Avec Chloé Ridel, Députée européenne S&D et porte-parole du PS & Sylvain Berrios, Député du Val-de-Marne apparenté Horizons et vice-président du groupe
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00:00Avec un tout premier obstacle, une motion de censure déposée par le Parti Socialiste
00:07contre le gouvernement de Michel Barnier.
00:09On va en discuter évidemment avec nos invités qu'on est ravis d'accueillir sur Sud Radio.
00:14Chloé Rydel, bonjour !
00:15Bonjour !
00:16Bienvenue sur Sud Radio, députée européenne du groupe Socialiste et Démocratie, vous
00:20êtes aussi porte-parole du Parti Socialiste.
00:23Nous sommes également avec un représentant de la majorité, Sylvain Berlioz, bonjour !
00:28Bonjour !
00:29Bienvenue également sur Sud Radio, député du Val-de-Marne, apparenté au Parti Horizon,
00:33vous êtes vice-président de ce groupe.
00:34Bon, j'ai dit la majorité, on verra si majorité de non-censure il y a.
00:39En tout cas, ça c'est ce qu'on verra cette semaine, cette motion de censure déposée
00:42illico presto par le Parti Socialiste.
00:44Pourquoi ? Parce qu'il fallait nommer absolument Lucie Castet à Matignon et pas Michel Barnier,
00:48Chloé Rydel ?
00:49Cette motion de censure, elle était annoncée, c'est un point de principe démocratique.
00:52C'est de dire que le résultat des urnes n'a pas été respecté parce que oui, la
00:56gauche était la coalition arrivée en tête, elle ne gouverne pas, LR a fait autour de
01:025% aux élections législatives, ils obtiennent le poste de Premier ministre et enfin le gouvernement
01:08de Michel Barnier est formé avec l'approbation du Rassemblement National contre l'esprit
01:14du Front Républicain.
01:15Donc pour toutes ces raisons, on estime qu'Emmanuel Macron a trahi le vote des électeurs
01:22des législatives, a refusé l'alternance, alors même que par 3 fois de suite les électeurs
01:27avaient quand même demandé cette alternance vis-à-vis de la politique menée depuis 7 ans.
01:31Donc nous présentons la censure et nous considérons que c'est le seul geste démocratique à faire
01:37face au gouvernement de Michel Barnier et puis on en parlera sans doute, il y a aussi
01:40des inquiétudes sur le fond de la politique annoncée.
01:43On va parler des différentes prises de position des différents ministres, juste un mot d'abord
01:46de précision, vous dites Emmanuel Macron a refusé l'alternance, ça veut dire que
01:51pour vous il n'y a pas de différence entre un gouvernement Barnier avec des ministres
01:55les Républicains haut placés et les gouvernements macronistes qui l'ont précédé ?
01:58En tout cas, il n'y a pas vraiment de différence pour l'instant sur la politique économique,
02:04sur l'orientation générale des choses, peut-être même qu'il y a une aggravation quand on voit
02:10le ministre de l'Intérieur par exemple, Bruno Rotaille, on en vient presque à regretter
02:14Gérald Darmanin par moment.
02:16C'est donc qu'il y a bien eu une forme d'alternance, si vous arrivez à regretter Gérald Darmanin...
02:21Mais pas en tout cas une alternance que nous nous souhaitions vers la gauche.
02:24En tout cas c'est vrai que ce n'est pas un virage à gauche, a priori.
02:26Sylvain Berrios ?
02:27Oui, ce n'est pas d'alternance que le PS souhaitait, mais c'en est une néanmoins, je ne pense
02:32pas qu'Emmanuel Macron considère que Michel Barnier est issu de son camp.
02:36C'est un exercice de style cette censure, donc elle n'est pas étonnante, elle a effectivement
02:41été annoncée.
02:42Ce qui est plus amusant, on va dire, c'est qu'elle soit déposée par le Parti Socialiste.
02:47Est-ce que c'est le Parti Socialiste Hollande-Caseneuve qui était prêt à gouverner précisément
02:52avec la Macronie ? Ou est-ce que c'est le Parti Socialiste Hollande-Fort qui est prêt
02:58à gouverner avec les équipes de Jean-Luc Mélenchon ?
03:00Bon, on verra si une majorité se dégage et si du flou sortira un loup, ou si on saura
03:08effectivement ce que vaut cette opposition.
03:12Mais pardon, pour que la motion de censure passe, il faudrait qu'elle ait les voix du
03:15Rassemblement National.
03:16Est-ce que vous craignez que le RN la vote ?
03:18Eh bien on verra si le RN le vote.
03:21Ce sera une alliance.
03:22Est-ce qu'elle sera contre nature ? En tout cas, ce sera une alliance curieuse, mais chacun
03:27aura à prendre ses responsabilités.
