• il y a 4 mois
Avec Benjamin Lucas, député NFP des Yvelines et Pierre Cordier, député Les Républicains des Ardennes

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##LES_GRANDS_DEBATS_DU_MATIN-2024-07-19##

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News
Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 8h-10h, Benjamin Gleize.
00:04Sud Radio, 9h15, Sud Radio, parlons vrai, on est repartis pour un tour.
00:08Donc Yael Brown-Pivet, réélu président de l'Assemblée Nationale,
00:11l'élection très disputée à l'issue du troisième tour, elle a recueilli 220 voix,
00:1613 de plus, seulement qu'André Chassaigne, le candidat unique du nouveau Front Populaire,
00:20207 voix pour lui, 141 pour le candidat du RN, Sébastien Chenu, Assemblée Nationale au perchoir.
00:26Rien ne bouge, clarification est là, on ouvre les débats sur Sud Radio,
00:30vous nous appelez 0826-300-300, appelez-nous pour réagir.
00:34Najat, je vous attends au standard, et puis vous donnez votre avis sur nos réseaux sociaux,
00:38vous répondez à notre question du jour sur notre compte Twitter Sud Radio,
00:41Laurie Leclerc, à propos justement de cette réélection de Yael Brown-Pivet.
00:45Est-ce une bonne nouvelle selon vous ? Et bien c'est non à 77%, oui à 11%, vous êtes sans avis à 12%.
00:50Allez, on entame les débats, je vous présente notre premier invité, Benjamin Lucas, bonjour.
00:54Bonjour à vous, et merci d'être avec nous ce matin, vous êtes député écologiste et social,
00:59nouveau Front Populaire des Yvelines, dans la 8ème circonscription.
01:03Première question, toujours en forme ou pas ?
01:05T'as commencé à tirer, compliqué ?
01:07Écoutez, je pense qu'il y a plus à plaindre que les parlementaires dans cette période.
01:11Oui, en forme parce que déterminé, parce que les Françaises et les Français nous ont fait confiance,
01:17à 577 d'entre nous, que le nouveau Front Populaire auquel j'appartiens et dont je tire ma légitimité est en tête,
01:23est la principale force politique à l'Assemblée Nationale, malgré le conglomérat de circonstances qu'on a pu voir hier
01:28pour que rien ne change au perchoir, et donc ça me donne une énergie incroyable.
01:32Des magouilles ? Ce sont des magouilles qui ont eu lieu hier sur cette élection, c'est ce que vous pensez ou pas ?
01:37Oui, écoutez, au premier tour, c'est-à-dire quand les forces politiques se comptent, le nouveau Front Populaire est en tête,
01:42au-delà même de son nombre total de sièges, et je remercie d'ailleurs André Chassaigne d'avoir porté notre espoir collectif
01:49au nom de l'indépendance du Parlement et du respect du pluralisme.
01:53Et puis, on apprend par voie de presse qu'il y aurait des tractations qui concerneraient non pas un programme de gouvernement,
01:59non pas des mesures pour améliorer la vie des Français, pour changer le destin du pays, non, non,
02:04qu'il y aurait des postes au bureau de l'Assemblée Nationale, là une vice-présidence, là une question,
02:09je suis certain que celles et ceux qui nous écoutent sachent d'ailleurs ce qu'est une question,
02:12ni même que tous les parlementaires sachent ce qu'est une question.
02:14C'est l'occasion de le préciser, Benjamin Lucard, pour les auditeurs aussi.
02:17Et donc, tout ça serait finalement du marchandage de postes, pourquoi ?
02:21Pour en fait permettre à la Macronie de se maintenir au perchoir, alors que, pardon,
02:24mais ça fait deux reprises, européennes et législatives, que les Françaises et les Français ont très clairement dit
02:30qu'ils voulaient tourner la page du macronisme.
02:32Et moi, je suis inquiet pour une chose, c'est que, vous savez, je suis attaché à la démocratie parlementaire.
02:36Et l'antiparlementarisme, il se nourrit aussi de ces combines, de cette idée que le vote des Français n'est pas respecté,
02:42et ça, c'est extrêmement inquiétant, et en fait, hier, personne n'a gagné.
02:46Elle est légitime ou pas, au final, Yael Brown-Pivet ?
02:49Vous dites que, finalement, le vote des Français n'a pas forcément été respecté sur cette élection, sa réélection ?
