• il y a 4 mois
Pierre Bellemare comme vous ne l’avez jamais entendu ! C’est la promesse de ce nouveau podcast imaginé à partir des archives exceptionnelles du Service Patrimoine Sonore d’Europe 1.
Affaires criminelles, true crime, crimes, enquêtes, crimes historiques ou plus récents, crimes crapuleux, crimes familiaux, crimes inexpliqués surtout : Pierre Bellemare est le pionnier des grands conteurs de récits radiophoniques. Dans les années 70, cette voix culte d’Europe 1 a tenu en haleine les auditeurs avec ses histoires extraordinaires. Des histoires vraies de crimes en tout genre qui mettent en scène des personnages effrayants, bizarres ou fous. Des phrases à couper le souffle, des silences lourds de suspense, un univers de polar saisissant et puissant.
Avec un son remasterisé et un habillage modernisé, plongez ou replongez dans les grands récits extraordinaires de Pierre Bellemare.

En août 1969, à Los Angeles, la femme de ménage de Roman Polanski découvre chez le réalisateur les cadavres de Sharon Tate et le meilleur ami du couple. Sur la porte principale le mot "Cochon" est inscrit avec le sang des victimes. Sur place, la police découvre trois autres corps sans vie. Il s’agit d’un vrai massacre organisé.

Deux jours plus tard, les assassins frappent à nouveau par un double meurtre avec le même acharnement. Cette fois il est écrit "Mort aux cochons" avec le sang des victimes.

Le temps passe et la police croise dans la rue une jeune fille de 21 ans, complètement droguée. Elle raconte qu’elle fait partie de la secte “Les esclaves de Satan” qui lutte contre la société et les possédants. Son gourou est un dénommé Charles Manson, qui se trouve être la clé de l’enquête des tueries organisées à Hollywood…

Pierre Bellemare raconte cette terrible histoire qui a secoué le monde entier dans cet épisode du podcast "Les récits extraordinaires de Pierre Bellemare", issu des archives d’Europe 1 et produit par Europe 1 Studio.
Retrouvez "Les Récits extraordinaires de Pierre Bellemare" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-recits-extraordinaires-de-pierre-bellemare

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00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:1010 050, Cielo Drive, Bel Air, Los Angeles. Une adresse de rêve. Route du ciel, quartier de
00:22Bel Air, village des anges, ouvrant sur le Pacifique. Presque un défi au destin. Une
00:31ravissante propriété secrète et isolée qui étonne par son style grand jeu retapé avec poutre
00:36apparente dans ce village des stars hollywoodiennes. Samedi 9 août 1969, 8h10 du matin, leur calme au
00:47monde des couche-tards. La femme de ménage du cinéaste Roman Polanski arrête sa chevrolet
00:55grise devant la barrière de bois rustique et s'engage d'un pas allègre sur le sentier d'aller
01:00qui traverse les pelouses. Tout le monde dort, c'est bien, pense-t-elle. Mistette a bien raison
01:07de se reposer, l'accouchement c'est pour bientôt. Elle traverse la chambre inoccupée du rez-de-chaussée,
01:13pousse la porte de chaîne vernie qui donne sur le vaste living-room. Quel désordre, pense-t-elle.
01:20Des cendriers pleins de mégots qui traînent sur les tables basses, des verres partout encore à
01:27demi-plein de whisky, des magazines par terre. C'est un spectacle auquel elle est habituée. En effet,
01:33depuis que M. Polanski est parti pour Londres préparer un film, c'est comme ça presque tous
01:37les matins. Mistette, sa femme, a peur la nuit dans cette grande maison isolée et ses amis viennent
01:42lui tenir compagnie. C'est bien normal. Encore que parmi ses amis, il y en a quelques-uns, enfin,
01:49ça la regarde. Penchée sur une table reversée qu'elle remet sur ses pieds, la femme de ménage
01:57se redresse, lève les yeux et se fige sur place, paralysée vers l'horreur, incapable de hurler.
