• il y a 6 mois

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00:00 Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, nous étions dans la vallée de l'ombre de la mort.
00:09 Notre vie ne tenait qu'à un fil.
00:12 Il avait une cruauté barbare dans son regard.
00:17 J'étais tétanisée.
00:19 Il était prêt à tuer pour obtenir ce qu'il voulait.
00:24 Puisque la police était là, tout allait bien se passer.
00:28 Ça a été tout le contraire.
00:31 Il y a une famille ici !
00:35 Je criais, je pleurais, je le suppliais, lâchez-moi !
00:42 Ma propre fille dans les griffes de cet être abject.
00:48 Et je ne pouvais rien faire.
00:50 [Cri de la mort]
01:14 Ma famille et moi-même avions envie de découvrir le monde, et la perspective de vivre en Asie nous enchantait.
01:21 Taipei est une ville en effervescence, chaotique.
01:28 Il s'y passe toujours quelque chose, un festival de rues, des marchés, tout était nouveau.
01:35 Les néons partout, les scooters, les bicyclettes, les voix criardes qui parlent en mandarin.
01:44 "Bing Xiling" veut dire "glace".
01:47 "Ya Er San Se" c'est "un, deux, trois, quatre". C'est tout ce qu'il me reste.
01:52 Taipei était réputée pour être une ville très peu violente.
01:58 À la maison, on ne verrouillait pratiquement jamais les portes.
02:03 Ça ne posait pas de problème.
02:06 Nous avions le sentiment d'être totalement en sécurité.
02:10 [Musique]
02:13 Ils s'étaient rendus coupables de meurtre et de viol.
02:31 Avant qu'ils sévissent, jamais Taipei n'avait connu un tel climat de terreur.
02:36 [Cris de la mort]
02:39 [Musique]
02:42 C'était l'homme le plus recherché de l'île.
02:55 C'était à la fois effrayant et excitant.
02:58 Christine est revenue de l'école en disant "On en a parlé aujourd'hui, la police est venue et nous a montré sa photo".
03:06 Je n'avais que 12 ans, alors ces motivations m'échappaient.
03:09 Mais j'avais compris que c'était un violeur, un meurtrier.
03:13 Vous savez qu'un assassin rôde, mais pourquoi s'inquiéter ?
03:16 Jamais vous ne le rencontrerez.
03:19 [Bruits de chien]
03:22 [Musique]
03:34 C'était une soirée comme les autres. Je faisais mes gammes.
03:37 C'était assommant.
03:41 J'ai entendu la porte du garage s'ouvrir et j'ai su que c'était mon père qui rentrait.
03:47 Bonsoir, pa.
03:50 Il a salué tout le monde puis il a pris Zachary dans ses bras.
03:54 Zachary venait d'un orphelinat.
04:02 Nous l'avions complètement adopté.
04:05 Bref, une soirée normale.
04:15 Je crois que maman avait fait des spaghettis et que la sauce mijotait.
04:18 C'était soirée spaghettis.
04:21 Du coin de l'œil, j'ai perçu un mouvement.
04:28 Ça m'a fait un choc parce que j'ai vu qu'il y avait quelqu'un,
04:31 alors que je savais que tout le monde était là-haut.
04:34 Christine a arrêté de jouer au piano, sans doute parce qu'elle était arrivée au bout de ses gammes.
04:42 [Rires]
04:48 J'ai tout de suite su qui c'était. Je l'ai immédiatement reconnu.
04:57 Nos regards sont restés vissés.
04:59 Puis j'ai tilté et j'ai voulu crier.
05:03 Il a mis son doigt sur la bouche.
05:08 Puis il m'a violemment empoignée et m'a collé le canon de son arme sur ma tempe.
05:19 C'était froid. Le métal était glacial.
05:26 J'ai entendu des pas dans l'escalier et j'ai pensé que c'était Christine.
05:29 Quelqu'un montait l'escalier.
05:34 J'ai tourné la tête vers ma fille et là j'ai vu qu'un homme pointait un pistolet contre sa tête.
05:40 Tout ce qui m'a traversé l'esprit, c'est que c'était une plaisanterie.
