Franck Tanguy reçoit Laurent Artur du Plessis, Cyril Bennasar, Olivier Piacentini et François de Voyer.
Au programme des débats :
1) Les résultats du 1er tour des élections législatives
2) Les scénarios de gouvernement : RN seul ou vaste alliance autour de Macron ?
3) Les membres du gouvernement et les premières mesures si le RN accède à Matignon
Au programme des débats :
1) Les résultats du 1er tour des élections législatives
2) Les scénarios de gouvernement : RN seul ou vaste alliance autour de Macron ?
3) Les membres du gouvernement et les premières mesures si le RN accède à Matignon
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00:00:00Dans les semaines et les mois à venir, TVL va avoir un rôle prépondérant indispensable.
00:00:06Alors, nous comptons sur votre engagement. Libérons-nous des chaînes.
00:00:10Merci de votre soutien, maintenant.
00:00:30Bonjour à tous. Nouvelle émission de Tête à Clash. Émission bien spéciale puisqu'on est juste après le premier tour.
00:00:51Donc, on a quatre invités. Laurent-Arthur Duplessis, bonjour.
00:00:54Bonjour.
00:00:55Cyril Benassar, Olivier Piacentini et François Devoisier, messieurs, bienvenue à bord.
00:01:01Trois sujets. On fait une spéciale élection, mais on va la structurer de la manière suivante.
00:01:06On va regarder et analyser les résultats du premier tour.
00:01:09On va regarder les scénarios probables de majorité. Total RN, partiel RN, pas du tout de RN.
00:01:17Voilà, on va parler de tout ça.
00:01:19Le deuxième sujet, on va commencer un petit peu dans le casting.
00:01:21Et puis, on va se projeter aussi sur les premières mesures.
00:01:24On va également se projeter sur l'attitude du gouvernement d'opposition vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
00:01:30Voilà, on va structurer l'émission comme ça.
00:01:33Et donc, on commence dans quelques secondes. A tout de suite.
00:01:40Alors, on est juste après le premier tour des législatives.
00:01:44On voit qu'il y a eu d'abord, première caractéristique, une très forte participation.
00:01:49Inédite depuis 1997. Ce qui prouve que les Français s'intéressent à la politique.
00:01:54Et puis, on voit quand même événement marquant.
00:01:58Très large majorité, RN et ses alliés.
00:02:05Ce n'est pas si mal pour le nouveau Front populaire et un effondrement de la majorité macronienne.
00:02:12Ça, c'est ce qui caractérise cette élection.
00:02:17Et qui je lance le premier sur le sujet ?
00:02:20Eh bien, c'est Laurent Arthur Duplessis.
00:02:23Je dirais que si on considère l'esprit de cette situation-là, les ressorts profonds,
00:02:30on voit qu'il y a une réaction électorale contre les effets de la mondialisation.
00:02:37En effet, on voit que dans les grands centres urbains,
00:02:42il y a encore un vote, disons, du bloc que du centre.
00:02:48Et un vote, disons, mélanchoniste.
00:02:53Sachant que les mélanchonistes, on les trouve beaucoup plus dans les centres urbains
00:02:57que dans les lointaines périphériques.
00:02:59Vous avez raison.
00:03:01Une grande sectorisation.
00:03:03C'est peut-être plus que jamais.
00:03:05Et plus on s'éloigne des grands centres urbains, plus on a un vote rassemblement national.
00:03:09C'est-à-dire que les parias de la mondialisation,
00:03:13les martyrs, si je puis dire, de la mondialisation même,
00:03:17ceux-là ont exprimé leur rejet brutal, radical et massif des élites dirigeantes.
00:03:25– Les territoires des grandes villes et la ruralité.
00:03:28– Exactement.
00:03:29Donc là, on voit que la mondialisation produit les mêmes effets un peu partout en Occident.
00:03:35C'est pareil aux États-Unis.
00:03:37C'est pareil dans bien d'autres pays d'Europe.
00:03:39Et dans le monde entier.
00:03:41Là, on a vraiment maintenant la traduction électorale à l'échelle planétaire presque,
00:03:48pourrait-on dire, des effets de la mondialisation
00:03:53qui a creusé l'écart entre ceux qui en profitent et ceux qui n'en profitent pas.
00:03:59Ceux qui en sont victimes.
00:04:01– Donc ça, c'est pour vous la première caractéristique de ce premier tour.
00:04:04Je vais faire circuler la parole.
00:04:05Cyril Benassar, vous voulez prendre la suite ?
00:04:07– Oui, effectivement, la carte électorale n'est pas très surprenante et terrifiante.
00:04:12On voit vraiment un séparatisme terrible.
00:04:15Les centres urbains, comme on le disait, c'est à la fois le centre et Mélenchon.
00:04:20Paris, c'est très net, c'est coupé en deux.
00:04:22On a l'Est, qui est très rouge, qui est LFI, qui est NFP.
00:04:26Et puis l'Ouest, qui est le bloc central.
00:04:29Je dirais qu'il y a aussi…
00:04:34On pourrait presque commencer à parler de vote ethnique.
00:04:37Parce que dans les banlieues islamisées, il y a des scores.
00:04:41Daniel Obono, 64%, Aymeric Caron, sont sortis ceux qui, à la fois…
00:04:46– Aymeric Caron, il est dans le 18ème.
00:04:48– Oui, dans le 18ème.
00:04:49– Vous pourriez parler de vote ethnique dans le 18ème ?
00:04:52– Moi, je dirais que c'est là que ça commence, quand même.
00:04:54Le grand remplacement, il a commencé là, quand on va à Château-Rouge.
00:04:58Moi, j'ai connu ces quartiers, c'était pas encore totalement le tiers-monde.
00:05:05Et ce qui est assez effrayant aussi, c'est que ceux qui ont fait
00:05:09les meilleurs scores à gauche, d'ailleurs, vous disiez,
00:05:12c'est pas si mal le score de la gauche du Nouveau Front Populaire.
00:05:18– Oui, c'est vrai. Mais enfin, c'est vraiment toute la gauche réunie.
00:05:21Et là, ils sont allés chercher jusqu'au NPA.
00:05:23– Absolument.
00:05:24– C'est-à-dire que là, tout le monde, ça représente moins de 30%.
00:05:27– Vous avez raison, si on compare à il y a 20 ans,
00:05:30où la gauche était à 40-45, il y a quand même 10 points de moins, facile.
00:05:35– Ils ne font que baisser, et c'est plutôt une bonne nouvelle, je dirais.
00:05:40– D'accord. On va faire dans l'ordre, comme ça.
00:05:43Alors, Olivier Piacentini.
00:05:44– Alors, pour analyser les résultats, moi, j'ai un livre en projet
00:05:49qui s'appelle « Les trois Frances ».
00:05:51– « Les trois Frances ».
00:05:52– Oui, qui a été écrit il y a quelques mois, je le finalise,
00:05:55et qui, finalement, est un peu précurseur, puisqu'on la retrouve.
00:06:00Vous avez la France de gauche, mais qui ne cesse de s'émietter,
00:06:03que j'appelle la France des banlieues, et effectivement,
00:06:06de toute une catégorie, je dirais, de bobos, mais un peu déclassés
00:06:11ou un peu hautes, qui est dans les centres-villes.
00:06:14– Et la jeunesse aussi, une partie de la jeunesse.
00:06:16– La jeunesse très jeune, c'est de 18 à 24 ans,
00:06:18parce qu'entre 24 et 34, on revoit des rênes.
00:06:20– C'est les rênes, absolument.
00:06:21– C'est-à-dire, c'est les jeunes qui arrivent sur le marché du travail
00:06:24au contact des réalités qui changent.
00:06:27– Donc ça, c'est la première France que vous voyez.
00:06:30– Oui.
00:06:31– La deuxième, c'est quoi ?
00:06:32– La France du mondialisme, la France des élites,
00:06:35et tout ce qui est de la périphérie des élites.
00:06:37– On l'appelle la France, je ne sais pas si vous avez capté ça,
00:06:39on l'appelle la France triple A.
00:06:41– Oui, c'est ça.
00:06:42– Celle qui vote Emmanuel Macron.
00:06:44– Mais là, il faudrait l'appeler triple zéro,
00:06:47parce que le triple A, justement, c'est à cause d'eux qu'on les a perdus.
00:06:50Donc bon, je ne sais pas si c'est le bon terme.
00:06:52Moi, je n'appellerais pas ça comme ça.
00:06:53– C'est aussi comme ça qu'on appelle l'andouillette.
00:06:55C'est celle qui est destinée à se faire manger.
00:06:57– Oui, et bien, il y a cette France-là.
00:06:59Et la troisième France, effectivement, la France de la ruralité,
00:07:02la France des périphéries, toute cette France qui est déclassée,
00:07:05qui est obligée de s'enloigner des centres-villes
00:07:08et de faire des heures dans les transports pour arriver à son travail.
00:07:11Il y avait un livre de Christophe Gulli, qui s'appelle la France périphérique,
00:07:14qu'il a parfaitement décrit.
00:07:16– Et l'archipélisation de la France.
00:07:18– Ça, c'est Jérôme Fourquet.
00:07:20Mais au-delà de l'archipélisation, je pense que ces trois blocs sont significatifs
00:07:23et se retrouvent dans les résultats électoraux.
00:07:26Et comme il y a presque une forme d'équivalence, enfin, pas tout à fait.
00:07:31Ce que j'appelle la France enracinée est plus nombreuse.
00:07:34Elle est plus nombreuse que les autres.
00:07:36C'est ce que j'avais décrit dans le livre.
00:07:38– Mais c'est marrant parce que cette France enracinée,
00:07:40quand on sait que les grandes périphéries de villes,
00:07:43ce n'est quand même pas des gens qui sont enracinés qui sont là.
00:07:46La ruralité, on peut parler de gens enracinés,
00:07:48mais ceux qui sont dans les grandes périphéries de villes,
00:07:50ce sont des gens qui ont été chassés du centre pour aller vivre à l'extérieur.
00:07:54– Oui, mais quand je dis enraciné, c'est une France traditionnelle.
00:07:57Vous comprenez, peut-être que le terme, on peut toujours le changer.
00:08:00C'est une France traditionnelle qui partage des valeurs,
00:08:03je dirais anciennes de la France et des valeurs éternelles, voilà.
00:08:07– Identitaires, ok.
00:08:08– Et ces trois Frances, en fait, ce que je décrivais dans le livre,
00:08:11c'est que la France mondialisée n'est pas assez nombreuse.
00:08:14Et que donc, elle fait systématiquement du pied à cette gauche,
00:08:18cette France des banlieues,
00:08:19pour essayer de contrer une France enracinée qui résiste à la mondialisation.
00:08:24– D'accord.
00:08:25– Bon, le problème, c'est que c'est de plus en plus étanche.
00:08:27Pourquoi ? Parce que l'échec patent du macronisme…
00:08:31– Les trois blocs ne communiquent plus.
00:08:33– Ils ne communiquent plus.
00:08:34– Ils fonctionnent en parallèle.
00:08:35– Pourquoi est-ce qu'ils ne communiquent plus ?
00:08:36C'est que, entre autres, puisque même le bloc mondialisé et le bloc gauche
00:08:41ne communiquent plus.
00:08:42Pourquoi ?
00:08:43A cause de l'échec fracassant de Macron,
00:08:46qui fait que personne ne veut vraiment s'allier avec lui,
00:08:49et ne pourra pas s'allier avec lui.
00:08:51Et à cause de la radicalisation du bloc de gauche avec LFI.
00:08:55Et donc, en voyant ce schéma-là, nous sommes un pays,
00:08:59et ça, je le dis, qui n'est plus tout à fait une nation unie et indivisible.