02:54Écoutez, les Françaises et les Français ont dit qu'on ne veut plus d'Emmanuel Macron,
02:57ils l'ont dit le 9 juin aux élections européennes, ils l'ont dit le 30 juin en premier tour des élections législatives,
03:00et ils l'ont dit le 7 juillet à l'occasion du second tour des élections législatives.
03:03Et la Macronie ne doit son salut en termes de nombre de députés qu'au barrage républicain
03:08que nous avons fait, au désistement de la gauche, qui lui ont permis, dans certaines circonscriptions,
03:12de l'emporter face à l'extrême droite.
03:13Et quelle est la conclusion qu'elle en tire ?
03:15C'est qu'on présente la même candidate, qui a en plus un bilan désastreux à la tête de l'Assemblée nationale,
03:20on combine avec Laurent Wauquiez et ses amis, tout ça pour maintenir au perchoir.
03:25C'est un signal désastreux envoyé aux Françaises et aux Français.
03:27Benjamin Lucas, on a entendu certains députés de gauche dire qu'ils allaient étudier,
03:32notamment Sandrino Rousseau le disait, toutes les voies de recours juridiques pour contester cette élection.
03:40Vous allez vraiment le faire ? Et quel est votre avis à ce sujet ?
03:42Écoutez, moi je suis pour les discussions collectives, donc on va en discuter collectivement.
03:45Il y a des groupes, il y a des intergroupes, etc.
03:47Ce qui est certain, c'est que j'entendais hier Jean-Louis Debré.
03:51On ne peut pas soupçonner Jean-Louis Debré, ancien président de l'Assemblée nationale,
03:54ancien président du Conseil constitutionnel, chiracien, gaulliste,
03:57on ne peut pas le soupçonner d'être un ardent militant écologiste, insoumis, socialiste ou communiste.
04:03Et Jean-Louis Debré disait, avec des termes extrêmement durs, qu'il était choqué, scandalisé,
04:08par le fait que 18 ministres, actuellement encore en exercice, même s'ils démissionnèrent,
04:13aient pu participer au scrutin.
04:15C'est une violation manifeste de l'esprit de la Constitution et de la séparation des pouvoirs,
04:18qui préexistent eux-mêmes à la Constitution de 1958,
04:21et c'est une violation de la loi électorale,
04:23qui dit qu'un ministre démissionnaire qui est parlementaire a un mois pour choisir
04:26et qu'il ne peut pas prendre part au scrutin.
04:29Je le dis, c'est important parce que ça fait 30 ou 40 ans,
04:32la situation s'est présentée à chaque fois qu'un gouvernement est nommé,
04:35à chaque fois qu'un gouvernement est démissionné,
04:37ça fait 30 ou 40 ans,
04:39je n'étais même pas né, en 1988,
04:41ça fait 30 ou 40 ans qu'il y a une jurisprudence constante
04:44qui veut que des ministres démissionnaires ne participent pas au vote à l'Assemblée Nationale,
04:48parce qu'on ne peut pas être à la fois membre de l'exécutif et du législatif.
04:51Rendez-vous compte, on a hier, c'était cocasse,
04:53M. Attal, qui est Premier ministre de la France,
04:56M. Darmanin, qui est ministre de l'Intérieur,
04:58et d'autres qui sont en même temps parlementaires.
05:00S'il y avait des questions au gouvernement demain, ça veut dire qu'ils se poseraient des questions à eux-mêmes.
05:03Tout ça est quand même ubuesque, tout le monde peut le comprendre.
05:06Franck Elisiot, tout à l'heure, député RN des Bouches-du-Rhône,
05:09nous disait qu'il faut supprimer, finalement, ce troisième tour,
05:12l'élection de présidence de l'Assemblée Nationale,
05:16puisque le deuxième, finalement, ne sert qu'à faire ces tractations-là.
05:21Vous êtes d'accord avec lui ?
05:23Écoutez, je crois qu'on l'entendait, en tout cas.
05:26On peut toujours améliorer nos règles.
05:28Le problème hier, ce n'est pas la règle d'élection du président de l'Assemblée Nationale.
05:31Il faut bien qu'à un moment donné, une majorité simple suffise à être élu,
05:34parce que sinon, on peut avoir 50, 60, 200 tours de scrutin.
05:37On pourrait avoir une majorité relative dès le deuxième tour, ça pourrait, à ce moment-là.
05:41Oui, pourquoi pas.
