JO : conséquences sur l'humeur des Français ?

  • le mois dernier

Olivier De Lagarde revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité.

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00:00Europe 1 et vous, 11h-13h, Olivier Delagarde.
00:04Midi 4 sur Europe 1 et vous, alors que va-t-il rester des Jeux de Paris dans le coeur et dans l'esprit des Français ?
00:09Pour en parler, Olivier Delagarde, vous recevez à présent Harry Méfond, sociologue spécialiste dans le sport et aussi ancien sprinter de haut niveau.
00:16Et oui, parce que c'est l'an demain de fête, c'est d'ailleurs la question que j'ai envie de vous poser à vous, auditeurs, auditrices d'Europe 1.
00:24Qu'est-ce qui a changé ? Qu'est-ce que vous avez changé ? Vous nous appelez pour le dire.
00:30Au 01-80-20-39-21, on ne le répète jamais assez, on adore quand vous nous appelez et que vous venez nous donner votre avis, pardon.
00:3701-80-20-39-21, c'est un appel non surtaxé.
00:40Bon, et comme vous nous le disiez, nous sommes en ligne donc avec Harry Méfond, bonjour.
00:45Bonjour.
00:47Vous êtes sociologue, vous êtes spécialiste dans le sport, vous êtes d'ailleurs vous-même ancien sprinter de haut niveau, m'a-t-on dit ?
00:54Oui, effectivement, j'ai eu le record de France universitaire sur 60 mètres et j'étais dans l'année 80 le dixième français au niveau sur sprint.
01:02J'ai fait du 100, 200 mètres et un peu de 400 mètres à mon époque.
01:06C'était une époque où on courait aussi les sélections olympiques, c'était aussi une belle époque.
01:11C'était les années 80, les années Lewis, les Frères Barré, Herman Ponzo, c'était vraiment une belle époque.
01:16C'était aussi une belle époque de la tisane française.
01:19Bon, mais si on vous passe un coup de fil, vos souvenirs sont intéressants et cette période, je l'ai connue, donc évidemment, elle résonne en moi de manière extrêmement favorable.
01:31Mais c'est plus pour parler d'aujourd'hui, de la société française.
01:34Est-ce que ces Jeux Olympiques de Paris, à votre avis, qui sont un succès, est-ce qu'ils peuvent avoir des conséquences sur l'humeur à venir des Français ?
01:43Oui, tout d'abord, ces Jeux ont révélé le potentiel sportif français qui n'était pas attendu.
01:50Quand on voit le bilan sportif, en tant que tel, puisque les 64 médailles françaises olympiques étaient un record, 16 or, 26 argent, 22 bronze, c'est un score jamais atteint.
02:03Donc, il montre la potentialité du sport français.
02:06On a vu l'émergence de nouveaux talents, de nouvelles nouvelles en pépites, comme les hauts marchands.
02:13On a vu la force des sports collectifs, puisque les équipes de basket, football, handball, avec des fortunes diverses, sont arrivées en finale avec le triomphe des voleilleurs.
02:27Donc, ça montre un savoir-faire français qui était sous-estimé, puisque le sport avait été déconsidéré.
02:36On ne voyait pas aussi tout ce qui s'est produit au niveau de l'organisation de ces Jeux, avec une mise en système du sport français autour de la performance,
02:46avec tout ce qui s'est fait autour de l'enseignement du sport, autour de la haute performance.
02:52Donc, il faut saluer ce succès qui était méconnu, un travail de l'ombre.
02:56Et on peut dire que les sportifs se sont pris en charge pour relever le défi olympique,
03:04qui était le scepticisme auquel on ne croyait pas,
03:08et qui montre aussi que le sport n'a pas sa juste compréhension au niveau de la société française.
03:14Mais là, ça a quand même accordé le public français avec les sportifs.
03:20Et on a vu les frères Lebrun dans beaucoup de disciplines qui n'étaient pas forcément ni perçus.
03:26C'est intéressant ce que vous dites, Arie Meffon, parce que ce que vous mettez le plus en avant, ce sont donc les résultats sportifs,
03:32avant les résultats d'organisation, finalement, avant les résultats politiques.
03:39On pourrait dire ça comme ça, parce que l'organisation, c'était de la politique.