00:09:04Qui est un pays fractionné, fracturé, divisé.
00:09:09Et la situation électorale traduit ce complexe
00:09:13et cette grande difficulté que nous allons avoir dans les mois et les années à venir.
00:09:17– François, vous voyez, vous êtes sur cette ligne.
00:09:19Parce que moi, j'ai quand même déjà entendu ça.
00:09:22– On l'a entendu, et ça s'est vérifié à l'occasion de ce premier tour
00:09:25des élections législatives.
00:09:27Effectivement, trois Frances, trois Frances divisées,
00:09:30qui ne se comprennent plus, qui ne cohabitent même plus.
00:09:34Qui sont à peine côte à côte.
00:09:36Qui peut-être seront demain face à face
00:09:38pour reprendre l'expression d'un ancien ministre de l'Intérieur socialiste.
00:09:42– Exact. Gérard Pogeon.
00:09:44– J'ajouterais simplement une chose,
00:09:46parce que beaucoup de choses ont déjà été dites,
00:09:48mais sur le fait que le bloc, disons mondialiste,
00:09:53est moins important qu'il n'y paraît.
00:09:56Si vous ajoutez le score de Ensemble,
00:10:00donc le parti présidentiel, et les LR anciennes moutures,
00:10:06ils sont à 9,5% tout de même.
00:10:08– C'est ça. Mais est-ce qu'ils sont encore mondialistes ?
00:10:10– Vous êtes presque au niveau du bloc.
00:10:12On va le voir dans les prochains mois.
00:10:14– C'est pas sûr, c'est pas sûr. C'est plus en début, on va laisser finir.
00:10:17– Je pense que ces gens-là, c'est simplement le ventre mou.
00:10:19C'est le marais, donc ils vont aller, de toute façon,
00:10:22en fonction du rapport de force et de ce que la finance dit.
00:10:27Je pense par exemple qu'ils ont été très impressionnés
00:10:29par la réaction des marchés, la fameuse réaction des marchés,
00:10:33qui se sont révélés plutôt enthousiastes
00:10:36suite au premier tour de l'élection législative.
00:10:38Je pense que ces gens-là, on ne peut pas du tout leur faire confiance.
00:10:40Ils vont effectivement d'un côté ou de l'autre.
00:10:44Surtout, moi, ce que je m'en ressentis,
00:10:46parce que tout à peu près a été dit sur les résultats eux-mêmes,
00:10:50c'est qu'il n'y a aucun enthousiasme dans ces élections.
00:10:54Beaucoup de gens, en tout cas, devraient sauter de joie.
00:10:57Enfin, après des décennies de combats,
00:11:00on a tout de même un parti qui a été mis,
00:11:04sur lequel on a jeté l'opprobre pendant des années,
00:11:06qui est aux portes du pouvoir.
00:11:08Et pourtant, moi, ce que je ressens, c'est une atmosphère glaçante,
00:11:12une espèce d'angoisse générale,
00:11:14parce que qui a choisi d'organiser ces élections ?
00:11:18C'était Emmanuel Macron.
00:11:20C'est lui qui tire les ficelles aujourd'hui.
00:11:22Ce n'est pas une victoire préparée.
00:11:24Beaucoup de gens font le rapprochement avec 1980,
00:11:27la victoire de François Mitterrand, la grande bascule.
00:11:30Alors, sur le plan idéologique, c'est vrai.
00:11:32On sent qu'il y a…
00:11:33Effectivement, on change de monde, les références ne sont plus les mêmes.
00:11:36Je ne suis pas sûr d'ailleurs…
00:11:38Ceux qui viennent remplacer les gens qu'on attend,
00:11:40combattus à gauche, ne sont pas tous parfaitement admirables.
00:11:44Je ne rêve pas d'une France à Nouna et d'avoir…
00:11:48Mais si vous voulez, là, la différence,
00:11:51c'est que ce n'est pas une élection préparée.
00:11:53On aurait travaillé le terrain pendant des mois et des décennies.
00:11:56D'ailleurs, c'est marrant parce que le Rassemblement national
00:11:58n'a pas fait la fête dimanche soir.
00:12:00Exactement.
00:12:01Le centre a été fermé.
00:12:03Mais même le soir des Européennes, ils n'étaient pas…
00:12:05Il y avait une forme de gravité.
00:12:07Il y a une forme de gravité parce que la situation est absolument dramatique.
00:12:11On est au bord du gouffre sur tous les plans.
00:12:13Et donc, c'est une période très inquiétante.
00:12:15Et la seule chose dont je sois certain,
00:12:19c'est que justement, on ne peut pas avoir de certitude.
00:12:21On est rentré dans une période d'imprévisibilité.
00:12:24Mais c'est un peu… Pardon.
00:12:26C'est un peu ce qu'on nous racine depuis des années, la situation.
00:12:31Chaque gouvernement qui arrive,
00:12:33dit que la situation d'avant était épouvantable,
00:12:35et c'est la faute des autres.
00:12:37Et c'est une manière… Oui, mais pardon.
00:12:39Est-ce que ce n'est pas une manière de toujours promettre
00:12:42pour arriver au pouvoir,
00:12:44en disant, finalement, on ne va rien pouvoir faire
00:12:46parce que la situation est épouvantable ?
00:12:48Pour revenir sur les propos très intéressants…
00:12:50C'est ça aussi qui fait la déceptivité.
00:12:52Je pense que ce sont des propos de campagne assez habituels.
00:12:54Effectivement.
00:12:56De prévenir que, attention,
00:12:58on ne sait pas ce qu'on va trouver dans les caisses.
00:13:00Donc, il y a des promesses dont ce ne sont pas nos convictions.
00:13:02C'est la réalité qui va nous obliger à les revoir à la baisse.
00:13:04C'est quelque chose d'assez habituel.
00:13:06On a bien vu, d'ailleurs, le Rassemblement national,
00:13:08dans les deux dernières semaines,
00:13:10qui a demandé son programme.
00:13:12Dire que la retraite, finalement…
00:13:14Je trouve que c'est assez bon signe
00:13:16et assez encourageant de voir qu'au fur et à mesure
00:13:18que la probabilité du pouvoir s'approche,
00:13:20on devient plus pragmatique.
00:13:22On renonce à certaines promesses un peu démagogiques
00:13:24et même à une certaine forme d'idéologie,
00:13:26même si on garde quand même
00:13:28un cap philosophique assez fort.
00:13:30Vous rejoignez ce que disait François ?
00:13:32Pas surtout.
00:13:34Je dirais que je n'ai pas vécu la même campagne.
00:13:36J'ai trouvé qu'au contraire,
00:13:38cette surprise et cette dissolution
00:13:40qu'on n'attendait pas,
00:13:42et puis cette campagne,
00:13:44ça a donné un coup d'accélérateur
00:13:46à la vie politique et à l'histoire politique du pays
00:13:48qui était assez excitante, justement.
00:13:50C'est-à-dire qu'il y a toujours
00:13:52une telle inertie,
00:13:54une telle lenteur,
00:13:56un truc…
00:13:58On sait que maintenant, on en a pour trois ans,
00:14:00puis il y aura une longue campagne,
00:14:02et puis on sait un peu ce qui va arriver.
00:14:04Et là, ce coup d'accélérateur,
00:14:06c'est un résultat très encourageant.
00:14:08C'est-à-dire les résultats des Européennes
00:14:10qui se confirment dans les sondages et dans les résultats.
00:14:12Oui, mais bien sûr.
00:14:14Mais en fait, il y a la chape de plomb
00:14:16anti-RN,
00:14:18de cette espèce de coco de minute qu'on a mis sur le RN,
00:14:20qui est en train de se craqueler complètement.
00:14:22Comme dans tous les autres pays.
00:14:24Mais en France, comme nous sommes
00:14:26le pays des droits de l'homme,
00:14:28comme il y a quand même une sphère médiatique
00:14:30très omniprésente et très anti-patriote
00:14:32et nationaliste,
00:14:34il y a un coup, mais à cause du ras-le-bol des gens,
00:14:36de la situation catastrophique dans laquelle nous sommes.
00:14:38Pour revenir à ce que disait
00:14:40Devoyer.
00:14:42En 81,
00:14:44pourquoi est-ce qu'il y avait plus d'enthousiasme ?
00:14:46Tout simplement parce qu'il y avait de l'argent dans les caisses.
00:14:48Et d'ailleurs, lors du débat
00:14:50entre Giscard et Mitterrand, vous pouvez le revoir,
00:14:52à un moment donné, Giscard
00:14:54pose la question à Mitterrand, mais vous allez faire comment
00:14:56pour financer toutes vos promesses ?
00:14:58Et Mitterrand lui répond, mais vous nous laissez les caisses pleines.
00:15:00Alors il dit, ce n'est pas de politique, c'est de l'épicerie, etc.
00:15:02Moi, je vais faire de la croissance,
00:15:04du truc, bon, on a vu le résultat, évidemment.
00:15:06Bien, aujourd'hui, on pensait que
00:15:08les marges de manœuvre sont beaucoup plus étroites,
00:15:10car la situation
00:15:12de la France est désastreuse.
00:15:14Plus gros déficit budgétaire,
00:15:16plus gros déficit de la balance commerciale,
00:15:18le chômage qui baisse moins qu'ailleurs,
00:15:20l'inflation qui se maintient,
00:15:22la désindustrialisation.
00:15:24Le chômage qui n'a jamais été aussi bas en même temps.
00:15:26Le chômage baisse partout dans l'Union Européenne,
00:15:28et le pays où il baisse le plus, le moins,
00:15:30c'est la France. L'Italie, maintenant,
00:15:32a moins de chômeurs que la France, parce que la baisse du chômage
00:15:34est liée à un phénomène démographique,
00:15:36les classes du baby-boom qui partent à la retraite
00:15:38et qui libèrent des places. Donc,
00:15:40Macron n'y est pour rien, il n'y est que pour
00:15:42les catastrophes qu'il a semées partout.
00:15:44Et j'ajoute la situation internationale,
00:15:46parce que je pense qu'aussi,
00:15:48ayant vu Macron
00:15:50faire de la provocation avec Poutine,
00:15:52avec les risques que ça comporte,
00:15:54et en plus insister durant ses campagnes
00:15:56que lui va défendre l'Ukraine, etc.
00:15:58Je pense que certaines personnes
00:16:00ont été tentées plutôt de voter RN pour apaiser la situation.
00:16:02Vous voyez, je pense que là aussi,
00:16:04il n'a pas forcément gagné dans cet aspect.
00:16:06– Pardon, si on va vers…
00:16:08Ok, je vous cède la parole,
00:16:10mais si on va vers une forme de normalisation
00:16:12du RN qui irait
00:16:14dans le sens de Mélanie,
00:16:16pardonnez-moi, mais Mélanie est devenue
00:16:18atlantiste, est devenue… – Elle l'était déjà avant.
00:16:20– Ok. – C'est l'Italie qui est atlantiste.
00:16:22– D'accord, et vous pensez que la France n'est pas atlantiste ?
00:16:24– Elle l'est moins, dans son esprit.
00:16:26Mais, écoutez,
00:16:28vous voyez, moi j'entends… – Vous pensez que la France a peur
00:16:30d'une guerre contre la Russie ?
00:16:32– J'entends des tas de critiques. – Ce serait une motivation ?
00:16:34– Ah oui, ces 2-3 mois, moi je peux vous dire que beaucoup de gens de la rue
00:16:36avec qui je discute beaucoup,
00:16:38et ça m'inspire dans mes débats,
00:16:40beaucoup de gens avaient peur et reprochaient énormément
00:16:42à Macron cette attitude.
