentent à la fois et disent
38:53 "vous avez vu ce que vous avez fait à mes enfants ?
38:55 Mes enfants, eh bien, ils ne peuvent pas être traités comme ça".
38:57 Et en général, eh bien l'administration donne raison aux parents.
39:02 Autre question, c'est le fait que les filles se comportent
39:06 de plus en plus comme des garçons.
39:08 Avant, elles avaient une tendance à la docilité.
39:11 On peut se dire que sur un principe, elles sont moins soumises
39:15 et c'est peut-être une évolution.
39:17 Mais lorsqu'il s'agit d'affronter une autorité,
39:20 on ne peut que se désespérer.
39:22 C'est pas dans la logique de "je ne subis pas le patriarcat".
39:28 Non, c'est simplement "je ne veux plus être dans l'obéissance,
39:31 je suis un électron libre".
39:33 Et puis, électron libre pourquoi ?
39:35 Voilà, et électron libre pourquoi ?
39:37 Par leur portable.
39:38 Et là, on en vient à ce qu'avait dit le Premier ministre
39:41 il y a quelques semaines en prenant ses fonctions.
39:43 C'est un fléau, un fléau terrifiant.
39:45 Il y a une enquête qui a été menée il y a deux ans,
39:49 sur les 15-25 ans, par un média qui s'appelle le Média Jam.
39:55 Sur 500 jeunes, 38% se disent addicts
40:01 et 37% estiment qu'ils ont une relation négative
40:06 par rapport à leur portable.
40:08 C'est-à-dire qu'à un moment donné, pour eux, c'est comme une drogue.
40:12 C'est-à-dire que l'élève, en l'occurrence,
40:15 ce n'était plus une simple punition, elle était en manque.
40:19 Et comme le manque, eh bien, vous bondissez, vous jaillissez.
40:22 Voilà où nous en sommes.
40:24 Et là, il y a obéatoirement une responsabilité des parents,
40:28 quand on sait que dès l'âge de 3 ans et demi,
40:31 vous avez une grande partie des petits qui se retrouvent avec un smartphone
40:37 et ils utilisent ce smartphone pendant une heure et demie par jour.
40:43 Comment voulez-vous qu'arrivés à ces âges-là, 17 ans,
40:47 ils ne soient pas dans cette situation de la dépendance ?
40:50 C'est critique, mais ça nous oblige à réfléchir sur ces trois points.
40:53 L'autorité, le respect et puis cette addiction à toute cette technologie
40:58 qui fait que nous ne sommes plus des citoyens normaux.
41:00 Donc la mémoire est un champ de bataille, l'État est faible
41:03 et où est passé le respect et l'autorité ?
41:06 Je rappelle encore une fois que nous pensions à cette femme de 80 ans
41:11 violée par un homme sous OQTF.
41:13 On ne sait pas quoi dire, mais on pense à cette dégradation,
41:17 en tout cas de la situation en France.
41:19 Une octogénaire, elle vivait à la peine sur Huvonne,
41:23 dans les Bouches-du-Rhône, près d'Aubagne.
41:25 Elle a été violée par un cambrioleur à son domicile
41:28 dans la journée du samedi 17 février.
41:30 Le suspect est un homme se déclarant de nationalité guinéenne
41:34 et faisait l'objet d'une OQTF.
41:36 Il a été placé en garde à vue aujourd'hui.
41:39 Charlotte Bernalas, c'est demain que Misak Manochion va donc entrer au Panthéon
41:45 et les résistants étrangers auront fait leur place,
41:48 en titre officiel, dans notre récit national.
41:51 Il est vrai qu'on se demande pourquoi ça intervient aussi tardivement, finalement.
41:55 En fait, on va voir que si Mathieu nous expliquait que la mémoire
41:59 est un champ de bataille, ça n'est pas nouveau,
42:02 notamment sur le cas de Misak Manochion.
42:04 Alors, parce que, évidemment, dans cette histoire,
42:07 il y a l'histoire, un des hommes, il y a l'époque,
42:09 il y a le jeu du Parti communiste français,
42:11 il y a le jeu des mémoires à l'intérieur du Parti communiste français.
42:14 Marc nous rappelait hier qu'il y avait une différence
42:16 entre des communistes, des militants communistes
42:18 et le Parti communiste français.
42:20 Il y a même des différences de courant au sein du Parti communiste français
42:23 sur le récit à avoir, notamment sur la résistance.