05:47 Je n'ai pas regardé ma sœur, ni Zachary, ni ma mère.
05:52 Juste mon père.
05:55 "Papa, c'est sérieux."
05:57 Christine avait le regard terrorisé.
06:03 Rempli d'effroi.
06:06 Elle m'a dit "Papa, c'est l'un des trois."
06:12 Et j'ai compris.
06:16 Un homme qui avait déjà fait plusieurs victimes et qui n'hésiterait pas à tuer pour arriver à ses fins.
06:23 Pour obtenir ce qu'il voulait.
06:25 Et cet homme était chez nous.
06:29 Je l'ai vu, Chen, tenir son arme contre la tête de ma sœur, dont le visage était déformé par la peur.
06:46 On pouvait lire une cruauté barbare dans ses yeux.
06:52 On voyait qu'il n'hésiterait pas à nous tuer.
06:55 En tant que père de famille, le poids de ma responsabilité m'est tombé dessus, comme une chape de plomb.
07:07 L'angoisse m'a glacé le sang parce que le pistolet qui menaçait ma fille était armé.
07:15 L'homme avait le doigt sur la détente.
07:21 Il lui suffirait d'une fraction de seconde pour faire sauter la cervelle de ma fille sous mes yeux.
07:29 J'ai senti le sang qui martelait mes tempes.
07:37 Je devais agir.
07:43 J'avais été entraîné au corps à corps.
07:49 J'avais été entraîné à tuer.
07:51 Je pouvais le désarmer, même le tuer avec son arme.
07:57 Et si je n'avais pas le choix, le tuer à main nue.
08:02 J'étais rompu à ce genre d'exercice.
08:07 C'était une option possible.
08:14 Mais à aucun moment je n'ai été formé pour réagir à une situation
08:19 où une arme était pointée sur une personne qui comptait énormément pour moi.
08:37 Psychologiquement, ces menottes ont eu un plus grand impact que le reste.
08:43 Une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais fumé,
08:48 je n'ai jamais pris de drogue ou bu d'alcool,
08:51 c'est précisément parce que je ne voulais pas altérer ma capacité à contrôler ma vie.
08:56 Et là, pour la première fois, j'ai perdu le contrôle.
09:02 Je ne pouvais plus me débrouiller.
09:04 Ce qui était sûr, c'est qu'on n'avait pas envie de le contrarier.
09:22 Il s'est approché d'Anne.
09:31 Elle avait un petit bébé qui était sur ses genoux.
09:33 Elle a dit d'une voix très claire et déterminée.
09:36 Non.
09:37 La situation était tendue.
09:43 Il a dû comprendre qu'il ne pourrait pas gérer le bébé lui-même.
09:51 Alors il a ligoté Anne aux chevilles, mais il lui a laissé les mains libres.
09:56 Il avait deux chargeurs pleins pour ses armes,
09:59 et il s'est assis pour en charger deux autres.
10:02 Je me suis dit que je n'avais jamais vu autant de balles de ma vie.
10:07 Mon père observait minutieusement Chen.
10:16 Il notait mentalement tous les détails.
10:20 Il m'a vu suivre son manège et il m'a montré ses balles.
10:24 Mon père a dit...
10:28 Des balles "doum-doum".
10:30 Le visage de mon père s'est décomposé.
10:33 Quand j'ai vu ça, mon sang s'est figé.
10:38 Une balle "doum-doum" fait des dégâts considérables à l'impact.
10:46 Alors j'ai prié.
10:47 Seigneur Jésus, protège ma famille.
10:51 Je savais que ma famille avait besoin de m'entendre prier.
10:54 Délivre-nous de ce monstre Seigneur, aide-nous.
10:58 Jésus, nous nous plaçons sous ta protection.
11:03 Il s'est appliqué à éteindre toutes les lumières.
11:11 Et puis il a barricadé les escaliers.
11:14 Après quoi, il nous a tendu le téléphone en aboyant...
11:23 Je veux que tu appelles.
11:25 Oui.
11:26 Appelle.
11:29 Tu comprends ?
11:30 Et après, il a dit...
11:33 Je veux que tu appelles.
11:35 Oui.
11:36 Appelle.
11:38 Tu comprends ?