05:43Mais non, je crois que c'est pas mal d'essayer de chercher le plus longtemps possible
05:46d'avoir une majorité absolue, et d'essayer d'avoir le plus longtemps possible
05:48la recherche d'une présidence de l'Assemblée Nationale
05:50qui rassemble une majorité de suffrage.
05:53Je crois que ce ne sont pas nos règles qui sont en cause hier.
05:56Ce qui est en cause, c'est l'éthique, c'est la morale,
05:58c'est le fait que le président de la République ait choisi de nommer Mme Brune-Pivet,
06:01parce que quand il accepte la démission du gouvernement,
06:04quelques heures à peine avant l'installation de l'Assemblée Nationale,
06:07il le fait uniquement pour que 18 ministres puissent participer au scrutin,
06:10et c'est plus que la marge avec laquelle est élue Mme Brune-Pivet.
06:13Ça veut dire que, et c'est là aussi où il y a un problème pour l'indépendance du Parlement,
06:16qui devrait proclamer son indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif.
06:19En réalité, cette magouille a permis de nommer Mme Brune-Pivet.
06:23Ce n'est pas forcément le choix d'Emmanuel Macron, c'est ce qui se dit.
06:27Écoutez, elle a été soutenue unanimement par son parti,
06:30il n'y a pas eu de candidature contre elle au sein du groupe Renaissance,
06:33et tous les parlementaires macronistes ont voté pour elle,
06:35donc il y a sans doute des bruits de couloir.
06:37On sait qu'Emmanuel Macron a visiblement du mal avec le collectif,
06:40et on a l'impression qu'il n'aime pas grand monde,
06:41vu comment il a traité ses ministres et les parlementaires de son ex-majorité.
06:45En tout cas, elle était la candidate soutenue par le président de la République,
06:47et elle est l'obligée désormais du président de la République,
06:50parce que c'est par sa manœuvre gouvernementale,
06:52par le fait qu'il est permis à des ministres de siéger et de voter,
06:55qu'elle est au perchoir.
06:56Et donc elle est de fait, aujourd'hui, redevable au président de la République.
06:59C'est très mauvais, pas simplement pour elle,
07:00pas simplement pour les oppositions,
07:03ou les majorités à venir, et j'espère que nous serons la majorité gouvernementale,
07:07c'est aussi mauvais pour le Parlement et l'indépendance du Parlement,
07:10qui doit être préservée,
07:11parce que dans les messages des Français, le 30 juin et le 7 juillet,
07:14il y a notamment l'idée d'avoir un Parlement qui échappe à la tutelle du président de la République.
07:18– Benjamin Lucas, est-ce que vous avez serré la main, hier,
07:21aux deux députés Benjamin ?
07:23L'un RN, l'autre LRN.
07:26Est-ce que vous les avez, saluons, leur serré la main ?
07:28– Je crois, objectivement, sans manquer de respect à cette thématique
07:32que vous avez choisi d'aborder ce matin,
07:34je crois qu'il y a d'autres préoccupations pour les Françaises et les Français,
07:36d'autres sujets importants pour notre démocratie,
07:38que de savoir qui serre la main, qui ne serre pas la main.
07:40– Mais vous savez, ça les a marqués les Français tout de même.
07:42– Donc non, je crois qu'il y a un récit médiatique autour de ça,
07:44mais enfin, dans la vie, moi j'ai serré la main,
07:46parce que quand on sort de campagne électorale,
07:48on a un petit réflexe du bras qui veut qu'on tend
07:50et qu'on serre la main à tout le monde,
07:52il faut un peu de temps pour s'en désintoxiquer.
07:54Je vais y travailler pendant les vacances.
07:56Non, moi je serre la main, je n'y vois pas une marque de connivence,
07:59mais je comprends les collègues qui ne l'ont pas fait
08:02et qui ont souhaité manifester ainsi, publiquement,
08:05le fait que les idées de l'extrême droite,
08:08qui a présenté plus de 80 candidats
08:10qui ont tenu des propos racistes lors des élections législatives,
08:13ces idées-là ne sont pas des idées normales,
08:14ne sont pas des idées banales.
08:16Et moi, par contre, ce qui m'a choqué, je vais vous dire hier,
08:18ce n'est pas que certains aient refusé de serrer la main,
08:21ce qui m'a choqué, c'est que la présidente de l'Assemblée nationale
08:23fasse applaudir Sébastien Chenu et la RN,
08:26il me semble que c'est un précédent.
08:27– Elle l'a fait applaudir aussi André Chassaigne.
