Les rugbymans accusés de viol, remis en liberté mais sous contrôle judiciaire

  • le mois dernier
Avec Antoine Vey, avocat d’Oscar Jégou et Hugo Auradou
---

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
Nous suivre sur les réseaux sociaux
▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
☀️ Et pour plus de vidéo du Grand Matin Sud Radio : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDRJgbMndsvDtzg5_BXFM7X_

##C_EST_DANS_LACTU_1-2024-08-13##

Category

🗞
News
Transcript
00:00Concerne le rugby français, c'est une affaire qui a frappé ce sport au coeur de l'été. Deux rugbyman,
00:06Oscar Gégou et Hugo Auradou, ont été pris dans une affaire. Ils sont accusés d'avoir volé,
00:11violé, pardonnez-moi, une jeune femme au coeur de l'été suite à un match test
00:16pour l'équipe de rugby française. Nous sommes en exclusivité avec son avocat, maître Antoine Veil. Bonjour.
00:21Bonjour.
00:22Merci beaucoup d'être avec nous sur Sud Radio. Je le disais, la justice d'Argentine s'est prononcée hier soir sur le sort de Hugo Auradou et
00:29Oscar Gégou. Ils étaient en résidence surveillée depuis le 17 juillet, après avoir été écroué par la justice argentine.
00:35Ils ont été remis en liberté hier, dans la soirée, avec en condition l'interdiction de sortir du pays, la rétention des passeports et
00:42l'interdiction de rentrer en contact avec la plaignante. Première question assez naturelle, maître, comment vont vos clients ce matin ?
00:49D'abord, c'est une décision qui est un signal positif pour la suite.
00:53Et ils veulent rappeler, ils tiennent à dire qu'ils sont totalement innocents des faits dont ils sont accusés, donc ils sont à la fois
01:01dans une certaine attente et une certaine espérance,
01:04mais ils sont aussi dans l'idée qu'il est temps que cette affaire se termine et qu'ils puissent rentrer dans leur pays.
01:10Quand on observe les conditions imposées à vos clients à l'occasion de cette remise en liberté, est-ce que vous
01:14considérez que cette victoire est totale, ou le simple fait qu'ils ne puissent pas revenir immédiatement en France
01:19est pour vous, quand même, ou laisse un goût amer en bouche ?
01:23Non, mais en fait, je pense qu'il faut dépasser la question de savoir si c'est des victoires, des défaites, en fait, il faut revenir à l'origine des choses.
01:30C'est une étape, mais c'est surtout que vous avez affaire à deux jeunes qui sont accusés
01:36depuis maintenant près d'un mois de faits dont ils ne sont pas responsables.
01:40Il y a eu un temps de réserve dans lequel on a fait en sorte que les éléments arrivent dans l'enquête.
01:45Ces éléments ont été recueillis, il en manque quelques-uns, c'est ça qui justifie que l'enquête ne soit pas clôturée définitivement,
01:51mais maintenant qu'ils ont été entendus, maintenant que ces éléments sont connus de la justice, il nous appartient quand même de
01:59réinformer et de dire
02:01les faits qui sont dénoncés ne sont absolument pas compatibles. C'est d'ailleurs ce qu'a retenu le procureur. Il y a des
02:07choses qui n'ont pas pu se produire, qui ont été déclarées, et ça inquiète quand même sur
02:13la situation dans laquelle ils sont, parce que c'est en train de les priver de leur
02:17possibilité de reprendre la compétition sportive, et surtout c'est très dur à vivre pour eux, donc il est temps maintenant
02:23que l'enquête se termine pour que l'on puisse revenir à un climat positif.
02:29Et au coeur de cette affaire, il y a les arguments pour que les joueurs reviennent en France dans les plus brefs délais.
02:37Quels sont ces arguments précisément que vous essayez de faire entendre à la justice argentine ?
02:41Déjà, elle l'a entendu, puisque la décision qui a été prise hier est très motivée.
02:46Elle est motivée notamment par le fait que dans les déclarations de la plaignante, il y a des incohérences et des choses qui sont d'une
02:54certaine façon
02:55contredites par des éléments objectifs,
02:57notamment des analyses de conversation que la plaignante a eues quelques heures après les faits avec une amie, et dans laquelle, selon le parquet, pas
03:04selon moi, on voit un ton enjoué qui est peu compatible avec les faits qu'elle décrira par la suite.
