• l’année dernière
Du ras-le-bol fiscal à la révolte fiscale, le mouvement des gilets jaunes en France a remis au centre de l'attention la question du consentement à l'impôt. Comment expliquer une résistance différente à l'impôt d'un pays à l'autre sans que la pression fiscale soit un facteur d'explication ? Existe-t-il un «bon» impôt ? Jean Quatremer nous entraîne dans un voyage au centre de l'impôt à l'échelle de l'Europe, à la rencontre de ceux qui le payent, ceux qui le décident, ceux qui l'étudient... ou encore ceux qui permettent de l'éviter.

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Madame Merkel, est-ce que vous pensez que les Allemands sont heureux de payer des impôts ?
00:03Michel Barnier, vous pensez que les Européens sont heureux de payer des impôts ?
00:08S'il vous plaît, est-ce que vous pensez que dans votre pays, on est heureux de payer des impôts ?
00:12Personne n'est content de payer des impôts ?
00:20Je trouve normal qu'on paie des impôts.
00:22Et vous pensez que les Allemands sont heureux de payer des impôts ?
00:27Je trouve normal qu'on paie des impôts.
00:29Est-ce que vous pensez que dans votre pays, on est heureux de payer des impôts ?
00:37Tous les individus doivent participer à la gestion d'une oeuvre collective qui les dépense.
00:42Est-ce que les gens de mon pays sont heureux de payer des impôts ?
00:44Personne n'est heureux de payer des impôts.
00:46Les gens sont heureux de payer des impôts si ils voient qu'ils reçoivent des services.
00:49Les impôts sont nécessaires.
00:51Lorsque le niveau d'impôts est raisonnable et juste et équitable, ils contribuent à financer les services publics.
00:57As long as we make sure that they are not too high and that they get something in return.
01:01They should be happy to pay taxes, of course.
01:03Est-ce que vous pensez que les Européens sont contents de payer leurs impôts ?
01:05I hope so.
01:06Tous les gens qui payent des impôts aiment voir ce qui se passe avec leurs impôts.
01:11Il faut réduire les impôts.
01:12Il faut imposer des impôts aux grands qui ne payent pas les impôts.
01:17Moins d'impôts pour être plus heureux ?
01:19Bien sûr.
01:20Monsieur Macron, est-ce que vous pensez que les Français sont heureux de payer des impôts ?
01:24Demandez ! Demandez-le !
01:26Excellente idée ! On va aller leur demander, justement.
01:29Je suis l'Europe pour Libération depuis 25 ans.
01:32Une chance, car être à Bruxelles, ce n'est pas seulement voir la France avec du recul,
01:37mais c'est aussi voir l'ensemble des pays européens.
01:39Et on compare.
01:41C'est pour cela que le mouvement des gilets jaunes m'a surpris.
01:43C'est les petits qui taxent en ce moment.
01:45On ne veut pas la charité du gouvernement.
01:47On veut pouvoir vivre dignement.
01:50Bon, une jacquerie fiscale, c'est presque la marque de fabrique de l'Hexagone.
01:54Trop d'impôts, c'est vrai, puisque la pression fiscale française est la plus élevée du monde occidental.
02:00Mais entendre la France des ronds-points réclamer en même temps plus de services publics,
02:06plus de solidarité nationale et moins d'impôts, il y a comme un problème.
02:10Si on baisse les impôts et les prélèvements sociaux, c'est moins de services publics et moins de solidarité.
02:16Si on en veut davantage, c'est plus d'impôts.
02:19Sinon, le pays va droit vers la faillite.
02:22Mais au pays de Descartes, la logique n'est pas toujours bienvenue.
02:27Sacré Français, toujours en train de râler.
02:31Quand j'ai donné mon avis, on m'a dit d'aller, et je vais être poli, voir ailleurs.
02:35Eh bien, c'est ce que j'ai fait.
02:39Et si on allait là où il n'y a pas d'impôts, là où il y a des impôts, mais où les gens ne les paient pas ?
02:45Là où les gens subissent les impôts sans broncher ?
02:49Et là où les gens sont ravis de payer leurs impôts, et même en redemande ?
02:57Qu'est-ce qu'un bon impôt ?
02:59C'est presque une question philosophique, finalement.
03:02Tiens, si on commençait par aller voir un philosophe.
03:05Alors, qu'est-ce qu'un bon impôt ?
03:07Je ne suis pas compétent, au sens où si par bon impôt on entend l'impôt qui rapporte le plus, je saurais mal vous répondre.
03:14Le bon impôt, me semble-t-il, c'est comment faire pour payer mes impôts sans avoir l'impression de me dépouiller.
03:21De la réponse, toujours provisoire à ce genre de questions, dépend le bon fonctionnement d'un système démocratique.
03:26On a le sentiment qu'en France, ça ne fonctionne pas bien, parce qu'on voit les réfoldes fiscales qui se succèdent.
03:32Comment expliquer ce rapport extrêmement complexe à l'impôt, et donc peut-être une remise en cause permanente du contrat social qui nous unit ?
03:39C'est un conflit, c'est le conflit de deux égoïsmes.
03:42Aucun Français ne refuse l'emploi de son argent.
03:47La majorité des Français, évidemment, est favorable à une transition énergétique efficace, qui coûte cher et qui suppose que l'État investisse.
03:55Mais de là à mettre la main à la poche pour financer cela, il y a là un pas que la plupart des gens hésitent à franchir ou ne veulent pas franchir.
04:04Le décalage qu'il y a entre la solidarité, qui est toujours difficile, c'est-à-dire la capacité à souffrir des douleurs qui nous sont épargnées,
04:11et le sentiment qu'on les corrige un peu en donnant de son blé.
04:14Donc la solidarité d'un côté, et de l'autre côté, la bonne conscience.
04:16La bonne conscience, c'est qu'il faut une transition énergétique, il faut trier ses poubelles, il faut développer l'écologie, il faut sauver la planète.
04:23On veut bien sauver la planète, mais pas à ses dépens.
04:25Oui, mais on le voit surtout en France.
04:27Comment expliquer que la France, qui pourtant est présentée comme l'incarnation même de ce qu'est un État-nation, a le plus grand mal à accepter cette solidarité ?
04:35Je crois que c'est lié à son jacobinisme, justement.
04:37Je pense que c'est lié à l'hypertrophie de l'État, qui fait que, historiquement, la pression fiscale en France a toujours été plus élevée qu'ailleurs, à mon avis.
04:43Je pense que ça vient de ça.
04:45Ça vient du fait que l'État, en France, est si présent, si prégnant, si garant d'égalité, puisque c'est le rôle qu'il s'attribue en général, dans une société libérale.
04:53C'est à la société civile, en somme, qu'on demande de garantir, d'une certaine manière, l'équité.
04:57Or, ici, l'égalité ou l'équité, d'ailleurs, est présentée comme quasiment une fonction régalienne.
05:03Et, à mon avis, à cet égard, ce qu'on demande à l'État est exorbitant.
05:08Or, pour mener à bien cette mission, l'État a besoin de moyens que les individus ne sont pas prêts à lui accorder.
05:14De sorte qu'il y a une contradiction frontale entre ce que nous demandons à l'État et ce que nous sommes prêts à lui donner pour accomplir la mission qu'on lui assigne.
05:24Et le résultat de ça, c'est qu'on est de mauvaise humeur.
05:30Cette mauvaise humeur, on peut la comprendre.
05:32La France est championne du monde occidental du prélèvement fiscal et social.
05:37Juste derrière nous, la Belgique, pourtant perçue en France comme un paradis fiscal, à les comprendre.
