Trafic de drogue : à Grenoble, la CAF supprime les allocations pour les dealers de drogue

  • le mois dernier
Avec Jérôme Durain, sénateur PS de la Saône-et-Loire (Bourgogne-Franche-Comté), Président de la Commission d’enquête sur le narcotrafic et Bruno Bartocetti, secrétaire national chargé de la Zone sud pour le syndicat Unité SGP Police FO

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##LES_GRANDS_DEBATS_DU_MATIN-2024-08-26##

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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
00:04Vous écoutez Sud Radio, il est 9h09, notre débat tout de suite direction la ville de Grenoble.
00:10Une expérimentation qui est lancée et dont on va parler avec nos invités qu'on va accueillir avec plaisir.
00:16Avant ça, on retrouve Laurie Leclerc, Laurie à Grenoble.
00:19On lutte contre le trafic de drogue avec une mesure inédite,
00:22la Caisse d'allocations familiales qui supprime les allocations des trafiquants.
00:26Et oui, puisqu'une trentaine de points de deal ont été recensés dans la ville de Grenoble et son agglomération,
00:317 fusillades ont éclaté en un mois, la dernière en date dans la nuit de mercredi à jeudi.
00:36Alors, la CAF de l'ISER indique que désormais, sur la déclaration de revenus,
00:41les sommes obtenues grâce au trafic de stupéfiants seront indiquées,
00:44une information obtenue via le parquet.
00:47Ensuite, ces allocations seront réduites ou tout simplement supprimées.
00:50Il peut même y avoir un trop perçu à reverser.
00:53Par exemple, plusieurs trafiquants, deux trafiquants ont dû reverser 3000 euros chacun de pénalité.
00:59Ce sont 55 personnes en tout qui ont été à ce jour signalées par le parc.
01:03Alors, est-ce que c'est efficace ou pas ?
01:05Alors, pour maître Michel Giromarc, bâtonnière au barreau de Grenoble, à France Info,
01:09ce n'est pas parce que ça ne va pas arrêter le trafic de stupéfiants,
01:12mais en revanche, ça peut protéger l'argent public pour les habitants des quartiers.
01:16Toujours à France Info, je pense qu'il y a d'autres moyens de punir, témoigne cette femme.
01:20On touche peut-être à la compagne d'un trafiquant.
01:22Peut-être qu'elle rame, elle, pour faire vivre sa famille.
01:25En tout cas, est-ce que cette suppression pourrait être généralisée à l'échelle nationale ?
01:29Il y a eu plusieurs tentatives de proposition de loi en 2011 ou encore en 2023.
01:33Alors, est-ce qu'il faut expérimenter l'expérience et généraliser l'expérience plutôt ?
01:37Puisqu'une expérimentation, par définition, ça s'expérimente.
01:39Alors, on vous en parle, on vous donne la parole au 0800 26 300 300
01:43ou que vous habitiez dans n'importe quelle ville qui pourrait être grainée par ces trafics.
01:48Regardez, il y a eu encore deux morts à Besançon.
01:50C'était hier, évidemment, le quartier Pise 20 de Nîmes qui est touché.
01:54Mais c'est un exemple parmi tant d'autres.
01:56Qu'est-ce que vous en pensez ?
01:57Prenez la parole au 0800 26 300 300.
02:00On accueille nos deux invités.
02:01Jérôme Durain, bonjour.
02:03Bonjour.
02:04Bienvenue sur Sud Radio.
02:05Vous êtes sénateur socialiste de la Saône-et-Loire en Bourgogne-Franche-Comté.
02:09Vous êtes président de la commission d'enquête sur le narcotrafic.
02:12On est aussi avec Bruno Bartocetti. Bonjour.
02:16Bonjour. Merci de m'avoir invité.
02:17Alors, vous n'êtes pas grenoblois, comme on l'entend à votre accent.
02:19Malgré tout, vous êtes touché de très près par la problématique.
02:23Vous êtes secrétaire national chargé de la zone sud pour le syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière.
02:29En d'autres termes, vous avez notamment des villes gangrenées par ces trafics,
02:33comme Avignon, mais aussi, bien sûr, Marseille.