11:40 Et puis il a répété "CNN".
11:43 CNN !
11:44 CLEAN ME !
11:45 CLEAN YOUR TIME !
11:47 Il était clair qu'il voulait que nous appelions les médias étrangers pour leur annoncer notre capture.
11:53 J'ai proposé d'appeler Michael qui travaillait dans un journal.
11:58 Michael était l'ami de Melanie.
12:06 C'était un américain qui faisait un stage dans un journal anglophone de Taïwan.
12:10 Michael ?
12:13 En l'entendant, j'ai fondu en larmes.
12:15 Michael, écoute-moi. Je ne plaisante pas.
12:18 Ce type nous retient en otage.
12:20 Il veut que tu contactes CNN.
12:23 Tu peux le faire ?
12:24 J'ai été submergée par l'émotion et je ne pouvais plus m'arrêter de pleurer.
12:29 Alerte les journaux ou essaie d'appeler CNN, d'accord ?
12:33 Il a un pistolet pointé sur moi. Il va nous tuer.
12:36 CNN a commencé à parler à des chaînes de télévision locale.
12:55 Il y en avait quatre.
12:59 Les quatre ont interrompu leur programme pour ne diffuser que ce qui se passait devant chez nous.
13:04 Il voulait surtout s'assurer qu'un maximum de gens à Taïwan, comme ailleurs,
13:17 sachent qu'il détenait des étrangers en otage et qu'il avait des revendications.
13:23 Il a été enregistré dans un journal de CNN.
13:26 Il demandait quelque chose, mais je ne savais pas que c'était la libération de sa famille.
13:41 Et si pour l'obtenir, il devait nous tuer, il s'en moquait éperdument.
13:52 [Sirènes de police]
13:55 Quand j'ai entendu crier à l'extérieur, je me suis dit, ça y est, la police est arrivée.
14:10 Il va se rendre et tout ira bien.
14:13 J'espérais qu'il viendrait le capturer. Et ça a été tout le contraire.
14:20 [Cris de la foule]
14:23 Ils se moquaient de lui. Ça l'a mis en rage.
14:30 Pour moi, dans une prise d'otage, le but est de tempérer les choses en ouvrant une négociation.
14:37 Mais j'étais sûr qu'il ne négocierait pas.
14:49 La police de Taïwan fonctionne avec un système de primes.
14:53 Plus le suspect est recherché, plus la récompense est élevée.
14:58 Celui qui capturait ou abattrait Chen Hsin-Sing était assuré de recevoir une jolie somme.
15:04 C'était motivant.
15:07 Autour de nous, je pouvais voir des petits points rouges.
15:14 Six ou sept petits points rouges qui dansaient sur les murs, tout autour de moi.
15:19 Ils bougeaient tout autour de nous.
15:23 J'ai demandé "Papa, qu'est-ce que c'est ?" Il a répondu que c'était les snipers.
15:27 Ça m'a vraiment terrifié.
15:32 Il n'avait qu'à presser la gâchette pour que la balle vienne se ficher à l'endroit exact du rayon laser.
15:42 Je n'avais aucun moyen de savoir si leur technologie leur permettait de faire la différence entre Chen et les personnes qu'il détenait en otage.
15:50 La décision de la police me sidérait.
15:56 Je me suis mis à crier.
16:00 "Ne tirez pas !"
16:02 À Taïwan, tout le monde ne parle pas anglais.
16:06 "Il y a une famille ici !"
16:09 J'espérais juste qu'ils percevraient ma détresse.
16:12 Chen, lui, savait aussi que les coups de feu allaient partir.
16:21 Il a désigné le bébé du bout de son arme et a fait signe à Han de lui boucher les oreilles lorsque la fusillade éclaterait.
16:29 J'avais prévenu ma famille. "Au premier coup de feu, couchez-vous tous à terre."
16:38 Je n'avais jamais entendu mon père dire des choses pareilles.
16:42 C'était terrifiant. Je ne pensais pas m'en sortir vivante.
16:49 Les provocations de la police étaient délibérées. Il allait réagir, c'était sûr.
16:59 Et sa réaction n'arrangerait pas notre situation.