05:43Sur la troisième marge du podium, le Danemark, où une partie de la population serait même prête à payer plus d'impôts.
05:50J'ai voulu assister à l'un des grands débats lancés par le chef de l'État français, Emmanuel Macron, pour sortir de la crise des gilets jaunes.
05:58Je me suis donc rendu à Nogent-sur-Marne, ville tranquille et plutôt aisée de la banlieue parisienne.
06:04J'espère qu'il y aura une quarantaine, une cinquantaine de personnes.
06:06Parce que s'il y en a 10, ça m'a l'air con.
06:16Ah oui, même du monde.
06:23J'ai le droit d'en avoir un, moi aussi ?
06:27Merci.
06:29Maintenant les gens doivent répondre à un véritable questionnaire.
06:32On se questionne.
06:33Il y a des questions quand même qui sont extrêmement trapues.
06:35Que faudrait-il faire pour rendre la fiscalité plus juste et plus efficace, le tout en cinq lignes ?
06:42Bonne chance.
06:45Les impôts pourraient être peut-être un peu plus progressifs, je ne sais pas.
06:48Mais en tout cas, ils le sont déjà avec un grand nombre de personnes qui ne payent pas d'impôts.
06:54Normalement, ils devraient être très heureux, puisque globalement, on paye plus d'impôts que dans aucun pays depuis 20 ans.
07:01Depuis 20 ans, les impôts n'ont fait qu'augmenter.
07:03Au lieu de dire « on va augmenter ceci, augmenter cela », ça ne sert à rien.
07:07Mais plutôt, commençons par regarder pourquoi ça marche mal.
07:12Ce qui est étonnant, c'est la qualité du débat.
07:15Et ça montre à quel point les Français sont bien plus au courant des questions fiscales qu'on imagine à Bercy, ou à l'Elysée, ou à l'hôtel Matignon.
07:26Vraiment, ce grand débat, de ce point de vue-là, est intéressant.
07:29On sort des clichés.
07:31Je pense qu'il faut élargir la liste des produits considérés comme de première nécessité, notamment des produits d'hygiène féminine, des choses comme ça, dont on ne peut pas se passer.
07:40Vous n'avez toujours pas répondu à la première ?
07:43On est à la quatrième, je vous signale.
07:46On a deux pages de contestation.
07:52Allez-y, allez-y.
07:54Parce que là, quand même, eux, ils en sont aux motions préalables.
07:57À mon avis, il y a des militants du Parti communiste, ce n'est pas possible.
08:00En tout cas, je remarque que la question centrale des échanges est comment rendre les impôts plus justes.
08:08Mais les impôts de qui vous augmentez, par hasard ?
08:13Si c'est les miens, le vôtre, c'est bien.
08:18S'il vous plaît, s'il vous plaît, là maintenant, vous avez travaillé sur les questionnaires.
08:25Est-ce qu'il y a des réactions, des propositions complémentaires ?
08:29Je vois que dans certaines tables, il y avait un peu des points qui étaient mitigés.
08:35Pourquoi est-ce que le français, jamais on doit faire un effort ?
08:38L'effort, on va se le prendre dans la figure et on va le laisser aux jeunes.
08:42En Angleterre, les gens ne se posent pas de questions.
08:44Ils bossent, ils ont un job, deux jobs, trois jobs, c'est des contrats courts.
08:49Et c'est des jeunes heureux, ambitieux, qui ont de l'ambition.
08:54Fin des discussions. Place maintenant aux propositions.
08:58S'il vous plaît, on stoppe, s'il vous plaît.
09:01Vers des dépenses publiques utiles.
09:05Fin des petits fours, des voitures de fonction, du champagne.
09:08Le mouette et chandon terminé.
09:12Réduire le millefeuille administratif en appliquant le principe de subsidiarité.
09:17On veut éliminer toutes les petites taxes qui coûtent, à notre avis, plus cher à collecter.
09:23Et combattre la faute fiscale des entreprises et notamment les multinationales qui délocalisent leurs profits à l'étranger.
09:29Donc on aimerait que des mesures concrètes soient prises à ce niveau-là.
09:33Revaloriser les retraites et revoir certains minima sociaux.
09:37On propose d'augmenter la fiscalité sur le tabac et l'alcool, vu le coût que ça a pour la dépense publique.
09:45Merci.
09:49Le débat se termine sous les applaudissements.
09:53Et chacun donne un petit coup de main pour ranger la salle.
09:56Les Français ne seraient donc pas que des râleurs individualistes, cette image qui leur colle à la peau à l'étranger ?
10:03À l'extérieur, je rejoins des participants.
10:08Bon, on refait le grand débat ?
10:10Alors lequel paye des impôts ici ?
10:12Moi.
10:13Pas moi, je suis encore étudiant en apprentissage, donc pas d'impôts encore.
10:17Pas encore d'impôts ?
10:18Non.
10:19L'État c'est nous en fait. L'État c'est parce qu'on contribue.
10:21Dans les idées qu'on a pu avoir, on a dit que ce serait bien que chacun contribue.
10:24Même de manière symbolique, mais parce que tout le monde doit participer.
10:27C'est choquant de se dire qu'il n'y a que 40% des gens qui participent à l'impôt sur le revenu.
10:31Et pourquoi les gens râlent contre l'impôt en France alors que très peu payent l'impôt sur le revenu ?
10:37Ils râlent parce qu'il y a un manque de pédagogie. Ils ne savent pas ce que c'est que l'impôt.
10:42Un manque d'information, un manque de communication. À l'école, on n'a jamais été sensibilisés sur ces sujets-là.
10:47On a parlé de la pédagogie à l'école. On était d'accord.
10:50Et aussi de la pédagogie. Combien ça coûte quand on va à l'hôpital ?
10:54Quand on ressort gratuitement, on n'a que payé la télé ou le téléphone.
10:57Combien ça a vraiment coûté que notre enfant soit hospitalisé ?
11:00Et comme on a apprécié à ce moment-là.
11:02Moi, je ne pourrais jamais regretter de payer des impôts parce que la solidarité nationale, ce jour-là, elle était là pour moi.
11:08Il faut que les gens prennent conscience que l'impôt, c'est utile.
11:13Les Français ne sont pas prêts à accepter ça ?
11:15Les Français, vous savez, ils sont très réfractaires. Ils sont réfractaires aux changements.
11:18Un gaulois, un des gaulois, alors ?
11:20Il faut intégrer ça dans le système scolaire. Faire, par exemple, des programmes d'initiation à la fiscalité.
11:27Vous savez que ça se passe comme ça au Danemark ?
11:29Voilà. Justement, c'est pour ça qu'au Danemark, les gens sont contents de payer leur impôt.
11:34Bon, d'accord. Mais les Danois sont aussi connus pour aimer piquer une tête dans la Baltique en plein hiver.
11:41A priori, les gens normaux n'aiment pas payer des impôts, ça se saurait sinon.
11:45Et d'ailleurs, le bon impôt, ne serait-ce pas celui qu'on ne paie pas ?
11:49Au cœur même de l'Europe, il y a un peuple d'irréductibles qui s'est carrément affranchi de l'impôt sur le revenu.
11:55Comment est-ce possible ?
11:57Direction le sud, la mer, le soleil, les palmiers.
12:02Bienvenue à Monaco.
12:10Clairement, ça sent pas la misère, là.
12:12On a l'impression d'être dans le pays où les voitures de luxe viennent mourir.
12:18Regardez ça.
12:22Pour la télévision ?
12:23Bah oui, tant qu'à le faire.
12:25Pourquoi Monaco ?