00:16:44Les gens commençaient à avoir peur de la guerre.
00:16:46Quand elle a parlé, n'oubliez pas qu'elle a gagné les élections européennes.
00:16:48– Tout à fait dans la perspective
00:16:50de ce qu'Olivier vient de dire.
00:16:52Je crois que s'il n'y a pas
00:16:54l'enthousiasme là,
00:16:56contrairement à 1981, l'enthousiasme du côté
00:16:58du Rassemblement National, etc.
00:17:00C'est que la psyché collective
00:17:02a une haute conscience
00:17:04de la série
00:17:06de tragédies
00:17:08qui se profilent.
00:17:10– C'est la gravité de la situation. – L'hyper-gravité de la situation.
00:17:12Il y a à la fois, comme ça vient d'être dit,
00:17:14les risques internationaux,
00:17:16le risque de guerre, on parle de guerre
00:17:18maintenant en Europe, tous les jours quand même,
00:17:20et le risque de 3ème guerre mondiale.
00:17:22Il y a d'autre part
00:17:24le spectre maintenant
00:17:26du nucléaire tactique qui commence
00:17:28à être brandi de plus en plus.
00:17:30– Brandi par Poutine. – Pas seulement.
00:17:32– Évidemment puisqu'on le provoque.
00:17:34– C'est quand même lui qui est à la manoeuvre.
00:17:36– On a plein de bombes nucléaires tactiques
00:17:38en Europe qui sont au gouvernement américain.
00:17:40Les gens ne le savent pas.
00:17:42Et puis, 3ème chose,
00:17:44par rapport à 1981, le grand remplacement
00:17:46a fait beaucoup de chemin.
00:17:48En 1981, on n'avait pas
00:17:50la submersion migratoire
00:17:52que nous avons aujourd'hui.
00:17:54Or, c'est l'éléphant dans la pièce, ça.
00:17:56On ne veut pas en parler
00:17:58dans les médias du système,
00:18:00mais il y a un malaise identitaire profond en France.
00:18:02Et il y a un malaise sécuritaire
00:18:04profond en France.
00:18:06Et ça compte énormément.
00:18:08Les gens ont parfaitement compris,
00:18:10dans l'ensemble,
00:18:12les électeurs du RN
00:18:14ont parfaitement compris
00:18:16que les tragédies sont devant nous.
00:18:18Et que de toute façon,
00:18:20on ne pourra pas contourner
00:18:22les tragédies.
00:18:24Et qu'il n'y aura pas un retour
00:18:26aux Trente Glorieuses,
00:18:28ou même aux années 70-80,
00:18:30qui étaient des années heureuses tout de même.
00:18:32Il n'y aura pas un retour
00:18:34à cette espèce d'ambiance
00:18:36de relative concorde sociale.
00:18:38– L'insouciance.
00:18:40– Les gens ont conscience.
00:18:42– Et pourtant, il y avait un insouciant.
00:18:44Pardonnez-moi, mais il y a 4 invités.
00:18:46J'en vois un qui est bronzé,
00:18:48qui a une chemise blanche ouverte jusqu'au nombril,
00:18:50un petit peu à la BHL,
00:18:52et qui a le grand sourire,
00:18:54c'est Cyril Benassar.
00:18:56Vous êtes quand même celui qui a la balade.
00:18:58– C'est une question qui vous trompera bien peut-être.
00:19:00– On parle de la similitude avec 1981.
00:19:02Effectivement, il y en a une qui est inversée.
00:19:04C'est-à-dire qu'en 1981, c'était la gauche
00:19:06qui était le camp de l'espoir,
00:19:08et puis la droite qui installait la peur.
00:19:10On avait peur de la gauche qui allait arriver.
00:19:12Cette fois-ci, c'est le contraire.
00:19:14C'est le Front National, le Rassemblement National
00:19:16qui incarne l'espoir, l'espoir d'un changement,
00:19:18et l'espoir, je crois effectivement,
00:19:20il y a le contexte économique qui est difficile,
00:19:22le chômage, tout ce qu'on veut,
00:19:24la difficulté du pouvoir d'achat.
00:19:26Mais il y a un autre thème qui est cher
00:19:28au cœur des électeurs aussi,
00:19:30c'est l'histoire du grand remplacement,
00:19:32c'est l'histoire de l'identité.
00:19:34Et là, ça suscite quand même un espoir
00:19:36qu'on va enfin changer de façon de faire,
00:19:38changer de logiciel, inverser l'échange.
00:19:40– Mais l'ennui, c'est que justement…
00:19:42– Et c'est à porter la main,
00:19:44c'est possible, ça va peut-être arriver.
00:19:46Donc le truc auquel certains finissaient
00:19:48par ne plus croire, moi j'ai entendu
00:19:50pendant des années, peut-être des décennies,
00:19:52de toute façon c'est foutu,
00:19:54les projections démographiques,
00:19:56la mentalité des Français,
00:19:58l'aveuglement face au grand remplacement
00:20:00qui se profile, et bien là on voit quand même
00:20:02qu'il y a un sursaut électoral
00:20:04et puis un espoir.
00:20:06Et puis la deuxième chose,
00:20:08effectivement il y a peut-être une certaine gravité,
00:20:10peut-être pas d'enthousiasme,
00:20:12peut-être pas de victoire célébrée dans la joie.
00:20:14Mais je crois que ça s'adresse,
00:20:16vous parlez des trois Frances, ça s'adresse
00:20:18à des Frances différentes, c'est-à-dire que
00:20:20quand Mitterrand gagne les élections,
00:20:22il y a, et il y a eu peut-être avant
00:20:24et pendant longtemps après, Place de la République,
00:20:26des concerts d'SOS Racisme, une France
00:20:28en fait qui a l'habitude de descendre dans la rue,
00:20:30de gueuler, de clamer,
00:20:32de protester, de manifester,
00:20:34c'est presque une kermesse,
00:20:36la manif Traine sa vague de Bastille à République,
00:20:38toutes les semaines, tous les 15 jours,
00:20:40c'est dans leur ADN, c'est dans leur habitude.
00:20:42Par contre, la France rurale qui voit le Front National monter,
00:20:44non, elle ne va pas descendre dans la rue
00:20:46avec des pétards, c'est la France tranquille.
00:20:48Et je trouve qu'il y a un slogan,
00:20:50c'est dommage qu'il ait déjà été pris il y a 40 ans,
00:20:52qui était la force tranquille,
00:20:54mais c'est vraiment aujourd'hui la force tranquille,
00:20:56la force silencieuse, discrète,
00:20:58qui attend,
00:21:00qui garde espoir,
00:21:02et je pense qu'il y a quand même beaucoup d'espoir
00:21:04et d'enthousiasme, même s'il est discret.
00:21:06François Devoyer, ce sera pour la conclusion
00:21:08de cette première partie.
00:21:10J'y vois plus de l'inquiétude,
00:21:12mais effectivement, oui, de grands changements s'annoncent.
00:21:14Souvenons-nous tout de même que
00:21:16précisément il y a 3 ans,
00:21:18en juin 2021,
00:21:20le Rassemblement National connaissait
00:21:22un de ses pires échecs électoraux
00:21:24à l'occasion des élections régionales.
00:21:26Tout peut se passer, et ce qui m'inquiète,
00:21:28c'est que tout est entre les mains de Macron.
00:21:30La bonne nouvelle, c'est que le Rassemblement National
00:21:32se comporte très bien, intelligemment,
00:21:34finement. La mauvaise,
00:21:36c'est que toutes les institutions
00:21:38aujourd'hui républicaines
00:21:40sont organisées pour lui mettre des bâtons dans les rouges.
00:21:42Si on a enfin une définition du système,
00:21:44c'est ce qu'on est en train
00:21:46de contempler à l'occasion de cet
00:21:48entre-deux-tours des législatives.
00:21:50Là, l'arc, il est visible.
00:21:52Le système dit son nom. – Oui, mais est-ce que François Mitterrand
00:21:54ne pouvait pas dire exactement la même chose en 1980 ?
00:21:56– Il y avait eu une pénétration
00:21:58des élites depuis… – Ils avaient fait le ménage.
00:22:00– Symboliquement 68.
00:22:02– Symboliquement 68, en fait. Il y avait eu 13 ans.
00:22:04Là, depuis combien de temps, réellement,
00:22:06on a des gens
00:22:08vraiment intégrés
00:22:10au système actuel ?
00:22:12Peut-être depuis 3 ou 4 ans.
00:22:14Et je vous assure qu'entre les CV envoyés,
00:22:16parce qu'effectivement, vous savez, il y a toute une vague
00:22:18de gens, de hauts fonctionnaires,
00:22:20qui se sont rapprochés des équipes
00:22:22de Jordan Bardella, mais entre leur
00:22:24envoi de CV et la réalité, quand on leur dira
00:22:26« Ah, alors, vous allez commencer
00:22:28dans une situation dramatique,
00:22:30peut-être que dans un an, le président
00:22:32décidera de dissoudre et puis vous serez grillés
00:22:34à vif si vous y allez », il y a un monde
00:22:36et les hauts fonctionnaires ne sont pas connus pour leur courage.
00:22:38Donc, moi, c'est ce que j'ai observé…
00:22:40– Mais il y en a aussi qui vont tourner
00:22:42casac. – S'il vous plaît,
00:22:44on va finir
00:22:46cette première partie pour essayer d'avoir
00:22:48du temps équilibré sur la deuxième.
00:22:50– Très bien.
00:22:52– Vous pouvez garder ça pour la deuxième partie ?
00:22:54Très bien. Allez, on se retrouve dans quelques secondes
00:22:56pour justement parler de la suite
00:22:58des majorités,
00:23:00des gouvernements possibles.
00:23:02C'est vers quoi on va se projeter.
00:23:04À tout de suite.
00:23:06Rebonjour.
00:23:08Deuxième partie de ce débat.
00:23:10Les résultats
00:23:12du deuxième tour sont quand même relativement incertains.
00:23:14On a vu que le
00:23:16nombre spectaculaire de triangulaires
00:23:18a beaucoup réduit
00:23:20avec l'existement
00:23:22de ceux
00:23:24arrivés en troisième position.
00:23:26On va se projeter sur les majorités
00:23:28possibles et sur peut-être
00:23:30quelque chose qui va arriver en France
00:23:32pour la première fois dans cette démocratie,
00:23:34c'est la nécessité
00:23:36de faire des vraies coalitions
00:23:38et d'apprendre à se parler
00:23:40entre parties, ce qu'on fait en Allemagne
00:23:42depuis toujours,
00:23:44ce qu'on fait dans quantité d'autres pays
00:23:46et ce que finalement on n'a jamais fait en France.
00:23:48Qui… ?
00:23:50Laurent Arthaud du Plessis.
00:23:52– Je dirais, il y a deux choses. D'abord, on va voir
00:23:54ce dimanche
00:23:56dans quelle mesure
00:23:58s'est creusé l'écart
00:24:00entre les états-majors des parties
00:24:02qui organisent
00:24:04ces nombreux
00:24:06désistements
00:24:08et qui donc
00:24:10font une tambouille politique
00:24:12pour, pourrait-on dire,
00:24:14tenir en échec
00:24:16la vox populi. Je dirais
00:24:18que c'est d'une certaine manière un déni de démocratie.
00:24:20Donc on va voir
00:24:22quel est l'écart entre
00:24:24ces états-majors et les électeurs,
00:24:26c'est-à-dire, les électeurs vont-ils
00:24:28faire les reports de voix
00:24:30que l'on leur demande de faire ?