02:36Est-ce que c'est une bonne idée ?
02:37Vous allez nous le dire.
02:39Avant ça, Jérôme Durain, je le disais, président de la commission d'enquête sur le narcotrafic.
02:44Est-ce que c'est facile de mesurer les revenus du narcotrafic ?
02:49Ah non, ce n'est pas facile puisque c'est une économie illégale.
02:54On estime au niveau national que c'est entre 3,5 milliards et 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires par an.
03:00Vous voyez déjà que la fourchette indique que c'est beaucoup, mais que c'est très flou.
03:04Et forcément, c'est une économie...
03:05C'est du niveau d'une entreprise de Cacaronne, du CAC 40, tout simplement.
03:09C'est un budget considérable.
03:11Et donc, du coup, effectivement, on peut imaginer que des fortunes colossales se construisent sur le narcotrafic au niveau individuel.
03:17À partir de là, cette expérimentation qui est lancée à Grenoble fait qu'on estime les revenus de tel ou tel narcotrafiquant.
03:25Et ensuite, on recoupe à la CAF les déclarations de revenus.
03:28On rajoute les revenus de la drogue et ensuite, on modifie les allocations.
03:32C'est assez inventif quand même, Jérôme Durain.
03:37Oui, mais il y a quelque chose de très juste au fond.
03:41C'est que le narcotrafic, c'est une entreprise, c'est du business et sa motivation, c'est l'argent.
03:48Donc, pour suspendre le narcotrafic, pour y mettre fin, il faut taper au portefeuille.
03:53Ça, c'est vrai. Mais on tape au portefeuille de qui ? Il faut taper juste.
03:56Si on tape le frère, la sœur, le narcotrafiquant, ses enfants, on n'obtient pas de résultat.
04:02Et je pense que c'est intéressant de dire qu'on réintègre les revenus de narcotrafiquants
04:07dans le calcul des allocations familiales, parce que c'est normal, c'est des revenus qui existent.
04:10Après, supprimer les allocations familiales pour toute une famille,
04:14attention, parce qu'il y a des fratries,
04:17c'est pas parce qu'on est le frère d'un narcotrafiquant, le fils d'un narcotrafiquant,
04:20la fille d'un narcotrafiquant, qu'on est forcément un criminel.
04:23Donc, c'est les méchants qu'il faut toucher et attention.
04:26Vous craignez une peine collective en quelque sorte ?
04:28Tout à fait. Je pense qu'il faut faire attention.
04:31S'il s'agit de réintégrer les revenus dans le calcul,
04:34et dire qu'il y a des gens qui touchent de l'argent et qui ne méritent pas un problème,
04:37supprimer les allocations familiales, c'est autre chose.
04:40Et ce serait dépasser en tout cas Bruno Bartocetti.
04:42Est-ce que ce serait une mesure à expérimenter du côté de Marseille ?
04:45Oui, alors, si elle doit être expérimentée à Grenoble,
04:49on regardera déjà dans un premier temps quel résultat on va avoir.
04:52Et bien sûr, si l'expérimentation est intéressante,
04:55on pourrait l'étendre au-delà de Grenoble et sur toute la France.
04:59Maintenant, j'ai bien entendu qu'il était important de toucher la personne concernée.
05:03Il est clair que si on part sur la famille, c'est un sujet,
05:08puisque les frères du dealer ou les cousins ne sont pas forcément concernés.
05:15En revanche, ce qui est important, c'est que vous avez des trafiquants de stupéfiants
05:19qui font vivre leur famille et qui sont de fait complices.
05:24Et parfois même leur quartier.
05:26Tout ceci est à apprécier, bien évidemment.
05:29Mais je crois que ça doit être une amorce intéressante.
05:32Et on doit aller au-delà.
05:34Aujourd'hui, je sors un petit peu du sujet très rapidement, je fais une parenthèse.
05:38Si vous allez à la banque et que vous retirez 3000 euros en espèces,
05:40on va vous demander des explications et des comptes pour pouvoir retirer de l'espèce.