12:26On fait un film sur les impôts, en fait. C'est qu'est-ce qu'un bon impôt ?
12:30Y a pas d'impôts, au Monaco.
12:31Parce que vous êtes monégasque ?
12:33Oui.
12:34Ah, vous n'avez jamais payé d'impôt ?
12:35Non, jamais.
12:36Et vous trouvez ça normal ?
12:38Ben, disons que le pays fonctionne comme ça.
12:42Oui.
12:43On habite dans des immeubles monégasques.
12:47Oui.
12:48On a des avantages, hein, sur le loyer.
12:51Donc vous pouvez vous faire plaisir.
12:52On peut se faire plaisir.
12:54Ici, quand vous vous levez le matin, vous vous dites merci mon Dieu.
12:58C'est le plus beau pays du monde, pour moi.
13:01Merci à vous, enjoy !
13:05Le plus beau pays du monde, rien que ça,
13:07ferait donc à peine deux kilomètres carrés.
13:09Mais ça n'a pas toujours été le cas.
13:11Comme me l'explique cet historien, Frédéric Laurent,
13:13si la principauté est si petite,
13:15c'est parce qu'elle a perdu 90% de son territoire en 1860,
13:20lorsque Roquebrune et Menton ont décidé de se rattacher à la France.
13:24Comble de l'ironie, c'est parce qu'elle considérait qu'il y avait trop d'impôts à Monaco,
13:29en particulier sur les citrons, qu'elles sont parties.
13:31Elles doivent sérieusement s'en mordre les doigts aujourd'hui.
13:34Ce petit pays a donc failli disparaître à cause de la fiscalité.
13:38Dès lors, on comprend mieux son souci d'avoir aussi peu d'impôts que possible.
13:45Est-ce que le système monégasque serait transposable dans un grand pays
13:49comme la France, l'Italie ou l'Allemagne ?
13:52Alors, je dis non déjà pour une première chose.
13:56C'est que la principauté n'a pas de dette.
14:01De dette publique ?
14:02De dette publique.
14:03Mieux, elle a un fonds de réserve qui peut alimenter au moins 3 ou 4 années de budget annuel.
14:11D'accord.
14:12C'est vrai qu'on sait qu'aujourd'hui, en France,
14:15pratiquement tout l'impôt sur le revenu passe pour le paiement des intérêts de la dette.
14:21La principauté a des excédents budgétaires
14:24qui fait qu'elle n'a pas besoin d'aller taper dans la poche.
14:27Donc, en fait, il faudrait qu'en France, on supprime la dette publique.
14:30C'est-à-dire, enfin, on la rembourse.
14:31Et à ce moment-là, on pourrait dire aux Français, on va diminuer vos impôts.
14:34Les Français n'ont pas l'air de bien comprendre que plus on s'endette,
14:37plus on est obligé d'augmenter les impôts pour rembourser la dette.
14:40C'est une règle de trois.
14:43Évidemment, si demain, il n'y a plus de dette,
14:46on peut diminuer les impôts très considérables.
14:50En tout cas, les impôts directs.
14:53Les impôts indirects, on en a besoin pour faire vivre le pays.
14:56Mais d'ailleurs, la principauté, elle a des impôts indirects.
14:59Voilà.
15:02Donc, ici, est-ce que c'est un paradis fiscal ?
15:05Vu de l'extérieur, on a l'impression.
15:08Vous savez, à un moment, on disait que Johnny Hallyday allait prendre la nationalité belge
15:11pour venir s'installer ici et ne pas payer d'impôts.
15:14Donc, on a un sentiment que tout le monde vient se réfugier ici.
15:16Ce n'est pas un paradis fiscal traditionnel.
15:19On paye. Il y a des impôts indirects.
15:22Il y a l'impôt sur les sociétés. Il y a les droits de mutation.
15:25Il y a les taxes. Il y a tout.
15:28La principauté a une fiscalité douce, voire extrêmement douce,
15:31pour les monégasques et les résidents,
15:34à partir du moment où ils ne sont ni français ni américains.
15:37Et le but, c'est quoi ?
15:40Le but, c'est d'aller le plus près du cochonnet.
15:43Ah, d'accord. C'est un jeu stupide.
15:46C'est un jeu complètement con, mais c'est un jeu d'humilier.
15:50C'est mal parti.
15:53Mais ce n'est pas si mal que ça.
15:56Monaco ne serait donc pas un paradis fiscal en soi.
15:59La TVA lui suffit à bien vivre, sans impôts sur le revenu.
16:02Évidemment, un micro-État ne peut en aucun cas
16:05servir de modèle aux autres pays.
16:08Mais j'en tire quand même un enseignement.
16:11Le bon impôt, c'est celui dont on a besoin.
16:15L'autre pays au cœur de l'Europe,
16:18souvent décrit comme un paradis fiscal,
16:21car une bonne partie des Français fortuniers
16:24sont partis s'y installer, c'est la Belgique.
16:27Ce statut de paradis fiscal fait souvent sourire les Belges,
16:30qui croulent sous l'impôt.
16:33Paul Magnette, l'un des dirigeants du Parti socialiste belge,
16:36considère pourtant que son pays est bel et bien un paradis fiscal.
16:39On est relativement, effectivement,
16:43Il y a tant de ressortissants français qui sont établis en Belgique,
16:46parce qu'il n'y a jamais eu d'impôt sur la fortune.
16:49Il n'y a jamais eu de taxation des plus-values.
16:52On est une des seules nations en Europe
16:55dans laquelle on ne taxe pas les plus-values.
16:58Vous achetez des actions le matin, vous les revendez le soir
17:01ou quelques jours plus tard avec une plus-value.
17:04Vous n'avez pas travaillé.
17:07Et là-dessus, vous ne payez pas d'impôt.
17:10Donc on a une administration fiscale qui est dure avec les faibles
17:13et faible avec les dures.
17:16Il faudra, à un moment donné, sérieusement corriger ça.
17:19Il ne faudrait pas aussi couper dans les dépenses publiques en Belgique
17:22pour réduire une partie de l'impôt ?
17:25C'est toujours facile de dire qu'on va couper dans les dépenses publiques
17:28et puis après on dit qu'est-ce qu'on fait ?
17:31Mon salaire, c'est 4200 euros net pour diriger une ville de 200 000 habitants
17:34et 3900 travailleurs et un budget de 450 millions d'euros par an.
17:37En France, c'est ce qu'on entend.
17:40On dit qu'il faut couper dans la fonction.
17:43On oublie toujours que l'ensemble des frais de fonctionnement,
17:46les fonctionnaires, les salaires des élus, l'entretien des bâtiments,
17:49c'est moins de 5% de la dépense publique.
17:52Ce n'est pas là qu'est l'essentiel de la dépense publique.
17:55La première dépense en Belgique, mais je pense que c'est le cas de la France aussi,
17:58c'est les soins de santé bien avant les retraites,
18:01bien avant les allocations de chômage, etc.
18:04Bref, la Belgique, championne de l'impôt sur le revenu
18:07et des dépenses impopulaires.
18:09Ce pays six fois plus petit que la France
18:12ne compte pas moins de 55 ministres, rendez-vous compte.
18:17C'est ici qu'aurait dû avoir lieu le mouvement des gilets jaunes.
18:20Or s'il y a bien eu une mobilisation de gilets jaunes au début,
18:23à l'imitation de leurs cousins français,
18:25le mouvement n'a pas tenu longtemps.
18:28Mais qu'est-ce qui peut expliquer cette faible contestation ?
18:32Ça va ? Ça fait quelques années quand même.
18:35Comment résumer la relation des Belges à l'impôt ?