02:08À la colossale poutre de chêne qui traverse la pièce, deux cadavres se balancent aux deux
02:15bouts d'une corde de nylon blanc, une femme et un homme. Elle, c'est Sharon Tate, le visage masqué
02:25par la lourde masse de ses cheveux blonds, ruislante de sang jusqu'aux pieds qui touchent de
02:28sol. Lui, malgré la cagoule noire qui lui recouvre la tête, la femme de ménage reconnaît au premier
02:35coup d'œil, c'est l'ancien fiancé de Miss Tate, resté après son mariage avec Polanski,
02:40le meilleur ami du couple. Son corps est lacéré, son sexe tranché. Terrorisée, la femme de ménage
02:47fait deux pas en arrière. Un trente-trois tours se brise sous son talon. Ses yeux agrandis par
02:52l'horreur regardent sans enregistrer. Sur le grand sofable vert, un drapeau américain déployé avec
02:59soin plein de sang. Un fauteuil de cuir à vannes renversé là, des chaises renversées ici.
03:05Et du sang, du sang partout. Un spectacle, un spectacle de folie. La police, il faut appeler
03:13la police. Le téléphone, pas de tonalité. Les fils sont coupés. Les voisins, vite, prévenez les
03:20voisins. La femme sort de la maison en courant, se retourne. Sur la porte principale, un doigt
03:26trempé dans le sang a tracé en lettres énormes un mot. Cochon. L'horreur de cette tragédie
03:34l'une des plus effrayantes de ces dix dernières années ne fait que commencer.
03:56Quatre hommes, tout de suite. Il y a eu une tuerie chez les Polanski à Beverly Hills. Le lieutenant
04:03Helder de la brigade criminelle repose brutalement son téléphone. Quelques minutes plus tard,
04:09sur la pelouse du 10 050 Route du Ciel, il aboie des ordres brefs. « Smith, au pavillon des gardiens,
04:17que personne n'en sorte. Thompson, Lemmy, vous restez dehors, vous surveillez toutes les issues.
04:23Sam, tu rentres avec moi. » Un cri stoppe le lieutenant qui révolvère au point s'apprête
04:30à entrer dans la maison. « Chef, chef, venez voir. » À l'extrême gauche de la pelouse,
04:37à l'ombre d'un arrocaria géant, deux taches claires sur l'herbe verte, deux corps allongés.
04:46Une jeune fille brune en chemise de nuit, le drap court étoilé d'une large trace de sang sur le
04:52sein gauche. Un visage ravissant déformé par la terreur. « Morte. » « Mais ? » « Mais c'est
05:00la fille du roi du café, dit le lieutenant. » « Bon, oui. » Près d'elle, étendue sur le dos,
05:06un corps d'homme en short et chemise à rayures verte et mauve. Une déchirure au milieu du dos.
05:12Le sergent Sam se penche. « Un coup de révolver tirait presque à bout portant. Les traces de
05:20poudre sont visibles à l'œil nu sur la chemise. « Mais ce que je ne comprends pas, c'est ça,
05:25joute-t-il en montrant les jambes tailladées de toutes parts, de longues estaphilades encore
05:28saignantes. On s'est acharné dessus à coups de poignard. » L'agent Smith arrive en courant,
05:34interrompant la contemplation horrifiée des deux policiers. « Encore un, lieutenant. » Sur la
05:38petite allée, près de la maison du gardien, dans une conduite intérieure grise, portière ouverte,
05:42un gars de vingt ans, une balle en plein cœur. « Oui, ce n'est plus un crime, c'est une tuerie. »
05:50Une heure plus tard, dans le living-room tragique des deux premières découvertes,
05:58des hommes en uniforme prennent des mesures à la craie, jettent des notes sur des calepins,
06:03tandis que d'autres tentent de faire le bilan du carnage. Chéron tête d'abord. Elle a été
06:10poignardée avant d'être pendue. Son ex-fiancée aussi. La fille du roi du café, c'est aussi un coup
06:17de couteau. Le type sur la pelouse, c'est un ami des Polanski, polonais, trente-sept ans,
06:23écrivain, cinéaste, coureur automobile, playboy, tué d'un coup de revolver, comme l'autre dans la
06:29voiture, vingt ans, tué avec la même arme apparemment. « Mais le gardien, demande le
06:35lieutenant. On le garde à vue ? Il n'a rien entendu. C'est nous qui l'avons réveillé. » Une vraie
06:43tête de bitnique. Il a été arrêté il n'y a pas longtemps dans un bar. Il refilait de la drogue à un hippie.
