Pendant deux semaines, Eliot Deval et la rédaction d'Europe 1 vous propose deux heures de décryptage d'analyse autour des élections législatives.
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00:0016h, 18h, on est ensemble encore pendant une heure sur Europe 1, on est avec Jacques Serey du service politique d'Europe 1, bonjour Jacques.
00:10Bonjour Eliott, bonjour à tous.
00:11Avec Paul Melun, essayiste, qui est avec nous depuis 16h, Gauthier Lebret également, et Jules Torres, journaliste au journal du dimanche.
00:20Vous le savez, l'actualité politique monopolise la tension, on ne parle que de ces élections législatives, mais un nouveau fait est passé sous les radars.
00:29Et je voulais vraiment vous le proposer comme sujet, et si vous souhaitez réagir, réagissez au 01-80-20-39-21, appel non surtaxé.
00:39Pourquoi ce sujet est important ? Parce qu'il nous rappelle le drame de Crépole et la mort de Thomas.
00:46Ca s'est passé ce week-end au sable de Lonne, deux jeunes rugbymans ont été poignardés à la sortie d'une boîte de nuit.
00:52L'un a été amputé de la rate, l'autre a été plongé dans le coma, et on est avec le frère d'une des deux victimes en direct sur Europe 1, Clément bonjour.
01:03Bonjour.
01:05Vous êtes le frère d'une des deux victimes, comment déjà va votre frère Clément ?
01:12Alors mon frère il se remet tranquillement, il est très faible, mais avec un peu de temps ça devrait aller.
01:22Est-ce que vous savez un peu plus ce qui s'est passé ce vendredi soir, c'était le week-end dernier, à la sortie d'une boîte de nuit des Sables de Lonne ?
01:32Alors ça serait parti dans une boîte de nuit à une bataille de regards, un gars du groupe adverse aurait mis une droite à une des victimes, du coup ils se sont fait virer de la boîte.
01:50Et ils les ont attendus pendant deux heures à la sortie, et puis quand les gars sont sortis vers 5h du matin, ils rentraient pour aller à leur vélo et ils les ont attirés dans une ruelle et puis ils ont mis deux coups de couteau.
02:05Vous avez pu échanger avec votre frère Clément ?
02:09Un petit peu, on commence à parler, oui un peu.
02:15Il vous dit quoi ?
02:18Après ça, avec nous on essaye de pas trop évoquer le sujet car c'est sa santé qui prime, et psychologiquement on va travailler ça après pour pas trop réveiller des plaies pour l'instant.
02:36Si je puis me permettre, il a quel âge votre frère ?
02:39Il a 19 ans.
02:41Est-ce que c'est votre frère unique ?
02:44Non, il a un frère jumeau, je suis avec lui, il est juste à côté de moi, et on a une grande sœur.
02:49Et quand vous apprenez ce qu'il s'est passé, qu'est-ce que vous vous dites à ce moment-là ?
02:54Que le danger est vraiment aux portes de chez nous, on pense que ça n'arrive qu'aux autres, que ça arrive ailleurs, mais en fait c'est tout proche de nous.
03:03Et puis voilà, on se sent pas très bien.
03:07Vous savez si les suspects ont été interpellés, et qui sont-ils ?
03:13Ça non, le business est sur l'affaire et on n'a pas plus d'informations que vous.
03:20Merci beaucoup Clément pour votre témoignage, on pense évidemment à votre frère, on lui souhaite un prompt rétablissement.
03:28Jules Torres, journaliste du JDD, c'est important tout ce que nous a raconté Clément, il s'avère que vous êtes l'un des premiers, si ce n'est le premier journaliste,
03:36à avoir sorti et publié un article sur ce nouveau drame et cette attaque, agression au couteau au sable de l'aune.
03:45Non mais c'est une histoire qu'on a vu fleurir notamment sur les réseaux sociaux samedi, parce que les gens se demandaient pourquoi les autorités n'en avaient pas parlé,
03:53pourquoi on ne voyait rien dans la presse, et finalement c'est assez symptomatique de ce qui se passe dans le pays,
03:57c'est-à-dire qu'il a fallu qu'on publie notre article autour de 15h pour voir Ouest France, une heure plus tard, publier un article avec les mêmes informations,
04:04informations qu'ils avaient déjà, je le sais parce que j'ai plusieurs sources qui me l'ont confirmé,
04:09mais cette affaire c'est surtout le signe que la violence est partout, là on parle d'une commune, une station balnéaire, les Sables d'Olonne,
04:14où il y a très peu d'insécurité, où il reste, où il y a quand même encore une sorte de bon vivre,
04:19et on voit qu'il y a, je l'ai dit dans mon article, ce sont des personnes de banlieue, c'est les policiers des Sables d'Olonne qui me l'ont dit,
04:28des personnes de banlieue qui viennent de La Roche-sur-Yon, donc on est à 30 minutes des Sables d'Olonne,
04:32et qui viennent s'amuser dans une boîte, qui mettent une mauvaise ambiance dans une boîte de nuit,
04:37qui jettent des mauvais regards sur certains autres jeunes locaux, et qui finalement ensuite, deux heures plus tard, après s'être fait virer de la boîte,
04:45les attendent dans les ruelles des Sables d'Olonne pour les planter, parce que c'est ça, ils les ont plantés dans l'abdomen,
04:51en effet vous l'avez dit, il y a un des deux jeunes hommes qui a été amputé de la rate, l'un s'est rétabli, l'autre est encore en coma artificiel,
04:58il devrait sortir dans l'après-midi, mais donc c'est le signe qu'il y a de plus en plus d'attaques au couteau dans notre pays, je crois que c'est 120 par jour,
05:04et c'est un fléau.