03:29La gauche comme la droite, aujourd'hui, personne n'est majoritaire, le RN non plus d'ailleurs.
03:37Bon, il faut faire avec, ce n'est pas la première fois qu'on le fait, mais les choses
03:42seront clarifiées.
03:43On verra si cette alternance qui se disait majoritaire le sera la semaine prochaine.
03:48Alors un mot encore, avant d'aller au fond des différents sujets.
03:51On a l'impression un peu que Chloé Rydel donne dans un jeu de rôle à somme nulle avec
03:55trois camps globalement qui se neutralisent.
03:57Vous reprochez à Emmanuel Macron de s'appuyer sur le RN pour faire tenir son gouvernement.
04:02D'un autre côté, Chloé Rydel, pour le faire tomber, vous aurez besoin vous-même du RN.
04:06Sinon, Michel Barnier restera jusqu'aux prochaines législatives, largement.
04:09Evidemment, il faudra compter sur toutes les forces qui sont opposées à ce gouvernement
04:13qui, je le rappelle, est minoritaire.
04:15Nous appelons tout le monde qui est d'accord avec la censure à la voter, évidemment.
04:19Y compris le Rassemblement National.
04:20Mais bien sûr, il faut être cohérent.
04:21Je comprends, mais je respecte votre cohérence.
04:24Je ne comprends pas en fait cette question.
04:25On présente une motion de censure dans l'espoir d'avoir une majorité contre le gouvernement.
04:30Donc, qui veut la voter, la vote.
04:32D'accord, mais pourquoi, dans ce cas-là, reprocher à Emmanuel Macron et à Michel Barnier de s'appuyer sur les votes ?
04:38Mais vous conviendrez que ce n'est pas la même chose de censurer un gouvernement
04:40que de former un gouvernement avec l'accord du RN.
04:44Et donc, si le RN a approuvé ce gouvernement,
04:48c'est parce qu'il a eu certaines garanties sur la ligne et sur le fond.
04:52Et quand on voit Bruno Rotaillot, ce qu'il dit,
04:55notamment quand il dit que l'État de droit n'est pas sacré, ainsi de suite.
04:57Il est revenu dessus.
04:58On ne voit pas de différence.
05:00Vous ne voyez pas de différence entre le RN et ce gouvernement ?
05:02Entre Bruno Rotaillot et le programme du RN.
05:05Mais non, monsieur.
05:06Sur la question de l'immigration, sur la façon dont on conçoit la politique pénale,
05:10c'est mot pour mot le programme du RN.
05:12Donc, on comprend pourquoi le RN n'est pas, comment dire,
05:17aussi désireux que nous de faire tomber ce gouvernement,
05:20parce qu'en partie, ça satisfait ses buts politiques.
05:23Et c'est précisément ce que nous dénonçons,
05:24puisque la leçon du 7 juillet, c'était quand même celle du Front républicain.
05:28Alors, une des vieilles revendications du RN,
05:30c'est la réforme, voire le détricotage de l'aide médicale d'État.
05:35Le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotaillot, voulait réformer l'AME.
05:38Il s'est fait retoquer par la ministre de la Santé hier.
05:41Il n'y a pas que lui, malgré tout, dans ce gouvernement.
05:43Nous saluons cette décision.
05:43Je pense que de gauche à droite, il y a beaucoup de gens,
05:46et notamment d'anciens ministres de la Santé,
05:48pour vous dire que supprimer l'AME est une erreur sur le plan de la santé publique,
05:54puisque ça aggravera des pathologies qu'on ne prend pas en charge.
05:56En amont sur le plan des finances publiques.
05:59Et puis, c'est une trahison du serment d'Hippocrate
06:03que prêtent tous les médecins.
06:05Je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me le demandera.
06:08Donc, on demande aux médecins de se dédire
06:11si on supprime l'AME pour toutes ces raisons,
06:13pour une mesure qui coûte très, très peu à notre assurance maladie,
06:18à notre sécurité sociale.
06:19C'était effectivement une très mauvaise décision.
06:21Nous sommes heureux que Geneviève Darriosec est écartée
06:24et Michel Barnier est écartée.
06:26L'aide médicale d'État est une assurance pour la santé des Français.
06:29C'est ce qu'a dit la ministre de la Santé hier,
06:31répondant au ministre de l'Intérieur, Sylvain Berrios.
06:34D'abord, je suis content que vous saluez l'action de Michel Barnier
06:38dans le domaine de vouloir maintenir l'AME.
06:41C'est quand même une bonne chose.
06:42Ce qui veut dire aussi que les députés au Rison
06:43sont contre une réforme de l'aide médicale d'État ?
06:46Moi, je pense que l'aide médicale d'État est une question de dignité.