08:29– Ce n'est pas la même chose,
08:31parce que le nouveau Front Populaire a appelé au désistement
08:33et au barrage républicain.
08:34Ce n'est pas la même chose parce que l'extrême droite dans ce pays,
08:36elle est un adversaire des valeurs de la République
08:38et qu'on ne peut pas mettre sur le même plan André Chassaigne,
08:40combattant infatigable de la République,
08:42parlementaire respecté sur tous les bancs
08:44et le représentant de l'extrême droite raciste et nationaliste.
08:47Et donc Mme Brune Pivet qui fait ça, ça, ça me choque.
08:50Voilà, ça, ça me choque énormément parce qu'elle contribue
08:52et elle a contribué pendant deux ans d'ailleurs
08:54à faire cette banalisation.
08:56Et je le dis, il y a aujourd'hui un vote encore plus important
08:58que la présidence de l'Assemblée nationale.
08:59C'est est-ce qu'on va ou pas accorder à l'extrême droite
09:01des responsabilités au sein du Parlement ?
09:03– On va y revenir, Benjamin Lucas, député écologiste et social,
09:06nouveau front populaire des Yvelines,
09:08huitième circonscription.
09:09On va y revenir parce qu'on va au standard.
09:11Tout d'abord avec Yves d'Arcachon qui est avec nous.
09:13Bonjour Yves.
09:14– Oui, bonjour à tous.
09:16J'ai une opinion sur la réélection de Mme Brune Pivet.
09:21En fait, en dépit des nombreuses déculottées qu'il subit,
09:25Macron à chaque fois prend le contre-pied
09:28de ce qui est attendu et il gagne.
09:31En fait, si vous voulez, je pouvais le comparer à un gyroscope.
09:35Un gyroscope, c'est un appareil qui a un fort niveau d'énergie,
09:39ça on ne peut pas le nier, mais centré sur elle-même
09:42et qui pour réagir au changement de direction qui se présente,
09:50réagit de façon qu'on appelle paradoxale en physique,
09:54en se déplaçant en fait perpendiculairement
09:58à la direction qui est proposée.
10:01Et donc, à chaque fois, il nous meurtant, il nous piège, etc.
10:05Et c'est ainsi qu'il détruit tout, il agit de façon complètement erratique,
10:09il détruit la France parce qu'en fait, il n'aime pas la France.
10:13– Merci à vous Yves, très belle journée à vous.
10:16On va faire réagir Benjamin Lucas qui sourit, vous souriez à l'instant.
10:20L'image du gyroscope, ça vous parle ou pas ?
10:23– Oui, je trouve l'image intéressante.
10:26En tout cas, regardez, ce qui est certain,
10:28c'est qu'Emmanuel Macron ne se comporte pas en démocrate.
10:30Un démocrate, ça fait quoi ?
10:32Un démocrate, ça reconnaît le résultat des urnes.
10:34Et quand les urnes mettent en tête le nouveau Front Populaire,
10:36vous savez, ce n'est pas une vue de l'esprit.
10:38Dans une démocratie parlementaire, il y a une règle qui est simple.
10:41– Avec un délecteur tout de même.
10:42– Il y a une règle qui est simple, c'est que dans un parlement,
10:45on confie à la force arrivée en tête le soin de former un gouvernement.
10:48Après, elle réussit ou elle échoue, ça lui appartient.
10:50Et moi, je mesure que la tâche sera difficile,
10:53qu'il nous faudra être très convaincants.
10:55J'ai vu d'ailleurs mon collègue Cordier qui vient d'arriver dans le studio.
10:58Je sais qu'il faudra être convaincant pour aller obtenir des majorités.
11:03Pour la brogation de la réforme des retraites,
11:06pour l'augmentation du SMIC et des minima sociaux.
11:08Bref, ou par exemple, pour les sujets qui me concernent,
11:10pour le droit aux vacances et l'accès au départ en vacances pour toutes et pour tous.
11:13Il faudra aller chercher des majorités, ce sera difficile.
11:15Mais donc, Emmanuel Macron, je disais, premier point,
11:17doit se comporter en démocrate d'abord en reconnaissant le résultat des suffrages.
11:21Et la première des reconnaissances du résultat des urnes,
11:25c'eût été de ne pas présenter au perchoir Mme Braune-Pivet,
11:29qui incarne le macronisme.
11:31D'ailleurs, hier, son discours est totalement lunaire.
