Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent à propos du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau et de sa personnalité.
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00:00J'aimerais qu'on écoute maintenant Bruno Retailleau, si vous le voulez bien, nouveau ministre de l'Intérieur.
00:04Il était hier auditionné par la Commission des lois de l'Assemblée Nationale.
00:07Il est revenu avec beaucoup d'émotions, ce qui est assez surprenant pour un ministre de l'Intérieur
00:10qui normalement doit rester de marbre, sur le meurtre de Philippine.
00:14Il a fait part d'une histoire personnelle. Écoutez-le.
00:18Je pensais même, puisque c'est l'affaire Philippine, il se trouve que j'ai été touché personnellement.
00:24Voilà, parce que j'ai perdu un ami, celui qui l'a assassiné, 3 EQTF,
00:28depuis plus de 10 ans sur le territoire français et régulièrement.
00:31Il brûle la cathédrale de Nantes. Il brûle la cathédrale de Nantes, hein.
00:34Et ensuite, il y a des troubles psychologiques graves,
00:37à tel point que la garde à vue, le soir de l'assassinat,
00:39est déclarée incompatible avec sa santé mentale.
00:43Et on m'explique, à l'époque, et on m'explique,
00:46qu'il y a de la justice, de l'intérieur, il n'y a pas de défaillance de l'État.
00:50Jamais je n'entendrai ça. Jamais je ne céderai là-dessus.
00:53Jamais.
00:56Voilà. On peut faire des ronds dans l'eau sur l'État de droit,
00:59mais moi, quand il y a une règle de droit qui ne protégera pas les Français,
01:02je ferai tout pour la modifier.
01:04C'est étonnant, Catherine, de voir à quel point il fend l'armure à ce moment-là.
01:07C'est-à-dire qu'on sent que c'est l'homme qui est touché et qui parle.
01:10Oui, mais parce que c'est ce qu'ils ne connaissent pas,
01:12qu'ils pensent, parce qu'il a comme ça, un physique un peu raide
01:15et qu'il a parlé un petit peu sec de temps en temps.
01:18Mais d'abord, c'est quelqu'un qui est un intellectuel,
01:21qui a lu beaucoup, qui a écrit
01:24et qui a une sensibilité de chrétien
01:28et beaucoup d'empathie pour les gens qui sont dans la souffrance.
01:32Donc, moi, ça ne m'a pas étonnée.
01:35Et là, c'est son cœur qui a parlé.
01:38D'ailleurs, j'ai trouvé aussi qu'en peu de mots,
01:41l'hommage qu'il a rendu en rappelant l'anniversaire
01:44des morts qu'il y avait eues à l'intérieur de la préfecture de police,
01:48c'était peu, mais juste et bien dosé.
01:52Et je pense que c'est comme ça qu'il va gagner le cœur
01:56de tout ce qui fait la sécurité de la France,
01:59les policiers, les gendarmes, parce que je crois que c'est un homme
02:02qui a toujours travaillé sur ces sujets sans avoir forcément de réseau.
02:05Et donc, il a besoin de se constituer des réseaux.
02:08Et je pense que là, la manière dont il s'exprime,
02:14c'est un peu comme Michel Barnier.
02:16Ils amènent un style nouveau.
02:19Avec une sincérité, on parle comme on sent.
02:22Et quand on veut dire quelque chose qui ne plaît pas, on le dit.
02:24Et quand on a envie de dire quelque chose qui vous émeut, on le dit.
02:27Et avec un talent, et un talent sobre.
02:30Mais un talent quand même.
02:31Et une sincérité.
02:32Eugénie Bastier, Bruno Rotauc,
02:34qui a été sous le feu des critiques de la gauche toute la semaine.
02:36Il y a d'ailleurs une tribune collective avec 170 parlementaires
02:39qui le soutiennent, qui est publiée aujourd'hui dans le Figaro.
02:42Oui, d'ailleurs, il fait un bond de 12 points dans un sondage aujourd'hui.
02:46Alors que Gabriel Attal, lui, dégringole de 8 points.
02:49Donc on voit qui est plébiscité.
02:51Gabriel Attal qui était un peu dans une posture assez progressiste
02:55depuis qu'il est sorti du gouvernement
02:57et qui s'est fait tacler sévèrement par Michel Barnier.
03:00Je pense que ça lui a fait très très mal, du point de vue de son image.
03:02Et Rotaillot qui assume une ligne, en tout cas dans les mots,
03:05dans les paroles très fermes et un discours de vérité.