00:24:32Ça, ça sera très intéressant d'observer ça.
00:24:34Et je dirais
00:24:36deuxième chose,
00:24:38la France n'a pas
00:24:40du tout une culture de gouvernement
00:24:42de coalition.
00:24:44D'ailleurs, la troisième et la quatrième républiques
00:24:46ont montré que c'était pas bien.
00:24:48Le général de Gaulle a fait
00:24:50une constitution avec Michel Debré
00:24:52pour justement adapter
00:24:54le régime politique,
00:24:56la constitution, au tempérament français.
00:24:58Et le tempérament français,
00:25:00il est ce qu'il est, il n'a pas changé.
00:25:02Et en fait,
00:25:04de gouvernement
00:25:06de coalition, on risque d'avoir
00:25:08un blocage parlementaire
00:25:10permanent et un retour
00:25:12à la quatrième république.
00:25:14Donc ça va être
00:25:16relativement catastrophique, me semble-t-il.
00:25:18S'il n'y a pas une majorité claire.
00:25:20Et je crains qu'il n'y en ait pas.
00:25:22Alors, concernant
00:25:24les reports, on a en fait des éléments
00:25:26très précis
00:25:28venant des élections de 2022.
00:25:30Ça a l'air d'être très très loin, mais ça n'est qu'il y a
00:25:32deux ans, rappelez-vous. Et on sait
00:25:34que finalement, déjà à cette époque,
00:25:36les instructions n'étaient qu'assez
00:25:38faiblement respectées.
00:25:40Elles vont l'être encore moins.
00:25:42C'était du genre, alors j'ai les chiffres,
00:25:4445% de la NUPES
00:25:46se reportait
00:25:48vers le candidat qui lui était recommandé.
00:25:50Et puis,
00:25:52certains allaient même vers le Rassemblement
00:25:54National.
00:25:56Ou vers Emmanuel Macron.
00:25:58Mais parce qu'ils sont anti-système,
00:26:00une partie de la LFI est anti-système.
00:26:02Mais pardon, oui.
00:26:04J'entends votre analyse,
00:26:06parce que c'est celle que j'avais,
00:26:08mais quand on regarde le respect
00:26:10des instructions par les électeurs
00:26:12d'Emmanuel Macron, environ
00:26:1450% se reportaient
00:26:16vers le candidat où on leur
00:26:18disait qu'il fallait aller voter, mais
00:26:2038% allaient vers la NUPES,
00:26:22et une vingtaine de pourcents,
00:26:24et une douzaine de pourcents allaient
00:26:26vers le Rassemblement National.
00:26:28Donc ça n'est pas si clair que ça.
00:26:30Je vais vous dire,
00:26:32les consignes
00:26:34de vote, tout ce qui est organisé là,
00:26:36risque de se retourner contre
00:26:38ceux qui le font. Parce que,
00:26:40qu'on le veuille ou non, le vote ERN
00:26:42est un vote
00:26:44contre le système, un vote de gens
00:26:46qui sont en colère contre le système, entre autres,
00:26:48il y a une partie qui adhère. – Ça veut dire que ce n'est pas un vote d'adhésion
00:26:50dans votre esprit ? – Non, je n'ai pas dit ça.
00:26:52C'est un vote, il y a un vote d'adhésion,
00:26:54mais une adhésion qui, aussi,
00:26:56représente la colère des fameuses classes
00:26:58dont on a parlé tout à l'heure.
00:27:00Là-dessus, cette colère, vous savez,
00:27:02même chez Macron, il y a des gens qui votent qui ne sont pas contents.
00:27:04Vous en avez qui votent
00:27:06qui ne sont pas contents, tout simplement parce qu'ils ont peur.
00:27:08Et à LFI, il y en a qui votent
00:27:10parce qu'ils ne sont pas contents, pour d'autres raisons,
00:27:12mais qui sont contre le système actuel.
00:27:14Et je peux vous dire, moi,
00:27:16dans tous les gens que je rencontre,
00:27:18encore une fois, j'ai la chance de rencontrer un petit peu
00:27:20toutes les couches de la société, que même des gens
00:27:22issus de l'immigration
00:27:24qui votent LFI, un peu dans un réflexe communautaire,
00:27:26sont très anti-système
00:27:28par ailleurs, et on pourrait vraiment se retrouver
00:27:30sur pas mal de points. Vous savez, j'ai même…
00:27:32– Ce qui veut dire que le pronostic de
00:27:34Laurent-Arthur Duplessis serait démenti,
00:27:36parce que s'il n'y a pas de report
00:27:38de gens du
00:27:40Nouveau Front Populaire, vers les candidats
00:27:42macronistes, ou de l'autre,
00:27:44ça va laisser là…
00:27:46– Cette tambouille peut même les desservir.
00:27:48Parce qu'encore une fois, la colère est
00:27:50très partagée, et les gens vont finir
00:27:52par se dire, mais on veut voter,
00:27:54on veut s'organiser, c'est les élites
00:27:56politiques qui veulent s'organiser contre le peuple.
00:27:58Vous voyez ? Et moi, je vais vous dire
00:28:00quelque chose. Vous avez cet aspect-là
00:28:02qui est très fort, et que l'on va sentir.
00:28:04Je crois vraiment
00:28:06que la fracture peuple-élite
00:28:08va apparaître encore plus fort
00:28:10ce coup-ci.
00:28:12Quand on voit des manifs
00:28:14contre le RN le soir, des élections,
00:28:16ça veut dire que vous manifestez contre le vote du peuple.
00:28:18C'est fou !
00:28:20Est-ce que nous, on a manifesté
00:28:22contre le vote Macron ? Ben non,
00:28:24on supporte, qu'est-ce que vous voulez faire ?
00:28:26Vous voyez, quand vous voyez un Émérique Caron
00:28:28qui propose de mettre un permis de voter…
00:28:30– Élu au premier tour.
00:28:32– Oui, là où il est, d'accord.
00:28:34– Permis de voter, ça, ça m'a échappé.
00:28:36Et permis de voter de quelle manière ?
00:28:38– Il a parlé, non, il a dit qu'un certain nombre
00:28:40d'électeurs étaient presque des incultes,
00:28:42enfin, il ne l'a pas dit comme ça,
00:28:44ils n'étaient pas assez éclairés, etc.
00:28:46Et qu'il faudrait instaurer un comité de sages
00:28:48qui attribuent un permis de voter.
00:28:50– Extraordinaire. C'est la porte ouverte
00:28:52vers le vote censitaire, ça.
00:28:54– Oui, vous savez, c'est les communistes,
00:28:56et tout ça, c'est partout comme ça.
00:28:58Est-ce que je vais l'avoir ? Je n'y crois pas.
00:29:00C'est-à-dire que moi, je ne suis pas si cultivé
00:29:02que les gens d'Amérique Caron,
00:29:04ou alors je suis un déviant.
00:29:06– Ce serait peut-être pas plus mal, vous concernant.
00:29:08– Vous voyez, vous voyez…
00:29:10– Je cède la parole à François Levoyer
00:29:12qui, lui, a le droit de détailler.
00:29:14– Première chose, selon les derniers sondages,
00:29:16c'est l'URN qui récolte
00:29:18le plus de votes d'adhésion,
00:29:20contrairement à ce qu'on pourrait imaginer.
00:29:22Bien plus qu'Ensemble, bien plus que
00:29:24le Nouveau Front Populaire.
00:29:26En fait, il y a deux scénarios possibles,
00:29:28il n'y en a pas 50.
00:29:30Une majorité relative pour l'URN
00:29:32ou majorité absolue pour l'URN.
00:29:34Bon, pas 50 possibilités.
00:29:36Impossible à prévoir, comme on le disait,
00:29:38parce que report de voix très délicat.
00:29:40Dans les bonnes nouvelles de fond,
00:29:42avant d'imaginer ces deux scénarios,
00:29:44c'est que les seules personnes…
00:29:46En fait, l'URN bénéficie clairement
00:29:48du rejet d'Emmanuel Macron.
00:29:50Tant mieux, c'est une occasion historique,
00:29:52profitons-en.
00:29:54Il cristallise tant d'inimitiés
00:29:56et d'injustices,
00:29:58d'inimitiés et de révulsions,
00:30:00qu'effectivement,
00:30:02on se jette dans les bras
00:30:04de son adversaire le plus visible.
00:30:06La bonne nouvelle, c'est qu'avec
00:30:08le petit jeu des reports de voix,
00:30:10ils sont en train…
00:30:12Le système qu'on observe là concrètement
00:30:14est en train de griller
00:30:16les seules personnes qui pourraient remplacer
00:30:18Emmanuel Macron. Je pense à Édouard Philippe
00:30:20qui vient d'appeler à voter communiste
00:30:22dans sa ville du Havre,
00:30:24tout en ayant dit deux jours avant
00:30:26qu'il n'y ait pas ni LFI,
00:30:28ni le Rational National.
00:30:30Donc, on a vraiment tout…
00:30:32C'est une pantalonnade hallucinante.
00:30:34Le spectacle que donne la vie politique
00:30:36depuis trois semaines finalement,
00:30:38si on part des élections européennes,
00:30:40absolument mais clownesque.
00:30:42Et c'est ça qui m'inquiète, c'est qu'il y a
00:30:44un risque, c'est qu'avec
00:30:46l'un de ces deux scénarios, la majorité absolue,
00:30:48où Emmanuel Macron
00:30:50va tout faire,
00:30:52et c'est déjà annoncé, en nommant
00:30:54les pires salopards
00:30:56dans les postes-clés, en empêchant
00:30:58tant qu'il peut, tant que la Constitution
00:31:00lui permet, Jordan Bardella,
00:31:02d'agir comme il le souhaite,
00:31:04avec le Conseil constitutionnel,
00:31:06le Conseil d'État, etc., il va tout faire
00:31:08pour empêcher l'action de ces gens.
00:31:10Les citoyens seront déçus
00:31:12et ils risquent de se jeter dans les bras
00:31:14de l'extrême-gauche à la fois.
00:31:16François, je voudrais un scénario.
00:31:18On est en situation RN
00:31:20minoritaire.
00:31:22Est-ce que Bardella risque pas de se transformer
00:31:24en Elisabeth Borne à coup de 49-3 ?
00:31:26Exactement.
00:31:28Oui, mais ça, c'est une situation
00:31:30qui est très défavorable, parce que si
00:31:32pendant trois ans Bardella
00:31:34gouverne de cette manière...
00:31:36Lui, il a l'excuse, on l'aura bloqué.
00:31:38Lui a l'excuse qu'on aura
00:31:40tout fait pour le bloquer.
00:31:42Vous pensez que c'est audible ?
00:31:44Pourquoi dites-vous que ça n'est pas audible, François Devoyer ?
00:31:46Parce que les gens n'ont pas de mémoire. Encore une fois,
00:31:48quand on parle de grande bascule, oui et non.
00:31:50Je pense qu'avant tout, aujourd'hui, les gens
00:31:52à trois mois près vont avoir totalement
00:31:54changé d'avis. Et même Macron le sait très bien.
00:31:56Il sait très bien diviser, jeter les gens contre les autres,
00:31:58les uns contre les autres.
00:32:00Et donc, non, je pense que ça fonctionnera
00:32:02trois mois.
00:32:04Au bout de six mois,
00:32:06c'est terminé. En gros, vous dites qu'il n'y a que deux scénarios.
00:32:08En fait, il n'y a que deux scénarios.
00:32:10Majorité absolue, majorité relative.
00:32:12Si c'est majorité absolue,
00:32:14elle sera fragile. Donc bon courage,
00:32:16parce que ça veut dire que Macron pourra faire tomber
00:32:18n'importe quel moment.