05:44En revanche, lorsque vous avez un trafiquant qui roule avec une voiture de 80 000 euros,
05:48à ma connaissance, on ne leur demande pas grand-chose.
05:51Je crois que c'est effectivement, comme l'a dit M. le Sénateur,
05:55c'est qu'il faut trouver les moyens pour toucher au portefeuille du trafiquant, bien sûr,
05:59pas de la famille, si elle est innocente, on est bien d'accord.
06:02Mais il faut toucher au portefeuille.
06:04Après, il y a d'autres sujets, bien sûr, le blâchement d'argent, etc.
06:07C'est très vaste et comme ça a été souligné, vous avez un parallèle aussi
06:11de milliards de profits pour les ventes de cigarettes en contrebante.
06:17Donc, il y a beaucoup de thèmes qui doivent être appréciés,
06:20qui doivent être regardés sur un plan financier.
06:22Alors, puisque nous parlons business, parlons business.
06:25C'est un business sanglant, on l'a dit.
06:27Il y a des morts toutes les semaines ou presque en France.
06:29C'était le cas ce week-end, malheureusement, dans une ville comme Besançon.
06:33Pour M. le Sénateur, Jérôme Durin, j'ai une question.
06:37On parle de ces 5 ou 6 milliards d'euros de chiffre d'affaires de la drogue en France chaque année.
06:42Où va cet argent ?
06:45Partout, dans le kebab, la vaporette, le commerce de proximité.
06:52Quel est l'intérêt, quand on gagne des dizaines de milliers d'euros,
06:55de l'investir dans un kebab ?
06:57C'est une blanche hisseuse, c'est-à-dire que vous pouvez avoir un commerce,
07:01et il y en a beaucoup dans beaucoup de QV, qui n'a aucune activité réelle.
07:04En revanche, il sert juste à blanchir l'argent.
07:06Voilà, un faux kebab.
07:08Un faux kebab, valise de...
07:10C'est des commerces éphémères ou des commerces clandestins.
07:13Il y a des valises de billets qui partent de nos frontières,
07:16par certains centres de gros, il y a des cryptomonnaies,
07:19il y a des systèmes de chambres de compensation.
07:21Et la principale difficulté, et c'est pour ça que je voulais y insister,
07:26la principale difficulté, c'est que je regarde notre intervenant de la police,
07:31c'est qu'on a besoin que la police ait plus de compétences,
07:34plus de moyens sur ces sujets économiques et financiers.
07:37Tant qu'on n'aura pas des gens qui sont super pros,
07:40qui ont du temps pour faire des enquêtes, qui cherchent l'argent,
07:43alors on n'arrivera pas à trouver ces criminels,
07:47à les incarcérer et à mettre fin au trafic.
07:50Donc vraiment, ce sujet-là est central.
07:52Les allocations familiales, c'est important, c'est bien, c'est symbolique.
07:55Voilà, posons la question.
07:57Mais l'essentiel, c'est quand même des moyens
07:59sur la saisie des avoirs criminels, la confiscation des grosses bagnoles,
08:03tout ce qui fait que le trafic est rémunérateur.
08:09Parce que la prison, ça ne marche plus.
08:12Justement, vous nous expliquerez pourquoi dans un instant,
08:14pourquoi la prison ne marche plus dans la dissuasion, en tout cas de récidive,
08:19de récidiver dans le trafic de drogue.
08:21Bruno Bartocetti, comment on récupère l'argent de la drogue ?
08:23Où est-ce qu'on le trouve ?
08:25Oui, alors c'est vrai qu'il faut donner un peu plus de moyens aux enquêteurs,
08:29notamment juridiques, sur les réseaux sociaux,
08:31pour identifier les trafiquants, par exemple.
08:34Et merci, monsieur le sénateur, de le souligner.
08:36Alors comment ? Il faudrait peut-être donner un peu plus de moyens aux GIR,
08:40qui travaillent en collaboration, vous le savez, police et gendarmerie.
08:43Ce sont les groupes interrégionaux de recherche.
08:46Vous avez la douane, les impôts, les gendarmes, les policiers qui travaillent ensemble.