03:09Il y a évidemment des vidéosurveillances qui montrent qu'elle n'a absolument pas été contrainte de rejoindre la chambre d'hôtel.
03:15Il y a les dépositions des témoins qui ont été recueillies et qui montrent qu'elle s'est elle-même présentée et qu'elle était
03:21a priori consentante à une relation intime. Donc après, c'est vrai que
03:26la parole d'une plaignante est quelque chose que l'on doit écouter,
03:30mais on doit aussi pouvoir la confronter avec des éléments objectifs. Et pour le moment, tous ces éléments objectifs sont favorables aux joueurs.
03:36Est-ce que vous vous estimez vos clients comme potentiellement dangereux ? Car l'avocate, maître Natacha Romano,
03:41de la plaignante qui parle dans l'équipe ce matin, évoque une peur pour l'intégrité psychologique et physique de sa cliente.
03:48Non, je pense que malheureusement, l'avocate de cette plaignante
03:52se livre à une campagne de médiatisation qui est complètement hors sol et déconnectée de la réalité des faits.
03:57Je pense qu'elle raconte à peu près la même chose, quelle que soit la nature du dossier, quelle que soit les personnes mises en cause.
04:03Les deux personnes en question sont des sportifs de haut niveau. Tous les clubs, toutes leurs familles, tous ceux qui le connaissent, les soutiennent.
04:08Ils se retrouvent dans cette affaire dans laquelle l'avocate en question a une grosse responsabilité parce qu'elle n'a pas respecté
04:16ni le cours de la justice, ni la justice argentine, ni les réserves, je veux dire, d'usage. Et elle cause à ces deux joueurs un grave préjudice.
04:24Et d'une certaine façon, je trouve regrettable qu'elle continue à
04:28instrumentaliser les médias, alors que la décision qui a été rendue hier est très claire et devrait l'inviter à une certaine réserve.
04:34Et ça, on aura d'ailleurs l'occasion d'y revenir.
04:36Quelles sont les prochaines étapes pour vous, très concrètement, dans ce dossier, dans les prochains jours, dans les prochaines heures, dans les prochaines semaines ?
04:43Un des actes d'enquête qui n'a pas été réalisé et que l'on attend,
04:46enfin, pas vraiment nous, mais qui devrait être naturel pour la plaignante, c'est de se livrer aux expertises psychologiques et psychiatriques
04:52qui n'ont pas pu se tenir actuellement.
04:54Donc on espère qu'elles vont pouvoir avoir lieu très rapidement. Il y a quelques témoins secondaires qui n'ont pas été entendus,
05:00mais en tout cas, ce qui est important, c'est que les joueurs ont, dès le début, dès la première minute,
05:05collecté énormément d'éléments qu'ils ont remis à la justice. Ils ont remis leurs deux téléphones portables, ils se sont livrés à toutes les expertises
05:11possibles et imaginables. Ils ont été entendus plusieurs heures sur les faits, avec plus d'une centaine de questions auxquelles ils ont évidemment
05:18répondu de manière très précise.
05:20Donc, au niveau des joueurs, tout a été fait. Maintenant, il y a une forme de blocage ou de ralentissement
05:26qui est dû à une stratégie de défense
05:29adverse, qui n'est objectivement
05:31pas favorable pour le cours de la justice, quel que soit le regard qu'on peut porter sur ces faits.
05:35La question va sans doute vous ulcérer. Maître André Abdaï, je vous remercie encore d'être avec nous. Vous êtes l'avocat des deux runes Beeman,
05:41Hugo Radou et Oscar Gégou, mais est-ce que cette affaire n'est pas sur la forme déjà perdue, parce que leurs noms ont été à la
05:47une de la presse pendant plusieurs semaines avec le mot viol à côté ? C'était de jeunes talents dans leur discipline. Est-ce qu'avec ce qu'ils ont
05:52vécu, ça ne ressemble pas déjà à une mise à mort sociale ?