17:05 "Coupez-vous !"
17:07 Chen les avait prévenus de ne pas approcher de la maison.
17:22 De là où ils se trouvaient, ils voyaient les ombres à l'extérieur.
17:29 Ils les amenaçaient de les tuer s'ils approchaient.
17:33 "Voyons, les gars ! Encore ! Encore !"
17:35 Ils ont continué d'avancer. Chen a vu leur silhouette dans la lumière des lampadaires.
17:40 Et là...
17:42 Il a tiré.
17:45 La réposte a été immédiate. Sans distinction.
17:53 À l'aveugle.
17:56 Christine pleurait, le bébé hurlait. C'était affreux.
18:02 J'ai hurlé pour qu'on m'entende.
18:04 "Cessez le feu ! Il y a une famille ici !"
18:07 Sans effet, bien sûr.
18:09 Mais le pire, c'est qu'à ce moment-là, il a saisi Melanie.
18:19 Et il s'en est servi comme bouclier.
18:23 Je me suis dit que c'était la fin.
18:30 Il tenait un de ses pistolets contre ma tête et agitait le deuxième devant lui.
18:34 J'ai pensé que s'il ne m'abattait pas, ce serait la police qui me tuerait.
18:38 Ça a été l'un des moments les plus atroces de ma vie.
18:45 Je savais que la police tirait dans le tas.
18:49 Et je m'attendais au pire.
18:56 Je sentais l'odeur de la poudre.
18:58 Et je me souviens des douilles qui me sautaient au visage.
19:01 J'ai senti combien elles étaient chaudes.
19:05 Et j'ai eu peur qu'elles me brûlent.
19:07 Papa a hurlé au policier.
19:12 "Ne tirez pas !"
19:13 Il a ma fille.
19:15 "Cessez le feu !"
19:16 Je me suis mise à crier.
19:18 "Ne me tuez pas !"
19:20 "C'est ma fille !"
19:21 "Ne me tuez pas, ne tirez pas !"
19:25 Chen est devenu enragé.
19:26 Il m'a entraîné de l'autre côté de la pièce en m'agrippant.
19:30 J'avais l'impression d'être une poupée de chiffon ballotée dans tous les sens.
19:37 Toujours devant lui.
19:38 Il me bousculait.
19:40 Dès que je devenais trop hystérique, il me frappait avec sa crosse.
19:45 Ceux qui maltraitent les femmes me répugnent.
19:53 Et voilà que cet homme m'a maltraité ma fille.
19:56 Les coups de feu ont bien duré deux à trois minutes.
20:12 Puis la police a cessé de tirer.
20:14 "C'est pour cette raison que la police a cessé de tirer."
20:16 Ma fille m'a demandé...
20:31 "Ca va faire mal quand tu vas me tuer."
20:34 Elle savait qu'elle risquait de mourir.
20:44 Et je savais que nous risquions tous d'y passer.
20:47 "Il ne te tuera pas."
20:55 "Ca fait mal quand on meurt ?"
20:57 "Tu ne vas pas mourir."
20:59 "Tu ne vas pas mourir."
21:01 "Viens, viens."
21:12 Il a vu que je pleurais et il a essayé d'essuyer mes larmes.
21:16 Mais j'ai refusé.
21:17 Il a essayé de montrer un peu de tendresse envers Mélanie.
21:24 Mais c'était un geste répugnant venant d'un violeur.
21:27 Je me souviens encore de son odeur.
21:34 De ce mélange de sueur et de crasse.
21:36 Sa proximité m'était insupportable.
21:41 J'ai eu beaucoup de mal à me contenir.
21:43 Les policiers ont crié quelque chose qui ne lui a pas plu.
21:55 J'ai senti son bras se rédire et il s'est mis à tirer par la fenêtre.
21:59 D'un coup, c'est parti.
22:02 Je criais, je pleurais, je le suppliais.
22:10 "Lâchez-moi."
22:11 Plus ça continuait, plus il devenait agressif.
22:20 Plus il était nerveux et brutal.
22:22 J'ai pensé que c'était de ma faute parce que j'étais hystérique.
22:29 "Faites que ça s'arrête."
22:31 "Je vous en prie."