42:26 - Et pendant que vous parlez, on regarde toujours
42:28 l'hommage qui a commencé ce soir au Mont-Valérien.
42:31 - Et il y avait un passionnant papier de Guillaume Perrault,
42:35 du Figaro, en juin dernier, quand on avait appris
42:37 qu'il y aurait cette panthéonisation,
42:39 qui retrace justement toute cette histoire
42:41 et qui est vraiment passionnante.
42:43 Avant l'histoire de l'arrestation,
42:47 il y a toute l'histoire justement de ces francs-tireurs et partisans
42:51 qui sont séparés en deux.
42:53 Il y a les francs-tireurs et partisans au sein du Parti communiste
42:55 qui sont français et les autres qui sont étrangers,
42:57 même parfois répartis par nationalité,
42:59 notamment pour des raisons évidentes de communication
43:02 et d'organisation au sein de la résistance,
43:04 mais ils sont eux-mêmes séparés, on va dire,
43:06 dans l'organisation de la résistance.
43:08 Il y a une longue histoire de la filiature de la police
43:10 qui aboutit à l'arrestation de résistants français
43:13 et de résistants étrangers
43:15 qui ont deux procès distincts.
43:17 Vous avez donc en 1944, 29 français et 23 étrangers
43:21 qui sont condamnés à mort et fusillés.
43:23 Il y a une seule femme dans ce groupe de résistance,
43:26 elle, elle est envoyée en Allemagne et décapitée en Allemagne.
43:29 Vous voyez qu'il y a plusieurs personnes qui sont arrêtées
43:31 dans cette affaire.
43:33 Et finalement, la notoriété, la première raison
43:35 de la notoriété du groupe Manouchian
43:37 et de Manouchian en particulier,
43:39 c'est une sorte d'inversion du stigmate, finalement,
43:42 puisque c'est la propagande nazie
43:44 et collaborationniste en France
43:46 qui fait cette fameuse affiche sur laquelle
43:48 ils mettent ce qu'ils appellent les "terroristes étrangers",
43:51 puisqu'ils insistent sur les noms à consonance étrangère
43:54 qui sont terroristes en France.
43:56 Donc la propagande est énorme sur le dos
43:58 de ce groupe étranger de résistants
44:01 et c'est la fameuse affiche rouge
44:03 qui fera que, contrairement à d'autres,
44:05 Manouchian et ses copains,
44:09 comme on disait à l'époque au Parti communiste,
44:11 ne seront pas oubliés.
44:13 Alors, à l'époque, le Parti communiste français,
44:16 ne souhaite absolument pas mettre l'identité particulière
44:19 des résistants en avant.
44:21 Donc, par identité particulière,
44:23 entendez par exemple arménien,
44:25 entendez par exemple juif, parce que beaucoup d'entre eux
44:27 étaient juifs, il y avait même une section juive
44:29 à l'époque dans cette résistance.
44:31 Et on a une différence de discours,
44:33 après leur mort, entre
44:35 la mémoire orthodoxe du Parti communiste
44:39 qui ne veut pas entendre parler des différences particulières
44:42 et la mémoire résistante au sein du Parti communiste
44:45 qui, elle, veut célébrer les différentes particularités.
44:48 On a Charles Tillon, qui est l'ancien chef des FTP,
44:51 qui écrit un livre qui s'appelle
44:53 "Lettre des fusillés", en 1946,
44:55 dans lequel il cite dix de ses combattants étrangers.
44:58 Et il leur consacre même un ouvrage spécifique.
45:01 Et là, Moscou, directement,
45:03 puisque tout se gère à Moscou,
45:05 pour une partie d'entre eux, riposte immédiatement
45:07 en publiant "Lettre des communistes fusillés",
45:10 parce que ça les intéresse moins d'avoir des gens fusillés
45:12 que des communistes fusillés.
45:14 Il prépare évidemment le discours
45:16 de la mainmise communiste, on va dire, sur la résistance.
45:19 Et les dix étrangers en question
45:21 qui sont dans la lettre initiale ont disparu
45:23 du récit. Ils ont disparu
45:25 au profit simplement d'une résistance communiste.
45:27 C'est la seule chose qui intéresse.
45:29 Aragon préface ce livre
45:31 avec la disparition des étrangers.