08:53Ça a été créé, les GIR ont été créés il y a une vingtaine d'années à peu près,
08:57sauf que ça ne s'est pas assez développé.
08:59Et c'est ainsi qu'on peut travailler sur le blanchiment d'argent,
09:01parce qu'on parle de saisir au corps,
09:03saisir au corps de cocaïne, de cannabis, c'était intéressant.
09:07On ne vous parle jamais de saisir au corps d'argent en espèces.
09:10Pourtant, vous faites le calcul, quand une cité rapporte 70 000 euros par jour,
09:15vous multipliez ça par 365 jours non-stop, vous multipliez ça par 400 points de deal.
09:20Alors 70-80 000 euros une cité, c'est un maximum,
09:24mais vous multipliez ça par 400 points de deal sur la zone sud,
09:27vous imaginez le volume financier que ça rapporte.
09:30Alors j'ai une question qui est importante malgré tout,
09:32même si elle peut paraître déplacée.
09:35Est-ce que cet argent, il est redistribué dans la famille
09:39ou alors dans le quartier alentour par les trafiquants ?
09:42Puisque vous l'avez dit, 70 000 euros par jour, par exemple,
09:45sur la base d'une seule cité, c'est énorme.
09:47Donc, où est-ce qu'on le retrouve ?
09:48Est-ce que les habitants autour finissent par en profiter aussi ou pas, Jérôme Durin ?
09:53Oui, c'est un des paradoxes.
09:56Il y a quand même beaucoup d'argent qui est criminel,
09:58qui finit à Dubaï, qui finit dans des paradis fiscaux
10:01qui sert à acheter des grosses voitures et qui n'est pas que redistribué
10:04et qui est flambé par des gens qui en profitent.
10:08Mais il y a effectivement une partie de cet argent
10:11qui revient dans l'économie légale.
10:13On se posait la question du cash qui passe notamment
10:18par ces commerces éphémères qu'on évoquait tout à l'heure.
10:21Une partie de ce cash, de cet argent liquide,
10:24il finit dans l'économie légale.
10:26On nous a dit dans le sud de la France, par exemple, dans certaines zones,
10:29que ça pouvait repartir dans le bâtiment,
10:32l'hôtellerie, restauration, les entreprises de sécurité.
10:35Donc, évidemment, ça repart dans l'économie légale.
10:38Évidemment, ça repart dans l'économie de proximité.
10:43Ça fait vivre des gens.
10:44On nous a même dit que dans certains quartiers,
10:47il y avait des gens qui faisaient de la prestation de services
10:50pour nettoyer les points de ville.
10:52Donc, c'est assez paradoxal.
10:53C'est une vraie économie.
10:55C'est une filière, en quelque sorte.
10:58Alors, justement, comment la résorber ?
11:00Comment lutter contre le trafic de drogue ?
11:03Et comment taper là où ça fait mal ?
11:05On en parle avec vous, au 0826-300-300.
11:08Dans quelques instants, on reste avec nos deux invités,
11:10Bruno Bartocchetti et Jérôme Durin.
11:12A tout de suite sur Sud Radio.
11:19Il est 9h24 sur Sud Radio.
11:21Notre débat, faut-il toucher les trafiquants de drogue au portefeuille ?
11:24C'est ce qu'on essaye de faire du côté de Grenoble,
11:26en coupant les allocs tout bonnement aux trafiquants,
11:29en réintégrant les revenus de la drogue à leur déclaration de revenus
11:33à la caisse d'allocations familiale.
11:35On en parle avec nos deux invités qui sont toujours avec nous,
11:38Jérôme Durin, sénateur socialiste de Saône-et-Loire
11:40et président de la commission d'enquête sur le narcotrafic.
11:42On est aussi avec Bruno Bartocchetti,
11:44secrétaire national chargé de la zone Sud
11:46au syndicat Unité SGP Police Force Ouvrière,
11:50de son ancien nom.
11:510826-300-300, direction Toulon, tiens, dans le Var.
11:55Bonjour à vous, Guy.
11:56Oui, bonjour.