22:33 Elle me suppliait en me regardant.
22:35 "Papa, aide-moi."
22:37 "Laissez ma fille. Prenez-moi."
22:40 Mon père a dû se sentir impuissant.
22:42 Je n'ai pas douté un instant qu'il aurait donné sa vie pour nous.
22:54 Parce que je sais que je donnerais ma vie pour mes enfants.
22:58 C'était ce que je lisais dans ses yeux.
23:05 Je revois encore son visage quand il était assis par terre et qu'il le suppliait de le prendre, lui, plutôt que moi.
23:11 Il avait l'air totalement désemparé et pourtant, il n'arrêtait pas de me dire,
23:16 "Mélanie, tu vas t'en sortir."
23:19 Moi, tout ce que je voulais, c'était mon père.
23:21 J'ai prié si fort,
23:29 au point même de ne plus savoir comment prier.
23:35 Quelque chose me murmurait,
23:36 "C'est trop."
23:39 "Abandonne."
23:41 "Laisse tomber."
23:43 Dieu m'entendait-il ?
23:47 Savait-il ce qui nous arrivait ?
23:49 C'est là que le psaume 23 m'est revenu à l'esprit.
23:56 "L'Éternel est mon berger. Je ne manquerai de rien."
24:02 "Il me fait reposer dans de verres pâturages."
24:04 "Il me mène vers des eaux paisibles."
24:07 "L'Éternel est mon berger."
24:09 Il le répétait en boucle.
24:11 "Tu dresses pour moi une table devant mes adversaires."
24:16 On a fini par tous prier, ensemble.
24:19 "Bonheur et grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie et j'habiterai dans la maison de l'Éternel."
24:26 C'était comme si le reste n'existait plus.
24:30 Je n'entendais que cette prière.
24:32 "Il me fait revivre."
24:34 "Il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom."
24:38 "Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort."
24:41 "Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort."
24:45 En disant ces mots, j'ai senti ma voix se briser
24:53 et des larmes rouler sur mes joues.
24:59 Toutes ces années, j'avais récité ces phrases
25:02 et d'une certaine façon,
25:05 elles n'avaient pas de sens pour moi.
25:08 À ce moment-là, j'ai compris ce qu'elles signifiaient.
25:13 J'ai réalisé que nous étions dans la vallée de l'ombre de la mort.
25:19 Que nous contemplions la mort en face.
25:22 Et lorsque j'ai dit la suite,
25:28 "Je ne fais aucun mal."
25:30 "Car tu es avec moi."
25:33 J'ai été submergé par un flot d'émotions.
25:39 "Ta houlette et ton bâton me rassurent."
25:44 "Tu dresses pour moi une table devant mes adversaires."
25:48 "Tu induis ma tête et ma coupe déborde."
25:52 Et soudain, j'ai eu comme un sentiment de victoire.
25:57 Dieu ne nous avait pas abandonnés.
25:59 Il était là.
26:01 "Bonheur et grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie."
26:06 "Et j'habiterai dans la maison de l'Éternel jusqu'à la fin de mes jours."
26:10 Il y a eu un répit.
26:15 En fait, c'était parce que la fusillade s'était arrêtée.
26:19 Brusquement, il y a eu une accalmie.
26:22 Et lorsque je lui ai dit de lâcher ma fille,
26:26 il m'a regardé et il a laissé Mélanie.
26:28 C'est moi qui suis devenu son bouclier.
26:33 Mais au moins, ma fille n'était plus en première ligne.
26:39 "La mer n'était plus la même, plus vulnérable."
26:42 J'ai entendu un bruit qu'il n'a pas dû identifier,
27:00 mais moi, si.
27:01 C'était celui de la porte du garage qu'on ouvrait, à l'étage du dessous.
27:08 J'ai tout de suite compris que l'assaut allait être donné.
27:11 Les policiers étaient entrés par le garage.
27:15 Il ne les a pas entendus.
27:23 Sa crainte était vraiment qu'il donne l'assaut par le toit.
27:27 Il a donc demandé à Christine de le prévenir si quelqu'un descendait les escaliers.
27:35 Christine a eu du mal à le comprendre.