45:33 Vous allez voir pourquoi je le précise.
45:35 Entre-temps, les anciens cadres étrangers
45:37 des FTP sont invités
45:39 à retourner dans leur pays d'origine,
45:41 par Moscou, pour, je cite,
45:43 "construire le socialisme"
45:45 dans leur pays d'origine.
45:47 Et ils sont rapidement accusés eux-mêmes de séparatisme,
45:49 voire pour ceux d'entre eux qui sont juifs,
45:51 victimes de campagnes antisémites
45:53 de la part de l'URSS.
45:55 Et certains d'entre eux finissent purgés
45:57 par Staline lui-même. Ils ne peuvent plus
45:59 venir porter la cause de ces étrangers
46:01 au sein des FTP
46:03 jusqu'en France.
46:05 Staline meurt en 1953.
46:07 A l'époque, l'humanité pleure Staline.
46:09 Je referme la parenthèse. Et deux ans plus tard,
46:11 une rue du groupe
46:13 Manouchian est inaugurée
46:15 à Paris. Et là, à ce moment-là, Aragon
46:17 - voilà pourquoi je parlais de lui quelques temps plus tôt -
46:19 Aragon, pris de remords ou
46:21 simplement comprenant que l'histoire est un peu
46:23 en train de changer, écrit un texte
46:25 qui est mis en musique quelques années plus tard
46:27 par Léo Ferré et qui deviendra un tube
46:29 pour toute l'extrême-gauche, notamment communiste,
46:31 après les années 68.
46:33 Mais vous voyez que tout le monde a eu des rôles plus ou moins
46:35 évidents, on va dire, dans cette affaire.
46:37 Et il faut attendre la fin des années
46:39 70 pour que des historiens,
46:41 notamment des anciens des FTP,
46:43 réussissent à faire une histoire
46:45 scientifique, comme dit
46:47 Guillaume Perrault, du communisme français
46:49 sans prendre le récit du PCF
46:51 pour argent comptant dans ce qui s'est passé
46:53 notamment vis-à-vis des propres
46:55 résistants qui se revendiquaient
46:57 eux-mêmes communistes.
46:59 - Très intéressant. Mais comment expliquer, Charlotte Dornelas,
47:01 que nous attendions encore
47:03 des décennies de plus jusqu'à Emmanuel Macron ?
47:05 - Alors, parce qu'après toute cette histoire
47:07 arrive le sujet du documentaire,
47:09 le drame du documentaire.
47:11 En gros, alors là, on a
47:13 Mosco Levi Boucaud, il se passionne
47:15 cet homme pour les
47:17 francs-tireurs et partisans,
47:19 étrangers en particulier. Il se plonge
47:21 dans leur histoire et il rêve initialement de faire
47:23 un film, puis qu'il transforme en documentaire
47:25 pour leur rendre hommage.
47:27 Il travaille donc sur la vie de ces
47:29 juifs étrangers résistants en France
47:31 et il fait parler des survivants
47:33 dans ce documentaire.
47:35 Seulement, certains d'entre eux posent des questions
47:37 sur le rôle du Parti communiste français
47:39 et posent des questions sur...
47:41 enfin, pardon, et racontent une histoire
47:43 qui est parfois un peu différente que celle qui est
47:45 établie par cette fameuse mémoire
47:47 communiste orthodoxe et non pas résistante
47:49 puisque cette guerre continue à
47:51 faire rage. Et certains expliquent
47:53 qu'ils ont commencé la résistance sans aucun appui
47:55 logistique du Parti communiste
47:57 et ils posent la question, pour certains
47:59 d'entre eux, de la finalité de la
48:01 stratégie du Parti communiste français.
48:03 En clair, est-ce que la stratégie
48:05 c'était réellement de résister
48:07 et de soutenir quoi qu'il arrive les résistants
48:09 communistes ou alors est-ce que c'était
48:11 d'alimenter le récit de la domination
48:13 communiste sur la résistance ?
48:15 Cette question est posée par des résistants
48:17 communistes vis-à-vis du Parti
48:19 communiste français. Vous voyez que la guerre, elle se fait
48:21 au sein. Et cet homme,
48:23 par ailleurs, qui fait le documentaire, est
48:25 obsédé par la dernière phrase de Manouchian
48:27 dont nous parlait Marc tout à l'heure
48:29 et notamment cette partie-là, "Je pardonne
48:31 à tous ceux qui m'ont fait du mal et qui
48:33 ont voulu me faire du mal, sauf
48:35 à celui qui nous a trahis pour racheter
48:37 sa peau et ceux qui nous ont vendus."