03:07Je pense que sur ce sujet d'insécurité et d'immigration,
03:10je pense que les Français sont prêts à entendre
03:12que ça va être difficile, que ça va être compliqué,
03:14que peut-être qu'on n'aura pas demain la solution à tous leurs problèmes.
03:16Mais ils ont besoin d'un discours de vérité,
03:18qu'on arrête de leur cacher des choses, de minimiser certains sujets.
03:21C'est ça qui crée de la défiance et de l'impatience
03:24et de la colère chez les Français.
03:25Je pense qu'ils peuvent comprendre que du jour au lendemain,
03:27on ne va pas virer 100 % des OQTF et on ne va pas arriver à zéro crime en France.
03:31Mais ils ont besoin d'avoir un discours de vérité
03:33et Bruno Rotaillot leur offre, c'est déjà pas mal.
03:35Donc ça coïncide avec l'attente des Français, ce type de discours, lui.
03:39Eugénie a raison et je trouve que Bruno Rotaillot
03:42parle avec des mots très simples.
03:43C'est-à-dire que tout le monde comprend ce qu'il dit.
03:45On n'a pas l'impression qu'il fait un coup de menton.
03:47Ce qu'il dit là, il l'a toujours dit, il l'a dit il y a deux ans, il l'a dit il y a un an.
03:50Ensuite, la difficulté à laquelle il va être confronté.
03:53Vous avez raison de dire que les Français sont conscients que c'est complexe,
03:56mais il met quand même la barre très très haut.
03:58Il va falloir quand même un certain nombre de résultats.
04:01Donc ce que je sais, c'est qu'il est en train d'identifier un certain nombre d'actions
04:05pour lesquelles il peut y avoir des effets assez rapides,
04:07notamment sur le volet migratoire.
04:09C'est pour ça qu'il est en ce moment un G7 des ministres de l'Intérieur à Naples.
04:13En fait, il essaie d'imaginer des choses qui n'ont pas encore été essayées en France.
04:18Et donc ça demande un peu de créativité, un peu d'inventivité.
04:21Mais objectivement, je pense qu'il peut obtenir des résultats.
04:25Il s'appuie sur un exemple que je trouve intéressant.
04:27Il le dit quasiment à chaque fois, Bruno Rotaillot.
04:30C'est sur l'exemple de Georgia Melanie.
04:32Tout le monde lui riait au nez quand elle est arrivée.
04:34Tout le monde disait qu'elle était nulle,
04:35que son pays allait être placé sous la tutelle du FMI,
04:38qu'elle était complètement criblée de dettes,
04:40qu'au niveau migratoire, elle n'arrivait à rien faire.
04:42Et Darmanin lui a dit ça aussi.
04:44On se rappelle comment il l'avait traitée.
04:46Et en fait, je pense qu'il y a quelque chose de très fort.
04:48D'ailleurs, je crois que c'est vous qui m'avez dit ça, Catherine, tout à l'heure.
04:51C'est la force du discours.
04:53Georgia Melanie, un des impacts très forts, c'est qu'elle a dit aux migrants
04:56« Vous n'êtes plus les bienvenus chez nous ».
04:58Et ça a eu un impact.
04:59Alors derrière, elle a négocié des accords financiers avec la Tunisie,
05:02avec l'Égypte, avec un certain nombre de pays du Maghreb.
05:04Mais en tout cas, la volonté politique affichée de manière constante,
05:07de manière très claire, peut avoir un impact.
05:10Quand il y a de la fermeté, il y a quand même un résultat.
05:12Alors c'est vrai qu'elle a négocié avec la Tunisie, avec l'Albanie,
05:15pour un dispatch un peu.
05:17Mais elle ose dire aussi qu'elle a besoin de migrants,
05:20400 000 d'ici cinq ans, mais qu'elle ne veut pas de musulmans.
05:23Elle n'en veut pas.
05:24Elle le dit aussi clairement que ça.
05:26Alors évidemment, parce qu'elle veut des Ukrainiens, 100 000.
05:29Elle le dit.
05:30Elle fait son choix.
05:31Imaginons ce discours en France.
05:33Oui, imaginons.
05:34Parce qu'elle veut des gens qui viennent pour l'Italie
05:36et qui ont déjà une formation.
05:38Et c'est vrai que la France, en ce moment,
05:40dans ce qu'elle reçoit, 50 % n'ont pas de formation
05:43et sont inemployables pour l'instant.
05:45Le taux de chômage des immigrés après est deux fois supérieur.
05:48Voilà.
05:49Donc un pays, à un moment, doit choisir ses immigrés.
05:52Alors ça ne va pas se faire facilement.
05:54L'immigration choisit.