27:37 "Installe-toi en bas des escaliers et dis-lui si quelqu'un descend."
27:41 Je ne comprenais pas pourquoi papa voulait m'éloigner.
27:46 "Fais ce que je te dis, vas-y."
27:49 Je tenais absolument à ce qu'elle m'obéisse,
27:55 pour ne pas rester dans la ligne de tir.
27:57 Je ne voulais pas que ça se produise.
28:04 Par chance, Anne se trouvait à l'angle opposé.
28:07 Mélanie n'était pas la mieux placée, mais au moins elle était couchée par terre.
28:13 J'étais le seul à être dans la ligne de tir.
28:17 Et je ne vais pas vous dire que ça ne me préoccupait pas.
28:20 Quiconque se tenait devant lui allait mourir.
28:23 J'ai entendu des pas dans l'escalier.
28:31 C'était le moment fatidique.
28:33 Tout à coup, je les ai entendus grimper l'escalier et j'ai vu une masse noire,
28:44 les boucliers noirs et les casques avec les visières baissées.
28:48 Il s'est retourné et il a tiré.
28:58 J'ai vu cette marée noire battre en retraite.
29:01 Il a compris qu'il devait mobiliser toute sa puissance de feu contre eux.
29:08 Alors il a retiré le pistolet qu'il tenait collé contre mon front.
29:15 Il l'a abaissé pour tirer.
29:18 Mais le premier coup est parti avant que l'arme soit en position de tir.
29:23 J'ai senti une énorme explosion au niveau du genou.
29:26 On a hurlé toutes les trois.
29:35 Je les ai entendus crier, alors j'ai crié moi aussi.
29:38 Je savais que j'avais pris une balle,
29:47 mais je n'ai pas compris que Melanie avait été touchée.
29:51 C'était une brûlure intense, comme une explosion.
29:54 J'ai hurlé de douleur,
30:00 mais les autres s'étaient habitués à mes cris,
30:02 ils n'ont pas su que j'étais touchée.
30:04 Je n'arrêtais pas de me demander comment je saurais si j'étais en train de mourir.
30:10 Est-ce que j'allais partir d'un coup ?
30:12 Comment est-ce que ça allait se passer ?
30:14 Comment est-ce que j'allais mourir ?
30:16 Comment est-ce que j'allais mourir ?
30:18 Est-ce que j'allais partir d'un coup ?
30:20 Comment est-ce que ça allait se passer ?
30:22 J'ai essayé de bouger ma jambe,
30:29 et je l'ai senti glisser.
30:31 Je n'ai pas tout de suite compris pourquoi.
30:36 Puis j'ai réalisé qu'elle baignait dans une mare de sang.
30:40 Un silence de mort est retombé sur la pièce.
30:47 J'entendais le sang de mon père goûter.
30:49 J'étais tout à fait conscient des conséquences d'une hémorragie.
30:56 J'ai été pris d'un vertige.
31:03 Ma vue s'est obscurcie.
31:06 Je me suis adressé à Anne.
31:11 Ma chérie, je crois que je pars.
31:15 Quoi qu'il arrive,
31:17 ne perds pas la foi.
31:19 Ça a été terrifiant.
31:26 Il y avait du sang partout.
31:29 Papa !
31:31 Il était sonné.
31:34 Il avait du mal à rester éveillé.
31:36 Je voulais le secouer, le ramener à la vie.
31:40 Reste avec nous !
31:44 Anne a laissé Zachary dans le coin de la pièce.
31:48 Elle s'est approchée de nous.
31:51 Elle a vu que j'avais gardé ma cravate.
31:55 Elle l'a dénouée et s'en est servi pour poser un garrot sur ma jambe.
31:59 L'hémorragie s'est arrêtée.
32:02 Je ne pense pas avoir cessé de crier un seul instant.
32:14 Mon corps était en feu.
32:16 J'ai cru que la douleur venait du dos.
32:20 Mais quand j'ai essayé de bouger la main droite, je n'y suis pas arrivée.
32:24 J'ai fait le lien et j'ai compris que la balle avait aussi traversé mon poignet.
32:29 Je ne me souviens plus de rien.