11:33Elle nous dit qu'il faut coopérer, qu'il faut travailler ensemble.
11:35Elle est à deux doigts de nous réinventer Macron 2017.
11:37Vous savez, on va prendre un peu à gauche, un peu à droite.
11:39Les opportunistes et les renégats des deux camps,
11:41et on va faire un gouvernement.
11:43La réalité, c'est qu'ils se sont surtout mis dans la main de Laurent Wauquiez.
11:47Bravo à lui, d'ailleurs, pour ce coup tactique habile.
11:51Elle nous dit qu'il faut des services publics, recréer de l'emploi,
11:55l'école, les hôpitaux, etc.
11:57Elle n'a rien entendu, rien vu,
11:59pendant la campagne législative et pendant deux ans.
12:01C'est lunaire, vraiment.
12:02Benjamin Lucas, député écologiste et social,
12:04Nouveau Front Populaire des Yvelines.
12:06Vous restez avec nous.
12:07On continue le débat 0826-300-300.
12:09Avec vous, Pierre Cordier. Bonjour.
12:11Bonjour.
12:12Député de la droite républicaine des Ardennes,
12:14deuxième circonscription.
12:16Vous restez avec nous, on continue le débat tout de suite.
12:18Le Grand Matin Sud Radio, 8h-10h, Benjamin Gleize.
12:22Et on poursuit les débats, on parle de politique
12:24avec nos deux invités de députés,
12:26Benjamin Lucas, député écologiste et social
12:28du Nouveau Front Populaire des Yvelines,
12:30huitième circonscription.
12:31Et puis Pierre Cordier, qui nous a rejoint,
12:33député à la droite républicaine,
12:35puis les ALR, c'est la droite républicaine,
12:37donc dans les Ardennes, deuxième circonscription.
12:40Pierre Cordier, vous avez voté hier pour Yael Broun-Pivet ?
12:43En réalité, j'ai plutôt voté contre les Insoumis,
12:46pour tout vous dire, parce que tout le monde sait que
12:48dans mon groupe, avant les Républicains,
12:50maintenant la droite républicaine,
12:52je n'ai absolument aucun point commun
12:54avec les macronistes et la République En Marche,
12:56devenue Renaissance, devenue la...
12:58je ne sais plus comment ils s'appellent.
13:00Ensemble pour la République.
13:02Moi, là-dessus, les choses sont claires.
13:04J'ai assisté, si vous voulez, ces deux dernières années
13:07à une bordélisation de l'Assemblée Nationale
13:09que je ne peux pas accepter.
13:11Je ne vais pas vous dire que j'ai voté d'une grande gaieté de cœur
13:13et ça m'a coûté, je vous le dis franchement,
13:15de voter Yael Broun-Pivet,
13:17parce que je pense qu'il aurait été plus opportun,
13:19de la part de la majorité minoritaire,
13:21de présenter un autre candidat ou une autre candidate.
13:23Voilà, ça n'a pas été très opportun
13:25et très politiquement,
13:27comment j'allais dire,
13:29pertinent de la reproposer de nouveau.
13:31Mais j'ai beaucoup de respect aussi pour André Chassaigne,
13:33parce que c'est quelqu'un...
13:35J'ai voté un de ses textes, d'ailleurs,
13:37sur les retraites pour les époux-épouses
13:39de conjoints agriculteurs,
13:41parce que son texte était intéressant.
13:43Si il n'y avait que des André Chassaigne dans le groupe de gauche,
13:45je serais heureux, mais il y a aussi quelques hurlus-berlus
13:47que je ne voulais pas voir accéder
13:49à des responsabilités, puisqu'on sait derrière
13:51qu'il y avait aussi le gouvernement derrière
13:53le perchoir et que je ne voulais pas voir
13:55la France bordélisée.
13:57On va parler de cette question du gouvernement.
13:59Benjamin Lucas, d'un mot, vous vouliez réagir à ce sujet ?
14:01J'aime bien mon collègue Cordier,
14:03parce que c'est quelqu'un...
14:05Je pense qu'on a besoin d'une gauche et d'une droite dans ce pays,
14:07que l'illusion macroniste du dépassement des clivages,
14:09tout ça, on l'a vu d'ailleurs, ça n'a amené que des députés
14:11le péniste en plus,
14:13et finalement nos concitoyens ont décidé de tourner cette page-là,
14:15on l'a vu dans différentes élections,
14:17de faire revenir ce clivage gauche-droite, il est ça.