48:39 Il est obsédé par cette phrase,
48:41 surtout avec les témoignages d'autres
48:43 résistants, et il se dit "Mais est-ce qu'il savait
48:45 qu'un tel ou tel l'avait vendu ou
48:47 pas ?" Et donc il creuse cette
48:49 question-là. Vous imaginez que ça ne plaît pas
48:51 forcément à tout le monde.
48:53 À l'automne 1983,
48:55 on est quand même quelques années après, à l'automne
48:57 1983, le documentaire qui est primé
48:59 est proposé à Antenne 2 à l'époque.
49:01 Antenne 2 veut publier
49:03 ce documentaire et la direction finit
49:05 par reculer parce qu'au sein
49:07 d'Antenne 2, il y en a deux.
49:09 Il y a deux entités, on va dire, qui sont
49:11 extrêmement puissantes à l'époque. C'est le Parti
49:13 communiste français et la CGT, qui,
49:15 elles, ne voient pas du tout d'un bon oeil ce
49:17 documentaire dans lequel des questions, des hypothèses
49:19 sont avancées qui ne vont pas dans
49:21 le sens. En 1984,
49:23 le Matin de Paris, qui est un journal
49:25 proche du Parti Socialiste,
49:27 le Matin de Paris
49:29 attaque et somme le Parti communiste
49:31 français de s'expliquer
49:33 sur ce que devrait révéler ce documentaire qui n'a
49:35 toujours pas été publié.
49:37 Tous les non-communistes, évidemment, en brayent,
49:39 notamment dans les médias. Ils en brayent
49:41 ainsi que les communistes qui ont depuis
49:43 rompu avec le Parti communiste français,
49:45 notamment sur ces affaires-là.
49:47 S'entame alors un combat
49:49 entre la mémoire communiste
49:51 et la mémoire juive
49:53 de ces résistants
49:55 qui étaient, par ailleurs, juifs, mais qui étaient eux-mêmes
49:57 communistes. Et la
49:59 guerre entre le Parti communiste français
50:01 et le Parti socialiste à l'époque
50:03 se fait notamment sur l'affaire
50:05 Manouchian, mais également sur fond
50:07 de rapport à l'immigration.
50:09 Parce que le Parti socialiste français
50:11 attaque à l'époque le Parti communiste
50:13 sur, vous savez, cette fameuse affaire du bulldozer
50:15 de Vitry-sur-Seine, où vous avez un élu
50:17 communiste qui dit, en gros, "les étrangers,
50:19 ça suffit parce qu'on ne
50:21 peut plus accueillir des étrangers", en l'occurrence
50:23 c'est des maliens. Le recteur de la Grande
50:25 Mosquée de Paris somme Marchais
50:27 de se désolidariser de cet élu.
50:29 Marchais soutient cet élu-là.
50:31 La LICRA porte plainte contre Marchais
50:33 et, à l'époque, c'est la création aussi
50:35 d'SOS Racisme, du côté socialiste,
50:37 qui donc attaque le PCF en disant
50:39 "mais vous voulez, vous voulez
50:41 non seulement...", enfin, il se sert, on va dire, de cette
50:43 histoire sur les étrangers en disant "on comprend mieux
50:45 pourquoi vous ne voulez pas rendre hommage aux étrangers
50:47 qui ont résisté au sein
50:49 du Parti communiste". Vous voyez que la
50:51 guerre de politique actuelle
50:53 n'est pas très nouvelle dans l'histoire de la mémoire,
50:55 notamment sur le dos de ce pauvre
50:57 Misek Manouchian. - Quel récit !
50:59 Mais comment, Charlotte, le PCF
51:01 a fini par récupérer cette affaire, puisque
51:03 cela semble particulièrement
51:05 mal embarqué, finalement, à l'époque ?
51:07 - Alors, nous avons la victoire de François Mitterrand
51:09 en 81. Alors là, la ligne de
51:11 Marchais est mise en minorité
51:13 à ce moment-là, et au moment des
51:15 cantonales de 82, puis
51:17 des élections européennes
51:19 de 84, le Front National,
51:21 à l'époque, fait son premier score à 10
51:23 chiffres dans la première élection,
51:25 et il fait le même score
51:27 que le Parti communiste
51:29 en 84. Et alors là, l'affaire du documentaire
51:31 fait rage absolue.