11:57Toulon qui n'est pas épargné,
11:59d'ailleurs il y a des quartiers compliqués du côté de la Seine-sur-Mer,
12:02pas très loin, mais vous nous dites que c'est partout.
12:04C'est partout maintenant.
12:06L'autre jour j'écoutais un reportage,
12:09justement, où il expliquait, sur toute la France,
12:12le problème qu'il y a.
12:13Donc, écoutez, nos élus ont trouvé des solutions miracles,
12:18c'est-à-dire qu'en réalité, on noie le problème.
12:20Donc on a sorti les gens des cités,
12:22on a recréé des logements ailleurs,
12:24mais sans aucune rigueur.
12:25Donc, qu'est-ce qui se passe ?
12:27Dans ces nouveaux logements,
12:28il se passe que dans des logements plus petits,
12:32on a étalé le problème,
12:33et le problème est de partout.
12:34Vous avez un village qui n'est pas très loin,
12:36à côté de Toulon,
12:37des QR,
12:38qui maintenant est devenu énorme en quelques années,
12:42et si vous voulez, les infrastructures ne sont pas prévues
12:45pour recevoir autant de population,
12:47mais c'est de partout pareil.
12:48Et c'est ça qui entraîne pour vous
12:50la propagation du trafic de drogue ?
12:52Non, c'est les clients.
12:54C'est les clients.
12:55Pourquoi ne pas taper au porte-monnaie des clients ?
12:57Quand vous attrapez quelqu'un qui a consommé
13:01dès la première fois déjà,
13:02vous leur faites payer ce qu'il faut.
13:05Vous leur faites payer ce qu'il faut,
13:06mais il ne faut pas les lâcher.
13:07Il ne faut pas les lâcher,
13:08mais faire payer les gens.
13:10Et s'ils n'ont pas de boulot,
13:12on les occupe.
13:13Et ce qu'il faut, c'est éduquer les gens.
13:15Je vais vous dire,
13:16peut-être que je suis un imbécile,
13:17moi j'ai 65 ans,
13:18j'ai jamais utilisé quoi que ce soit,
13:20j'ai jamais utilisé une drogue, jamais.
13:23Moi je fais un écart,
13:24j'ai été indépendant toute ma vie,
13:26je fais un petit écart,
13:27boum, vous vous faites taper sur les doigts.
13:29Ces gens-là, ils roulent avec des bagnoles
13:30que même en ayant travaillé toute votre vie,
13:32vous ne pourrez jamais vous payer.
13:34Et les personnes ne disent rien.
13:36Ma foi, ça roule comme ça,
13:37ça marche comme ça.
13:39À qui profite le crime ?
13:41À qui profite le crime ?
13:42Dites-moi, parce que ce n'est pas possible
13:45qu'on laisse faire les choses comme ça.
13:47Pourtant les policiers font ce qu'ils peuvent,
13:49c'est ce que nous dira Bruno Bartholdt.
13:50Les policiers font ce qu'ils font,
13:52mais je vais vous dire,
13:53c'est la politique qui ne fait pas ce qu'il faut.
13:55La politique n'est pas suivie.
13:57Quand vous voyez comment se comportent
13:59avec la police,
14:00c'est un scandale.
14:01La police, je vais vous dire,
14:03dans certains pays aux alentours de chez nous,
14:07vous allez voir si vous bougez dans ces pays-là,
14:09la police, elle ne va pas vous faire de cadeaux.
14:11Oui certes, après on ne va pas forcément souhaiter
14:13un état de droit comme dans d'autres pays
14:15de l'autre côté de la Méditerranée.
14:16Oui, mais je vais vous dire,
14:18je suis allé en Croatie il n'y a pas longtemps.
14:19Il y a simplement des grands panneaux.
14:21On a vu plusieurs grands panneaux.
14:23Si vous êtes attrapé à jeter des saletés par terre,
14:25c'est 300 euros.
14:26Et si vous ne voulez pas les payer immédiatement,
14:28vous allez au poste.
14:29C'est un bon début.
14:30On est d'accord, c'est un bon début mon cher Guy.
14:32Écoutez, on va en parler avec nos deux invités.