00:32:20Même si je le souhaite,
00:32:22parce que je pense qu'il faut agir dès maintenant,
00:32:24vu l'état de délabrement du pays,
00:32:26je pense que c'est le pire scénario.
00:32:28Et puis majorité relative.
00:32:30Et là, la difficulté sera de
00:32:32garder le feu sacré.
00:32:34Et continuer à représenter
00:32:36l'opposition par excellence
00:32:38à Emmanuel Macron
00:32:40en voyant la France littéralement s'enfoncer
00:32:42jour après jour.
00:32:44Il peut y avoir une option, c'est la démission de Macron.
00:32:46Merci Olivier. Cyril Benassar ?
00:32:48Oui, moi je crois effectivement que le suspense
00:32:50ne porte que là-dessus. Majorité absolue
00:32:52ou majorité relative. Après, quand on parle de coalition,
00:32:54ça ne sera pas une coalition
00:32:56tellement disparate en réalité.
00:32:58Parce que le ARN aura
00:33:00une immense majorité de députés
00:33:02et il lui manquera quelques députés d'appoint.
00:33:04Qu'il trouvera aisément au ALR,
00:33:06contrairement à tout ce
00:33:08qui s'est passé, parce que ce sont des propos de campagne.
00:33:10Évidemment, on s'oppose. Évidemment,
00:33:12le seul but dans une campagne,
00:33:14c'est de tirer le plus de voix possible.
00:33:16Et on raconte absolument tout ce qu'on peut
00:33:18pour ça.
00:33:20Quelquefois, évidemment, ça paraît
00:33:22grotesque quand la gauche nous ressort
00:33:24le théâtre antifasciste,
00:33:26après que Jospin a révélé
00:33:28en 2002 que ça n'était que du théâtre.
00:33:30Ils nous ressortent le décor, les acteurs,
00:33:32tout, et puis ça a l'air de marcher.
00:33:34On verra dans l'électorat.
00:33:36Ça marche médiatiquement.
00:33:38Sur le report de voix, effectivement, moi je crois
00:33:40qu'il y aura beaucoup de gens, des classes populaires qui votent à gauche
00:33:42qui se reporteront sur Jordan Bardet.
00:33:44Parce que l'antifascisme
00:33:46touche la partie
00:33:48élite, je dirais,
00:33:50et puis la partie immigrée de cet électorat.
00:33:52Mais la classe ouvrière qui est restée
00:33:56qui est restée à gauche,
00:33:58qui n'a pas voulu franchir le pas
00:34:00d'aller au Rassemblement national,
00:34:02elle existe. Simplement, elle est invisibilisée
00:34:04et elle est silencieuse parce que dès qu'il y en a un
00:34:06qui ouvre la bouche, il est viré automatiquement.
00:34:08On l'a vu avec Fabien Engelmann
00:34:10qui était, je crois, un délégué CGT
00:34:12qui est passé au FN, ça a été
00:34:14pestiféré, ça a été terminé.
00:34:16Par contre, au moment du vote, les gens voient leur intérêt.
00:34:18Il y a le pouvoir d'achat, il y a l'immigration
00:34:20de leur quartier, l'insécurité culturelle
00:34:22et physique.
00:34:24Ça joue aussi. Maintenant, moi,
00:34:26je suis persuadé qu'en cas de…
00:34:28Je suis persuadé, non, je vais un peu fort.
00:34:30Disons, j'ai le sentiment qu'en cas de majorité relative,
00:34:32il n'aura aucun mal à trouver
00:34:34les députés d'appoint parmi les LR.
00:34:36Au-delà des postures,
00:34:38il va y avoir
00:34:40un élan vers le pouvoir.
00:34:42Ils vont les séduire ou ils vont les corrompre,
00:34:44en promettant, parce que quand on a Matignon,
00:34:46on a accès à un certain nombre de postes,
00:34:48on a accès à des tas de moyens
00:34:50d'arranger le coup d'un député dans sa circonscription.
00:34:52Et même s'ils
00:34:54ne le font pas avec un grand enthousiasme,
00:34:56de toute façon, ils iront au RN
00:34:58et ils voteront les lois. Et s'ils ne le font pas,
00:35:00de toute façon, imaginons que le RN propose
00:35:02une loi sur l'arrêt du regroupement
00:35:04familial ou du droit du sol.
00:35:06Les 20 ou 30 députés LR
00:35:08qui s'y opposeront, ça se verra,
00:35:10ça se saura, je leur souhaite bien du courage
00:35:12après pour avoir une carrière politique
00:35:14dans leur courant d'idées.
00:35:16– Mais le RN quand même
00:35:18appelle à une union nationale.
00:35:20– Oui.
00:35:22– Qu'est-ce que ça veut dire une union nationale
00:35:24quand il s'agit de gouverner avec une assemblée de 577 députés ?
00:35:26– Ça veut dire que vu la situation
00:35:28catastrophique et très dangereuse
00:35:30de la France, on a besoin de toutes les énergies
00:35:32patriotes.
00:35:34Moi je vais vous dire, quel est le problème de cette élection ?
00:35:36On a le bloc
00:35:38alter-mondialiste qui fait ses voix,
00:35:40moins de 30%, ça fait des années.
00:35:42Le bloc mondialiste qui se réduit,
00:35:44qui est à 20-25. Il y a le bloc
00:35:46patriote qui fait presque 40, enfin 37-38.
00:35:48Et puis il y a le parti charnière,
00:35:50les LR, qui n'arrivent pas à se positionner
00:35:52dans le nouveau contexte politique,
00:35:54c'est-à-dire qu'avant c'était droite-gauche classique.
00:35:56– Ils jouent sa survie.
00:35:58– Et donc je suis persuadé
00:36:00qu'il va y avoir une catalysation
00:36:02supplémentaire, d'autant plus qu'on parle
00:36:04effectivement de la réaction antifasciste.
00:36:06Mais quel fascisme ?
00:36:08Est-ce que les gens voient encore l'URN
00:36:10comme des fascistes ? Moi je vais vous dire,
00:36:12on a eu Mme Meloni, on a eu Salvini,
00:36:14c'est le fascisme en Italie ? – Non.
00:36:16– Bien. On a eu Trump,
00:36:18c'est le fascisme ? Non.
00:36:20On a même eu Bolsonaro au Brésil.
00:36:22– Non, la nuance… – Quand vous annoncez le libéralisme,
00:36:24c'est ça qui…
00:36:26c'est la nouvelle version d'un…
00:36:28– Oui mais enfin écoutez, c'est pas flagrant,
00:36:30les gens n'ont pas peur de ça, voilà.
00:36:32Je regrette, les gens n'ont pas peur de ça.
00:36:34Parce que quand vous dites illibéralisme,
00:36:36ça veut dire plus d'autorité.
00:36:38Mais les gens en demandent.
00:36:40Quand c'est trop, trop, trop libéral,
00:36:42ça devient de l'anarchie.
00:36:44– Donc l'illibéralisme, c'est les libéraux
00:36:46qu'ils nomment et ça n'est pas plus que ça.
00:36:48– Pas les libéraux, moi, qu'on remette les mots,
00:36:50c'est une espèce de gauche libertarienne
00:36:52qui pense que tout le monde
00:36:54a le droit de faire ce qu'il veut,
00:36:56de penser ce qu'il veut,
00:36:58que tout le monde le rallie sur ses propres…
00:37:00– Excusez-moi, mais historiquement,
00:37:02les libertariens, ils se situent plutôt à droite.
00:37:04Il n'y a qu'à regarder les États-Unis.
00:37:06– Mais écoutez, moi je suis désolé,
00:37:08moi je me considère comme libéral.
00:37:10– Ils sont très attachés à la sécurité sociale
00:37:12pour des libertariens.
00:37:14– Moi, écoutez, je me considère comme libéral.
00:37:16C'est-à-dire que je défends avant tout
00:37:18la liberté et les libertés économiques.
00:37:20Mais le libéralisme, ça veut dire
00:37:22qu'il y a un État arbitre
00:37:24qui maintient l'ordre et l'équité
00:37:26dans la compétition.
00:37:28– Je parlais de coalition nationale, d'union nationale.
00:37:30Ça veut dire élargir le cercle.
00:37:32– Mais bien sûr.
00:37:34– Effectivement, j'entends ce terme
00:37:36et puis il fait chaud au cœur,
00:37:38mais dans la réalité, je trouve qu'ils ne sont pas
00:37:40tellement à la hauteur de cette prétention,
00:37:42de cette ambition. Même quand on voit
00:37:44les députés qui ont été présentés,
00:37:46il y a une hégémonie Rassemblement National
00:37:48qui est terrifiante, c'est le parti unique.
00:37:50Ils ont même…
00:37:52– Comme les autres, attendez.
00:37:54– Justement, on aurait pu attendre
00:37:56d'eux qui tendent la main
00:37:58à des gens qui ne présentaient aucun danger pour eux,
00:38:00mais qui étaient leurs compagnons de route.
00:38:02– Mais est-ce que les gens veulent venir ?
00:38:04– Je parle de Dupont-Aignan,
00:38:06je parle même d'Emmanuel Ménard,
00:38:08contre qui ils ont présenté
00:38:10un député dans sa circonscription.
00:38:12C'est-à-dire qu'il y a
00:38:14une espèce de…
00:38:16peut-être d'incapacité à partager le pouvoir.
00:38:18– Excusez-moi, vous parlez de gens
00:38:20qui ont fait des coups tordus aussi,
00:38:22qui sont là pour les faire ressentir comme ça,
00:38:24parce que moi, je vais vous dire quelque chose,
00:38:26moi, j'ai rien contre M. Zemmour
00:38:28et contre Reconquête, mais enfin, quand même,
00:38:30le soir du premier tour de la présidentielle,
00:38:32le soir du deuxième tour de la présidentielle,
00:38:34où on dit que pour la neuvième fois,
00:38:36les Le Pen ont perdu,
00:38:38vous trouvez que c'est quand même malin, politiquement ?
00:38:40– Écoutez…
00:38:42– Vous voyez, j'ai rien du tout contre Zemmour,
00:38:44au contraire, je dirais que son programme
00:38:46me sédie peut-être plus que les autres.
00:38:48Mais je trouve qu'il a une pratique des choses
00:38:50qui n'est pas politique, qui n'est pas maligne,
00:38:52qui n'est pas vers le…
00:38:54Et alors après, si vous voulez,
00:38:56vous avez un rejet de l'autre côté,
00:38:58vous avez une méfiance.
00:39:00– Il n'y a aucune raison d'avoir, moi je dirais…
00:39:02– Vous savez combien a fait Reconquête au niveau national ?
00:39:04– Il a fait 0,8. – 0,7.
00:39:06– 0,7, c'est terrible.
00:39:08– C'est bien Zemmour qui n'a pas voulu se rallier
00:39:10au groupe à l'issue des Européennes
00:39:12qui a provoqué le départ de Macron.
00:39:14– Je ne dirais pas que Zemmour a eu des pratiques déloyales,
00:39:16il a eu des mots très durs, effectivement.
00:39:18J'ai dit qu'il n'est pas engageant pour une coalition,
00:39:22c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il a l'occasion
00:39:24de faire la réunion, lui a des propos
00:39:26qui ont l'air, je dirais,
00:39:28d'ouvrir le fossé,
00:39:30plutôt qu'aux conseillers de l'Assemblée.
00:39:32– En même temps, il a bâti Reconquête
00:39:34sur l'idée que Marine Le Pen ne sera jamais élue.