14:19Et du coup, comme c'est quelqu'un qui est toujours sincère
14:21dans ses convictions, même quand je ne les partage pas,
14:23je trouve ça assez amusant de le voir un peu gêné,
14:25de dire, j'ai voté Mme Le Pen, mais bon, c'était contre les insoumis,
14:27mais en même temps c'était André Chassaigne qui est communiste,
14:29qui est quand même une figure respectée.
14:31Donc ça montre aussi
14:33l'état de tambouille de tout ça,
14:35parce qu'en réalité, il le sait,
14:37c'est qu'il y a eu une vice-présidence promise
14:39à Mme Genevard, la présidence de la commission des finances
14:41promise à Mme Louvaji,
14:43une question promise à je ne sais qui,
14:45tout ça, ça reste des postes et de la tambouille,
14:47et je crois que dans les Ardennes comme dans les Yvelines,
14:49nos électrices et nos électeurs, c'est pas ça qu'ils veulent.
14:51Je partage entièrement ton avis,
14:53de 2021...
14:55On a déjà un rapprochement du coup,
14:57écologiste, LR...
14:59Je pense qu'on est tous les deux deux députés honnêtes,
15:01chacun avec nos convictions, mais on dit les choses.
15:03Et c'est pas en essayant
15:05de se couvrir derrière je ne sais quel droit
15:07qu'on arrivera à faire progresser le débat.
15:09Je veux dire malgré tout à mon collègue
15:11que de 2022 à 2024,
15:13ils ont participé aussi à l'exécutif
15:15au niveau de l'Assemblée Nationale,
15:17qu'il y avait des vice-présidences à gauche,
15:19qu'il y avait la présidence de la commission des finances à gauche.
15:21Donc vous avez participé de 2022
15:23à 2024 finalement à l'exécutif,
15:25on va l'appeler comme ça,
15:27de l'Assemblée Nationale avec un certain nombre de postes.
15:29Donc effectivement, il y a une répartition des postes.
15:31Moi je ne suis pas favorable
15:33à ce qu'on donne plus à l'un qu'à l'autre,
15:35les écolos, la gauche,
15:37le Rassemblement National a le droit à des postes.
15:39Et il est hors de question
15:41d'aller m'amailler derrière, et en tous les cas,
15:43au sein de mon groupe, je le dis à mon collègue,
15:45je m'y opposerai. Parce que je ne veux pas
15:47que nos compatriotes voient qu'en échange
15:49d'un plat de lentilles, on a mis le bulletin
15:51y'a Elbrone pivé, y'a moi, je l'ai fait,
15:53ça m'a énormément coûté,
15:55je l'ai fait parce que je ne voulais pas voir des Louis Boyard,
15:57des Madame Obono, on a vu ce qui s'était passé
15:59de 2022 à 2024, et je suis sûr
16:01qu'au fond de lui, mon collègue,
16:03il n'est pas très fier non plus de ce qu'il a pu se passer
16:05par certains de ses collègues, je ne lui demande pas de l'éronner
16:07ni de les critiquer, c'est pas ça l'objet de la question.
16:09Quand on est député de la nation,
16:11on doit quand même se tenir un peu,
16:13les drapeaux palestiniens, les insultes,
16:15etc. Moi, je refuse totalement
16:17cette bordélisation, et je pense qu'on peut
16:19se retrouver là-dessus. — La réponse dans un instant avec vous,
16:21Benjamin Lucas, mais du côté
16:23des DLR, cette volonté, là, y'a
16:25une clarification quand même, c'est-à-dire que
16:27alliance, d'une certaine manière, avec le Bloc central.
16:29— Alors, je vous réponds, il n'y a eu
16:31aucune alliance et aucun
16:33poste négocié au niveau du gouvernement.
16:35— Aucune tractation.
16:37— Il y a eu des échanges,
16:39notre collègue vient de le dire, pour
16:41un poste de VP auquel on peut avoir droit,
16:43un poste de secrétaire... — De vice-présidente.
16:45— Voilà, de vice-président, pardon,
16:47de secrétaire auquel on peut avoir droit.
16:49Peut-être des discussions pour les commissions,
16:51mais je trouverais normal aussi que la gauche
16:53et le Rassemblement national, qui, la gauche
16:55a fait 7 millions de voix, le Rassemblement national
16:57plus de 10 millions, récupère aussi
16:59des postes au niveau de l'exécutif de l'Assemblée.