05:58La mise à mort sociale, non, parce que tous les gens qui les connaissent, j'ai envie de dire, dans la vie réelle,
06:02savent très bien de quel bois ils sont faits et ils reprendront la compétition. Ils seront
06:07tout à fait blanchis et tout à fait reconnus par les gens qui les connaissent. Maintenant, médiatiquement, il y a une responsabilité
06:13de savoir réinformer et de rappeler qu'on peut être accusé à tort, on peut être accusé de faits qu'on n'a pas commis et
06:20c'est ça qui est quand même la différence entre un tribunal médiatique et une affaire judiciaire. Pour l'instant, cette affaire judiciaire n'est pas terminée.
06:28C'est pour ça que, dès le premier jour, on a invité
06:30chacun à prendre des réserves par rapport aux informations qui circulent et à employer, par exemple, les bons termes. On lit « victime présumée »,
06:38« coupable présumé ». Ça n'a pas de sens. Aujourd'hui, il y a une femme qui accuse deux hommes. Ces deux hommes se défendent et leur image, leur honneur
06:46n'a pas à être jetée en pâture et j'espère que, quand ils reviendront, ils pourront s'exprimer et remettre un petit peu
06:53les pendules à l'heure sur cette affaire.
06:54On parle beaucoup de la médiatisation depuis le début de votre prise de parole, Maître Antoine Veil. Du côté de la victime, on a parlé
07:00de beaucoup de choses, d'une
07:03surmédiatisation. On a parlé du rapport médico-légal dans Le Parisien, des nombreux détails qui s'y trouveraient. C'est du conditionnel.
07:08On a eu le frère de la victime, votre consœur également, ce matin, dont on vient de parler,
07:12multiplié les déclarations dans le journal L'Équipe. Vous, qui avez quand même une figure des affaires mégatiques, est-ce que, cette fois-ci, nous n'hésitons pas à un
07:18étalage déraisonnable de ces faits dans la presse ?
07:21Si, bien sûr, mais vous voyez, ça a quand même son effet puisque vous l'appelez la victime, alors même qu'aujourd'hui, aucune décision n'a été rendue.
07:28Du côté de la plaignante, oui, pardonnez-moi.
07:30Mais ce n'est pas contre vous, c'est que s'instaure, en fait, dans le débat, au nom, et c'est tout à fait entendable, de la cause
07:37qui est portée de la lutte contre la violence faite aux femmes, qui est une cause importante,
07:40une distorsion de la façon dont on doit traiter des affaires individuelles.
07:44Il ne faut pas mélanger le combat qu'on peut mener, j'ai envie de dire, politique,
07:49sur ce terrain, avec l'affaire en question. Et il y a des gens qui mélangent ça et qui se servent d'affaires pour conduire ces combats.
07:55Mais est-ce que votre consœur, cet avocat, dépasse les limites de la communication judiciaire, parce que je pense notamment aux auditeurs de Sud Radio
08:02qui sont des fans de ce sport, qui sont des fans de ce joueur, est-ce qu'on a vraiment, à un moment,
08:05besoin d'entendre tout ça, de voir tous ces détails racontés ?
08:09L'avocate de cette plaignante, est-ce qu'au bout d'un moment, il n'est pas temps de dire qu'elle dépasse certaines bornes ?
08:13Non, mais en tout cas, ce qui est clair, c'est qu'il doit y avoir, dans la communication autour d'une affaire judiciaire,
08:19certaines réserves, et surtout au niveau des auditeurs, il y a un certain sens critique.
08:23Je pense que chacun ait l'idée d'apprécier que, depuis une semaine,
08:27il y a eu une surcommunication.
08:30Toute la famille a plus ou moins été auditionnée dans les médias français, et en plus, ce n'est pas une communication dont on peut dire qu'elle est
08:36aléatoire. Elle cible des médias français pour, justement, faire du mal à l'image des joueurs, et espérer,
08:42et c'est ça qui est vraiment, à mon avis, dangereux, faire une pression sur la justice.