05:05Ce chiffre est toujours remis en question par les autorités, parce qu'aujourd'hui on ne peut plus recenser le nombre d'attaques au couteau en France depuis 2019 ou 2017.
05:14Mais en tout cas, c'est des chiffres qui émanent du ministère de l'Intérieur, mais en tout cas, on ne peut pas dire aujourd'hui qu'il n'y a pas de généralisation de la violence dans notre pays,
05:22et là je vous parle d'une ville que je connais très bien, les Sables d'Olonne, qui normalement est une ville qu'on peut qualifier de havre de paix.
05:28Mais c'est ce que disait Clément, il y a quelques instants, c'est peut-être ça la déclaration la plus forte et la plus vertigineuse, Paul Melun,
05:35c'est qu'il dit, en fait, ça peut tomber en bas de chez vous.
05:38Lorsque j'apprends que mon frère se fait poignarder, je me rends compte que ce qui se passe ailleurs, ça se passe désormais chez nous.
05:45Cette insécurité qui s'est métastasée sur l'ensemble du territoire, et là aussi, ce qui est frappant, c'est que personne n'en parlait ce week-end et les jours suivants.
05:54Alors que l'on a des pudeurs de gazelle depuis des années à parler d'ensauvagement, alors qu'on a des pudeurs de gazelle à faire le lien entre immigration et délinquance,
06:02alors qu'on a des pudeurs de gazelle à reconnaître qu'il existe en France un racisme anti-blanc,
06:06eh bien, un certain nombre de faits dramatiques, comme celui de Crépole, effectivement, ça nous y fait penser.
06:12Celui-là, nous verrons plus précisément de quoi il s'agit, mais en tout cas, si vous voulez,
06:16et le Schiltz attaque au couteau est quand même, à mon sens, très important,
06:20ça évoque quand même, ça convoque une évolution dans ce pays qui est tout à fait importante,
06:26et qui rejoint d'ailleurs nos débats sur le rôle du Rassemblement National, nos questionnements politiques,
06:31et qui nous montre à quel point les alliances de circonstances, de politiques politiciennes pour sauver des postes et que rien ne change,
06:37c'est irresponsable, parce que là, il faut que tout change.
06:39Il y avait quand même une candidate macroniste, avant le premier tour, qui expliquait que dans les 120 attaques au couteau quotidiennes...
06:45Les blessures domestiques !
06:46Exactement, c'était...
06:48La candidate macroniste, l'or militaire.
06:50Et elle a fait quoi, d'ailleurs, au premier tour ? Ce serait intéressant de voir ce qu'elle a fait.
06:53Je pense qu'elle a fait un bon résultat, elle avait été réélue, souvenez-vous, dans une législative partielle,
06:57parce que ça avait été une députée du Rassemblement National, Anne-Sophie Frégout, qui avait été élue et dont l'élection...
07:01Ça fait trois fois qu'elle s'affronte, en deux ans ?
07:03Absolument, elle avait été annulée, elle avait été réélue députée, dans cette législative partielle, six mois après les élections législatives de 2022.
07:11Et il y aura d'ailleurs un nouveau duel, Anne-Sophie Frégout-l'or militaire, dans la deuxième circonscription.
07:17Le troisième, donc, en deux ans.
07:18Gauthier Lebray.
07:19Sur Crépol, le vote Rassemblement National a fortement, très fortement augmenté.
07:23Donc après, certains vont se demander, pourquoi le vote Rennes augmente ?
07:26Vous avez raison, c'est exactement ce qui s'est passé à Crépol.
07:29Là, on était avec des jeunes de banlieue qui venaient de Romans-sur-Isère, avec des couteaux, pour planter des jeunes rugbymen qui passaient une soirée tranquille.
07:37Et d'ailleurs, souvenez-vous de Crépol, les premières heures, les premiers jours, et même d'ailleurs après,
07:41certains nous parlaient d'une rixe, de deux bandes rivales qui s'affrontent, et malheureusement, le mort est du côté des rugbymen.
07:47Non, c'est pas ça qui se passe.
07:48C'est des jeunes qui viennent avec des couteaux, là où il y a le calme, là où il y a la joie, la fête et la légresse,
07:55et on vient planter des jeunes qui font la fête parce qu'on n'est pas acceptés à cette fête, on n'a pas le droit d'entrer, ou ils se font virer de boîte.
08:01Donc c'est exactement pareil, et à chaque fois, je note ce récit médiatique qui parle souvent de rixes.
08:08Et ça part d'un mauvais regard, et c'est arrivé combien de fois, malheureusement ?
08:13Tout le monde connaît ça, les gens, ceux dont on parle, ils l'ont vécu.
08:15Oui, mais Paul, vous êtes un petit peu plus âgé que nous, sans vous faire offense sur ce plateau.
08:21Mais je pense qu'avant, on n'attendait pas, à la sortie d'une boîte de nuit, des gens avec qui on a eu un mauvais regard, avec des couteaux dans la main.
08:34Et on ne les agressait pas au couteau.
08:36Je voulais qu'on fasse une parenthèse.
08:40J'avais échangé avec les journalistes qui étaient allés à Crépol pour couvrir l'événement, et ils me disaient qu'ils avaient interrogé les parents.
08:48Et ils disaient, oui, nous les rugbymans, quand on était plus vieux, on était rugbymans comme nos enfants.
08:52Et effectivement, il y avait des bagarres parfois, avec les jeunes de Romance sur les armes.
08:56Mais ce qui a changé, c'est les couteaux, c'est l'apparition des couteaux, c'est ça qui a complètement changé.
09:01Il y avait des bagarres le soir, mais le matin, il n'y avait pas de mort, tout le monde était encore vivant.