03:43On est d'accord, mais tout d'abord, c'est juste pour remettre aussi le sport à son lieu,
03:52parce que c'est en quelque sorte l'instrumentalisation du sport qui fait qu'il y a des gains.
04:01Alors c'est vrai que ça passe par l'organisation, il y a un gros travail qui a été fait par le comité d'organisation,
04:07mais les résultats, même s'il y a eu de très belles images de Paris,
04:13on a redécouvert la beauté française qui a été mise bien en forme par le comité d'organisation,
04:21mais c'est surtout les résultats qui ont donné du baume au cœur de l'esprit public,
04:26quand on voit les foules qui ont scandé les noms des sportifs français,
04:30il y a eu un regain de patriotisme, l'amour, je dirais, une sorte de patriotisme qu'on ne retrouvait plus,
04:38ce qu'on n'a plus retrouvé, j'ai pu constater cet encouragement du public qu'on ne voyait pas,
04:44et ça c'est bien les résultats, c'est bien partir de ces résultats,
04:47parce que si les résultats n'auraient pas été à l'ordre du jour,
04:50je crois que même le comité d'organisation, même les belles images n'auraient pas pu faire une fête comme on a vu,
04:57on a vu les deux matchs de basket France-États-Unis, ce sont des images,
05:01ce sont vraiment des affiches, des images sportives qui resteront,
05:05c'est ce qui aussi fait partie de ces Olympiques,
05:08et la manière dont les Français se sont battus, les équipes de France se sont battues,
05:12les résultats acquis, les victoires de Teddy Riner contre le Japon,
05:16il y a eu des affiches par exemple France-Japon, France-États-Unis, France-Norvège,
05:22ce sont vraiment des images mythiques, et ça c'est aussi très important,
05:26le marchand, les victoires de notation, c'est aussi le sport qui permet de pouvoir,
05:31qui a contribué fortement, les résultats sportifs qui ont contribué réellement au succès aussi de ces Jeux.
05:37Donc ça a apporté du baume au cœur aux Français, mais est-ce que ça peut durer un petit peu ?
05:44Alors là c'est la question, moi, ma grande inquiétude,
05:49parce qu'après il y aura, comme vous avez titré, la politique va reprendre ses Jeux,
05:55mais aussi l'économie, parce qu'il faudra aussi faire les bilans de tous ces Jeux,
05:59je sais que les dépenses ont été énormes, maintenant il faudra savoir combien ça a coûté,
06:03et combien ça coûtera aussi aux Français, et ça c'est aussi les conséquences qui seront,
06:11et surtout voir comment, pour revenir aussi au sport, comment le sport va être organisé,
06:17puisque si le sport, bien on parle de sport de haute performance, de haut niveau,
06:21qui quand même correspond à une infime partie du sport, des pratiques sportives,
06:29c'est-à-dire dans le quotidien, dans les pratiques, dans les programmes scolaires,
06:31et on va voir, est-ce que ça va être suivi de faits et défaits,
06:36puisque c'est sûr qu'il y aura un effet, comme à chaque Olympiade,
06:40les clubs vont accueillir beaucoup plus de pongistes, de judokas, d'épéistes,
06:48mais par contre, est-ce qu'il y aura réellement une continuité,
06:52est-ce que le goût aux pratiques sportives va réellement être mis dans la cité,
06:56même si beaucoup d'équipements neufs ont été faits, ont été construits,
07:00mais aussi il faudra savoir si ça va être dans le quotidien, est-ce qu'il y a quelque chose qui va se continuer,
07:04je parle de la place de l'étudiant physique dans les programmes scolaires,
07:08et aussi les possibilités de pratiques dans le quotidien, et aussi le goût au sport,
07:14c'est-à-dire on va voir une amélioration dans le quotidien,
07:20et aussi l'accès aux pratiques, puisque ce qui est aussi important au niveau du sport,
07:24c'est pas tant, même si les résultats sportifs font rêver,
07:30c'est la dure réalité du sport, parce qu'on peut dire que l'accès aux pratiques ça coûte,
07:36c'est un coût, est-ce que ce sera popularisé,
07:40est-ce que ce sera popularisé en termes de la perception de la démocratie
07:44réservée à tout le monde, c'est aussi des questions qu'il faudra traiter par les fédérations,
07:50par les gens qui sont en charge.