17:01Il faut arrêter de tromper les gens et d'essayer
17:03de vouloir attirer à soi pour avoir
17:05un poste en plus ici ou un autre là.
17:07Je pense effectivement que nos compatriotes y récusent
17:09totalement ce genre de mamailles, et moi, en tous les
17:11cas, je ne rentrerai pas dedans et je prendrai mes responsabilités.
17:13— Benjamin...
17:15— Non, je ne réponds pas sur la bordélisation, promis, parce que
17:17bon, en plus, le camarade Cordier...
17:19— D'un mot, ça m'intéresse...
17:21— Moi, ce qui fait que l'après-ci,
17:23c'est aussi qu'il n'est pas le plus discret en hémicycle...
17:25— C'est pas faux.
17:27— Mais je veux dire, la démocratie,
17:29c'est ça. Le macronisme a voulu
17:31tout aseptiser, nous faire croire que finalement,
17:33entre gens raisonnables, on pouvait se mettre d'accord sur des chiffres
17:35et des tableaux Excel.
17:37Et il fait partie d'une droite que je respecte, dont je
17:39ne partage pas les convictions, mais d'une droite
17:41qui affirme des convictions, qui sont historiques, qui sont anciennes
17:43et qui prend aussi des risques, parce que
17:45il a refusé de suivre M. Ciotti
17:47dans une aventure de reniement
17:49de ce qu'est le gaullisme et le chiraquisme.
17:51Donc, je ne réponds pas là-dessus, parce qu'en vrai,
17:53je pense qu'il y a des gens qui parlent fort dans tous les groupes.
17:55Par contre, il dit quelque chose de très intéressant,
17:57M. Cordier. Il dit qu'il n'y a pas eu d'accord
17:59de gouvernement. Et donc, ça veut dire
18:01une chose. Ça veut dire qu'hier, ça ne résout rien
18:03à la situation politique. Et donc, ça veut dire,
18:05vous voyez où je veux en venir, que
18:07la première force politique cohérente
18:09qui demeure sur la table, c'est le Nouveau Front Populaire
18:11à l'Assemblée Nationale. Et donc,
18:13le président de la République n'a pas le choix.
18:15Il doit appeler le Nouveau Front Populaire
18:17à gouverner. Mais on le trouvera rapidement, ne vous inquiétez pas
18:19là-dessus. D'ailleurs, je pense qu'il faut
18:21arrêter avec ce mythe de croire que tout se passe
18:23à Matignon. Il faut une équipe gouvernementale
18:25plurielle, qui débat, qui discute,
18:27qui forme un collectif. Mais en tout cas,
18:29il faut déjà, le préalable, comprendre bien, avant
18:31qu'on choisisse un Premier ministre, il faut quand même que
18:33le président de la République fasse son devoir
18:35et décide d'appeler à gouverner la principale force
18:37politique, étant entendu que,
18:39et c'est confirmé par un représentant
18:41de la droite, qu'il n'y a pas, dans le vote d'hier,
18:43de signification politique.
18:45Qu'il n'y a pas d'accord de gouvernement. Qu'il n'y a pas
18:47de coalition et de programme partagé.
18:49Et moi, je m'en réjouis pour la clarté.
18:51Parce que je pense que
18:53LR, aujourd'hui la droite républicaine,
18:55qui a combattu un stand de
18:57disposition du gouvernement Macron, n'a pas
18:59vocation à gouverner aujourd'hui
19:01avec elle,
19:03avec lui. Et donc,
19:05à la logique institutionnelle, on peut la regretter.
19:07Mais enfin, la logique institutionnelle, c'est
19:09qu'on aille vers la force qui a le plus de députés. Il faut bien
19:11trouver un moment donné où on choisit à qui
19:13on confie le gouvernement. Après, à l'Assemblée
19:15nationale de faire son travail. Il y a du parlementarisme,
19:17texte après texte, texte d'initiative
19:19gouvernementale et puis texte des parlementaires.
19:21De trouver justement une figure aussi pour
19:23incarner ce gouvernement que vous
19:25souhaitez, que vous appelez de vos voeux.
19:27J'aimerais quand même vous faire
19:29réagir sur une chose aussi,
19:31parce qu'il y a le Parlement, il y a l'Assemblée nationale
19:33d'une part, et puis il y a le Parlement européen
19:35de l'autre, à Strasbourg,
19:37avec cette réélection, autre réélection,
19:39d'Ursula von der Leyen à la tête
19:41de la Commission européenne.