06:48Sur les lieux maintenant, deux lieutenants, dix-neuf inspecteurs de police, des experts
06:55des laboratoires de criminologie. La maison est le seul témoin du massacre. Elle doit parler. Si on
07:01l'examine pouce par pouce, murs, portes, meubles, linges, vaisselles, disques, courriers, tapis,
07:06poubelles même, on trouvera bien un indice, une preuve, une empreinte. « Lieutenant, venez voir. »
07:14Oh, je ne sais pas si ça a eu une importance quelconque, mais ça m'a paru bizarre. L'officier
07:20de police suit son sergent vers une petite bibliothèque d'acajou. « Traité de démonologie,
07:27le matin des magiciens, le sexe et les sorcières, la sorcellerie à travers les âges, le sabbat des
07:34sorcières, comment voûter vos ennemis. » Curieuse bibliothèque. Sacrée histoire. Et oui, on dirait
07:43un film de Polanski, une mise en scène macabre, de la drogue, de la magie. Car, vous vous souvenez
07:50sûrement, chers amis, que les deux grands films qui ont fait la célébrité de ce jeune émigré
07:53polonais, c'était Kudsa et Répulsion, puis ce fut Rosemary Baby et enfin le fameux Bal des
07:59Vampires dont Sharon Tate était la vedette et qui se termina par le mariage de Roman Polanski et
08:04de Sharon Tate. Aujourd'hui bouleversé par la tragédie de Beverly Hills, le monde entier se
08:10dit que la réalité dépasse la fiction. 1969, rappelez-vous. La Californie, le plus grand
08:16état d'Amérique qui compte alors 20 millions d'habitants, est devenue le refuge des délinquants
08:20de tous les pays. Los Angeles est surnommée l'Eldorado du crime, son plus grand problème
08:25est celui de la criminalité. Le chef du FBI vient de publier un rapport sur le crime aux Etats-Unis,
08:31rapport effrayant. Le taux de criminalité a augmenté de 122% depuis 1960 et la population
08:37de 11%. En 1958, une personne sur 50 a été assassinée, volée, violée ou agressée. Et à
08:45mesure que le crime augmente, la police connaît de plus en plus d'échecs. Ce qui vous explique qu'en
08:50ce mois d'août 1969, l'Amérique soit soulevée tout à la fois par l'horreur d'une tragédie et par
08:54la terreur d'un état social qui maintenant menace tout un chacun. Car depuis deux mois que
09:00les Polanskis sont installés à Beverly Hills, locataires de cette belle propriété que Michel
09:04Morgan avait fait construire en 1940 quand elle s'installa à Los Angeles, ils se sont fait des
09:09amis, on les aime bien. On aime bien en Amérique les gens qui se sont fait leur fortune à la force
09:14de leur talent. Qui pouvait leur vouloir tant de mal ? À quel mobile peut-on imputer la fureur
09:20d'un individu qui a labouré de coups de poignard le ventre d'une jeune femme enceinte de huit mois
09:24qui allait mettre au monde quelques semaines plus tard son premier fils ? Oui, c'eût été un fils.
09:30Eh bien la maison ne parle pas. Pas d'indices, pas d'empreintes, pas l'ombre d'une preuve matérielle.
09:37On cherche des mobiles, bien sûr, les cinq victimes sont jeunes, riches, célèbres. Mais
09:42c'est leur seul dénominateur commun et on les a tués toutes les cinq. Gerontet, fille d'officier
09:50né à Dallas, avait fait des études sages avant de se laisser séduire par l'art dramatique, d'être
09:55élue Miss Washington et de commencer une carrière d'actrice. Elle était belle, douce, gentille. Son
10:00ex-fiancée, trouvée pendue à côté d'elle, était le coiffeur célèbre des grandes vedettes de
10:06Hollywood. Généreuse, séduisante, amateur de toutes les sensations fortes, il a fasciné un
10:11moment à la jeune Sharon. Le temps de leur fiançaille fut pour les amis de la jeune fille
10:15une époque d'inquiétude. Elle se maquillait outrageusement, portait des toilettes provocantes,
10:19abusait du whisky, fumait de la marihuana. Et puis, tout d'un coup, dans un sursaut de santé,
10:23d'instinct de conservation, elle avait rompu avec lui, épousé Polanski et retrouvait tout son
10:28équilibre heureux. La fille du roi du café, elle avait 26 ans. Son père était le président de la
10:34Folger Coffee Company. Elle était un peu excentrique, hors fèvre en matière de philosophie
10:39à dos. Elle assistait à des séances de méditation. Depuis six mois, elle s'occupait aussi de bonnes
10:44oeuvres et vivait entre Los Angeles et San Francisco dans les résidences de sa famille.
