Vendredi 24 mai 2024, SMART BOURSE reçoit Vincent Meunier (Managing Director « Healthcare », Bryan, Garnier & Co)
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00:10 Le dernier quart d'heure de Smart Bourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
00:13 Le thème ce soir nous amène à nous focaliser sur le secteur de la santé
00:17 à travers ce qu'on appelle les opérations sur capital,
00:20 les introductions en bourse et la dynamique de fusion-acquisition.
00:24 Est-ce que ces opérations sont de retour, notamment en Europe ?
00:27 Nous en parlons avec Vincent Meunier, Managing Director Health Care chez Brian Garnier.
00:31 Bonsoir Vincent.
00:32 Bonsoir Grégoire.
00:33 Merci beaucoup d'être là, c'est vous qui me l'avez rappelé en préparant cette interview.
00:37 Je parle vraiment du secteur de la santé innovante, je mets de côté les spin-off, EuroHappy etc.
00:43 La dernière vraie IPO santé biotech en Europe c'était il y a deux ans.
00:48 Exactement.
00:49 Est-ce que la traversée du désert est en train de prendre fin ?
00:51 On pourrait le penser, effectivement c'était il y a deux ans à Elise Pharma, février 2022.
00:57 On était impliqués dans l'opération.
01:01 Je me souviens c'était une semaine avant l'invasion de l'Ukraine,
01:05 au board, au moment de décider du prix de l'introduction en bourse,
01:08 on a dû passer la moitié du temps sur l'Ukraine au lieu de la faire.
01:11 On a réussi à faire l'introduction en bourse, depuis c'est simple, il n'y a rien eu.
01:16 Aujourd'hui, par rapport à votre question, je dirais qu'après une période effectivement très difficile,
01:23 on a maintenant des projets qui de nouveau sont actifs.
01:27 Donc les IPOs pourraient de nouveau revenir.
01:31 On va avoir des tests, c'est-à-dire que sur les différentes géographies européennes,
01:36 on a des marchés qui ont traditionnellement toujours été un peu plus actifs que d'autres,
01:41 notamment dans le nord de l'Europe, donc en Scandinavie.
01:44 On a là-bas, à la fois en Suède et au Danemark,
01:47 deux dossiers de biotech pour lesquels une introduction en bourse est possible avant et après l'été.
01:53 Et en Suisse, un dossier plutôt medtech qui lui sera prêt, on va dire, pour la deuxième partie de l'année,
01:59 voire début 2025.
02:01 Et c'est vrai qu'on va vraiment regarder ça de près parce que les investisseurs
02:07 n'ont pas simplement besoin de voir que les IPOs sont de retour,
02:10 mais que l'aftermarket fonctionne bien.
02:13 Et ça c'est important parce qu'effectivement, je dirais que c'est un des trois thermomètres
02:18 qu'on a l'habitude nous de regarder pour savoir quel est le niveau de sentiment
02:26 et d'intérêt du marché pour le secteur.
02:29 Et c'est vrai qu'on est dans une période de recovery, c'est un peu fragile, mais on voit des choses.
02:34 Mais je crois même que c'est d'autant plus important pour un secteur comme celui des biotech.
02:39 Moi je l'ai beaucoup suivi. Alors à la grande époque, entre guillemets, au début des années 2010,
02:43 où on avait une introduction en bourse, je dis chaque jour, mais chaque mois au moins en Europe,
02:48 il y a eu pendant une paire d'années comme ça, une vague d'introductions biotech en Europe spectaculaire.
02:54 Les projets étaient tous enthousiasmants, j'ai reçu tous les patrons à l'époque, etc.
02:58 C'était passionnant de découvrir ce secteur, d'en discuter avec eux.
03:02 Sauf qu'à propos d'aftermarket, comme vous dites Vincent, on s'est aperçu quelques mois,
03:07 quelques années après, un cycle après, que franchement, en termes de performance boursière,
03:12 les résultats avaient été décevants, pour ne pas dire très décevants parfois dans certains cas.
03:16 Quand vous parlez de test, là, à l'époque contemporaine, 2024, ça fait partie vraiment des enjeux importants,
03:23 regardés par toutes les parties prenantes qui introduisent ces dossiers ?
03:27 Exactement. Alors c'est vrai que quand on compare au cycle précédent que vous décrivez,
03:33 à l'époque, peut-être qu'il y avait des signaux faibles qui n'avaient pas été bien perçus.
03:41 Peut-être que certaines de ces sociétés, tout simplement, n'étaient pas prêtes à aller en bourse.
03:45 Et à l'époque, on ne peut pas les blâmer, la difficulté était de trouver du financement privé.