00:39:36Donc quand elle est défaite,
00:39:38effectivement, il le dit, il dit,
00:39:40vous voyez, j'avais raison, elle est défaite.
00:39:42Maintenant, je trouve que l'essentiel…
00:39:44Enfin, il fait quand même le job parce que
00:39:46dans les premiers tours, il dit, j'appelle à voter Marine Le Pen.
00:39:48– Heureusement.
00:39:50– C'est quand même pas mal, c'est assez rare.
00:39:52– Je voudrais quand même revenir sur un scénario,
00:39:54je suis étonné que vous l'ayez écarté si vite,
00:39:56c'est celui d'une forme de centralité,
00:40:00où il y aurait tout ce qui peut venir de droite,
00:40:02tout ce qui peut venir de gauche,
00:40:04pour s'unir autour d'un nouveau Premier ministre.
00:40:06– Ça ne peut pas.
00:40:08Parce qu'il y a beaucoup de gens dans ce schéma-là
00:40:10qui n'iront pas avec la LFI,
00:40:12et qui vous le disent déjà.
00:40:14– Il y a même une partie des Macronistes.
00:40:16– Non, mais là, je ne parle pas de LFI,
00:40:18LFI, on voit bien avec Mélenchon…
00:40:20– Non, mais vous, vous parlez LR, Macron et PS.
00:40:22– Moi, je vais de LR…
00:40:24– Il n'y a pas le compte.
00:40:26– … au communiste, d'une certaine manière.
00:40:28– Ça ne fait pas le compte.
00:40:30– Laurent-Arthur Duplessis.
00:40:32– Je crois qu'il y a un scénario
00:40:34sur lequel mise Macron, qui est le suivant.
00:40:36C'est que le Rassemblement National,
00:40:40soit à Matignon, Bardella ou autre,
00:40:42pendant un an,
00:40:44Macron ne peut pas déchauffer l'Assemblée nationale.
00:40:46– C'est ça.
00:40:48– Mais, après, il pourra.
00:40:50Donc, l'idée serait que l'exercice du pouvoir
00:40:56discrédite le Rassemblement National,
00:40:58parce que les obstacles sont tellement nombreux,
00:41:02internes, comme on l'a dit,
00:41:04avec le Conseil constitutionnel,
00:41:06le Conseil d'État,
00:41:08externes, avec le droit européen,
00:41:12et avec les marchés financiers.
00:41:16– Qui ôtent la peau du premier gouvernement
00:41:18de François Mitterrand.
00:41:20– Oui, la Banque centrale européenne.
00:41:22Le risque d'une crise obligataire,
00:41:26déclenchée par la Banque centrale européenne,
00:41:30qui entraîne une explosion des taux d'intérêt
00:41:34sur la France, comme ça a été le cas pour la Grèce,
00:41:36et donc une bérésina financière française,
00:41:42que Macron mettra sur le dos du Rassemblement National,
00:41:46et à ce moment-là, Macron prendra à témoin
00:41:50le peuple français, alors les envoyez bien.
00:41:52Le Rassemblement National vous mène dans le fossé,
00:41:56dans le ravin, donc je dissous l'Assemblée nationale,
00:42:00je provoque de nouvelles élections législatives,
00:42:02et cette fois-ci, vous avez compris,
00:42:04vous allez vous recentrer quelques peu.
00:42:08– Vous êtes d'accord à peu près avec ce scénario ?
00:42:10– Non, je suis désolé.
00:42:12– François Devoyer ?
00:42:14– C'est le scénario que je déployais tout à l'heure.
00:42:16– Oui, je suis d'accord avec vous.
00:42:18– C'est très inquiétant.
00:42:20– Donc un gouvernement RN, mais…
00:42:22– Et on revient à cela, celui qui tire les ficelles,
00:42:24c'est Emmanuel Macron, c'est ça qui m'inquiète.
00:42:26– Très rapide, si vous voulez.
00:42:28– Je ne suis pas d'accord, je vais vous dire,
00:42:30parce que la catastrophe financière,
00:42:32on reviendra à Macron, c'est-à-dire que,
00:42:34même si le RN n'y arrive pas, qu'il a effectivement
00:42:38le ventre des marchés et autres,
00:42:40les gens ont déjà compris que Macron nous a mis en faillite,
00:42:44puisque nous avons les agences de notation,
00:42:46la BCE, et maintenant même le FMI,
00:42:48qui envisage presque une mise sous tutelle de la France,
00:42:52on y est, donc les gens voient bien…
00:42:54– Mais ce serait Édouard Philippe Goudard maintenant ?
00:42:56– Et donc j'ai du mal à croire que les gens vont oublier tout ça.
00:43:00– Alors, moi, c'est le calcul que je prête à Macron,
00:43:04mais je ne dis pas que son calcul est le bon.
00:43:06– Alors, on est d'accord.
00:43:08– Moi, je crois au contraire que le curseur est parti vers la droite,
00:43:10et il ira de plus en plus vers la droite,
00:43:12et ne reviendra pas au centre.
00:43:14– Exactement.
00:43:16– Et qu'après le RN, il y aura peut-être autre chose.
00:43:18– Moi, c'est ce que je voulais répondre tout à l'heure
00:43:20à mon collègue, quand il parlait…
00:43:24– Ça s'appelle François Devoyer.
00:43:26– François Devoyer, oui, bien sûr, je le connais.
00:43:28– Allez-y, allez-y.
00:43:30Vous avez promis de faire très court, je vous rappelle.
00:43:32– Bon, il parle d'un possible arrivé de LFI derrière.
00:43:36Non, je pense que là, on est rentré de plein pied,
00:43:40avec la traduction politique dans la démondialisation
00:43:42que moi, je sens depuis dix ans,
00:43:44et ça ne reviendra pas à la gauche.
00:43:46La gauche, aujourd'hui, on ne parle que d'elle,
00:43:48parce qu'elle fait du bruit,
00:43:50parce que c'est la bête qui est en train de mourir,
00:43:52alors elle excite les trucs, on remue l'électorat communautaire,
00:43:54on fait des tas de trucs,
00:43:56et c'est toujours pareil, ça fait dix ans qu'il ne dépasse pas les 30%.
00:43:58Et là, maintenant, même avec la hantise du FN,
00:44:00il ne dépasse pas les 30%.
00:44:02On ne reviendra pas à la gauche.
00:44:04C'est fini, c'est terminé.
00:44:06En fait, s'il y a échec du RN, il va y avoir…
00:44:08– Ça, on va l'enregistrer,
00:44:10parce que vous annoncez la mort de la gauche,
00:44:12qui ne reviendra jamais.
00:44:14– Pas la mort, mais elle va rester cantonnée.
00:44:16Mais vous savez, en général, mes prévisions se réalisent.
00:44:20– Il faut tenir compte aussi.
00:44:22– Vous êtes là depuis des années, vous devriez voir.
00:44:24– Vous demandez de tenir la rubrique, Astro.
00:44:26– Il y a peut-être une possibilité
00:44:28pour que la gauche échappe à votre prophétie,
00:44:30c'est qu'elle réagisse à la danoise,
00:44:32ou même à l'anglaise.
00:44:34Elle a l'air d'en être incapable,
00:44:36mais qui aurait dit, il y a quelque temps,
00:44:38que les anglais vireraient Jérémy Corbyn
00:44:40et mettraient quelqu'un qui dirait
00:44:42« l'immigration, ça suffit ».
00:44:44C'est totalement improbable.
00:44:46C'est peut-être sa seule chance.
00:44:48– Il y a des parties de gauche
00:44:50qui sont plus responsables
00:44:52sur la question de l'immigration.
00:44:54Dans beaucoup de pays, c'est chez nous.
00:44:56– Olivier, on s'arrête.
00:44:58Fin de la deuxième partie,
00:45:00on bascule vers la troisième partie.
00:45:02Et là, on va parler personnalité pour gouverner
00:45:04et attitude d'Emmanuel Macron.
00:45:06Là, on a du grain à moudre.
00:45:08À tout de suite.
00:45:10Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
00:45:13Allez, on en braille sur la troisième partie.
00:45:16Après avoir vu les scénarios
00:45:18avec quand même de l'avis
00:45:20à peu près unanime
00:45:22de scénario RN majoritaire
00:45:24ou RN avec un complément,
00:45:26on va maintenant regarder
00:45:28les personnalités à même de gouverner.
00:45:30Et on va aussi regarder
00:45:32un point essentiel
00:45:34qui est la place du Président de la République
00:45:36dans un phénomène de cohabitation
00:45:38parce qu'on en a déjà vu,
00:45:40à plusieurs reprises,
00:45:42sous la Ve République.
00:45:44Mais c'est peut-être une nouvelle cohabitation
00:45:46qui s'annonce.
00:45:48Alors, c'est une nouvelle cohabitation
00:45:50qui s'annonce,
00:45:52Franck, vous avez bien raison,
00:45:54parce qu'on ne pourra pas tellement la comparer
00:45:56aux précédentes cohabitations.
00:45:58Les précédentes cohabitations s'inscrivaient
00:46:00tout de même dans un certain consensus
00:46:02sur un certain nombre
00:46:04de valeurs, entre guillemets,
00:46:06un mot dont on fait un grand usage actuellement.
00:46:08Et il y avait
00:46:10tout de même moyen
00:46:12de s'entendre entre le Président
00:46:14de la République en place
00:46:16et le Premier ministre de cohabitation.
00:46:18Tandis que là, tout oppose.
00:46:20Tout opposera Bardella,
00:46:22si c'est lui le Premier ministre,
00:46:24à Macron.
00:46:26Donc là, le bras de fer sera quotidien,
00:46:28matin, midi et soir.
00:46:30Les contresseins présidentiels
00:46:32feront la grève générale.
00:46:34Mitterrand,
00:46:36de temps en temps, ne contresignait pas.
00:46:38Mais enfin, il osait.
00:46:40Tandis que là,
00:46:42ça va être
00:46:44à grande échelle de la part de Macron.
00:46:46Et celui-ci
00:46:48va s'ingénier à
00:46:50entraver Bardella
00:46:52chaque jour dans l'exercice
00:46:54du pouvoir. – Donc vous pronostiquez
00:46:56une cohabitation arde,
00:46:58on va dire. – Alors une cohabitation
00:47:00d'une extrême tension. Car même
00:47:02si Bardella
00:47:04pourra essayer
00:47:06d'arrondir les angles
00:47:08pour justement montrer
00:47:10que le Rassemblement National est un parti
00:47:12de gouvernement, il sera
00:47:14dans le pouvoir de Macron
00:47:16de gripper complètement l'exercice
00:47:18du pouvoir de Matignon.
00:47:20Et donc,
00:47:22je pense que Macron,
00:47:24à ce moment-là, s'ingéniera
00:47:26à offrir au peuple français
00:47:28le spectacle
00:47:30d'une paralysie
00:47:32gouvernementale. – Et pourtant, Marine Le Pen
00:47:34a dit,
00:47:36en gros, elle veut renvoyer
00:47:38le Président de la République à un rôle de la quatrième
00:47:40en disant, celui qui détient
00:47:42les budgets, c'est Matignon.
00:47:44Et le Président de la République, finalement, n'est pas
00:47:46Marine Le Pen. – Oui, mais la constitution de la cinquième
00:47:48n'est pas celle de la quatrième.
00:47:50Le Général de Gaulle a voulu
00:47:52donner tout de même au Président de la République
00:47:54un pouvoir extrêmement important qui n'avait pas
00:47:56le Président de la quatrième ni le Président de la troisième.
00:47:58Donc ça ne fonctionnera
00:48:00pas du tout de la même façon que sous la quatrième.
00:48:02– Mais pourquoi faire le pouvoir du Président de la République ?