07:52On va voir tout ça, vous restez en ligne avec nous,
07:54vous savez le principe de cette émission,
07:56c'est que les auditeurs d'Europe 1 nous appellent,
07:58et nous sommes en ligne avec Alexandre, bonjour.
08:00Bonjour messieurs.
08:02D'où nous appelez-vous ?
08:04Je vous appelle de Normandie.
08:06Vous avez beau temps en Normandie, j'espère.
08:08On a un temps magnifique.
08:10Vous avez bien de la chance, c'est une région magnifique.
08:12Comment est-ce que vous avez vécu ces Jeux ?
08:14Je les ai vécus de manière formidable.
08:18Déjà, dans un premier temps, on avait la chance d'avoir
08:22toutes les délégations chinoises à l'entraînement en Normandie,
08:26donc ça nous a fait vivre les Jeux un petit peu de l'intérieur.
08:30Ah bah vous avez dû bien rire !
08:32C'était une expérience assez sympa.
08:36Écoutez, moi j'ai eu la chance de croiser...
08:38Ouais je plaisante parce que
08:40honnêtement on ne les trouvait pas très très souriants
08:42aux images de télévision qu'on pouvait voir.
08:44Écoutez, j'ai eu la chance de croiser les délégations
08:48des joueurs de tennis chinoises.
08:52Écoutez, ils étaient très gentils,
08:54et plutôt contents de l'accueil que réservaient les Français.
08:58Donc déjà, ça partait d'un bon sentiment.
09:02Et puis après, les Jeux, j'ai trouvé que c'était
09:04un formidable vecteur social pour notre pays.
09:08Parce que j'étais le premier à être extrêmement sceptique
09:12sur ces Jeux Olympiques, même si je suis extrêmement fier d'être Français,
09:16en termes d'organisation, toutes les questions et le questionnement qu'il y avait.
09:20J'ai trouvé que dès l'instant, dès la cérémonie d'ouverture
09:24et puis le rugby à 7 qui a mis vraiment dans la danse tous les athlètes français,
09:28il y a eu un engouement qui était juste exceptionnel.
09:32Et moi j'ai trouvé que c'était presque une parenthèse enchantée.
09:36Maintenant, j'espère que tous les Français
09:40qui étaient fiers de notre nation et de nos sportifs,
09:44vont pouvoir capitaliser là-dessus pour justement construire sur ces Jeux Olympiques
09:48comme disait votre intervenant juste avant.
09:52Maintenant, l'idée c'est de construire dessus.
09:54Mais moi, en tout cas, étant jeune, j'ai trouvé que c'était une réussite juste formidable.
09:58Et puis comme tout un chacun, j'ai vraiment vibré devant tous les sports.
10:02Il n'y avait pas un sport qui me tenait à cœur en particulier.
10:06J'ai véritablement vibré devant tous les sports.
10:08Donc pour vous, et c'est intéressant ce que vous nous disiez,
10:12puisque vous n'étiez pas particulièrement emballé par ces Jeux Olympiques,
10:16vous avez l'impression au bout de ces deux semaines que quelque chose a changé dans la société ?
10:20J'ai l'impression que les Français ont retrouvé leur état d'esprit légendaire.
10:24Alors les Français on râle tous les jours, on n'est jamais contents.
10:28Il y a toujours des choses à revoir.
10:32Mais j'ai trouvé qu'on avait mis en lumière tout ce qui faisait la beauté de la France.
10:36Et avant la beauté des monuments et des paysages français,
10:40c'est aussi le cœur de tout un chacun et l'état d'esprit français.
10:44Comme on dit toujours, impossible n'est pas français.
10:48Les Français sont toujours capables de se relever et de montrer au monde
10:52qu'ils sont capables de faire des choses légendaires et de grandes choses.
10:56Et je trouve qu'on a montré ça, donc il faudrait capitaliser sur ça dans les années à venir, je l'espère.
11:02Et que cette fraternité, qui était vraiment visible pour tout le monde,
11:06qu'elle reste et qu'elle dure dans le temps.
11:08Merci beaucoup Alexandre de nous avoir passé ce coup de fil depuis la Normandie.
11:12Harry Méfond, vous êtes encore avec nous.
11:16Vous venez d'entendre ce que nous disait cette auditeur d'Europe 1.