14:34Merci d'avoir pris la parole depuis tout long dans le Var,
14:36au 0826-300-300, direction les Bouches-du-Rhône,
14:39pas très loin du côté des Ragues,
14:41on est avec Olivier.
14:42Bonjour à vous Olivier.
14:44Bonjour et merci à vous de me prendre.
14:47Bienvenue.
14:48Clairement, on sent bien que vos intervenances
14:50sont faites du sujet.
14:51Ils ont bossé leur dossier,
14:52il n'y a aucun doute là-dessus.
14:53C'est leur métier.
14:54Oui, clairement, mais c'est toujours intéressant
14:57d'avoir des intervenants pertinents.
14:59Je rebondis sur les propos de votre directeur précédent.
15:01Vous prenez votre voiture,
15:03vous roulez à 145 sur l'autoroute,
15:04vous êtes attrapé par la Gendarmerie Nationale,
15:06vous payez une amende
15:07parce que vous ne respectez pas la loi
15:09qui est de 130 km sur l'autoroute.
15:10Expliquez-moi comment ça se fait
15:12que les gens qui consomment de la drogue
15:14et qui l'achètent
15:15ne soient jamais pénalisés.
15:17Moi, je suis très étonné de ça.
15:20Est-ce qu'il y a une volonté politique derrière ?
15:23Parce que dans ces sphères-là,
15:25on consomme aussi des stupéfiants
15:27et certainement pas en petite quantité.
15:29Est-ce que nos chers députés
15:33consomment des stupéfiants
15:35et donc ne veulent pas être poursuivis par la justice ?
15:37On a des vraies questions en tant que citoyen
15:39où on ne comprend pas.
15:41Nous, citoyens lambda,
15:42qui se comportons normalement,
15:43qui payons des impôts...
15:44Pourquoi ceux qui consomment, en tout cas ?
15:46Eh oui !
15:47C'est illégal.
15:48Si c'est illégal, monsieur,
15:49il me semble logique
15:50qu'ils soient pénalisés
15:51et sévèrement pénalisés.
15:52On va en parler.
15:53Peut-être que si on tapait sur le consommateur,
15:55on aurait moins de consommation.
15:56C'est une idée.
15:57C'est une idée qu'on va soumettre à nos deux invités.
15:59Merci beaucoup, en tout cas, Olivier,
16:01d'avoir pris la parole
16:03depuis ERAC dans les bouches du Rhône
16:05au 0826 300 300.
16:07D'abord, une petite question factuelle
16:08parce que ça revient beaucoup
16:10chez nos auditeurs.
16:11Vous l'avez entendu.
16:12Bruno Bartocchetti,
16:13si jamais, je rappelle, c'est illégal,
16:15mais si jamais vous m'arrêtez
16:16en possession d'une certaine quantité de cannabis,
16:18quantité, on va dire, de consommation,
16:20qu'est-ce que je risque, concrètement ?
16:24Suivant la quantité,
16:25vous allez être verbalisé
16:29et vous allez devoir payer votre amende,
16:31le simple consommateur.
16:33Maintenant, on sait que,
16:34comme beaucoup d'amendes,
16:35vous en avez 30 à 40 %
16:37qui payent leur amende.
16:38Cette amende, elle est à combien ?
16:40Écoutez, là, vous me prenez de court.
16:42Je ne sais plus.
16:43Je crois qu'on est à 135 euros.
16:45Je ne voudrais pas dire 200.
16:46200, 200, nous dit notre invité.
16:48200, vous voyez, c'est très bien.
16:51C'était la question.
16:52C'est vrai que je n'avais pas le bon temps.
16:55Le principe, c'est aussi pour faire la comparaison.
16:57Ils ont raison,
16:58nos auditeurs Bruno Bartocchetti,
17:00de dire qu'il y a des excès de vitesse
17:02qui coûtent beaucoup plus cher.
17:04Absolument.
17:05Absolument.
17:06C'est pour cette raison
17:07que les propos de vos intervenants
17:10sont très, très intéressants.
17:11Pourquoi ?
17:12Parce que vous devez éduquer.
17:14J'ai entendu parler d'éducation,
17:15et c'est important.