05:55L'immigration choisit.
05:56Et le fait qu'elle ait un langage de fermeté,
05:58il y a beaucoup moins d'entrées en Italie dont on en bénéficie
06:01parce qu'il y en a moins, aussi, à la frontière.
06:04Beaucoup d'Italiens.
06:05Ils arrivent par l'Espagne, parce que l'Espagne récupérait...
06:08D'accord, mais côté italien, ils viennent.
06:10Françoise Laborde, son discours de fermeté ?
06:12Je crois, oui, en effet, que ça a un impact extrêmement important
06:15et qu'aujourd'hui, les réseaux mondiaux
06:18font qu'en effet, dès qu'on sent qu'il y a un pays
06:20qui a un appel d'air, ça va,
06:22il y a des pays qui n'offrent, par exemple,
06:24aucun bénéfice d'aucune sorte aux migrants.
06:27C'est le cas du Portugal.
06:28Quand vous avez des migrants qui vont au Portugal,
06:30ils n'ont pas d'aide, ils n'ont pas de logement, ils n'ont rien.
06:33Donc, même quand l'Europe leur demande
06:35s'ils doivent prendre des migrants, ils disent d'accord,
06:37OK, très bien, envoyez-les, et puis les migrants, ils ne restent pas.
06:40Parce qu'en effet, au Portugal, il n'y a aucun système d'aide,
06:43de soutien et d'accueil, et donc, ils repartent aujourd'hui.
06:46Donc, on est dans un système où, en effet,
06:48l'accueil, le soutien, l'aide,
06:51qu'elle soit financière, médicale, etc.,
06:53incite à venir ici plutôt qu'ailleurs.
06:55Et puis, regardez, il n'y a pas très longtemps,
06:56l'Allemagne a décidé, par exemple, de renforcer le contrôle...
06:59À ses frontières.
07:00Ils l'ont fait tout seuls, sans demander l'avis de personne.
07:02Comme, d'ailleurs, à son époque,
07:04Mme Merkel avait décidé d'ouvrir les frontières
07:06sans demander l'avis de ses partenaires européens.
07:08Et ça finit par avoir un impact.
07:10Donc, oui, quand certains pays affichent très clairement leur politique,
07:14ça a un impact sur les flux migratoires.
07:16Et c'est peut-être pour ça que Bruno Retailleau
07:17crante bien l'opinion publique, Catherine.
07:19Oui, non, mais en ce moment, on ne se rend pas compte
07:22du changement, de l'évolution de la population
07:25vis-à-vis de beaucoup de pays européens.
07:27Alors, l'Allemagne, qui avait accueilli avec Angela Merkel
07:30près d'un million de Syriens,
07:31et là, on s'aperçoit de la montée de l'extrême droite,
07:35d'abord de beaucoup de désordre dans les villes d'insécurité.
07:38Et là, c'est paru, fin août,
07:42le chancelier Shultz a renvoyé 23 Afghans
07:47qui sortaient de prison.
07:49Non, 23, il y en avait 23 dans un avion du Qatar,
07:52en négociant avec le Qatar,
07:54qui ont été déposés non pas en Afghanistan,
07:56mais au Pakistan, et après, se débrouillaient,
07:59parce qu'il n'y a pas de...
08:01Nous, on a choisi de donner l'asile aux Afghans,
08:06donc on les accueille,
08:07et peut-être que ceux qui viennent,
08:09les Afghans qui viennent,
08:11ne sont pas forcément des gens qui sont contre les talibans,
08:16parce que ceux qui sont contre les talibans
08:18viennent avec leurs femmes,
08:19ce sont des gens isolés.
08:21Et donc, on a quand même des largesses
08:24avec les migrants qu'il va falloir revoir.
08:27Merci à tous les quatre d'avoir participé à Punchline
08:30sur CNews et sur Europe 1.
08:31Tout de suite, on rejoint Pierre De Villeneuve,
08:33d'ailleurs, pour le menu d'Europe 1 ce soir.
08:34Bonsoir, Pierre.
08:35Bonsoir, Laurence.
08:36Ce soir, Olga Givernet,
08:37elle est ministre déléguée à l'énergie.
08:39On lui demandera si elle se sent comme un poisson dans l'eau
08:41dans ce gouvernement.
08:42Et l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy,
08:44Henri Guaino, tout à l'heure à 20h10.
08:46Merci beaucoup, Pierre De Villeneuve, sur Europe 1.
08:49Et tout de suite, vous avez rendez-vous avec Christine Kelly
08:51pour Face à l'Info.
08:52Bonne soirée à vous sur nos deux antennes.