11:20C'est intéressant, il y a cette idée quand même que ça peut peut-être aider à un nouveau départ,
11:28nous n'exagérons pas, mais en tout cas améliorer un petit peu le vivre ensemble entre les Français.
11:34Tout à fait, c'est ce que je vais exprimer dans mes propos.
11:38Mais surtout, quand on voit les analyses de l'extérieur des journaux internationaux,
11:44ces jeux ont révélé l'ambition française.
11:48C'est-à-dire, vous avez, et l'auditeur tout à l'heure a parlé de la fierté nationale,
11:54ce sont des sentiments qui sont souvent...
11:56On parle des termes qu'on va peut-être encore entendre, des clinismes,
12:02de pas mal d'aspects un peu négatifs de la société française,
12:06et aussi au niveau du vivre-ensemble des individus.
12:08C'est aussi le moyen de la connaissance de l'autre,
12:12il y a effectivement la connaissance des éducations étrangères, l'accueil.
12:16Et ça, ça a vraiment un grand sens de cohésion sociale,
12:20et aussi de prendre conscience que tout n'est pas forcément si mauvais qu'on le croit,
12:24quand on voit tout ce qui se passe dans le monde à l'extérieur, par proximité de chez nous.
12:28Je parle en Europe, en Ukraine, ou même dans le Moyen-Orient.
12:33Donc il y a quand même de quoi être, je dirais, créer du bonheur, de la joie,
12:39mais aussi du bonheur dans des temps où la société française est réellement en plein doute,
12:45et peut-être que les doutes vont encore commencer, mais il y a de l'ambition.
12:47C'est ce que... L'ambition, il y a de la fierté, et ça pour moi, c'est aussi le sport qui...
12:52Je ne dis pas... Je crois que c'est que le sport qui peut révéler
12:54ces impensées, ces choses cachées, qui sont au fond de nous,
12:58et qui se déclenchent, qui... On dit qu'on est sceptiques,
13:02et puis après, on est convaincus. C'est ça aussi qu'il faut comprendre,
13:05et aussi arrêter de voir, je dirais, le verre à moitié vide.
13:09Bon, mais je vais me faire l'avocat du diable, Harry Meffon.
13:12J'ai l'impression que le discours que vous tenez, c'est celui qu'on tenait également en 1998,
13:18après la première victoire des Français en couple du monde de foot.
13:23On avait parlé de la génération black-blanc-beurre.
13:26Finalement, ça n'avait pas tenu très longtemps.
13:29On est tout à fait d'accord. C'est lui la vigilance qui, pour moi,
13:35et dans laquelle on n'est pas tombé encore dans ces mêmes travers.
13:38La récupération à travers des slogans idéologiques,
13:43qui ne sont construits sur que des...
13:47pas qu'une idéologie, et il faut être plus vigilant,
13:50il ne faut pas que ça se reproduise encore.
13:54Mais le discours, et il faut aussi que les acteurs du sport
13:59prennent aussi en compte, en charge, leur discipline,
14:02et aussi proposent, et s'affirment un peu plus.
14:05Et le discours black-blanc-beurre a été un discours plus idéologisé
14:09et expérimentalisé par le politique,
14:12et qui va en faire une récupération.
14:15Et c'est vrai que le discours black-blanc-beurre s'est éteint
14:18par ce qu'on a vu après, par le social,
14:22mais ça, maintenant, il faut en faire quelque chose.
14:24Alors se dire qu'il faut en faire quelque chose, c'est bien,
14:27mais aussi il faut que les acteurs du sport s'affirment un peu plus,
14:33et aussi se fassent respecter, et mettre aussi le sport,
14:37et surtout le corps, les activités corporelles,
14:39puisque ce n'est pas seulement que le sport,
14:40au centre des perspectives de développement,
14:43de développement social, de développement économique.
14:45Et ça, ce n'est pas forcément gagné,
14:47mais il faut être vigilant par rapport à ça,
14:49donc il y a des réflexions, des analyses à porter,
14:51mais d'analyses qui sont évidemment portées par le monde du sport,
14:54qui est trop souvent absent,
14:56absent des discours, et absent aussi de la réalité,
14:58et aussi absent de l'économie.
15:00Merci beaucoup Arimé Font, sociologue spécialisé dans le sport,
15:03ancien sprinter de haut niveau,
15:05merci d'avoir été l'invité d'Europe 1, et vous.

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