19:43Il y a une image qui a beaucoup fait réagir, c'est la collate
19:45de Manon Aubry, tête de liste
19:47aux députés La France insoumise
19:49à Ursula von der Leyen.
19:51Pierre Cordy, vous avez peut-être vu cette image.
19:53Pas du tout. Non, du coup, je la donne.
19:55Peut-être Benjamin Lucas pour
19:57commencer alors. Alors, il faut savoir, quand
19:59les insoumis ne serrent pas la main, ça pose un problème
20:01et quand les insoumis font la bise, ça pose un problème.
20:03Non, écoutez, il y a
20:05sans doute de la courtoisie,
20:07je ne connais pas la nature de leurs
20:09relations personnelles, mais vous savez, moi,
20:11il y a des gens que je combats politiquement,
20:13avec lesquels je ne suis pas d'accord, et pour lesquels je peux avoir
20:15de la sympathie. Moi, je mets une barrière, quand même,
20:17de cordon sanitaire avec l'extrême droite, parce que
20:19les valeurs qu'elle véhicule de
20:21racisme, de haine, de division, sont antinomiques
20:23avec ce que je pensais être
20:25la valeur républicaine. Vous savez, moi, je trouve
20:27que Jacques Chirac a eu raison, en 2002,
20:29de refuser de débattre avec Jean-Marie Le Pen
20:31dans l'entre-deux-tours, et de maintenir ce cordon
20:33sanitaire, qu'il a eu raison de condamner en 1998
20:35les alliances dans les conseils régionaux
20:37entre la droite et l'extrême droite, et que peut-être,
20:39s'il avait été davantage écouté
20:41à l'époque, on n'en serait pas dans la situation dans laquelle on est.
20:43Après, franchement, si maintenant la politique se résume
20:45à commenter les non-serrages de mains des autres
20:47et les bises des autres, bon, on s'en sort pas.
20:49Ce qui est important, c'est le vote.
20:51Ce qui est important, c'est les convictions politiques.
20:53Et elle n'a pas voté pour Ursula von der Leyen, Manon.
20:55Oui, c'est vrai que sur ces histoires de bises et de bonjour,
20:57moi, j'ai assisté hier,
20:59effectivement, le Benjamin de l'Assemblée Nationale, c'est un Ardennais.
21:01Il est voisin de ma circonscription.
21:03Voilà, 22 ans, il est au Rassemblement National.
21:05Il y a des gens qui n'ont pas voulu lui serrer la main.
21:07Je m'excuse, mon père m'a appris à dire bonjour, au revoir, s'il te plaît, merci.
21:09Et donc, quelles que soient les idées
21:11que l'on peut combattre, on peut quand même se saluer.
21:13Et ça a donné, en tous les cas,
21:15une très, très, très mauvaise image, à un moment aussi,
21:17avec une forme de provocation
21:19d'un député insoumis à l'égard de ce jeune
21:21parlementaire, Rassemblement National,
21:23qui n'a pas du tout les mêmes idées que moi.
21:25Il n'en demeure pas moins qu'il faut avoir de la courtoisie.
21:27Alors, effectivement, cette histoire de bises que vous montrez
21:29à Ursula von der Leyen, moi, ce que je note,
21:31c'est que François-Xavier Bellamy,
21:33notre candidat des Républicains,
21:35avait dit qu'il ne voterait pas pour Ursula von der Leyen.
21:37Il a été jusqu'au bout, François-Xavier.
21:39Je veux saluer aussi son geste.
21:41Il n'a pas voté pour elle, et ça, il s'était engagé
21:43pendant la campagne, et il l'a tenu.
21:45Après, on peut se dire bonjour, ça reste accessoire,
21:47mais la politesse, c'est important.
21:49– Je vous ai dit bonjour, je vous dis merci, au revoir.
21:51– Benjamin Lucas, au revoir.
21:53– Voilà, par référence
21:55à Valérie Giscard d'Estaing, forcément,
21:57Benjamin Lucas, député
21:59écologiste et social, Nouveau Front Populaire
22:01des Yvelines, 8e circonscription.
22:03Merci à vous, Pierre Cordier, député
22:05de la droite républicaine des Ardennes, 2e circonscription.
22:07Et merci d'avoir été au rendez-vous
22:0908-126-300-300. Dans un instant,
22:11tout autre chose, on ouvre notre
22:13page été avec au programme de la musique
22:15et puis les recettes de nos grands chefs.
22:17A tout de suite.

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