18:38Je dirais un seul adjectif, c'est une relation tempérée.
18:42Une relation entre les deux nuances et d'équilibre,
18:45un peu comme le climat belge, qui est maritime et tempéré,
18:48c'est-à-dire avec des courants froids, des courants chauds,
18:50mais qui globalement reste un peu gris au-dessus du pays.
18:53Quand on regarde les impôts en Belgique,
18:56c'est ici qu'il faudrait avoir des gilets jaunes,
18:58parce que les impôts sont à un niveau que les Français ne connaissent pas.
19:02C'est vrai, et c'est vrai que la fiscalité punitive en France
19:05a déclenché les gilets jaunes.
19:07En Belgique, on vit avec ce système d'État-providence lourdement taxé,
19:10parce que nos niveaux d'impôt sont les plus élevés du monde.
19:12Mais en fait, il y a une conscience collective
19:15qu'on est tous à la fois débiteurs et créanciers par rapport à l'État.
19:18C'est-à-dire que les services publics sont de bonne qualité,
19:20l'enseignement est quasiment gratuit,
19:22les soins de santé sont très peu chers,
19:24même s'il y a des personnes qui progressivement ont du mal.
19:27C'est un système au sein duquel on a appris à vivre.
19:30On a accepté la lourde taxation, peu de gens la réfutent d'ailleurs,
19:33dans la conscience du fait que les biens publics étaient importants.
19:36La Belgique a créé à la fois son unité linguistique,
19:39communautaire, régionale et sociale,
19:42par un État-providence très dense.
19:45C'est un système qui est un des plus égalitaires au monde.
19:48Quand on compare les pays développés,
19:50la Belgique a un système très égalitaire,
19:53et dont le degré d'inégalitarisme
19:55s'est à peine aggravé depuis la crise de 2008.
19:57Toutes les dépenses publiques ne sont pas forcément justifiées.
20:00Il suffit de regarder, par exemple,
20:02l'organisation institutionnelle de ce pays,
20:04le nombre de ministres, d'élus, de mandataires, etc.
20:07Est-ce qu'on ne pourrait pas réduire une partie des dépenses publiques
20:10pour au moins diminuer un peu cette pression fiscale
20:13qui pèse sur le travail ?
20:14D'abord, on a une grande complexité institutionnelle
20:16avec beaucoup de ministres,
20:18parce qu'on veut refléter la typologie autonomiste
20:20de chaque région, de chaque courant linguistique.
20:23Et en fait, la paix sociale est assurée
20:26au détriment d'une simplicité institutionnelle.
20:28Donc on a un pays compliqué à comprendre.
20:31Depuis les années 70, la Belgique a répondu à la crise
20:34par l'embauche de fonctionnaires.
20:35Le fonctionnariat s'est amplifié dans les années 70.
20:38Il y a eu, entre 1973 et 1993,
20:40200 000 personnes qui ont été engagées au titre de fonctionnaires.
20:43Ça explique pourquoi la dette publique a explosé dans les années 70
20:46et représente maintenant, comme en France, à peu près 100 % du PIB.
20:50Mais c'est aussi au prix d'une certaine paix sociale.
20:53C'est-à-dire qu'on n'a pas voulu que le secteur privé
20:55soit le seul à diriger l'économie.
20:57On a un système d'économie mixte,
20:59une typologie un tout petit peu particulière,
21:01plus au sud qu'au nord du pays.
21:02Ça reflète la paix sociale,
21:04ça reflète l'harmonie des rapports sociaux.
21:05Merci en tout cas pour cette explication.
21:07Merci beaucoup.
21:08A très bientôt.
21:12Bref, en Belgique, on a conscience
21:14que l'impôt élevé sur le travail
21:16a pour contrepartie la paix sociale.
21:19Et ça, ça n'a pas de prix.
21:25Pour poursuivre mon petit tour d'Europe
21:26sans trop charger mon empreinte carbone,
21:28j'ai organisé un dîner avec des confrères et consœurs étrangers
21:32en poste à Bruxelles.
21:35Une Allemande, une Irlandaise et un Espagnol sont dans un bateau.
21:38Qui paye le plus d'impôts ?
21:40Alors, en fiscale.
21:43Des impôts pour tous, des impôts élevés, des impôts à la Belge.
21:47En Espagne, il n'y a pas de mouvement comme en France
21:49de protestation contre l'impôt, de révolte.
21:51Les gens se plaignent surtout des politiciens.
21:55Pas forcément des impôts.
21:57Finalement, quand quelqu'un commence à dire
22:00qu'il en a marre et tout ça,
22:02ça finit par parler des impôts.
22:04Mais ce n'est pas toujours…
22:06Ce n'est pas le point de fixation.
22:08Non.
22:09L'Irlandais, il plaigne.
22:12Il se plaigne de tout.
22:15Vous êtes des Français, alors.
22:17Oui, c'est vrai.
22:18C'est vrai ?
22:19Oui, oui.
22:22Donc, je crois que c'est normal
22:25de se plaigner aussi sur les impôts.
22:29Mais en même temps, on paie.
22:33Comme les Allemands, on est contents.
22:37Enfin, contents. On paie.
22:40En Allemagne, on paie les impôts
22:42parce que, déjà, l'Allemand,
22:44il est vraiment très…
22:45Une fois, c'est vrai, les clichés.
22:47Il a peur de se faire attraper.
22:49Ce n'est pas parce qu'il n'a pas envie
22:51de faire moins, de payer moins d'impôts,
22:53mais il n'a pas envie de ne pas faire comme il faut.
22:55Parce qu'un formulaire,
22:56tu donnes un formulaire à un Allemand,
22:58il va le remplir.
22:59Il va faire de son mieux.
23:01Sur le papier, il part à l'administration
23:03comme il faut.
23:04Donc, ça, c'est vraiment très ancré.
23:06Et on paie dès le premier euro en Allemagne ?
23:08Non.
23:09Combien de pourcentage de la population
23:11paie l'impôt sur le revenu ?
23:13Globalement, il faut avoir l'idée en tête
23:15que lorsqu'on gagne très peu en Allemagne,
23:17on te laisse vraiment tranquille.
23:19Donc, il y a vraiment une marge très généreuse
23:21jusqu'à ce que ça peut monter
23:23et on ne te touche pas.
23:25Tu n'es même pas obligé de payer des impôts.
23:27Après, lorsqu'on gagne énormément,
23:29aussi, on te laisse relativement tranquille.
23:32Et tout le monde qui porte vraiment les impôts,
23:35c'est vraiment la classe moyenne.
23:37Est-ce qu'il est imaginable, un jour,
23:39quand on voit les différences qu'il y a
23:41entre l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Espagne, la France,
23:43qu'on ait une harmonisation fiscale,
23:45je ne parle pas seulement sur les sociétés,
23:47c'est-à-dire que toutes les sociétés paient leurs impôts,
23:49mais aussi sur la fiscalité privée,
23:51qu'on ait une harmonisation des dépenses publiques ?
23:53Est-ce que c'est quelque chose qui est imaginable, ça ?
23:56Les Allemands sont super réticents.
23:58Ça, par contre, ça touche à l'argent.
24:00Ils veulent bien qu'en Allemagne,
24:02il y ait des problèmes
24:04et il y a des gens qui ne sont pas d'accord avec tout.
24:08Mais leur harmoniser ça en Europe,
24:12je crois que peu importe quelle partie,
24:15en général, les Allemands seront très réticents, je pense.
24:20Je pense que ce n'est même pas ambissageable.
24:23En Espagne, d'ailleurs,
24:25il n'y a même pas une harmonisation entre les régions.