03:51 Si elles n'allaient pas en bourse, il n'y avait plus de financement à trouver à l'extérieur des marchés publics.
03:56 Exactement. Aujourd'hui, effectivement, la situation a un peu évolué, dans un bon sens.
04:01 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, une société biotech ou medtech peut trouver davantage de financement,
04:07 plus loin, plus longtemps, et donc se renforcer, tant d'un point de vue managérial que gouvernance,
04:13 que tout simplement aussi capitalisation. Et le moment où elle arrive en bourse, elle est prête.
04:18 Ce qui veut dire aussi qu'une fois qu'elle est sur les marchés, elle va avoir un meilleur "news flow",
04:25 elle va pouvoir alimenter sa vie sur les marchés de façon un peu plus dynamique et solide.
04:31 Ça, ça a changé. Je comprends.
04:34 Après, effectivement, dans le contexte d'aujourd'hui, ce que l'on voit, c'est des sociétés qui, peut-être aussi,
04:43 sont un peu mieux orientées d'un point de vue stratégique, d'un point de vue gestion du court terme versus le long terme.
04:50 Et donc, ça va être un test. Une fois de plus, voyons comment le reste de l'année 2024 progresse.
04:57 Mais c'est vrai que c'est un test. Encore une fois, il y a 6-9 mois, on ne parlait même pas de dossier d'IPO.
05:04 Oui, je comprends. La fenêtre est au début, peut-être, de se réouvrir aujourd'hui.
05:08 Je parlais tout à l'heure de cette notion de thermomètre. Il y a un autre thermomètre important, c'est le M&A.
05:16 Le M&A, effectivement, il a toujours été structurellement important dans la pharma, dans le healthcare au sens large.
05:23 C'est-à-dire que, pour faire simple, les big pharma achètent l'innovation auprès des sociétés de plus petite taille
05:29 et elles alimentent ainsi leur pipeline. C'est un phénomène naturel, mais cyclique lui aussi.
05:34 Or, on voit que depuis quelques mois, on a un regain d'intérêt pour le M&A vers, justement, ces types de sociétés.
05:41 Là, il y a déjà eu des opérations tangibles.
05:43 Là, il y a déjà eu, effectivement. Alors, peut-être, deux remarques.
05:48 La première, c'est qu'on peut identifier des domaines dans lesquels le M&A est actuellement plus actif.
05:53 Sans entrer trop dans les détails techniques, on va dire qu'on peut, par exemple, mentionner un domaine qui s'appelle les radiopharmaceutiques,
06:01 qui sont des médicaments qui combinent, on va dire, de la thérapie classique anti-cancer.
06:08 C'est la grande famille de l'oncologie. Enfin, on est dans le domaine de l'oncologie.
06:13 Sur des médicaments qui combinent, on va dire, un effet chimiothérapie avec un effet, on va dire, induit par des molécules
06:22 qui génèrent de la radioactivité, qui tuent davantage et mieux les cellules tumorales.
06:27 Dans ce domaine-là, au cours des, peut-être, 6-9 derniers mois, on a vu une vague d'investissements massives
06:34 avec quasiment 10 milliards de dollars dépensés. Des acteurs des deux côtés de l'Atlantique, Bristol-Meyers-Cuib, Lilly,
06:44 et en Europe, Novartis, AstraZeneca. Donc ça, c'est vraiment très important.
06:49 Et la deuxième remarque, c'est qu'on peut aussi faire une différence en fonction des acteurs qu'ils ont plus ou moins actifs.
06:56 AstraZeneca, que je viens de mentionner, est l'un d'entre eux. Au cours des 6 derniers mois, ils ont dû dépenser pas loin de 5 milliards en M&A.
07:05 En M&A ? En M&A, biotech. Avec, effectivement, une propension vers les radios pharmaceutiques, mais aussi les maladies rares.
07:13 Et ça, ça interpelle, parce qu'effectivement, c'est à mettre dans le contexte de la grande annonce de Pascal Soriot, CEO d'AstraZeneca.
07:21 Cette semaine, hein ? Exactement.
07:23 CEO historique d'AstraZeneca. Ça fait quoi ? Une dizaine d'années, maintenant, j'imagine ?
07:26 Oui, à peu près.
07:27 CEO historique d'AstraZeneca, qui a fait de ce groupe un vrai groupe de pharma de croissance, ce qui n'est pas le cas de certains autres comparables, on va dire.
07:35 Exactement. C'est vrai qu'AstraZeneca, au moment où Pascal Soriot arrive, il y a un peu plus de 10 ans, c'est à l'époque un groupe qui mixe de la médecine générale,
07:43 de la médecine de spécialité, mais on va dire sans avoir vraiment de focalisation.