51:33 Là, c'est la guerre même des électeurs,
51:35 qui va récupérer les électeurs.
51:37 Le PCF quitte le gouvernement à ce moment-là,
51:39 la guerre entre le PS et le PCF
51:41 continue à se faire, notamment
51:43 sur la question du documentaire, et Simone
51:45 Signoret, compagnon de route
51:47 s'il en est du Parti communiste,
51:49 a prêté sa voix au documentaire,
51:51 finit par faire une projection à Saint-Germain-des-Prés
51:53 avec ce que toute la gauche compte
51:55 de non-communistes à l'époque.
51:57 Et alors là, l'Humanité Dimanche
51:59 riposte avec un dossier
52:01 à charge sur l'anticommunisme
52:03 des gens
52:05 qui veulent publier ce documentaire.
52:07 Tout ça, c'est entre le PS et le PCF.
52:09 Et écoutez l'article
52:11 de l'Humanité à l'époque,
52:13 qu'on parle les nouveaux historiens,
52:15 pas ou plus communistes, à, je cite,
52:17 "la caution scientifique du discours d'un
52:19 homme politique d'extrême droite".
52:21 Donc à l'époque, entre le PS
52:23 et le PCF
52:25 sur ce documentaire, tout se joue
52:27 sur "c'est finalement une caution d'extrême droite,
52:29 on ne change pas, une équipe qui gagne".
52:31 Et eux, les gens qui défendent le documentaire,
52:33 défendent simplement des interrogations légitimes
52:35 concernant le Parti communiste français.
52:37 Une pétition est lancée par l'Humanité
52:39 avec de véritables résistants également,
52:41 ça il n'y a aucun doute, sur cette guerre-là.
52:43 L'ancêtre du CSA est saisi
52:45 à ce moment-là, il se défausse,
52:47 il met en place un jury d'honneur avec que des résistants
52:49 qui refusent la diffusion
52:51 de ce documentaire.
52:53 C'est finalement Mitterrand qui, quelques années après,
52:55 en 1985, impose la parution
52:57 de ce documentaire. Et à partir de là,
52:59 les historiens se penchent sur cette affaire.
53:01 Mais vous voyez, 40 ans après, l'Humanité
53:03 et le Parti communiste français qui viennent distribuer
53:05 les bons et les mauvais points, c'est un peu énorme
53:07 quand même, par rapport à la complexité
53:09 de toute cette affaire et de toute cette mémoire
53:11 en particulier. - La mémoire est un champ de bataille.
53:13 - Oui, et la mémoire est souvent
53:15 confisquée. C'est-à-dire ce que Charlotte nous rappelle
53:17 très justement, c'est que c'est une querelle des gauches
53:19 à certains égards. Donc, le Parti
53:21 socialiste joue le rôle de l'extrême droite,
53:23 et le Parti communiste joue le rôle de la vraie gauche,
53:25 ou inversement. Mais c'est une querelle
53:27 à l'intérieur de l'univers des gauches, et ceux qui
53:29 en parleraient de l'extérieur ne sont pas vraiment évités.
53:31 - Marc, je sais que vous avez envie d'en parler, mais on va en parler
53:33 certainement demain, parce qu'on a encore beaucoup de choses
53:35 à voir. Je sais que Geoffroy, je vais vous faire réagir,
53:37 peut-être Geoffroy, peut-être uniquement vous,
53:39 comme vous êtes exceptionnellement là ce soir.
53:41 Non mais, à juste, RSF, avant votre partie
53:43 sur Sleeping Giant,
53:45 écoutez donc Christophe Deloyer, qui s'est
53:47 exprimé, donc le secrétaire général de RSF,
53:49 qui s'est exprimé pour
53:51 revenir, je cite, sur la décision
53:53 du Conseil d'Etat. Écoutez.
53:55 - Notre travail,
53:57 c'est de promouvoir
53:59 la liberté, l'indépendance
54:01 et le pluralisme du journalisme partout dans le monde.
54:03 Le pluralisme
54:07 à la télévision, on le défend même en Ukraine.
54:09 Alors ce serait quand même assez surprenant qu'on le défende pas en France.