10:50L'homme plus âgé, polonais comme Polanski, l'avait aidé à ses débuts et ce dernier le
10:55lui avait bien rendu. Il habitait maintenant chez Polanski et exerçait avec succès et sans fracas
10:59son métier de médecin de scénariste. Lui et la fille du roi du café étaient, dit-on, très liés
11:05depuis plusieurs mois. Quant au jeune homme de 20 ans trouvé mort dans la voiture, il n'avait lui
11:11rien à voir ni avec le cinéma, ni avec la coiffure, ni avec l'industrie du café. Étudiant, il vivait
11:17avec ses parents et pendant ses vacances s'était trouvé un travail provisoire, comme beaucoup
11:21d'étudiants, dans une entreprise de plomberie. Ses parents ignoraient totalement qu'hier soir il
11:26était chez les Polanski. La liste est close. La police cherche à établir les liens entre toutes
11:33ces vies. Les raisons apparentes ou cachées, les hasards ou coïncidences qui ont fait que cinq
11:37personnes se soient retrouvées au même endroit au même moment pourraient être massacrées.
11:42Ou alors est-ce Polanski qui était visé ? Envie, jalousie, antisémitisme, haine pour
11:50l'étranger émigré, vengeance d'une bande de ces névrosés ou de ces drogués dont il a fait
11:55les sujets de ses films. Un crime pareil ne peut être absolument gratuit. La police patauge. On ne
12:02sait rien. On ne retrouve pas les armes des crimes. On ignore dans quel ordre ils ont eu lieu. Se basant
12:08sur la coupure des fils du téléphone, le lieutenant de police est persuadé que c'est
12:11une tuerie organisée, soigneusement organisée et qu'il a pu y avoir un, deux ou même trois
12:16tueurs. Certains détails intriguent. Le mot cochon écrit en lettres de sang sur la porte d'entrée,
12:22la cagoule noire qui recouvrait la tête du coiffeur célèbre et qui évoque le Ku Klux Klan. On pense
12:27à la drogue. Le gardien en fait trafic et on vient de retrouver des sachets dans la voiture du
12:31coiffeur. Meurtre rituel d'une secte ? Vengeance de drogué avec qui l'une des cinq victimes ne
12:38se serait pas montrée régulière. L'avocat du gardien affirme, mes experts et ceux de la police
12:45ont enquêté auprès de toutes les sectes possibles. Aucun rituel de magie noire n'utilise une cagoule
12:51et une corde. Aucune secte occulte ne pratique cette technique de meurtre rituel. Au bout de
12:58deux jours de recherche d'hypothèses, de questions qui restent sans réponse, la police en est là,
13:02c'est-à-dire nulle part. Et voilà qu'éclate un nouveau drame.
13:07Les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast européen.
13:18Deux jours plus tard donc, les assassins frappent à nouveau. Un double meurtre
13:24perpétré dans les mêmes conditions, avec la même sauvagerie, le même acharnement. Les victimes,
13:32deux personnes âgées, M. et Mme Labianca, propriétaires d'une chaîne de supermarché.
13:38On les a ficelés sur un sofa, on a recouvert leur tête d'un linge avant de transpercer leur
13:45corps à coups de couteau. Sur la porte blanche du réfrigérateur, badigeonnés en lettres de sang
13:51les mots « mort au cochon ». Et voilà qu'un beau jour, au hasard d'une ronde de routine,
14:01des agents appréhendent titubant sur un chemin une jeune fille de 21 ans,
14:06visiblement droguée à mort, Suzanne Atkins. Et d'un seul coup tout se précipite. Dans un
14:16état second, c'est le moins que l'on puisse dire, elle parle. Avec une grande douceur extasiée,
14:22elle raconte, elle se raconte. Elle fait partie des esclaves de Satan, une secte dont chaque membre
14:32doit faire le serment de lutter par tous les moyens contre la société et les possédants.