07:48 Et là, maintenant, aujourd'hui, c'est un des leaders de l'oncologie et des maladies auto-immunes et des maladies rares, c'est-à-dire des domaines thérapeutiques qui sont vraiment à haute valeur.
07:57 Et quel est le message qu'il a envoyé, alors ?
08:00 Un gros pavé dans la mare. 80 milliards de dollars de revenus d'ici 2030, alors qu'aujourd'hui, la société en génère à peu près 45, 46.
08:11 Donc c'est vraiment quelque chose de très fort. Comment il va y arriver ? Bien évidemment en faisant croître ses produits, mais il y a une parrainée forcée.
08:19 Donc ça, c'est pareil, c'est un signal envoyé non pas au marché, mais vraiment à l'industrie.
08:25 Comment le marché sur les opérations que vous avez pu suivre pour une dizaine de milliards, vous disiez de part et d'autre de l'Atlantique, comment le marché réagit aux opérations ?
08:34 Je veux dire, du prix payé, est-ce qu'il faut se battre ? Est-ce que forcément il y a de la concurrence et donc le prix passe parfois un peu au second plan ?
08:44 D'autant que les grandes pharmas ont quand même toujours un peu les poches profondes, j'imagine, Vincent.
08:50 Et comment le marché réagit à ces acquisitions et ces stratégies de M&A, ce retour en tout cas des premières M&A dans le secteur ?
08:57 Je dirais que le marché réagit bien. Ça c'est un élément important. D'ailleurs on le voit dans la performance depuis maintenant quelques mois.
09:04 On voit les indices biotech, et je fais la différence avec les indices big pharma, se sont stabilisés.
09:11 Ça ne baisse plus ?
09:12 Ça ne baisse plus. Donc ça, c'est déjà un premier signal. Après, effectivement, les valorisations restent un vaste sujet.
09:17 Mais l'innovation n'a pas de frontières. Et aujourd'hui, effectivement, si on veut se positionner dans ces grands domaines, l'oncologie, l'obésité,
09:27 on est obligé de casser la tirelire. Ça c'est sûr. Et donc ce qui veut dire que pour des laboratoires biotech européens, on a vraiment une belle perspective.
09:40 Je donne un exemple. De nouveau AstraZeneca, Amolit, société française, transaction qui date maintenant d'il y a un peu plus d'un mois à un peu plus d'un milliard de dollars.
09:53 On a là un bel exemple d'une success story, d'une société qui a réussi effectivement à avancer, se développer, attirer les plus gros,
10:02 probablement aussi bénéficier d'un process un peu compétitif et effectivement une transaction qui se réalise et qui montre qu'effectivement,
10:12 on peut créer de la valeur en biotech en Europe. C'est clair.
10:16 Et le marché paye ? Je veux dire, ça n'entrave pas le cours de bourse d'AstraZeneca en l'occurrence.
10:24 Ça, c'est effectivement une question importante. Traditionnellement, le cours de bourse de l'acheteur baisse.
10:29 Et là, effectivement, ça pose toujours la question de la discipline financière parfois.
10:33 Exactement. Mais là, effectivement, ce n'est pas le cas. Et donc, on voit que dans cette succession de transactions qu'on pourrait appeler un collier de perles,
10:42 le marché le voit positivement et même ça rassure. Donc ça, ça joue positivement.
10:48 Et les introductions en bourse dont vous parliez au début, la fenêtre de tir, c'est maintenant le S2 2024.
10:55 Il n'y a pas de raison. Si ces dossiers doivent voir le jour en bourse, c'est là dans les prochains mois ?
11:01 Oui, c'est dans les prochains mois. Alors, il y aura-t-il ou pas un effet des élections américaines ? Ce n'est pas sûr.
11:08 En tout cas, je sais que certains fonds d'investissement, certaines sociétés vont vouloir essayer de passer avant.
11:17 Oui, je comprends. Il y a une séquence. 6 juin, baisse de taux de la Banque centrale européenne. 5 novembre, élection américaine.
11:24 On a une belle fenêtre.
11:25 Ça laisse quelques mois, effectivement, entre ces deux événements. Merci beaucoup, Vincent. Merci d'être venu nous raconter ces histoires.
11:31 Le retour des opérations sur capital, IPO, M&A dans le secteur de la santé, autour de l'innovation, vous l'aurez bien compris.
11:38 Vincent Meunier, Managing Director Health Care chez Brian Garnier, qui était l'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourse ce soir.
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