54:11 On juge personne
54:13 pour ses opinions politiques, et au contraire,
54:15 on défend la
54:17 possibilité pour chacun
54:19 de pouvoir exprimer son opinion.
54:21 On est voltairien.
54:23 Et disons-le, si
54:25 n'importe quelle opinion,
54:27 y compris,
54:29 bien sûr, celles qui sont sur CNews,
54:31 ne pouvaient pas trouver leur place
54:33 à la télévision, on serait là.
54:35 On serait là,
54:37 y compris pour défendre CNews.
54:39 Et on les défendra toujours.
54:43 Voilà, c'est nous, les voltairiens.
54:45 - Réaction Geoffroy Lejeune.
54:49 - Il est extraordinaire.
54:51 - C'est vous qui voyez.
54:53 Je suis en train de négocier avec Mathieu Bocoté.
54:55 Si on parle de ce sujet-là,
54:57 ou bien si on parle de Stupid Giants.
54:59 - On parlera de Stupid Giants demain.
55:01 - Je vois que tout le monde veut réagir, et il ne nous reste que 4 minutes.
55:03 Donc merci, on parle de Stupid Giants demain.
55:05 Et réagissons par rapport
55:07 à ce qu'on vient d'entendre.
55:09 - Ce qu'il vient de dire, on peut le résumer,
55:11 c'est la guerre, c'est la paix.
55:13 Orwell avait inventé ça bien avant lui.
55:15 Et nous sommes là pour défendre toutes les opinions,
55:17 y compris si les gens qui pensent comme
55:19 Seyniouz ne pouvaient pas s'exprimer, on serait là.
55:21 Mais il était où avant Seyniouz, du coup ?
55:23 Il était déjà en train de se battre pour que des opinions contraires aux siennes
55:25 s'expriment dans le débat public. Il est extraordinaire.
55:27 Moi, je le connaissais avant.
55:29 Je le connais, on s'est déjà parlé, etc.
55:31 Mais je découvre, sous sa meilleure facette,
55:33 un personnage paroxystique.
55:35 Il est extraordinaire.
55:37 - Et d'ailleurs, grâce à vous,
55:39 je l'avais invité aux états généraux du journalisme.
55:41 Moi je l'avais organisé, il n'est pas venu.
55:43 C'est vous qui l'aviez contacté, d'ailleurs.
55:45 - Oui, j'ai accepté. Et puis finalement, il n'a pas voulu venir.
55:47 - C'est bien, les coulisses en direct.
55:49 - Voilà.
55:51 - Vous nous dites, vous faites la conclusion. Réaction maintenant,
55:53 et vous faites la conclusion après le sujet.
55:55 - C'est Orwell à la puissance 1000, mais c'est exceptionnel.
55:57 Et je me demande
55:59 s'il sait qu'il est orwellien,
56:01 ou est-ce qu'il est à ce point pénétré par son idéologie
56:03 qu'il est capable de dire le contraire
56:05 de ce qu'il fait sans même s'en rendre compte.
56:07 C'est fascinant. Un cas comme ça, c'est un cas
56:09 digne d'études.
56:11 - Et en même temps, on dirait que toute la société est comme ça.
56:13 - Oui, c'est ce que je veux dire sur le côté...
56:15 - C'est la logique de l'inversion. Mais moi, je m'interroge.
56:17 Est-ce qu'il ne va pas demain porter plainte
56:19 contre le Conseil d'État
56:21 en disant "Bah écoutez, messieurs,
56:23 non, c'est intolérable
56:25 la manière dont vous comportez,
56:27 vous interpellez l'ARCOM,
56:29 mais ces news
56:31 est un exemple
56:33 de liberté d'expression."
56:35 Ce en quoi il a complètement raison.
56:37 Alors pourquoi il a interpellé
56:39 le Conseil d'État, qui l'ose maintenant
56:41 lui demander de réviser son propre
56:43 jugement et qu'on applique
56:45 le traité de paix tel qu'il vient
56:47 de l'élaborer.
56:49 - Il nous dit
56:51 "oui, en Ukraine, etc."
56:53 Typiquement, l'exemple que prenait
56:55 Mathieu, on ne les a pas entendus parler de la Belgique.
56:57 C'est-à-dire qu'il y a, objectivement, des courants
56:59 qui sont décrétés d'extrême droite.