24:28Ça, c'est déjà compliqué.
24:30Je pense qu'il faut un pouvoir fiscal pour la commission.
24:35Je pense que ça peut arriver.
24:37On peut imaginer une harmonisation fiscale
24:39sur la fiscalité des entreprises, au moins.
24:41Au Pébin, on trouve que ça,
24:43c'est vraiment la souveraineté du Pébin.
24:46En Allemagne aussi, je dirais.
24:50C'est très proche de...
24:52Il y a peut-être une possibilité d'avoir...
24:55Par exemple, dans le TVA,
24:57il y a déjà une sorte d'harmonisation.
25:01Et là, je trouve...
25:03Enfin, je crois que c'est plutôt possible.
25:08Au fond, on ne risque pas d'assister à terme
25:10à une révolte fiscale européenne.
25:13Quand on a vu ce qui s'est passé en Grèce,
25:15en Espagne, au Portugal, en Irlande ou à Chypre,
25:18où les impôts ont augmenté et augmenté,
25:20et on voit à côté qu'il y a des compagnies
25:22qui font des super bénéfices chez nous
25:24et qu'elles ne payent pas d'impôts.
25:26On n'aime pas les grandes entreprises
25:31qui ne payent pas.
25:33En Allemagne, c'est pareil ?
25:34Oui.
25:35Il y a aussi un certain malaise
25:38qu'en Irlande, soi-disant, j'exagère,
25:42qu'ils ont des conditions super attractives
25:46pour tout le monde,
25:47pour que toutes les grandes entreprises viennent
25:49alors qu'en Allemagne, ils ont fait tout correctement
25:51et personne ne vient.
25:52C'est vrai, quand on voit les gens
25:53qui se révoltent contre l'impôt,
25:54qui sont tous avec leur iPhone, par exemple,
25:57on se dit qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
26:00Parce que de facto, c'est là où est la vraie richesse.
26:04Bref, à écouter mes collègues,
26:06un bon impôt, c'est un impôt
26:08que l'on décide au niveau national
26:10ou même régional.
26:11Chacun veut pouvoir faire ce qu'il veut
26:13chez lui, au sein de son collectif.
26:15Les pays s'accrochent à leur souveraineté fiscale
26:17pour le plus grand bonheur des multinationales.
26:25Il y a en revanche un pays en Europe
26:27qui a abusé de sa souveraineté fiscale
26:29au point d'en perdre le contrôle.
26:312010.
26:32Une fraude fiscale généralisée
26:34et des dépenses publiques hors de contrôle
26:36mènent la Grèce à la faillite.
26:38La zone euro, pour prix de son aide financière,
26:40a imposé des réformes brutales au pays.
26:42Désormais, l'impôt est récolté.
26:44Enfin, un peu plus qu'avant.
26:46Les habitudes changent.
26:50Ça, c'est étonnant.
26:51Maintenant, à chaque fois,
26:53qu'on commande, on a droit à la facture
26:55avec le montant de la TVA.
26:57Et ça, je peux vous dire,
26:59moi qui connais la Grèce depuis 30 ans,
27:01que c'est entièrement nouveau.
27:03Avant 2010-2012,
27:05c'est-à-dire avant la faillite grecque,
27:07on ne vous donnait jamais de facture.
27:09C'est-à-dire que l'argent disparaissait,
27:11était au noir,
27:13et le fisc, vous ne pouviez pas contrôler.
27:15Désormais, si on ne vous donne pas ce ticket-là,
27:17vous pouvez porter plainte,
27:19et le commerçant a d'énormes problèmes.
27:21On vient de lutter contre la fraude,
27:23extrêmement efficace, la facture pour tous.
27:26Est-ce que ça a été facile
27:28d'abandonner ces mauvaises habitudes ?
27:30Je me suis rendu chez deux soeurs,
27:32Filio et Natasha.
27:34L'une est secrétaire de direction,
27:36l'autre travaille dans une agence de voyage.
27:38Et à la suite de la crise,
27:40elles ont vu leurs impôts s'envoler.
27:56Je n'ai jamais payé les impôts.
27:58Je n'ai jamais payé les impôts.
28:00Je n'ai jamais payé les impôts.
28:02Je n'ai jamais payé les impôts.
28:04Je n'ai jamais payé les impôts.
28:06Je n'ai jamais payé les impôts.
28:08Je n'ai jamais payé les impôts.
28:10Je n'ai jamais payé les impôts.
28:12Je n'ai jamais payé les impôts.
28:14Je n'ai jamais payé les impôts.
28:16Je n'ai jamais payé les impôts.
28:18Je n'ai jamais payé les impôts.
28:20Je n'ai jamais payé les impôts.
28:22Je n'ai jamais payé les impôts.
28:24Je n'ai jamais payé les impôts.
28:26Je n'ai jamais payé les impôts.
28:28Je n'ai jamais payé les impôts.
28:30Je n'ai jamais payé les impôts.
28:32Je n'ai jamais payé les impôts.
28:34Je n'ai jamais payé les impôts.
28:36Je n'ai jamais payé les impôts.
28:38Je n'ai jamais payé les impôts.
28:40Je n'ai jamais payé les impôts.
28:42Je n'ai jamais payé les impôts.
28:44Je n'ai jamais payé les impôts.
28:46Je n'ai jamais payé les impôts.
28:48Je n'ai jamais payé les impôts.
28:50Je n'ai jamais payé les impôts.
28:52Je n'ai jamais payé les impôts.
28:54Je n'ai jamais payé les impôts.
28:56Je n'ai jamais payé les impôts.
28:58Je n'ai jamais payé les impôts.
29:00Je n'ai jamais payé les impôts.
29:02Je n'ai jamais payé les impôts.
29:04Je n'ai jamais payé les impôts.
29:06Je n'ai jamais payé les impôts.
29:08Je n'ai jamais payé les impôts.
29:10Je n'ai jamais payé les impôts.
29:12Je n'ai jamais payé les impôts.
29:14Je n'ai jamais payé les impôts.
29:16Je n'ai jamais payé les impôts.
29:18Je n'ai jamais payé les impôts.
29:20Je n'ai jamais payé les impôts.
29:22Je n'ai jamais payé les impôts.
29:24Je n'ai jamais payé les impôts.
29:26Je n'ai jamais payé les impôts.
29:28Je n'ai jamais payé les impôts.
29:30Je n'ai jamais payé les impôts.
29:32Je n'ai jamais payé les impôts.
29:34Je n'ai jamais payé les impôts.
29:36Je n'ai jamais payé les impôts.
29:38Je n'ai jamais payé les impôts.
29:40Je n'ai jamais payé les impôts.
29:42Je n'ai jamais payé les impôts.
29:44Je n'ai jamais payé les impôts.
29:46Je n'ai jamais payé les impôts.
29:48Nous, on est vraiment baisés.
29:50Nous, on est vraiment baisés.
29:52Nous, on est vraiment baisés.
29:54On est violés, on est déchirés
29:56On est violés, on est déchirés
29:58par un gouvernement.
30:00La seule chose qu'il désire avoir,
30:02c'est l'argent que nous produisons.
30:04c'est l'argent que nous produisons.
30:06Vous avez senti la pression fiscale
30:08qui s'est accrue depuis la crise ?
30:10Oui, absolument.
30:12Oui, absolument.
30:14Tout d'abord, nous avons un TVA qui est 24%.
30:1625%.
30:18Ensuite, il faut encore donner 29%.
30:20Ensuite, il faut encore donner 29%.
30:22C'est les taxes qu'il faut payer,
30:24il faut les donner à l'État.