17:16Et on doit aussi sanctionner.
17:18Et les deux sujets sont importants.
17:20Je vais vous prendre deux exemples très vite.
17:21On a interdit la cigarette
17:24de fumer dans les lieux publics.
17:26Il y a eu très, très peu d'amendes
17:27qui ont été relevées,
17:29et le message est passé.
17:32La consommation d'alcool en France a baissé.
17:34Ça a été aussi sur un plan éducatif.
17:37Donc, on doit associer ce plan éducatif.
17:40Vous avez très peu d'intervenants
17:41aujourd'hui dans les écoles
17:42pour parler de drogue.
17:44Pourtant, on a toujours su
17:45que c'était mal, la drogue.
17:46Mais ceci dit, oui, pourquoi pas ?
17:47Il est content, en tout cas,
17:48notre autre invité de vos propos,
17:50Jérôme Durin.
17:51Et un autre sujet très, très rapide.
17:54Il est important de réagir
17:56vraiment sur un plan national,
17:58parce que ce qui nous différencie
17:59de l'Amérique latine,
18:00c'est la corruption.
18:01Et si on ne réagit pas très, très vite
18:03sur tous ces domaines,
18:04la corruption va gangréner
18:06notre administration.
18:07Et l'argent dont on parlait finira par irriguer.
18:09Ça ne peut pas être un sujet tabou.
18:10Bien sûr.
18:11Effectivement.
18:12Alors, Jérôme Durin,
18:13beaucoup de sujets à aborder.
18:14La réponse à nos auditeurs,
18:15pourquoi on ne tape pas davantage
18:17les consommateurs ?
18:18200 euros, après tout, ça ne va pas loin.
18:20Et l'autre question,
18:21la prévention qui est soulevée
18:22par Bruno Bartocetti,
18:23qui manifestement n'est pas suffisante.
18:26J'entends parfaitement la colère
18:28des gens qui disent
18:29qu'on ne comprend pas
18:30qu'on puisse avoir un niveau de trafic
18:31comme celui qu'on connaît en France.
18:33Et c'est inacceptable.
18:34Et quand on est un bon citoyen,
18:35on se dit que certains passent
18:37en travers des mailles du filet.
18:38C'est vrai.
18:39Et je pense qu'ils ont raison
18:40parce que ce qu'ils disent
18:41est en dessous de la réalité,
18:43de la gravité du sujet.
18:44Parce que ce qui est grave,
18:45ce n'est pas tellement
18:46que des gens consomment.
18:47C'est au fond qu'on puisse avoir
18:49des règlements de compte criminels
18:51en France,
18:52des règlements à l'arme automatique,
18:54des gens qui font de la corruption.
18:56Et le phénomène lui-même
18:58est beaucoup plus grave
18:59que cette simple approche
19:00du quotidien.
19:01Ça, c'est le premier point.
19:02Mais il ne faut pas confondre
19:04les consommateurs
19:05et les trafiquants.
19:06Et tout ce que dit
19:08notre commission d'enquête,
19:09600 pages de rapport,
19:10autant d'annexes,
19:12c'est que taper le consommateur,
19:15c'est vider l'océan
19:17à la petite cuillère.
19:18Parce que ça ne marche pas.
19:20La consommation,
19:22elle est liée au fait
19:23qu'il y a un tsunami blanc
19:25en termes de cocaïne
19:26sur le continent.
19:27Si les États-Unis
19:28consomment moins de cocaïne,
19:29ça vient chez nous,
19:301000 tonnes par an.
19:31Et ça crée de la consommation partout.
19:33On consomme dans tous les territoires,
19:34pas seulement dans les cités,
19:35dans les grands quartiers.
19:36On consomme dans les territoires ruraux.
19:38Donc il y a un sujet,
19:39il faut couper la tête de l'hydro.
19:42Il faut taper à la tête
19:43et il faut taper les trafiquants.
19:45Parce qu'on peut toujours
19:46aller mettre 200 euros
19:48ou 300 euros.
19:49On peut même mettre 500 euros.
19:51Il y a des pays
19:52où la consommation de drogue,
19:54c'est la peine de mort.