06:50Est-ce que dans l'aide médicale d'État, il y a des choses à revoir ?
06:53Peut-être, mais l'aide médicale d'État, c'est une question de dignité.
06:56Quand il n'y a personne sur le théâtre français
06:58qui est en situation d'avoir besoin d'aide,
07:02il est indigne de ne pas imaginer leur venir en aide.
07:05Sur la censure, c'est quand même intéressant.
07:07Vous dites qu'il est indigne de ne pas imaginer venir en aide
07:13à des personnes qui ont des problèmes de santé.
07:14Ça signifie que la position du ministre de l'Intérieur en poste,
07:17Bruno Retailleau, était indigne pour vous.
07:18C'est ce que vous venez de dire.
07:20C'est surtout que...
07:20On ne reformule pas.
07:22Enfin, je n'ai pas besoin de traducteur pour autant.
07:24Je dis simplement que lorsqu'une personne sur le territoire français
07:28est en situation d'avoir besoin d'être soignée,
07:31il doit être soigné.
07:32Et l'AME ne doit servir qu'à ça.
07:35Qu'à ça et donc pas...
07:35Qu'à ça.
07:36Mais encore une fois,
07:38si on prend ça sur le spectre budgétaire,
07:41c'est résiduel.
07:42Mais l'AME doit servir à soigner les personnes
07:46en situation d'extrême fragilité sur le territoire français.
07:50C'est à ça que sert.
07:51Et c'est une indignité d'imaginer le contraire.
07:54Qu'est-ce que vous répondez à Chloé Ridel
07:55quand elle dit ce qu'elle a dit il y a quelques instants,
07:58qu'il n'y a pas de différence entre le Rassemblement national
08:00et le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau ?
08:03Il y a une différence fondamentale,
08:05c'est que nous sommes aux affaires avec Bruno Retailleau
08:08et que le Rassemblement national est en opposition.
08:10Et j'assure...
08:12Il faudrait quand même parler de la censure.
08:13C'était intéressant ce qu'a dit Chloé Ridel tout à l'heure,
08:16à cet instant.
08:17Elle est...
08:18On nous dit, si le Rassemblement national veut voter la censure,
08:22qu'il la vote.
08:23J'ai une question inverse.
08:24Est-ce que vous voteriez une motion de censure
08:27déposée par le Rassemblement national ?
08:29Mais ça ne risque pas puisque ce gouvernement
08:30a été formé avec son approbation.
08:33Jusqu'à ce que Marine Le Pen change d'avis.
08:37Jusqu'à ce que Marine Le Pen change d'avis.
08:40Parce que là c'est factuel.
08:41À l'Assemblée nationale,
08:46le Rassemblement national siège dans l'opposition
08:49comme le Parti socialiste.
08:51– Oui, sauf qu'il ne votera pas cette semaine la motion de censure, a priori.
08:54– Peut-être qu'il est dans l'opposition au gouvernement de Michel Barnier.
08:57– C'est une opposition de façade.
08:58– Vous pouvez expliquer ce que vous voulez.
09:00Est-ce que M. Cazeneuve est une opposition de façade ?
09:03Chacun a...
09:04Et vous avez été élu sur une liste avec Raphaël Glucksmann.
09:06Est-ce qu'il est...
09:07Est-ce qu'il est une opposition de façade ou pas ?
09:09Je dis simplement qu'à l'Assemblée nationale,
09:11il y a des groupes inscrits dans l'opposition.
09:13Dans les groupes inscrits dans l'opposition,
09:15il y a le Rassemblement national, l'EPS et l'EFI et les écologistes.
09:19Ça, c'est un fait. C'est comme ça.
09:22– Alors, tout à fait, mais moi je vous dis que
09:25le Rassemblement national est dans une opposition de façade
09:27parce que vous avez beau vous inscrire sur un registre
09:30en disant je suis dans l'opposition
09:31parce que vous ne participez pas au gouvernement,
09:33mais pour autant, vous pouvez soutenir ce gouvernement sans y participer.
09:36– Ça devient compliqué.
09:38On est dans l'opposition, on les passe.
09:39Tout ça devient compliqué quand même.
09:41– Parce que vos arguments en la matière ne sont pas très communs.
09:43– Vous n'êtes pas là pour être d'accord,
09:44mais en tout cas, on est là pour débattre.
09:46Quoi qu'il en soit, cette motion de censure
09:47a de bonnes chances d'être rejetée par l'Assemblée nationale,
09:50sauf si le Rassemblement national la vote.
09:52On le redit une dernière fois, Chloé Rydel.
09:54Que se passera-t-il ensuite ?
09:55Est-ce que le Parti socialiste est prêt, malgré tout,
09:57à travailler avec Michel Barnier,
10:00notamment sur le budget, sur des questions budgétaires,
10:02une fois que la censure sera passée ?