32:31 J'étais à peine conscient, mais j'ai vu qu'un autre homme était dans la pièce.
32:54 Dès qu'il est arrivé, j'ai ressenti un immense soulagement.
32:58 Je me suis dit que quelque chose se passait.
33:01 Ma jambe baignait dans une mare de sang, tandis que la blessure de Melanie ne saignait presque pas.
33:09 Il a donc pensé à tort que j'étais plus mal en point qu'elle.
33:13 Et il m'a traîné dans les escaliers.
33:19 Je me suis dit qu'il allait revenir chercher Melanie,
33:24 que Anne et les autres suivraient et qu'on allait s'en sortir.
33:28 Lorsque le policier est monté, il a vu que j'avais les mains liées dans le dos.
33:32 Sans voir ma blessure au bras, il a saisi mes poignets et les a séparés.
33:37 La douleur m'a transpercée.
33:44 J'ai cru qu'il m'avait arraché la main.
33:46 J'ai levé le bras.
33:48 Il y avait un trou. On pouvait voir à travers.
33:52 Pas de sang, juste un trou.
33:56 Je voyais à travers mon bras.
33:58 L'homme m'a soulevé et transporté comme un bébé dans les escaliers.
34:03 Je ne crois pas avoir dit un mot à ma mère ou à Christine.
34:07 J'ai pensé qu'elles allaient sortir, que c'était la fin, que tout irait bien.
34:14 J'étais persuadé qu'on allait vers le dénouement.
34:19 Ma famille allait être libérée et le cauchemar serait terminé.
34:25 J'avais tort. La suite me l'a prouvé.
34:28 Allongé sur le brancard, j'ai vaguement pris conscience de la foule qui m'entourait.
34:47 Au départ, j'ai cru qu'il s'agissait de policiers.
34:52 Il y avait un tohu-bohu. Les flashes crépitaient autour de moi.
34:56 Puis j'ai vu qu'on me fourrait des micros sous le nez.
35:00 Je suis sorti de ma torpeur. J'ai ouvert les yeux et je me suis redressé.
35:07 Des centaines, si ce n'est des milliers de personnes avaient envahi la rue.
35:18 Des journalistes, des photographes, tous voulaient voir Chen Xinxin se faire tuer.
35:24 J'ai vite compris que personne ne commandait.
35:29 C'était le chaos.
35:32 La police qui avait commis la folie de lancer l'assaut ne contrôlait rien.
35:37 Et là j'ai vu ma fille, cernée par la foule.
35:46 Elle hurlait au mur.
35:48 Où est mon père ?
35:50 Je criais à plein poumon. Il y avait les caméras, les spots qui m'aveuglaient, les flashes qui crépitaient.
35:56 Et moi je n'avais qu'une chose en tête. Où est mon père ? Je veux mon père.
36:00 Elle hurlait. Papa, papa, je veux mon père.
36:07 Tout à coup, j'ai réalisé qu'Anne n'était pas là.
36:12 Christine non plus.
36:15 Et Zachary non plus.
36:17 Ils n'étaient pas sortis.
36:20 Ça m'a mis tellement en colère que j'ai repris le dessus.
36:25 Et je me suis mis à vociférer.
36:28 Sortez ma femme et mes enfants de là. Je veux ma femme et mes enfants.
36:34 J'ai fait en sorte que ma voix couvre le tumulte.
36:38 Sortez ma femme et mes enfants de la maison.
36:42 J'ignore pour qui je criais, mais je voulais qu'on m'entende.
36:46 Faites sortir mes enfants.
36:48 Presque aussitôt, la foule derrière moi s'est ouverte.
36:52 Et ils ont pu faire avancer mon brancard.
36:55 On nous a conduits à l'hôpital.
37:10 Là, on m'a bandé la jambe et j'ai été installé dans une salle.
37:13 Les blessures de Mélanie étaient plus graves.
37:16 La balle m'a traversé le bas du dos.
37:21 Elle est passée à deux dixièmes de millimètres de la colonne et s'est fichée dans le bassin.
37:25 Elle était logée entre les deux artères principales de l'abdomen.
37:30 Elle les avait frôlées.