00:48:04– Alors Olivier Piacentini, vous êtes sur cette ligne
00:48:06ou vous pensez que ça va être plus aisé ? – Alors je suis un peu plus
00:48:08fiancé, bien que j'entende l'argument
00:48:10de Laurent.
00:48:12Le Président a quand même des pouvoirs restreints
00:48:14par rapport au Premier Ministre sur la conduite
00:48:16de la politique gouvernementale. Il a
00:48:18effectivement des espèces de droits de veto,
00:48:20des possibilités un petit peu de nuire.
00:48:22Et il va effectivement les actionner
00:48:24le plus possible. Il y a également
00:48:26sa proximité avec le Conseil du Constitutionnel,
00:48:28le Conseil d'État et l'Union Européenne
00:48:30qui est là aussi certainement
00:48:32et qui n'hésitera pas à mettre les bâtons dans les roues.
00:48:34– Plus la BCE aussi. – Mais ceci dit,
00:48:36il y a quand même le fait que le Premier Ministre
00:48:38se voit attribuer
00:48:40la conduite de la politique
00:48:42par la Constitution très clairement
00:48:44et puis il y a la nouvelle légitimité.
00:48:46Macron depuis 2022 a une légitimité
00:48:48limitée puisqu'il n'a même pas eu…
00:48:50– De majorité. – C'est le seul Président
00:48:52qui à l'issue de son élection n'a même pas de majorité.
00:48:54Ça veut dire que les gens ont voté par dépit
00:48:56mais ne donnent pas un blanc-seing à sa politique.
00:48:58Donc là il va y avoir
00:49:00une nouvelle légitimité qui va être très forte
00:49:02parce qu'en plus
00:49:04elle aura réussi
00:49:06à passer la haie
00:49:08du barrage monstrueux qu'il y a autour.
00:49:10Donc je pense qu'il va falloir
00:49:12qu'il le fasse avec de la finesse
00:49:14parce que les gens… – Vous parlez qui du Premier Ministre ?
00:49:16– Les deux mais du Président également.
00:49:18– Le Président. – Parce que les gens
00:49:20en voyant vraiment une obstruction systématique
00:49:22risquent de prendre le parti
00:49:24au contraire de renforcer
00:49:26la position de Bardella
00:49:28parce que je pense qu'il y a un courant qui porte quand même ce côté-là
00:49:30et l'opinion ira
00:49:32au moins dans un premier temps
00:49:34dans le sens du RN.
00:49:36– Mais ça vous parlez de l'État de grâce
00:49:38qui suit à peu près toute élection.
00:49:40Vous allez au-delà de l'État de grâce
00:49:42tandis que c'est devant moi encore.
00:49:44– Moi je pense sérieusement que si Macron affiche trop
00:49:46une envie de bloquer
00:49:48il va le reprendre encore.
00:49:50– Oui mais il y a des subtilités
00:49:52qui vont échapper au public c'est-à-dire qu'il y a…
00:49:54– À ceux du RN de se mettre en avant.
00:49:56– Des coups tordus dans les coulisses du pouvoir
00:49:58qui sont accessibles à des initiés
00:50:00à des juristes,
00:50:02à des politologues
00:50:04mais l'essentiel du grand public…
00:50:06– Vous pensez à quoi Laurent Arthaud du Plessis ?
00:50:08– Ou bien par exemple les contresens qui n'arrivent pas.
00:50:10Il faudra vraiment
00:50:12que Bardella
00:50:14à ce moment-là
00:50:16enfourche les trompettes
00:50:18de la protestation
00:50:20et prenne constamment
00:50:22à témoin le peuple seulement
00:50:24il y a un autre problème
00:50:26dont on n'a pas encore parlé ici
00:50:28c'est la structure des médias en France
00:50:30parce que pour prendre
00:50:32à témoin le peuple
00:50:34encore faut-il que les médias
00:50:36fassent leur travail correctement
00:50:38or nous sommes très bien
00:50:40placés ici pour savoir
00:50:42que les médias du système
00:50:44verrouillent l'information
00:50:46nonobstant
00:50:48les médias sociaux qui justement
00:50:50sont un contre-pouvoir et des médias
00:50:52comme TV Liberté qui sont un contre-pouvoir
00:50:54mais on voit bien tout de même
00:50:56que les médias du système occupent
00:50:58une position massive
00:51:00et extrêmement…
00:51:02– Vous ne croyez pas une capacité des médias
00:51:04actuels à devenir un peu plus plastique ?
00:51:06– Non, non, non. – À s'adapter ?
00:51:08– Ça a commencé déjà.
00:51:10Il y a une réflexion.
00:51:12– Ils sont crispés je trouve.
00:51:14– Pas tous, la gauche a perdu son hégémonie
00:51:16dans les médias depuis Bolloré, depuis CNews
00:51:18– Ah oui ?
00:51:20– Et si ils sont devenus
00:51:22première chaîne d'info ça veut dire quelque chose.
00:51:24– Oui, non mais…
00:51:26– Je crois qu'effectivement il y a un pouvoir immense.
00:51:28– CNews c'est pour les intellos,
00:51:30c'est la première chaîne d'info,
00:51:32les chaînes d'info c'est les intellos qui regardent les chaînes d'info.
00:51:34– Oui et ça je crois…
00:51:36– Les grands publics ils regardent pas CNews,
00:51:38ils regardent pas LCI.
00:51:40C'est très marginal.
00:51:42C'est très bien l'écosystème Bolloré,
00:51:44je m'en réjouis tous les jours
00:51:46mais il reste marginal,
00:51:48marginal.
00:51:50Le grand public il regarde quoi ?
00:51:52Le journal de 20h sur la première chaîne,
00:51:54la deuxième chaîne, la troisième chaîne,
00:51:56il regarde pas CNews ou LCI.
00:51:58– Mais il y a quand même une affection déjà depuis 15 jours.
00:52:00– Et puis je trouve que les médiacrates
00:52:02qui sont sur les grands médias
00:52:04que je regarde beaucoup
00:52:06parce que justement
00:52:08j'essaye de suivre cette évolution-là,
00:52:10je les trouve au contraire
00:52:12arcoboutés sur leur position
00:52:14doctrinaire et doctrinale
00:52:16et ils craignent d'ailleurs
00:52:18pour leur place justement,
00:52:20pour leur boulot et donc
00:52:22ils défendent leur biftec
00:52:24et ils défendent donc la DOXA officielle.
00:52:26Vous savez les chaînes d'info
00:52:28c'est pour un public restreint.
00:52:30– Attendez Laurent,
00:52:32le réalisateur qui est très malicieux
00:52:34m'a dit il faudrait que Laurent-Arthur Duplessis
00:52:36arrête de regarder France 5.
00:52:38– Ah oui ?
00:52:40– C'est drôle.
00:52:42François Devoyer,
00:52:44je voudrais quand même qu'on parle un petit peu des personnalités
00:52:46parce que
00:52:48si on se dirige
00:52:50vers une cohabitation arde
00:52:52avec des subtilités
00:52:54comme la non-contresignature
00:52:56dont vous parliez,
00:52:58est-ce que Bardella
00:53:00il n'est pas un peu vert pour faire ça ?
00:53:02Est-ce que
00:53:04le Rassemblement National
00:53:06ne devrait pas aller chercher
00:53:08un politicien un peu plus madré ?
00:53:10Je pense au maire de Perpignan par exemple.
00:53:12– Oui, mais le problème
00:53:14c'est que la figure charismatique
00:53:16c'est Bardella.
00:53:18Il a porté
00:53:20on peut dire
00:53:22l'ascension électorale du Rassemblement National.
00:53:24Marine l'a mis
00:53:26en avant, elle a fait un choix
00:53:28d'ailleurs extrêmement judicieux pour ça.
00:53:30– Il y a quelques années déjà.
00:53:32– Oui, elle a réussi ça,
00:53:34c'est qu'il y a une Bardella-mania
00:53:36si on peut dire, et Bardella
00:53:38est devenu un personnage absolument charismatique.
00:53:40Et d'ailleurs il a drainé
00:53:42vers le Rassemblement National des CSP+,
00:53:44comme on dit,
00:53:46qui sont venus au Rassemblement National,
00:53:48au vote Rassemblement National, grâce à Bardella.
00:53:50– Oui, les jeunes,
00:53:52ça c'est la nouvelle structuration du vote.
00:53:54– Des cadres, des patrons PME,
00:53:56des professions libérales et des retraités.
00:53:58– François Devoyer.
00:54:00– Il a une grande qualité aussi,
00:54:02il a un flagme incroyable.
00:54:04Je le connais bien depuis 10 ans,
00:54:06c'est quelqu'un qui est d'une égalité,
00:54:08d'une équanimité,
00:54:10d'humeur et de compréhension.
00:54:12– Vous pensez qu'il est armé pour résister
00:54:14à la pression ?
00:54:16– Pour résumer, s'il a un bon directeur de cabinet,
00:54:18oui.
00:54:20Ce qui va se jouer,
00:54:22c'est les directions de cabinet.
00:54:24Aujourd'hui un ministre,
00:54:26d'ailleurs, ne doit pas être un technicien,
00:54:28c'est faux de dire qu'on est revenu à l'ère des techniciens
00:54:30à cause du Saint-Simonisme
00:54:32macronien,
00:54:34mais il ne faut surtout pas que les politiques
00:54:36soient des techniciens.
00:54:38Donc l'essentiel c'est d'avoir des équipes
00:54:40solides, je crois qu'ils sont
00:54:42en train de le construire. En revanche,
00:54:44ce qui m'inquiète, et ça me permet de rebondir
00:54:46sur ce que disait Olivier Piatchintine
00:54:48tout à l'heure, c'est que la cohabitation
00:54:50pourrait être douce.
00:54:52Je n'y crois pas une seconde.
00:54:54Pourquoi ? Parce que justement Emmanuel Macron
00:54:56a fait le choix, délibérément,
00:54:58contre l'avis de tous
00:55:00ses conseillers, de dissoudre maintenant,
00:55:02juste avant les Jeux Olympiques.
00:55:04C'est-à-dire, clairement, il l'a dit,
00:55:06la grenade des goupillets qu'il leur a jetée
00:55:08dans les jambes, et il y a eu encore
00:55:10une phrase, et là c'était public, parce que
00:55:12la grenade des goupillets, c'est moi un
00:55:14bandit du canard. Ce qu'il a dit
00:55:16très clairement, c'est « je l'ai pris pour moi ».
00:55:18Mais vous imaginez que cet homme
00:55:20qui est quand même
00:55:22majeur Président de la République,
00:55:24peut dire une chose pareille.
00:55:26Moi je pense qu'il est dans la nuisance
00:55:28totale, et il fera absolument
00:55:30tout pour laisser
00:55:32ces nérons...
00:55:34Vraiment, quand il a choisi
00:55:36cette dissolution, je m'en doutais
00:55:38de la dissolution,
00:55:40mais qu'il préparait un coup, parce que le 6 juin,
00:55:42je ne sais pas si vous avez écouté
00:55:44son intervention, il était onctueux,
00:55:46douceureux, vraiment
00:55:48l'enfant capricieux qui mijote
00:55:50une saloperie. Et effectivement,
00:55:52il a fait ce truc aberrant,
00:55:54et il ne faut pas imaginer qu'il va s'arrêter là.
00:55:56Il va tout faire pour laisser, moi je pense que
00:55:58ces nérons devant Rome qui brûlent,
00:56:00il est déjà dans l'extase,
00:56:02il ira jusqu'à l'épectase,
00:56:04jusqu'à mourir dans la jouissance.