10:04– Écoutez, bien sûr, parce qu'il faut être responsable.
10:07Il y a un budget à faire voter et en l'occurrence,
10:10la situation budgétaire de la France est alarmante.
10:136,4% de déficit sur PIB,
10:16hérité d'une situation et d'une certaine politique.
10:19Il faut le rappeler quand même,
10:19parce que cette situation ne sort pas de nulle part.
10:21C'est le résultat de la politique menée par Emmanuel Macron depuis 7 ans.
10:25– Y compris le quoi qu'il en coûte pendant la pandémie.
10:27– Mais le quoi qu'il en coûte, c'est bien,
10:28parce que ça a permis de sauver notre économie.
10:30Mais aujourd'hui, on se retrouve avec des taux d'emprunt
10:32supérieurs à celui de l'Espagne ou du Portugal.
10:34– Ou de la Grèce par le moment.
10:35– Et ça, c'est le résultat d'une politique
10:37qui a d'une part consisté à faire des milliards de cadeaux fiscaux
10:40aux plus riches et aux grandes entreprises,
10:41et d'autre part, à faire aussi beaucoup de dépenses
10:44en soutien à l'économie et notamment à ces grandes entreprises.
10:49– Justement, elles vont passer à la caisse.
10:51– On arrive dans une situation qui est celle-ci,
10:54qui est très perturbante.
10:55Et quand j'entends les annonces qui sont faites,
10:57on peut s'inquiéter parce qu'il est annoncé par M. Barnier,
11:01un tiers d'économies en recettes, c'est-à-dire les nouveaux impôts,
11:04et deux tiers en dépenses, sans savoir où seront faits ces économies.
11:08En dépenses, j'entends qu'on va désindexer les retraites,
11:11sans différenciation en fonction du niveau de retraite.
11:14– On va attendre six mois pour revaloriser effectivement les retraites.
11:16– Oui, mais en six mois, concrètement,
11:17vous avez un couple de retraités qui gagne 1 500 euros de retraite,
11:20ça leur fait perdre 450 euros sur six mois.
11:23Donc c'est considérable.
11:23Et pendant ce temps-là, vous avez dix milliardaires en France
11:26qui ont 683 milliards d'euros.
11:28– Donc il fallait les faire payer davantage en tout cas, c'est ce que vous dites.
11:31– Tout à fait.
11:32Moi, je m'inquiète sur quoi on va faire des économies,
11:34et je veux surtout que ça ne soit pas fait sur des services publics
11:37de l'hôpital ou de l'école qui sont déjà à l'os,
11:39et qu'on brise enfin le tabou de la taxation des plus riches de ce pays
11:43pour qu'ils payent leur juste part d'impôt.
11:44– Le mot de la fin pour Sylvain Vérios,
11:46vous êtes vice-président du groupe Horizon.
11:48La baisse de la défense publique,
11:50c'est aussi un cheval de bataille d'Edouard Philippe.
11:52– Oui, c'est un cheval de bataille d'Edouard Philippe,
11:54et c'est un cheval de bataille de Horizon, nous l'avons dit depuis longtemps.
11:57Aujourd'hui, la caisse est cramée, comme on dit,
11:59une candidate à l'élection présidentielle.
12:02Chacun doit se retousser les manches,
12:03il doit trouver des solutions pour redresser le pays,
12:05sinon nous aurons un destin à la Grèce.
12:08Et lorsqu'on a un destin à la Grèce, c'est les plus fragiles qui payent,
12:11ce ne sont pas les plus riches.
12:12– Donc il faut désindexer les retraites pendant six mois.
12:15– Il faut trouver toutes les solutions,
12:17et vous savez, les retraites, c'est 330 milliards.
12:20On peut toujours imaginer ne pas toucher à ce poste.
12:23Dans les faits, si on veut aller rapidement,
12:25il va falloir effectivement avoir des impôts, des baisses de dépenses,
12:29et il faut le faire dans les deux mois.
12:31Donc j'attends les propositions des uns et des autres
12:33dans un contexte tel que celui-là.
12:34– Ça fera partie en tout cas des discussions budgétaires,
12:37passionnées sûrement à l'Assemblée Nationale,
12:38qui vous feront peut-être revenir dans ce studio
12:41une fois que la motion de censure aura été débattue à l'Assemblée Nationale.
12:44J'aimerais vous remercier l'un et l'autre d'être intervenu
12:46de si bon matin sur Sud Radio.
12:48Chloé Ridel, députée européenne socialiste et porte-parole du parti.
12:52Merci à vous également, Sylvain Berrioz, député du Val-de-Marne,
12:55apparenté horizon et vice-président de ce groupe.