30:26Impôts sur la société.
30:28En plus, taxes de solidarité.
30:3010%.
30:32Et en plus, nous avons ce paquebot pour les réfugiés.
30:34Et en plus, nous avons ce paquebot pour les réfugiés.
30:36On paie sur tout.
30:38En clair, vous avez vu vos revenus s'effondrer à cause de l'impôt.
30:40En clair, vous avez vu vos revenus s'effondrer à cause de l'impôt.
30:42On produit toujours.
30:44Ça ne veut pas dire que ça s'effondre.
30:46Mais il faut voir que la pression est énorme.
30:48Mensuellement, ça veut dire qu'on tient un fil.
30:50Ça tient un fil.
30:52Parce que les banques ne financent pas.
30:54Il n'y a pas de banque.
30:56Il n'y a plus de banque.
30:58Donc, si on veut chercher un fonds de roulement,
31:00une aide pour 3 mois, on ne la trouve pas.
31:02Nous, ça fait combien de temps ?
31:049 mois qu'on cherche une aide bancaire, qu'on n'a pas.
31:06Est-ce que depuis cet accroissement de la pression fiscale,
31:08vous avez vu une amélioration des services fournis par l'État ?
31:10Personne ne voit rien de mieux.
31:12On voit tout de pire.
31:14Rien ne s'améliore.
31:16C'est horrible dans les hôpitaux.
31:18Tu es obligé d'apporter tes gaz, tes pansements.
31:20C'est dans un état, les hôpitaux,
31:22de délabrement,
31:24de manque de mal fonctionnement
31:26qui est énorme à cause de la crise.
31:28Par contre, l'hôpital privé
31:30est toujours performant.
31:32Les retraites, ils les coupent tout le temps
31:34mais les gens continuent à vivre.
31:36Même les services
31:38qui ont été privatisés, par exemple.
31:40Je pensais au port du Piret
31:42qui a été emporté aux Chinois.
31:44Aïdjan,
31:46la compagnie aérienne.
31:48Aïdjan, c'est privé.
31:50Oui, qui était privé.
31:52Ça, ça s'est amélioré.
31:54C'est indépendant du tas.
31:56Qu'est-ce que ça veut dire privatiser ?
31:58Ils ont dit les autoroutes.
32:00Ils ont doublé les péages.
32:02Pour aller à Athènes,
32:04Thessalonique, par exemple,
32:06tu payais 12 euros de péage.
32:08Maintenant, tu payes 26.
32:10Donc, il n'y a pas eu d'amélioration
32:12de l'état des roues.
32:14Aucune amélioration, à nulle part.
32:16Tout ce qu'ils racontent, c'est vraiment des mensonges.
32:18On va dire quand même
32:20les points positifs.
32:22Il y a toujours des choses positives.
32:24Il faut dire une chose, c'est que
32:26les charges sociales, ce qu'on paye nous en tant qu'entrepreneurs,
32:28ça a été divisé par 10.
32:30Ça, c'est bien.
32:32Là, nous, on est moins taxés sur le plan personnel
32:34en tant qu'actionnaire,
32:36enfin, entrepreneur d'une petite société, etc.
32:38On paye moins de charges sociales.
32:40À une époque, les gens
32:42avaient toujours des rouleaux billets dans la poche.
32:44Maintenant, c'est terminé.
32:46C'est pas terminé.
32:48C'est pas terminé.
32:50C'est la seule manière
32:52de s'en sortir.
32:56En payant des impôts,
32:58les Grecs n'ont pas l'impression de bénéficier
33:00d'un retour sur investissement.
33:02Les services publics n'étant pas à la hauteur.
33:04Il y a aussi un aspect culturel.
33:06Il y a une défiance des citoyens envers l'Etat.
33:08Ne pas payer ses impôts a même longtemps
33:10été considéré ici comme un acte
33:12de résistance citoyenne.
33:16C'est perçu comme un hold-up.
33:18Les impôts.
33:20Dans un pays où le retour à l'investissement
33:22est très faible, que ce soit
33:24avec un gouvernement de droite,
33:26de gauche centriste, de gauche radicale,
33:28on a toujours l'impression
33:30qu'il n'y a pas de retour
33:32à l'investissement en impôts.
33:34Traditionnellement, on dit qu'en Grèce,
33:36on fait semblant de payer ses impôts
33:38et que l'Etat fait semblant
33:40de fournir des services publics.
33:42Est-ce que c'est toujours vrai
33:44après la crise de 2010-2015 ?
33:46Dans les grandes lignes,
33:48c'est toujours vrai.
33:50Après, cela dépend de qui vous parlez.
33:52Il y a des revenus qui peuvent échapper à l'impôt,
33:54d'autres qui ne peuvent pas.
33:56Vous êtes fonctionnaire, vous ne pouvez pas
33:58frauder sur vos revenus.
34:00Vous êtes employé dans une boîte
34:02qui déclare les sommes qu'elle vous verse.
34:04Après, tous ceux qui peuvent
34:06contourner le système
34:08vont essayer
34:10de contourner le système.
34:12Il faut comprendre que le refus du grec
34:14de l'impôt date déjà de l'époque
34:16de l'Empire ottoman.
34:18Payer l'impôt, c'est ce qu'on paye au sultan.
34:20C'est l'imposition, c'est le tribut
34:22au sultan.
34:24Le premier gouverneur de la Grèce indépendante
34:26se fait assassiner parce qu'il impose
34:28l'impôt.
34:30Pour une partie des gens
34:32qui se sont battus contre l'Empire ottoman,
34:34pourquoi on doit payer maintenant qu'on est libre ?
34:36Les piètres services
34:38fournis par l'État,
34:40le piètre retour à l'investissement
34:42qu'est l'impôt,
34:44font aussi qu'il y a
34:46un vrai refus de payer l'impôt.
34:48L'État, soit on le gouverne,
34:50soit c'est l'ennemi.
34:52C'est ça le rapport du citoyen.
34:54Le concept même d'État-providence
34:56n'existe pas en Grèce, c'est votre famille.
34:58Prenons un exemple concret.
35:00Quelqu'un qui est employé
35:02pendant des années a un haut salaire.
35:04Il va être imposé à 40%
35:06et ses cotisations vont être importantes.
35:08Quel que soit le niveau des salaires,
35:10quel que soit le nombre de cotisations,
35:12s'il se retrouve au chômage,
35:14il va bénéficier de 350 euros
35:16de chômage pendant 12 mois.
35:18Ce ne sont pas les allocations
35:20qui vont vous sauver.
35:22C'est votre famille proche ou élargie
35:24qui va vous sauver.
35:26Est-ce qu'on peut dire qu'aujourd'hui,
35:28les Grecs ont davantage conscience
35:30d'avoir un État qui fonctionne ?
35:32Voilà, c'est ma réponse.
35:34Je crois que c'est vraiment
35:36la réponse de quiconque
35:38qui vous poserait la question.
35:40C'est clair qu'il y a eu des avancées
35:42qui ont été faites depuis 10 ans.
35:44C'est incontestable.
35:46Il y a aussi des immenses problèmes.
35:48Mais même si l'État fonctionnait
35:50de manière parfaite,
35:52je ne crois pas que les gens
35:54en seraient conscients.
35:56Mais il faut bien comprendre
35:58aussi le tempérament grec.
36:00Je suis grec moi-même.
36:02On adore se plaindre
36:04et tout mettre à zéro.
36:06Les Grecs ont donc développé
36:08une aversion historique
36:10aux tribus payées aux sultans.