08:46Donc, on n'a pas du tout
08:48souhaité que les choses se déroulent comme ça. Vous comprenez bien que, si, aujourd'hui, on prend la parole, c'est pour rééquilibrer à son poids, mais c'est très
08:56dommageable d'avoir, depuis le début, et ça a été le cas. Par exemple, quand il y a eu le rapport médico-légal,
09:00ce rapport médico-légal n'est pas sorti tout seul dans les médias. Il a été
09:05instrumentalisé, alors qu'il est plutôt très favorable aux joueurs. Donc, c'est la difficulté de couvrir médiatiquement une affaire judiciaire en cours.
09:11C'est un débat, malheureusement, classique, dans lequel on jette au bûcher beaucoup de personnes accusées, et
09:17c'est ça qui est tout à fait dommageable. Donc, oui, je critique
09:22assez clairement la façon dont cet avocat utilise les médias dans ce dossier.
09:27Et une dernière question, M. Antoine Veil. Est-ce que le sport n'est pas un peu le nouveau cinéma français ? C'est-à-dire un domaine de
09:34compétences exposé à de l'argent, à de la réussite, à du succès,
09:38et, dès qu'il y a une affaire, les médias vont se ruer dessus, on va avoir affaire à une communication judiciaire, parfois
09:45outrancière, et donc ça va être un domaine dans lequel on va tout scruter à la loupe, avec les dérives, notamment
09:50au niveau de la justice, qui vont avec.
09:53Si, mais c'est pas propre au sport, c'est propre à cette médiatisation.
09:57Il y a une époque où on disait que le fait d'être connu, puissant, riche, était une protection et que vous deveniez intouchable.
10:02Je crois qu'aujourd'hui, malheureusement, le fait d'être exposé fait que vous risquez
10:08d'avoir une mauvaise presse, on va dire ça comme ça, ou de la disproportion aussi dans le traitement du sujet.
10:14C'est devenu quelque chose qui permet d'abattre, comme on cherche à le faire,
10:20l'image de certaines personnes, avant même qu'ils aient pu s'expliquer, et avant même que les gens sachent précisément de quels faits on parle.
10:25Pendant un mois, là, dans cette enquête, il ne s'est pas rien passé. On a entendu des dizaines de personnes, on a
10:32écouté des éléments, on les a récoltés, et donc c'est ça le sens de la justice. D'ailleurs,
10:37il peut y avoir, parfois, une proportion aussi sur la façon dont on analyse les choses.
10:43Clairement, par exemple, l'idée n'est pas de
10:46remettre en cause la personne de la plaignante, et on imagine que si elle a fait cette démarche, c'est qu'elle a des raisons personnelles,
10:53intimes, psychologiques, pour la faire, mais ce n'est pas pour autant qu'on
10:58doit être privé de la possibilité de défendre les gens, surtout, et je le dis avec force,
11:02comme dans ce cas d'espèce, où ils sont totalement innocents.
11:07Voilà, il n'y a pas de doute dans mon esprit, et il n'y a pas de doute dans l'esprit de tous ceux qui les défendent,
11:12sur le fait qu'ils n'ont absolument pas contraint cette femme, ils ne l'ont absolument pas violentée, et donc c'est pour ça que cette affaire est
11:20significative, comme vous le relevez, sur ce rapport difficile entre le cours de la justice, qui est lent,
11:26contradictoire,
11:27complexe, technique, et parfois la façon dont
11:30cette affaire est répercutée dans les médias.
11:32Merci beaucoup, Maître Anton Zay, d'avoir été avec nous. Je rappelle que vous êtes l'avocat des rugbymans Oscar Gégou
11:37et Hugo Aradou, qui ont été remis en liberté hier, avec toujours la condition de ne pas pouvoir quitter
11:41le sol argentin, mais vous le dites, et vous le dites bien, ici, sur CEUD Radio, c'est une étape très importante dans le
11:47dossier, qu'on continuera à suivre en exclusivité, ici, sur CEUD Radio. Je vous remercie encore d'avoir pris la parole, et dans quelques instants, le deuxième
11:53fait du jour, on change totalement de registre, vous allez voir, se trouve du côté de l'Afghanistan, ça fait bientôt trois ans que les talibans
11:59sont au pouvoir, et on y reviendra avec Haciem El-Difraoui, qui est un spécialiste du monde arabe, il va nous expliquer concrètement
12:05ce qui se passe sur place, à tout de suite, sur CEUD Radio.

Recommandée