00:56:08Juste un mot sur Emmanuel Macron,
00:56:10un pronostic, est-ce que vous pensez
00:56:12que c'est un Président de la République
00:56:14qui peut tenir 3 ans,
00:56:16puisque les prochaines élections,
00:56:18c'est 2027, ou est-ce que
00:56:20vous pensez que globalement,
00:56:22il va à nouveau renverser la table
00:56:24et provoquer des élections présidentielles ?
00:56:26Il va essayer en tout cas de renverser la table,
00:56:28ce qu'il a dans l'idée lui, c'est de guetter
00:56:30l'usure du pouvoir,
00:56:32l'usure éventuelle du Rassemblement national
00:56:34à Montignon, pour,
00:56:36quand il pensera que ce sera
00:56:38le bon moment, qu'il ait raison d'auteur,
00:56:40qu'il ne se trompe pas,
00:56:42c'est de dissoudre à nouveau
00:56:44et de renvoyer
00:56:46les députés devant les électeurs.
00:56:48Donc vous le voyez tenir
00:56:50au minimum une année encore.
00:56:52Mais il est trop orgueilleux pour lâcher
00:56:54son narcissisme,
00:56:56son égotisme
00:56:58et tout ce que
00:57:00vous venez de décrire
00:57:02et que je partage tout à fait,
00:57:04fait qu'il ne lâchera pas
00:57:06le pouvoir comme ça, Macron.
00:57:08Qu'il vienne le chercher.
00:57:10Je vais faire le tour.
00:57:12Cyril Benassar, vous êtes sur cette position-là aussi ?
00:57:14Écoutez, franchement, je ne sais pas
00:57:16quel diagnostic psychologique
00:57:18ils vont faire de Macron.
00:57:20J'ai l'impression qu'effectivement,
00:57:22dans cette dissolution,
00:57:24il y a une opposition
00:57:26qui ne cesse de me
00:57:28se piller. Vous voulez le pouvoir ?
00:57:30Ben chiche, prenez-le, on verra.
00:57:32Quelque chose de cet ordre.
00:57:34Derrière 2027, Macron ne peut pas se représenter.
00:57:36C'est l'homme des coups de poker, Macron.
00:57:38Oui, mais s'il ne peut pas se représenter
00:57:40et qu'il va faire autre chose
00:57:42de sa vie après 2027,
00:57:44ce sera sans doute l'objet
00:57:46d'un débat, mais on va attendre quelques temps,
00:57:48il peut se dire
00:57:50j'anticipe et en 2025,
00:57:52je pars à la pêche.
00:57:54Non, parce que la pêche ne l'intéresse pas, Macron.
00:57:56La pêche ne l'intéresse pas, c'est un hyper-nerveux,
00:57:58un hyper-actif.
00:58:00Il est en plus
00:58:02extrêmement ambitieux
00:58:04et il se rêve en Washington
00:58:06de l'Europe, c'est-à-dire en
00:58:08demi-urge de la nation européenne.
00:58:10Oui, je pense aussi que ça n'est qu'une étape
00:58:12dans sa carrière et qu'il vise
00:58:14autre chose, peut-être de l'instance européenne
00:58:16ou mondiale ou présidentielle.
00:58:18Pour être le Washington européen, il ne faut pas quitter le pouvoir
00:58:20aussi piteusement.
00:58:22Il ne peut pas laisser un champ de ruines derrière lui.
00:58:24Pour être le Washington européen,
00:58:26il faut qu'il apparaisse comme étant
00:58:28le démolisseur du Rassemblement national
00:58:30et le démolisseur de la candidature
00:58:32de Marine en 2027
00:58:34ou avant 2027.
00:58:36Donc, il voudra
00:58:38qu'il soit dit
00:58:40qu'il n'aura pas laissé en partant
00:58:42le Rassemblement national
00:58:44triompher au pouvoir en France.
00:58:46Parce que si c'est ça, ses ambitions
00:58:48européennes seront ruinées.
00:58:50Il ne pourra pas être sauvé
00:58:52par les États-Unis.
00:58:54Je continue le tour de table sur ce que vous pensez
00:58:56de Macron.
00:58:58Je pense que ça peut totalement ruiner son image
00:59:00et son avenir
00:59:02s'il est trop voyant qu'il met des bâtons dans les roues
00:59:04à l'exécutif et qu'il empêche
00:59:06le Rassemblement national de gouverner.
00:59:08Il faudrait qu'il choisisse
00:59:10ce qui lui semblera le moindre à lui.
00:59:12Ça ne lui sera pas pardonné.
00:59:14J'ai entendu un entretien
00:59:16de Giscard d'Estaing,
00:59:18on remonte très loin,
00:59:20en 1978 il y a eu des élections législatives
00:59:22et
00:59:24il y avait eu
00:59:26Giscard d'Estaing
00:59:28avait envisagé une cohabitation.
00:59:30Et il avait dit, moi
00:59:32je partais à Rambouillet
00:59:34et je ne revenais que le mercredi matin
00:59:36pour faire le Conseil des ministres,
00:59:38Conseil des ministres et je repartais à Rambouillet.
00:59:40Est-ce que ça c'est...
00:59:42Une autre notion
00:59:44de son rôle
00:59:46que Macron, Giscard d'Estaing c'est un homme d'État
00:59:48on aime, on n'aime pas, on est contre.
00:59:50Je suis désolé, ce n'était pas un homme de coups tordus
00:59:52et de choses comme ça, tout le monde le sait
00:59:54d'ailleurs il a fini par le payer.
00:59:56Je voudrais en revenir, François
00:59:58tu m'as dit, Piacentini pensait
01:00:00que la cohabitation serait douce.
01:00:02J'ai dit que
01:00:04la population
01:00:06prendrait le parti du Front National,
01:00:08du Rassemblement National et du Premier ministre
01:00:10si Macron
01:00:12commençait à trop lui mettre les bâtons dans les roues.
01:00:14Moi je connais bien Macron,
01:00:16j'ai écrit un bouquin sur lui,
01:00:18j'ai fait vraiment une enquête.
01:00:20C'est quelqu'un, et je l'ai dit pendant les gilets jaunes
01:00:22qui est capable
01:00:24de par certains points de son vécu
01:00:26que je ne peux pas trop
01:00:28exprimer, est capable
01:00:30d'être quelqu'un de blindé
01:00:32qui est seul contre tous.
01:00:34C'est une situation qu'il apprécie.
01:00:36Et lors des gilets jaunes, il a retourné la situation
01:00:38alors qu'il était seul contre tous.
01:00:40Donc c'est quelqu'un,
01:00:42si vous voulez,
01:00:44qui ne limite pas ses capacités de puissance.
01:00:46Sauf que,
01:00:48quand vous êtes à ce point discrédité,
01:00:50quand vous êtes à ce point
01:00:52dans le trou, quand les gens
01:00:54ne vous écoutent plus,
01:00:56quand il y a une haine
01:00:58aussi forte contre vous
01:01:00que les gens pensent même que vous œuvrez
01:01:02délibérément contre la France,
01:01:04que vous êtes un président qui ne défend pas
01:01:06les intérêts de la France, parce que c'est
01:01:08ce que les gens disent. C'est difficile
01:01:10de remonter ça et de
01:01:12trouver un soutien populaire.
01:01:14Et les gens vont l'observer justement
01:01:16à l'angle des coups tordus qu'il est capable de faire.
01:01:18Et je pense vraiment
01:01:20qu'il est actuellement très mal en point,
01:01:22qu'effectivement il vise la présidence
01:01:24de l'Union Européenne. Mais
01:01:26Laurent, vous avez dit tout à l'heure,
01:01:28il veut se présenter comme l'homme
01:01:30qui va torpiller le Front National.
01:01:32C'est ce qu'il avait dit déjà il y a 7 ans. Mais en fait, au lieu de ça,
01:01:34il faut avouer qu'il a fait bonté.
01:01:36Vous le voyez tenir 3 ans ou vous le voyez démissionner
01:01:38de manière anticipée ?
01:01:40Non, si il y a une politique à conduire à ce niveau
01:01:42vis-à-vis du Rassemblement National,
01:01:44ils doivent essayer de le pousser dans ses retranchements
01:01:46et à provoquer une démission de sa part.
01:01:48L'avoir à l'usure.
01:01:50L'avoir à l'usure, parce que vraiment,
01:01:52l'avoir à l'usure en
01:01:54convoquant toujours une opinion publique
01:01:56qui lui soit de plus en plus hostile.
01:01:58Et je vous répète, il y a quand même le terreau qui est là.
01:02:00Parce que les gens, à la différence
01:02:02par exemple d'un Mitterrand qui était un
01:02:04populaire à un moment donné, quand il a perdu l'égislative,
01:02:06mais qui a remonté la pente, les gens
01:02:08ne disaient pas que Mitterrand était quelqu'un
01:02:10qui travaillait contre la France. Il disait que sa politique
01:02:12n'était pas bonne. Mais personne ne lui prêtait
01:02:14des mauvaises intentions, si vous voulez.
01:02:16Et en plus, il représentait quand même bien la France.
01:02:18A l'international, tout le monde lui reconnaissait
01:02:20une stature. Je vais vous couper parce que...
01:02:22Oui, coupez-moi.
01:02:24Il y en a un qui... Pardon, et on a aussi
01:02:26des émissions à enregistrer derrière. Allez, François
01:02:28de Voyer. Je dirais simplement, le pouvoir
01:02:30est un poison
01:02:32qui isole, entre autres.
01:02:34On le voit avec Emmanuel Macron
01:02:36qui est quelqu'un de fragile, parce que je pense
01:02:38que c'est quelqu'un de fragile et de dangereux
01:02:40et de dingue.
01:02:42Eh bien, je pense qu'il n'est plus
01:02:44dans la rationalité du tout.
01:02:46Et je pense qu'il n'a plus... Autrement dit, vous n'excluez rien.
01:02:48Il n'a plus de barrière. Et là, il me rappelle
01:02:50le côté... Qu'il vienne
01:02:52me chercher, justement, pendant la séquence
01:02:54des Gilets jaunes. Et il a ce sentiment
01:02:56de toute puissance
01:02:58qu'on retrouve chez Vladimir Poutine
01:03:00en Russie, après 24 ans
01:03:02de pouvoir. Il a beaucoup plus de sang froid, Poutine.
01:03:04Et lui, je pense qu'il a été
01:03:06empoisonné, lui aussi, par le pouvoir
01:03:08à long terme. Et qu'il a fait cette grave
01:03:10erreur en Ukraine
01:03:12pour les mêmes raisons qu'Emmanuel Macron
01:03:14a fait cette grave erreur de la dissolution.
01:03:16Je pense vraiment qu'il y a quelque chose
01:03:18qui abîme.
01:03:20Et contrairement à Vladimir Poutine,
01:03:22Emmanuel Macron a des fragilités
01:03:24et n'a pas de limite, il n'a pas de barrière,
01:03:26il n'a pas de surmoi, j'allais dire.
01:03:28Et il n'a pas du tout le sens de l'État.
01:03:30Et donc, ça peut très mal
01:03:32finir.
01:03:34Très bien, je n'aurais pas dû dire ça.
01:03:36Mais globalement, j'ai compris.
01:03:38Nous nous retrouvons dans 15 jours.
01:03:40Ce sera la dernière émission
01:03:42avant la pause de l'été. Et on aura
01:03:44les résultats du deuxième tour.
01:03:46Et on aura peut-être un nouveau gouvernement.
01:03:48Donc ce sera l'occasion de nouveaux débats.
01:03:50Donc rendez-vous dans 15 jours.
01:03:52A très vite.