37:32 Si elle avait sectionné l'une ou l'autre de ses artères,
37:37 j'aurais succombé à une hémorragie en quelques minutes.
37:40 À l'hôpital, j'ai regardé la télévision.
37:48 On me traduisait ce qu'ils disaient.
37:51 C'était très dur d'être à l'hôpital alors que ma famille était encore à la maison.
38:05 Le travail au domicile était injoignable
38:08 parce que Chen Qinxing monopolisait la ligne téléphonique.
38:11 [Bruits de la foule]
38:16 En voyant mon petit garçon, mon cœur s'est rempli de joie.
38:40 [Bruits de la foule]
38:43 L'espoir pouvait enfin renaître.
38:49 J'ai éclaté en sanglots.
38:58 Je me suis effondrée.
39:01 C'était fini.
39:04 Terminé. J'étais sortie de la maison.
39:07 [Bruits de la foule]
39:10 J'ai été bouleversé de la voir sortir de la maison.
39:14 Mais ma joie était en demi-teinte
39:19 car la personne la plus importante de ma vie était encore l'otage de cet homme.
39:24 La télévision annonçait sans arrêt que sa libération était imminente.
39:32 [Bruits de la foule]
39:35 Mais ça n'arrivait pas.
39:40 La pression montait à chaque fois qu'on entendait
39:44 "ça y est, elle va sortir"
39:46 et puis c'était dans une demi-heure.
39:48 J'étais fou d'inquiétude.
39:50 Ils avaient accepté ces conditions, ils devaient la relâcher.
39:59 La porte d'entrée s'est ouverte
40:02 et un groupe de personnes est sorti.
40:06 Il y avait Chen Hsing, menotté, les mains devant.
40:16 A côté de lui, Oyo-I et d'autres policiers.
40:22 Mais ce n'était pas eux que j'attendais.
40:27 C'était Han que je voulais voir.
40:29 Et elle n'était pas là.
40:32 Que s'était-il passé dans la maison ?
40:36 Où était ma femme ?
40:38 Pourquoi n'était-elle pas sortie ?
40:41 Bien sûr les caméras suivaient Chen parce que c'était le bandit.
40:47 C'était lui que le public voulait voir.
40:49 Les caméras ne le lâchaient pas.
40:53 Elles ne filmaient plus la porte.
40:56 Han n'était pas sorti.
40:58 J'étais dans tous mes états.
41:00 Je ne savais pas ce que je ferais si Han ne sortait pas de cette maison.
41:09 Et puis la caméra a panoté,
41:14 elle est revenue sur la porte,
41:16 quelques personnes sont sorties,
41:18 dont Han.
41:25 Et mon sourire éclairait son visage.
41:27 Le même sourire dont je suis tombé amoureux la première fois que je l'ai vu,
41:38 il y a des années, et que je lui ai fait la cour.
41:42 Quand elle est sortie de la maison, elle avait ce sourire.
41:46 Alors j'ai su que c'était terminé.
41:53 Quand j'ai vu Han et que j'ai vu son sourire,
41:56 j'ai su qu'elle était saine et sauve et que c'était fini.
42:00 Mon cœur s'est rempli de gratitude.
42:03 J'allais enfin retrouver mon épouse.
42:08 Sous-titrage FR : VNero14
42:12 "Les larmes de la vie"
42:16 "Les larmes de la vie"
42:44 Nous ne pourrons jamais admettre ce qu'il a fait subir à notre famille.
42:48 Mais il demeure qu'il a été créé à l'image de Dieu.
42:55 Et nous ne serions pas chrétiens si nous ne lui pardonnions pas.
43:01 Mes parents ont toujours été des gens cléments.
43:07 Moi, je ne lui pardonnerai jamais ce qu'il m'a fait,
43:12 et ce qu'il a fait à ma famille.
43:14 Il nous a fait du mal.
43:18 Pourquoi lui donner la satisfaction de savoir que je lui pardonne,
43:23 alors que c'est le seul petit pouvoir que j'ai encore sur lui ?
43:28 Si mes parents veulent lui pardonner,
43:33 si ça leur permet de tourner la poche, c'est très bien.
43:36 Mais moi, je refuse.
43:39 [Musique]

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