19:55Est-ce que la consommation
19:57est empêchée pour autant ?
19:58Non.
19:59Donc il faut qu'on supprime
20:01les réseaux criminels
20:02qu'on tape au portefeuille.
20:04Et puis après,
20:05il y a un sujet qui se pose
20:06au niveau international,
20:08c'est le statut de la consommation.
20:10Il y a plein de pays qui disent
20:11le cannabis en est autorisé.
20:13Il y a des gens qui prennent
20:14de la drogue aussi
20:15parce qu'ils sont mal dans leur peau.
20:16On voit qu'il y a des usages
20:17professionnels pour tenir
20:18des chauffeurs routiers,
20:19des marins pêcheurs.
20:21Il y a des causes sociales.
20:22On rappelle que c'est illégal ?
20:24C'est illégal,
20:25évidemment c'est illégal.
20:27Mais c'est la réalité de la société.
20:30Alors on peut dire
20:31on tape, on tape, on tape.
20:32Donc vous appelez à la légalisation
20:33de certaines...
20:34Non, je pense qu'il faut avoir le débat
20:36parce qu'on voit que
20:38toutes les substances
20:39ne sont pas équivalentes.
20:40Et je pense aussi qu'il faut
20:41de vraies campagnes de prévention.
20:42Moi, je suis contre la consommation.
20:44Moi, je suis contre la consommation.
20:46En revanche,
20:47j'ai vu beaucoup de policiers
20:48qui disent
20:49on est en train de perdre
20:50la guerre contre la drogue.
20:51Donc il faut qu'on réfléchisse.
20:52Mais pourquoi battre en retard ?
20:53Monsieur le sénateur,
20:54à quoi bon dire
20:55je suis contre la consommation
20:57mais demandons-nous
20:58si on peut la légaliser ?
20:59C'est complètement contradictoire.
21:01Pas du tout.
21:02Ça peut être la voie
21:06que proposent un certain nombre de gens
21:08qui travaillent
21:09à l'accompagnement des risques.
21:10On n'a pas de politique de prévention
21:11dans ce pays.
21:12C'est des substances
21:13qui sont interdites.
21:15Donc du coup,
21:16on n'en parle surtout pas
21:18parce que si on en parle,
21:19on en fait la publicité.
21:20Donc je pense qu'il faut avoir
21:21une approche globale.
21:22On a une commission d'enquête
21:23qui a été très représentative
21:24et une enquête qui a été
21:25très répressive.
21:26On a des mesures très dures,
21:27je vous l'assure.
21:28On propose des outils nouveaux,
21:29les repentis.
21:30Il y a une asymétrie
21:31avec des criminels
21:32qui sont très puissants.
21:33Donc il n'y a aucun laxisme,
21:34aucun angelisme.
21:35En revanche,
21:36il faut avoir une vision large
21:37qui va de la prévention
21:38à la répression.
21:39Et je pense que simplement
21:40taper les consommateurs,
21:41ça ne se finira pas.
21:42Eh bien,
21:43on en parlera
21:44de cette guerre
21:45contre le narcotrafic.
21:46Rendez-vous malheureusement
21:47à la prochaine bataille.
21:48Merci à tous les deux
21:49d'avoir pris la parole
21:50sur Sud Radio ce matin
21:51à ce sujet.
21:52À ce sujet,
21:53Jérôme Durin,
21:54sénateur socialiste
21:55de la Saône-et-Loire
21:56et président de la commission
21:57d'enquête sur le narcotrafic
21:58et Bruno Bartocchetti,
21:59secrétaire national
22:00de la Zone Sud
22:01pour le syndicat
22:02Unité SGP Police Force Ouvrière.
22:04À suivre sur Sud Radio.
22:06On parlait du trafic de drogue.
22:08Justement, malheureusement,
22:09parfois,
22:10des crimes ne sont pas dus
22:11seulement à la drogue.
22:12C'est ce qu'on verra
22:13avec Julie Rigoulet,
22:14du Nouveau Détective.
22:15A place aux grandes histoires
22:16criminelles françaises,
22:17c'est dans un instant.

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