36:12Ici, les gens préfèrent placer
36:14la solidarité au niveau familial
36:16et non au niveau de l'État
36:18considéré comme illégitime.
36:20Il y a eu beaucoup de violences
36:22contre les inspections du fisc ces dernières années.
36:24Ça commence peu après la crise.
36:26À tel point qu'en 2017,
36:28une nouvelle loi est votée
36:30pour rendre les attaques
36:32aux agents du fisc un crime
36:34plutôt qu'un délit.
36:36C'est allé très très loin, la révolte.
36:38Oui, c'est allé très très loin.
36:40C'est allé de l'anecdotique.
36:42Par exemple, des agents du fisc
36:44dans la ville de Eyot,
36:46qui reçoivent la pâte à crêpes
36:48sur la gueule.
36:50Il y a même eu sur l'île de Patmos
36:52un professionnel, je ne sais plus s'il était hôtelier
36:54ou restaurateur, qui a non seulement
36:56tabassé un agent du fisc,
36:58mais qui après est sorti donner une interview à la télé
37:00pour dire « j'ai bien fait, j'aurais dû le foutre dans la mer ».
37:04Il ne faut jamais oublier que les révolutions démocratiques
37:06ont eu pour origine
37:08la volonté des citoyens
37:10de contrôler les recettes et les dépenses.
37:12Ce fut évidemment le cas en France
37:14où, ici aussi,
37:16dans certains services fiscaux,
37:18la tension peut vite monter.
37:22Vous êtes souvent confronté à des contribuables
37:24mécontents de payer leurs impôts ?
37:26Ça nous arrive assez régulièrement,
37:28oui, dans les centres de finances publiques.
37:30C'est assez hétérogène
37:32sur le territoire, mais on a des situations
37:34qui peuvent être conflictuelles, effectivement.
37:36C'est des gens qui trouvent qu'ils payent
37:38trop d'impôts,
37:40qui ne comprennent rien à ce qu'on leur demande ?
37:42Il y a un peu tout.
37:44Il y a une forme d'incompréhension, parfois,
37:46dans un contexte où la fiscalité évolue chaque année,
37:48avec des dispositifs qui sont compliqués
37:50et les contribuables viennent nous demander des explications
37:52sur la manière dont la loi est appliquée.
37:54Et aussi,
37:56il y a un contexte dans lequel il y a eu
37:58des affaires assez importantes en termes de fraude fiscale
38:00qui font que les contribuables,
38:02quand ils viennent payer leurs impôts de bonne foi
38:04et remplir leurs devoirs civiques,
38:06ils ont des réflexions, c'est-à-dire,
38:08« Pourquoi moi, je paye tant ? » alors qu'il y en a qui arrivent à échapper à l'impôt.
38:10Est-ce que vous avez parfois affaire
38:12à des contribuables violents,
38:14agressifs,
38:16à force de trouver que le système
38:18leur échappe totalement ?
38:20Mais il y a des endroits où il y a des situations conflictuelles
38:22assez importantes qui nous ont amenés,
38:24nous, syndicalement, à demander à ces endroits-là
38:26à ce que l'administration mette en place des vigiles.
38:28Il y a des insultes verbales,
38:30il y a des menaces de mort,
38:32il y a des menaces d'agression, etc.
38:34Donc ça, on a un dispositif de signalement
38:36qui est en place.
38:38Il y a des contribuables qui ne sont pas satisfaits
38:40de l'impôt qu'il aurait demandé
38:42au regard de leur situation.
38:44Et souvent, on regarde
38:46des services publics
38:48qu'ils ont en face de l'impôt qu'ils payent.
38:50Quand on paye un impôt et qu'on n'a pas le retour
38:52qu'on est censé avoir
38:54en termes de services publics, il y a une réaction
38:56de rejet de l'impôt.
38:58Aujourd'hui, les relations fiscales ont été largement informatisées.
39:00Mais les contribuables tiennent toujours
39:02à garder un contact humain.
39:04Voici un service des impôts des particuliers,
39:06comme on doit dire maintenant.
39:08On continue à recevoir beaucoup d'accueil physique.
39:10Je pense aussi que les gens
39:12éprouvent un certain besoin d'échanger.
39:14Ils aiment bien
39:16voir leur interlocuteur en face d'eux.
39:18Ils aiment bien qu'on leur explique en prenant
39:20un certain temps.
39:22Je pense qu'ils aiment venir
39:24sur place.
39:26Ils sont bien reçus.
39:28Il n'y a pas de raison.
39:30Il y a de la lumière, il fait chaud.
39:32C'est sympa, on peut prendre un café.
39:34Il n'y a pas de café ?
39:36C'est incroyable.
39:38L'ambiance est plutôt relax.
39:40Mais ce n'est pas toujours le cas.
39:42Cet agent d'accueil doit faire preuve de diplomatie
39:44face à certains.
39:46On peut avoir une incompréhension
39:48chez des gens qui sont imposés pour la première fois.
39:50On peut avoir un choc
39:52à la première imposition, quand on ne s'y attendait pas.
39:54Quand on a gagné sa vie
39:56pour la première année, on va se dire qu'on est imposé,
39:58qu'on doit payer son dû.
40:00On peut être surpris à ce moment-là.
40:02On va avoir aussi des gens qui
40:04n'étaient pas imposables,
40:06pendant quelques années,
40:08qui entrent de nouveau dans l'impôt
40:10et qui se trouvent cette fois-ci un peu gênés
40:12de devoir sortir une certaine somme conséquente
40:14pour eux.
40:16Bien sûr, on leur explique
40:18que ce n'est pas forcément évident
40:20de payer ses factures, ses charges comptes
40:22et son impôt.
40:24Mais c'est une charge
40:26que l'on doit prendre en compte dans son budget.
40:28Cet ancien contribuable français
40:30qui habite désormais en Suisse
40:32assure que la France est loin d'être un enfer fiscal.
40:34Je suis arrivé en Suisse,
40:36je me suis dit oui, je préfère habiter en Suisse
40:38parce qu'au moins, je sais
40:40que je paye cher,
40:42mais j'ai la paix,
40:44j'ai un environnement qui est quand même très agréable
40:46et je comprends ce que je paye.
40:48Malheureusement, en France,
40:50si je puis dire aujourd'hui,
40:52certains vont avoir l'impression de payer beaucoup
40:54et tout est relatif à son salaire,
40:56à ses revenus,
40:58mais ils n'ont pas l'impression
41:00de bénéficier.
41:02Alors celui qui ne paye rien,
41:04parce qu'il y a quand même
41:06un tiers ou deux tiers de la population
41:08qui ne paye pas quasiment d'impôt.
41:1060% des français ne payent pas d'impôt.
41:12C'est énorme et dans les autres pays, on ne comprend pas ça.
41:14Et c'est là où on devrait,
41:16malgré tout, même si c'est un franc symbolique
41:18ou quelque chose de symbolique, il faut le faire.
41:22Un pays où tout le monde paie des impôts ?
41:24Eh oui, ça existe.
41:26Un pays où 80% des gens se disent
41:28heureux d'en payer et où 12%
41:30seraient même prêts à en payer davantage.
41:32Bienvenue au Danemark,
41:34Copenhague.
41:36Son port aux couleurs chatoyantes,
41:38ses centaines de cyclistes,
41:40c'est aussi le pays où les habitants sont parmi les plus heureux au monde.
41:42Comme quoi, le niveau de prélèvement
41:44n'est pas forcément synonyme de mauvaise humeur.
41:46Bernard vient justement
41:48se faire tondre chez son ami René.
