NOUVELLE-CALÉDONIE - Jean-Jacques Urvoas est l'invité de Stéphane Carpentier du 21 septembre 2024

  • il y a 10 heures
"Il y a urgence absolue" : écoutez l'interview de Jean-Jacques Urvoas, ancien Garde des Sceaux et spécialiste de la Nouvelle-Calédonie.

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00:00RTL Matin avec Stéphane Carpentier.
00:028h51, c'est RTL Matin face à l'actualité et l'actualité c'est la situation plus que catastrophique en Nouvelle-Calédonie.
00:09Rien ne va plus sur place, il y a encore eu deux morts ces derniers jours,
00:12il n'y a jamais eu autant de militaires déployés sur le territoire et c'est alerte rouge pour l'économie.
00:17Alors que faire ? Question que nous posons en direct ce matin à l'ancien ministre socialiste Jean-Jacques Hurvoas.
00:23Bonjour à vous.
00:24Bonjour monsieur.
00:25Spécialiste de la Nouvelle-Calédonie, je vous lisais hier disant la Nouvelle-Calédonie, son économie est en train de couler.
00:32Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ?
00:34Ça veut dire que vous avez sur une archipelle où il y a 270 000 habitants,
00:38vous avez environ 68 000 salariés, vous en avez un tiers qui est aujourd'hui en chômage total ou partiel
00:43parce que le 13 mai dernier, une grande partie des entreprises de Nouméa où elles sont installées
00:49ont été pillées, brûlées, incendiées et que donc le temps de reconstruire tout cela,
00:53ça veut dire que vous avez l'essentiel de la population qui attend et qui ne sait pas de quoi sera fait son avenir.
00:58Il y a eu 2,2 milliards de dégâts au printemps dernier que vous évoquez Jean-Jacques Hurvoas.
01:03Vous dites nous sommes dans une situation de non-assistance à personne en danger.
01:07Oui parce que le processus qui avait été engagé par Michel Rocard puis par Lionel Jospin en 98
01:13puis soutenu par Edouard Philippe qui visait à trouver un statut pour la Nouvelle-Calédonie qui a un avenir incertain,
01:22il est arrêté depuis maintenant plusieurs mois.
01:24Il n'y a plus de gouvernement, il n'y a plus de ministre, il n'y a plus de premier ministre.
01:28Quand les Calédoniens viennent à Paris, la présidente d'une des principales régions y était il y a 15 jours.
01:33Elle ne voit que les administrations puisque ses interlocuteurs politiques nous disent
01:36nous n'avons pas la capacité à engager l'État.
01:38Vous avez une délégation du congrès de Nouvelle-Calédonie qui arrive cette semaine
01:42et c'est la même réponse qui est faite par Paris.
01:45Or les réponses sont parisiennes.
01:47Ça veut dire que sur place la population a quoi ? Un sentiment d'abandon aujourd'hui ?
01:51Ça veut dire que la population elle souhaite partir.
01:53Une grande partie, par exemple les professionnels de santé du principal centre hospitalier de Nouméa,
01:5940% d'entre eux ont demandé à quitter le territoire et à regagner la métropole.
02:03Ça veut dire que si vous regardez les sites internet de l'immobilier,
02:06vous avez des centaines de maisons qui sont mises en vente aujourd'hui
02:09et des personnes qui indiquent qu'elles veulent partir en Australie, en Nouvelle-Zélande ou revenir en France.
02:14Et puis ceux qui ne peuvent pas partir, ils nourrissent effectivement un sentiment de rancœur
02:18vis-à-vis de l'État qui ne fait pas le travail pour lequel il est prévu.
02:21Jean-Jacques Urvoa, ça veut dire que Paris doit agir d'urgence,
02:24mais vous le dites, il n'y a personne en place pour l'instant.
02:27C'est la raison pour laquelle moi je mets beaucoup d'espoir dans l'Assemblée nationale et le Sénat.
02:31Pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer,
02:34ils réunissent aujourd'hui des caractéristiques qu'ils n'avaient jamais eues.
02:37Dans chaque hémicycle, à l'Assemblée et au Sénat,
02:39il y a un élu qui est favorable à l'indépendance, donc un élu indépendantiste,
02:44et il y a un élu qui est favorable au rattachement de la Nouvelle-Calédonie dans la France.
02:48Donc nous avons dans les deux hémicycles des élus qui représentent la totalité de la population.
02:52Et donc moi je souhaite que l'Assemblée nationale et le Sénat n'attendent pas que le gouvernement bouge,
02:56parce que le gouvernement aura un ministre des Outre-mer évidemment,
03:00un ministre de l'Intérieur certainement, mais ils auront bien d'autres dossiers.
03:03La Calédonie ne peut pas attendre.
03:05Et donc moi j'espère que les deux assemblées se mettront d'accord pour créer une structure inhabituelle,
03:09ce que l'on pourrait appeler une commission bicamérale,
03:12une commission permanente Assemblée-Sénat,
03:14avec des moyens pour commencer à avancer,
03:16parce que ce sont des textes de loi qui seront votés par les assemblées.
03:19Pour moi le Parlement ce n'est pas un contre-pouvoir, c'est un pouvoir,
03:23et je souhaite qu'il s'exerce.
03:24Jean-Jacques Hurvorès, vous avez été ministre, nous sommes le 21 septembre 2024,
03:28le deuxième tour des législatives, c'était le 7 juillet,
03:31depuis il n'y a rien, c'est-à-dire une espèce de suspense ou un flottement,
03:35est-ce que c'est normal ?
03:37Je ne sais pas si c'est normal, mais c'est effectivement inhabituel.
03:40Je pensais l'autre jour au général de Gaulle,
03:42lui qui avait voulu écarter les partis politiques des gouvernements,
03:45quand je vois que le Premier ministre convoque les chefs de partis
03:48à Matignon pour discuter du gouvernement,
03:50je me dis que c'est une curieuse cinquième république.
03:53Les électeurs aujourd'hui peuvent se sentir floués selon vous ?
03:56Pour ceux qui s'intéressent encore à l'actualité politique,
03:59ils peuvent être surpris en tout cas,
04:01parce que je crois qu'il y en a beaucoup qui depuis le mois de juillet
04:03se désintéressent parce qu'ils ne comprennent pas ce qui se passe,
04:06on nous dit que tout le monde veut agir,
04:08et en fait on attend, on attend, on attend,
04:10donc c'est vraiment l'inverse.
04:12Jean-Jacques Urvoas, invité de RTL matin, l'ancien ministre socialiste.
04:15Merci à vous d'avoir été en direct.
04:17Il est 8h55, entretien évidemment qu'on peut retrouver sur notre site rtl.fr.

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