14:37« Les Polanskis ? Mais je pense bien qu'elle est au courant. »
14:42« C'est elle qui les a tués tous. Enfin, pas elle toute seule. Il y avait aussi Patricia,
14:5022 ans, et puis Linda, 20 ans, et puis Charles ditex, 24 ans, fils d'un épicier texan. »
14:58L'effroyable tuerie était due à trois filles de 20 à 22 ans, aidées par un gars de 24.
15:06Sans la moindre résistance, avec une aisance et un naturel désarmement, la jeune droguée guide
15:14les policiers jusqu'au quartier général des esclaves de Satan, un campement à l'orée du
15:19désert de la mort en Californie. Oui, le désert de la mort.
15:23Présentation au gourou, maître tout puissant de la tribu, un petit homme crasseux, barbu et chevelu,
15:31les pupilles dilatées, 36 ans. C'est Charles Manson, dit Jésus, dit Dieu, dit Satan,
15:37dit aussi Himmi, diminutif de Hitler, dans le jargon hippie.
15:43Pour les Polanskis, il a seulement téléguidé. Pour les Laviancas, il a participé personnellement.
15:52La tribu ? Une trentaine de garçons et de filles qui ont déserté leur famille,
15:58leur milieu, la société. Une trentaine de jeunes paumés,
16:01désœuvrés qui s'épouillent au soleil, gratent de la guitare, forniquent en groupe et se défoncent
16:08au LSD. Une trentaine d'illuminés, abrités dans un vieux ranch délabré et abandonné,
16:12envoûtés par Manson, qu'ils prennent pour un dieu. Au procès, devant les juges et le jury de
16:20Los Angeles, les jeunes accusés papotent gaiement. Suzanne est vêtue d'une tunique plussielle sous
16:26laquelle pointe sa poitrine nue, une autre est émoulée dans une très mini-robe à dessin abstrait,
16:32la troisième est en verre et rose. Chaque fille qui arrivait au camp était rouée de coups,
16:39puis violée par tous les garçons et les filles du ranch. C'était la première initiation d'Ilinda
16:44d'une voix tranquille. Charlie, il est tout pour moi. Dès qu'il m'a possédé le monde a vacillé,
16:52il a été immédiatement mon maître. C'est un homme qui ne sait que donner. Si on le regarde,
16:59on peut voir l'amour sourde de lui comme d'une source, dit Patricia, d'une voix évanescente.
17:05Charlie est capable de tout, dit la troisième. Il peut faire couler s'il le veut les murs de sa
17:10prison. Je l'ai vu faire des miracles. Un jour, nous étions dans le désert et un petit oiseau
17:17est mort. Charlie l'a pris dans sa main, a soufflé dessus et l'oiseau s'est envolé. Une autre fois,
17:26il a redonné la jeunesse à un vieillard. Malheureusement, ça n'a pas duré car l'homme
17:31n'avait pas la foi. Les juges, les jurés, le public sont pétrifiés. Mais ces crimes abominables,
17:43enfin, pourquoi ? Il a fixé son regard noir sur le nôtre. Il a ordonné de tuer. Nous avons tué,
17:54dit l'une des filles. Vous comprenez, c'est un dieu. Il devine toutes nos pensées. Si je lis un
18:01livre, il est capable de mendier le contenu sans le connaître. Et s'il se concentre très
18:06profondément, il peut guérir aussi les maladies des chevaux. Tranquillement, tout au long du
18:15procès, les crimes abominables sont reconstitués. Le 8 août 1969, vers dix heures du soir,
18:23Charles Manson a donc envoyé son commando, copieusement drogué au préalable, nettoyer
18:28la Villa des Anges. Il leur a distribué couteaux et pistolets et recommandé d'emporter des vêtements
18:34de rechange à cause du sang. « Et n'oubliez pas de signer », recommande-t-il. C'est Suzanne qui
18:42s'en chargera. Avec une serviette trempée dans la mare de sang qui s'élargit sous le corps de
18:47Sharon Tate, elle écrira le mot « cochon » sur la porte d'entrée. On est prêts de penser qu'une
18:55seule chose peut dépasser l'horreur de la tragédie elle-même, c'est le procès qui en apporte la