57:01 Et Mathieu nous a suffisamment expliqué que dans le rapport
57:03 de RSF, il n'y avait absolument aucune définition
57:05 que par ailleurs n'existe pas scientifiquement.
57:07 Et je rappelle quand même
57:09 qu'ils ont fait faire ce rapport
57:11 à un homme, François Jost,
57:13 qui nous expliquait en 2015 qu'il comprenait
57:15 que des journalistes n'utilisent pas le mot "terroriste"
57:17 parce que les Nations Unies n'avaient jamais réussi
57:19 à donner une définition précise du terrorisme.
57:21 Alors j'aimerais bien que ce monsieur
57:23 nous apporte la définition précise
57:25 des Nations Unies de l'extrême droite
57:27 qui distribue à la moitié du PAF
57:29 désormais. Deuxième chose,
57:31 il nous explique qu'il y a des opinions
57:33 si elles ne pouvaient pas s'exprimer ailleurs,
57:35 évidemment on se battrait.
57:37 Alors je note une chose, il y a un, la question du pluralisme
57:39 interne. Le pluralisme interne
57:41 des médias a été critiqué pendant
57:43 des années, avant même l'existence de ces
57:45 news, en disant il y a des propos,
57:47 il y a des courants de pensée, des courants
57:49 même de pensée politique
57:51 qui ne sont pas représentés dans les médias
57:53 et on mettait ça sur le terrain éthique
57:55 parce que ce n'était pas les bonnes valeurs
57:57 et bon là on retombe sur nos débats en permanence.
57:59 Maintenant que sur le pluralisme
58:01 global, ces news apportent
58:03 indiscutablement, d'ailleurs ils en sont
58:05 la preuve vivante tous les jours, indiscutablement
58:07 une ligne éditoriale qui participe
58:09 du pluralisme puisque tout le monde
58:11 s'excite dessus toute la journée, c'est bien qu'elle est différente
58:13 donc qu'elle est pluraliste, dans l'offre globale.
58:15 Et alors là ils nous disent
58:17 "ah oui mais alors finalement c'est plus l'offre globale qui nous intéresse, c'est l'offre interne"
58:19 Mais vous avez fini de vous moquer de nous ou pas ?
58:21 Et rappelons, comme je l'ai dit dans la chronique
58:23 du journal du dimanche, qu'il était
58:25 de CSA avait demandé aux chaînes
58:27 info d'être différente,
58:29 d'aller sur les idées et le débat.
58:31 Le dernier mot de cette émission. - Tout ce qui fait une farce là-dedans.
58:33 - Il y a le rapport qui fonctionne,
58:35 le rapport Jost, qui est un des rapports qui est d'une
58:37 faiblesse intellectuelle à mon avis,
58:39 je parle pas de l'homme, je parle du rapport, mais
58:41 navrante, navrante, où les termes
58:43 ne sont pas diffusés, où François Jost
58:45 alors qu'il explique comment il a dit si quelqu'un était
58:47 d'extrême droite ou non dans son rapport, pour faire son chiffre
58:49 il y a X% d'extrême droite sur ses news
58:51 il dit "ben si le monde dit
58:53 que tel journal est d'extrême droite, alors c'est d'extrême droite"
58:55 Comment on peut dire ça sérieusement
58:57 sans s'effondrer sous le sens du ridicule, premier élément.
58:59 Deuxièmement, il y a un rapporteur sans frontières
59:01 qui ne défend pas la liberté d'expression
59:03 en France, j'ai dit ça, oui, non, non
59:05 - N'importe où - Ni en France
59:07 ni en Belgique, ni ça, et là
59:09 aujourd'hui il se présente comme les grands défenseurs
59:11 RSF se portent à la... alors que dans les faits
59:13 ils œuvrent à la restriction de la liberté d'expression
59:15 et finalement il y a le Conseil d'État qui a accepté
59:17 ce rapport comme un élément de preuve
59:19 pour justifier une restriction de la liberté d'expression
59:21 mais c'est une blague de A à Z
59:23 - Mais il faut respecter
59:25 la loi, toute la loi, rien que la loi
59:27 Merci à tous
59:29 - La démocratie contre elle-même de Marcel Gaucher
59:31 à lire ce soir par exemple
59:33 ça vous fera un peu de...
59:35 un peu de vacances. Allez à demain !
59:37 Merci encore Geoffrin d'avoir été avec nous
59:39 [Rires]

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