41:58Les hôpitaux viennent gratuitement,
42:00les médecins sont gratuits,
42:02beaucoup de services sont gratuits.
42:04Et bien sûr, il faut accueillir
42:06beaucoup d'impôts pour les offrir.
42:08Mais les gens discutent vraiment
42:10des impôts, n'est-ce pas ?
42:12Oui, c'est un sujet, et tout le monde pense
42:14qu'ils paient un peu trop et
42:16que quelqu'un d'autre devrait en payer un peu plus.
42:18Par exemple, vos voisins.
42:20Oui, les voisins devraient en payer plus
42:22et je vais m'en sortir.
42:24Mais je pense aussi que si vous mettez vraiment
42:26plus d'impôts, que la plupart d'entre nous,
42:28nous comprenons qu'il faut payer des impôts.
42:30Au Danemark, on savoure presque
42:32les impôts comme on savoure une bonne bière.
42:34On contribue, car on a
42:36des services en retour, et ça ne fait pas débat.
42:42Dans le centre de la capitale,
42:44on retrouve Bernard qui nous a donné rendez-vous
42:46dans sa propre boutique.
42:48Bonjour et bienvenue dans la boutique
42:50du VAT dans Copenhague.
42:52Le VAT en Danemark,
42:54pour tout, est de 25 %.
42:56Donc on ne peut pas différencier,
42:58comme ils font dans certains pays,
43:00où, par exemple, la nourriture...
43:02Je pense que la France a différencié le VAT.
43:04Nous n'avons pas ça ici.
43:06Donc tout est de 25 %.
43:08Nous devons passer le monde
43:10vers la prochaine génération
43:12et leurs enfants
43:14de manière propre,
43:16et ça coûte beaucoup.
43:18Donc vous devez payer vos impôts,
43:20vous devez payer votre VAT
43:22comme votre part,
43:24votre contribution
43:26pour que la société soit là
43:28pour ceux qui vous suivent.
43:52Il faut dire que les voitures danoises
43:54sont parmi les plus chères du monde.
43:56Les taxes d'enregistrement peuvent grimper
43:58jusqu'à 150 % du prix.
44:00Et encore, ça a baissé ces dernières années.
44:02Et pourtant, devinez quoi ?
44:04Le propriétaire de cette décapotable,
44:06acheté il y a 10 ans,
44:08trouve ça normal.
44:22Je vais demander à une essayiste danoise
44:24qui observe son pays depuis longtemps
44:26s'il aimait payer ses impôts,
44:28ça ne serait pas un peu hypocrite.
44:30Si un Danois explique
44:32qu'il trouve ce système
44:34vraiment hyper injuste,
44:36payer une TVA de 25 %
44:38sur les couches pour bébés,
44:40c'est quand même quelque chose
44:42d'assez scandaleux.
44:44Je pense qu'il n'y a pas d'injustice
44:46dans la société dans laquelle on vit.
44:48Je pense qu'il n'y a pas d'injustice
44:50dans la société
44:52dans laquelle on vit.
44:54Il y a une pression très forte
44:56de la collectivité.
44:58Faire partie du groupe,
45:00être responsable individuellement
45:02du groupe.
45:04Quelqu'un qui dit
45:06qu'il ne veut pas payer des impôts,
45:08ça sera extrêmement mal vu.
45:10Il y a quelques années,
45:12on a eu le cas d'un chômeur
45:14qui avait dit dans une interview
45:16à la télévision
45:18qu'il ne voulait pas travailler
45:20dans un fast-food.
45:22On l'a nommé Robert le paresseux
45:24parce qu'il n'était pas solidaire
45:26avec notre projet,
45:28c'est-à-dire le projet collectif
45:30l'État de Providence.
45:32En fait, on paie de l'impôt
45:34parce que tout le monde paie de l'impôt.
45:36D'où le taux de confiance
45:38qui est le plus élevé au monde au Danemark.
45:40On a un taux de confiance
45:42qui est de 78 %
45:44alors qu'en France, il est à 22 %.
45:46Vous êtes avec des bébés qui dorment
45:48devant les restaurants
45:50pendant que les parents déjeunent à l'intérieur.
45:52Vous allez à l'Opéra de Copenhague,
45:541500 personnes vont à l'Opéra,
45:56laissent leur vestiaire,
45:58manteau en vison,
46:00veste de marque, des sacs,
46:02dans des vestiaires non surveillés.
46:04Vous avez au Danemark
46:06deux prisons sur trois
46:08qui sont des prisons ouvertes.
46:10Quand les gens disent que ça fait rêver,
46:12je dis oui, mais vous avez intérêt
46:14de ne pas couper la queue
46:16pour passer devant.
46:18Parce que ce n'est pas collectif
46:20de faire ça.
46:22Depuis plusieurs mois,
46:24la France connaît
46:26une révolte fiscale,
46:28la révolte des gilets jaunes.
46:30Est-ce que c'est un mouvement
46:32qui vous surprend, vous, danoise ?
46:34Oui, forcément.
46:36J'ai été élevée dans un pays
46:38où on est fière de payer de l'impôt
46:40parce qu'on a un sentiment
46:42individuel. Pendant très longtemps,
46:44le Danemark était le pays
46:46le plus imposé au monde.
46:48Je m'en souviens, dans mon enfance,
46:50mon père payait des impôts à 70 %.
46:52Mais il y avait une addition.
46:54Je ne m'en souviens pas à la maison
46:56qu'il y avait un rejet de ça.
46:58Mais notamment aussi parce que
47:00vous voyez, quand je vous parle
47:02de l'école par rapport à l'impôt,
47:04à partir de l'âge de 6 ans,
47:06on donne des cours d'empathie.
47:08On va enseigner,
47:10on va enseigner aux enfants tout petits
47:12d'identifier leurs émotions
47:14et celles des autres,
47:16d'exprimer ces sentiments,
47:18comprendre l'autre, le valoriser.
47:20L'acceptation de l'impôt au Danemark
47:22s'explique donc par la culture
47:24et surtout par l'éducation.
47:26Ici, chacun apprend
47:28à se sentir utile.
47:30C'est sans doute pourquoi
47:32les étudiants du Royaume sont incités
47:34à aller à l'université.
47:36Ils reçoivent un salaire pour ça.
47:38Ils sont imposés.
48:08La société danoise paye
48:10ses étudiants pour investir
48:12dans l'avenir, mais aussi
48:14pour réduire les inégalités.
48:39Tout le monde a une bonne chance
48:41d'obtenir la même éducation,
48:43peu importe la famille d'origine.
48:45On paie des taxes
48:47après, on finit,
48:49donc c'est juste un investissement
48:51pour le gouvernement.
48:53Qu'en penses-tu,
48:55des étudiants jeunes,
48:57à propos du futur dans le Danemark ?
48:59Peurs ? Non.
49:01Je ne sais pas quoi
49:03je devrais avoir peur.
49:05Incroyable, Danois,
49:07Je suis à deux doigts de penser que les impôts font le bonheur.
49:14En fin de compte, le bon impôt ne serait donc pas une question de niveau,
49:18mais avant tout une question de confiance dans l'État.
49:21En France, 70% de la population ne paie pas d'impôts sur le revenu
49:26et ne perçoit donc pas tout ce que l'État fait pour elle.
49:29D'où la colère.
49:30Dans un collectif qui fonctionne, tout le monde participe,
49:33et participe consciemment.
49:36Voilà tout le paradoxe de ce petit tour d'Europe finalement.
49:39En France, on ne serait donc pas de mauvaise humeur à cause de l'impôt que l'on paie,
49:43mais à cause de l'impôt qu'on ne paie pas.

Recommandations