19:01reconstitution. Les juges s'attachent à savoir ce qui, chez Manson, a déterminé cette volonté de
19:08crime, car ne croyez pas qu'il n'y ait pas de motivation, il y en a une. Charles Manson avait
19:16conçu un plan diabolique qui lui avait été dicté par l'au-delà et dont il a eu la révélation en
19:21lisant l'Apocalypse. Il s'agissait d'organiser une tuerie à ce point sauvage que la suspicion se
19:29serait portée aussitôt, forcément, sur la communauté noire. Par esprit de vengeance,
19:35les Blancs d'Amérique seraient alors passés à l'attaque, d'où une guerre civile dont les
19:39Noirs, plus nombreux, seraient sortis vainqueurs et les Blancs auraient été exterminés. Simple,
19:46non ? Mais Manson et les siens, direz-vous, ce sont bien des Blancs et Américains, alors ? Alors,
19:54eh oui, c'est là que le bas blesse. Pourquoi aurait-il été épargné, eux, justement, eux
20:01seulement ? Eh bien, dans l'esprit délirant de ce Satan abominable qui méprise les Noirs autant
20:07qu'il le est, les Blancs, les Noirs vainqueurs auraient été, bien sûr, incapables de gouverner.
20:14Alors, c'est évident, ils auraient fait appel à leur sauveur, au sage Manson et à ses disciples.
20:21Sur une Amérique en ruine, le règne des esclaves de Satan était arrivé. Là,
20:30heureusement, la fiction dépasse la réalité. Le 31 mars 1971, à l'issue du plus long procès des
20:39annales judiciaires des États-Unis, Manson et ses complices sont condamnés pour les sept assassinats
20:45de Los Angeles et quelques autres, soit à la prison à vie, soit à la chambre à gaz,
20:52soit à la chaise électrique. Aucun d'eux n'a été exécuté immédiatement et depuis,
21:03la peine de mort a été abolie en Californie, le 19 avril 1972, pour être rétablie récemment.
21:09Les assassins sont en principe hors d'état de nuire, mais l'attribut n'en continue pas moins
21:18d'inquiéter l'Amérique. De sa cellule, utilisant ses dons d'extraterrestres, Satan Manson manipule
21:25toujours ses disciples. Il les garde sous sa domination, leur donne des ordres, se fait obéir.
21:30Le 5 septembre 1975, à Sacramento, quand Gerald Ford se rend à pied de son hôtel à l'Assemblée
21:39de la Californie en serrant des mains à la ronde, une jeune femme, 26 ans, surgit devant lui armée
21:45d'un revolver. Un gorille parvient à s'emparer de l'arme avant que le coup ne parte et à jeter
21:51la jeune femme à terre. Elle porte robe et turbans rouges, l'uniforme des esclaves de Satan.
22:01Lors des interrogatoires, elle déclare, « Nous sommes des nonnes maintenant et nous portons des
22:08robes rouges. Nous attendons notre seigneur Charles Manson et la seule chose que nous
22:14puissions faire en attendant qu'il descende de la croix, c'est de nettoyer la terre. Nos robes
22:19rouges sont le symbole d'une nouvelle moralité. Elles sont rouges du sang du sacrifice. Nous
22:25devons purifier l'air, l'eau et la terre. » À quand le prochain nettoyage ? À quand le prochain
22:36sacrifice ? À quand la prochaine œuvre de purification des esclaves de Satan ? L'Amérique
22:47tremble. A-t-on vraiment fini d'entendre parler de Charles Manson ? Dit Jésus, dit Dieu, dit Satan.
23:06Vous venez d'écouter les récits extraordinaires de Pierre Belmar, un podcast issu des archives
23:25d'Europe 1 et produit par Europe 1 Studio. Réalisation et composition musicale, Julien
23:31Tarot. Production, Lisa Soster. Patrimoine sonore, Sylvaine Denis, Laetitia Casanova,
23:39Antoine Reclus. Remerciements à Roselyne Belmar. Les récits extraordinaires sont disponibles sur
23:46le site et l'appli Europe 1. Écoutez aussi le prochain épisode en vous abonnant gratuitement
23:52sur votre plateforme d'écoute préférée.